Stérilité du
mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette III, 91 1771-1772 L’arbre
qu’avoit par long temps mort seché, Dans une nuit
viendra Ă reverdir : Cron. Roy
malade, prince pied estaché, Craint
d’ennemis, fera voile bondir. Le futur Louis XVI se marie avec Marie-Antoinette d’Autriche en 1770 et n’aura pas d’enfant avant 1778 (« viendra à reverdir »). « Les mois passent, le dauphin promet et recule toujours […] Les médecins se tiennent pour assurés que seul le défaut de volonté donne lieu à une situation si étrange [1] » (« prince pied estaché », estaché pour attaché : empêché dans ses mouvements). Le règne de Louis XVI est
embelli par le succès de la guerre d’indépendance américaine qui voit des
soldats français traverser l’Atlantique (« voile bondir »). "Cron" : Kronos Athéna est censée avoir porté à Delphes le coeur du premier Dionysos, mais ce qu'on y montrait n'était pas son coeur (qui aurait été placé dans la poitrine d'une statue de Dionysos). C'était un simulacre fait en bois de figuier de son phallos, exhibé dans un van. Athéna, verge ou prépuce de El-Kronos : Le récit suivant, d'ailleurs fort embrouillé, est cité par Eusébe, d'après Phylon de Byblos, qui prétend reproduire l'ouvrage d'un ancien sage nommé
Sanchuniathon. Le récit propose un syncrétisme fort naïf de la mythologie «phénicienne» et de la mythologie grecque. La nature traditionnelle ou le caractère improvisé du récit
sont sans importance. Tout ce qui compte c'est qu'un personnage nommé Phylon a pu écrire ce qu'il avait écrit, car seul le contenu latent du récit importe ici.
El-Kronos a détrôné et châtré son père, le Ciel (Ouranos). Se méfiant ensuite de «son» fils Sadidos, il le tue par le fer. Un peu plus tard, il décapite aussi sa
fille. Plus tard, diverses calamités naturelles incitent El-Kronos à sacrifier à son père châtré – au Ciel (Ouranos) son «unique fils légitime», en le brûlant.
Puis, apparemment. toujours au cours du même sacrifice, il se circoncit et oblige ses associés, les autres dieux, à en faire autant. Or, la phrase qui décrit
ces derniers événements raconte d'abord qu'El-Kronos confia l'Attique à Athéna et puis, de façon inattendue, parle des
calamités naturelles et des sacrifices expiatoires qui en découlèrent. Je signale aussi que la mère de Sadidos – dont on ne nous dit pas qu'il soit un bâtard —
n'est pas nommée, et que le nom de l'unique fils «légitime» d'El-Kronos ne nous a pas été transmis non plus. Sadidos et le fils «légitime» d'El-Kronos
sont donc probablement une seule et même personne. Cela impliquerait, bien entendu, que Phylon ait raconté le même événement deux fois, sans se rendre compte
que Sadidos, «tué par le fer» et le fils légitime brûlé ne font qu'un. Les motivations des deux mises à mort sont d'ailleurs assez semblables
1) Peu après avoir châtré son père, El-Kronos «se méfie» de son propre fils et le tue par le fer ; ensuite il fait décapiter sa fille.
2) Réagissant à des calamités naturelles (sécheresse, etc.) qui paraissent être d'origine céleste, El-Kronos offre un sacrifice au Ciel,
son père châtré : il brûle son unique fils «légitime» et se circoncit. Les deux récits «diffèrent» par un seul détail : 1) Premier récit : Pour une
raison inconnue El-Kronos décapite aussi sa fille. 2) Deuxième récit : Il se circoncit et oblige les autres dieux à se circoncire également.
A mon avis, cette «différence» est, en réalité, une similarité. La décapitation de la fille et l'autocirconcision d'El-Kronos sont des
«doublets», car je mentionne ailleurs l'équation symbolique : fille = phallos (de son père ou de son partenaire sexuel) (George Devereux, Femme et mythe, 1982
- books.google.fr). Phéniciens et Egyptiens ont sûrement connu et pratiqué de longue date le rite de la circoncision. Pour ce qui est des Phéniciens, Sanchoniathon rapporte que
cette coutume fut introduite chez eux par le dieu Kronos lui-même, en l'honneur de son père Ouranos (fragm. 36). Quant aux Egyptiens, il suffit de rappeler qu'un
bas-relief représentant l'opération en question exécutée sur deux jeunes garçons a été trouvé dans le temple de Karnak et que la plupart des corps momifiés découverts
en Egypte l'avaient subie, eux aussi. Du reste, Hérodote atteste que, de son temps, le rite était pratiqué en Egypte et en Phénicie, comme en Colchide et chez les
Syriens de Palestine, c'est-à -dire chez les Juifs (II, 104). Cet usage était, selon lui, si foncièrement égyptien qu'il admet que Phéniciens et Palestiniens l'ont emprunté
à leurs voisins des bords du Nil. Et l'on sait que les Israélites eux-mêmes, d'après l'une de leurs propres traditions, présentaient cette institution comme ayant été
introduite chez eux par Josué afin d 'échapper à l'opprobre, c'est-à -dire aux insultes et aux railleries, des Égyptiens (Josué, 5, 9) (Adolphe Lods, Notes sur deux croyances hébraïques relatives à la mort et à ce qui la suit : le sort des incirconcis dans l'au-delà et la victoire sur Léviatan. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 87? année, N. 2, 1943
- www.persee.fr). Nostradamus et figuier Nostradamus avait adapté une fable chez Horapôpllon (II, 77), à propos du figuier sauvage qui serait capable de calmer le taureau impétueux. Plusieurs siècles auparavant, à un détail anatomique près, une fable analogue était déjà rapportée par Pline (XXIII, 64) : «Caprecus touron quamlibet feroces collo eorum circumdata in tantum mirabili natura compescit, ut immobiles praestet : Un figuier lié au cou d'un taureau, aussi indompté qu'il soit, retient sa férocité par une vertu merveilleuse, et le rend immobile» (ed. 1539, p. 431 ; ed. 1553, p. 437; ed. 1850, p. 125), ou par Plutarque 169 (Symposiaques, II, 7 [641c]) «qu'en Taureau sauuage, quelque eschauffé & esmeu qu'il soit, s'appaise & s'adoucit aussitost que Ion l'attache à un figuier» (ed. Froben, Basileae, 1542, p. 679 ; trad. Amyot, cd. 1618), et plus tard par d'Isidore de Séville (Etym., XVII, 7, 17) : « Tauros quoque ferocissimos ad fici arborem conligatos repente mansuescere dicunt on dit que les taureaux les plus farouches se calment si on les attache à un figuier » (ed. Venedig, 1483, p. 86 — erreur de pagination). Lecteur des précédents, Rabelais connaissait aussi la fable (Quart Livre, LXII; ed. 1552) : «les Taureaux furieux & forcenez approchans des figuiers saulvaiges dicta Caprifices se apprivoisent, & restent come grampes & immobiles». Mais l'auteur des Notes hieroglyphiques avait probablement compris autrement, et corrigé à sa façon : Comment ilz signifioient l'homme chastie par sa derniere calamite. Quant ilz vouloient par notes incogneues Chastie l'homme par ses calamites Signifier que luy sont survenues Dernièrement par grande adversites Le taureau paignent par telz diversites Et estache a ung figuier saulvaige La plus a brayre le taureau ne faict raige Ou si ont le lie dune branche possible Sa fureur brave s'exempte de damnaige Et soy vient rendre doux humain et paisible. Et que devrait réellement nous apprendre cette fable et sa traduction par Nostredame sur les figuiers sauvages ? Probablement qu'il s'agit d'un jeu
de mots synesthésiques maladroitement traduit, et pris pour une antipathie. À savoir en réalité que «le taureau devient plus calme si on le lie aux figues»,
c'est-à -dire aux testicules plutôt qu'à l'arbre branchu portant des figues comestibles : qu'on le châtre pour en faire un boeuf indolent, ou à défaut qu'on l'accouple
à une femelle pour épuiser momentanément ses ardeurs génitales (cf. Horapollon, 1, 46). D'ailleurs, Nostredame écrit bien qu'on doit lier le taureau d'une «branche possible»,
autrement dit une branche puissante, virile. En latin comme en grec — ficus, "sukè" — le même mot s'appliquait aussi bien à l'arbre qu'au fruit, mais dans les conversations
érotiques il désignait les parties sexuelles ("sukon"), tant masculines (ficum) que féminines (fica), pour des raisons iconographiques particulières, les unes évidentes,
les autres moins. D'ailleurs, l'allusion Ă©tait parfaitement connue de Rabelais et de ses lecteurs instruits lorsqu'il faisait jurer Pantagruel (Tiers Livre) :
«Par ma figue, vous seriez bien empeschez» (Chap. 47, ed. 1546, p. 349 ; Chap. LII, ed. 1552, p. 167 v). Enfin, pour compléter le matériel idéographique, le mot grec
"tauros" désignait aussi l'organe sexuel, non seulement du taureau, mais aussi le pénis masculin, et parfois le sexe féminin. Ainsi tous les éléments métaphoriques
énumérés dans la fable d'Horapollon sont réunis le taureau (Lucien de Luca, Nostradamus, lorem ipsum...? Analyse, commentaire et traduction de la Lettre à Bérard, 2020
- books.google.fr). "estaché" : estache et attache ATTACHER. Ce verbe ancien (1080) n'est pas d'origine claire. On a fait l'hypothèse d'un dérivé latin de attingere ou anangere (voir atteindre),
*anacticare, au sens de "mettre la main sur" (P. Guiraud), qui le rattacherait à attaquer (la confusion des deux verbes français est attestée au XVIe s.).
Mais la solution la plus souvent retenue est une substitution de préfixe de l'ancien français estachier, attesté plus tard (déb. XIIIe s.) mais dérivé du nom ancien entache
«pieu», qui se trouve dans la même phrase qui procure le verbe attacher (La Chanson de Roland «a un estache l'une atachet cil serf»). Ce mot doit venir d'une source francique
*stakka (voir Ă©tai), une forme avec kk- Ă©tant indispensable pour obtenir estache (alors que les mots germaniques servant Ă la reconstitution ont une consonne simple,
stake, staken, etc., difficulté non résolue). De même, le gotique *stakka serait à l'origine de l'italien stacca, espagnol estaca (Alain Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, 2011
- books.google.fr). Attache Du prepuce si serré qu'on ne peut ou decouurir ou couurir le glan : les Grecz nomment ceste affection Phimosis, & Paraphimosis.
La constriction du prepuce a deux especes. La premiere, quand estant le gland couvert couvert d'iceluy, on ne le peut retirer : la seconde de quand estant retiré, le prépuce :
on ne le peut remener & reduire sus le gland. Ceste seconde espece est proprement nommee Paraphimosis comme la premiere Phimosis. La premiere espece est faicte pour quelque
cicatrice du prepuce ou pour quelque excroissance de chair superfluë: la seconde aduient aux inflammations des parties honteuses, quand estant retiré le prepuce en arriere,
le gland enflé ne le reçoit plus. Si c'est la premiere espece produicte des causes susdictes, l'operation manuelle s'y faict en ceste maniere : Ayant mis le patient en situation
conuenable, on tire le prepuce en deuant, & fichant en l'extremité trois ou quatre crochets, on les donne à quelque seruiteur pour les tenir, luy commandant de l'estendre
& ouurir autant qu'il sera possible : puis si la constriction est faicte pour raison d'vne cicatrice, auec une lancette ou un caniuet fait expres, nous incisons le prepuce en
trois ou quatre lieux de son interieure partie : & feront ces incisions internes, droictes, & distantes également l'vne de l'autre. Or faut il sçauoir que à l'endroict du glan
le prepuce est double. Nous incisons donc l'entree d'iceluy en son interieure tunique. Car en ceste maniere defaisant l'attache & arrest causé de la cicatrice, nous renuersons
le prepuce. Si quelque chair creue en la partie interieure faict la constriction, apres tiré le prepuce comme cy-dessus est dict, nous scarifions toutes les parties de la chair,
& raclons ce qui est eminent & releué d'icelle entre les incisions : puis nous iettons alentour de tout le gland vn canal de plomb, enueloppé de charte seiche, qui aura depuis
vn bout iusques à l'autre son ouuerture égale. Par l'interposition dudict canal nous empeschons que le prepuce mené au dessus du gland, derechef ne se consolide. Car en ceste
maniere il demeure etendu & separé du glan par le plomb & par la charte interiectee, laquelle s'abreuuant de l'humidité qui degoutte des scarifications, s'enfle, separe & estend
d'auantage la peau. Voyla comme nous faisons l'operation quand la constrictione est causée d'vne cicatrice, ou d'une excroissance de chair. La seconde espece de constriction
nommee Paraphimosis quand elle a duré long temps, se glutine auec la couronne du gland, & est incurable, si on ne la vouloit traitter comme le racourcissement de prepuce.
Si le prepuce n'est point encor glutine auec la couronne du gland, on le scarifie à l'entour de trois, ou quatre, ou encor plusieurs incisions: puis l'ayant baciné longuement
auec d'huile on le tire en dehors, sus le glan (Jacques Dalechamps, Chirurgie françoise, 1660
- books.google.fr). On voit avec le quatrain I, 2 que le pied peut avoir pour interprétation le pénis. Le frein (Frenulum) est cette petite attache qui relie le prépuce au gland et lui permet de se repositionner (www.topsante.com). Louis XVI et ses difficultés Contre Louis XVI, on ne retrouvera que des accusations négatives : le roi est un impotent politique comme il est un impuissant sexuel, il a perdu la raison, se comporte
en enfant et se laisse manipuler par la reine. Des caricatures le transforment même en objet ou en acteur abusé d'un fatal jeu de cartes avec les sans-culottes de 1792 (Annie Duprat, Les rois de papier : la caricature de Henri III à Louis XVI, 2002
- books.google.fr). Tout le monde est désormais sur le qui-vive. Louis XVI doit procréer ! Alerté, le docteur Joseph-Marie-François de Lassone prescrit des pastilles de quinquina, des graines de mars et une cure de fer pour renforcer la vitalité sexuelle du roi. Peine perdue. Les traitements en médecine douce du docteur s'avèrent inopérants. Après avoir tout tenté, on fait même venir discrètement une certaine Marie-Philippine Noirot, femme du valet de chambre du comte de Provence, frère du roi, et domiciliée au 90 de la rue Royale à Paris. [...] Ce petit jeu va durer jusqu'en 1778, date à laquelle la dévouée Marie-Philippine Noirot, en couple avec un certain Jacques Lambriquet, accouche au 31 juillet d'une fille prénommée Ernestine. Cette naissance fera jaser la cour. En définitive, si le roi a déchargé avec la Noirot, c'est que le blocage est ailleurs. Mais ses conseillers le forcent tout de même à rencontrer le chirurgien
de l'Hôtel-Dieu afin de trouver des alternatives à son problème. Le 15 janvier 1776, le grand chirurgien Jacques-Louis Moreau prend la relève et examine de plus près le roi :
«Sa Majesté peut-elle consentir à baisser sa culotte ?» L'intéressé s'exécute mollement. On le questionne : «Comment Sa Majesté s'y prend-elle ?» Le roi énumère les traitements,
les câlins, l'intromission douloureuse, les rapports avortés, la grisette (Noirot), tout est «passé au peigne fin». Moreau réfléchit, il trouve une issue psychologique au problème.
Lassone fait fi de la sensibilité réfractaire du roi, il a une vision de la chose plus mécanique. C'est alors qu'à cours de traitement, et suite à un entretien qu'il a eu avec
les époux le 28 octobre 1772, le chirurgien Lassone, après mûre réflexion, préconise l'intervention au bistouri. Sans grande conviction cependant car il n'avait conclu
«à aucune malformation mettant à mal la consommation du mariage, sauf un phimosis congénital, provoquant de vives douleurs». Mais Louis XV à l'époque avait lourdement insisté
pour que son petit-fils subisse cette fameuse opération. [...] Certains colportent que l'intervention a eu lieu. En vérité, Louis XVI l'a refusée au dernier moment, comme le prouve
la consultation du 15 janvier 1776 entre le dauphin et le chirurgien de l'Hôtel-Dieu, le docteur Jacques-Louis Moreau. Marie-Antoinette, qui était présente à son cabinet, écrit
à sa mère que «l'opération n'est pas nécessaire». Trois ans plus tôt, Lassone, sur ordre de Louis XV, avait pourtant insisté sur l'utilité de cette opération. Le grand-père
avait même perdu patience avec son petit-fils, en le culpabilisant, le traitant ouvertement d'incapable (Sophie Herfort, Marie Antoinette : une vie secrète, 2021
- books.google.fr). Phimosis et circoncision En cas de phimosis, une intervention chirurgicale peut être proposée chez l'enfant, après 5-6 ans ou chez l’adulte, soit d'emblée, soit en cas d’échec du traitement médical. Deux techniques opératoires sont alors possibles : - La plastie préputiale (ou "posthoplastie") : Elle consiste à réaliser une courte incision sur l’extrémité du prépuce, là où il est le plus resserré. Cette technique élargit l'anneau préputial, permet de conserver l’enveloppe de peau sur le gland, mais induit un risque de récidive. Pour éviter cela, la plastie doit être suivie de décalottages réguliers ; - La circoncision (ou "posthectomie") : Il s’agit d’une ablation complète du prépuce, qui laisse définitivement le gland à découvert (www.ameli.fr). |