Le Vésuve au XVIIIe siècle

Le Vésuve au XVIIIe siècle

 

III, 44

 

1737

 

Quand animal Ă  l'homme domestique,

Après grand peine & sauts viendra parler,

La foudre Ă  Vierge sera si malefique,

De Terre prinse & suspenduë en l'air.

 

Pressentiments animaux

 

Un comportement anormal des animaux accompagne souvent les signes avant-coureurs des tremblements de terre violents. Un texte chinois Ă  but didactique publiĂ© en 1975 prĂ©cise que : "Les animaux pressentent les tremblements de terre. Bovins, moutons, mulets et chevaux refusent de se laisser enfermer" (Milan Zacek, Construire parasismique, 1996 - books.google.fr, Iules Obsequent, Des Prodiges. Plvs Trois Liures de Polydore Vergile sur la mesme matiere. Traduit par George de la Bouthiere Autunois, 1555 - books.google.fr).

 

Julius Obsequens était un écrivain romain païen. Ses dates de naissance et de décès sont inconnues mais l’apologétique néo-païenne du Prodigiorum Liber donne à penser qu’il a été contemporain de Symmaque (milieu du IVe siècle ap. J.-C.) (fr.wikipedia.org - Julius Obsequens).

 

Tout à coup, en 1631, la terre frémit et gronda. Le plancher du cratère du Vésuve se souleva, des sources sulfureuses y fusèrent, tuant la végétation. Les animaux domestiques donnèrent des signes de panique, le niveau dans les puits baissa, l'eau devint trouble. Soudain, le 16 décembre de cette année-là, au petit matin, un énorme panache de cendres en forme de pin parasol plinien (en l'honneur de Pline le Jeune qui fit une description saisissante de l'éruption de 79 après jaillit de la montagne et développa ses lourdes volutes haut dans le ciel. Des pluies de blocs et de lapilli s'abattirent sur les hommes terrorisés, des nuées ardentes soufflèrent, brûlèrent et dévastèrent villages, champs et forêts sur les flancs du monstre en furie, pendant que des coulées de boue et de lave noyaient les vallées. Un raz de marée inonda la côte. Le paroxysme ne dura que trois jours, mais le bilan fut très lourd 4000 Italiens, 6000 têtes de bétail et 9000 a sauvages périrent, surtout nimaux cause des nuées ardentes ; 40 villages furent rayés de la carte. Le volcan avait perdu 168 mètres de hauteur, son cratère s'était considérablement agrandi (Questions à un volcanologue : Maurice Krafft répond, 1981 - books.google.fr).

 

Le VĂ©suve en 1737

 

Le Vésuve, très actif au XVIIIe siècle, exerçait une forte attraction sur les chercheurs et visiteurs de Naples, ainsi que sur les lecteurs de leurs études et journaux. Parmi les premières œuvres, on compte celle du médecin napolitain Francesco Serao, intitulé Istoria dell'incendio del Vesuvio accaduto nel mese di magigo dell'anno 1737, publiée à Naples en 1738 et traduite en français et anglais (L’Italie et l’Antiquité du Siècle des lumières à la chute du fascisme, 2020 - books.google.fr).

 

C'est avec l'éruption de 1737 qu'apparaissent les premières véritables représentations du Vésuve. La grande éruption de 1631 avait donné lieu à des images religieuses avec interventions miraculeuses de Saint Janvier et processions de fidèles. Van Wittel, Ruiz et Vernet, peintres de paysage et non d'histoire, font pour la première fois du volcan le sujet principal de leurs tableaux. Avec eux naît l'iconographie du Vésuve (ex : Vernet, Vue générale du Vésuve en 1737, planche de l'Encyclopédie. Bonavia peint l'épisode de 1757, et invente la formule des éruptions du Vésuve au clair de lune, que reprendront Lacroix de Marseille puis Volaire. Formule qui connaîtra une large fortune artistique à la fin du du XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe. Toutefois Van Wittel, Ruiz, Vernet, Bonavia et Lacroix ne réservent pas au volcan l'exclusivité du champ pictural. Le Vésuve est toujours assujetti à la géographie générale ou à l'action humaine (par sa présence, il explique les mouvements de population des avant-plans). Il n'est pas ce Vésuve « sujet » qu'admirent émerveillés les témoins des premiers plans (minuscules existences humaines peintes à la demande du client), et que l'on trouve pour la première fois chez Volaire à la date de 1767 (Emilie Beck Saiello, Le Vésuve genius loci et figure métonymique de Naples dans l'oeuvre de Pierre-Jacques Volaire, Villes et volcans, 2009 - books.google.fr).

 

Vierge

 

Ă€ la fin du Moyen Ă‚ge et Ă  la Renaissance, le volcan Ă©tait redevenu objet de commentaire littĂ©raire. En 1495, bien longtemps après l'ascension du Ventoux par PĂ©trarque, Pietro Bembo effectua celle de l'Etna. Empli de stupeur, il y vit un monstre qui expirait, qui Ă©ructait. Au XVIIe siècle, on pensait que le volcan ouvrait sur l'antre du diable, Lucifer ou BelzĂ©buth. Depuis le temps des Pères de l'Église, et, plus tard, dans l'esprit des scolastiques, il Ă©tait perçu comme une entrĂ©e de l'enfer, il terrorisait. Ses Ă©ruptions, comme bien d'autres phĂ©nomènes manifestaient la colère de Dieu, qui passait par les flammes. Le volcan, aux yeux de plusieurs auteurs, Ă©tait personnage, plus que site ou paysage. Il Ă©tait vivant, il mourait, il engendrait. Le VĂ©suve, par exemple, qui se rĂ©pare autant qu'il pĂ©rit, a aussi pu se faire montagne thĂ©ologique, lieu d'immortalitĂ© ; le mĂ©lange inouĂŻ du feu et de la neige pouvait aussi symboliser le personnage de la Vierge Marie. Ă€ la fin du XVIIIe siècle encore - et cela ne surprendra pas -, lors de l'Ă©ruption du VĂ©suve en 1779, les Napolitains, selon Hamilton, comptaient sur le pouvoir de la statue de saint janvier pour endiguer les laves qui descendaient du VĂ©suve. Ils recouraient, dans ce mĂŞme but, Ă  une sĂ©rie de rituels (Alain Corbin, Terra Incognita, Une histoire de l'ignorance, 2020 - books.google.fr).

 

Les villes ensevelies d'Herculanum (1738) et de Pompéi (1750) ayant été découvertes dans ce temps, Charles III fonda, pour en recevoir les antiquités, un musée à Portici, et une académie pour s'en occuper. Passionné à l'excès pour la chasse, il éleva, pour se livrer à ce plaisir, un palais à Capo-di-Monte, et un autre à Portici. Il répondit à ceux qui l'avertissaient que cette habitation était exposée aux éruptions du Vésuve : «La Vierge immaculée et saint Janvier y pourvoiront». Il voulut avoir dans sa capitale le théâtre le plus vaste du monde (1737) (Cesare Cantù, Histoire universelle, Tome 17, traduit par Eugène Aroux, 1848 - books.google.fr).

 

Herculanum

 

Avec l'avènement en 1734 de Charles III de Bourbon [à la suite de la guerre de Succession de Pologne], l'arrivée des collections Farnèse, les découvertes d'Herculanum et de Pompéi en 1738 et 1748, la reprise d'activité du Vésuve à partir de 1767, et enfin l'affirmation de la ville comme l'une des grandes capitales musicales, Naples devient, vers le milieu du XVIII siècle, l'une des étapes principales du «Grand Tour» (Emilie Beck Saiello, Le Vésuve genius loci et figure métonymique de Naples dans l'oeuvre de Pierre-Jacques Volaire, Villes et volcans, 2009 - books.google.fr).

Herculanum, soit que cette ville ait une Ă©tymologie phĂ©nicienne, soit; ce qui est plus probable, que ce nom se rattache seulement Ă  celui d'Hercule, remontait Ă  une haute antiquitĂ©. HabitĂ©e successivement par les Pelasges, les Osques, les Tyrrheniens, elle devint colonie romaine et l'une des villes les plus florissantes de la Campanie. Elle parait avoir Ă©tĂ© une ville plus artistique que Pompei, livrĂ©e au commerce. Les grands de Rome y avaient des villas. Son port s'appelait Retina, nom conservĂ© dans le nom moderne de Resina. Pendant des siècles Herculanum Ă©tait restĂ© presque oubliĂ©, lorsqu'en 1711 Emmanuel de Lorraine, prince d'Elbeuf, ayant besoin de marbres pour orner une maison qu'il faisait construire Ă  Portici, apprit que dans un puits Ă  Resina on en avait trouvĂ© en abondance ; il ordonna de continuer Ă  creuser dans ne lieu, de manière qu'il dĂ©couvrit le théâtre d'Herculanum par la partie postĂ©rieure de la scène. Pendant environ 5 ans il y recueillit des marbres, des colonnes, et des statues dont il fut ensuite obligĂ© de rendre une partie au gouvernement. Charles III interdit aux particuliers la continuation des fouilles et ordonna en 1738 que l'on reprit les travaux en diverses directions dans le voisinage du puits. Les fouilles furent poursuivies jusqu'en 1770, et dirigĂ©es d'une manière peu intelligente. Comme Resina et une partie de Portici s'Ă©tendent au-dessus d Herculanum, on remplit une partie des excavations, après y avoir fait les recherches. Les fouilles, longtemps interrompues, ont Ă©tĂ© reprises de 1828 a 1837 (Augustin Joseph Du Pays, ItinĂ©raire descriptif, historique et artistique de l'Italie et de la Sicile, 1855 - books.google.fr).

 

Eruption de 1737

 

Lors de l'Ă©ruption du mois de mai 1737, l'embrasement fut tel qu'on voyait la flamme en plein jour ; des Ă©clairs, des ferrilli, sillonnaient en tous sens la fumĂ©e et les nuages ; le gouffre projetait Ă  une grande hauteur des pierres Ă©normes. Ce n'Ă©taient pourtant lĂ  que les prĂ©liminaires de l'explosion proprement dite : celle-ci n'eut lieu que quelques jours après. Dans la matinĂ©e du 24, une effroyable dĂ©tonation se fit entendre : c'Ă©tait la matière incandescente qui venait de percer les parois de la chaudière. De la trouĂ©e jaillit un torrent de laves en fusion, qui fut, le soir, suivi d'un second, plus impĂ©tueux, lequel se mit Ă  dĂ©valer vers le pied du mont, tandis que la cime du VĂ©suve ne cessait de vomir des tourbillons de fumĂ©e, de mugir et de siffler tout ensemble comme une gigantesque chaudière Ă  vapeur. A minuit, le phĂ©nomène entra dans une nouvelle phase : la crevasse agrandie lança une quantitĂ© prodigieuse de cendres et de pierres. Une forĂŞt de genĂŞts qui couvrait la campagne voisine prit feu et brĂ»la entièrement. Le fracas tonitruant du cratère faisait croire que le mont tout entier allait ĂŞtre mis en pièces ; d'ondulantes trĂ©pidations agitaient le sol d'une manière continue ; tous les habitants de la rĂ©gion durent Ă©vacuer leurs maisons et fuir devant l'horrible cataclysme. Au bout de dix ou douze jours, l'Ă©ruption s'arrèta presque soudainement, après avoir Ă©mis en laves près de neuf millions de mètres cubes (Jules Gourdault, L'Italie, 1877 - books.google.fr).

 

Des parties seront arrachées de la Terre pour être projetées dans les airs (vers 4).

 

Acrostiche : QADD

 

qadd (arabe) : autant, pareil, Ă©gal (Jules Gourdault, L'Italie, 1877 - books.google.fr).

 

Il y eut une éruption importante du Vésuve en 203 après J.C. (Jean Claude Richard de Saint Non, Voyage pittoresque à Naples et en Sicile, Tome 1, 1829 - books.google.fr).

 

L'empereur romain Philippe serait né vers 204.

 

Avec Philippe... l'Arabe, dernier empereur arabe, le christianisme est admis à égalité avec les autres cultes. Né dans le Sud de Damas, Philippe devint empereur en 244. Son règne culmina avec les fêtes du millénaire de la ville de Rome (248). Eusèbe affirme qu'il était chrétien, ainsi que sa femme et le considère même comme un martyr. L'influence, à Rome, des Arabes de Syrie était si forte que Juvenal écrivait «voici que l'Oronte syrien s'est déversé dans le Tibre, apportant sa langue et ses moeurs» (Slimane Zeghidour, La poésie arabe moderne entre l'Islam et l'Occident, 1982 - books.google.fr).

 

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