Les Etats en Bourgogne III, 69 1755-1756 Grand exercite conduict par jouvenceau Se viendra rendre aux mains des ennemis, Mais le viellard nay au demi pourceau Fera Chalon & Mascon
estre amis. GĂ©rard de Roussillon est un de ces romans carolingiens
qui présentent le tableau de la féodalité glorieusement rebelle à la monarchie.
Trois personnages du nom de Girart ou GĂ©rard figurent
dans les romans de ce cycle : Girart de Roussillon, Girart de Viane (Vienne) et
Girard de Fretta ou de Frada. Ils procèdent d'un même
type historique, un Girart qui parait avoir été en
effet comte de Roussillon, comte de Paris, comte de Bourgogne. Il nous apparaît
comme un des preux les plus cĂ©lèbres du IXe siècle, un de ces chefs germains Ă
proportions héroïques dont le renom populaire se confondit, deux ou trois
siècles plus tard, avec celui de Charlemagne Le quatrain II, 76 semble faire allusion à Girart de Roussillon vainqueur de la bataille de Vaubeton où se manifeste la foudre avec des effets
prodigieux. Les nécessités de la politique obligeaient Girart à entretenir des relations diplomatiques avec
Charles le Chauve. Non seulement le Lyonnais confinait, au nord-ouest, aux
comtés de Mâcon et de Chalon, possessions de Charles, mais l'archevêque de
Lyon, qui subissait nécessairement l'influence du duc, avait pour suffragants
quatre évêques du royaume limitrophe : ceux de Mâcon, Chalon, Autun et Langres.
Du fait de l'immixtion continuelle des souverains carolingiens dans le choix
des évêques et la gestion du temporel des évêchés, un tel chevauchement des
circonscriptions ecclésiastiques et civiles amenait les dirigeants des deux
royaumes voisins à de fréquents échanges de vues au sujet des affaires
religieuses La famille de Mâcon et de Vienne prétendait avec fierté
descendre des premiers comtes de Vienne (devenus rois avec Boson, le successeur
du Girart dont la carrière est à l'origine de notre
légende). La première ville prise par les Viennois quand la guerre
éclate est Mâcon, dont les richesses sont complaisam-
ment décrites (laisses LIX, LXXIII-LXXIV) ; il est vrai que le clan se voit
bientôt obligé de battre en retraite. C'est à Chalon que Girart
est sommé de comparaître pour répondre aux accusations du roi, mais dans
l'épopée, à la différence de la réalité de 1166, ce sont Girart
et les Viennois qui ont le beau rôle, tandis que la culpabilité de la reine et
l'impuissance du roi hargneux sont soulignées (laisses LX-LXV) Mais on trouve aussi Rainaut de
Maseon, Seigneur de Mâcon et homme de Girart de Roussillon Dans Girart de Roussillon,
après la bataille de Rossillon, le roi se retira Ă
Chalon, en vantant la valeur des Bourguignons, quoiqu'elle vint
de lui ĂŞtre si funeste ; mais son langage trivial fait disparate avec les
discours sages, courtois et retenus de Girart Plusieurs vieillards sont impliqués dans la trêve
négociée après la bataille de Vaubeton. Thibert de Vaubeton,
baron a la sage parole et aux Cheveux blanchis, et Garnier de Blaye, son
cousin, furent choisis pour aller porter à Gérard les offres de Karle Martel. Or, écoutant l'avis de ses fidèles, Gérard,
avant de prendre un parti, alla demander conseil a son oncle Odilon, qu'on n'avait pu enlever du champ
de bataille, à cause de la gravité de sa blessure. Couché au milieu de la
plaine, sous une tente de drap d'or, le noble vieillard venait, pour mourir
saintement, de se faire revêtir de l'habit de Saint-Benoît. Accompagné de
Foulque, Gilbert, Landry, don Henry et don Guy, GĂ©rard entra sous le pavillon,
et se mettant Ă genoux devant le lit : - Oncle, dit-il, je viens te demander
conseil. Donne-le-moi bon et tel qu'il ne tourne ni a
ma honte ni a mon dommage. Karle
nous offre paix, foi et pardon. - Dieu en soit loué, beau neveu, répondit le blessé. Puisque si courtoise parole vient
du côté de Karle, il faut lui faire doux accueil. -
Comment pourrais-je, reprit GĂ©rard , aimer un roi
félon qui a pour conseiller Thierry , mon ennemi le plus cruel , le meurtrier
de mon père et le tien ! - Beau neveu, entends la raison, ne te rĂ©volte point Ă
tort contre ton seigneur légitime ; et quand je serai mort ,
Ă©coute Foulque mon fils, qui ne te donnera jamais que de bons conseils. -
Jamais, s'il ne chasse Thierry, je ne serai son vassal et il ne sera mon sire.
Odilon ne put entendre ces paroles sans colère; il reproche vivement à son
neveu son peu de sens et sa folie, et lui ordonna, puisqu'il voulait forfaire Ă
son devoir d'homme-lige, de le laisser mourir en paix Thierry, comte des Ardennes (Girart
de Vienne), dit Thierry d'Ascagne (Girart de
Roussillon), qui a plus de 100 ans et qui a tué le père de Girart
au combat, acceptera de s'exiler 7 ans au Mont Cassin, ce qui apporte la paix
entre Girart et Charles. Il est qualifié de
"félon porc sangler" dans un combat contre le neveu de Girart, Fouchier (cf. "sanglier des Ardennes" :
Guillaume de La Marck). Ascagne est le fils d'Enée,
le Troyen (cf. porcus troianus)
La chanson conservée - s'inspirant très probablement de
l'ancienne chanson perdue - fait de Vaubeton le siège
d'une seigneurie, le fief de toute une dynastie de guerriers. Le chef de la
famille, Tibert de Vaubeton
le sage est proche parent et fĂ©al du roi Charles le Chauve ; il a deux fils : Alon et le sage Gauthier, qui lui-mĂŞme a donnĂ© le jour Ă
Pierre La version de Girart publiée
par Mignard est un "roman en vers appartient au commencement du
quatorzième siècle, date qui résulte non-seulement du style et de la langue qui
sont bien de cette époque, mais encore d'indications chronologiques tirées des
noms de personnages historiques auxquels s'adresse l'auteur anonyme du poëme dans le préambule de son œuvre. De même que la
plupart des romans du quatorzième siècle, époque de décadence complète pour
notre vieille littérature, celui-ci est fort médiocre ; commeinventionilestnul,
puisqu'il n'est que la paraphrase d'un texte latin" Jouvenceau et
Vieillard : Vieillesse et jeunesse dans le roman Girart Le monde se divise non seulement en fous et en sages,
mais aussi en jeunes gens et en vieillards. Certes, il existe, pour notre
poète, le type exceptionnel du jeune homme sage, qui par exemple s'appelle Fouque, mais d'ordinaire la jeunesse est portée aux folies
de l'orgueil et de la guerre, tandis que la sagesse serait le mélancolique lot
des vieux jours. « Non-sens et enfance » ont allumé et entretenu la guerre de Girart contre Charles. « Par le méfait d'une folle
jeunesse, il y a bien des morts et des blessés ». Quand on cherche ou que l'on
annonce la paix, « les jeunes guerriers » protestent. S'il est vrai que le
conflit des Bosons et des Fouques est permanent, il
n'est pas moins vrai que la guerre renaît avec les nouvelles générations des Oudins, des fils et des petits fils de Thierri. Que
feraient les « damoiseaux audacieux » sans la guerre, mais que font et que
disent ces nobles seigneurs aux tĂŞtes blanchies? Papes, Ă©vĂŞques, ermites, c'est
leur métier d'être sages et de prêcher la paix. Mais Thierri, Odilon, Tibert de Vaubeton sont de très
vaillants guerriers. Ils ont vécu cent ans, et plus. C'est d'eux que nous avons
entendu les discours les plus beaux et les plus pathétiques. Le « vieil homme
qui Aage s'appelle » s'accompagne de Malheur et
Souffrance sur la route qui monte vers le calme et la lumière des sommets. On
vient de voir que les grands acteurs sont rentrés sur la scène avec les masques
et les visages de jadis. Cependant le temps, qui leur a épargné les des, a adouci les fureurs et les ardeurs. Tibert de Vaubeton
et Fouque se frappent et se renversent l'un l'autre
sur la place, « mais Fouque se releva et Tibert non » (laisse 454). « Belle jeunesse, dont la perte répandit au loin le
deuil. Dieu! que cette bataille fit pleurer de
damoiselles et de jeunes dames veuves! » (laisse 492) Typologie Le duché de Bourgogne, pays d'États, jouissait d'une
représentation triennale appelée États provinciaux, par opposition aux États
généraux qui se composaient des députés de toute la France. Les pays
d'élections ou d'impositions (Bresse, Bugey et Gex) dépendaient du pouvoir
central et obéissaient à des intendants sans le consentement desquels le
Clergé, la Noblesse et le Tiers-Etat ne pouvaient voter aucune imposition
nouvelle. Quant aux députés des pays d'États, ils levaient eux-mêmes l'impôt
pour subvenir aux dépenses ordinaires et extraordinaires ; ils délibéraient sur
toutes les affaires concernant la province, comme l'agriculture, le commerce,
les routes, les canaux. C'était dans son plus haut degré l'exercice des
libertés locales. En 1787, le régime des États fut généralisé pour toute la
France ; mais auparavant le Dijonnais, l'Autunois, le Chalonnais, l'Auxois, le
pays de la Montagne, le Charolais, le Maconnais,
l'Auxerrois, et Bar-sur-Seine envoyaient seuls aux États de Bourgogne des
députés, pris dans les trois ordres politiques : Clergé, Noblesse, Tiers-Etat.
Les comtés de Chalon, de Charolles et de Mâcon avaient eu jadis leurs États
particuliers, qui se réunirent successivement aux États du duché. Les États du
comté de Châlon furent réunis aux États du duché, au
XIIIe siècle. Le Mâconnais était aussi un pays d'États, et les députés
s'assemblaient avec ceux du duché depuis la réunion du comté, en 1435. Ceux du
Charolais ne furent réunis qu'en 1755. Ces assemblées se tenaient à Dijon de
trois en trois ans, le plus souvent au mois de mai, en vertu d'une convocation
royale et sous la présidence du gouverneur de la province. Le jour de
l'ouverture, le Clergé se rendait à la Sainte-Chapelle, les évêques en camail
et en rochet, les prêtres en manteau long et en bonnet carré. Les députés du
Tiers-État s'y rendaient ensuite, vêtus de robes violettes de satin ou de moire
; la robe du maire de Dijon, président de cet ordre, était de velours. La
Noblesse, en habits brodés, s'assemblait au palais du gouverneur. A neuf heures
du matin, le premier président du Parlement et l'intendant de la province, en
robe noire, ainsi que leurs officiers et ceux des États, allaient auLogis-du-Roi prévenir le gouverneur L’institution provinciale absorba régulièrement les États
particuliers d’Auxonne (1638), d’Auxerre (1668), de Bar-sur-Seine (1721) et du
Charolais (1751). Ne restaient comme États particuliers, à la veille de la
Révolution, que ceux du Mâconnais. L’extension géographique s’accompagna aussi
de transferts de compétences juridiques de l’État vers les États |