Guerres turco-perses

Guerres turco-perses

 

III, 31

 

1727-1728

 

Aux champs de Mede, d’Arabe & d’Arménie,

Deux grands copies trois foys s’assembleront :

Pres du rivage d’Araxes la mesnie

Du grand Solman en terre tomberont.

 

"Mèdes"

 

La Médie est une région du Nord-Ouest de l'Iran. Elle est surtout connue pour avoir été la base politique et culturelle des Mèdes. Pendant la période achéménide, cette région comprenait l'actuel Azerbaïdjan, le Kurdistan iranien et le Tabarestan occidental. En tant que satrapie sous la domination achéménide, elle comprenait une région plus large, s'étendant jusqu'au sud du Daghestan au nord. Puis, après les guerres d'Alexandre le Grand, le nord a été divisé selon les accords de Babylone en Atropatène et Médie inférieure (fr.wikipedia.org - Médie).

 

Parmi les toponymes anciens repris par la géographie arabe se trouve l'Azerbaïdjan (Adarbaygan). Il s'agit de l'antique Atropatène (en grec), du nom d'un général de l'armée d'Alexandre ayant pris son indépendance. Le nom vient de l'iranien Azarbaygan, «protégé [baygan] par le feu [azar]».

 

Les accords de Babylone ou partage de Babylone ou partition de Babylone désignent l'attribution des territoires d'Alexandre le Grand à ses généraux, les Diadoques, après sa mort à Babylone en juin 323 av. J.-C. Il est le premier grand partage de l'empire d'Alexandre avant celui de Triparadisos (321) (fr.wikipedia.org - Accords de Babylone).

 

La MĂ©die avait pour bornes : au nord l'ArmĂ©nie, dont elle est sĂ©parĂ©e par les monts Caspiens et le fleuve Araxes; Ă  l'est la mer Caspienne et les dĂ©serts de la Parthie; au sud la Perse; Ă  l'ouest l'Assyrie (Jean Moeller, Cours complet d'histoire universelle, Tome 1, 1861 - books.google.fr).

 

Arménie

 

L’Arménie devint tour à tour une province conquise par les Mèdes (-590), puis une satrapie de l’Empire perse. À la fin du IVe siècle, l'Arménie se trouvait complètement soumise aux Perses. Les Arméniens tentèrent de se libérer de ce joug, mais le pays finit par perdre son indépendance. Après la conquête de l'Empire perse par Alexandre le Grand (356-323), les Arméniens adoptèrent la culture hellénistique, mais réussirent à conserver une certaine indépendance face aux successeurs d'Alexandre dans la région, les Séleucides, une dynastie hellénistique issue de Séleucos Ier, l'un des généraux d'Alexandre. Vers 190 avant notre ère, les Parthes devinrent la nouvelle puissance en Perse. Après plusieurs règnes de courtes durées, le royaume de l’Arménie tomba totalement en l'an I sous le contrôle total de l'Empire romain, ce qui n'empêcha pas l'empereur romain Néron (37-68) de couronner en 66 Tiridate Ier comme roi d'Arménie. Celui-ci fonda la seconde dynastie des rois arméniens, les Arsacides qui régnèrent de 66 à 428 dans une relative indépendance par rapport à Rome.

 

À la mort du calife Omar ibn al-Khattâb en 644, presque tout le Caucase du Sud était conquis, l'avancée musulmane en Arménie et en Géorgie prend un coup d'arrêt. En 645, le prince arménien Théodoros Rechtouni accepte finalement la domination arabe sur l'Arménie.

 

Au IXe siècle, les princes et nakharark arméniens, au premier rang desquels se retrouvent Grigor-Dérénik du Vaspourakan, Vasak-Ichkhanik de Siounie orientale et Grigor-Soupan II de Siounie occidentale, ont demandé au Calife al-Mutamid d’élever Achot à la dignité de roi, lequel accède à leur demande vers 884-885, probablement afin de flatter les Arméniens qu’il n’a pas réussi à mater; il fait en outre apporter par l’ostikan une couronne à Achot, qui est sacré roi en sa capitale de Bagaran par le Catholicos d'Arménie Gévorg II. Le titre est par ailleurs immédiatement reconnu par l’empereur byzantin Basile Ier, qui qualifie Achot de «fils bien-aimé» et qui lui aurait également envoyé une couronne.

 

Ce rétablissement de la Grande Arménie, plus de quatre siècles après la déposition de la monarchie arsacide par les Sassanides de Perse, signifie «l’échec des Perses, des Byzantins et en dernier lieu des Arabes dans leurs tentatives successives d’assimilation du pays».

 

Entre 1045 et 1071, l'Arménie passa sous la coupe de l'Empire byzantin. Les Turcs Seldjoukides s'imposent, avec une période mongole au XIIIe siècle et tartare (Tamerlan) au tournant du XIV-XVe siècle. Les Moutons noirs turcomans l'occupent à la fin du XIVe siècle et au début du XVe. Par la suite, l’Arménie fut occupée par les Ottomans qui lui laissèrent un certain degré d’autonomie entérinée par le pacte de l’Aman en 1461 (www.axl.cefan.ulaval.ca, fr.wikipedia.org - Conquête musulmane de l'Arménie, fr.wikipedia.org - Chronologie de l'Arménie).

 

"mesgnie"

 

Dès le Xe siècle la notion de famille s'est agrandie. L'esprit de solidarité, qui en unissait les différents membres, renforcé par les nécessités du temps, en tient fixées au tronc les diverses branches. Les cadets et leurs rejetons demeurent groupés autour de l'aîné et continuent à recevoir de lui une direction commune. Cette famille élargie, qui réunit les cadets et leurs enfants, les cousins, les serviteurs et les artisans attachés à la maison, prend le nom de «mesnie» du latin mansionata, maison.

 

La mesnie comprend la famille, les parents réunis autour du chef de la branche principale, les serviteurs, tous ceux qui vivent autour, pour par la «maison». A la tête de la mesnie le seigneur, revêtu d'un caractère patronal, paternel, comme l'autorité qu'il exerce. Un vieux dicton disait «tel seigneur, telle mesnie», comme nous disons «tel père, tel fils.» (Frantz Funck-Brentano, L'ancien régime, 1926 - books.google.fr).

 

De grant langaige trop avez,

Dont vous usez soir et matin,

Et semble tousjours que devez

Combatre Lamoral Bacquin.

C'est la mesgnie Hanequin

Que de vous, Ă  qui le ceur fault :

Tant plus en y a et piz vault.

 

Lamoral Bacquin ou Amorath : chef des Turcs, vainqueur des chrĂ©tiens en 1391 : c'est donc une figure diabolique dans le rĂ©seau symbolique prĂ©sent, l'ennemi par excellence, mais que le texte n'exploite que pour souligner la lâchetĂ© de la Mesnie Hellequin (Jean Chartier, Chronique de Charles VII, roi de France, Tome 19, 1858 - books.google.fr).

 

La Turquie ottomane entra en quelque sorte dans notre histoire quand parvinrent en France les nouvelles de la progression de Mourad Ier dans les Balkans. Elles Ă©taient apportĂ©es par le dernier roi d’ArmĂ©nie, arrivĂ© Ă  la cour de Charles VI durant l’étĂ© 1384. Ă€ en croire le livre III des Chroniques de Froissart, LĂ©on VI de Lusignan considĂ©rait le sultan comme le maĂ®tre rĂ©el de l’Orient grec : Comme le tacon [khan] de Tartarie tient en subgection l’empereur de Constantinoble, le sire de Turquie tient ce tacon en servitude, et s’appelle ce sire de Turquie l’Amorath-Baquin. Mourad fut tuĂ© en juin 1389 sur le champ de bataille de Kosovo Polie (Le Champ des merles), alors qu’il venait de dĂ©faire une coalition chrĂ©tienne oĂą les Serbes tenaient le premier rĂ´le. Son fils, Bajazet Ier, reprit sa politique, ce dont s’entretinrent les confĂ©rences d’Amiens entre la France et l’Angleterre (1392), ainsi que le rapporte le livre IV des Chroniques de Froissart : Grans nouvelles couroient pour lors parmy le royaulme de France et ailleurs que l’Amourath-Bacquin estoit entrĂ© a tout grant puissance de Turs ens ou royaume de Honguerie. Mourad mort, son nom Ă©tait donc devenu un titre qui dĂ©signait dĂ©sormais Bajazet (Basac ou Basaach souvent chez nos auteurs) celui qui infligea Ă  la chevalerie chrĂ©tienne emmenĂ©e par le comte de Nevers (le futur duc de Bourgogne Jean sans Peur) l’épouvantable dĂ©faite de Nicopolis (1396). Bajazet fut Ă  son tour vaincu et fait prisonnier par Tamerlan Ă  la bataille d’Ankara (1402). Avec cet ensemble d’évĂ©nements, la Turquie avait fait la plus tragique des entrĂ©es en Europe. Restait une appellation, transcrite de bien des manières dans les manuscrits ou imprimĂ©s anciens et par leurs Ă©diteurs modernes. Comme chez Froissart, elle servit Ă  dĂ©signer dès lors tout sultan. Seul, Ă  notre connaissance, le marquis Thomas de Saluces, distinguant le fils du père, rĂ©serve l’appellation Ă  Mourad. En effet, le hĂ©ros de son Chevalier errant, arrive au pays de Fortune, devant laquelle il voit dĂ©filer nombre de ses victimes. Chacune se prĂ©sente en quelques vers, ce que fait, après Philippe le Bel et avant Pierre le Cruel, Lamorat Basquin. Il s’agit Ă©videmment de Mourad. En revanche, quand le chevalier, poursuivant sa route, croise les armĂ©es des princes chrĂ©tiens, c’est bien de Bajazet, qu’il nomme Baldasar Basquin, qu’il s’agit lorsqu’il Ă©voque le camp du jeune roi de Hongrie (ceci est Ă©crit peu avant Nicopolis) (Pierre-Yves Badel, Quand le Grand Turc s'appelait l'Amorat Baquin, Le Moyen Age, 2011/2 (Tome CXVII) - www.cairn.info).

 

On remarque, que cette fatalle maison Ottomane prit son accroissement au mesme temps que l'Auguste MAISON d'AVSTRICHE deuenoit florissante. Mais admirons en cela la bonté de Dieu, qui ne vouloit pas nous donner vn si formidable ennemy, sans nous donner vn puissant defenseur (Moreau, Panegyrique a son altesse l'archiduc Leopold, sur son glorieux gouvernement de Pais-Bas, 1653 - books.google.fr, Letres Du Cardinal D'Ossat: Divisée en cinq Tomes, Tome 1, 1698 - books.google.fr).

 

Dans le rĂ©cit d'un mĂ©nestrel de Reims au XIIIe siècle, on trouve "Sa mesnie firent" : syllepse du nombre amenĂ©e par le sens collectif de mesnie. Deux lignes plus loin, le singulier et le pluriel (rala, leur) sont mĂ©langĂ©s (LĂ©opold Eugène Constans, Les grands historiens du moyen age, 1891 - books.google.fr).

 

"Araxes"

 

La source de l'Araxe est située non loin d'Erzurum en Turquie. Il reçoit ensuite les eaux de l'Akhourian et coule alors le long de la frontière entre la Turquie et l'Arménie, puis de la frontière entre l'Azerbaïdjan et la Turquie (par l'intermédiaire du Nakhitchevan, république autonome d'Azerbaïdjan) sur quelques kilomètres, puis de la frontière entre l'Azerbaïdjan (Nakhitchevan) et l'Iran, puis de la frontière entre l'Iran et l'Arménie, puis de nouveau la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Iran, entrant finalement en Azerbaïdjan et rejoignant la Koura. Sa longueur totale est d'environ 1.072 km (fr.wikipedia.org - Araxe).

 

Tous les conquérants orientaux auxquels la péninsule s'est soumise ont passé par les portes de l'Arménie. Tamerlan en a donné le dernier et le plus frappant exemple. Quand il reçut le défi de Bajazet, ses cavaliers campaient aux rives de l'Araxe. Le généralissime des Mongols occupe Erzeroum et commence son mouvement par la vallée supérieure de l'Euphrate, Erzindjan, Egin, où il franchit la chaîne de partage, Sivas, position stratégique. Son rival l'attend autour de Tocat, noeud des principales routes, chemin direct du Bosphore. Tamerlan trompe son calcul et exécute par une voie parallèle la marche de flanc qui l'amène devant Angora (route méridionale). Bajazet, se rabattant par sa droite, arrive pour sauver la ville vivement pressée, et les deux adversaires livrent en ordre inverse une bataille décisive (Maxime Legrand, Les Russes en Asie mineure, Journal des sciences militaires: revue militaire française, Volume 19, 1878 - books.google.fr).

 

Tamerlan passa l'Ă©tĂ© Ă  Tauriz, & au commencement de l'automne il traversa l'Araxes, sur le pont de Ziaul moulk, dans le territoire de Nakhdjouan. Ce eft un pont des plus beaux & des plus solides qu'on ait construit dans l'Orient : ses pierres sont jointes avec tant d'art qu'il est difficile d'appercevoir leurs jointures. Parmi les arches de ce pont il y en a une qui a plus de soixante coudĂ©es Persiques de largeur. Elle tient par le haut Ă  la montagne sur laquelle elle est appuyĂ©e. Tamerlan se rendit maĂ®tre de la citadelle de Corni, enfuite de la ville de Surmalou situĂ©e sur le bord de l'Araxes; de-lĂ  il alla vers Cars, ville qui passoit pour imprenable dans le pays, & qui se soumit après quelque rĂ©sistance. Cette conquĂŞte Ă©tant achevĂ©e, il entra dans la Georgie, & alla assiĂ©ger la ville de Teflis, capitale du pays. Après un assaut gĂ©nĂ©ral cette ville fut prise, & MepĂ© bagrat V. Roi de GĂ©orgie, fut fait prisonnier & conduit chargĂ© de chaĂ®nes Ă  Tamerlan. Ce Prince prit ensuite le divertissement de la chasse Ă  la maniere des Tartares, & vint camper Ă  Cheki. Par ses ordres le Nevian Dgihan sfchah alla ravager tout le pays des Lesghis; Mohammed dervisch berlas entra dans les montagnes de Cheki, oĂą il fit beaucoup de prisonniers; Argoun schah & Ramadhan khodgia pillerent la province de Tencgout; Mohammed bei & le Nevian Mousa, celle d'Acdgeb. Tamerlan Ă©toit alors au mont Alburz, & tous ces Nevians vinrent le rejoindre avec leurs troupes au camp de Kabala. Il pasa le fleuve Cor ou Cyrus, & se rendit Ă  Carabagh, oĂą le Roi de GĂ©orgie embrassa Ă  sa sollicitation la Religion Musulmane, & Ă  son exemple la plĂ»part de ses sujets (Joseph de Guignes, Histoire gĂ©nĂ©rale des Huns, des Turcs, des Mongols et des autres Tartares occidentaux, avant et depuis JĂ©sus-Christ jusqu'Ă  prĂ©sent, Tome 5, 1758 - books.google.fr).

 

P'haïdagaran, ville capitale de toute la province, dans le canton de Vartanagerd, et fort ancienne. [...] Cette ville conserva sa puissance pendant les siècles suivans; et au commencement du dixième, elle étoit encore l'un des endroits les plus considérables de l'Arménie orientale: elle étoit alors au pouvoir des Musulmans. Les Arabes donnoient à cette ville le nom de Baylakan; elle étoit située entre le Kour et l'Araxes, à-peu-près à une égale distance de ces deux fleuves, fort puissante et fort grande. Elle étoit déserte au commencement du quatorzième siècle. En 1402, [en attendant la réponse de son ultimatum à Bajazet] Tamerlan rebâtit Baïlakan, et fit creuser un canal pour y amener l'eau de l'Araxes, parce que cette ville n'avoit point de rivière dans son voisinage; on appela ce canal Nahar Berlasy c'est-à-dire rivière de Berlas, du nom de la tribu Mogole à laquelle Timour appartenoit. Cette ville est maintenant ruinée, ce n'est plus qu'un village (Jean Saint-Martin, Mémoires historiques et géographiques sur l'Arménie, Tome 1, 1818 - books.google.fr).

 

Pendant cette activité toute pacifique, il put inspecter à loisir et réorganiser ses troupes en vue de la stratégie qu'il comptait employer en Asie Mineure contre les Turcs. Cependant, il hésitait encore à s'engager définitivement sur le chemin de la guerre, car il considérait Bajazet comme un adversaire très dangereux, disposant d'une excellente armée dont le corps fameux des Janissaires formait l'épine dorsale. L'affrontement allait mettre face à face les forces de l'Empire de Tamerlan, où prédominaient des Turcs et des Mongols turquisés, et la puissance des Turcs ottomans, soutenus par leurs vassaux européens. C'était la Turquie d'Asie contre la Turquie d'Europe, le chef des Turcs orientaux contre le chef des Turcs d'Occident (Lucien Kehren, Tamerlan, 1980 - books.google.fr).

 

Entre 1394 et 1402 le sultan Bajazet Ier, enhardi, met le siège devant Constantinople; les chances de la Ville semblent minces malgré l'épaisseur de ses remparts et son accès à la mer, mais les Mongols, involontairement, la sauvent. Tamerlan, Khan des Mongols depuis 1370, appelé par des émirs en lutte contre la tutelle ottomane, se tourne d'abord vers l'Égypte et la Palestine, puis, en 1402, entre en Anatolie, prend Erzurum, et affronte à Ankara le sultan Bayezid qui, fait prisonnier, meurt en captivité. Tamerlan poursuit son raid vers l'ouest, atteint Smyrne et, acculé à la mer, reprend vers l'est ses pillages; il rentre en 1405 à Samarkand et meurt peu après. Il n'est resté que dix-huit mois en Anatolie, assez pour y détruire le pouvoir ottoman et restaurer les différents émirats qui lui versent un tribut. L'avancée ottomane est donc arrêtée pour quelques années, ce d'autant plus que la mort de Bayezid entraîne un long interrègne, dix ans de combats meurtriers pour la succession entre ses quatre fils. Mehmed Ier, vainqueur de ses frères, est seul successeur en 1413 mais il a fort à faire pour assurer son pouvoir (Joëlle Dalègre, Grecs et Ottomans, 1453-1953: de la chute de Constantinople à la disparition de l'empire ottoman, 2002 - books.google.fr).

 

Bajazet, fils et successeur d'Amurath, fut surnommé Ilderim ou l'Éclair, et tira sans doute vanité d'une épithète qui exprimait fortement la violence de son âme et la rapidité de ses marches destructives. Durant les quatorze années de son règne, Bajazet courut sans cesse à la tête de ses armées, de Bursa à Andrinople, du Danube à l'Euphrate; et, quoique très-zélé pour la propagation de sa religion, il attaqua indistinctement en Europe et en Asie les princes chrétiens et les Mahométans, et réduisit sous son obéissance toute la partie septentrionale de l'Anatolie, depuis Angora jusqu'à Amazie et Erzeroum. [...]

 

Les conquêtes des Mongols et celles des Ottomans se touchaient aux environs d'Erzeroum et de l'Euphrate; et les limites incertaines n'étaient établies ni par des traités ni par une longue possession. Chacun de ces deux souverains pouvait accuser son rival d'avoir envahi son territoire, menacé ses vassaux ou protégé des rebelles, au nombre desquels ils comprenaient tous les princes fugitifs dont ils possédaient les royaumes et qu'ils poursuivaient encore pour feur arracher la vie ou la liberté. L'opposition de leurs intérêts était cependant moins dangereuse que la ressemblance de leurs caractères. Le victorieux Timour ne voulait point souffrir d'égal, et Bajazet refusait de reconnaître un supérieur (Édouard Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire Romain 1836 - books.google.fr, Edouard Krakowski, Chine et Russie: L'Orient contre la civilisation occidentale, 1957 - books.google.fr).

 

"trois fois"

 

On trouve souvent dans la Chronique de Bretagne (XVe siècle) de Jean de Saint-Paul cette expression : «Les batailles assemblent,» pour dire que deux armĂ©es ou deux troupes ennemies se joignent et s'attaquent (Arthur Le Moyne de La Borderie, Chronique de Bretagne (XVe siècle) de Jean de Saint-Paul, 1881 - books.google.fr).

 

Je ne saurais donc mieux terminer les considĂ©rations gĂ©nĂ©rales dĂ©veloppĂ©es dans ce chapitre, qu'en citant l'opinion bien connue, mais trop nĂ©gligĂ©e, du marĂ©chal de Vauban sur l'utilitĂ© dont sont les places fortes pour la dĂ©fense des États (1704) :

 

Dans ces vastes pays oĂą il n'y a point ou peu de places fortes, l'armĂ©e du vainqueur pousse l'armĂ©e vaincue jusqu'Ă  son entière dissipation qui est ordinairement suivie du saccagement du pays qu'il force Ă  recevoir la loi du vainqueur. C'est ce qui arriva Ă  Alexandre le Grand, qui après trois batailles se rendit maĂ®tre de ce prodigieux empire des Perses, et ce qui arriva Ă  CĂ©sar après la conquĂŞte des Gaules; car il se rendit maĂ®tre de tous les pays oĂą il porta la guerre après le gain d'une ou deux batailles; et, pour ne pas remonter si haut, l'Espagne ne fut-elle pas conquise par les Maures après la perte d'une seule bataille ? Tamerlan, ce fameux conquĂ©rant de l'Asie, ne se rendit-il pas maĂ®tre de la Perse, de l'ArmĂ©nie, de l'Indoustan et de beaucoup d'autres États, après le gain de trois ou quatre batailles ? (François Joseph Noizet, Principes de fortification, Tome 1, 1859 - books.google.fr, Jean Magnon, Le grand Tamerlan et Bajazet: tragĂ©die, 1648 - books.google.fr).

 

Bagdad appartenait au sultan Ahmed Gelaïr. Tamerlan s'était une première fois mis en marche contre cette ville le 3 octobre 1393, devant laquelle il avait paru le 10 octobre. Il s'empara de cette ville pour la seconde fois en 1401, et c'est de ce second siège que parle l'archevêque de Sultanieh, qui observe très exactement l'ordre des faits (Mémoire sur Tamerlan et sa cour, Bibliothèque de l'École des chartes, Volume 55, 1894 - books.google.fr).

 

L'an 803. Tamerlan étant de retour de son Voyage & de la Conqueste des Indes, comme l'on a vû plus haut, apprit en même temps trois nouvelles. La premiere, celle de la mort du Sultan Barkok; la seconde, étoit le retour du Sultan Ahmed Ben Avis dans Bagdet; & la troisiéme, fut la prise de Sivas, & de Malathie par Bajazet. Ces trois nouvelles furent le sujet de trois grandes guerres qu'il eut à faire pour tirer vangeance des trois Sultans, de Farag, fils & successeur de Barkok, d'Ahmed Ben Avis, & de Bajazet. Il commença par faire le siege de la Ville de Sivas qu'il prit d'assaut, où il fit enterrer vifs plus de trois mille Musulmans, & y fit mettre enfuite le feu. Il prit ensuite Malathie qu'il détruisit aussi entiérement. Il fit la même chose à Arzeroum, & à Samosate, & envoya de tous ces lieux-là une infinité de testes, qu'il avoit fait couper, en la Ville d'Halep, sans compter un grand nombre de ceux qu'il avoit fait précipiter dans l'Euphrate. (Barthelemy Herbelot, Bibliotheque orientale, 1697 - books.google.fr).

 

Shah Rukh, héritier de Tamerlan régnant sur la Perse et l'Asie centrale, défait Kara Youssouf dans trois grandes batailles et vassalise le fils de ce dernier Iskander en Azerbaïdjan (Sir Percy Sykes, History of Persia, 2022 - books.google.fr).

 

SCHAHROKH Behadir, &, Schahrokh Mirza. C'est le nom du quatriéme fils de Tamerlan, qui luy donna le nom de, Schahrokh, à cause qu'il reçut la nouvelle de la naissance de ce Prince, dans le temps qu'il jouoit aux Echecs, & qu'il avoit fait le coup que les Persans appellent, Schahrokh, qui est, lorsque le Roc, que nous appellons, La Tour, & que quelques uns veulent être, le Chevalier, a donné echec au Roy. [...] Schahrokh succeda à son Pere Tamerlan l'an 807. de l'hegire, & fit la guerre presque pendant toute sa vie à Cara Jousouf, Prince Turcoman, de la Dynastie du Mouton Noir, & à ses deux enfans, & mourut l'an 850. de la même hegire, aprés un regne de quarante-trois ans, à l'âge de soixante & onze ans, ou environ, dans la Ville de Reï. Ce Prince ne s'est pas rendu moins celebre par sa justice, par sa pieté, & par sa liberalité, que par son courage, & les autres vertus militaires. Car, aprés avoir défait en trois combats differens, Cara Jousouf, il combatit & vainquit encore Gehanschah & Eskender, ses enfans, aprés la mort de leur pere. Il rendit cependant quelque temps aprés, la Province d'Adherbigian à Gehan schah qu'il fit son Tributaire, & laissa Eskender fugitif & errant, de Province en Province. [...]

 

Scharokh étoit déja arrivé dans l'Adherbigiane ou Medie avec une armée formidable, des extremitez de l'Orient, pour combattre Cara Josef. Le Turcoman n'en prit point l'épouvante, & marcha aussi de son côté, avec une puissante armée composée de troupes accoûtumées depuis long-tems à vaincre sous lui, & l'on étoit à la veille de voir une des plus grandes batailles qui eût été encore livrée dans l'Asie, lorsque par un effet de l'étoile heureuse de Scharokh, Cara Jofef mourut de sa mort naturelle dans son camp d'Aougian prés de Tauris. La mort de ce Prince arriva l'an 823. de l'Heg. & de J. C. 1420 (Barthelemy Herbelot, Bibliotheque orientale, 1697 - books.google.fr).

 

Acrostiche : AD PD, podos

 

Nam cum multo antiquior Vulcano fuisset Prometheus, is iccirco ignifer Titan a Sophocle dicitur in AEdipode [OEdipe] in Colono : Intus ignifer Deus / Titan Prometheus (Natale Conti, Mythologiae, sive explicationis fabularum, libri decem: In quibus omnia prope naturalis et moralis philosophiae dogmata contenta fuisse demonstratur. Nuper ab ipso autore recogniti & locupletati, 1588 - books.google.fr).

 

"podos" : grec "pied".

 

Tamerlan Ă©tait boiteux de la cuisse ou du pied (Sebastian MĂĽnster, La Cosmographie universelle de tout le monde: avec beaucoup de gravures en bois, Tome 2, 1575 - books.google.fr).

 

C'est de ce coup au pied que Timour demeura boiteux, sa vie durant, et garda le surnom de Aksak-Timour, en turc; Timour Leng, «le Stropiat», en persan : d'oĂą les Occidentaux ont fait Tamerlan (Histoire gĂ©nĂ©rale du IVe siècle Ă  nos jours, Tome 3 : Formation des grands États 1270-1492, 1894 - books.google.fr).

 

Lien avec le quatrain III, 77

 

Le quatrain III, 77 traiterait d'un "Roy de Perse" issu des Moutons noirs, Kara Youssouf, qui sera prisonnier des Mamlouks, en Egypte ou en Syrie. Ce quatrain mentionne la date de 1727 en toutes lettres. Mais cette date serait calculée par rapport à l'ère d'Alexandre commençant en -324 et correspondrait à 1403.

 

C'est assurément au milieu des guerres de rivalité et de conquête qui remplissent toute l'histoire de l'Asie musulmane, un fort curieux spectacle que celui de tribus armées combattant à force ouverte les maîtres d'un grand empire, et portant au loin l'étendard d'une nouvelle dynastie qui ne se reconnaît vassale d'aucune autre, plus puissante ou plus ancienne. Les Turcomans du Mouton noir s'étaient établis, au XIVme siècle, dans des cantons de la grande Arménie, dans les environs d'Arzendjan et dans la contrée de Sébaste ou Sivas; Ils se sont répandus ensuite particulièrement dans les provinces de Siounie, d'Artzakh, d'Ararat et de Vasbouragan. Les Ak-Coyounlou ou Ak-Coin-lou, c'est-à-dire les Turcomans du Mouton blanc, désignés, comme les premiers, d'après la figure peinte sur leurs drapeaux, avaient pris possession des principales localités du Diarbékir au sud de l'Arménie. A l'époque de l'invasion des Mongols de Timour, ces deux grandes peuplades suivirent une politique différente, et elles intervinrent activement dans tous les événements qui s'accomplirent autour d'elles. Les Turcomans du Mouton noir se posèrent tout d'abord en ennemis des Mongols; ils leur firent, partout où ils les rencontrèrent, une guerre acharnée; ils s'entendirent avec leurs ennemis du dehors, les Égyptiens et les Osmanlis. Dans la collection des vingt-quatre lettres échangées de 1413 à 1421, entre le sulthan Mahommed Ier et les princes ses voisins à l'est, il en est plusieurs qui renferment des protestations d'amitié d'Yousouf et de son fils Iskender au sulthan des Ottomans, et qui ont dù recevoir bon accueil, puisqu'elles étaient écrites dans un esprit d'hostilité à Schah-Rokh. (Voir la liste de ces pièces d'État dans Hammer, Emp. ottom., trad. franç., t. II, p. 175, notes, pp. 469-470.)

 

Au contraire, les Turcomans du Mouton blanc favorisèrent, dès le principe, les Mongols; ils fondèrent leur agrandissement sur une alliance constante avec ces nouveaux dominateurs, et on vit leurs chefs, du temps de Timour et après lui, combattre dans les rangs des Tartares et se dévouer à leur triomphe. Cara Osman avait combattu à l'aile gauche des Tartares avec les vassaux de l'empire, le jour de la bataille d'Angora. Certes, les premiers, sous les émirs que nous avons nommés ci-dessus, se couvrirent de gloire, en opposant leurs seules forces à celles de Schah-Rokh et des Timourides, en défendant à main armée un royaume qui s'étendait au delà des rives du Tigre et de l'Euphrate. Les bandes d'Yousouf, d'Iskender et de Djihanschah furent combattues par les princes mongols comme des hordes de brigands, comme des troupes rebelles, qu'il est de l'honneur d'un grand empire de comprimer et de détruire, et les historiens de ces princes n'ont pas manqué de représenter sous cet aspect un ennemi qui leur fit une trop longue et trop sanglante résistance. Il faut bien, malgré cela, donner un autre nom, dans les fastes militaires de l'Orient, à ces Cara-Coïnlou, qui attirèrent tant de fois Schah-Rokh et ses armées du fond de l'Asie au milieu des montagnes de de l'Arménie et de l'Aderbaïdjan. Mais l'héroïsme des fondateurs de la dynastie du Mouton noir ne parvint pas à en assurer la perpétuité au delà du règne de Hassan Ali, le troisième successeur de Cara Yousouf, mort en 1468. Alors surgit à l'occident de l'Asie la nouvelle puissance des Turcomans du Mouton-Blanc; Hassan Beg, dit aussi El-Thawil (Ouzoun-Hassan), c'est-à-dire «le Long,» affermit leur dynastie qui, sous le nom de Bayandouriens, régna sur un groupe considérable de provinces jadis conquises par Timour et disputées par Schah-Rokh à d'incessants et infatigables envahisseurs, comme le furent les Turcomans de la première dynastie (Félix Nève, Exposé des guerres de Tamerlan et de Schah-Rokh dans l'Asie occidentale, d'après la chronique arménienne inédite de Thomas de Medzoph, 1860 - books.google.fr).

 

Le premier chef de la maison princière des Cara-Coyounlou ou Cara-Coinlou, les Turcomans, dits du Mouton noir, fut, sans doute, ce Cara Mohammed que l'on a vu en lutte avec Timour lui-même sur le sol de l'Arménie, traqué et cerné dans les montagnes de ce pays, sans avoir essuyé de défaite. Mais son premier souverain fut le fils de Mohammed, Cara Yousouf, qui, après s'être signalé par sa hardiesse en présence des armées de Timour (Félix Nève, Exposé des guerres de Tamerlan et de Schah-Rokh dans l'Asie occidentale, d'après la chronique arménienne inédite de Thomas de Medzoph, 1860 - books.google.fr).

 

La flatterie et la faiblesse servaient aussi l'ambition de Tamerlan. L'émir du Chirwan fut confirmé dans sa souveraineté en venant offrir des présents, dont chaque espèce était composée de neuf pièces, et en se mettant luimême au nombre des neuf esclaves. Les petits princes du Ghilan devinrent tributaires. Taharten fit hommage de sa principauté d'Arzendjan; mais Cara-Mohammed, chef de la tribu des Turkomans Cara-Koïounlou (du Mouton Noir), perdit Arz-Roum et Bayazid, et fut réduit à se sauver dans les montagnes (Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Tome 50, 1839 - books.google.fr).

 

Une seule journĂ©e suffit en 1387 Ă  Tamerlan pour prendre Erzeroum (Arz Roum), près des sources de l'Araxe, oĂą il reçut Tahirten qui se soumet et qui sera dĂ©fendu lorsque Bajazet l'attaquera. La guerre avec les Moutons noirs sera faite d'escarmouches et de fuites. La prise de Van, après 20 jours de siège, constitue le dernier Ă©pisode de la prise de l'ArmĂ©nie par Tamerlan. Les dĂ©fenseurs sont prĂ©cipitĂ©s du haut des remparts, les femmes piĂ©tinĂ©es par la cavalerie et les enfants Ă©gorgĂ©s (Fabrice LĂ©omy, Tamerlan : Le condottiere invaincu, 1996 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1727 sur la date pivot 1420 (mort de Cara Yousef) donne 1113.

 

En 1113, le royaume de Lorri est conquis par les Turcs. Le Lorri, Lori ou Lorê est un marz de l'Arménie situé au nord du pays, dont la capitale est Vanadzor (fr.wikipedia.org - Chronologie de l'Arménie).

 

Le report de 1727 sur la date pivot 1402, bataille d'Ancyre, donne 1077.

 

le 10 octobre 1077, l'armée byzantine d'Orient se révolte et proclame empereur le domestique des Scholes Nicéphore Botaniatès; Michel VII fait appel au fils de Kutulmuch, Suleyman un cousin du Saljûqide Alp Arslan, qui passe presque aussitôt au parti de l’usurpateur.

 

Suleiman ibn Kutulmuch, premier sultan de Roum (1074-1086), fondateur de la dynastie seldjoukide de Roum (1080-1308), fils de Kutulmuch qui est à son tour petit-fils de Seldjouk. En 1084, il prend Antioche, puis marche sur Alep où il est vaincu et tué par Tutui, frère du sultan seldjoukide de Bagdad Malik Chah Ier. Son fils Kiliç Arslan est emmené en captivité. À sa mort en 1086, le sultanat de Roum est gouverné par le régent Ebul Kasim Saltuk, jusqu’à la libération de Kiliç Arslan Ier à la fin de l'année 1092 (fr.wikipedia.org - Suleiman Ier (Roum)).

 

Le report de 1726 sur la date pivot 1387, prise d'Erzeroum par Tamerlan, donne 1048.

 

Le 18 septembre 1048 a lieu la bataille de Kapetrou. Le saljûqide Ibrahim Yinal part à l’assaut de l’Asie Mineure (prise d’Erzurum en Arménie). Il se retire après une bataille meurtrière à Kapetru contre les forces alliées des Géorgiens et des Byzantins. Le général géorgien Liparit est fait prisonnier; d'autres auteurs arméniens placent la bataille en 1049 (fr.wikipedia.org - Année 1048).

 

Au XVIIIe siècle

 

L’Araxes est un fleuve servant de frontière entre l’Iran, la Turquie et l’ArmĂ©nie. Pendant le grand vizirat d’Ibrahim Pacha, l’empire ottoman est en paix avec les puissances europĂ©ennes, mais pas avec la Perse. « Afin de protĂ©ger leur frontière occidentale, les Ottomans avancent en GĂ©orgie (prise de Tiflis et de Gori, 1723, d’Erivan, 1724, de Tabriz, 1725) et en Iran occidental (prise de Kermanchah, 1723, et de Hamadan, 1724), cependant que l’Afghan Achrâf Châh prend le pouvoir en Iran [1] Â». Le 4 octobre 1727 (voir quatrain III, 77), la paix est conclue Ă  Hamadan, reconnaissant les conquĂŞtes ottomanes, mais les hostilitĂ©s reprennent bientĂ´t. Une nouvelle paix est conclue en 1736, par laquelle la frontière est fixĂ©e au fleuve Araxe. En 1746, une autre paix marque un retour aux frontières de 1639 [2].

 

En 1726, les armées Othomanes s'étoient cependant mises en campagne, & leurs premieres actions sembloient leur annoncer autant de succès que les années précédentes. Abdoullah-Pacha avoit eu avis que les Chasevens voisins du confluent de l'Araxes & du Cur, avoient formé le dessein de profiter de son éloignement, pour faire rentrer Ardebil sous l'obéissance de Tahmas: il détacha contre eux dix mille hommes de ses meilleures troupes commandées par Abderrahmam son fils. Cette petite armée arriva devant cette Ville peu d'heures après les ennemis. Le combat fut sanglant & si opiniâtre, que l'on assure qu'il dura quatre jours entiers; ce qui paroît supposer que les Chasevens étoient déja maîtres de la place, mais les Turcs en remporterent enfin tout l'avantage, & ils les poursuivirent jusqu'au delà des frontieres du Ghilan (Louis André de La Mamie de Clairac, Histoire de Perse, depuis le commencement de ce siècle, Tome 2, 1750 - books.google.fr).

 

A vingt lieues d'Hamadan, dans la plaine d'Andschedan, une grande bataille fut livrĂ©e [20 novembre 1726]. L'aile droite des ottomans Ă©tait formĂ©e par vingt mille cavaliers kurdes, sous vingt begs reconnaissant le commandement supĂ©rieur de Bebek-Suleiman-Oghli; Ă  l'aile gauche Ă©taient cinq paschas ayant pour supĂ©rieur celui de Diarbekr, Silihdar-Mohammed. Eschref dirigeait son armĂ©e, montĂ© sur un Ă©lĂ©phant, Ă  la manière indienne. A six heures du matin, les ottomans donnèrent le signal du combat par dix coups de canon auxquels les Afghans rĂ©pondirent par cinq autres coups; trois fois le serasker chargea l'ennemi Ă  la tĂŞte de l'aile droite, trois fois il fut repoussĂ© : les ottomans perdirent la bataille et douze mille hommes. La dĂ©faite et la fuite furent attribuĂ©es aux Kurdes et au gouverneur de Meragha, Abdulasis-Pascha (Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'Empire ottoman: depuis son origine jusqu'Ă  nos jours, Tome 3, 1842 - books.google.fr).



[1] Histoire de l’empire ottoman, sous la direction de Robert Mantran, Fayard, 1989, p. 268

[2] FrĂ©dĂ©ric Hetzel, « L’empire ottoman, XVe-XVIIIe siècle Â», Les belles lettres, 2001, p. 44

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