Représentation de la Trinité III, 55 1745 En l'an qu'un œil en France regnera, La court sera à un bien fascheux
trouble : Le grand de Bloys
son ami tuera : Le regne mis en
mal & doute double. Un oeil Le prince de Condé meurt à la bataille de Jarnac en 1569
et à cette occasion sera éborgné (cf. quatrain III, 41). Le septième fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme,
est la souche des princes de Condé. Il se nomma Louis de Bourbon, né à Vendôme
le 7 mai 1530, et se signala d'abord par des services rendus au roi Henri II,
comme gentilhomme de sa chambre : ses premiers exploits guerriers datent de
l'expédition faite contre les Anglais pour le recouvrement de Boulogne. Enfermé
dans Metz avec le duc de Guise, le prince de Condé participa vaillamment à la
défense de cette ville assiégée par Charles-Quint (1552), qui fut obligé d'en
lever le siége. Après avoir assisté aux expéditions
militaires exécutées en Piémont, le prince de Condé se retrouve encore parmi
les héros de la journée de Saint-Quentin (1557), et aux siéges
mémorables de Calais et de Thionville (1558); mais là s'arrêtent les services
rendus par la maison de Condé à la couronne royale de France. Soupçonné d'avoir
favorisĂ© la conjuration d'Amboise, Louis de Bourbon fut mis en prison, Ă
Orléans, par les ordres de la faction des Guise, qui occupa toutes les avenues du
pouvoir pendant le règne de François II; et sans la mort de ce monarque, le
prince courait risque de perdre la vie. L'avénement
de Charles IX changea entièrement la face des affaires. Un arrêt du parlement,
du 18 décembre 1560, reconnut et proclama l'innocence du prince de Condé. Mais
la haine profonde que la persécution des Guise avait inspirée à ce prince, et
plus encore sa jalousie de leur trop grande influence dans le gouvernement, le
déterminèrent à se mettre à la tête du parti des huguenots. Le 11 avril 1562 il
en fut déclaré le chef. Des monnaies à son effigie, avec la légende de Louis
XIII premier roy chrestien
des François, en consacrèrent la mémoire. Ses armes furent assez malheureuses
dès ce moment : il perdit la bataille de Dreux (1562), où il fut blessé et fait
prisonnier. Le duc de Guise le reçut avec une grande affabilité; ils soupèrent
ensemble, et, n'ayant qu'un seul lit, ils le partagèrent comme s'ils n'eussent
pas cessĂ© d'ĂŞtre les meilleurs amis du monde. La paix conclue en 1563 rendit Ă
Condé sa liberté. La reine n'épargna rien pour le fixer à lacour
: les caresses, les distinctions et dessommes Ă©normes
lui furent prodiguées. Dans cette intention, Catherine de Médicis, qui avait
souvent recours Ă des moyens peu scrupuleux, parut favoriser les relations du
prince de Condé avec Isabeau de La Tour, demoiselle de Vimeuil,
l'une de ses filles d'honneur. De ce commerce naquit Ă Lyon, en 1564 , dans la garde-robe mĂŞme de la reine, un enfant qui
mourut peu de temps après. Le père Anselme a consigné dans son grand ouvrage
ces souvenirs historiques, et il existe encore d'autres documents authentiques
qui ne laissent aucun doute sur cette intrigue Ă la fois galante et politique.
En 1567, Condé disputa la victoire à la bataille de Saint-Denis. En 1569, le 13
mars, au combat de Jarnac, il se rendit prisonnier, et le sieur de Montesquiou, capitaine des gardes du duc d'Anjou (plus tard
Henri III), l'assassina de sang-froid. Lestoile a raconté cette action infâme avec une juste
Ă©motion. L'esprit d'opposition Ă la couronne de France que le premier prince de
la branche de Condé affecta, dès la fin du règne de Henri II, paraît avoir
passé comme un héritage à tous ceux qui en portèrent le nom et les armes jusque
vers la fin du règne de Louis XIV. Tous se signalèrent en combattant contre les
armées royales ; et quand les forces qui étaient au service du parti des Condé
ne suffisaient pas pour Ă©branler dans ses racines les plus profondes la
monarchie française, les princes protestants d'Allemagne et d'Angleterre même
étaient alors appelés à leur secours. C'est ce que fit l'héritier de Louis de
Condé, Henri, second prince de cette branche. Le troisième ne fut pas moins
audacieux contre la reine mère et régente de Louis XIII. Enfin jusqu'où ne
furent pas portés les projets du grand Condé (Louis II de Bourbon), qui, après
avoir rendu les plus grands services à la monarchie française, tint en échec
toutes les armées de Louis XIV pendant huit ans ? Après cette époque l'esprit
d'opposition s'affaiblit et disparut dans la maison de Bourbon-Condé, mais,
chose remarquable, en mĂŞme temps s'affaiblirent et disparurent les Ă©minentes
qualités qui la distinguèrent, et cette brillante bravoure dont le souvenir
excite encore l'admiration Le temps des
troubles Un prĂŞtre craonnais Ă©crivait sur un registre paroissial
en 1580, dans un langage commun au temps : Dempuys l'an 1562 Que commencèrent les troubles Le temps est fort fascheux Tant pour la
religion que pour les.... Lhomme de Dieu estoit tant bas Et leglise méprisée Quon ne voit plus que soldats Courir à la piquorée "son amy tuera" Comme indiqué par Georges Gougenheim
dans sa Grammaire de la langue française du XVIème siècle (1985), le complément
d'objet peut être placé avant dans l'ordre de la phrase. Ici, on considère que c'est l'ami qui tue le "grand
de Blois". René de la Platière, Seigneur des Bordes, étoit l'unique espérance de la Maisons de Bourdillon.
Théodore de Bèze (Tome II, page 241) lui attribue le coup de pistolet, à la
bataille de Dreux du 19 décembre 1562, qui par mégarde tua le jeune Duc de
Nevers quelques jours après. Mais Brantôme dit expressément que le meurtrier
involontaire fut M. Blanq enseigne de M. de Guise Blanq serait M. de BĂ©lan, de la famille de Lantages.
Le prince de Condé perdit la bataille de Dreux où il fut
pris & blessé ; ceux du parti des Catholiques qui y perdirent la vie furent
Jacques d'Albon maréchal de S. André à qui Baubigny cassa la tête d'un coup de pistolet, Montberon fils du connétable & François de Cleves comte de Rethel Des Bordes était le neveu du Maréchal de Bourdillon dont
il devait hériter les titres. François Ier de Clèves ayant épousé Marguerite de
Bourbon, François II était donc par sa mère le neveu du prince de Condé et du
roi de Navarre. Des Bordes est présenté comme un ami du duc de Clèves au
XIXème siècle, mais il en est un proche et un conseiller qui a une grande
influence sur lui comme Blaise de Vigenère chez
Théodore de Bèze : « mais étant
sollicité tout au rebours par le roi de Navarre, qui était aussi son oncle, et
qui lui envoyait lettres du roi et de la reine-mère telles qu'il voulait : et
de malheur, étant ce jeune seigneur possédé par deux mauvais hommes, l'un nommé
Desbordes, gentilhomme, indigne de la faveur que lui
portait son maître, et l'autre nommé Vigenaire, son
secrétaire, il fut amené à ce point, qu'il se résolut de faire premièrement un
voyage en son gouvernement, et de là à la cour, là où depuis il fut aisé de le
rendre neutre, et finalement ouvert ennemi de ceux auxquels il avait promis la
foi : ce qui le mena bientôt à la mort » Dans le Digeste justinianien on
trouve "amici nostri"
: "nos conseillers" (Gaffiot). Les promesses de François II de Clèves au prince de Condé
ne sont ainsi pas suivies d'effet. CĂ©dant aux pressions de membres de son
entourage, en particulier de son fidèle secrétaire, Blaise de Vigenère, le duc rejoint le camp royal et s'engage dans la
guerre. Le 10 janvier 1563, il succombe des suites d'une blessure récoltée à la
bataille de Dreux. Le duc de Nevers décédait au service du souverain et de la
cause catholique. Par sa mort, François II ne faisait que perpétuer la
tradition ancestrale de sa famille. Les Clèves s'étaient enracinés dans le
royaume de France par leur fidélité au souverain, amplement démontrée dans le
service noble par excellence, celui des armes, et confortée par la durable
bienveillance du monarque Ă leur Ă©gard. Unissant leur noblesse au roi et Ă son
pouvoir, ils avaient fait don au souverain, dans les termes de la tradition
aristocratique, de leur sang, vie et fortune, laquelle en retour dépendait de
manière croissante de la redistribution des ressources opérée par la monrachie, revenus, charges et puissance qui en
découlaient. En 1538, en hommage à son mariage avec une fille de lignée royale,
François I de Clèves était gratifié de l'érection en duché de son comté et
pairie de Nevers. Les lettres patentes par lesquelles François Ier érige le
duché insistent sur le poids des services rendus dans l'union, présentée comme
indéfectible, des ducs à la monarchie. Elles évoquent ainsi « les grands et
notables services faits à la couronne par feu Engilbert de Clèves, comte d'Eu,
Ă la conqueste du royaume de Naples et Jehan
d'Albret, comte de Dreux et de Rethel, gouverneur du pays de Champagne et de
Brie, pour la défense dudit royaume contre les invasions des ennemis; considéré
aussy que depuis naguère François de Clèves, comte
d'Eu a signalé son courage (...) tant à la conqueste
du pays de Piedmont qu'à la deffense de Picardie» Les Clèves français continuèrent eux aussi à faire copier
et à faire lire la légende du chevalier au Cygne : " Chestuy
chevalier Helyas - le premier comte de Cleves estait venu du Gréal lequel l'en dist estre une manière de paradis terrestre, mais ce n'est pas
le saint paradis. Presque tous les manuscrits sur l'histoire de cette famille
conservés à la Bibliothèque Nationale - les No 3175 ,
5573, 5607, 17867, 20202, le Dossier Bleu Ho 197 etc
- font allusion au Chevalier accompagné "par ung
blanc cygne", messager quasi-divin duquel est issue la maison de Clèves, descendue
de celle de La Marck Autrefois attribué à un certain Denis Pyramus,
le roman de Partonopeus de Blois fut composé vers
1180 ; il est donc, après le Lai de Lanval, une des
premières légendes mélusiniennes en langue vulgaire.
L'histoire connut un succès extraordinaire et fut traduite dans toutes les
langues de l'Occident médiéval. Grâce aux traductions anglaises, nous savons que
le texte français que nous possédons aujourd'hui n'est pas la version primitive
du récit. Le roman circulait sous une forme longue et sous une forme abrégée,
s'ouvrait par le récit des origines de Mélior, une
fée privée d'une partie de son caractère merveilleux, c'est-à -dire rationalisée
- ou bien par celui des origines troyennes de Partonopeus.
Les traductions nous aident aussi à éclairer certains points du roman français
qui qui raconte ceci : Après une longue introduction dans laquelle il retrace
la division du monde, l'histoire de Troie et l'arrivée des Troyens en Gaule,
l'auteur anonyme décrit la forêt des Ardennes ; en ce temps-là , elle était
immense, enchantée, infestée de lions, de dragons et d'éléphants, et elle
s'étendait jusqu'à la mer. Un jour, le roi Clovis va y chasser avec son neveu Partonopeus qui tue un sanglier ; les chiens en lèvent un
second que le jeune homme poursuit. Il perd de vue les autres chasseurs et
s'Ă©gare. Il passe la nuit sous un chĂŞne et, quand il veut rebrousser chemin, le
matin, les serpents et les guivres de la forêt enchantée l'en empêchent. Il
erre dans les bois avant d'apercevoir enfin la mer. Sur le rivage est échoué un
navire complètement désert ; il s'y embarque et s'endort. Lorsqu'il se
réveille, il est en pleine mer, toujours seul. Le lendemain soir, il voit une
grande clarté vers laquelle la nef se dirige, puis elle accoste près d'une
ville et d'un château. Partonopeus descend à terre,
visite plusieurs palais sans voir âme qui vive, entre dans le plus beau : un
feu brûle dans la cheminée, une table est dressée. Comme il a faim, il s'y
assied et se restaure, servi par d'invisibles mains. A la fin du repas, il suit
deux flambeaux qui le conduisent Ă une chambre oĂą il trouve un lit magnifique
dans lequel il se couche. Une personne s'approche alors de sa couche et y
entre, découvre l'intrus et veut le chasser. Partonopeus
raconte ses aventures à son invisible interlocutrice ; elle a pitié de lui, lui
permet de rester et lui octroie mĂŞme ses faveurs. Elle s'appelle MĂ©lior, est la riche et puissante reine de Byzance et ce
château se nomme Chef d'Oire Tirant sa matière d'autres sources que de celles où puise
Wolfram, Konrad von Würzburg, mort à Bâle en 1287 et
dont nous avons déjà cité la traduction du Partonopeus
de Blois (Partonopier und Meliur), rattache la légende du Chevalier au Cygne à la
maison de Clèves, suivant ainsi une tradition que nous retrouvons aux Pays-Bas.
Bien que le manuscrit comporte des lacunes, l'histoire est claire : Un duc de
Saxe conteste Ă BĂ©atrix, la fille du duc de Clèves qui vient de passer de vie Ă
trépas, son héritage. Personne ne veut être son champion et elle se désespère
déjà lorsque arrive un chevalier inconnu : il fait son apparition endormi dans
un frêle esquif que tire un cygne jusqu'au rivage de Nimègue. La chaîne reliant
l'animal à l'embarcation est d'argent. L'inconnu accepte de prendre la défense
de la duchesse et tue le duc de Saxe en combat singulier. BĂ©atrix, Ă©prise du
jeune chevalier, lui propose de rester et de l'Ă©pouser. Il accepte si elle
consent Ă ne jamais l'interroger sur son origine. BĂ©atrix jure de respecter sa
volonté. Les années s'écoulent et deux enfants naissent ; un jour pourtant,
BĂ©atrix pose la question fatale : le cygne vient chercher le chevalier qui
disparaît sans que son nom soit révélé Dans le poème 'Goldene Schmiede' de Konrad von Wùrzburg (env. 1277-87) - et dans sa version néerlandophone 'Marien Voerspan of Sapeel' (ca. 1450) -, l'auteur se dépeint lui-même comme un orfèvre qui réalise un ornement précieux pour Marie. Au paroxysme du poème, Konrad von Wûrzburg compare Marie à un bijou d'or pur 'daer in sich god verguldet heeft in sijnre hoeger drier triniteit' Elle est la monture d'or dans laquelle est serti le bijou de la Trinité (Adrianus Maria Koldeweij, Foi et bonne fortune, 2006 - books.google.fr). L'éloge funèbre de Konrad von Wûrzburg par Boppe sert aussi à chanter la louange de Dieu tout-puissant, de la Sainte Trinité, de l'Incarnation du Christ, de sa résurrection et de sa descente aux Enfers (Danielle Buschinger, La poésie du "discours chanté" en Allemagne (1250-1500): I, étude théorique ; II, anthologie bilingue, 2000 - books.google.fr). On lit, dans les Illustrations de Gaule et Singularitez de Troye de Jean
Lemaire de Belges, au livre III paru en 1553, le récit suivant, que l'auteur présente
sous le titre de Vraye histoire du Cygnes de Clèves,
proche d'une chronique de Jean de Brusthem, moine de
Saint-Trond (1505). Le Chevalier au cygne est le « principal porteur d'enseigne
» de Jules césar, Salvius Brabon,
originaire de l'Arcadie et descendant de Francus,
fils d'Hector de Troie Le nom de Partonopeus semble
être inspiré de celui d’un héros grecs des Sept contre Thèbes, Parthénopée. On y a vu aussi une forme dérivée de
Parthenay, en raison de similitudes entre cette histoire et la légende de
Mélusine Parthénopée est aussi la sirène
qui donne son nom Ă la ville de Naples, objet de conquĂŞte d'Engelbert
de Clèves. La Trinité L'oeil trinitaire En dernière analyse, il va sans dire que le paradigme,
dans une société chrétienne, de l'œil judiciaire est l'œil dit «trinitaire» de
Dieu, que l'on trouve planant au-dessus de certaines Ĺ“uvres picturales
maniéristes, comme les tableaux religieux du Pontormo Il existe bien l'« œil trinitaire » qui, précisément,
bénit la scène au-dessus de laquelle il est suspendu, comme dans La Cène à Emmaus du Pontormo Il y en a (Grégoire le Grand, Moralia) qui ont avanté que l'évangéliste Luc étoit le compagnon de Cléophas, & l'un des deux Disciples ausquels le Sauveur s'apparut, en allant à Emmaüs. Enfin quelques-uns ont écrit qu'il étoit Peintre; & on montre des tableaux, qu'on dit avoir été peints de sa main. On veut aussi qu'il soit le même que ce Lucius, dont parle saint Paul aux Romains (XVI 21), & qu'on croit avoir été parent de cet Apôtre (Commentaire litteral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Tome 7, 1726 - books.google.fr). Jacopo Carucci (Pontorme, près
d'Empoli, 24 mai 1494 - Florence, 2 janvier 1557),
connu sous le nom de Jacopo da Pontormo, ou plus simplement le Pontormo, est un
peintre italien de l'école florentine et l'un des représentants les plus
importants du mouvement maniériste dans la peinture du XVIe siècle Le maniérisme est généralement présenté comme « l'automne de la Renaissance », à l'époque de son déclin ou de sa « décadence ». En fait le maniérisme fait simultanément émerger des valeurs qui lui sont propres et qui autorisent désormais à le considérer comme un moment complet (et non une « transition ») dans l'histoire de la culture européenne. Les maniéristes se présentent comme des suiveurs, venus après les grands créateurs italiens de la Renaissance, qui ont le sentiment de n'avoir plus de territoire créatif propre, sauf à exploiter formellement les inventions de leurs maîtres. L'accent est donc mis sur la forme, ou plus exactement sur la « manière » (maniera), qui exprime l'implication de l'imitateur, se créant ainsi un style, dans l'exploitation formelle. Il s'ensuit deux conséquences : pour se constituer une place, les maniéristes cultivent l'écart par rapport à leur modèle, et inventent ainsi le principe d'« imitation différentielle » ; d'autre part le principe de l'art n'est pas fondé sur la nature ; on abandonne l'idéal renaissant de naturalisme esthétisé, au profit d'une théorie de « l'art pour l'art ». Partant de principes formalistes, les maniéristes fondent un esthétisme exacerbé qui leur a valu le renom, impropre, de « décadents ». La substitution de l'art à la nature comme modèle formalisateur fait que le plus important n'est pas ce qu'on imite, mais la manière d'imiter. Ainsi s'explique le recours aux prouesses de la technicité. On met en valeur les effets les plus inattendus des lois de l'optique : déformations obtenues par modification de l'angle de vue ou anamorphoses, effets de trompe-l'œil par hyperbolisation des lois de la perspective, complications dans l'écriture musicale, insistance sur les effets de la rhétorique (pointes épigrammatiques [concetti] ou ellipses brillantes de la pensée qui fondent le « conceptisme », allusions culturelles obscures ou sophistiquées qui caractérisent le « cultisme » à l'espagnole, systématisation des antithèses et des allitérations caractéristiques de l'« euphuisme » à l'anglaise). L'exploitation hyperbolique des caractéristiques formelles fait perdre de vue les ensembles. Les maniéristes se cantonnent dans l'exploitation d'un point de détail ; ils se spécialisent dans un traitement de leur invention (ex. les compositions arcimboldesques, ou l'utilisation du noir et des lumières blafardes qui caractérisent le « nocturnisme » des peintes). Les poètes traitent d'un thème restreint qu'ils exploitent jusqu'à saturation. La conséquence en est une perte du sens de l'harmonie et de la totalité qui caractérisaient la Renaissance. L'univers est représenté comme une énigme, un labyrinthe (figure récurrente de l'art et de la littérature, illustrée par les mythes de Dédale, d'Icare et du Minotaure), une caverne peuplée de forces obscures ou maléfiques. Une « démonie » universelle s'empare du monde : c'est l'époque des magiciens, des prophètes (Nostradamus), de la vogue des techniques divinatoires, de la chasse aux sorcières. Cette transformation de la relation à l'univers entraîne une mise en question des moyens de connaissance : ainsi se conforte le scepticisme, et la mise en doute du principe d'identité qui, dans la psychologie renaissante, caractérisait la personne. On cultive l'art des contradictoires, des conflits internes, de l'éclatement du moi sous forme mélancolique ou hallucinatoire. Les thèmes littéraires de l'inconstance, de l'illusion débouchent sur une vision du monde analogue à un palais de mirages. Le maniérisme, qui se présente comme une continuation de l'esprit renaissant, aboutit à un renversement des valeurs fondamentales de la Renaissance : l'hyperbolisation du sens esthétique aboutit à un artificialisme en contradiction avec le naturalisme esthétisé. L'aspiration à la lumière est neutralisée par une fascination de la nuit, qui impose sa présence et fait de l'éclat lumineux une sorte de trou vacant dans l'épaisseur de l'ombre. L'unité de la personne humaine vole en éclats sous l'effet d'instances internes contradictoires qui font du psychisme un terrain de guerre civile. Le maniérisme est en effet le contemporain des grandes fractures (sécessions religieuses, guerres civiles, instauration de gouvernements et d'organismes répressifs) du XVIe siècle européen. On ne saurait cependant parler de décadence : il s'agit plutôt de la mise en scène d'un sentiment tragique de l'existence. La sérénité de la philosophie renaissante laisse place à une problématique du questionnement. Sur ce fond de contradictions et d'inquiétudes, s'établissent de très grandes créations comme celles de Tintoret ou de Greco en peinture, de Montaigne dans l'investigation de soi, des poètes épiques comme Camoëns ou Le Tasse, et des dramaturges élisabéthains. L'imaginaire maniériste est tourmenté, violent, disloqué, avec une tendance aux extrêmes : c'est une exploration des limites, des marges et des seuils (Joël Thomas, Introduction aux méthodologies de l'imaginaire, 1998 - books.google.fr). Dans Partonopeus
de Blois Après une invocation à la Trinité, qui amène une
gracieuse description du printemps et des réflexions pleines de sens et de
justesse sur la moralité des compositions littéraires. v. 1-154, l'auteur
remonte Ă la division du globe en trois parties; l'une de ces parties est
l'Asie, où se lésait remarquer dès la plus haute antiquité la riche ville de
Troie. Troie fut détruite par la trahison d'Anchise qui s'enfuit avecun fils de Priam, alors au berceau, nommé Marcomiris, 134-308. Marcomiris,
à l'âge de quinze ans, quitta Anchise, dont il avait appris la trahison, et se
rendit en France. Il en devint le premier souverain, 308-390. Le trĂ´ne resta
dans sa famille; un de ses descendants fut Pharamond. Après lui régnèrent
Clodion, Mérovée, Childéric et Clovis. L'action du poëme
se passe à la fin de la vie de ce dernier, par conséquent en l'an 512 et 513,
390-497. La France a grand
besoin de vous : vous n'y serez pas un seul jour oisif, tant il y a de guerres
et de combats, tant vous y aurez d'ennemis. Le bon roi Clovis est mort, Et les
Français sont écrasés, votre père n'est plus. Et Blois est assiégée de tous
côtés. Ayez soin d'être toujours brave à l'armée, de vous faire aimer de tous
par vos largesses, et de donner souvent. Vous n'aurez jamais lieu de craindre
de n'avoir pas assez ; par moi vous aurez toujours
assez de bien. Qu'on ne trouve aucun bon chevalier à qui vous n'ayez donné de
votre bien. Soyez modeste avec les pauvres. Donnez-leur des vĂŞtements et des
meubles. N'ayez point la parole hautaine, Mais douce et prévenante pour tous.
Honorez Dieu et la sainte Église. Maintenez ses franchises. Ayez la crainte de
Dieu ; elle vous fera croître en estime et en honneur. De retour à Blois, il se dérobe à la tendresse et à la reconnoissance de ses compatriotes : il adresse de
vifs reproches à sa mère; il se condamne lui-même à ne voir personne, et à ne
vivre que des alimens les plus grossiers. Son
désespoir est silencieux; s'il parle seul, c'est Dieu, c'est la Trinité, c'est
la mère de Dieu, qui sont les objets de ses supplications (5393 et suiv.) La figure de Partonopeus se
rapproche d'un imaginaire à l'inspiration plus proprement chrétienne. Une année
passe, et Partonopeus décide de se rendre dans la
forêt. C'est à partir de ce moment-là qu'on remarque des différences
substantielles par rapport au texte de Chrétien. Avant de pénétrer dans la forêt,
Partonopeus prononce une longue prière comprenant une
invocation à la Trinité (v. 5417-35). L'Expositio est une œuvre théologique, mais quoique
la majeure partie de l'ouvrage soit consacrée, comme il se doit, à des
commentaires doctrinaux, on voit reparaître malgré tout le professeur de
grammaire et de rhétorique, et l'amateur de philosophie naturelle. Alain prend
Ă partie Bernard Silvestre, auquel il est cependant redevable de la cosmogonie
symbolique de l'Anliclaudianus,
l'accusant d'impropriété de termes à propos de l'orthographe des mots hébreux
séraphin et chérubin. Il cite l'« Epithalame » de Martianus
Capella pour désigner le ministère des anges, ce qui paraît un peu oséé. Une allusion à l'un des héros de la Thébaïde de Stace
est encore plus typique. Expliquant ce que l'on doit entendre par « vision
imaginaire », contemplation de la réalité dans son reflet, et avant de citer le
texte de saint Paul : Inuisibilia Dei per ea quae facta
sunt... il évoque le beau Parthénopée,
dans lequel se reflète la beauté de sa
mère Atalante. Ce personnage mythologique était en grande faveur au XIIe
siècle, dans la littérature profane. Le Roman de Thèbes le décrit sous les
traits les plus flatteurs : « De beauté semblot estre reis » ; l'auteur du Parthénopée
de Blois le transforme en prince mérovingien, neveu de Clovis. Il est pris
comme exemple par Mathieu de Vendôme : « sic Statius Thebaidos, qui Partonopeium descripsit speculo pulcritudinis insignitum », et
Alain l'a transporté de la rhétorique à la théologie. Il le cite
pour exprimer l'identité de nature des Personnes dans la Trinité : « Si enim cum dicitur : Atalante resultat in Parthenopaeo, notatur expresse naturae similitudo, non est absurdum, si
cum personae pluralitate notatur
identitas naturae, cum dicitur : Filius est in Patre », et ceci, dans un ouvrage aussi sérieux que les Regulae. Il l'évoque de nouveau dans les Distinctiones : « in... cum ablatiuo...
notat similitudinem rei, unde poeta
: «Atalante insultat in Parthenopaeo» Le passage de Rom. 1, 20 : "invisibilia
dei, per ea quae facta sunt intellecta
conspicianiur" est un adage qu'Augustin cite très
fréquemment (De doctrina christiana, 1, 4, Confessionum, 10, 6, Epistulae n°
102, De ciuitate Dei 22, 29, De trinitate
2, 15 , etc.)Â C'est ainsi que
MoĂŻse voulait voir celui Ă qui il disait : Montrez-vous Ă moi manifestement,
comme ce qu'il y a d'invisible en Dieu est rendu visible par le moyen des
choses qui ont été faites ; voici en effet comment s'explique l'Apôtre : « Car
ce qu'il y a d'invisible en Dieu, est devenu visible depuis la création du
monde, par la connaissance que ses créatures nous en donnent, sa puissance même
et sa divinité sont visibles. » (Rom., I, 20) Voici donc que, pour
l'intelligence, les choses invisibles de Dieu sont visibles, et pourtant elles
sont appelées invisibles. Ainsi c'est par le Christ même que toutes choses,
visibles et invisibles ont été faites, et pourtant vous pourriez le croire
visible par nous ? Vous dites après cela, que c'est seulement du Père qu'on
doit entendre ce que dit l'Apôtre quand il s'écrie : « A Dieu qui est le seul
sage. » (Rom., XVI, 27) (Conférence avec Maximin, évêque arien) Songeons à l'invisibilité de la fée Mélior,
à la lanterne magique qui la fait apparaître aux yeux de Partonopeus,
et Ă l'"oeil", organe de la vision, du
premier vers du quatrain. Epître aux Romains Le prestige du livre, de l'escrit est généralement entier jusqu'à la fin du XIIe s., et l'auteur de Partonopeus s'explique longuement là -dessus (c'est saint Paul lui-même qui le dit : « quanque est en livre escrit » peut et doit servir à notre édification [Epître aux Romains 15,4 : Frères, tout ce qui a été écrit à l'avance dans les livres saints l'a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l'espérance]) (Pierre Gallais, Recherches sur la mentalite des romanciers français du moyen âge, Cahiers de civilisation médiévale, Université de Poitiers. Centre d'études supérieures de civilisation médiévale, 1970 - books.google.fr). C'est l'image de l'alouette que présente le long prologue de Partonopeu de Blois. Invariablement située dans une reverdie, apparaît une triade d'oiseaux, dans l'ordre du texte : l'alouette, le rossignol, le loriot, dans un contexte énonciatif comparable à l'incipit d'une canso, où il s'agit de justifier l'écriture par la saison, par le chant des oiseaux, et par l'amour. Tous ces éléments sont présents dans le début du prologue, en même temps que l'allusion claire à un texte bien connu, quand il est dit du loriot : « Cil cante de lontaine amor » (v. 53). Saint Paul, li maistre de la gent Nos dist en son enseignement Que quanqu'est es livres escrit, Tot i est por nostre profit (...) Car nus escrit n'est si frarins Nis des fables as sarasins Dont on ne puisse exemple traire. Détournant habilement les écrits de Saint Paul pour justifier l'écriture du roman et le choix du sujet, l'auteur de Partonopeu laisse entendre que son propre texte réclame une interprétation. Voici l'attitude qu'il recommande au lecteur, en s'appuyant sur une comparaison animale, dont il tire évidemment un exemple : Li sages de quanqu'est sos ciel Trait sens com és trait de flor miel. (v. 119-120) (Anne-Marie Bégou-Ball, L'oiseau chanteur : esquisse d'une ornithologie courtoise, Déduits d’oiseaux au Moyen Âge, 2014 - books.google.fr). L'Épître aux Romains est une lettre du Nouveau Testament
envoyée par l'apôtre Paul à l'Église de Rome. L'épître aux Romains est certainement la plus importante
des épîtres de Paul non seulement par sa taille (c'est la plus longue) mais
surtout pour son contenu et son enseignement. Les idées développées dans cette
épître forment le fondement de la doctrine des Églises chrétiennes au sujet de
la justification par la foi. Les interprĂ©tations de cette lettre sont Ă
l'origine des divers mouvements et évolutions du monde chrétien et plus particulièrement
de la RĂ©forme protestante Il y a 500 ans, le 31 octobre 1517, Luther affichait ses
quatre-vingt-quinze thèses à la porte de l’église du château de Wittenberg ; la
Réforme protestante en sera la conséquence. Cependant, pour nombre
d’historiens, c’est son commentaire de 1516 de l’épître aux Romains, dans
laquelle Luther discernait « la forme la plus pure de l’Évangile », qui en
marque le réel point de départ. Et cette lettre ne cessera de marquer
l’histoire du protestantisme évangélique. C’est en rédigeant son commentaire
sur l’épître aux Romains que Calvin a précisé les thèses principales de sa
pensée qu’il développe dans la deuxième édition de l’Institution de la religion
chrétienne. Le Père Cornely montre que les
allusions à la Trinité imaginées par de nombreux Pères sont sans fondement. Il
semble pourtant qu'il y a dans le rythme comme un dessin trinitaire : trois
attributs, trois questions, trois relations des choses à Dieu. On a cherché
dans la littérature hellénistique des formules analogues à celle du v. 36.
Assurément les analogies ne manquent pas. Mais après les investigations de Lietzmann et de Norden, on peut
estimer qu'on ne trouvera rien de tout à fait semblable. Nous ne trouvons pas dans le Nouveau Testament de définition du dogme. Nous y trouvons des formules qui associent les trois personnes de la Trinité, comme par exemple la salutation de l'épître aux Romains, où Jésus est déclaré Fils de Dieu selon l'Esprit de sainteté (Rm 1.4). Si ces formules évoquent les trois personnes de la Trinité, elles ne définissent pas explicitement la nature exacte de leurs relations. En revanche, la question trinitaire est incontournable lorsque nous lisons des versets comme : Celui qui m'a vu a vu le Père (Jn 14.9). Si, comme le prétendent les épîtres, le salut vient du Christ, il faut bien que Jésus soit Emmanuel, Dieu avec nous, présence du Père dans le monde. La question trinitaire recoupe alors la question christologique : qui est Jésus par rapport à Dieu ? Dès les premières décennies de l'histoire de l'Eglise, les chrétiens ont à affronter la critique des Juifs, pour lesquels la foi au Fils de Dieu incarné est une attaque directe contre le monothéisme. Elle contredit l'unicité de Dieu (Antoine Nouis, Un catéchisme protestant, 1997 - books.google.fr). Les amis polonais de Bèze réclamaient souvent un nouvel écrit contre les antitrinitaires, si nombreux et entreprenants en Pologne. L'ancien édit, celui de 1566, qui bannissait les anabaptistes et antitrinitaires de Pologne avait été appliqué fort négligemment. Un homme comme Thretius espérait, mais en vain, que cet édit serait renouvelé. Genève, malgré la mort de Calvin (27 mai 1564) ne négligeait pas les calvinistes polonais. Théodore de Bèze et Bullinger continuaient à les encourager : mais quel remède trouver à l'anarchie religieuse croissante o, quelle digue opposer au débordement du flot arien (en Pologne on appelait ariens les antitrinitaires) qui venait de la Lithuanie et menaçait de submerger la Petite Pologne (Auguste Berga, Pierre Skarga (1536-1612): Étude sur la Pologne du XVIe siècle et le protestantisme polonais, 1916 - books.google.fr). Comme l'indique sa préface adressée aux pasteurs et aux fidèles de Pologne (Epitre aux Seigneurs de Pologne du 15 août 1570), le but de Bèze était double : réfuter les hérésies antitrinitaires de son époque d'une part et, d'autre part, montrer à l'Eglise romaine en général et au cardinal Hosius en particulier16 que les réformateurs n'étaient nullement responsables de ces hérésies. Au contraire, en combattant des hommes comme Biandrata, Gentile, Socin et d'autres antitrinitaires, les réformateurs se rangeaient fermement du côté des Pères orthodoxes en réfutant les mêmes hérésies qu'eux. Cet appel à la tradition frise l'absurde lorsque Bèze identifie les hérétiques individuels de son temps avec les hérétiques anciens (Irena Dorota Backus, Lectures humanistes de Basile de Césarée: traductions latines (1439-1618), 1990 - books.google.fr). Le futur Henri III a été pendant quelque temps, roi de Pologne. Est-ce que dans les débats sur la tolérance, l'argument est utilisé sur ce qui se passe dans ce lointain pays considéré comme oriental ? Henri III a-t-il conservé de son passage un souvenir de la situation religieuse dans ce pays ? Le parti des « Politiques » utilise-t-il cet argument d'une certaine tolérance dans ces pays lointains ? Effectivement, les Polonais ont perdu leur roi, Sigismond, en juillet 1572 et ils ont élu roi le duc d'Anjou (futur Henri III). Mais il y aura une longue période d'interrègne. Or, si la majorité du pays est catholique, on trouve une forte minorité protestante, il y a des anti-trinitaires, des anabaptistes. Les nobles polonais ont pu craindre une explosion du pays et ils signèrent avec les responsables des principales confessions un traité en 1573 : la « Confédération de Varsovie ». Par ce traité, les parties s'engageaient à ne pas se faire la guerre. C'est un texte relativement peu connu mais très intéressant. Après l'élection du duc d'Anjou comme roi de Pologne, des ambassadeurs polonais se rendirent auprès du duc qui assiégeait alors, sans succès, la ville protestante de La Rochelle, et lui demandèrent de s'engager à respecter la constitution de la Pologne et le traité de 1573. Bon gré, mal gré, le duc d'Anjou voulant devenir roi accepta. Je crois qu'on retrouve, ensuite, dans les édits de Beaulieu (1576) et de Poitiers (1577) des échos de cet engagement, mais il n'y a pas eu de transposition directe en France, mais tout de même, il y a quelque chose qui s'est joué là (L'Edit de Nantes (1598), la France et l'Europe: journée d'études, 1998 - books.google.fr). Accord sur la Trinité Théodore de Bèze eut l'occasion de prendre plusieurs fois
la parole au Colloque de Poissy. Dans ce discours qu'il prononça le 9 septembre
1561 devant la cour et les prélats, après la prière et les remerciements au
Roi, il passe en revue les points de doctrine sur lesquels catholiques et
protestants s'accordent (Dieu, la Trinité, l'incarnation, l'expiation, la
rémission des péchés, etc.) et les points sur lesquels ils divergent d'opinion.
Quand, parlant de la sainte Cène, le Réformateur, déclare du Christ :
"nous disons que son corps est esloigné du pain
et du vin autant que le plus haut ciel est esloigné
de la terre", le texte de la Harangue comporte en marge cette notation :
"Ici s'esmeurent quelques Prelats" "Mis en mal" On trouve "Mes en mal" au sujet d'Adam dans la Bible de Macé de La Charité écrite au début du XIVème siècle : "Je di: qu'il estoit bons adonques / Quant nostres sires le forma, / Mes en mal puis se conferma" (Genèse vv. 268-270) (La Bible de Macé de La Charité, Volume 10, Numéro 1, 1967 - books.google.fr). Macé est certainement curé de Cenquoinz (= Sancoins, Cher), et probablement moine bénédictin de La Charité, sa culture générale semble plutôt celle d'un moine bénédictin que d'un prêtre séculaire (né à La Charité sur Loire ou en provenant). Macé adapte plus qu'il ne traduit l'Aurora de Petrus Riga et s'est probablement servi de la rédaction revue et augmentée par Gilles (Aegidius) de Paris (La littérature didactique, allégorique et satirique, Tome 1, 1972 - books.google.fr). "Mes" peut être un participe passé de mettre ("mis") ou la conjonction de coordination "mais" (Alphonse Bos, Glossaire de la langue d'oïl, (XIe-XIVe siècles), 1891 - books.google.fr). Saint Paul (Romains, V 12-21) a fait une allusion très claire à ce texte biblique de la chute et du châtiment d'Adam et Eve. Plus nettement que les écrits juifs contemporains, il attribue expressément à Adam d'avoir fait entrer dans le monde non seulement la mort, mais le péché. Toutefois, il ne s'explique pas en détail sur ce point. Tout son effort tend à montrer que le Christ a plus d'efficacité pour réparer les nombreuses transgressions de l'humanité qu'Adam n'en a eu pour amener la condamnation sur sa race. La pensée chrétienne ultérieure se considère avant tout en ce point comme l'interprète d'un donné déjà acquis, déposé dans des Écritures canoniques, avec lequel les interprétations théologiques nouvelles ne peuvent rompre totalement. [...] Saint Augutin invente le terme de "péché originel" vers 397 (Dictionnaire de la Théologie chrétienne: Les Dictionnaires d'Universalis, 2015 - books.google.fr). Pour saint Augustin, le mal dont souffre l'homme n'était pas dans le principe inhérent à sa nature ; car il est la créature de Dieu ; et tout ce que Dieu a créé est bon. Le mal est la conséquence du péché, transgression volontaire de la loi, qui ne pouvait être donnée qu'à un être libre ; car Adam, nous dit la Genèse, avait reçu, le jour de la création, le pouvoir d'incliner sa volonté vers le bien ou vers le mal. La faute de notre premier père a donc été personnelle, non nécessitée par la nature créée en parfait état d'innocence (F. Ferrère, La situation religieuse de l'Afrique romaine: depuis la fin du IVe siècle jusqu'à l'invasion des Vandales (429), 1970 - books.google.fr). [Après la chute] «Et Dieu dit : Voilà Adam devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal.» Dieu a prononcé ces paroles, quel que soit le moyen qu'il ait employé; dès lors il faut voir dans le pluriel une allusion à la Trinité, analogue à celle qu'on trouve dans ce passage : «Faisons l'homme...» (Genèse I,26) ou dans cet autre : «Nous viendrons vers lui et nous habiterons en lui» comme le dit le Seigneur de lui-même et de son Père (Jean XIV,23) (De la Genèse au sens littéral, Livre XI - Chute et châtiment d'Adam, Chapitre XXXIX, 53) (Oeuvres complètes de Saint Augustin, 1866 - books.google.fr). La Charité sur Loire se trouve dans le Nivernais, à une vingtaine de kilomètres de Nevers. Le Nivernais était autrefois divisé en : VAUX ou VALLÉES DE NEVERS, renfermant: Nevers, capitale; Pougues, la Charité-sur-Loire, Mesvres, Chateauneuf-Val-de-Bargis, Pouilly, Champlemy (Nièvre) ; DONZIOIS [...] ; VALLÉES D'YONNE [...] ; VALLÉES DE MONTENOISON [...] ; VALLÉES DES AMOGNES [...] ; PAYS D'ENTRE LOIRE ET ALLIER [...] ; BAZOIS [...] ; et MORVANT (A. Girault de Saint-Fargeau, Bibliographie historique et topographique de la France, 1845 - books.google.fr). L’amiral Gaspard de Coligny, un des chefs protestants, s'installe un temps à la Charité sur Loire après sa victoire lors de la bataille d'Arnay-le-Duc le 25 juin 1570 contre les armées catholiques du maréchal de Cossé, barrant la route du Midi aux catholiques, ce qui précipite le 8 août 1570 la signature de la paix de Saint-Germain-en-Laye, signée entre le roi Charles IX et l’amiral Gaspard de Coligny, qui octroie aux protestants quatre places fortes : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité-sur-Loire. La nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy atteint la ville dès le soir du 24 août 1572. Elle provoque immédiatement une répétition du massacre. En 1576, la ville est reprise par le frère du roi, le duc d’Anjou, presque sans combat. Le 19 avril 1577, Sarra Martinengo, gouverneur de Gien, est tué sous les murs de La Charité-sur-Loire alors qu'il assiégeait les Réformés qui tenaient la ville (fr.wikipedia.org - La Charité-sur-Loire). "Doute
double" : les deux craintes (Romains VIII) Douter ancienement signifioit craindre; doute, Ă©toit
crainte. « L'inition de sapience est la doute de nostre Signor », dit l'auteur
anonyme du Miroir du chrétien dans le treizième siècle. Initium
sapientiæ timor Domini Je suis pour vous
saisi d'une grande crainte. Si vous vous glorifiez de pouvoir suivre l'Agneau,
partout où il va, je tremble que, gonflées d'orgueil, vous ne puissiez le
suivre par le sentier étroit. O âme virginale, conservez dans votre cœur ce que
vous y avez reçu par le baptême, conservez aussi dans votre corps ce qui y
Ă©tait en naissant; mais il est bon aussi que, sous l'influence de la crainte du
Seigneur, vous conceviez et enfantiez l'esprit de salut (Rom. XV, 3). « La
crainte, il est vrai, n'est pas dans la charité, et la charité parfaite
l'exclut entièrement ». Mais la crainte dont il est ici parlé, c'est la crainte
humaine et non la crainte surnaturelle ; la crainte des maux temporels et non
la crainte du jugement de Dieu. « Gardez-vous de porter trop haut vos
prétentions, mais craignez ? » (Rom. XI, 20). Aimez la bonté de Dieu, mais
craignez la sévérité de sa justice ; l'amour et la crainte ne supportent point
l'orgueil. En aimant, vous craignez d'offenser gravement Celui que vous aimez
et qui vous aime. Or, quelle offense plus grande que de déplaire, par
l'orgueil, à Celui qui, à cause de vous, s'est attiré la haine des orgueilleux
? Cette chaste crainte, qui demeure dans le siècle des siècles où peut-elle
mieux se trouver qu'en vous qui, étrangère à toutes les pensées du monde et au
soin de plaire Ă un Ă©poux, n'avez de pensĂ©es que pour Dieu et ne cherchez Ă
plaire qu'à lui seul ? La crainte humaine ne s'allie point avec la charité ;
mais cette crainte chaste dont je parle en est inséparable. Si vous n'aimez
pas, craignez de périr; si vous aimez, craignez de déplaire. La charité exclut
la première de ces deux craintes ; elle s'allie intimement à la seconde.Saint Paul a dit : « Nous n'avons pas reçu l'esprit
de servitude pour craindre, mais a l'esprit
d'adoption des enfants et c'est par a lui que nous
crions : mon Père » (Rom. VIII, 15). L'Apôtre fait ici allusion à cette
crainte, donnée sous l'Ancien Testament, de la perte des biens temporels, que
Dieu avait promis Ă ceux qui, loin d'ĂŞtre ses enfants sous l'empire de la
grâce, n'étaient que des esclaves sous l'empire de la loi. La crainte peut
aussi avoir pour objet le feu Ă©ternel; servir Dieu pour Ă©chapper Ă ce feu, ce
n'est pas encore faire preuve de charité parfaite. En effet, il y a une
différence à établir entre le désir de la récompense et la crainte du
châtiment. S'écrier: « Où irai-je loin de votre esprit ? où
finirai-je loin de a votre face ? » c'est bien
différent que de dire: « J'ai demandé une seule chose au Seigneur et je m'y
attacherai: c'est d'habiter tous les jours de ma vie dans la maison du
Seigneur, afin d'y contempler les joies Ă©ternelles et de m'abriter, moi son
temple »; ou bien encore: « Ne détournez pas de moi a
votre face » ; ou encore: « Mon âme est défaillante au désir d'arriver à la
maison du seigneur ». Laissez les premières paroles à celui qui n'osait pas
lever les yeux au ciel et Ă celle qui arrosait de ses larmes les pieds du
Sauveur pour obtenir le pardon de ses crimes; les autres ne s'appliquent qu'Ă
vous, dont l'unique sollicitude est de plaire au Seigneur et de vous rendre
sainte de corps et d'esprit. La crainte agitée, celle que rejette la charité
parfaite, doit s'approprier les premières paroles; les secondes appartiennent Ă
cette chaste crainte du Seigneur, qui subsiste encore pour le siècle des
siècles. A l'une et à l'autre il doit être dit : « Gardez-vous de porter a trop
baut vos prétentions, mais craignez »; que l'homme
donc ne s'élève ni par la justification de ses péchés, ni par la présomption de
sa justice. Si l'Apôtre a dit : « Vous n'avez pas reçu l'esprit de servitude
pour craindre »; il dit aussi de la crainte qui accompagne la charité: « J'ai
beaucoup craint pour vous et « beaucoup tremblé ». Ne voulant pas que l'olivier
greffé s'élevât d'orgueil au-dessus des rameaux brisés de l'olivier sauvage, il
a prononcé cette sentence: « N'aspirez pointa tant a de hauteur, mais craignez
». S'adressant ensuite à tous les membres du Christ en général, il ajoute: «
Opérez votre salut avec crainte et tremblement, car c'est Dieu qui opère en
vous la volonté et l'action suivant a son bon plaisir ». Il n'est plus possible
dès lors d'appliquer, d'une manière exclusive, à l'Ancien Testament, ces
autres paroles: « Servez le Seigneur avec crainte et tressaillez a en lui avec
tremblement » (De la sainte virginité, chapitre XXXVIII) Les temps de trouble des guerres de Religions suscitaient
"la crainte des maux temporels" et "la crainte du jugement de
Dieu". Ayez la crainte de
Dieu : De Deu aiez crieme et peor On ne peut méconnaître dans ces mots les synonymes du
wallon crimeûre, crainte, et du prov.
cremor (dict. occitan.). Ce dernier est aussi dans la
langue d'oïl : « Ils respondirent plus par cremor que par amour. » Dom Carpentier, v° Crematus. Le substantif crieme, cremor, a pour adject. cremeteux, dans l'ancien fr. (cremos en prov., adv. cremosamen); et pour
verbe : cremir, cremmoir, crimir, crembre, criembre, criendre. M. Corblet donne le verbe picard cremir,
brûler, du lat. cremere (?).
Nous trouvons dans notre poëme le participe crému (v. 5824) et la 5e pers. sing.
du prés. de l'ind. crient
(v. 10908). Ces formes sont fréquentes. On lit pourtant dans la Ch. de Roland :
SoĂĽrs est Carles que nuls home ne crent
(st. 40). Fallot (p. 529) se demande si les mots cremer
et craindre sont deux verbes d'un seul et même thème, ou s'ils sont
indĂ©pendants l'un de l'autre et ont un radical diffĂ©rent. M. Diez a rĂ©pondu Ă
cette question : La source commune de ces mots est le lat. tremere,
qui a formé l'ancien esp. tremer, le prov. et l'anc. fr. tremir ; et il ne faut voir
dans le changement de tr en cr qu'une transformation
euphonique. Ainsi le prov. cremer,
l'anc. fr. cremir, cremmoir, viennent de tremere. Quant aux formes crembre,
criembre, elles rappellent l'anc.
cat. tembre
(prov. et nouv. cat. temer), qui vient de timere et le
vieux fr. raiembre, issu du
lat. redimere Cygnes et Trinité, Partonopeus et Espagne L'Alpha du codex conservé à Gérone, composé en l'an 975 dans le royaume léonais, [...] représente l'auteur et les commentateurs de l'Apocalypse, cités par Beatus de Liébana (fin VIIIème siècle) dans sa préface, autour de pupitres en forme de Tau, en pleine étude : Jean, Jérôme, Augustin, Ambroise, Fulgence, Grégoire, Apringius, Isidore. Ceux-ci reposent sur une frise qui coupe le triangle de l'A en son sommet. De telle sorte, l'extension sur les côtés est figurée, ainsi que par les feuilles en forme d'acanthe de la barre transversale de l'A. En son centre, le Seigneur trône, montrant de la main droite le Livre et de l'autre, la sphère de l'univers. A sa droite, hors du cadre des jambages, est inscrit : Ego sum, à sa gauche : A et Q. Le fond bleu sur lequel le Seigneur se dessine, entre les deux barres horizontales, l'inclut dans un autre espace que le reste de la miniature. Il s'agit du Cosmos, où il règne. Celui-ci n'est perceptible aux regards humains que par l'intermédiaire de l'Alpha, le début de la sagesse, selon Beatus. Ainsi, l'élévation des feuilles évoque-t-elle peut-être la valeur aérienne des ailes. [...] Sous le trône, l'entrelacs rectangulaire, continué par un lacet, signale un prolongement de l'horizon divin vers un lieu inférieur. Serait-ce un symbole de l'Esprit qui descend vers la matière ? Deux oiseaux piquent ce lacet. On peut y reconnaître deux cygnes, figures terrestres et symboles de l'Eternité, qui signalent la transition entre monde céleste et matériel. En outre, la barre de l'entrelacs trace une verticale au milieu des deux jambages. Le tout rappelle l'Oméga inversé et la Trinité. C'est donc bien le Seigneur, A et Oméga, maître de l'univers qui est figuré, ainsi que la divinité du Saint-Esprit et l'unité de la Trinité selon la perception de Beatus. Toutefois, il se différencie de celui de Facundus par l'insistance qui est faite de la vision du Seigneur par l'étude de l'Ecriture. Le premier était plutôt centré sur l'incarnation de Dieu, Créateur de toute chose et Juge Suprême. Je rappellerai, à ce propos, l'insistance de la liturgie mozarabe sur le lien essentiel unissant le Verbe, Dieu et le Fils. Ces deux miniatures, par les concepts qu'elles expriment chacune, témoignent d'une connaissance aiguë des textes sacrés suivie d'une réflexion approfondie. Les images offrent par là même une synthèse de l'analyse de ces derniers, une démarche spécifique à l'Eglise mozarabe. Mais comment expliquer que deux siècles après la conception du Commentaire, et donc de la querelle adoptianiste niant la divinité du Christ sous l'influence de l'émir Abd alRahman I voulant unifier religieusement al-Andalous, les enlumineurs du Beatus de Gérone aient senti nécessaire le rappel de l'unité trinitaire en se fondant sur l'autorité des Pères de l'Eglise ? Principe trinitaire qui se trouve affirmé tout au long du programme iconographique de ce manuscrit (Emmanuelle Klinka, Iconographie apocalyptique : une autre chronique de l'Espagne médiévale, Image et hispanité : Actes des 1ères journées du GRIMH Lyon, 20-21 novembre 1998 en hommage à Anne-Marie Virot, 1999 - books.google.fr). Le roman de Partonopeus de Blois est particulièrement riche en toponymes et autres noms propres : la tradition manuscrite en compte plus de 425 Le poète anonyme semble prendre plaisir à multiplier noms de combattants et références géographiques, tant fantaisistes que familiers. Certains noms de personnes ont été choisis dans le désir manifeste de situer le texte dans une tradition littéraire et de mettre en relief les thèmes majeurs du récit. Ainsi le nom du héros et celui de son rival renouent-ils avec le roman d'antiquité et la chanson de geste, tout en signalant l'importance de la beauté masculine dans l'économie narrative. Pour son personnage principal, l'auteur a repris le nom de Parthonopieus, jeune protagoniste du Roman de Thèbes, tandis que le sultan de Perse a comme prénom Margaris, appellation d'un comte sarrasin de la Chanson de Roland ; tous les deux sont tellement beaux que les femmes les trouvent irrésistibles. D'autres noms propres sont moins transparents, comme le démontre une étude récente sur Albigés, scène de la conversion de Guillemot-Anselot 3. Dans le domaine de la toponymie, il reste un certain nombre d'énigmes à résoudre, dont les solutions nous permettront de jeter un jour nouveau sur l'un des personnages clés du roman. La toponymie occupe le premier plan dans un discours mis dans la bouche de l'héroïne Melior (v. 7157-7372) 4. Pendant une conversation avec sa sœur Urraque, elle résume les dispositions prévues par Ernoul de Maubriçon pour un tournoi de trois jours qui aura lieu tout près de son château de Chief d'Oire. Parmi les prétendants (car le vainqueur du tournoi aura le droit d'épouser Melior), l'on comptera sept monarques venus d'Espagne, dont les territoires sont énumérés aux v. 7286-7326. À la suite des recherches minutieuses d'A. Fourrier, la critique est unanime pour constater que cette liste des noms de villes associées aux participants espagnols manifeste une connaissance très précise de la géographie du sud de la péninsule ibérique. En effet, depuis 1960, les éditeurs du poème adoptent de bon gré l'ensemble des identifications proposées dans Le Courant réaliste. Il est toutefois légitime de revenir sur quelques-uns des toponymes espagnols étudiés par Fourrier, avant de nous interroger sur deux autres qu'il a passés sous silence, mais qui méritent d'être examinés de plus près. Sans insister là -dessus, Fourrier a laissé voir que certains noms de lieu dans le Partonopeus sont plus facilement compréhensibles par rapport à un toponyme arabe qu'à une forme romane. Au v. 7325, par exemple, Bataillos (var. Bataillot, Bataillox, Batailloz) est plus proche de l'arabe Batalyos (Batalyûs) que de Badalioz (d'où Badajoz), forme en usage au Moyen Âge. La ville de Hornachuelos est méconnaissable dans Furnecole la roge, à moins que le lecteur ne sache que le nom arabe de cette forteresse était Fournadjoulouch (Furnagulus, Furnagwelos). Ce substrat arabe est encore plus riche que ne le démontrent parfois les translittérations adoptées par Fourrier. Celui-ci laisse supposer qu' Añone (qui ne se retrouve, d'ailleurs, que dans l'extrait C, les autres mss ayant Ariune ou Arone) dérive du latin Ariona plutôt que du toponyme arabe, Ardjouna d'après les sources qu'il connaissait. D'autres sources donnent comme nom de cette forteresse (Qal'at) Aryuna, dont le deuxième élément correspond exactement à Ariune / Arione. Il faudrait aussi souligner la correspondance précise entre TVC Geen (et même G jaianz) et le nom arabe de la ville de Jaén, Djayyân (Geen, Giyen ; Jayyân). De même, cinq mss sur six (LP font défaut à cet endroit) ont pour Grenade une forme sans métathèse de voyelle + r (A B VC Gernade, G Garnade ; T Grenade) et donc plus proche de l'arabe Garnata (Gharnâta) que de l'espagnol Granada ou de son dérivé français. N'oublions pas qu'au moment de la composition de notre roman (vraisemblablement aux environs de 1170, avant 1185 au plus tard), la Reconquête était loin d'avoir abouti, et la plus grande partie de l'Espagne méridionale restait sous le contrôle des musulmans (Penny Eley, Les toponymes espagnols dans Partonipeus de Blois, Romania, Volume 126, 2008 - books.google.fr). Le sud de l'Espagne rapproche de la ville de Mérida dont parlerait la Lettre à Henry (nostradamus-centuries.com - Lettre à Henry : 1792, nostradamus-centuries.com - Lettre à Henry : Eulalie). La cité de Mélior est Chef d'Oirre. Il existe une ville appelée Oria par Strabon qui est identifiée parfois avec Oretum Germanorum dans le sud de l'Espagne, près de Calatrava (Castille), sur la Guadiana, rivière qui coule à Mérida. Une île donnée par Mélior à sa soeur Urraque, se nomme Salence. Salanca est parfois écrit pour Salamanque (Castille) qui n'est pas une île. Les Ardennes François Ier de Clèves était comte de Dreux, de Rethel,
d'Eu et de Beaufort, et seigneur d'Isles, il est le
fils de Charles II de Clèves (†1521), comte de Nevers, et de Marie d'Albret
d'Orval (1491 †1549), comtesse de Rethel et dame de Jaucourt, fille de Jean
d'Albret d'Orval comte de Dreux, et de Charlotte de Bourgogne, elle-mĂŞme
comtesse de Rethel. En 1545, Château Regnault devient une seigneurie
indépendante sous François de Clèves. Sa fille Catherine de Clèves devient
Princesse souveraine de Château-Regnault, épouse en
1568 en seconde noce Henri de Guise, assassiné en 1588 à Blois. Rethel et Château-Regnault sont dans les Ardennes Au traité de Cateau-Cambresis, Charles Quint réclame-t-il
instamment la suzeraineté de Linchamps comme
dépendance du comté d'Orchimont. Des mémoires
contradictoires soutiennent et démontrent l'indépendance souveraine du chapitre
de Braux, et par conséquent celle du comte de
Louvain. En 1546, Antoine de Rognac s'attire par un acte de violence sur son frère
utérin, seigneur de Chéry-Chartreuse en Picardie, un
flétrissant arrêt du Parlement de Paris, et par vengeance il passe à l'ennemi.
Il met au pillage la prévôté de Braux, rançonne
Mézières en interceptant les convois qui lui arrivent, par la Semoys et la Meuse, et étend ses ravages jusqu'au pays
Porcien et jusqu'Ă Rethel. Le roi Henri II fait marcher contre lui Bourdillon,
gouverneur de Mézières, puis bientôt François de Clèves, duc du Nevers. Deux
lettres Ă©crites par le roi de France au gendre de Charles Quint Maximilien
Ă©tablissent positivement la date de la prise et de la destruction de la
forteresse de Linchamps (juillet 1550). Rognac
s'échappa et se réfugia auprès de l'empereur. Trente ans plus tard, il reparaît
en Champagne, conduisant les huguenots allemands. La châtellenie de Linchamps, annexée au domaine souverainde
Château-Regnault, fut donnée au duc de Nevers. Sa
fille Catherine la porta successivement en dot Ă Antoine de Croy,
prince, de Porcien, et à Henri de Guise le Balafré. Ils réédifiérent
la forteresse deLinchamps, que Louis XIV fit détruire
vers 1673 avec les autres forteresses secondaires des bords de la Meuse. Linchamps, du haut d'une montagne dont le plan figurerait
exactement un croissant renversé, commandait trois vallées, regardait Nohan à l'ouest, les Hautes-Rivières et Sorendal
au sud-est Imbert de la Platière, Maréchal de Bourdillon, Seigneur
d’Époisses, est le deuxième fils de Philibert II de la Platière, seigneur des
Bordes. C’est le neveu de l’évêque de Nevers Imbert de la Platière. Il naît à Franay. Catherine de Médicis le fait nommer Maréchal de
France. Il rejoint la cour au lendemain de l'assassinat du duc de Guise. M. de
Bourdillon mourut Ă Fontainebleau le 4 avril 1567 L'auteur de Partonopeus de
Blois décrit la forêt des Ardennes, appelée hidouse
et faee au début du roman ; en ce temps-là , elle
était immense, enchantée, infestée de lions, de dragons et d'éléphants, et elle
s'étendait jusqu'à la mer Typologie Madame de Genlis n'a pas manqué l'occasion de faire un
mot d'esprit. Elle ajoute cette note à ses Mémoires : « M. le duc, père de M.
le prince de Condé, était borgne d'un accident arrivé à la chasse (voir
Mémoires de Dangeau), et tous ses enfants, légitimes et bâtards, naquirent
borgnes du même œil. Voilà un fait difficile à expliquer. » La Saga de Clèves, après plusieurs siècles, est venue subir un dernier travestissement dans un roman français, rappelé par M. de La Doucette. Madame de Genlis étant à Spa, en 1787, avec M. de Romanzow, et ayant visité avec lui la grotte de Remouchant, où elle courut quelque danger, composa, à sa demande, une histoire de revenant, qui eut, à l'en croire, un succès fou : « Ce fut, dit-elle, le canevas des Chevaliers du Cygne ou la cour de Charlemagne, que je fis depuis dans l'émigration, et le premier roman que j'aie offert au public; car Adèle et Théodore n'en est point un. Je le commençai à Bremgarten, je le continuai sur les grand'routes, dans les auberges, et en traversant les magnifiques bois (coupés depuis) du pays de Clèves. Je m'arrêtai à l'antique château de Clèves, situé sur le sommet d'une montagne !; j'y trouvai des vestiges des Chevaliers du Cygne. Je passai devant le couvent de Marienbaum, etc.; enfin, j'achevai ce roman dans mon auberge d'Altona. L'honnête libraire Fauche m'en offrit de lui-même 500 frédérics d'or ; j'avais, dans ce moment, un tel besoin d'argent que je l'aurais donné pour cinquante. Je le dédiai, suivant ma promesse, à M. de Romanzow; mais je ne mis dans la dédicace qu'une lettre initiale de son nom. J'étais proscrite, et connaissant tous les inconvénients de l'esprit de parti, je craignis de le compromettre en ce moment. L'ouvrage eut cependant un grand succès à la cour de Russie. L'impératrice Catherine en parut charmée; elle fit faire des bracelets à la duchesse de Clèves, pareils à ceux que je décris dans le roman. Des bijoutiers, venant de Russie, en apportèrent beaucoup à Hambourg, et les y vendirent. Dans le même temps, on fit à la cour de Berlin, un superbe quadrille, dans lequel figurèrent tous les personnages des Chevaliers du Cygne avec leurs devises. » Tel est le compte rendu par madame de Genlis, dans ses Mémoires !, de cet ouvrage qui a été traduit en italien, sous ce titre : I Cavalieri del Cigno, romanzo storico. Livorno, 1850, 4 vol. in-8° (Frédéric Auguste Ferdinand Thomas de Reiffenberg, Le chevalier au Cygne et Godefroid de Bouillon, poëme historique, 1846 - books.google.fr). Théodore de Bèze (Histoire ecclésiastique, tome II, pp.
370-371) raconte que René de La Platière eut des démêlés avec un frère d'un
sieur de Genlis : Ce néanmoins, par les pratiques et menées de deux
personnages qui le (le duc de Clèves-Nevers) possédaient, à sçavoir
Desbordes, gentilhomme fort desbordé
et qui avoit une ancienne querelle avec le frère du
sieur de Genlis qui estoit à Orléans, avec le prince,
et un sien secrétaire nommé Vigenaire, se servant
tous deux des alléchemens du roy
de Navarre, l'esbranlèrent du commencement jusques-là qu'il promit d'aller à la cour, là où peu à peu
il fut destourné de son entreprise, ce qui depuis luy causa la mort par celuy mesme qui en fut cause Le prince Louis IV Henri de Bourbon-Condé, né en 1692 et
mort quand même 5 ans avant la date donnée à ce quatrain, en 1740, blessé à la
chasse, fut premier ministre de Louis XV juste après la Régence. Il avait une
maîtresse Madame de Prie (voir quatrain III, 41). Jeanne-Agnès Berthelot de Pléneuf,
marquise de Prie, est une aristocrate française née à Paris en 1698 et morte à Courbépine le 7 octobre 1727. Maîtresse du duc de Bourbon,
elle a été, pendant quelques années, la femme la plus puissante à la cour de
Louis XV Le nom vient de Prye en
Nivernais, fief dépendant de la châtellenie de Nevers, possédé par les Prie
depuis au moins le XIIe siècle et qui sortit de la famille
au XVe. Le premier personnage cité est Geoffroy, sire de Prye,
en 1178 mais la filiation certaine ne commence qu'avec Jean Ier de Prie, sgr de Buzançais et de Prie en 1274. Ce n'est qu'au début du XVIIe siècle,
par le mariage d'Aymard de Prie avec Louise de Hautemer, dame de Fervaques, que
les Prie s'installent en Normandie. Louis
XV Ă©rigea les terres de Plasnes et de CourbĂ©nine en marquisat en faveur de Louis de Prie mariĂ© Ă
Agnès Berthelot de Pléneuf. Les Prie
ont donné de nombreux personnages plus conséquents oubliés du grand public, notamment
un cardinal (1507), plusieurs Ă©vĂŞques, un grand pannetier,
deux grands queux de France (1431) La famille de Prie
tire son nom de la terre de Prye dans le Nivernais,
fief dépendant de la châtellenie de Nevers, que les de Prie possédaient, dès le
XIIe siècle et qu'ils ont conservé jusqu'au XVe siècle, époque où Antoine de
Prie le vendit à Imbert de la Plattière, seigneur de
Bourdillon. M. Georges de Soultrait dans le Dictionnaire
topographique de l'ancienne France, cite différents
auteurs qui ont fait mention de ce fief à des époques très reculées : Le
Cartulaire de Saint-Cyr de Nevers (ch. 3), indique en 970 la « villa Privaco » (ch. 2), en 1029 « villa quae
vocatur Privaco ». Les
auteurs de la Gallia Christiano citent (ch. XII, col.
380) en 980 « villa Pruvia », etc. L'histoire de la
famille de Prie n'intéresse pas seulement la Normandie. Originaire du
Nivernais, cette famille s'Ă©tendit en Bourgogne, oĂą l'on voit dans une chapelle
de l'église de Beaujeu-sur-Saône, une épitaphe où sont représentées les armes
de Beaujeu et autour celles des de Prie, de la Baume-Montrevel,
etc. ; en Berry, où elle posséda de nombreuses seigneuries, entre autres relies
de Montpoupon. Molins on
Moulins. Buzançais ; en Touraine. Ce fut seulement au début du XVIIe siècle
qu'elle s'Ă©tablit en Normandie par le mariage d'Aymard
de Prie avec Louise de Hautemer, dame de Fervacques, fille du fameux maréchal de Hautemer,
protestant farouche, dont les cruautés sont restées légendaires. Les biens des
de Prie ne firent qu'augmenter jusqu'au jour ci Louis XV Ă©rigea en marquisat
les seigneuries de Plasnes et de Courbépine
au profit de Louis de Prie, mari d'Agnès Berthelot de Pléneuf.
Après sa mort, ses biens passèrent à son neveu, Louis, qui fut ruiné en grande
partie par les abus de confiance dont se rendit coupable son homme d'affaires,
le sieur Duclos-Lange. Les armoiries de la famille de Prie sont : de gueules Ă
trois trèfles d'or renversés et sans queue posés 2 et 1 ; Devise : Non degeter ortu : Ne dément pas ses
origines. Cri de guerre : Prie à chant d'oiseaux ! (Je prie dès le matin au
chant des oiseaux) Une religieuse carmélite du diocèse d'Augsbourg, Crescence de Kaufbeuren (1682 - 1744, déclarée sainte en
2001), avait eu une vision du Saint-Esprit sous l'aspect d'un beau jeune homme.
Elle l'avait fait peindre et diffuser sous cette forme en petites images.
Averti, le Pape Benoît XIV demanda un complément d'information. L'Évêque d'Augsbourg,
non content de faire saisir les images, nomma une commission d'enquĂŞte dont les
actes furent envoyés à Rome avec une lettre de l'Évêque. Ce dernier y exprimait
sa perplexité devant la réaction contre l'image du Saint-Esprit en jeune homme
alors que maints tableaux exposés dans les églises représentaient de cette
façon la troisième personne au sein de la Trinité. Le Pape répondit le 1er
octobre 1745 dans une longue lettre intitulée Sollicitudini
Nostrae. Il y dit que l'Ancien Testament et le Nouveau
Testament étaient le seul critère pour déterminer la forme autorisée pour
représenter la Trinité. Passant en revue les différentes images existantes
représentant le Saint-Esprit, le Pape juge que les seules images véritablement
légitimées par l'Ancien Testament et le Nouveau Testament sont celles où le
Saint-Esprit est sous forme de colombe apparue lors du baptĂŞme de JĂ©sus ou de
langues de feu apparues lors de la Pentecôte. D'autres images sont tolérées,
par exemple celles représentant la Trinité sous forme des trois visiteurs
apparus à Abraham et qui seraient les trois personnes de la Trinité selon
certaines interprétations. Quant à Dieu le Père, il devait être représenté sous
la forme d'un homme âgé, selon la vision de Daniel. D'autres images par contre
sont interdites, comme celles qui représentent la Trinité sous forme d'un homme
Ă trois visages ou Ă deux tĂŞtes avec au milieu la colombe, ce qui en fait un
monstre offensant par la laideur et sans base biblique. Et comme le Nouveau
Testament ne dit pas que le Saint-Esprit Ă©tait apparu sous la forme d'un jeune
homme, l'image en question devait être interdite et retirée partout. La réponse
du Pape Benoît XIV dans cette affaire a force de loi et une portée universelle
pour l'Église catholique. L'article 1279 du Code de droit canon de 1917 en fait
une des sources, avec le concile de Trente, sur l'exposition des images dans
les lieux sacrés |