Folie de
Ferdinand VI d’Espagne III, 68 1754-1755 Peuple sans
chef d’Espagne & d’Italie Morts,
profligés dedans le Cherronnesse : Leur duyct
trahi par legiere folie, Le sang nager par tout à la traverse. "Cherronnesse" «Cheronnez» et
«Cheronesse» sont volontairement ambigus. Les deux mots évoquent 1°) les
deux batailles de Chéronée qui ouvrent et ferment les temps hellénistiques :
la victoire de Philippe au IVe siècle et celle de Sylla sur les troupes de
Mithridate (en 87 avant J.-C.) ; 2°) la Chersonese Cymbrique ou Jutland. Cf.,
plus loin, l'importance future du Danemark, dont les souverains selins se
nommeront rois (Jean-Charles
Pichon, Nostradamus en clair, 1970 - www.google.fr/books/edition). En grec ancien, le terme Chersonèse, (Khersonêsos, de
khersos, «le continent» ; et nêsos, l'île) voulait dire «péninsule»,
«presqu'île». La Chersonèse Taurique est
aujourd'hui Crimée, où fut créé le royaume du Bosphore. La cité de
Chersonèse était située au sud de la Chersonèse Taurique (au nord de l'actuelle
SĂ©bastopol) (fr.wikipedia.org
- Chersonèse). Il y avait encore la Grande Chersonèse au Nord-Est de la
Cyrénaïque ; la petite Chersonèse près d'Alexandrie en Egypte ; la
ville de Chersonesos qui est Agosta en Sicile, etc. (A.
F. Demoustier, Manuel Lexique philologique, didactique et polytechnique, ou
dictionnaire portalif des sciences et des arts, 1844 -
www.google.fr/books/edition). L'an 339 a.C. fut
manifestement celui de la plus grande puissance du Second Royaume scythe. Mais
il marque le début de son déclin. Sa guerre contre Philippe de Macédoine, qui a
suscité un tel intérêt tant chez les Anciens (Trogue Pompée dans Justin,
IX, 1-9; IX, 2 1-16; IX, 3, 1-3; Eschine, Contre Ctésiphoti, 128; Strabon, VII,
3, 18; Plutarque, Aléas; Lucien, 10; Orose, III, 13, 4-7) que parmi les
chercheurs contemporains, se termina par la victoire du père d'Alexandre. Presque centenaire, Atéas périt au combat.
La période III couvre les IVe-IIIe siècles. Le Second
Royaume scythe atteignit son apogée au IVe siècle sous le roi Atéas. Selon
Strabon (VII,3,1 8), (le littoral septentrional de la
mer Noire). Dans l'histoire politique et sociale de cette Ă©poque, on observe
toute une série de phénomènes nouveaux qui se manifestent tant en politique
extérieure que dans la vie à l'intérieur du pays. D'après les sources écrites,
l'expansion du royaume scythe, au IVe comme au Ve siècle, se fit
essentiellement dans la direction occidentale. Entre autres causes,
l'affaiblissement, puis la chute du royaume des Odryses au milieu du IVe siècle
la favorisa. Il est manifeste que c'est précisément lors de cette expansion
qu'Atéas guerroya contre les Triballes (Polyen, Stratagèmes, VII, 44,1). L'activité
de ce roi puissant fit qu'une partie des Thraces fut soumise et nantie
d'obligations sĂ©vères que ClĂ©arque de Soloi (AthĂ©nĂ©e, XII, 2 7) comparait Ă
celle des esclaves. Sous Atéas, les Scythes s'affermirent en Dobroudja et
devinrent un facteur important sur la scène politique des Balkans. On note avec
intérêt, à cette époque, une augmentation de la population scythe, tant nomade
qu'agricole, dans la région du Dnestr. Au IVe siècle, sur ce territoire,
apparaissent de nouveaux établissements et de nouveaux gorodnce fortifiés, sur
les rives orientale et occidentale du fleuve. La sphère des intérêts majeurs
des Scythes passait, de toute évidence, vers l'Ouest, plus près des principaux
centres de la civilisation grecque (A.M. Khazanov,
M. Burda, Th. De Sonneville-David, Les Scythes et la civilisation antique.
Problèmes de contacts. In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 8, 1982 -
www.persee.fr). Après leur déroute face à Philippe II sur le Danube, assaillis de toutes parts, les Scythes royaux se retranchent dans la presqu'île de Crimée et créent une nouvelle ville, Neapolis (Santiago Juan-Galan, Terra Barda, Tome 1 : Les Indo-européens, 2010 - www.google.fr/books/edition). La bataille de
Chéronée est une bataille ayant opposé en Béotie, le 2 août 338 av. J.-C.,
Philippe II à une coalition de cités grecques menée par Athènes et Thèbes.
Remportée par l'armée macédonienne, cette bataille consacre la domination
macédonienne sur la péninsule grecque (fr.wikipedia.org
- Bataille de Chéronée (338 av. J.-C.)). Espagne et Italie Les plus anciens Habitans après les Cyclopes, étoient les Sicanes, qui, au rapport de Diodore, se disoient originaires de l'Ile. Mais Thucydide, Denys d'Halycarnasse, Philiste cité par Diodore, Solin, & le poete Silius nous apprennent qu'ils vinrent d'une Contrée en Espagne, arrosée par le Sicanus, que Servius, sur d'assez foibles fondemens, prend pour le Ségro. Quelques Ecrivains prétendent qu'on les appelloit Sicani d'après le Fleuve Sicanus ; d'autres, qu'ils prirent le nom du Chef qui les mena en Sicile, & qu'ils donnérent leur nom à l'Ile, qui s'appelloit auparavant Tinacrie. Diodore est de sentiment que les Sicanes ont été les premiers habitans de la Sicile, & s'appuye à cet égard de l'autorité de Timée, qui, dans son Histoire de Sicile, a remonté jusqu'aux tems les plus reculés. Suivant cet ancien Auteur, les Sicanes furent au commencement en possession de toute l'Ile, & cultivérent le Pays alentour du Mont Etna, cet endroit étant plus fertile que les autres. Ils bâtirent un grand nombre de petites Villes & de Villages sur les hauteurs, pour se garantir des Voleurs & des Brigands; & n'obéissoient pas tous à un même Prince, mais chaque Ville ou District avoit son Prince particulier. Ils continuérent à vivre de cette manière, jusqu'à ce que l'Etna commença à vomir des flammes, & à rendre le Pays d'alentour inhabitable. Dans cette extrémité, ils abandonnérent leurs anciennes demeures, & se retirérent vers la partie la plus Occidentale de l'Ile, où ils étoient encore du tems de Thucydide. Quelques Troyens, après la destruction de leur Ville, étant venus en Sicile, s'établirent parmi les Sicanes, bâtirent les Villes d'Eryx & d'Egeste, & devinrent un même Peuple avec les anciens habitans, prenant le nom général d'Elymi ou d'Elymæi. Ils furent joints dans la suite par quelques Phocéens, qui vinrent s'y établir à leur retour du siège de Troye. Les Sicules, ou Siciliens proprement dits, passèrent en Sicile après que les Sicanes eurent été tranquilles possesseurs de cette Ile durant plusieurs siècles. Ils étoient, au rapport d'Hellanicus de Lesbos, les anciens habitans de l'Ausonie proprement ainsi nommée; mais ayant été chassés par les Opici, ils se réfugiérent en Sicile, & s'y établirent dans les endroits mêmes que les Sicanes avoient abandonnés. Peu contens des étroites limites où les Sicanes prétendoient les renfermer, ils s'étendirent peu à peu aux dépens de leurs Voisins. Cette espèce d'invasion donna bientôt lieu à une sanglante bataille, dans laquelle les Sicanes furent entièrement défaits, & obligés à se retirer dans un coin de l'Ile. Les Sicules, se voyant alors maîtres de la plus grande partie du Pays, changerent l'ancien nom de Sicanie en celui de Sicile. Philiste, cité par Denys d'Halicarnasse, nous apprend que les Sicules étoient originairement Liguriens, & qu'ils s'opposérent à Hercule, quand, à son retour d'Espagne, il voulut passer les Alpes pour se rendre de Gaule en Italie (Histoire Universelle, Depuis Le Commencement Du Monde, Jusqu'A Present, Tome 5, 1744 - books.google.fr). "Sans chef" Quelques Auteurs prétendent, non sans fondement, que les
Lestrigons & les Sicanes Ă©toient un seul & mĂŞme peuple de Sicile. Pour ce qui est des Sicanes, ils avoient au
commencement autant de Rois que de Villes, mais ils furent assujettis dans la
suite à un seul Prince. L'Histoire n'a conservé le souvenir que de deux de
leurs Rois, nommés Cocalus & Teutus. Tout ce que nous savons du dernier,
est que de son tems les Sicanes, n'Ă©tant pas d'accord entre eux, furent
subjugués par Phalaris Tyran d'Agrigente, & que Teutus lui-même fut pris
par trahison dans sa Capitale (Histoire
Universelle, Depuis Le Commencement Du Monde, Jusqu'A Present, Tome 5, 1744 -
books.google.fr). "Syracuse" Les mêmes troupes & le même Général (Timoléon), qui délivra depuis Syracuse (en 340 av. J.C.), & vainquit Carthage étoient dans Corinthe, lorsque les Corinthiens faisoient de vains efforts contre Philippe (Claude Matthieu Olivier, Histoire de Philippe, roi de Macedoine et pere D'Alexandre Le Grand. Par M. Olivier, de l'Académie des Belles-Lettres de Marseille, Tome 2, 1760 - books.google.fr, Pierre Carlier, Le Quatrième Siècle grec, jusqu'à la mort d'Alexandre, 2014 - www.google.fr/books/edition). Timoleon, après
avoir comme ressuscité Syracuse, entreprit d'affranchir toute la Sicile, &
d'extirper les Tyrans & la Tyrannie dans les autres Villes. Il commença
par Icetas Tyran de LĂ©onte, qu'il obligea de renoncer Ă l'alliance des
Carthaginois, à raser ses Forteresses, & à abdiquer la Souveraineté.
Leprine, Tyran d'Apollonie & d'Engye, après avoir essuyé un siège, se
rendit au Vainqueur, qui lui laissa la vie, & l'envoya avec plusieurs
autres Tyrans à Corinthe, où il vécut comme un simple particulier. Il s'empara
dans la suite d'Entelle, & fit mettre Ă mort tous les partisans des
Carthaginois. Le bruit de ses victoires s'étant répandu dans toute la Sicile,
Toutes les Villes Grecques de l'Ile se soumirent Ă lui, & furent remises en
possession de leurs privilèges. Plusieurs autres Villes des Sicanes & des
Sicules, sujettes aux Carthaginois, lui envoyérent des Ambassadeurs, pour
demander à être admises au nombre de les Alliés. Timoléon, après avoir ainsi nettoyé la Sicile des Tyrans qui la tenoient sous le joug, & avoir rendu la liberté à toute l'Ile, retourna à Syracuse, où conjointement avec Céphale & Denys, deux Législateurs que les Corinthiens lui avoient envoyés, il établit les Loix propres à un Gouvernement Démocratique. Parmi plusieurs autres sages institutions, il créa un premier Magistrat annuel, que les Syracusains appelloient l'Amphipole de Jupiter Olympien. Le premier de ces Amphipoles se nommoit Callimène. De puis ce tems les Syracusains comptèrent leurs années par la date du gouvernement de ces Magistrats; & cette coutume étoit encore en usage du tems de Diodore de Sicile, c'est-à -dire, sous le Règne d'Auguste, trois cens ans après l'institution de la Charge dont il s'agit (Histoire Universelle, Depuis Le Commencement Du Monde, Jusqu'A Present, Tome 5, 1744 - books.google.fr). Typologie Le report de 1755 sur la date pivot -339 donne -2433. Après la mort de Salé, fils d'Arphaxad, et avant la
naissance de Sarug (Lenglet
Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers.,
sacrĂ©e et proph., ecclĂ©siast. et civile, depuis la crĂ©ation du monde, jusqu'Ă
l'an 1762, 1763 - books.google.fr). Barbarisme, est une des quatre espèces de sectes, ou
d’hérésies, d’où les autres se sont formées. Le
barbarisme ne s’est trouvé que parmi les hommes qui ont vécu sans société, sans
composer une Eglise, ni un corps politique. Voyez S. Jean Damascène, qui dit
que le barbarisme a duré depuis Adam jusqu’à Noé, qui est le temps où les
hommes ont vécu dans une entière indépendance & dans une pleine liberté ;
c’est cet état d’indépendance & de liberté qui est marqué par le nom de
barbarisme ; soit que ceux qui vivoient ainsi dans les premiers temps, &
avant Noé, reconnussent & adorassent le vrai Dieu, soit qu’ils fussent
idolâtres. D’autres disent que le
barbarisme, qu’ils appellent aussi Scythisme, est l’athéisme, ou l’erreur de
ceux qui, selon le Psalmiste, disent dans leur cœur, il n’y a
point de Dieu. Quelques Anciens, selon S. Epiphane, disoient que le barbarisme
avoit précédé le déluge, & que le Scythisme avoit regné depuis le déluge,
jusqu’à Sarug, où l’Hellénisme avoit commencé. Mais 1°. Epiphane ne dit
point que ces Barbares avant le déluge, & ces Scythes d’avant Sarug,
n’eussent point de connoissance de Dieu. 2°. Toute la distinction de ces sectes
est vaine. Elle n’a d’autre fondement que l’onzième verset du ch. 3, de
l’Epître aux Colossiens, où S. Paul dit, où il n’y a point de Gentil & de
Juif, de circoncis & d’incirconcis, de Barbare & de Scythe, d’esclave
& de libre. Mais S. Paul ne prétend point par ces mots marquer différentes
sectes, ou opinions de Dieu ; mais seulement nous apprendre que tout homme
étoit également appelé & reçu, s’il vouloit, au christianisme, sans
distinction de nation ou de condition, & que les Juifs n’avoient point de
privilége en cela plus que le Gentil, le Barbare, le Scythe & le Grec, le
libre plus que l’esclave (Dictionnaire
de Trévoux, 1771 - fr.wikisource.org). Les Grecs font
descendre les Scythes, dont ils étaient voisins, de Scythès, fils d'Hercule, et
d'un monstre à queue de serpent. Une chronologie plus rapprochée leur donne
des rois déjà fameux du temps d'Abraham. Depuis cette époque jusqu'à Alexandre,
il n'est fait mention dans l'histoire que de quelques rois, dont la succession
n'est pas suivie. On n'en sait guère que les noms (Cours
élémentaire d'histoire universelle redigé sur un nouveau plan, ou lettres de
Mme d'Ivry à sa fille, Tome second, 1809 - books.google.fr). On trouve la déification de Pylade et Oreste par les
Scythes dans le Toxaris de Lucien de Samosate qui s'insère pour son contenu
(les louanges de l'amitié) dans la tradition à laquelle se rattache l'œuvre de
Louise Labé (Enzo
Guidici, Oeuvres complètes de Louise LabĂ©, 1981 - books.google.fr). C'est d'ailleurs un fait que la guerre est favorable Ă
l'éclosion de l'amitié, et les Scythes vivent dans «des guerres perpétuelles».
Ils ont institué l'amitié comme moyen de défense; ils s'en font dans les
batailles «une arme invincible» (XXXVI). L'amitié est en outre chez eux un
objet de vénération et de culte. Ils ont élevé un temple à Oreste et à Pylade,
et leur offrent des sacrifices; ils leur pardonnent d'avoir envahi leur pays,
pillé et massacré leur roi, et ils honorent en eux «les génies tutélaires de
l'amitié». S'ils sont battus à la guerre, mais qu'il se produise dans leurs
rangs quelque beau trait d'amitié, ils se consolent de leur défaite (XLI). Ils
comblent d'honneur les amis illustres, les nourrissent aux frais de l'État
(XLI) et les ensevelissent dans le même tombeau (XLIII). Chez eux, l'amitié est
un pacte qui se conclut suivant un rite barbare. Les amis font le serment de
vivre toujours ensemble, et de mourir, s'il le faut, l'un pour l'autre. On
procède ainsi. Après s'être incisé ensemble le bout des doigts, on en fait
couler le sang dans un vase; chacun y trempe la pointe de son épée, et tous
deux, penchés sur le vase, boivent le sang qu'il contient. A partir de ce
moment, rien ne doit plus les séparer (XXXVII) (Ludovic
Dugas, L'amitié antique d'après les moeurs populaires et les théories des
philosophes, 1894 - books.google.fr). Folie d’Espagne Le roi d’Espagne Ferdinand VI (1713-1759), petit-fils de Louis XIV et dominé par sa femme Marie-Thérèse Barbara de Portugal, se laissait distraire de sa perpétuelle mélancolie (« légère folie ») par le chanteur Farinelli. Il devint complètement fou à la mort de sa femme, laissant l’Espagne sans chef. Naples et Sicile (« Italie ») étaient passés aux mains des Bourbons espagnols en 1738. « Cherronnesse » est une transcription de Chersonèse qui signifie « presqu’île » et qui peut désigner le rocher de Gibraltar conquis par les Anglais en 1704 et qui leur est reconnu par différents traités dont celui de Paris en 1763. En 1724, déprimé, Philippe V abdiqua au profit de son
fils Louis, mais reprit finalement le pouvoir sept mois plus tard Ă la mort de
ce dernier. Atteint par des crises de folie, il mourut en 1746, en laissant une
nouvelle dynastie dont les descendants sont toujours rois d'Espagne (Jean-Philippe
Cénat, Louis XIV, 2012 - books.google.fr). Il s'agit bien d'une maladie héréditaire – plus sûrement
transmise par les Wittelsbach que par les Bourbons ou les Savoie – car
Ferdinand VI, qui va régner treize ans de 1746 à 1759, connaît à son tour, dans
l'année où il survit à son épouse, Barbara de Bragance, des accès de folie
furieuse (Philippe
Nourry, Histoire de l'Espagne: Des origines Ă nos jours, 2019 - books.google.fr). "Ă la
traverse" Oreste fut joué
à Paris, pour la première fois, le 12 janvier 1750. Voltaire y assista en loge
grillée. La pièce avait été lue en novembre 1749, chez le comte d'Argental. A
la première représentation, un récit fait par Mlle Gaussin choqua les
spectateurs, qui le trouvaient déplacé dans la bouche d'une femme, et la
représentation ne fut achevée qu'avec peine. Voltaire, rentré chez lui, s'occupa
de faire un nouveau cinquième acte. Il changea le récit, fit quelques
corrections dans les premiers actes; tout Ă©tait fini Ă minuit. Les rĂ´les furent
bientôt remis aux acteurs, et la seconde représentation eut lieu le 19 avec des
changements; ce qui dérouta les ennemis de l'auteur. Cependant sa tragédie
n'eut que neuf représentation. Remis au théâtre en 1762, Oreste obtint un succès complet, grâce surtout à la manière
supérieure dont Me Clairon interpreta alors le rôle d'Électre. Cette tragédie
disparut ensuite de la scène pendant plus de vingt ans. Mme Vestris, qui
remplaça M'le Clairon, fit de vains efforts pour obtenir qu'on reprit cette
pièce. Brizard, qui avait un rôle brillant dans Palamède (d'Électre) et un
médiocre dans Pammène (d'Oreste), écarta obstinément la reprise d'Oreste.
Oreste toutefois fut joué pour quelques débuts, entre autres pour celui de Mlle
Raucourt, et toujours avec succès. L'œuvre de Voltaire eut, comme la plupart de
ses pièces, une sorte de renouveau après la Révolution. «L'effet du théâtre,
dit Laharpe, a confirmé par degrés une justice d'abord refusée; et, dans les
dernières représentations d'Oreste,
toutes les beautés en ont été vivement senties, et l'impression en a été
beaucoup plus grande que n'est depuis longtemps celle d'Électre.» (OEuvres
complètes de Voltaire, Tome 5 : Théâtre, 1877 - books.google.fr). Vous me demandez la
différence de l'Oreste de la seconde représentation à celui de la première :
quelques longueurs de moins & un récit de plus, la voilà toute. Le récit
m'a paru beau & bien fait ; mais il jette un nouveau ridicule sur le
dénouëment, qui n'en avoit que faire. On vient nous annoncer Oreste vainqueur,
reconnu du Peuple, & n'ayant plus rien à craindre, A peine délivré du
fer d'un ennemi C'est un Roi
triomphant sur son trĂ´ne affermi, OĂą Ă©toit donc la
difficulté d'immoler Egisthe sans tuer Clytemnestre ? Mais il la falloit tuer cette Clytemnestre : on la laisse donc
adroitement en pleine liberté, afin qu'au moment du fer levé sur le Tyran, elle
puisse se jetter Ă la traverse, & que tous deux du mĂŞme coup... Oui,
MONSIEUR, tous deux du même coup ; l'épée étoit longue ; ne les
voyez-vous pas l'un & l'autre entre la garde & la pointe ? On
assure cependant qu'à la troisiéme représentation ils recevront chacun leur
coup Ă part. Mais soit en un coup, soit en deux, que deviendra Oreste qui les a
frappés ? Où fuira le meurtrier de sa mère ? Où l'entraîneront les
furies ? Eh parbleu, il s'en ira en Tauride; les Dieux ne l'y avoient-ils
pas exilé d'avance ? Il se le rappellera tout à propos; voilà son ami
Pylade qui s'offre Ă le suivre ; ils nous font leurs adieux, ils partent.
Ce projet de voyage n'est-il pas bien trouvé pour fermer la scène. P.S. On avoit mis,
je ne sçais pour quoi, sur les billets de parter, les lettres initiales de ce
vers d'Horace Omne tulit punctum
qui miscuit utile dulcis : O. T. P. / Q. / M. U. D. Ceux qui ne sçavent
pas le Latin ont prétendu que cela vouloit dire, Oreste, Tragédie Pitoyable,
Que Mr. Voltaire Donne (Les
cinq années litteraires ou lettres de M. Clément, sur les ouvrages de
littérature qui on paru dans les années 1748, 1749, 1750, 1751 & 1752, Tome
1, 1755 - books.google.fr). "légère
folie" Vous ĂŞtes sage ?
vous ? Si vous preniez des pierres pour les
jetter aux passans ; si vous faisiez pendre aujourd'hui un esclave que vous
avez payé hier de votre argent, tout le monde diroit que vous avez le cerveau
troublé : lorsque vous écranglez votre femme, que vous empoisonnez votre
mere, pouvez-vous dire: que vous l'avez fait ? Il est vrai que vous ne le
faites point Ă Argos, ni avec le fer Oreste, quand il tua sa mere. Mais
croyez-vous que les fureurs d'Oreste n'aient commencé qu'après son parricide ?
C'est tout le contraire : depuis
qu'il eut plongé le poignard dans le sein de sa mere il n'a rien fait dont vous
puissiez le blâmer. A-t-il percé son ami Pilade, ou sa soeur Electre ? Il
leur a dit seulement quelques injures ; Ă sa soeur, qu'elle Ă©toit une des
Furies ; à Pilade, quelqu'autre chose que lui inspiroit sa phrénésie:
c'est tout ce qu'il a fait (Les
Poësies D'Horace, Tome 2, traduit par Charles Batteux, 1750 - books.google.fr). Voltaire fait honneur, nous l'avons dit, à la discipline
littéraire des jésuites : il a docilement saisi et conservé le sens de
leur enseignement; mais, docile à l'excès sur ce point, il n'en a pas comblé
les lacunes. Les humanités ne lui ont pas donné la connaissance intime de
l'antique; l'âme grecque surtout et cette «aimable simplicité du monde
naissant», si profondément ressentie par Fénelon, lui sont à peu près demeurées
lettre close. Racine en avait fait connaissance Ă Port-Royal; Ă Louis-le-Grand
on ne pénétrait pas jusqu'à ces sources vives. On y enseignait du moins, par le
moyen des meilleures Ĺ“uvres latines, beaucoup plus voisines de nous, l'art de
composer, d'exprimer des pensées justes avec sobriété, concision, finesse, des
sentiments délicats sans enflure et sans diffusion : c'est de Virgile et
d'Horace que Voltaire a tiré de la perfection antique une idée très accessible
à l'esprit d'un moderne et immédiatement applicable à son usage. C'est à cette
perfection de forme et de goût que se borne aux yeux de Voltaire la supériorité
des anciens. Pour la pensée il est bien de son temps ; il ne s'est pas rendu
compte de l'infidélité qu'il commettait envers l'Enéide en la prenant pour
modèle de sa Henriade, et l'on connaît l'exclamation naïve qui lui échappa
pendant la représentation de son Oreste : «Courage, Athéniens ! C'est du
Sophocle.» Sur Homère, il était, au fond, du parti de Lamotte, avec un peu
moins d'irrévérence et un peu plus de tact naturel. Les purs chefs-d’œuvre de
la primitive antiquité ne lui ont jamais révélé leurs mystères; il ne les
entrevoit qu'à travers le siècle d'Auguste et celui de Louis XIV. Il consent
que la Grèce soit la patrie du Goût (qu'il ne distingue pas du Beau), mais il
n'en met pas l'âge d'or à l'origine : la grande époque des arts et des lettres,
c'est à son avis celle dont il a vu la fin, c'est le dix-septième siècle (L.
Brunel, Extraits en prose de Voltaire, 1895 - books.google.fr). Statues Athéas, qui vivait du temps de Philippe, roi de Macédoine,
trompa ce monarque, le plus habile des princes de son temps. Il obtint de lui
un secours considérable contre une invasion dont il était menacé; et quand ses
ennemis, effrayés par les préparatifs de Philippe se furent retirés, il
l'envoya remercier, et prétendit ne lui devoir aucun dédommagement pour ses
préparatifs, puisqu'on n'avait pas fait la guerre. Les deux princes alors
combattirent de ruse. Philippe fit savoir à Athéas qu'il avait fait vœu
d'ériger une statue d'Hercule sur le bord de l'Ister, opposé à ses états, et
qu'il désirait la poser lui-même. Athéas pénétra son motif, lui fit dire
d'envoyer la statue, qu'il se chargeait de la consacrer et de veiller Ă sa
sûreté. Philippe prit un autre moyen d'entrer dans les étals du roi scythe, et
remporta sur lui une grande victoire, emmena vingt hommes prisonniers, un grand
nombre de femmes encore et d'enfans, un nombre prodigieux de bestiaux, et vingt
mille des plus belles cavales. On remarque que dans le butin il ne se trouva ni
or, ni argent, ni bijoux, preuve de la pauvreté et de la simplicité que les
Scythes conservaient. Après cette défaite, on ne les voit plus guère figurer
dans l'histoire comme corps de nation; on ne parle plus de leurs rois ; mais
nous reverrons ces peuples se faire redouter sous d'autres noms (Cours
élémentaire d'histoire universelle redigé sur un nouveau plan, ou lettres de
Mme d'Ivry à sa fille, Tome second, 1809 - books.google.fr). Après le meurtre de sa mère et son acquittement par
l'ArĂ©opage, pour Ă©chapper aux Érinyes, Oreste doit, selon l'oracle d'Apollon Ă
Delphes, ramener de Tauride sa sœur Iphigénie, ainsi qu'une statue d'Artémis
emportée lors de l'enlèvement. Plusieurs villes se disputaient l'honneur de
posséder l'idole dérobée par Oreste. Les Athéniens reconnaissaient l'Artémis
Taurique dans la déesse qu'ils honoraient à l'Acropole sous le nom d'Artémis
Tauropolos. L'endroit nommé Limnæum était consacré à Artémis Orthia : les
Lacédémoniens disent que sa statue en bois est celle qu'Oreste et Iphigénie
enlevèrent de la Tauride, et qui fut apportée dans leur pays par Oreste, qui en
Ă©tait roi. Acrostriche : PMLL S. PM(avec tilde)LL :
abréviation en rapport avec Saint Pierre de Varengeville (Bernard
de Montfaucon, Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova, Tome 2, 1739 -
books.google.fr, Dictionnaire
topographique de Seine Maritime, 1921 - doczz.fr). Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, né le 2 septembre
1693 Ă Rouen et mort le 5 mars 1776 Ă Paris, est un magistrat, bibliophile et
homme de lettres français, cofondateur de l’Académie de Rouen. Il se fait
construire le château de Launay, à Saint-Paër contiguë au Nord-Ouest de Saint
Pierre. Condisciple de Voltaire au collège Louis-le-Grand, il sera, de l’aveu
de ce dernier, son ami plus de cinquante ans. Faisant grand cas de son
jugement, celui-ci n’hésitait pas à soumettre ses écrits à son jugement.
Voltaire est même venu chercher refuge chez lui en 1730 alors qu’il était
poursuivi pour certaines de ses œuvres. Il aurait écrit Éryphile et la Mort de
César lors de ce séjour en Normandie. La correspondance de cette figure majeure
des Lumières en province, avec Voltaire constitue une mine pour les
spécialistes de cette époque (fr.wikipedia.org-
Pierre-Robert Le Cornier de Cideville). Lettre de Voltaire du 1757 A M. DE CIDEVILLE. Aux
Délices, près du lac de Genève, 15 juillet. Mon
cher et ancien ami, j'ai l'air bien paresseux ; je ne vous ai point remercié de la belle exposition de la tragédie d'Iphigénie
en Tauride, que vous m'avez envoyée. De maudites occupations que je me suis
faites emportent tout le temps. On sort fatigué de son
travail; on dit, j'écrirai demain : la mauvaise santé vient encore affaiblir
les bonnes résolutions, et on croupit long-temps dans son péché. C'est là la
confession de l'ermite des Délices. Je vous crois à présent dans vos Délices de
Normandie, vers les bords de votre Seine ! Vous y jugerez la famille
d'Agamemnon Ă la lecture, vous verrez si les vers sont bien faits, si on les
retient aisément, si l'ouvrage se fait relire : car c'est là le grand point,
sans lequel il n'y a pas de salut (Oeuvres
de Voltaire: avec préfaces, avertissements notes, etc, Tome 57, 1832 -
books.google.fr). Musique Iphigénie en
Tauride est une tragédie en musique en cinq actes et un prologue, commencée
par Henry Desmarest (1662 - 1741), aux environs de 1696, sur un texte de
Joseph-François Duché de Vancy. Obligé de quitter la France pour la Belgique,
puis l’Espagne, il laissa l’oeuvre inachevée. Il fut nommé surintendant de la
musique du nouveau roi d'Espagne Philippe V de Bourbon, père de Ferdinand VI. L’ouvrage
fut achevĂ© par AndrĂ© Campra avec le concours d’Antoine Danchet. Il fut crĂ©Ă© Ă
l’Académie royale de musique, le 6 mai 1704, et accueillie froidement. Elle fut
reprise le 12 mars 1711, avec succès (operabaroque.fr, Michel
Brenet, Henri Desmarets, Le MĂ©nestrel: journal de musique, 1882 -
books.google.fr). Dans une de ses lettres, l’abbé Le Blanc mentionne la présence de Farinelli à Londres : Comme je n'ai aucunes nouvelles à vous mander, & que
je ne suis pas de ceux qui s'amusent Ă en faire, un article d'un des derniers
Papiers Publics que je viens de lire, fera le sujet de ma Lettre, c'est une
description bizarre d'un Etre à la vérité assez singulier, & que les
Anglois appellent Fox-Hunter. L'Auteur lui-mĂŞme va vous mettre tout de suite au
fait : "[...] Quoique les Fox-Hunters manquent absolument
d'esprit, il s'en trouve néantmoins qui s'en piquent. On peut juger du leur par
ce trait. Un d'entre eux que je connois beaucoup, répondit un jour à sa Soeur
qui l'invitoit de venir Ă Londres pour y entendre Farinelli : Ma Soeur, je ne
donnerois pas un sol pour entendre votre Farinelli & tout votre Opéra
Italien. J'ai ici vingt voix avec lesquelles je fais chorus, & que je fais
chanter tantĂ´t dans les bois, & tantĂ´t dans les plaines, & c'est la
seule Musique dont je fasse cas. On ne finiroit pas si l'on vouloir décrire
toutes les singularités du Fox-Hunter : les traits qu'on en a rapportés
suffisent pour en faire le Portrait." [...] C'est ainsi qu'Athéas, Roi des Tartares, ayant fait Prisonnier de Guerre Isménias, excellent Joueur de Flûte, après l'avoir fait jouer devant lui, dit à ceux qui l'admiroient, qu'il prenoit plus de plaisir à ouir un Cheval hennir. Plutarque, Dits notables des Anciens Rois (Lettres de Monsieur l'Abbé Le Blanc, historiographe des bastimens du roi, Tome 2, 1751 - books.google.fr). |