Histoire des Vaudois III, 99 1777-1778 Aux champs herbeux d'Alein
et du Varneigne, Du mont Lebron
proche de la Durance, Camp de deux pars conflict
sera sy aigre: Mesopotamie defaillira en la
France. D'une
"Mésopotamie" à l'autre : Lyon et entre Pô et Durance Les Vaudois tirent leur nom d’un marchand lyonnais,
Valdès ou Valdo qui, vers 1170, à la suite d’une crise de conscience, décide de
vendre ses biens et de consacrer sa vie à la prédication de l’Évangile à ses
concitoyens. Il fait traduire le Nouveau Testament dans la langue d’usage, le
Provençal, afin qu’il soit compris par le peuple. Ses idĂ©es se propagent Ă
travers toute l’Europe. Valdo et ses disciples «les Pauvres de Lyon» sont
condamnés par l’Église comme dissidents surtout parce que la prédication est
assurée par des laïcs y compris femmes. Ils sont excommuniés par le pape Lucius III en 1184 Selon Bossuet qui écrit au XVIIème siècle, l'aigreur est le caractère de la secte vaudoise, et de tous les hérétiques (Histoire des variations, Oeuvres complètes de Bossuet, évêque de Meaux, Tome 6, 1836 - books.google.fr). La ville "près de deux fleuves" entre Saône et
Rhône est en effet une petite Mésopotamie selon le sens grec de ce nom. Lors de la Rebeyne de Lyon de 1529, la maison de "Simphoriem Campese dict Champier, chevalier et docteur en la science sculapienne", est saccagée. Pour Champier (L'Antiquité de la cité de Lyon, 1529), il n'y a aucun doute; ces bris d'images sont l'acte d'une bande d'hérétiques, et, si nous voulions bien l'en croire, il ne se serait pas gêné pour le leur dire : «El alors que ledit Campèse veit la ruyne d'icelles figures, dit : «Ah ! mauldicte secte vauldoyse, tu prins ton commencement entre les deux rivières et tu veulx rénover la malice et cruaulté en destruysant les sainctes ymaiges...» Puis, après un petit discours érudit sur Julien l'Apostat, il jure «de ne plus habiter entre les deux rivières que justice n'y règne,» il monte à cheval et s'en va vers son maître, le duc de Lorraine, tout en maugréant contre ce vilain peuple, qui le maltraitait ainsi, lui, le protecteur des pauvres, le fondateur du collège de la Trinité, le docteur de Pavie, l'auteur de trois livres sur la cité de Lyon (Henri Hauser, Etude critique sur la "Rebeine" de Lyon, Revue historique, Volume 61, 1896 - books.google.fr). La tradition lyonnaise faisait naître la secte célèbre «entre les deux rivières», c'est-à -dire dans le centre de la ville, et qui plaçait dans la rue Vendrant ou rue Maudite, le domicile de son fondateur. [...] Claude de Rubys, Histoire véritable de la ville de Lyon (1604), p. 268-269, emprunte à Champier le passage relatif à l'expulsion des Vaudois et à leur retraite dans les vallées alpestres de la Savoie et du Dauphiné (Revue d'histoire de l'Église de France, Volume 22, 1936 - books.google.fr). Dans une Ode en préface à l'Histoire des Vaudois (1612) de Jean Paul Perrin, lyonnais et pasteur à Nyons, Christofle Gamon ferait allusion au massacre de 1545 et associe les Vaudois à des lieux de la Mésopotamie (Eden, dont le jardin était généralement placé en Mésopotamie; Gosen, peut-être Gozan idem) : Elle [l'Eglise] y gouste vn doux fruit de vie, Y vainq vn deluge inhumain, Y fuit des Tyrans la furie, Et de palmes s'orne la main : Si bien que la plaine cruelle Où de fruits l'arbre est orfelin, Est pour la semence fidelle [les Vaudois], L'Eden, l'Arche, Gosen, Elin (Franco Giacone, Histoire d'écritures : la Bible et la théologie, de Marguerite de Navarre à Agrippa d'Aubigné, 1999 - books.google.fr, J. Paul Perrin, Histoire des Chrestiens albigeois, 1618 - books.google.fr). Deux versants, deux fleuves. D'un côté la Durance, de
l'autre le PĂ´. Ils se cĂ´toyent, lĂ -haut sur la crĂŞte,
près de leurs sources Les Eglises d'origine vaudoise étant en ruine dans le
midi de la France et en apparente dissolution partout où les légats avaient un
libre accès, le moment semblait venu de poursuivre à outrance ces défenseurs de
la foi évangélique, dans les montagnes reculées au sein desquelles une partie
considérable d'entre eux était comme retranchée. Ils occupaient, à moitié
distance entre Turin et Grenoble, les deux versants des Alpes, qui s'inclinent
à l'orient et à l'occident des pics neigeux des monts Genèvre et Viso. Leurs
humbles demeures s'Ă©tageaint sur les flancs des
montagnes, se groupaient ou s'étendaient, parsemées au fond des vallons. A l'occident, dans le massif des hautes
Alpes du Dauphiné et de la Provence, les vallées les plus élevées et les plus
retirées étaient habitées, en totalité ou du moins en grande partie, par des
Vaudois. Dans le diocèse d'Embrun, en particulier, il n'en était aucune qui
ne contînt de leurs Eglises. Mais l'on signalait surtout la haute vallée de la
Durance et les vallons adjacents d'Argentière, de Fraissinière
et de val Loyse ou Pute. A l'orient, tous les vallons et les vallées qui débouchent des hautes
Alpes dans la plaine, vers Pignerol et Saluces, ceux qu'arrosent le Cluson et la Germanasque, le PĂ©lice et la Grana, affluents du PĂ´, et le PĂ´ lui-mĂŞme;
savoir, le val Pragela, la vallée de Saint-Martin, le
val d'Angrogne, la vallée de Luserne,
celle du PĂ´ et celle de Bagnolo, etc., Ă©taient
encore, et depuis des siècles, la patrie terrestre des fidèles Vaudois du
Piémont. C'est dans ces anciennes et vénérables retraites de la pure foi,
que le prétendu vicaire de Jésus-Christ, sauveur du monde et prince de la paix,
songea à porter la cruelle persécution. Elle s'en était déjà sans doute
approchée plusieurs fois : elle avait même fait verser bien des larmes dans l'Embrunnais et assurément aussi dans les plaines du Piémont,
quoique l'histoire s'en taise encore. Mais l'heure Ă©tait venue oĂą elle devait
aussi éclater sur la région montagneuse de l'ancien diocèse de Claude de Turin,
sur le foyer même où brillait encore le feu de la vérité. "défaillira" Lorsque les idées des Réformateurs se répandent en
Europe, les Vaudois s’interrogent sur cette nouvelle réforme de l’Église. Ils
envoient des émissaires à Berne, Bâle et Strasbourg qui discutent avec
Guillaume Farel, Œcolampade et Martin Bucer. En 1532, au synode vaudois de Chanforan (dans les Vallées vaudoises en Italie), le
réformateur Guillaume Farel est présent. Après plusieurs jours de discussion,
les Vaudois décident d’adhérer à la Réforme, dans la mouvance de Zwingli et
Bucer. Ils abandonnent ainsi un certain nombre de pratiques de la
clandestinité. Ils refusent désormais les pratiques catholiques, bâtissent des
temples et célèbrent le culte ouvertement. Les pasteurs sont attachés à une
paroisse et non plus itinérants comme les «barbes» du Moyen-Âge. Ils
financent la traduction, en français cette fois, de la totalité de la Bible, la
célèbre Bible d’Olivétan. En sortant de la clandestinité, les Vaudois s’exposent,
comme les protestants français, à une répression qui touche d’abord les
pasteurs, les libraires, les chefs de file du mouvement. De nombreux martyrs
meurent sur le bûcher. Les groupes vaudois les plus importants se trouvent dans
trois régions : la Provence, la Calabre et les Alpes. Tous vont subir la
persécution mais à des moments différents. En 1532, on comptait une trentaine de «barbes» dans le
Lubéron. Mais à partir de leur adhésion à la Réforme, les Vaudois sont victimes
de persécutions menées par le célèbre inquisiteur Jean de Roma et Jean Meynier, baron d’Oppède et
premier président du Parlement d’Aix.
L’arrêt de Mérindol de 1540 condamne le village à être rasé. Il ne sera
appliqué qu’en 1545. Mérindol est détruit et pillé par les troupes du baron Meynier d’Oppède. La majorité
des habitants peuvent s’enfuir et reviennent ensuite. Le massacre s’étend Ă
tout le Lubéron faisant plus de 2 000 victimes. 700 Vaudois sont envoyés aux
galères. Ce massacre des Vaudois du Lubéron a indigné toute l’Europe et a
marqué durablement la région. Le groupe provençal,
presque totalement exterminé, perd très rapidement sa référence au passé
vaudois et s’intègre dans le protestantisme français. Chasseneux, alors président du
parlement d'Aix, s'autorisa, par deux fois, de ces défauts de forme, pour
prétendre que l'arrêt du 18 novembre 1540 n'était pas définitif, et pour en
refuser l'exécution comme contraire aux lois du royaume. Mais l'archevêque
d'Arles, l'Ă©vĂŞque d'Aix, quelques abbĂ©s, prieurs et chanoines sollicitèrent Ă
frais communs l'exécution de l'arrêt. S'appuyant de la majorité du parlement
d'Aix contre le prĂ©sident, et forçant la main Ă ce dernier, ils marchaient dĂ©jĂ
contre les Vaudois avec des gens de guerre soudoyés par eux, et avec de
l'artillerie, quand les ordres de la cour survinrent et suspendirent le
massacre. Trompé par Charles-Quint, le roi rompit avec ce prince, disgracia
Montmorency, qui l'avait entraîné dans cette alliance (31 décembre 1540), et
rechercha de nouveau les prolestants d'Allemagne.
Ceux-ci sollicitèrent en faveur des Vaudois, devenus réformés; et François Ier
fut forcĂ© de leur donner satisfaction Ă cet Ă©gard, pour essayer de les attirer Ă
son parti. Dans le mĂŞme temps, le
gentilhomme Renaud d'Alleins réveillait le zèle de Chasseneux pour les Vaudois, et suscitait de sa part une
opposition nouvelle et inattendue aux attaques de leurs ennemis. Le roi
chargea son lieutenant en Piémont, Dubellay-Langey,
d'examiner l'affaire des Vaudois, et sur son rapport leur accorda des lettres
de grâce (février 1541). Il usa de la même tolérance à l'égard des autres réformés
de France; et pendant dix-huit mois on ne trouve, mĂŞme dans les Ă©crivains de
leur parti, aucune trace de persécution dirigée contre eux. Mais le roi perdit
ses avances avec les protestants d'Allemagne. L'empereur les gagna par sa
condescendance à la diète de Ratisbonne (28 juillet 1541), et par les
concessions bien plus importantes qu'il leur fit à la suite de cette diète. Dès
lors le roi n'avait plus aucune raison de ménager les dissidents français. Jacques Regnauld ou Reynaud était seigneur d'Alleins,
bourg situé en Provence à 10 lieues de la ville d'Arles, et dans le voisinage
des Vaudois de Mérindol. Près d'Alleins se trouve Vernègues avec les ruines d'un temple romain. Temple est le
nom des lieux de cultes protestants, ce qu'Ă©taient devenus les Vaudois au
synode de Chanforan en 1532. En 1545, les terres du village vaudois de Mallemort sont confisquées, les hommes massacrés, les femmes violées
avant d’être tuées. A Mallemort, le
Moulin de Vernègues, qui servait de moulin Ă
grain Ă la seigneurie de Vernègues, appartenait Ă
l'Archevêque d'Arles. Mallemort est posé à la lisière de la Durance et du
Vaucluse. Le village est situé en hauteur sur un éperon rocheux, afin de
s'épargner quelques crues déferlantes de la Durance. Alleins
est situé au pied d'une ravissante colline et domine la vallée de la Durance,
face au Luberon. Vernègues, de son ancien nom "Alvernicum", est situé à l'extrême ouest de la chaîne
des Costes et domine la vallée de la Durance Les Vaudois de Calabre sont décimés et ceux qui ont
échappé au massacre sont contraints d’abjurer leur foi réformée. Les Vaudois reçoivent l’aide des Réformés dauphinois, sur
l’autre versant des Alpes et tiennent tête aux armées ducales. Au bout de six
mois de luttes, le duc accepte de négocier. L’accord de Cavour (1561) confirme
les privilèges et franchises accordés précédemment et autorise le culte public
dans les localités loin de la plaine. Par cet accord, un prince catholique
tolère sur ses terres la présence de sujets dissidents, spirituellement
rebelles. A partir de 1640 les incidents se multiplient contre les
Vaudois. En 1655, les troupes sont logées chez les Vaudois et massacrent la
population. Les terres réformées du Piémont sont reconquises au catholicisme.
Ces massacres, connus sous le nom de « Pâques piémontaises » ou « Printemps de
sang« , provoquent une réaction forte dans
l’Angleterre de Cromwell. Le poète John Milton décrit ces massacres dans des
vers restés célèbres. L’indignation gagne la Hollande et le reste de l’Europe.
Mazarin intervient en personne. Pendant ce temps, la guérilla continue en
Piémont avec une poignée d’irréductibles, menée par un paysan célèbre dans
l’histoire vaudoise, Janavel. Sous la pression
internationale, le duc de Savoie cède et reconnaît l’accord de Cavour. Le duc de Savoie Victor Amédée II, neveu de Louis XIV,
suit la politique de son oncle et par l’édit de Janvier 1686, bannit les
pasteurs vaudois, interdit les cultes et impose aux enfants le baptĂŞme
catholique. Sous l’influence du pasteur Henri Arnaud, les Vaudois se rebellent.
Ils sont défaits dans un guerre éclair de trois jours
au cours de laquelle beaucoup de Vaudois périssent. En 1688, la situation se renverse en Europe avec
l’arrivée sur le trône d’Angleterre de Guillaume d’Orange qui déclenche une
coalition contre Louis XIV. Des émissaires de Guillaume d’Orange prennent
contact avec les Vaudois en exil en Suisse et organisent en secret leur rentrée
au Piémont en 1689. Cet épisode est connu sous le nom de « Glorieuse rentrée ».
Ils ne sont que 900 hommes à regagner le Piémont à marches forcées par un
itinéraire peu fréquenté. Ils arrivent à Prali, dans
le val Germanisca où ils célèbrent leur premier culte
le 8 septembre 1689, conduit par Henri Arnaud. Par le serment de Sibaud du 11 septembre 1689, ils promettent de rester unis
et de continuer la lutte avec Arnaud comme chef militaire et religieux. Ils
vivent comme un miracle le fait d’échapper à l’armée française grâce au
brouillard. Quelques jours plus tard, Victor Amédée rompt son alliance avec la
France et s’allie avec l’Angleterre. Les Vaudois sont sauvés "Champs
herbeux" Le passage consacré aux barbes par Jean de Roma,
l'inquisiteur de Provence mort en 1533, dans son traité est précis. Les barbes sont
au nombre de 40 ou 42. Ils sont ignorants, n'ayant pas de lettres, et plutòt barbares. Ils exercent des arts mécaniques comme
merciers, tailleurs, cordonniers, forgerons, médecins, herboristes [comme Nostradamus], ou barbiere
chirurgiens. Ils sont appelés "barbes" en piémontais ou
"oncles" en francais. Ils prèchent de maison en maison, rassemblant les voisins, de
nuit et non de jour. Il leur est donné un viatique pour leur mission; les
barbes ont rassemblé cinq cents écus d'or en un an dans les diocèses d'Apt,
Cavaillon et Carpentras. Ils ne viennent jamais deux ans de suite dans la mème province pour ne pas étre être reconnus mais ils sont
mutés de province en province, ainsi, l'un parti d'une province, l'année
suivante un autre vient Un procès fut intenté en 1533 sur l'ordre du roi de
France contre Jean de Roma, inquisiteur, qui sans autorisation royale, exerça
ses sévices contre des sujets du roi, la plupart des faits se situant en 1532 On trouve dans un manuscrit conservé à Genève du XIIème siècle, parmi d'autres poèmes, l'Évangile des Quatre Semences (L'Avangeli de li quatre semencz), allégorie empreinte de douceur et de résignation mélancolique, il consiste en un double commentaire de l'Évangile du Semeur (Mt., 13, 2-23) et de celui du bon grain et de l'ivraie (Mt., 13, 24-30). Il occupe onze pages du manuscrit, et renferme 300 vers, divisés en 75 quatrains : Aquesta mala herba, semencza de tristicia, Ço son li filh fellon, plen de tota malicia; De persegre li just han mota cubiticia, Volent lor desviar la divina justicia. (Cette mauvaise herbe, semence de tristesse, / Ce sont les fils félons, pleins de toute malice; / De poursuivre les justes ont grande convoitise, / Veulent (voulant) eux dévier de la divine justice) (Antoine Monastier, Histoire de l'Église vaudoise, Tome 1, 1847 - books.google.fr). Parmi les écrits vaudois, il faut citer: «Le traité de l’Antéchrist» daté de » l'an 1120 (L'ami de la religion: journal ecclésiastique, politique et littéraire, Volume 122, 1844 - books.google.fr). Acrostiche : ADCM Les Chrestiens subrogez à tous les glorieux avantages et prérogatives des anciens Israélites, ou Sermon sur ces paroles de I. Pet. 2,9 ("Vous estes la génération esleue, la sacrificature royale, le peuple acquis, vous devez être aussi la nation sainte, afin d'annoncer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière"), fait au synode d'Ay (Champagne), par A. D. C. M. à C. et L.-P. 357-364. «L'Eglise d'Israel fit anciennement cette complainte par la bouche...» Fin: «Et leur donne tant pour symbole de leur adoption que pour gage et arre indubitable voire comme premices de l'héritage des Saints, qui est en la lumière» (Le Cabinet historique, Tome 8, 1862 - books.google.fr). Ay se trouve au Nord du Mont Aimé où furent brûlés en 1239 plus d'une centaine de Cathares que l'on a parfois confondus avec les Vaudois. En 1603, les prétendus réformés tinrent à Ay un synode, sous la présidence d'un célèbre ministre, de Pierre Dumoulin. Dans ce synode, entre autres résolutions, il fut adopté comme article de foi, que le pape Clément VIII était véritablement l'Antéchrist, «le fils de perdition marqué dans la parole de Dieu, et la bête vêtue d'écarlate que le seigneur déconfiera, comme il l'a promis et comme il l'annonce déjà , etc.» Ce décret du synode d'Ay ne fut pas du goût des plus sensés calvinistes. Le fameux marquis de Rosny (Maximilien de Béthune), ne put s'empêcher de dire que c'était l'œuvre de bigots. Il écrivit a l'assemblée pour l'engager à rétracter ce nouvel article, Mais l'assemblée eut d'autant moins d'égards à ses remontrances, qu'elle ne le regardait pas comme un homme fort dévot. Il ne le devint que sur la fin de ses jours. Le roi Henri IV lui-même s'intéressa à cette querelle. N'ayant pu rien gagner par la douceur, il ordonna la suppression de ce ridicule article de foi, que les bigots de la secte firent revivre au synode de la Rochelle en 1607 (Alexandre-Clément Boitel, Les beautés de l'histoire de la Champagne, 1868 - books.google.fr). Il y a eu au Synode d'Ay de 1615 une proposition de Pierre Du Moulin pour une confession commune entre Luthériens et Calvinistes (Jacques Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, Tome 2, 1740 - books.google.fr). Typologie Le report de 1778 sur la date pivot 1545 donne 1312. Dès l'an 1309 le Pape Clement V avoit indiqué un Concile général, qui devoit se tenir à Vienne en Dauphiné l'an 1311. Ce fut dans la feconde Seffion du Concile, tenue le 3 Avril 1312, que l'ordre des Templiers fut aboli, ce qui fe fit en préfence du Roi Philippe, qui avoit trop cette affaire à cœur ; fes trois fils Louis Roi de Navarre, Philippe & Charles fe trouverent à cette méme Seffion, aufsibien que Charles Comte de Poitiers frere du Roi. On décida enfuite quelques queftions de foi : les Begards & les Beguines, efpece de Fanatiques & de Vaudois, y furent condamnés. On y régla du moins pour quelques tems les mœurs du Clergé, tant féculier que régulier. Enfin on y revoqua la Bulle du Pape Boniface VIII. qui portoit trop loin les immunités Ecclésiastiques, & dans la troisieme & derniere Session du 6 Mai, on y ordonna la levée d'une décime pour la Croisade d'Outremer qu'on y avoit résolue (Nicolas Lenglet du Fresnoy, Plan de l'histoire générale et particulière de la monarchie française, Tome 2, 1753 - books.google.fr). Avec le XIVe siècle, l'histoire des Vaudois alpins devient plus mouvementée. Le premier supplice connu est celui, à Pignerol, d'une femme accusée de «valdésie» (1312). À partir de ce moment, la lutte devient sérieuse (Thomas De Cauzons, Les Vaudois et l'Inquisition, 2022 - books.google.fr). Pignerol, dans les Etats de Savoie, était la capitale de Philippe, fils du comte Thomas III, gardant le titre de Prince d'Achaïe qu'il avait cependant vendue à Charles d'Anjou roi de Sicile en 1307. XVIIIe siècle Comme en France encore, le premier tiers du XVIIIe siècle
reste théoriquement fidèle aux cadres répressifs vis à vis des protestants.
L'édit de 1730 reprend toutes les interdictions précédentes. En 1739, Turin
créait une œuvre royale des prêts [ &] au bénéfice
des catholiques et des catholicisés des vallées mixtes pour acquérir des
terres des vaudois et les céder à des catholiques : il s'agit en fait d'une
colonisation. En 1743 Charles-Emmanuel III fondait Ă Pignerol un hospice des
catéchumènes pour les Nouveaux Convertis, et en 1748 la ville était doté d'un
évêché. Le Chablais connaît ces mêmes achats de terre en faveur des catholiques
et les protestants s'en plaignent à Genève : la compagnie des pasteurs va alors
faire de la surenchère et acheter des propriétés en Savoie, mais à proximité de
Saint-Victor et Chapitre. On voit également des créanciers protestants de
Savoie obtenir le soutien de Genève pour racheter des biens de leurs débiteurs
savoyards catholiques (F. Clerc). Par ses finances comme par ses pasteurs,
Genève apparaît bien comme le protecteur le plus efficace des protestants du
Chablais. Malgré tout, les choses évoluaient. Des voix s'élevaient
pour faire remarquer que les vaudois avaient participé activement à la défense du
Piémont en 1706-1709. L'essor démographique et économique des vallées facilitait
une Ă©migration vers Turin, dont la capitale avait besoin, et le roi en premier
dans ses armées. On établit des régiments de vaudois, des troupes régulières ou
mercenaires, officiellement composées de suisses. Le Piémont pouvait accélérer
sa mutation vers un Etat militarisé, sorte de Prusse des Alpes où 1/10 des
hommes porte les armes. Pourtant les vallées conservaient ostensiblement leurs
liens avec l'Europe protestante, par la correspondance, l'accueil des voyageurs.
Dans son Histoire des Vaudois, J. Brez exalte la
tolérance et non plus l'esprit de résistance des vaudois contre le conformisme
local. En Chablais les lois ségrégationnistes étaient mal appliquées. Les bonnes relations de Turin avec Londres et Genève
permettent dès 1726 l'ouverture d'un temple protestant dans la capitale
piémontaise, au service d'une communauté d'environ 300 personnes (sur 65000
habitants), essentiellement suisse et vaudoise. Une génération après, ils sont
600. L'absolutisme éclairé des rois sardes, leur distance croissante avec
l'Eglise (laĂŻcisation de l'enseignement, recul du soutien aux missions) voire
leur anticléricalisme et la paix revenue après la dure occupation espagnole de
1742-1749 ne peuvent être que favorables aux protestants. Le traité
franco-genevois de 1749 sur le pays de Gex encourageait Turin Ă rouvrir le
dossier des échanges de terres. [...] On s'accorda sur un délai de tolérance de
25 ans. Ensuite, en 1779 donc, il faudrait soit se convertir au catholicisme soit
s'exiler (avec ses biens). Le temple de Bossey Ă©tait
maintenu, mais 4 étaient fermés (Chesne, Neydens, Ornex, Valeiry) et convertis
solennellement en églises en juillet 1755. Finalement, Victor-Amédée III rendit
en 1779 le temple de Bossey aux catholiques, mais il
renouvela la tolérance envers les protestants, aussi bien pour les "originaires"
que pour les immigrants de fraiche date. La tolérance ecclésiastique était
sauve, mais la tolérance civile était possible. En 1780, le curé de Carouge
demanda Ă Rome (et obtint) le droit de baptiser (protestant) des enfants de
protestants (E.Rabut). On connaît la volonté de Victor-Amédée III (1773-1796) de
créer fin XVIII° siècle une ville et un centre économique capable de rivaliser
avec Genève. La province de Carouge fut érigée en 1780 et le bourg devint une
ville en 1786. En 1783 le roi accordait Ă ses nouveaux sujets protestants de
Carouge la liberté de culte, étendue à des juifs alsaciens, puis à ceux de
Turin en 1787, avec autorisation pour une synagogue. Les protestants obtenaient
un état-civil auprès du curé, et la liberté de baptiser, marier, ensevelir
selon leur culte, hors de Carouge et à Genève en 1780, puis sur place à partir
de 1783 où un pasteur officia dans une maison privée jusqu'à l'invasion française
de 1792. La ville connut un essor rapide : 600 habitants en 1780, 4672 en 1792.
La proportion des protestants passa de 1/4 Ă 1/3 de la population (on compte 56
actes catholiques contre 14 protestants sur les registres paroissiaux de 1780
et 275 contre 96 en 1792). Les réformés étaient encore 1/3 de la population en
1805 |