Histoire des Vaudois

Histoire des Vaudois

 

III, 99

 

1777-1778

 

Aux champs herbeux d'Alein et du Varneigne,

Du mont Lebron proche de la Durance,

Camp de deux pars conflict sera sy aigre:

Mesopotamie defaillira en la France.

 

D'une "MĂ©sopotamie" Ă  l'autre : Lyon et entre PĂ´ et Durance

 

Les Vaudois tirent leur nom d’un marchand lyonnais, Valdès ou Valdo qui, vers 1170, à la suite d’une crise de conscience, décide de vendre ses biens et de consacrer sa vie à la prédication de l’Évangile à ses concitoyens. Il fait traduire le Nouveau Testament dans la langue d’usage, le Provençal, afin qu’il soit compris par le peuple. Ses idées se propagent à travers toute l’Europe. Valdo et ses disciples «les Pauvres de Lyon» sont condamnés par l’Église comme dissidents surtout parce que la prédication est assurée par des laïcs y compris femmes. Ils sont excommuniés par le pape Lucius III en 1184 (www.museeprotestant.org - Histoire des Vaudois).

 

Selon Bossuet qui écrit au XVIIème siècle, l'aigreur est le caractère de la secte vaudoise, et de tous les hérétiques (Histoire des variations, Oeuvres complètes de Bossuet, évêque de Meaux, Tome 6, 1836 - books.google.fr).

 

La ville "près de deux fleuves" entre Saône et Rhône est en effet une petite Mésopotamie selon le sens grec de ce nom.

 

Lors de la Rebeyne de Lyon de 1529, la maison de "Simphoriem Campese dict Champier, chevalier et docteur en la science sculapienne", est saccagée.

 

Pour Champier (L'Antiquité de la cité de Lyon, 1529), il n'y a aucun doute; ces bris d'images sont l'acte d'une bande d'hérétiques, et, si nous voulions bien l'en croire, il ne se serait pas gêné pour le leur dire : «El alors que ledit Campèse veit la ruyne d'icelles figures, dit : «Ah ! mauldicte secte vauldoyse, tu prins ton commencement entre les deux rivières et tu veulx rénover la malice et cruaulté en destruysant les sainctes ymaiges...» Puis, après un petit discours érudit sur Julien l'Apostat, il jure «de ne plus habiter entre les deux rivières que justice n'y règne,» il monte à cheval et s'en va vers son maître, le duc de Lorraine, tout en maugréant contre ce vilain peuple, qui le maltraitait ainsi, lui, le protecteur des pauvres, le fondateur du collège de la Trinité, le docteur de Pavie, l'auteur de trois livres sur la cité de Lyon (Henri Hauser, Etude critique sur la "Rebeine" de Lyon, Revue historique, Volume 61, 1896 - books.google.fr).

 

La tradition lyonnaise faisait naître la secte célèbre «entre les deux rivières», c'est-à-dire dans le centre de la ville, et qui plaçait dans la rue Vendrant ou rue Maudite, le domicile de son fondateur. [...]

 

Claude de Rubys, Histoire véritable de la ville de Lyon (1604), p. 268-269, emprunte à Champier le passage relatif à l'expulsion des Vaudois et à leur retraite dans les vallées alpestres de la Savoie et du Dauphiné (Revue d'histoire de l'Église de France, Volume 22, 1936 - books.google.fr).

 

Dans une Ode en prĂ©face Ă  l'Histoire des Vaudois (1612) de Jean Paul Perrin, lyonnais et pasteur Ă  Nyons, Christofle Gamon ferait allusion au massacre de 1545 et associe les Vaudois Ă  des lieux de la MĂ©sopotamie (Eden, dont le jardin Ă©tait gĂ©nĂ©ralement placĂ© en MĂ©sopotamie; Gosen, peut-ĂŞtre Gozan idem) :

 

Elle [l'Eglise] y gouste vn doux fruit de vie,

Y vainq vn deluge inhumain,

Y fuit des Tyrans la furie,

Et de palmes s'orne la main :

Si bien que la plaine cruelle

OĂą de fruits l'arbre est orfelin,

Est pour la semence fidelle [les Vaudois],

L'Eden, l'Arche, Gosen, Elin (Franco Giacone, Histoire d'écritures : la Bible et la théologie, de Marguerite de Navarre à Agrippa d'Aubigné, 1999 - books.google.fr, J. Paul Perrin, Histoire des Chrestiens albigeois, 1618 - books.google.fr).

 

Deux versants, deux fleuves. D'un côté la Durance, de l'autre le Pô. Ils se côtoyent, là-haut sur la crête, près de leurs sources (Emilio Comba, Histoire des Vaudois, 1898 - books.google.fr).

 

Les Eglises d'origine vaudoise étant en ruine dans le midi de la France et en apparente dissolution partout où les légats avaient un libre accès, le moment semblait venu de poursuivre à outrance ces défenseurs de la foi évangélique, dans les montagnes reculées au sein desquelles une partie considérable d'entre eux était comme retranchée. Ils occupaient, à moitié distance entre Turin et Grenoble, les deux versants des Alpes, qui s'inclinent à l'orient et à l'occident des pics neigeux des monts Genèvre et Viso. Leurs humbles demeures s'étageaint sur les flancs des montagnes, se groupaient ou s'étendaient, parsemées au fond des vallons. A l'occident, dans le massif des hautes Alpes du Dauphiné et de la Provence, les vallées les plus élevées et les plus retirées étaient habitées, en totalité ou du moins en grande partie, par des Vaudois. Dans le diocèse d'Embrun, en particulier, il n'en était aucune qui ne contînt de leurs Eglises. Mais l'on signalait surtout la haute vallée de la Durance et les vallons adjacents d'Argentière, de Fraissinière et de val Loyse ou Pute. A l'orient, tous les vallons et les vallées qui débouchent des hautes Alpes dans la plaine, vers Pignerol et Saluces, ceux qu'arrosent le Cluson et la Germanasque, le Pélice et la Grana, affluents du Pô, et le Pô lui-même; savoir, le val Pragela, la vallée de Saint-Martin, le val d'Angrogne, la vallée de Luserne, celle du Pô et celle de Bagnolo, etc., étaient encore, et depuis des siècles, la patrie terrestre des fidèles Vaudois du Piémont. C'est dans ces anciennes et vénérables retraites de la pure foi, que le prétendu vicaire de Jésus-Christ, sauveur du monde et prince de la paix, songea à porter la cruelle persécution. Elle s'en était déjà sans doute approchée plusieurs fois : elle avait même fait verser bien des larmes dans l'Embrunnais et assurément aussi dans les plaines du Piémont, quoique l'histoire s'en taise encore. Mais l'heure était venue où elle devait aussi éclater sur la région montagneuse de l'ancien diocèse de Claude de Turin, sur le foyer même où brillait encore le feu de la vérité. (Antoine Monastier, Histoire de l'église Vaudoise depuis son origine et des Vaudois du Piémont jusqu'à nos jours, Tome 1, 1847 - books.google.fr).

 

"défaillira"

 

Lorsque les idées des Réformateurs se répandent en Europe, les Vaudois s’interrogent sur cette nouvelle réforme de l’Église. Ils envoient des émissaires à Berne, Bâle et Strasbourg qui discutent avec Guillaume Farel, Œcolampade et Martin Bucer. En 1532, au synode vaudois de Chanforan (dans les Vallées vaudoises en Italie), le réformateur Guillaume Farel est présent. Après plusieurs jours de discussion, les Vaudois décident d’adhérer à la Réforme, dans la mouvance de Zwingli et Bucer. Ils abandonnent ainsi un certain nombre de pratiques de la clandestinité. Ils refusent désormais les pratiques catholiques, bâtissent des temples et célèbrent le culte ouvertement. Les pasteurs sont attachés à une paroisse et non plus itinérants comme les «barbes» du Moyen-Âge. Ils financent la traduction, en français cette fois, de la totalité de la Bible, la célèbre Bible d’Olivétan.

 

En sortant de la clandestinitĂ©, les Vaudois s’exposent, comme les protestants français, Ă  une rĂ©pression qui touche d’abord les pasteurs, les libraires, les chefs de file du mouvement. De nombreux martyrs meurent sur le bĂ»cher. Les groupes vaudois les plus importants se trouvent dans trois rĂ©gions : la Provence, la Calabre et les Alpes. Tous vont subir la persĂ©cution mais Ă  des moments diffĂ©rents.

 

En 1532, on comptait une trentaine de «barbes» dans le Lubéron. Mais à partir de leur adhésion à la Réforme, les Vaudois sont victimes de persécutions menées par le célèbre inquisiteur Jean de Roma et Jean Meynier, baron d’Oppède et premier président du Parlement d’Aix. L’arrêt de Mérindol de 1540 condamne le village à être rasé. Il ne sera appliqué qu’en 1545. Mérindol est détruit et pillé par les troupes du baron Meynier d’Oppède. La majorité des habitants peuvent s’enfuir et reviennent ensuite. Le massacre s’étend à tout le Lubéron faisant plus de 2 000 victimes. 700 Vaudois sont envoyés aux galères. Ce massacre des Vaudois du Lubéron a indigné toute l’Europe et a marqué durablement la région. Le groupe provençal, presque totalement exterminé, perd très rapidement sa référence au passé vaudois et s’intègre dans le protestantisme français. (www.museeprotestant.org - Histoire des Vaudois).

 

Chasseneux, alors président du parlement d'Aix, s'autorisa, par deux fois, de ces défauts de forme, pour prétendre que l'arrêt du 18 novembre 1540 n'était pas définitif, et pour en refuser l'exécution comme contraire aux lois du royaume. Mais l'archevêque d'Arles, l'évêque d'Aix, quelques abbés, prieurs et chanoines sollicitèrent à frais communs l'exécution de l'arrêt. S'appuyant de la majorité du parlement d'Aix contre le président, et forçant la main à ce dernier, ils marchaient déjà contre les Vaudois avec des gens de guerre soudoyés par eux, et avec de l'artillerie, quand les ordres de la cour survinrent et suspendirent le massacre. Trompé par Charles-Quint, le roi rompit avec ce prince, disgracia Montmorency, qui l'avait entraîné dans cette alliance (31 décembre 1540), et rechercha de nouveau les prolestants d'Allemagne. Ceux-ci sollicitèrent en faveur des Vaudois, devenus réformés; et François Ier fut forcé de leur donner satisfaction à cet égard, pour essayer de les attirer à son parti. Dans le même temps, le gentilhomme Renaud d'Alleins réveillait le zèle de Chasseneux pour les Vaudois, et suscitait de sa part une opposition nouvelle et inattendue aux attaques de leurs ennemis. Le roi chargea son lieutenant en Piémont, Dubellay-Langey, d'examiner l'affaire des Vaudois, et sur son rapport leur accorda des lettres de grâce (février 1541). Il usa de la même tolérance à l'égard des autres réformés de France; et pendant dix-huit mois on ne trouve, même dans les écrivains de leur parti, aucune trace de persécution dirigée contre eux. Mais le roi perdit ses avances avec les protestants d'Allemagne. L'empereur les gagna par sa condescendance à la diète de Ratisbonne (28 juillet 1541), et par les concessions bien plus importantes qu'il leur fit à la suite de cette diète. Dès lors le roi n'avait plus aucune raison de ménager les dissidents français. (Bibliographie : Auguste Poirson, Précis de l'histoire de France pendant les temps modernes, Bulletin, Société de l'histoire du protestantisme français, 1858 - books.google.fr).

 

Jacques Regnauld ou Reynaud était seigneur d'Alleins, bourg situé en Provence à 10 lieues de la ville d'Arles, et dans le voisinage des Vaudois de Mérindol.

 

Près d'Alleins se trouve Vernègues avec les ruines d'un temple romain. Temple est le nom des lieux de cultes protestants, ce qu'étaient devenus les Vaudois au synode de Chanforan en 1532.

 

En 1545, les terres du village vaudois de Mallemort sont confisquées, les hommes massacrés, les femmes violées avant d’être tuées. A Mallemort, le Moulin de Vernègues, qui servait de moulin à grain à la seigneurie de Vernègues, appartenait à l'Archevêque d'Arles. (www.rhone-medieval.fr).

 

Mallemort est posé à la lisière de la Durance et du Vaucluse. Le village est situé en hauteur sur un éperon rocheux, afin de s'épargner quelques crues déferlantes de la Durance. Alleins est situé au pied d'une ravissante colline et domine la vallée de la Durance, face au Luberon. Vernègues, de son ancien nom "Alvernicum", est situé à l'extrême ouest de la chaîne des Costes et domine la vallée de la Durance (www.vernegues.com).

 

Les Vaudois de Calabre sont décimés et ceux qui ont échappé au massacre sont contraints d’abjurer leur foi réformée.

 

Les Vaudois reçoivent l’aide des Réformés dauphinois, sur l’autre versant des Alpes et tiennent tête aux armées ducales. Au bout de six mois de luttes, le duc accepte de négocier. L’accord de Cavour (1561) confirme les privilèges et franchises accordés précédemment et autorise le culte public dans les localités loin de la plaine. Par cet accord, un prince catholique tolère sur ses terres la présence de sujets dissidents, spirituellement rebelles.

 

A partir de 1640 les incidents se multiplient contre les Vaudois. En 1655, les troupes sont logées chez les Vaudois et massacrent la population. Les terres réformées du Piémont sont reconquises au catholicisme. Ces massacres, connus sous le nom de « Pâques piémontaises » ou « Printemps de sang« , provoquent une réaction forte dans l’Angleterre de Cromwell. Le poète John Milton décrit ces massacres dans des vers restés célèbres. L’indignation gagne la Hollande et le reste de l’Europe. Mazarin intervient en personne. Pendant ce temps, la guérilla continue en Piémont avec une poignée d’irréductibles, menée par un paysan célèbre dans l’histoire vaudoise, Janavel. Sous la pression internationale, le duc de Savoie cède et reconnaît l’accord de Cavour.

 

Le duc de Savoie Victor Amédée II, neveu de Louis XIV, suit la politique de son oncle et par l’édit de Janvier 1686, bannit les pasteurs vaudois, interdit les cultes et impose aux enfants le baptême catholique. Sous l’influence du pasteur Henri Arnaud, les Vaudois se rebellent. Ils sont défaits dans un guerre éclair de trois jours au cours de laquelle beaucoup de Vaudois périssent.

 

En 1688, la situation se renverse en Europe avec l’arrivée sur le trône d’Angleterre de Guillaume d’Orange qui déclenche une coalition contre Louis XIV. Des émissaires de Guillaume d’Orange prennent contact avec les Vaudois en exil en Suisse et organisent en secret leur rentrée au Piémont en 1689. Cet épisode est connu sous le nom de « Glorieuse rentrée ». Ils ne sont que 900 hommes à regagner le Piémont à marches forcées par un itinéraire peu fréquenté. Ils arrivent à Prali, dans le val Germanisca où ils célèbrent leur premier culte le 8 septembre 1689, conduit par Henri Arnaud. Par le serment de Sibaud du 11 septembre 1689, ils promettent de rester unis et de continuer la lutte avec Arnaud comme chef militaire et religieux. Ils vivent comme un miracle le fait d’échapper à l’armée française grâce au brouillard. Quelques jours plus tard, Victor Amédée rompt son alliance avec la France et s’allie avec l’Angleterre. Les Vaudois sont sauvés (www.museeprotestant.org - Histoire des Vaudois).

 

"Champs herbeux"

 

Le passage consacré aux barbes par Jean de Roma, l'inquisiteur de Provence mort en 1533, dans son traité est précis. Les barbes sont au nombre de 40 ou 42. Ils sont ignorants, n'ayant pas de lettres, et plutòt barbares. Ils exercent des arts mécaniques comme merciers, tailleurs, cordonniers, forgerons, médecins, herboristes [comme Nostradamus], ou barbiere chirurgiens. Ils sont appelés "barbes" en piémontais ou "oncles" en francais. Ils prèchent de maison en maison, rassemblant les voisins, de nuit et non de jour. Il leur est donné un viatique pour leur mission; les barbes ont rassemblé cinq cents écus d'or en un an dans les diocèses d'Apt, Cavaillon et Carpentras. Ils ne viennent jamais deux ans de suite dans la mème province pour ne pas étre

être reconnus mais ils sont mutés de province en province, ainsi, l'un parti d'une province, l'année suivante un autre vient (Gabriel Audisio, Les vaudois du Luberon, 1984 - books.google.fr).

 

Un procès fut intenté en 1533 sur l'ordre du roi de France contre Jean de Roma, inquisiteur, qui sans autorisation royale, exerça ses sévices contre des sujets du roi, la plupart des faits se situant en 1532 (Jean Sambuc, Documents sur le procès de Jean de Roma, Bulletin : Études, documents, chronique littéraire, Volumes 109 à 110, 1965 - books.google.fr).

 

On trouve dans un manuscrit conservé à Genève du XIIème siècle, parmi d'autres poèmes, l'Évangile des Quatre Semences (L'Avangeli de li quatre semencz), allégorie empreinte de douceur et de résignation mélancolique, il consiste en un double commentaire de l'Évangile du Semeur (Mt., 13, 2-23) et de celui du bon grain et de l'ivraie (Mt., 13, 24-30). Il occupe onze pages du manuscrit, et renferme 300 vers, divisés en 75 quatrains :

 

Aquesta mala herba, semencza de tristicia,

Ço son li filh fellon, plen de tota malicia;

De persegre li just han mota cubiticia,

Volent lor desviar la divina justicia.

 

(Cette mauvaise herbe, semence de tristesse, / Ce sont les fils félons, pleins de toute malice; / De poursuivre les justes ont grande convoitise, / Veulent (voulant) eux dévier de la divine justice) (Antoine Monastier, Histoire de l'Église vaudoise, Tome 1, 1847 - books.google.fr).

 

Parmi les écrits vaudois, il faut citer: «Le traité de l’Antéchrist» daté de » l'an 1120 (L'ami de la religion: journal ecclésiastique, politique et littéraire, Volume 122, 1844 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ADCM

 

Les Chrestiens subrogez à tous les glorieux avantages et prérogatives des anciens Israélites, ou Sermon sur ces paroles de I. Pet. 2,9 ("Vous estes la génération esleue, la sacrificature royale, le peuple acquis, vous devez être aussi la nation sainte, afin d'annoncer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière"), fait au synode d'Ay (Champagne), par A. D. C. M. à C. et L.-P. 357-364. «L'Eglise d'Israel fit anciennement cette complainte par la bouche...» Fin: «Et leur donne tant pour symbole de leur adoption que pour gage et arre indubitable voire comme premices de l'héritage des Saints, qui est en la lumière» (Le Cabinet historique, Tome 8, 1862 - books.google.fr).

 

Ay se trouve au Nord du Mont Aimé où furent brûlés en 1239 plus d'une centaine de Cathares que l'on a parfois confondus avec les Vaudois.

 

En 1603, les prétendus réformés tinrent à Ay un synode, sous la présidence d'un célèbre ministre, de Pierre Dumoulin. Dans ce synode, entre autres résolutions, il fut adopté comme article de foi, que le pape Clément VIII était véritablement l'Antéchrist, «le fils de perdition marqué dans la parole de Dieu, et la bête vêtue d'écarlate que le seigneur déconfiera, comme il l'a promis et comme il l'annonce déjà, etc.» Ce décret du synode d'Ay ne fut pas du goût des plus sensés calvinistes. Le fameux marquis de Rosny (Maximilien de Béthune), ne put s'empêcher de dire que c'était l'œuvre de bigots. Il écrivit a l'assemblée pour l'engager à rétracter ce nouvel article, Mais l'assemblée eut d'autant moins d'égards à ses remontrances, qu'elle ne le regardait pas comme un homme fort dévot. Il ne le devint que sur la fin de ses jours. Le roi Henri IV lui-même s'intéressa à cette querelle. N'ayant pu rien gagner par la douceur, il ordonna la suppression de ce ridicule article de foi, que les bigots de la secte firent revivre au synode de la Rochelle en 1607 (Alexandre-Clément Boitel, Les beautés de l'histoire de la Champagne, 1868 - books.google.fr).

 

Il y a eu au Synode d'Ay de 1615 une proposition de Pierre Du Moulin pour une confession commune entre Luthériens et Calvinistes (Jacques Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, Tome 2, 1740 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1778 sur la date pivot 1545 donne 1312.

 

Dès l'an 1309 le Pape Clement V avoit indiqué un Concile général, qui devoit se tenir à Vienne en Dauphiné l'an 1311. Ce fut dans la feconde Seffion du Concile, tenue le 3 Avril 1312, que l'ordre des Templiers fut aboli, ce qui fe fit en préfence du Roi Philippe, qui avoit trop cette affaire à cœur ; fes trois fils Louis Roi de Navarre, Philippe & Charles fe trouverent à cette méme Seffion, aufsibien que Charles Comte de Poitiers frere du Roi. On décida enfuite quelques queftions de foi : les Begards & les Beguines, efpece de Fanatiques & de Vaudois, y furent condamnés. On y régla du moins pour quelques tems les mœurs du Clergé, tant féculier que régulier. Enfin on y revoqua la Bulle du Pape Boniface VIII. qui portoit trop loin les immunités Ecclésiastiques, & dans la troisieme & derniere Session du 6 Mai, on y ordonna la levée d'une décime pour la Croisade d'Outremer qu'on y avoit résolue (Nicolas Lenglet du Fresnoy, Plan de l'histoire générale et particulière de la monarchie française, Tome 2, 1753 - books.google.fr).

 

Avec le XIVe siècle, l'histoire des Vaudois alpins devient plus mouvementée. Le premier supplice connu est celui, à Pignerol, d'une femme accusée de «valdésie» (1312). À partir de ce moment, la lutte devient sérieuse (Thomas De Cauzons, Les Vaudois et l'Inquisition, 2022 - books.google.fr).

 

Pignerol, dans les Etats de Savoie, Ă©tait la capitale de Philippe, fils du comte Thomas III, gardant le titre de Prince d'AchaĂŻe qu'il avait cependant vendue Ă  Charles d'Anjou roi de Sicile en 1307.

 

XVIIIe siècle

 

Comme en France encore, le premier tiers du XVIIIe siècle reste théoriquement fidèle aux cadres répressifs vis à vis des protestants. L'édit de 1730 reprend toutes les interdictions précédentes. En 1739, Turin créait une œuvre royale des prêts [ &] au bénéfice des catholiques et des catholicisés des vallées mixtes pour acquérir des terres des vaudois et les céder à des catholiques : il s'agit en fait d'une colonisation. En 1743 Charles-Emmanuel III fondait à Pignerol un hospice des catéchumènes pour les Nouveaux Convertis, et en 1748 la ville était doté d'un évêché. Le Chablais connaît ces mêmes achats de terre en faveur des catholiques et les protestants s'en plaignent à Genève : la compagnie des pasteurs va alors faire de la surenchère et acheter des propriétés en Savoie, mais à proximité de Saint-Victor et Chapitre. On voit également des créanciers protestants de Savoie obtenir le soutien de Genève pour racheter des biens de leurs débiteurs savoyards catholiques (F. Clerc). Par ses finances comme par ses pasteurs, Genève apparaît bien comme le protecteur le plus efficace des protestants du Chablais.

 

Malgré tout, les choses évoluaient. Des voix s'élevaient pour faire remarquer que les vaudois avaient participé activement à la défense du Piémont en 1706-1709. L'essor démographique et économique des vallées facilitait une émigration vers Turin, dont la capitale avait besoin, et le roi en premier dans ses armées. On établit des régiments de vaudois, des troupes régulières ou mercenaires, officiellement composées de suisses. Le Piémont pouvait accélérer sa mutation vers un Etat militarisé, sorte de Prusse des Alpes où 1/10 des hommes porte les armes. Pourtant les vallées conservaient ostensiblement leurs liens avec l'Europe protestante, par la correspondance, l'accueil des voyageurs. Dans son Histoire des Vaudois, J. Brez exalte la tolérance et non plus l'esprit de résistance des vaudois contre le conformisme local. En Chablais les lois ségrégationnistes étaient mal appliquées.

 

Les bonnes relations de Turin avec Londres et Genève permettent dès 1726 l'ouverture d'un temple protestant dans la capitale piémontaise, au service d'une communauté d'environ 300 personnes (sur 65000 habitants), essentiellement suisse et vaudoise. Une génération après, ils sont 600. L'absolutisme éclairé des rois sardes, leur distance croissante avec l'Eglise (laïcisation de l'enseignement, recul du soutien aux missions) voire leur anticléricalisme et la paix revenue après la dure occupation espagnole de 1742-1749 ne peuvent être que favorables aux protestants. Le traité franco-genevois de 1749 sur le pays de Gex encourageait Turin à rouvrir le dossier des échanges de terres. [...] On s'accorda sur un délai de tolérance de 25 ans. Ensuite, en 1779 donc, il faudrait soit se convertir au catholicisme soit s'exiler (avec ses biens). Le temple de Bossey était maintenu, mais 4 étaient fermés (Chesne, Neydens, Ornex, Valeiry) et convertis solennellement en églises en juillet 1755. Finalement, Victor-Amédée III rendit en 1779 le temple de Bossey aux catholiques, mais il renouvela la tolérance envers les protestants, aussi bien pour les "originaires" que pour les immigrants de fraiche date. La tolérance ecclésiastique était sauve, mais la tolérance civile était possible. En 1780, le curé de Carouge demanda à Rome (et obtint) le droit de baptiser (protestant) des enfants de protestants (E.Rabut).

 

On connaît la volonté de Victor-Amédée III (1773-1796) de créer fin XVIII° siècle une ville et un centre économique capable de rivaliser avec Genève. La province de Carouge fut érigée en 1780 et le bourg devint une ville en 1786. En 1783 le roi accordait à ses nouveaux sujets protestants de Carouge la liberté de culte, étendue à des juifs alsaciens, puis à ceux de Turin en 1787, avec autorisation pour une synagogue. Les protestants obtenaient un état-civil auprès du curé, et la liberté de baptiser, marier, ensevelir selon leur culte, hors de Carouge et à Genève en 1780, puis sur place à partir de 1783 où un pasteur officia dans une maison privée jusqu'à l'invasion française de 1792. La ville connut un essor rapide : 600 habitants en 1780, 4672 en 1792. La proportion des protestants passa de 1/4 à 1/3 de la population (on compte 56 actes catholiques contre 14 protestants sur les registres paroissiaux de 1780 et 275 contre 96 en 1792). Les réformés étaient encore 1/3 de la population en 1805 (www.savoie-archives.fr - La lente victoire de la tolérance (1730-1792).

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