La ville de TrĂŞves dans la guerre de Succession de Pologne

La ville de TrĂŞves dans la guerre de Succession de Pologne

 

III, 40

 

1734

 

Le grand theatre se viendra redresser :

Le dez geté & les rets ja tendus,

Trop le premier en glaz viendra lasser,

Par arcs prostraits de long temps ja fendus

 

"dez" : dais, plateau entouré de tentures, baldaquin

"glaz" : bruit retentissant

"prostrait" : prostatus, abattu

 

Les dais et les filets à la mode antique servaient à protéger les spectateurs du soleil (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

A la mode antique : Salvien

 

Je me figurois bien que dans la ruine & le saccagement de Trèves vous aviez perdu vos biens, mais je ne sçavois pas que vous eussiez aussi perdu le bon sens. Vous demandez donc un Théâtre, vous souhaitez un Cirque. Pour quel Etat ? Pour quel Peuple ? Pour quelle Ville ? Pour une Ville réduite en cendres, entiérement renversée, oû à peine reste-t-il pierre sur pierre ! Pour un Peuple, ou qui gémit dans l'esclavage, ou mort par le fer de l'ennemi, qui n'est plus, ou qui languit dans les fers, dont les pitoyables restes ne sont plus que misère ? Pour un Peuple ou accablé de chagrin & d'inquiétude, ou Consterné de la perte de ses proches, pour un Peuple enfin dont lé sort désastreux donne lieu de douter si la conditíon des vivans n'est pas pire que celle des morts (Les Oeuvres de Salvien, contenant ses lettres et les traitez sur l'esprit d'intérêt et sur la providence, traduites en françois par le R. P. Pierre de Mareuil, 1734 - books.google.fr).

 

Arrive-t-il qu'en un mĂŞme jour on cĂ©lèbre Ă  l'Eglise une FĂŞte solemnelle, & des jeux publics dans le Cirque ? C'est dans le Cirque & non dans l'Eglise, que se trouve la plus grande multitude. Ce n'est pas l'Evangile- que l'on entend avec le plus de plaisir ; c'est la ComĂ©die. La parole de mort est mieux reçue que la parole de vie. Le ComĂ©dien est plus Ă©coutĂ© que Jesus-Christ. Salvien avoue que ce dĂ©sordre ne rĂ©gnoit pas dans toutes les Villes de l’Empire ; qu'on n'alloit point au Théâtre ni Ă  Mayence, ni Ă  Marseille, ni Ă  Cologne, ni Ă  TrĂŞves, ni dans beaucoup d'autres Villes des Gaules & d'Espagne. Mais il fait remarquer que les spectacles n'y avoient cessĂ© que depuis qu'elles avoient Ă©tĂ© ou ruinĂ©es, ou prises par les barbares. Remettez, ajoute-t-il, les Romains dans leur ancienne prospĂ©ritĂ©, & on verra renaĂ®tre la mĂŞme corruption. Il montre "que les spectacles produisent en mĂŞme-tems deux grands maux; l'un en ce qu'ils font un obstacle au salut des chrĂ©tiens par les rĂ©prĂ©sentations impures ; l'autre en ce que par des superstitions payennes, on y viole le respect qui est dĂ» Ă  la majestĂ© de Dieu: car on y rend des honneurs Ă  Minerve, Ă  Venus, Ă  Neptune, Ă  Mars & Ă  Mercure. Il dit qu'il falloit bien que le penchant Ă  l'impuretĂ© & Ă  la licence, fĂ»t le fond du tempĂ©rament des Romains, puisqu'il ne paroissoit pas qu'ils fussent plus chastes dans la mauvaise fortune, qu'ils ne l'avoient Ă©tĂ© dans la prospĂ©ritĂ©. Les calamitĂ©s n'avoient point fait cesser parmi eux les dĂ©sordres que la paix & l'abondance avoient rendu communs. On ne vit pas les Italiens plus pieux, plus modĂ©rĂ©s, après que l'Italie eut Ă©tĂ© ravagĂ©e par les Barbares. Rome assiĂ©gĂ©e & subjuguĂ©e ne vit pas ses habitans plus sages dans leurs mĹ“urs qu'ils n'Ă©toient auparavant. Les memes vices qui rĂ©gnoient dans les Gaules avant l’inondation des Barbares, ne cessèrent pas de dominer les Gaulois. On vit les mĂŞmes dĂ©sordres dans l'Espagne, dans la Sardaigne & la Sicile. DĂ©ja l'on entendoit le bruit des armes ennemies autour des murs de Carthage, & les ChrĂ©tiens ne s'abstenoient pas pour cela d'aller au Cirque & au Théâtre. Tandis que ceux qui Ă©toient au dehors pĂ©rissoient sous le glaive des Barbares, ceux qui Ă©toient au dedans se livroient Ă  la voluptĂ©. Salvien fait une peinture des dĂ©rĂ©glemens qu'il avoit vus lui-mĂŞme Ă  TrĂŞves Ville la plus florissance des Gaules, mais qui avoit Ă©tĂ© prise & ruinĂ©e quatre fois. On ne voyoit dans cette Ville aucune diffĂ©rence de mĹ“urs entre les vieillards & les jeunes gens ; le mĂŞme luxe, le mĂŞme penchant pour l'ivrognerie, les rendoient semblables les uns aux autres. Il dit la mĂŞme choie d'une Ville voisine, qui cĂ©doit peu en magnificence Ă  TrĂŞves; c'Ă©toit apparemment Cologne. Dans ces deux Villes, l'empressement pour les jeux du Cirque Ă©toit si grand, que les habitans de TrĂŞves ; quoique accables par les malheurs de la guerre, s'adressèrent aux Empereurs pòur obtenir la permission d'ouvrir le Théâtre & le Cirque, dont les Barbares avoient interrompu les jeux (Histoire gĂ©nĂ©rale des auteurs sacrĂ©s et ecclĂ©siastiques qui contient leur vie, le catalogue, la critique, 1748 - books.google.fr).

 

Salvien dit clairement qu'il était né dans les Gaules (De Gubernatione, t.1, livre VI), mais on ne trouve rien de bien précis, ni pour l'année ni pour le lieu de sa naissance ; seulement, la suite de sa vie fait voir qu'il doit être né quelques années avant la fin du IVe siècle, ce que Tillemont (Hist. Ecc., t. XVI, p. 182.) rapporte à l'an 390. On peut inférer aussi de ses ouvrages qu'il était de Cologne, et issu d'une famille qui tenait un rang considérable dans les Gaules. Si la ville de Trêves ne fut point la patrie de Salvien, comme cela est manifeste par ses œuvres, on conjecture du moins avec vraisemblance qu'il y fut élevé, ou qu'il y fit dans sa jeunesse une assez longue résidence; les écoles de cette ville étaient encore célèbres à la fin du IVe siècle (remacle.org).

 

Le second Ouvrage de Salvien est celui qui est intitulé De la Providence, ou de la justice du jugement que Dieu exerce présentement sur les hommes. C'est sous ce dernier titre que Gennade paroît l'avoir connu. Salvien l'écrivit peu de tems après la défaite de Litorius, & la prise de Carthage, arrivées l'une & l'autre en 439. Il l'adressa à l'Evêque Salone son disciple (Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques qui contient leur vie, le catalogue, la critique, 1748 - books.google.fr).

 

Il décrit la destruction de Trêves en 440 (fr.wikipedia.org - Salvien de Marseille).

 

Trêves possède un amphithéâtre, construit au IIe siècle sous le règne de Trajan alors que ville s'appelait Augusta Trevorum., surnommé le Kaskeller (cave à fromages ou cave de l’empereur). Il a été déblayé en 1816 (Itinéraire de Trèves et de ses environs à l'usage des étrangers, 1839 - books.google.fr).

 

L'amphithéâtre est un théâtre double (Jean Poldo d'Albenas, Discours historial de l'antique et illustre cité de Nismes, 1560), le théâtre un amphithéâtre coupé (Michel de Pure, Idee des spectacles anciens et nouueaux, 1668), mais on trouve chez Virgile dans l'Enéide 5,288 le terme théâtre pour amphithéâtre (Gaffiot). Enée est en Sicile :

 

Hoc pius Aeneas misso certamine tendit gramineum in campum, quem collibus undique curuis cingebant siluae, mediaque in ualle theatri circus erat (Cette compétition achevée, le pieux Énée se dirige vers un champ ceint de tous côtés par des collines boisées, avec au centre du vallon  un cercle en forme de théâtre).

 

Des Ă©ditions de Salvien

 

Le recueil de ses œuvres a été publié pour ta première fois par J.-Alex. Brassicanus, Bâle, Froben, 1530, in-fol. L'édition de Rome, Paul Manuce, 1564, in-fol., est rare et recherchée. On fait encore quelque cas des éditions publiées par Pithou, Paris, 1580, in-8°, et par Conrad Ritterhus, Altdorf, 1611. même format; mais la plus belle et la meilleure de toutes est celle qu'a donnée Baluze, et dans laquelle il a réuni les opuscules de St-Vincent de Lerins, Paris, 1684, in-8°. Nous avons deux traductions assez estimées des œuvres de Salvien. par le P. Amable Bonnet, de l'Oratoire, Paris, 1700, 2 vol. in-12, et par le P. Mareuil, jésuite ibid., 1734, in-12. [...]

 

Le traité Advenus avaritiam libri quatuor fut publié pour la première fois par Jean Sichard, dans l'Antidotum, Bâle, 1528. Il en existe une édition, Trêves, 1609, in-4°, avec des notes de Jean Macherentini. Salvien y décrit avec tant de vivacité les désordres dont il était le témoin, qu'on l'a regardé comme le Jérémie de son siècle (Biographie universelle, Tome XXXVII, Louis Gabriel Michaud, 1842 - books.google.fr).

 

"glaz" : Bruits

 

Quand réveillés de leur insouciance par le bruit de l'empire qui s'écroule, les Romains se plaignent d'être abandonnés par Dieu au jour du péril, Salvien leur répond-il qu'ils ne souffrent et ne vont souffrir que des maux mérités, et, avec indignation et colère, il finit son livre en lançant l'anathème au vieux monde qui se meurt (Pierre Fesquet, Salvien, 1856 - books.google.fr).

 

On vit quelque chose de semblable à Carthage : «Les Barbares en armes assiégeaient la ville, et pendant ce temps le peuple courait aux théâtres et au cirque. Hors des murs, le massacre ! dans l'intérieur des murs, la débauche ! Les uns étaient captifs de l'ennemi ; les autres, du péché! et de ces deux esclavages celui qui asservit l'âme est encore plus affreux qu'e celui qui asservit le corps... Le bruit du combat se mêlait au bruit des jeux, les gémissements des mourants aux acclamations de la foule ivre de joie !... Mais pourquoi aller chercher des exemples si loin… J’ai vu à Trêves…» (Salvien, De la providence, Livre VI) (H. Druon, De la providence, Le correspondant: recueil périodique : religion, philosophie, politiques, sciences, littérature, beaux-arts, Volume 93, 1873 - books.google.fr).

 

Le silenciaire était l'esclave préposé à faire taire le bruit des autres. Cette charge aurait été établi au temps de Salvien qui est le premier à en faire mention (Dictionnaire universel françois et latin, Tome 7, 1732 - books.google.fr).

 

Encore au cinquième siècle, avec le grand adoucissement des mœurs dans la population libre, «les esclaves tremblaient de peur devant l'actor et le silentiarius qui les accablait de punitions et de coups»; c'est Salvien qui le dit, et il ajoute : «ils sont terrifiés par ces surveillants, qui sont pourtant des esclaves comme eux, et contre leur dureté ils vont chercher un refuge auprès du maitre» (Salvien, De la providence, Livre IV) (Numa Denis Fustel de Coulanges, L'alleu et le domaine rural pendant l'époque mérovingienne, Tome 4, 1889 - books.google.fr).

 

"Trop"

 

"trop" se dit "nimis" en latin. Dans l'interprétation du quatrain V, 59 - La comète de 1895 - 1895, Nymes a pris le sens de Nims.

 

C'est une rivière de l'électorat de Trèves, qui passe à Schoenecken et qui se jette dans la Prüm qui a donné son nom à l'abbaye (fr.wikipedia.org - Nims).

 

Les Francs

 

Les Francs s'étaient affectionnés à la contrée qui portait leur nom, et qui s'étendait sur la rive droite du Rhin jusqu'à l'Océan. Ils ne songeaient nullement à l'abandonner, et en effet ils en retinrent la possession, alors même que toute la Gaule se fut soumise à leur pouvoir. Quelques aventuriers seulement enrôlaient chez eux les jeunes gens les plus entreprenants, et les conduisaient dans les Gaules, à la recherche du pillage et des dangers. Malgré leur préférence pour le service des Romains, ils ne s'interdisaient pas les déprédations dans les provinces voisines. De l'an 400 à l'an 440, Trèves fut saccagée quatre fois par eux (Salviani de Gubernatione Dei. Lib. VI) (J.C.L. Simonde de Sismondi, Histoire des français, Tome 1, 1836 - books.google.fr).

 

Les "dez jettés" : jeu de mots ? Dez pour Dés à jouer

 

On jette en effet les dés (tesseara en latin plutôt que les dais que l'on peut cependant jeter à bas :

 

Tesserarum jactus, Liv. = Le dé est jeté, c'est un parti pris. Jacta est alea (François Joseph Michel Noël, Nouveau dictionnaire français-latin, 1824 - books.google.fr).

 

La Sainte tunique, dite aussi la Sainte robe, est selon la tradition le vêtement porté par Jésus-Christ au Calvaire et tiré au sort entre les soldats chargés de son exécution. Au temps d'Hérode, les Juifs portaient habituellement sous le manteau (simba) deux tuniques : une épaisse de dessus (chetoneh, robe du type himation), une légère par-dessous (sadin, chemise du type chiton évoqué dans le Nouveau Testament)

 

Dans l'Occident chrétien, les artistes prennent l'habitude à partir du XIVe siècle, de représenter cette scène de «tirage au sort» sous la forme d'une partie de dés, parfois symbolisée uniquement par un gobelet (fr.wikipedia.org - Sainte Tunique, fr.wikipedia.org - Partage des vêtements de Jésus).

 

Il y a vingt tuniques. Donc dix-neuf fausses au moins. Ou Jésus-Christ possédait-il vingt tuniques ? C'eût été une toilette de prince oriental, pour le Fils de l'homme qui naquit dans une crèche et qui n'avait point de pierre pour y reposer la tête. Cependant les vingt grandes reliques ont toutes leurs témoignages, leurs autorités, et, chose curieuse, la plupart sont certifiées véritables par le vicaire infaillible de Dieu. Donnons-nous le spectacle de cette comédie sainte ; elle édifiera nos lecteurs et contribuera à leur salut.

 

La tunique de Trèves n'a pour elle qu'un diplôme apocryphe et une tradition qui repose également sur un faux. Encore l'un et l'autre datent-ils du douzième siècle. Des faux pour établir l'authenticité d'une relique ! une légende fabriquée au douzième siècle, pour certifier une relique du premier ! Voici bien mieux. Grégoire de Tours, qui écrivit au sixième siècle, rapporte que la robe de Jésus-Christ se trouvait dans une ville de Galatie. Il entre dans les détails, il désigne l'église, le caveau, il donne la description de la caisse où est renfermée la précieuse relique; le tout dans le ton simple et naïf qui distingue l'historien frank. Voilà un témoignage positif, qui a au moins l'antiquité pour lui. Qu'est-ce que les défenseurs de la tunique tréviroise lui objectent ! Ils reprochent à Grégoire sa crédulité. Nous acceptons le reproche, mais il est mille fois plus fondé pour les apologistes du dix-neuvième siècle ! N'en faut-il pas conclure que la crédulité vicie tous les témoignages en fait de reliques, que partant aucun ne mérite la moindre foi ? Il y avait une troisième robe sans couture à Safed, d'où elle fut transportée à Jérusalem. C'est Frédégaire, écrivain du huitième siécle, qui le dit, et après lui tous les chroniqueurs répétèrent cette découverte merveilleuse. Ils racontent que la tunique était cachée dans un coffre de marbre, et que ce fait fut révélé par un juif, à l'occasion d'une cruelle maladie. On transporta le coffre à Jérusalem, et, ô prodige! on le trouva aussi léger que s'il avait été de bois, d'autres disent léger comme une plume. Comment écarter cette troisième robe ? Le défenseur de la grande relique n'ose pas nier le fait que nous venons de rapporter; mais il nie hardiment que la relique de Safed soit la robe sans couture; car, dit-il, les chroniqueurs ne l'ont point vue, tandis que l'on peut voir et toucher la relique de Trèves. Cela est sans réplique. Seulement nous demanderons au professeur du séminaire épiscopal, si lui a vu ce qui se trouve dans la caisse de marbre; et s'il ne l'a pas vu, comment peut-il nier ou affirmer quoi que ce soit ? Quant à la tunique de Trèves, on a permis aux fidèles de la voir, mais non de la toucher; et jusqu'ici aucun expert tailleur n'a vérifié qu'elle soit sans couture (François Laurent, Le Catholicisme et la religion de l'avenir: Par François Laurent, Tome 1, 1869 - books.google.fr).

 

La robe de Trèves aurait été envoyée en 327 par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, à saint Agritius (en), évêque de Trèves, résidence des empereurs d'Occident et l'une des villes alors les plus importantes. Malheureusement, les documents historiques font absolument défaut et l'on doit s'en tenir à ce qu'écrit le biographe d'Agritius, vers 1060 : l'évêque avait enrichi la cathédrale de Trèves «d'un clou de la passion et d'autres reliques du Seigneur non moins dignes de vénération que le clou lui-même», ce qui est fort peu précis. La tunique méritait plus. En 1196, l'archevêque Jean ayant fait entreprendre des travaux dans la cathédrale, la cassette contenant la Sainte Robe fut découverte. D'abord placée sous le maître-autel, puis éloignée de Trèves pendant un siècle, la caisse contenant la précieuse relique fut enfin déposée dans le trésor de la cathédrale (fr.wikipedia.org - Sainte Tunique).

 

L'avénement de l'archevêque Hillin (1152-1169), successeur d'Albéron, ouvre une phase importante dans l'histoire de la cathédrale de Trèves. Hillin avait sans doute arrêté le plan de cette transformation, mais elle ne fut achevée que sous l'archevêque Jean Ier (1190-1212) auquel il échut (1196) de retrouver la sainte robe que devait vénérer, trois siècles après, l'empereur Maximilien. Dès lors, Saint-Pierre de Trèves se trouvait romanisé; et le plein-cintre, retombant sur pilier, colonne ou colonnette, devenait le principe générateur de son ornementation (Adolphe Napoléon Didron, Annales archéologiques, Tome 12, 1852 - books.google.fr).

 

En 1212, l'Archevéque Jean Ier donna aux Religieux d'Himmerode les ruïnes de l'Amphiteâtre, qui étoit du côté de l'Orient, vers la porte blanche. Il n'en restoit alors que de vieux murs, moitié renverses par le tems, & usés de vetusté ; & la place où ils étoient, étoit une vigne cultivée par ces Religieux, lesquels voulant y bâtir quelques édifices, demanderent à l'Archevéque qu'il leur abandonnât ces matériaux, pour s'en servir dans leurs bâtimens. A présent on n'y remarque plus que quelques tas de pierres, confusément antassées, & vers le Midy une entrée, & de vieux murs de pierre de taille; ayant aux deux extrémités deux tours, dont le haut est renversé. En entrant on remarque une colline, qui s'éleve en demi-cercle, & forme comme un Amphiteâtre naturel. Du côté opposé, & vis-à-vis, on trouve des conduits soûterrains de différentes hauteurs, qui supportoient les bancs des spectateurs, & qui donnoient entrée sortie dans l'Amphiteâtre. […]

 

L'Archevêque Jean ne vit qu'avec douleur le peuple de Tréves s'attacher à Othon, & se servir de la circonstance d'une guerre civile allumée dans l'Allemagne, pour relever leur liberté aux dépens de son autorité. Il ne survéquit guéres à ce que nous venons de raconter. Il mourut le 19 de Juillet 1212, & fut inhumé dans l'Abbaye d'Himmerode, qu'il avoit toujours fort affectionnée (Augustin Calmet, Histoire de Lorraine, depuis l'entrée de Jules César dans les Gaules jusqu'à la cession de la Lorraine en 1737, Tome 2, 1748 - books.google.fr).

 

En 1211, une assemblée de princes et évêques du sud de l'Allemagne réunis à Nuremberg élut Frédéric roi.  Confirmé comme roi par une grande assemblée à Francfort le 5 décembre 1212, il fut couronné en la cathédrale de Mayence le 9 décembre par l'archevêque Siegfried II d'Eppstein, avec une copie des insignes, encore détenus par Othon IV. Battu à Bouvines, ce dernier y perdit son trésor, dont les insignes impériaux qui furent renvoyés à Frédéric par le roi Philippe II de France. Reconnu par tous les princes, Frédéric fut à nouveau sacré à Aix-la-Chapelle le 23 juillet 1215 par l'archevêque de Mayence. L'élection fut reconnue par Innocent III au quatrième concile du Latran. Le pape Honorius III couronna finalement Frédéric II empereur à Rome en 1220 (fr.wikipedia.org - Frédéric II empereur).

 

Hasard

 

Tout répond à cette raison universelle & souveraine qui conduit le Monde, & que le hasard au langage de Salvien, n'a point de lieu dans le royaume de la Providence. Les autres s'en prennent à la nature et aux élements, comme si le ciel se mouvait de lui-même, comme si votre colère, mon Dieu, était allumée dans les fleuves, et votre indignation dans la mer (Habac., III) (Esprit Fléchier, Panegyriques et autres Sermons, 1696 - books.google.fr).

 

Théâtres

 

Les théâtres antiques étaient découverts; on n'était garanti des ardeurs du soleil et de l'intempérîe des saisons que par une toile tendue avec force tan-dessus du théâtre, au moyen de cordages passés dans des poulies attachées à des pièces de bois qui pénétraient profondément dans la maçonnerie des murs extérieurs. La partie destinée au public était en forme d'hémicyde. Ce demi-cercle était couvert de gradins divisés en divers étages appelés præcinctiones, sur lesquels les spectateurs s’asseyaient suivant leur rang. Les places réservées aux simples citoyens étaient divisées par de légères lignes gravées sur les gradins et numérotées, en sorte que chacun prenait celle qui correspondait au numéro du dé, tessera, qui lui avait été donné d'avance. Ce sont nos billets et nos stalles numérotées. Comme ce gradin était ordinairement en pierre ou en marbre, on le recouvrait de coussins en jonc, que les locarii (nos ouvreuses de loges) louaient aux spectateurs (Désiré Nisard, Théatre complet des Latins: comprenant Plaute, Térence et Sénèque le tragique, 1851 - books.google.fr).

 

La fortune d'Hérode Atticus n'est pas due à la découverte d'un trésor, comme le prétend Philostrate. Cette fortune a dû être cachée dans une maison voisine du théâtre lors de la confiscation des biens d'Hipparchos, son grand-père (Bulletin bibliographique et pedagogique du Musée belge: Revue de philologie classique, 1925 - books.google.fr).

 

Hérode Atticus, étant le plus riche, fait plus que tous les autres. Aux Athéniens, il donne chaque année de l'argent, offre des sacrifices, des banquets, un stade, deux théâtres (Alain Billault, L'Univers de Philostrate, 2000 - books.google.fr).

 

Ce théâtre fut, sans doute, le dernier des édifices par lesquels se signala la magnificence d'Hérode Atticus. Depuis Oricum, en Épire", jusqu'à Gythium, au fond du Péloponnèse, il restait peu de cités en Grèce qui n'eussent éprouvé ses bienfaits. Il faut reconnaître qu'il y avait, avec quelque ostentation, quelque grandeur aussi dans ces libéralités si largement répandues. En dehors de toutes fonctions administratives et sous la condition de garder quelques ménagements, Hérode Atticus jouait, à l'égard des Grecs, un rôle semblable à celui des empereurs à l'égard de la population de Rome. Dans un temps où les libertés nationales et politiques ne remuaient plus les cœurs, ce rôle paraissait être à tous le plus bel attribut de la souveraineté. Grâce à l'empereur, quelle que fût d'ailleurs la situation de l'empire et des provinces, Rome était certaine que les fêtes splendides, les édifices somptueux, les thermes, les portiques, les monuments d'utilité comme de luxe, ne lui manqueraient pas. La Grèce se trouva quelque temps, par la générosité d'un de ses enfants, dans cette condition heureuse et privilégiée. Sous d'autres règnes que ceux d'Antonin et de Marc-Aurèle, la méfiance ou l'avidité du pouvoir central eussent opposé d'invincibles obstacles. La domination clémente qui s'étendait alors sur le monde, lui profitait doublement, par le bien qu'elle faisait elle-même et par celui qu'elle n'empêchait pas de faire.

 

Un mot de Philostrate soulève à propos de ce monument, un problème qu'on a diversement résolu. «Le toit, dit-il, était formé de bois de cèdre». La plupart des archéologues et des architectes qui se sont spécialement occupés du théâtre de Régilla, ont pensé qu'il s'agissait seulement d'un toit qui couvrait la scène (Paul Vidal de La Blache, Hérode Atticus: étude critique sur sa vie, 1872 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Par rapport à la date pivot 440 (quatrième destruction de Trêves), le report de 1734 donne -854.

 

Un calcul de Mersenne placerait Homère vers 854 avant J.C. (Dominique Descotes, La vérité des sciences contre les sceptiques ou pyrrhoniens de Marin Mersenne, 2003 - books.google.fr).

 

Pour Hanns Hörbiger, il existe un cycle historique qui se répète tous les sept cents ans. Otto Rahn sembla partager cette doctrine, qu'il lia au «reverdissement du laurier» cathare sept cents ans après la chute de Montségur en 1244.

 

La cyclologie hörbigerienne prévoyait le triomphe définitif de l'expansionnisme hitlérien en 1945, parce qu'exactement sept cents années auparavant (1245), Frédéric II Stupor Mundi, se trouvait à son zénith. Et le cycle hörbigerien plongeait ses racines en l'an 2255 avant notre ère, au commencement légendaire de l'Assyrie, et à la fin d'Akkad. D'autres dates du même cycle sont : l'an 1555 avant notre ère, zénith de l'antique empire assyrien ; 855 avant notre ère, naissance du nouvel empire assyrien, et ainsi de suite (Ernesto Mila, Nazisme et ésotérisme, traduit par Bernard Dubant, 1990 - books.google.fr).

 

10 périodes de 700 ans font 7000 ans.

 

D'après Nasir ud-din Tusi, auteur du XIIIe siècle, les mythes d'Adam, de Satan, de la Création, de la chute d'Adam etc, tels qu'ils sont racontés dans le Coran s'adressent à des personnes non-raffinées, incapables de comprendre les abstractions. Son argument principal est le suivant : Si nous admettons qu'il y avait une époque où le monde n'existait pas encore, nous devons aussi admettre qu'il y avait aussi une époque ou le Créateur n'était pas encore le Créateur, et cela est un blasphème. A partir de ce point, il développe le thème ismaélite, selon lequel les six jours de la création sont six "périodes historiques" d'une durée de sept mille ans chacune. Dans cette période de sept mille ans qui est la nôtre, l'ancêtre du genre humain fut Adam. Chaque période possède son propre législateur à ses débuts, c'est à dire son prophète. A la fin de chaque période de sept mille ans, le Qa'im, c'est à dire l'Imam dans sa pleine gloire, apparaît pour conférer le sens caché de la charia et cela est la qiyama et la période de kashf (apocalypse-apokalypsis). Après sept fois sept cycles millénaires, c.a.d. 49.000 ans, commence la qiyamat ul-qiyama, la grande résurrection. L'auteur ne le précise pas, mais les Ismaélites semblaient croire que notre période de sept mille ans était la dernière du grand cycle (Stefanos Yerasimos, La fondation de Constantinople et de Sainte-Sophie dans les traditions turques: légendes d'Empire, 1990 - books.google.fr).

 

A plusieurs reprises, Nostradamus (Lettre à César, Lettre à Henry, quatrain I, 48) fait référence a un cycle de sept mille ans. Il s'inspire du travail de l'astrologue perse Albumasar, repris par deux astrologues bourguignons, contemporains du prophète provençal : Richard Roussat et Pierre Turell ainsi qu'aux travaux de Saint-Augustin sur le sujet (Chaulveron, Nostradamus et l'astrologie mondiale, 2019 - books.google.fr).

 

Selon Marinus Scotus (Cronica, XIe siècle), Trêves remonterait à Trébéta, fils de Ninus, roi d'Assyrie, chassé par sa belle-mère Sémiramis (XVIe ou XIIIe siècle avant notre ère, selon les chronologie anciennes) (Jean-Daniel Schoepflin, L'Alsace illustrée, ou, Recherches sur l'Alsace pendant la domination des Celtes, des Romains, des Francs, des Allemands et des Français, Tome I, 1849 - books.google.fr).

 

L’écroulement de l’empire romain raconté par Salvien rencontre celui de l’ancien empire assyrien placé selon des chronologies du XIXème siècle (Rawlinson) vers -855 comme Hörbiger. Le prophète Jonas l’aurait prédit. Les chronologies varient beaucoup selon les auteurs et selon les époques.

 

Sorts

 

L'Eglise condamna les sorts des saints au concile de Vannes, en 462; au concile d'Agde, en 506; au concile d'Auxerre, en 595. Louis le Débonnaire les poursuivit de nouveau dans ses Capitulaires. Un concile de Trêves, tenu l'an 1310, et un Pénitenciel romain, postérieur à cette dernière époque, les flétrissaient encore comme un abus toujours subsistant. Il n'est donc pas exact de dire avec certains écrivains que, dès le XIIe siècle, on ne pratiquait plus la divination par les sorts des saints, et que l'Eglise ne les proscrivait plus que comme un souvenir éloigné (Auguste-François Lecanu, Dictionnaire des prophéties et des miracles, Volumes 24 à 25 de Nouvelle encyclopédie théologique, Migne, 1855 - books.google.fr).

 

Dans le 80e canon du concile de Trêves de 1310, on lit : "Que personne ne promette de faire connaître l'avenir, soit au moyen de ce qu'on appelle les sorts des saints ou des apôtres, soit par l'inspection d'une écriture quelconque" (Bibliotheque de l'ecole des chartes revue d' erudition consacree specialement a l'etude du moyen-age, 1880 - books.google.fr).

 

"aut cujuscumque scripturæ" : on appelle cette divination les sorts homériques ou virgiliens (Charles du Fresne Du Cange, Glossarium mediae et infimae latinitatis, Tome 6, 1840 - books.google.fr).

 

L'invention du jeu de dés est attribué à Palamède, héros de la guerre de Troie, par Sophocle, Pausanias, Philostrate ou Suidas, mais n'est pas rapporté par l'Iliade d'Homère qui parle dans l'Odyssée du jeu de "pessos" pratiqué par les amants de Pénélope (Des jeux de hasard en usage parmi les Romains, Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles lettres, Tome I, 1718 - books.google.fr).

 

Trêves au XVIIIème siècle dans la guerre de Succession de Pologne

 

Deux princes francs captifs, premiers noms inscrits dans l'histoire, furent livrés aux bêtes de l'amphithéâtre de Trêves pour y être dévorés. Les Franks et les autres barbares en tirèrent vengeance en ruinant la ville. Au XIIe s., saint Bernard vint également à Trêves et célébra la messe, dans sa cathédrale. En 923, cette ville fut réunie à l'empire germanique. Les troubles de la Réforme lui furent funestes. Elle fut assiégée en 1522, par Franz de Sickingen; incendiée, en 1552, par Albert de Brandebourg. Les Français la prirent en 1673 et 1688; en 1704, ils l'enlevèrent aux Anglais; ils s'en emparèrent de nouveau en 1734 et en 1794; ils la gardèrent jusqu'en 1814. Trêves fut réuni a la Prusse en 1815. L'archevêché de Trêves fut sécularisé en 1801 (Augustin Joseph Du Pays, Itinéraire descriptif, historique, artistique et industriel de la Belgique, 1863 - books.google.fr).

 

La guerre de Succession de Pologne "a esté des plus vives sur le Rhin et dans l'Italie. Les troupes de notre roy, commandées par le maréchal duc de Bervick, ont conquis l'électorat de Trèves, une grande partie de celuy de Maïance, ont terminé la campagne par le siège et prise de Philisbourg sur le Rhin, où ledit duc de Bervick fut tué à la tranchée, visitant les ouvrages"  (Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1890 - books.google.fr).

 

Pour la campagne de 1734, Belle-Isle reçut le commandement du corps d'armée de la Moselle. Il fut chargé d'occuper Trèves, puis Trarbach, places destinées â couvrir Metz et Thionville, puis il rejoignit Berwick et participa au siège de Philippsbourg. Le vétéran de la Guerre de Succession d'Espagne fut tué au combat, et c'est Belle-Isle qui eut l'honneur de prendre Philippsbourg le 18 juillet 1734, après 48 jours de siège. Le succès était d'autant plus remarquable qu'il eut lieu face à  80.000 Impériaux, commandés par le Prince Eugène de Savoie, un des plus grands capitaines du début du siècle. Il est vrai que les facultés intellectuelles du grand homme étaient  bien diminuées et qu'il ne bougea pas face ä l'armée française. Le 20 juillet 1734, Belle-Isle exploitait son succès en prenant Worms, empêchant ainsi le Prince Eugène de franchir le Rhin et de réaliser son plan d'invasion de l'Alsace. En même temps, Fleury consultait sans cesse Belle-Isle qui lui envoyait un courrier deux fois par semaine et participa â l'élaboration d'un plan de paix, dont le but était la cession définitive de la Lorraine â la France. Il fallut cependant une nouvelle campagne en 1735 pour amener la Maison d'Autriche â céder. Belle-Isle, cette fois général d'armée, tandis que l'armée du Rhin était confiée au maréchal de Coigny. Avec 4.000 hommes il occupa l'Electorat de Trèves, qu'il mit â contribution, puis rejoignit Coigny â Mayence. Pendant tout l'été le Prince Eugène refusa la bataille et c'est après son retour â Vienne, à fin septembre 1735, que le comte de Seckendorf, commandant l'armée autrichienne, tenta d'envahir le Palatinat. Belle-Isle s'y opposa en pratiquant la politique de la terre brûlée, pour priver les Impériaux de ravitaillement, étant donnée leur faiblesse bien connue dans la domaine de la logistique. Belle-Isle avait déjâ pris ses quartiers d'hiver dans la région de Trèves, lorsque le 5 novembre 1735, l'armistice mit fin â la Guerre de Succession de Pologne. Il était la conséquence des préliminaires de paix qui venaient d'être signés à  Vienne. Belle-Isle, consulté â quatre reprises par Fleury, conseilla au Cardinal de ne pas évacuer la Lorraine. Ainsi les préliminaires étaient en partie l'ouvrage de Belle-Isle; ils furent ratifiés en 1738 et cèdaient la Lorraine à Stanislas Leczinski, beau-père du roi, chassé une fois de plus du trône de Pologne au profit de la dynastie saxonne (Soldier-Statesmen of the Age of Enlightenment: Records of the 7th International Colloquy on Military History, 1984 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain IX, 71 - Le maréchal de Belle-Isle - 2155-2156.

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