Le siècle des Lumières

Le siècle des Lumières

Perte de prestige de la royauté

 

III, 94

 

1773-1774

 

De cinq cent ans plus compte lon tiendra

Celuy qu’estoit l’ornement de son temps :

Puis à un coup grande clarté donrra,

Que par ce siecle les rendra trescontents.

 

Le soleil donne

 

La renommée d'un personnage, éclipsée pendant cinq cents ans, renaîtra dans un siècle futur, pour le plaisir des gens de cette époque (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

En juin, soleil qui donne / n'a jamais ruiné personne (Gérard Boutet, La France en héritage: dictionnaire encyclopédique : métiers, coutumes, vie quotidienne, 1850-1960, 2007 - books.google.fr).

 

La construction de la phrase peut vouloir dire dans l'absolu "la clarté donnera" comme le soleil donne.

 

Les Lumières

 

Jamais siècle n'a été appelé plus souvent que le nôtre le siècle des lumières (Le banquet des politiques, Collection complète de l'abbé de Mably, 1795 - books.google.fr).

 

L'imaginaire des temps parallèles qu'illustre si bien Saint-Just ou Mably, le siècle des Lumières ne l'invente pas : il s'agit même, depuis la fin de la Renaissance, de l'une des figures obligées de l'écriture de l'histoire en Europe. Fort en vogue dès la seconde moitié du XVIIe siècle, le parallèle doit son prestige aux exercices oratoires auxquels on se livrait dans les collèges de l'âge classique et suscite des textes qui, bien loin de se cantonner à la seule histoire des nations, surprennent au contraire par l'extrême diversité des sujets traités (Thierry Belleguic, Marc André Bernier, Le siècle des Lumières et la communauté des Anciens : rhétorique, histoire et esthétique, - books.google.fr).

 

Le Banquet des Politiques (1776) est un texte qui met en scène un dîner fictif entre Mably et trois gentilshommes polonais qui n'ont rien compris, ni rien appris de la partition et qui persistent à la considérer comme une folie, un «délire», un événement imprévu, un coup de la providence et non comme le résultat d'institutions vicieuses et de conditions géopolitiques spécifiques. Mably tente bien, en jouant sur l'ironie, de faire comprendre aux convives que la Pologne aurait dû se réformer avant qu'il ne soit trop tard, mais peine perdue, ses interlocuteurs ne peuvent admettre qu'un gouvernement «antique» et parfait puisse avoir besoin d'être amélioré. La crédulité supposée des Polonais vis-à-vis des assurances réitérées de la Russie et de la Prusse dans leurs traités avec la République est relevée par Dumouriez qui écrit que «les Polonais sont encore plus à plaindre qu'à blâmer. Les nations qui ont démembré leur vaste territoire étaient toutes garantes de leur constitution et de leur liberté». Dans l'Encyclopédie méthodique, Nicolas Desmeuniers insiste lui aussi sur la naïveté politique des Polonais qui ont cru aux chiffons de papier signés par Frédéric II et Catherine II : certes, toutes les possessions polonaises avaient été garanties par les puissances co-partageantes, «mais les traités n'ont guère de force qu'autant qu'on n'a point intérêt à les enfreindre, et une nation qui fonde sa sûreté sur un pareil appui ne tarde pas à reconnaître combien elle est précaire, si celui de la force, de l'union, du courage n'y est joint». Pourtant, tous les Polonais étaient loin d'être dupes et, dès 1749, Leczynski appelait ses compatriotes à ne pas compter sur le respect du droit des gens et des traités par les puissances : «Jamais le droit des gens ne sera qu'un fantôme pour tout prince qui, voulant étendre sa domination, se croira assez puissant pour envahir nos provinces. Nous aurons beau protester et crier à l'injustice, en appeler aux clauses d'un traité, à la bonne foi dont nous les aurons remplies nous-mêmes, la seule volonté du conquérant sera la règle de sa conduite» (Marc Belissa, Les causes de la première partition de la Pologne selon les contemporains, Revue d'histoire diplomatique, Volume 121, 2007 - books.google.fr).

 

500 ans

 

Quelques cinq cents ans plus tôt, en 1270, mourait Louis IX, dont la canonisation entamée en 1273 affermit le prestige royal de la dynastie capétienne. Le siècle des Lumières (« clarté Â» et « siecle Â»), « période « pré-révolutionnaire Â»[1] Â» aboutit à la Révolution française qui « tue non seulement la personne du roi mais le mythe de la monarchie [2]».

 

Tout à coup

 

Le 6 mai 1790, à Lyon, les instituteurs sont admis, avec leurs élèves à présenter leurs hommages au conseil général et à prêter le serment civique, et offrir leur don à la patrie. Le sieur Pelzin, membre de la communauté, prononce en son nom, à cette occasion, le discours suivant :

 

MESSIEURS,

 

La France, depuis des siècles, gémissoit dans un honteux et indigne esclavage; chaque jour rendoit son joug plus pesant, et tout avoit subi son joug, vertus, talents, pensées, nobles passions de l'âme, sentiments religieux et inaltérables de la nature, tout étoit esclave; tout ne se montroit plus que courbé devant l'ignorance, l'intérêt ou le vice. Nous étions réduits à ce point d'avilissement qu'il falloit nous honorer de nos fers aux yeux de nos despotes. Vous étiez esclaves avec nous, Messieurs; car ce qui ne l'étoit pas, s'étoit tellement dégradé, qu'il falloit en effet s'honorer de l'être. Tout à coup une révolution heureuse et inattendue frappe et brise le colosse aux cent formes tyranniques, qui nous fouloit... (Albert Metzger, Joseph Fréeric L. Vaesen, Révolution française. Lyon en 1789 notes & documents, Tome 2, 1882 - books.google.fr, Pierre M. Conlon, Le siècle des lumières: bibliographie chronologique, Volume 28, Numéro 9, 2009 - books.google.fr).

 



[1] Alphonse Dupront, « Qu’est-ce que les lumières Â», Gallimard – folio histoire, p. 15

[2] François Furet, préface à « Qu’est-ce que les lumières Â» d’A. Dupront, Gallimard – folio histoire, p. V

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