Les Zendiks

Les Zendiks

 

III, 60

 

1748-1749

 

Par toute Asie grand proscription,

Mesme en Mysies, Lysie, & Pamphilie,

Sang versera par ablolution,

D'un jeune noir remply de félonnie.

 

FĂ©lon

 

Subst. 1. 2e moitié du Xe s. fel «personne cruelle, déloyale» (S. Léger, éd. J. Linskill, 227); fin du Xe s. felun (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 138); 2. ca 1100 «personne qui agit contre la foi due à son seigneur» (Roland, éd. J. Bédier, 1819). B. Adj. 1. fin du Xe s. fellon «cruel, méchant» (Passion, 220); 2. ca 1100 «qui agit contre la foi due à son seigneur» (Roland, 1479). Mot d'origine discutée; on admet gén. aujourd'hui, à la suite de Diez (cf. FEW t. 15, 2, pp. 124-125; Dauzat) qu'il est issu d'un a. b. frq. *fillo, correspondant à l'a. sax. fillian «maltraiter, flageller», a. h. all. fillen «battre, flageller» (Schützeichel), m. néerl. villen «écorcher» (Verdam) (www.cnrtl.fr).

 

Le mot "félon" qui est utilisé dans la Chanson de Roland, permettrait de situer le quatrain à l'époque de Charlemagne et de l'empire byzantin pendant lequel sont conservés les noms grecs des régions de l'Asie.

 

Les Sarrazins, comme les chrétiens, font un grand usage du mot félon. Il ne faut pas toujours l'entendre dans le sens spécial de traître. Il signifie aussi méchant, pervers, astucieux, comme il est indiqué dans le glossaire de Burguy. On l'a vu avec ce sens à la page 5. Mais le mot félon a, dans les chansons de geste, un sens technique. Il signifie implicitement traître à Dieu, infidèle par excellence, ou, comme disent les orientaux, Ghiaour (Adolphe d'Avril, La Chanson de Roland: traduction nouvelle avec une introduction et des notes, 1865 - books.google.fr).

 

Ganelon, vieux melon en barbe de raisins,

Tu n'es qu'un noir félon ami des Sarrasins (Charles Trenet, Y a d'la joie, Voix publiques, 2013 - books.google.fr).

 

Asie

 

Mysie : contrée du Péloponnèse dans l'Argolide, où il y avait un temple consacré à Cérès qui avait été reçue par un certain Mysus qui donna son nom à la région. Mysie : ou Moesie (Latin), région près de la Pannonie (Francois Sabbathier, Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques Grecs et Latins, tant sacres que profanes, contenant la geographie, l'histoire, la fable et les antiquites, Tome 29, 1781 - www.google.fr/books/edition).

 

Mysie, aussi région qui comprenait la Troade (Troie, royaume de Priam), la petite Mysie et la grande Mysie (Jules Fabre d'Envieu, Onomatologie de la géographie grecque, ou L'art d'apprendre le dictionnaire grec en étudiant la géographie de la Grèce ancienne et de ses colonies, 1874 - www.google.fr/books/edition).

 

Lysie et Mysie

 

En 539, une armée immense de Huns passa le Danube, ravagea tout le pays entre le golfe ionien et les murs mêmes de Byzance, prit trente-deux forts en Illyrie, saccagea Cassandrée, auparavant Potidée, en Macédoine, et emmena en se retirant cent vingt mille captifs (Proc., G. des Goths, II, 4, p. 167). Ces barbares renouvelèrent fréquemment leurs irruptions. Ils attaquèrent aussi la muraille qui ferme la Chersonèse, entre le golfe Melas et la mer (de Marmara) à l'isthme de Gallipolis. Quelques-uns, traversant l'Hellespont, entre Sestos et Abydos, ravagèrent l'Asie (Mineure). Dans une autre expédition, ils ravagèrent l'Illyrie et la Thessalie, franchirent le détroit des Thermopyles, et pillèrent la Grèce, à l'exception du Péloponnèse. En 540, Bélisaire revenait vainqueur de l'Italie (Proc., ibid., p. 168).

 

ThĂ©ophane donne plus de dĂ©tails sur l'invasion des Huns de 539, qu'il appelle Bulgares (nom qui ne leur appartint que plus tard, lorsqu'ils furent dĂ©finitivement Ă©tablis dans la Bulgarie d'aujourd'hui). Deux de leurs rois, dit-il, envahirent avec une grande multitude la Lysie (sans doute la Scythie), les bouches du Danube, et la Mysie (la Moesie, aujourd'hui Bulgarie). Justin, gĂ©nĂ©ral des Romains, fut tuĂ©. Les Barbares s'Ă©tendirent jusqu'aux frontières de la Thrace. Akoum, le Hun (peut-ĂŞtre le CulloĂ« du continuateur de : Marcellinus) que Justinien avait reçu au baptĂŞme et - nommĂ© gĂ©nĂ©ral en Illyrie, se joignit au gĂ©nĂ©ral commandant en Scythie, vainquit les Barbares et tua leurs rois. Mais d'autres survinrent et dĂ©firent les trois gĂ©nĂ©raux de Justinien; Constantinus, successeur de Justin, fut, comme prisonnier; rachetĂ© pour mille pièces d'or. Comment un empire aussi Ă©tendu, et en apparence devenu si puissant par ses conquĂŞtes en Afrique et en Italie, Ă©tait-il si faible Ă  l'intĂ©rieur ? C'est que sa population Ă©tait dĂ©sarmĂ©e, que les monastères Ă©taient pleins, et l'armĂ©e ancienne Ă  peu près dissoute. Les Barbares le savaient, puisqu'on ne recrutait plus les armĂ©es que parmi eux, et rien n'arrĂŞtait leur audace (François AndrĂ© Isambert, Histoire de Justinien, Deuxième partie, 1856 - books.google.fr).

 

Théophane le Chronographe, p. 261-263, place en l'an 524 (an du monde 6016) : 1° l'envoi du pape de Rome, Jean Ier, à Constantinople, dont il sera parlé ci-après; 2° la proscription des manichéens par le farouche Cabadès; 3° l'envoi des ordres de Justin pour punir les séditieux et les malfaiteurs; 4° la mort d’Euphémie, suivie du prétendu mariage de Justin avec Théodora, passage altéré, où il faut lire Justinien au lieu de Justin; 5° une grande poursuite contre les manichéens, à laquelle on peut rattacher les lois du code qui portent son nom, mais qui peuvent être de Justinien (Francois-Andre Isambert, Histoire de Justinien par Isambert, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

 

Cédrénus fixe la mort de l'impératrice Euphémie-Lupicine, femme de Justin, à l'an 6 de son règne; et comme le mariage de Théodora ne put être célébré de son vivant, selon Procope, à cause de sa résistance, c'est à l'an 524 qu'il faut fixer la date de ce mariage. Avant qu'il pût être contracté, il fallut, selon Procope, que l'on rapportât l'ancienne loi romaine, qui défendait les mariages des sénateurs avec les prostituées et les femmes de théâtre. Or cette loi est l'art. 23 du code Justinien, tit. de Nuptiis. A la vérité, elle est inscrite du nom même de Justinien; mais elle est sans date, et il y a des exemples nombreux de la substitution du nom de Justinien à celui de Justin. Hoffmann atteste que, dans les mss. du Vatican, elle est précédée seulement des initiales Just., qui s'applique aussi bien à Justin qu'à son neveu. Cette loi est adressée à Démosthène, préfet du prétoire, et ce fonctionnaire n'appartient pas exclusivement au règne de Justinien, mais aussi aux années 521, 522, 523, c'est-à-dire au règne de Justin. C'est donc en 523-524, époque de la mort de Lupicine-Euphémie, que cette loi a pu être promulguée, et ce n'est qu'en 524 que le mariage a pu être célébré. Le passage de Cédrénus, point de départ de cette opinion, est, il est vrai, suspect. Il paraît aux critiques altéré; car il y est dit qu'en l'an 6 de Justin (523-524), Cabadès, roi des Perses, fit périr les manichéens, et qu'à son tour Justin fit périr les séditieux et confisqua leurs biens par des écrits sacrés; en même temps, ajoute le texte, il couronna Théodora comme impératrice, sa femme Euphémie étant déjà morte. Enfin, la même année, il institua Sécundus consul et patrice en Orient, à cause des incursions des Perses et des Sarracènes, et celui-ci fit périr beaucoup de manichéens. Sécundus n'est pas sur la liste des consuls. En 524, c'étaient, selon Marcellinus, Justin, pour la deuxième fois, et Opilien; mais ce peut être un consul honoraire (Francois-Andre Isambert, Histoire de Justinien par Isambert, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

 

Proscription

 

Les discussions relatives à la nature de Jésus-Christ venaient à peine d'être terminées, lorsque surgit tout à coup la querelle des iconoclastes ou des briseurs d'images. «Dans la cinquième session du second concile de Nicée (787), un moine de l'Orient raconte, d'après son expérience personnelle, l'origine de la secte des iconoclastes. A l'en croire, dans les premières années du huitième siècle, et fort peu de temps avant la persécution commencée par l'empereur Léon III, dit l'Isaurien, un juif vint trouver le khalife ommiade Yesid II et l'excita à détruire toutes les images dans son empire. Le calife décréta la proscription universelle des images. Par son ordre, on fit tomber ou l'on recouvrit d'une couche de chaux les peintures dans les églises des chrétiens. Peu à peu, l'opinion défavorable aux images, qui avait ainsi une origine juive et musulmane, pénétra parmi les chrétiens limitrophes de l'empire des khalifes. Un évêque de Nacolie, en Phrygie, fut le premier à prêcher la doctrine des iconoclastes, et l'empereur Léon III (717-741), homme grossier et sans lettres, après avoir dissimulé quelque temps ses véritables opinions par égard pour le clergé de Constantinople, finit par éclater et par proscrire toutes les images comme des idoles.» La proscription des images, à peine interrompue pendant quelques années, dura plus d'un siècle. Depuis 726, date du premier décret de Léon l'Isaurien, jusqu'à l'année 842, qui vit le triomphe de la doctrine catholique, on compte quatre-vingt-dix ans de persécution. Après les violences de Léon III et de son fils Constantin Copronyme, vint un temps de répit sous le règne de Constantin V et de sa mère Irène. En 787, le septième concile œcuménique, le second de Nicée, condamna et anathématisa la décision du concile que Constantin Copronyme avait assemblé trente années auparavant. Après la mort d'Irène, la proscription recommença et se prolongea, pendant quarante ans, sous les règnes de Nicéphore, de Léon l'Arménien, de Michel le Bègue et de Théophile. « Enfin, en 842, l'impératrice Théodora, qui gouvernait l'empire au nom de son fils, replaça les évêques catholiques sur leurs sièges et rouvrit aux religieux les portes de leurs monastères. Mais déjà les semences du schisme étaient jetées : Photius allait monter sur le siége de Constantinople, et, sous le prétexte d'une nouvelle querelle théologique, la séparation allait se prononcer entre la chaire patriarcale et l'autorité souveraine des pontifes romains.» (Henri Chevallier, Histoire du Moyen-âge, Partie 2 de Cours complet d'histoire universelle, 1859 - books.google.fr).

 

Les Princes Iconoclastes qui avoient de la simplicité & qui abhorroient les superstitions populaires, n'étoient pas éloignés des principes des Manichéens ; mais exposés déjà aux calomnies des Moines, ils devinrent les Tyrans des disciples de Manès, afin qu'on ne les accusât point d'en être les complices. C'est le reproche qu'on fait à Nicéphore, qui adoucit en leur faveur la rigueur des Loix pénales, car son caractère ne permet pas de lui supposer un motif plus généreux. Michel I & Léon l'Arménien furent des persecuteurs ardens, le premier par foiblesse, & le second par sévérité; mais il faut adjuger la palme à la dévotion sanguinaire de Théodora, qui rétablir les images dans les églises d'Orient. Ses Emissaires parcoururent les villes & les montagnes de l'Asie Mineure, & les flatteurs de cette Imperatrice ont assuré que dans un règne très-court, cent mille Pauliciens périrent sous le glaive des bourreaux, sur le gibet ou dans les flammes. Il y a peut-être ici de l'exagération ; mais si le calcul est exact, on doit présumer que de simples Iconoclastes furent enveloppés dans la proscription, & que d'autres personnes chassées de l'Eglise embrassèrent l'hérésie des Pauliciens malgré elles (Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire Romain, Tome 15, traduit par Andre Samuel Michel Cantwell, N. Leclerc de Sept-Chenes, 1795 - books.google.fr).

 

Irène l'Athénienne est une impératrice byzantine, née vers 752 à Athènes et morte le 9 août 803 sur l'île de Lesbos. Elle règne en tant que régente pour le compte de son fils de 780 à 790 puis en tant qu'impératrice régnante de 797 à 802. Elle est la première femme de l'histoire à régner en tant que basileus. En 802, sa santé décline. Son ministre des finances, Nicéphore, en profite pour la renverser par un coup d'État (fr.wikipedia.org - Irène l'Athénienne, fr.wikipedia.org - Nicéphore Ier).

 

Abbassides

 

Le noir est la couleur des Abbassides (Jean-Charles de Fontbrune, Nostradamus, historien et prophète, p. 383).

 

HADI, quatrième Calife de la Maison des Abbassides, étoit fils de Mahadi, qui en fut le troisiéme. Pendant la vie de son pere, Hadi fit la guerre en Giorgian, & en Mazauderan, & le ce calife Oriente parti il se trouvoit dans ces Provinces, lorsque son pere mourut à Bagdet. Ce fut avant que de monter sur le Trône, qu'il reçut ordre de son pere de rechercher les Zendik ou Sadducéens pour les punir. Hadi s'acquitta fort bien des ordres de fon pere, car il fit dresser mille potences tout à la fois dans la Ville de Bagdet, & fit pendre tous les Zendik qu'il put trouver, après une recherche très-exacte. Pendant son Califat il étoufa une Rebellion qu'excita contre lui Houssain fils d'Ali, fils de Hassan. Il voulut ôter à Aaron, surnommé depuis Al-raschid, la succession qui lui étoit substituée, pour la donner à Giafar son fils, qui n'avoit pas encore atteint l'âge de paberté; mais Jahia, de la famille des Barmecides, homme d'une grande prudence, & qui étoit son premier Visir, l'en dissuada, en lui représentant que les Musulmans vouloient un Calife, qui leur fît la priére & le Sermon, qui les pût conduire au Pèlerinage de la Mecque, & qui marchât à leur tête lorsqu'il faudroit combattre. Le Calife feignit d'approuver ce Discours, mais il fit appeller secrettement Harthamah, homme de confiance, auquel il commanda de tuër Aaron fon frere, & Jahia fon Visir. Mais Khaizuran leur mere, jalouse de son autorité, prévint l'exécution des ordres du Calife, & lui donna d'un poison si subtil, qu'il en mourut subitement en toussant & en éternuant. Il n'avoit régné qu'un an et 82 jours. Aaron son frère lui succéda, l'an 170 de l'hégire (786). Ce prince aimoit la poésie et s'y connoissoit. [...]

 

Mazdak, un des principaux chefs des Manichéens, est appelé, selon Herbelot, Aizendak ou Aizendik. Zendik désignerait les Manichéens qui ne croient pas à la résurrection des corps (Jacques George de Chaufepié, Nouveau dictionnaire historique et critique, pour servir de supplement ou de continuation au dictionnaire historique et critique, de Mr. Pierre Bayle, Tome 2, 1750 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib).

 

"absolution"

 

EBBAD (Ben) docteur Arabe, fut Zahed, c'est-à-dire retiré du monde et contemplatif. Se trouvant un jour près du grand vizir, on lui amena un homme accusé d'une faute. Après avoir entendu cet homme dans ses défenses, le visir se tournant vers Ebbad, lui demanda son avis. Celui-ci lui conseilla de prononcer l'absolution de l'accusé, mais de le faire fustiger pour n'avoir allégué que de mauvaises excuses. Ce docteur vivoit sous le califat de Mahadi, et mourut l'an 172 de l'hégire (Louis-Mayeul Chaudon, Nouveau dictionnaire historique, Tome 2, 1805 - books.google.fr, Tayeb El-Hibri, Reinterpreting Islamic Historiography, Harun Al-Rashid and the Narrative of the Abbasid Caliphate, 1999 - www.google.fr/books/edition).

 

En revanche, que d'histoires oĂą la drĂ´lerie du sujet et l'ingĂ©niositĂ© des ĂŞtres dĂ©terminent l'absolution totale ! (Emile-François Julia, Les mille et une nuits, 1947 - www.google.fr/books/edition).

 

«repentance» (tawba), le «retour vers le repentant», l'«abolition de péchés», etc., nous obtenons un chiffre de l'ordre du triple ou du quadruple, lequel, d'ailleurs, n'a d'égal que la présentation et l'identification même d'Allah : noms, qualités, attributs, etc. La capacité de l'islam à proposer le rachat à ses adeptes dénote une connaissance certaine de la nature humaine et capitalise les avantages des religions monothéistes qui l'ont précédé. Signalons pour finir le pardon que le calife accorde lorsqu'on lui raconte une histoire plus hilarante que celle qu'il vient d'entendre. C'est une situation de défi qui se rencontre souvent dans le cours des Nuits. On peut le vérifier avec l'Histoire de la dame massacrée et du jeune homme son mari. Il s'agit pour Dja'far (Giafar), le grand vizir du calife Haroun ar-Rachid, de raconter une histoire qui serait plus étonnante que celle de son propre esclave, laquelle est déjà «fort singulière». Le remords relève davantage du registre psychologique que du registre moral. Il appartient donc au domaine de la réminiscence négative avant d'être le paraphe d'un retour de conscience noble ou cherchant à l'être. À cet égard, on peut dire qu'il est la conséquence d'un péché, conscient ou non, réel ou fantasmé, et qu'il agit virtuellement en résolution à une faute, commise ou sur le point de l'être. Pourtant, c'est dans cette partie qu'il trouve sa place car, sans être encore une vertu, il peut prétendre à une absolution relative qui le place dans les demi-péchés (Malek Chebel, La Féminisation du monde, essai sur les Mille et une nuits, 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

Le recueil de contes des Mille et une nuits met en scène à plusieurs reprises Hâroun ar-Rachîd et son vizir Jafar ben Yahya. Plusieurs de ces contes se déroulent aux environs de Bagdad.

 

La première traduction occidentale est l'œuvre d'Antoine Galland (1646 - 1715) publiée de 1704 à 1717, mais une partie a été rédigée par lui-même, en s'inspirant des récits que lui avait contés son assesseur syrien, Hanna Dyâb. Pour faire prendre corps et esprit au personnage de Shéhérazade, cet antiquaire du roi (puis professeur de langue arabe au Collège de France) s'est inspiré de Madame d'Aulnoy et de la marquise d'O, dame du palais de la duchesse de Bourgogne (fr.wikipedia.org - Les Mille et Une Nuits).

 

Acrostiche : PMSD

 

The Passio sanctorum Martyrum Septem Dormientium apud Ephesum [=PMSD], one Book in twelve very short chapters, translated into Latin by Gregory of Tours (Lewis Thorpe, The History of the Franks de Gregory of Tours, 1974 - books.google.fr).

 

L'époque de Grégoire de Tours, le VIe siècle, permet de retrouver celle de Justinien.

 

Le récit des Dix Livres d'Histoire ou Histoire des Francs de Grégoire de Tours accorde une large place à la Gaule mérovingienne, qu'il connaît mieux que le reste du monde : cinq des dix livres et le Livre des miracles concernent l'époque de l'auteur. Ce dernier en donne une image plutôt sombre, mettant l'accent sur les conséquences désastreuses du comportement de certains rois, par opposition au comportement de leurs aïeux chrétiens, à commencer par Clovis (fr.wikipedia.org - Grégoire de Tours).

 

Nous considérons les deux formes principales de scissions qui ont porté atteinte à la tunique sans couture du Christ. Les premières se produisirent en Orient, soit par la contestation des formules dogmatiques des Conciles d'Éphèse et de Chalcédoine, soit, plus tard par la rupture de la communion ecclésiastique entre les patriarches orientaux et le Siège. [...] Le concile est amené à distinguer trois cas, historiquement et théologiquement dissemblables : le premier est celui des Églises qui se sont séparées du tronc commun après les conciles d'Éphèse (431, qui reconnut Marie comme Théotokos "mère de dieu") et de Chalcédoine, à savoir les chrétiens dits «nestoriens» (qu'il vaut appeler Église de l'Orient ou chaldéens, du fait de leur origine), les coptes d'Égypte, les Arméniens ; ces Églises ont beaucoup évolué et se sont rapprochées de l'Église romaine (Abbé Régis Moreau, Guide de Lecture des textes du concile Vatican II, les documents du dialogue: Unitatis redintegratio, Ad Gentes, Dignitatis humanae, Nostra Aetate, 2013 - books.google.fr).

 

La sainte Tunique déjà désignée dans les prophéties (Ps. XXII, 19) fut tissée des mains de la vierge Marie pour le Christ au berceau. Elle grandit avec l'enfant à mesure qu'il avança en âge (Guérin, p. 50, 377), et fut tirée au sort entre ses bourreaux au pied de la Croix, Grégoire de Tours, dans le passage ci-dessus mentionné, est le plus ancien auteur qui en parle après les évangélistes. Suivant Sigebert de Gemblours (XIe siècle) et d'autres écrivains encore plus récents, la Robe de J. C. aurait été, dans l'intervalle des années 594 à 632, transportée de Galata à Jaffa, à Jérusalem, chez les Perses lorsque Jérusalem fut prise et saccagée par eux, puis à Constantinople, d'où l'impératrice Irène, veuve de Léon IV, l'envoya en présent à Charlemagne, qui en l'année 800 la donna à l'abbaye d'Argenteuil, où se trouvaient deux princesses de sa famille. Cinquante ans après, les Normands détruisirent de fond en comble cette abbaye. La sainte Robe était perdue et oubliée depuis trois siècles lorsqu'en 1156 elle fut, par le moyen d'un miracle (Guérin, 167 et suiv.), retrouvée dans la nouvelle abbaye d'Argenteuil, que la mère du roi Robert avait fait élever en 1003 sur les ruines de l'ancienne. Elle y fut religieusement conservée jusqu'à la Révolution. Mais, à cette époque, du couvent où elle était elle passa entre les mains du curé d'Argenteuil, et peu respectée alors, elle fut lacérée chez cet ecclésiastique, qui en distribua des morceaux à un certain nombre de ses paroissiens. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une pièce d'étoffe longue d'environ un mètre cinquante centimètres, mais informe et toute déchiquetée. Elle est roulée dans une élégante châsse en vermeil due aux dessins du R. P. Arthur Martin, châsse d'où on ne la retire jamais; les fidèles en voient seulement un échantillon, de trois ou quatre centimètres, qui présente un tissu de laine très-fin, à mailles carrées, de couleur noire tirant sur le roux. En 1804, cette relique a été officiellement remise à l'église d'Argenteuil et reconnue par le légat du Saint-Siège (H.L. Bordier, Les livres des miracles et autres opuscules de Grégoire, évêque de Tours, Tome 1, 1857 - books.google.fr).

 

En 1625, le chah de Perse fit cadeau au tsar Mikhaïl Fiodorovitch d'un fragment de la tunique du Christ. Sur le lieu de l'accueil solennel de cette relique, une église de la Déposition de la Tunique du Seigneur, fut bâtie en bois, puis, fin XVIIe - début XVIIIe s., remplacée par un édifice maçonné, édifié grâce aux dons des paroissiens et des membres de la famille du tsar, la première épouse de Pierre le Grand, Évdokia Fiodorovna Lopoukhina et son fils, le tsarévitch Alekséï. Les travaux furent achevés en 1701 ; l'avant-nef avec sa chapelle latérale dédiée à sainte Catherine et, probablement, la tour-clocher, en 1705 seulement. La consécration de l'église n'eut lieu qu'en 1716. Les traits les plus marquants de cet édifice sont ses coquilles sculptées à la place des kokochniki traditionnels et son couronnement à cinq tourelles octogonales, celle du centre étant dotée de deux niveaux de fenêtres, ce qui rappelle le couronnement de l'église de la Résurrection à Kadachi (Dmitrii Olegovich Shvidkovskii, Moscou: patrimoine architectural, traduit par Jean-Marie Pérouse de Montclos, 1997 - books.google.fr).

 

La cathédrale de l'Assomption s'enorgueillit de la Tunique sans couture posséder la tunique sans couture de Notre-Seigneur, faisant ainsi concurrence aux églises de Trèves et d'Argenteuil. La relique, apportée à Moscou, de Kiselbasch, en 1682, par les ambassadeurs Roussan-bek et Mourat-bek, est enfermée dans un reliquaire d'argent orné de pierres précieuses. Le patriarche Philarète fonda à cette occasion une fête qui se célèbre le 10 juillet (Félix Feuillet de Conches, Causeries d'un curieux, Tome 4, 1868 - books.google.fr).

 

Le Mandylion fut retrouvée à Edesse après l'importante inondation de 525 : cf. quatrain V, 86.

 

Hâroûn ar-Râchid reçut très jeune le commandement d'expéditions contre les Byzantins, dont l'une portera l'armée abbasside jusqu'aux rives du Bosphore. D'ailleurs, ses prouesses militaires lui vaudront d'être nommé par Al-Hâdî gouverneur d'Égypte, de Syrie, d'Arménie et d'Azerbaïdjan. Même durant son règne, on retrouvera l'homme de guerre sous les habits du calife. Car, à partir de son palais, Hâroûn ar-Râchid supervisera les guerres contre les Byzantins mais, à maintes occasions, il conduira lui-même des attaques contre les frontières byzantines. Ainsi, en 797, mènera-t-il victorieusement l'armée abbâside jusqu'à Ankara et Ephèse, obligeant l'impératrice Irène (797-802) à signer un traité de paix avec lui. De même, après sa victoire sur l'empereur Nicéphore, en 806, il y eut le même scénario. Il faut relever que de 791 à 809, les troupes califales d'Hâroûn ar-Râchid furent en confrontation armée avec celles de l'Empire byzantin. Juste un an après la victoire sur l'empereur Nicéphore, les troupes musulmanes portèrent le credo de l'Islam dans la province byzantine de Chypre (Papa Cheikh Jimbira Sakho, Violence, terrorisme et religion, Deux mille ans d’histoire De l’Empire romain à nos jours, Tome II : Pax islamica, 2016 - books.google.fr, André Clot, Haroun al-Rachid: Et le temps des Mille et Une Nuits, 2014 - books.google.fr).

 

Les Zendiks d'Hadi sont les sadducéens qui furent assimilés à tous les hérétiques et aux Manichéens (Jacques Basnage de Beauval, L'histoire et la religion des Juifs depuis Jesus-Christ jusqu'a present pour servir de suplement et de continuation a l'histoire de Joseph, Tome 1, 1707 - books.google.fr).

 

Il est très remarquable que GrĂ©goire de Tours, qui n'avait aucun motif d'animositĂ© contre les SadducĂ©ens Ă  l'endroit oĂą il parle du rĂ©veil des Dormants, Ă©crit : «Cujus in tempore immunda illa Saducæorum secta surrexit, volens evertere spem resurrectionis, dicens quia mortui non resurgent.» Donc, mĂŞme quand le rĂ©cit passe par une plume chrĂ©tienne, il est visible que les Dormants se sont rĂ©veillĂ©s surtout pour servir d'argument aux Pharisiens dans leurs discussions contre les SadducĂ©ens au sujet de la rĂ©surrection (Bernard Carra de Vaux, Le livre de l'avertissement et de la revision d'al-Masudi, 1896 - books.google.fr).

 

Je ne crois pas qu'il faille voir le ManichĂ©isme dans l'haeresis immunda Sadducaeorum que soutient un pretre de GrĂ©goire [H.F. X, 18. – P.L. 71, 540) et que combat la lĂ©gende des Sept Dormants d'Ephèse (Gl. M. 95. P.L. 71, 787 et Analecta, XII (1893). 371-387]. GrĂ©goire lui-mĂŞme nous dit que cette lĂ©gende lui est racontĂ©e par un Syriaque ; et je vois que la rĂ©surrection des corps a Ă©tĂ© combattue par des Eutychiens vers le milieu du Ve et Ă  la fin du VIe siècle. (Jean Diacre : Vita Gregorii, I, 28. – Evagre, IV, 39-40. – Vita Eutychii, 33, 37, 41. – Photius : Codex, 21. Theophane.) Il est nĂ©anmoins possible que ces idĂ©es aient favorisĂ© le ManichĂ©isme et se soient en Gaule quelque peu confondues avec lui : on a dĂ©jĂ  vu que ManichĂ©isme et Monophysisme ressentent le mĂŞme dĂ©dain Ă  l'Ă©gard de la matière. Je remarque que la Secta Sadducaeorum est citĂ©e et attaquĂ©e dans un apocryphe obscur, l'Altercatio Ambrosii contra eos qui animam non confitentur esse facturam aut extraduce esse dicunt : cesset nefandissima secta Sadducaeorum quae resurrectionem negat (Caspari : Kirchenhistorische Anecdota, I, Christiania, 1883, p. 229). Certaines versions dudit apocryphe, celles qu'utilisait Jean de SĂ©ville, s'intĂ©ressent Ă©galement Ă  Priscillien (Albert Dufourcq, Etude sur les Gesta martyrum romains, Partie 4, 1988 - books.google.fr).

 

Mysie/Moesie

 

NICÉPHORE, d'origine arabe, un gardeur de pourceaux, manichéen et iconoclaste, fut proclamé et relégua la malheureuse fille des Césars dans l'ile de Lesbos, où elle mourut de misère. Le nouvel empereur tremblait devant Karl ; il pouvait prendre quelque envie au Frank de venger son alliée. Les Grecs firent des bassesses, allèrent à Saltzbourg offrir à Karl le titre de «basileus,» que nul roi barbare n'avait reçu avant lui. Ils furent traités comme des vaincus : Karl prit pour lui l'Istrie, la Dalmatie, et «il permit à l'empereur de Constantinople de garder les villes maritimes.» (ÉGINHART, Vita Karoli Magni). Ensuite il fallut souffrir les humiliations d'Haroûn-al-Rashid qu'on avait imprudemment bravé; il fallut assister au ravage de la Syrie, de la Palestine, de l'Asie Mineure; il fallut payer annuellement trente mille pièces d'or (805). On se repentait fort d'avoir irrité le grand empereur des Franks. Enfin arrivèrent les Bolgars; pour sortir du défilé où les avait engagés l'inexpérience de Nicéphore, les Grecs auraient eu besoin «d'avoir des ailes;» ils y restèrent, et le crâne du meurtrier d'Irène devint la coupe du khan des Barbares. Le sang de Nicéphore, cet avare, ce cruel débauché (Chron. de THÉOPHANE), s'éteignit dans son fils, et l'empire crut pouvoir respirer. Les Bolgars ne lui en donnèrent pas le temps; ils parurent sous les murs de la ville. Crumn, leur roi, s'avançant jusqu'à la «porte d'or,» immolait à la manière des Barbares des hommes et des animaux. Il se baignait dans le port, jetait de l'eau aux siens qui répondaient par de féroces acclamations, et les habitants de Constantinople voyaient et entendaient sans qu'un seul osât lancer une flèche (Henry de Riancey, Le Moyen Age: Histoire du Monde depuis Constantin jusqu'au grand Schisme d'Occident, 1867 - books.google.fr, André Clot, Haroun al-Rachid: Et le temps des Mille et Une Nuits, 2014 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1749 sur la date pivot 524 donne -701 ; sur 786 (mort de Hadi), -177.

 

En -701, le roi d'Assur de -705 à -681, Sennachérib, fait le siège de Jérusalem.

 

L'une des dernières expéditions de Sennacherib avait été dirigée contre le pays de Da-ai-i, situé dans des montagnes «où aucun de ses prédécesseurs n'avait pénétré, et qui n'avait jamais été soumis.» M. Norris a identifié avec raison les Da-ai-i avec les Daoi, tribu de montagnards qu'Hérodote signale dans le Nord de la Perse et M. Lenormant a reconnu ces Da-ai-i dans les Deayê du livre d'Esdras (F. Vigouroux, L'invasion de Sennachérib, Revue des questions historiques, Volume 26, 1879 - books.google.fr).

 

Le pays primitif des Goths, le siège des Massagêtes était situé au nord-est de la Sogdiane et à l'ouest des monts Thsungling ou pays des Uses de la haute Asie. Les Chinois les appelaient Huten ou Khouten; ils appartenaient à la race des hommes à cheveux blonds à et yeux bleus, vivant chez eux à l'état nomade; ils furent vaincus et subjugués par un vice-roi de la Chine à la tête des Hiungnous (race turco-hunique) vers l'an 177 avant l'ère actuelle. Ces Gêtes de l'Asie pouvaient mettre sur pied 20,000 cavaliers bien armés et montés sur d'excellents chevaux (Charles-Joseph Steur, Ethnographie des peuples de l'Europe avant Jésus-Christ, Tome 2, 1872 - books.google.fr).

 

1749

 

Une certaine mode autour de Zoroastre s'installe jusque dans les arts. Ainsi le graveur Bemard Picart représente-t-il dans son ouvrage, Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde (Amsterdam, J. F. Bernard, 1728-1739) : «Un baptême par le feu des Gaures.» Surtout, Jean-Philippe Rameau crée en 1749 une tragédie lyrique, Zoroastre, bientôt remaniée en 1756 et rejouée avec grand succès. Le prêtre réformateur apparaît dans la cour, bruissant d'intrigues, du royaume de Bactriane. La lutte y fait rage entre esprits bienfaisants et mauvais mais l'amour entre Zoroastre et une certaine Amélide finit par triompher. Si l'argument est mince, la création est majeure puisque, pour la première fois en France, l'opéra se tourne vers les grands mythes de l'Orient, délaissant ceux de la mythologie occidentale. En outre, le librettiste choisi par Rameau n'est autre que Louis de Cahusac. Ce dernier, secrétaire du comte de Clermont, Grand Maître de la Grande Loge de France en 1742, y «défend assez ouvertement les idéaux maçonniques, avec une histoire traitant de la bataille de la lumière contre les ténèbres, ce qu'illustre l'hymne au soleil, Mille rayons brillants (acte 3, scène 5)», comme l'exprime avec justesse Reiner F. Moritz. Mozart, en 1791, magnifiera lui aussi, dans La Flûte enchantée, le personnage de Zarathoustra, sous les traits et accents de Sarastro, dans un même contexte maçonnique (Yves Bomati, Houchang Nahavandi, Les grandes figures de l'Iran, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Guèbres (ou la Tolérance) est une tragédie de Voltaire écrite en 1768, imprimée en 1769, non représentée, bien qu'il eût fort désiré qu'elle le fût (Adolphe Liéby, Étude sur le théâtre de Marie-Joseph Chénier (1901), 2016 - books.google.fr).

 

Zindiq

 

The term most commonly translated as heresy is zandaqa the faith of the zandiq or, more commonly, zindiq. This word is of Iranian origin and apparently denoted those who adopted a deviant interpretation of the Zoroastrian scripture, the Zand Avesta. In Sâsànid times it seems to have been applied to Manichaeans and more generally to followers of ascetic and unorthodox forms of Iranian religion. In Islamic times too the word was at first applied to Manichaeans and related groups, more especially to those who held dualist doctrines while making nominal profession of Islam Later it was generalized to  cover all holders of unorthodox, unpopular, and suspect beliefs, particularly those considered dangerous to the social order and the state. M the same time h was applied loosely to materialists, atheists, agnostics, and the like and came to have the general meaning of free-thinker and libertine. Despite this vagueness of usage, the word zindiq had, in another respect, a terrible precision. [...]

 

The first recorded prosecution is that of Ja'd ibn Dirham, a forerunner of the Mu'tazila, who in 742, during the reign of the Umayyad Caliph Hishâm, was condemned, mutilated, and crucified on a charge of zandaqa. [...] The Abbasids were more keenly aware of the potentialities of seditious religions teachings. The repression of zindiqs began during the reign of al-Mansûr (754-775), and some were condemned to death. The Caliph attached sufficient importance to this question to include an injunction to extirpate zandaqa in his political testament to his successor, al-Mandi (775-785), under whom the really serious repression began. [...] After the time of al-Hadi, the direct threat of Manicheism seems to have subsided, and the persecutions of the zindiqs, though they continue, are intermittent and on a smaller scale. At the same time the word zindiq loses its connotation of Manichaeism and dualism and comes to be applied to any extreme or seditious doctrine - to some forms of Sûfi belief - or no belief at ail. In legal parlance the zindiq is the criminal dissident - the professing Muslim who holds beliefs or follows practices contrary to the central dogmas of Islam and is therefore to be regarded as an apostate and an infidel. The jurists differ as to the theoretical formulation of the point of exclusion, but in fact usually adopt the practical criterion of open rebellion. [...]

 

In the nineteenth century an Ottoman historian used both ilhad and zandaqa to describe the ideas disseminated in Turkey by the emissaries of the French Revolution. From the days when the seeds of Islam were first flung by the Arab hurricane onto the soil of many lands, strange flowers have often appeared in the garden of the faith - doctrines and practices that were aberrant, discordant, incongruous. Some of them were perhaps native growths in Arabian Islam-weeds and tares brought by the self-same wind of conquest. Others, the majority, were grafts and hybrids from alien stocks-beliefs and customs from pre-existing cults, foreign teachings from Plotinus, Mazdak, and Mani, later from Voltaire, Rousseau, and Marx. These were duly recognized and condemned by the guardians of the faith as innovatory, exaggerated, intrusive, and erroneous (Bernard Lewis, Islam in History: Ideas, People, and Events in the Middle East, 2011 - books.google.fr).

 

Devant cette irruption soudaine de la France révolutionnée et menaçante sur la vie des ottomans, les premières réactions furent extrêmement négatives et violentes. Les préparatifs à Toulon et l'activisme français auprès des minorités chrétiennes, grecque notamment, n'échappaient nullement au Sultan. Au printemps 1798, le Reis 'ùl-Kuttab (ministre des Affaires étrangères), Ahmet Atif Efendi, fut chargé de préparer un rapport sur la situation politique et précisément sur celle de la France. Les analyses de Ahmet Atif Efendi sont primordiales pour notre propos, car elles montrent d'abord que la Porte était bien informée de ce qu'était la Révolution, puis elles seront reprises par les historiens ottomans du début du XIXe siècle et se refléteront ainsi pendant encore longtemps dans le discours de l'historiographie turque officielle. En voici un extrait :

 

De la sorte, les célèbres athées (zindik) Voltaire et Rousseau et d'autres matérialistes de leurs acabits, avaient édité et publié divers ouvrages consistant, Dieu nous en préserve, en insultes et calomnies contre les purs prophètes et les grands rois, réclamant la suppression et l'abolition de toute religion, et pleins d'allusions à la douceur de l'égalité et du républicanisme, tout cela exprimé en des mots et des phrases aisément intelligibles, sous forme de moqueries, dans le langage du peuple. Séduits par la nouveauté de ces écrits, la plupart des gens, jusqu'aux jeunes et aux femmes, ont eu de l'inclination pour eux et y ont accordé une grande attention, de sorte que l'hérésie et la scélératesse se sont répandues comme la syphilis dans les artères de leur cerveau et ont corrompu leurs croyances. Lorsque la révolution s'intensifia, personne ne se formalisa de la fermeture des églises, de l'assassinat et de l'expulsion des moines... […]

 

Ahmet Vasif Efendi (? -1806) fut nommé pour la première fois historiographe en 1783. En 1788 il fut envoyé à Madrid comme ambassadeur extraordinaire. Plus tard en 1798 nommé de nouveau historiographe, Ahmet Vasif termine sa carrière comme Reis 'ûl-Kûttab. Il a rédigé quatre chroniques appelées Zuyûl. C'est surtout la deuxième chronique qui nous intéresse, puisqu'il commence le Redjeb 1203/1789 (intronisation de Selim III) et se termine au début de 1209 (29 juillet 1794) (Faruk Bilici, La Révolution française dans l'historiographie turque (1789-1927). In: Annales historiques de la Révolution française, n°286, 1991 - www.persee.fr).

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