Envahissement du Milanais

Envahissement du Milanais

 

III, 39

 

1733-1734

 

Les sept en trois mis en concorde

Pour subjuguer des Alpes Apennines :

Mais la tempeste & Ligure couarde

Les profligent en subites ruines.

 

1409

 

De bonne heure, Louis d'Orléans songea à se constituer un domaine important, en profitant de l'affection que lui portait Charles VI. Sans parler de ses tentatives pour se faire donner par Clément VII un royaume en Italie, et de ses efforts pour obtenir la souveraineté de l'Etat Génois (dont les domaines allaient de Vintimille à la Spezzia, s'étendaient sur la terre ferme presque jusqu'au cours du Pô et comprenaient un véritable empire colonial en Méditerranée orientale), non plus que de ses tractations avec les seigneurs luxembourgeois et rhénans pour établir sa prédominance en ces régions, il avait su en France réunir entre ses mains de nombreuses seigneuries. [...] Ces acquisitions lui étaient violemment reprochées par Jean Petit, et à vrai dire, le duc d'Orléans avait su les réaliser à d'étonnantes et avantageuses conditions, qui ne semblent pas déceler chez lui une très grande honnêteté (Léon Mirot, L'Assassinat de Louis d'Orléans et la doctrine du tyrannicide au XVe siècle, Revue des ëtudes historiques, Volume 100, 1933 - books.google.fr).

 

Le duc d'Orléans est assassiné en 1407 à la sortie de l'Hôtel Barbette. Jean Petit écrira une Justification du Duc de Bourgogne, accusé du forfait (Alfred Coville, Jean Petit, La question du tyrannicide au commencement du XVe siècle, 1974 - books.google.fr).

 

La république de Gênes, menacée par le duc de Milan, Galeaz Visconti, s'était volontairement placée, sous la protection de Charles VI.

 

A peine le concile de Pise avait-il terminé ses opérations, qu'une révolution populaire dépouilla la France de l'influence qu'elle possédait en Italie et qu'elle avait employée si activement à combattre le schisme. Le maréchal Boucicaut avait été nommé gouverneur de Gênes, après son retour de Constantinople (1401), et avait régi plusieurs années cette république avec un certain éclat : il avait fait revoir aux fleurs-de-lis les mers d'Orient et les rivages de la Syrie, et vengé sur les musulmans syriens le désastre de Nicopolis. Il se mêlait activement à tous les intérêts des princes et des républiques d'Italie, et disputait la prépondérance dans la péninsule au roi Ladislas de Naples et au duc de Milan; mais il s'était rendu impopulaire à Gênes par la dureté de son gouvernement et par des violations réitérées du pacte qui unissait Gênes à la couronne de France.

 

Les Génois attendirent, pour se révolter, l'absence du maréchal, qui avait entrepris de s'assurer le protectorat de la Lombardie, à la faveur des troubles qui désolaient ce pays depuis la mort de Jean Galéaz Visconti. Le maréchal prit parti pour un des fils de Galeaz, Jean-Marie, sorte de bête féroce dont la plus grande joie était de faire dévorer des hommes par ses chiens. Boucicaut prétendait placer ce monstre sur le trône ducal de Milan, à la condition qu'il se reconnaîtrait vassal de la France.

 

Boucicaut fut plusieurs fois appelĂ© Ă  intervenir dans les affaires du duchĂ© de Milan ; enfin le duc de Milan, attaquĂ© par le duc de Montferrat, s'adressa au gouverneur de GĂŞnes, et promit de faire hommage de son duchĂ© au roi de France ; Boucicaut accepta facilement les propositions qui lui Ă©taient faites, et demanda Ă  Charles VI une troupe d'Ă©lite pour remplir toutes les conditions du traitĂ© qu'on lui proposait ; le roi lui envoya mille hommes d'armes avec gens de trait; Boucicaut alla au-devant de ce renfort, se mit Ă  la tĂŞte des braves qu'on lui envoyait ; il entra en Lombardie et s'empara de Plaisance ; arrivĂ© dans la capitale du duchĂ©, il arbora le drapeau des lys, et fit faire des proclamations au nom du roi.

 

Les Génois «inoffensifs et peureux» ("couarde"), comme les définit un chroniqueur contemporain, n'ont plus les moyens ni les forces de se rebeller, mais ils profitent des opportunités extérieures, comme de la présence de Teodoro Paléologue, marquis de Montferrat, allié de Facino Cane. Ils lui ouvrent la ville, défendue par un petit nombre de soldats.

 

Boucicaut allait s'emparer du château de Milan occupé par le parti gibelin, quand on lui annonça la révolution de Gènes [cf. quatrain III, 37].. Il quitta Milan qu'il n'avait occupé que neuf jours. Les Génois coururent sus aux Français, massacrèrent les uns, forcèrent les autres à ouvrir les portes des deux forteresses bâties par Boucicaut pour tenir la ville en bride, et appelèrent à leur aide le marquis de Montferrat et le fameux condottiere Facino Cane (6 septembre 1409). Rebroussant aussitôt chemin, Boucicaut revint à marches forcées vers la Rivière. A. Novi, il fut arrêté net parles troupes de Facino Cane, qui lui barraient la route. Il lui fut impossible de forcer le passage : les deux forts de Gènes où tenait la garnison française, perdant l'espoir d'être secourus, capitulèrent les 10 et 25 septembre. Sur ces entrefaites, Louis II d'Anjou envoya devant Savone ses galères provençales. Bien que la ville eût adhéré à la révolution de Gènes, il s'y trouvait un grand nombre de réfugiés guelfes favorables à la France. Une conjuration se forma pour livrer la ville à Boucicaut, qui arrivait du Piémont en se frayant une route par les Apennins. Une indiscrétion fit tout découvrir le 15 avril 1410, et le chef des conjurés qui n'était autre que l'archevêque de Savone, fut jeté dans une cage de fer.

 

Boucicaut n'eut pas Milan et perdit Gênes; il fut obligé de se réfugier en Piémont, sur les terres de la maison de Savoie, pour ne pas voir couper ses communications avec la France. Les tempêtes, qui recommencèrent, sur ces entrefaites, à bouleverser le royaume, ne permirent pas de rien tenter pour recouvrer la domination que la France avait exercée treize ans à Gênes. Il ne restait plus à la France dans la péninsule que le comté d'Asti fief appartenant aux Orléans (Amédée Gouët, Histoire des règnes de Charles VI et Charles VII: 1380-1461 ; d'après les documents originaux, 1870 - books.google.fr, Charles Germain Bourel La Roncière, Histoire de la marine française: La Guerre de Cent Ans. Révolution maritime, 1914 - books.google.fr, Henri Martin, Histoire de France depuis les temps les plus réculés jusqu'en 1789, Tome 5, 1861 - books.google.fr, Notice sur Boucicaut, Mémoires pour servir à l'histoire de France, 1836 - books.google.fr, Antoine-Marie Graziani, Histoire de Gênes, 2009 - books.google.fr).

 

La facilité du recours à la garnison de Gênes qui, pour les états italiens, résultait du voisinage, fut cause de la perte de ce port (Henri-François Delaborde, L'expédition de Charles VIII en Italie, Tome 1, 1888 - books.google.fr).

 

"Les sept en trois mis en concorde" : Paix de Chartres

 

Cette paix de Chartres, signée le 9 mars 1409 (1408 vieux style) à Chartres, comportait 21 articles rédigés par Jean de Montaigu. Y étaient notamment inscrits : l'aveu de Jean sans Peur, duc de Bourgogne concernant le meurtre de Louis Ier d'Orléans ; des excuses aux enfants du duc d'Orléans. Il fut prévu une cérémonie en la cathédrale de Chartres le 9 mars 1409. Cette cérémonie de réconciliation fut une véritable crève-cœur pour Charles et Philippe d'Orléans. En larmes ils accordèrent leur pardon à Jean sans Peur, assassin de leur père. Puis, ils prêtèrent le serment sur les Évangiles de respecter cette paix qui venait d'être signée (fr.wikipedia.org - Paix de Chartres).

 

Aussi cet accord fut plûtost un nouvel outrage à la memoire du défunt, & à ses pupilles, que non pas une reparation. Sur un échaffaut dressé pour cét effet dans la grande Eglise de Chartres, le Duc, par la bouche de Dolhaing son Avocat, demanda pardon au Roy, pour le meurtre du Duc d'Orleans tué justement, & pour le service de Sa Majesté: & puis par le mesme Avocat, il pria ses cousins d'Orleans, d'oster cette vengeanie de leur cœur, n'apportant point d'autres paroles de satisfaction, pour un si grand crime, sinon qu'il ajoûtoit à celles de son Avocat, & de ce je vous en prie. Il falut, puisque le Roy le commandoit, que les pupilles le promissent ; l'aîné & le Bourguignon, jurèrent sur les Saints Evangiles, de vivre à l'avenir en bonne amitié, & mutuelle concorde (François Eudes de Mézeray, Histoire de France depuis Faramond, 1685 - books.google.fr).

 

En 1409, un contingent de 1000 hommes d'armes fut envoyĂ© en renfort au marĂ©chal Boucicaut qui se prĂ©parait Ă  intervenir dans le Milanais : «La composition de cette armĂ©e destinĂ©e Ă  conforter les ambitions françaises en Italie, devait ĂŞtre une claire manifestation de la grande rĂ©conciliation scellĂ©e Ă  Chartres. C'est pourquoi, parmi les capitaines qui conduisirent outre-monts les renforts mis sur pied par le gouvernement royal, on trouvait des fidèles de tous les princes de lys, unis provisoirement : Hugues d'Amboise Ă©tait chambellan du duc d'OrlĂ©ans, Louis de Loigny, futur marĂ©chal de France, Ă©tait un familier du duc d'Anjou, Hector, bâtard de Bourbon (l'homme du destin), Ă©tait un fils naturel du duc Louis II de Bourbon, quant Ă  Jean de La TrĂ©moĂŻlle, seigneur de Jonvelle, Guy de Bar, seigneur de Presles, et Enguerrand de Bournonville, ils Ă©taient, tous trois, des hommes du duc de Bourgogne» (B. Schmerb, Enguerrand de Bournonville, p. 89). Doit-on y voir le symbole de «la grande rĂ©conciliation scellĂ©e Ă  Chartres» ou alors la volontĂ© de se surveiller les uns les autres ? Les deux ne sont pas incompatibles (Elizabeth Gonzalez, Un prince en son hĂ´tel: les serviteurs des ducs d'OrlĂ©ans au XVe siècle, 2004 - books.google.fr).

 

La duchesse d'Orléans fit mander contre le duc de Bourgogne, accusé de l'assassinat de son mari, entre autres choses :

 

Que le duc de Bourgogne fût amené au Louvre ou dans le lieu qui plairait au roi ; que là, en présence du roi, ou de monseigneur d'Aquitaine, de tous ceux du sang royal, et du conseil, devant le peuple, ledit duc de Bourgogne, sans chaperon ni ceinture, à genoux devant madame d'Orléans et ses enfans, accompagnés d'autant de personnes qu'il leur plairait, dît et confessât publiquement et à haute voix, que malicieusement et par guet-apens, il avait fait occire monseigneur d'Orléans, par haine, envie, convoitise, et non pour autre cause, nonobstant les choses qu'il avait fait soutenir à ce sujet; que de toutes et de chacune de ses offenses, il se repentait et demandait pardon à madame d'Orléans et à ses enfans, les suppliant humblement de lui vouloir pardonner; ajoutant de plus qu'il ne savait rien contre le bien et l'honneur de monseigneur d'Orléans. Qu'ensuite il fût conduit dans la cour du palais et à l'hôtel Saint-Paul, où, sur des échafauds élevés à cet effet, il répéterait les mêmes paroles ; qu'il y restât à genoux, jusqu'à ce que des prêtres assistans aient récité les sept psaumes de la pénitence, les litanies, et des prières pour le repos de l'âme de monseigneur d'Orléans. Qu'ensuite il baisât la terre et demandât pardon; que récit de cette amende honorable fût fait dans les lettres royales adressées à toutes les bonnes villes pour y être criées et publiées à son de trompe (Amable Guillaume Prosper Brugière de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, Tome 2, 1839 - books.google.fr).

 

Gerson fut d'abord, tout comme Petit, un adversaire du duc d'OrlĂ©ans et un protĂ©gĂ© bourguignon. Il occupa mĂŞme des postes de confiance Ă  la cour de Bourgogne, tel celui d'aumĂ´nier de Philippe le Hardi. Pourquoi s'est-il dĂ©tachĂ© de ses protecteurs? Faut-il y voir une rivalitĂ© entre lui et Jean Petit pour une question de primautĂ© d'influence Ă  la cour bourguignonne  ou pour leur prestige Ă  l'universitĂ© ? Est-ce parce qu'il avait une conception opposĂ©e et bien arrĂŞtĂ©e Ă  celle de son protecteur sur la solution Ă  apporter au schisme ? Il semble que non, car avant 1408, il partageait des opinions qu'il devait combattre dans la suite. Quoi qu'il en soit sa parole fut Ă©coutĂ©e en haut lieu. Le 7 octobre 1413, le roi ordonna Ă  l'Ă©vĂŞque de Paris de faire enquĂŞte, avec le concours de l'Inquisiteur de la foi et «des plus notables maistres de la FacultĂ© de thĂ©ologie et autres saiges clercs de nostre fille l'UniversitĂ© de Paris» sur les hĂ©rĂ©sies et erreurs rĂ©pandues dans le royaume ou ailleurs, de rĂ©unir et de visiter diligemment les Ă©crits qui pouvaient contenir des erreurs. [...]

 

Les sept propositions que Gerson avaient tirées de la justification, furent examinés par l'assemblée qui, pour répondre aux critiques, refit l'examen de la justification elle-même, et à son tour, formula neuf propositions qui se trouvaient, celles-ci, énoncées par l'apologiste. Dans sa dernière séance, le concile de la foi, ainsi ce nommait cette réunion, condamna la justification et les neuf propositions : c'était une défaite bourguignonne, malgré les réserves, les retraites prudentes de certains membres, la désapprobation de la Faculté du décret et de la Nation picarde dans le sein de l'Université. Le duc de Bourgogne avait encore de solides appuis dans la place qui, le moment venu, reviendraient à la charge : c'est une autre conclusion (Revue belge de philologie et d'histoire, Volume 12, Numéro 4, 1933 - books.google.fr, Alfred Coville, Jean Petit, La question du tyrannicide au commencement du XVe siècle (1932), 1974 - books.google.fr).

 

Que faisait Christine de Pisan, durant ces annĂ©es qui suivent la mort de Louis d'OrlĂ©ans ? C'est alors le milieu de Christine, secrĂ©taires du roi et humanistes, gens de finances et Italiens, qui fut touchĂ© par l'Ă©puration bourguignonne. Le grand maĂ®tre de l'HĂ´tel royal Jean de Montaigu, le secrĂ©taire lettrĂ©, issu d'une famille italienne, fidèle ami de Charles V, qui avait gĂ©nĂ©reusement secouru Christine dans son veuvage, fut arrĂŞtĂ© le 7octobre 1409 et exĂ©cutĂ© le 17. Plus triste sans doute que par le passĂ©, elle travaille Ă  deux ouvrages au moins, qui sont datĂ©s de cette Ă©poque : Le Livre des fais d'armes et de chevalerie et les Sept Psaumes allĂ©gorisĂ©s. Très diffĂ©rents par le sujet, ces deux ouvrages ont cette similitude d'ĂŞtre de purs travaux de librairie. Ils prouvent que la laborieuse Christine continuait de vivre de sa plume. Le second prouve, en outre, qu'elle n'osait mĂŞme plus Ă©voquer la mĂ©moire de Louis d'OrlĂ©ans. La date de composition des Sept Psaumes allĂ©gorisĂ©s a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e par Delisle. Le commentaire du verset 18 du Psaume CI nomme comme pape rĂ©gnant Alexandre V. Or, Pierre de Candie, cardinal de Milan qui prit ce nom, fut Ă©lu par le concile de Pise, le 26 juin 1409, et mourut le 3 mai 1410 (Marie Josèphe Pinet, Christine de Pisan, 1364-1430: Ă©tude biographique et littĂ©raire (1927), 1974 - books.google.fr, Françoise Autrand, Christine de Pizan, 2009 - books.google.fr).

 

À première vue, le corpus de textes proposé dans les livrets épiscopaux (XVIIIe siècle) semble plutôt disparate, avec ses multiples oraisons, souvent brèves, construites en paraphrase de passages scripturaires et correspondant à des prières pour le pape, l'Église, l'évêque, le roi, la reine, le dauphin, la paix, la cessation des malheurs du temps ou l'extirpation des hérésies. On y trouve encore d'autres prières, moins nombreuses, en rapport cette fois avec les grâces spirituelles qu'attend le fidèle de l'accomplissement des prescriptions pontificales : prières à dire avant et après la confession, ou destinées à demander l'esprit de pénitence et la rémission des péchés. Si la dévotion aux saints titulaires des églises stationnales conduit à ajouter encore quelques oraisons aux fascicules, plus largement le culte des saints y est présent à travers la présence fréquente de leurs litanies. Les invocations à la Vierge ne sont pas oubliées non plus, le plus souvent par le biais de la traduction française du Sub tuum. Au-delà de ce foisonnement de formules dévotes, anciennes ou nouvelles, empruntée ou non à la liturgie, tous les livrets présentent une forte unité par la place qu'ils accordent aux psaumes. Quatre d'entre eux reviennent assez régulièrement, associés chacun à une intention de prière. Le psaume 79 (Qui regis Israël) soutient la prière pour l'Église et, éventuellement, pour le pape ; le 19 (Exaudiat te Dominus) est utilisé pour demander la protection divine sur le roi et la famille royale ; le 121 (Laetatus sum) est imploration pour la paix et la concorde entre les princes; le 50 enfin (Miserere mei, Domine) - seul de l'ensemble à appartenir au cycle des psaumes pénitentiels - accompagne la supplication de rémission des péchés. Au-delà de ce «tronc commun», on rencontre évidemment d'autres psaumes, utilisés moins fréquemment (Bernard Dompnier, Les pratiques dévotionnelles du jubilé, Revue de l'histoire des religions, t. 217, fasc. 3, 2000 - books.google.fr).

 

Le psaume 121(122) (Laetatus sum) est imploration pour la paix et la concorde entre les princes. Ps 121,3 : "Jerusalem bâtie comme une ville où tout ensemble fait corps". Jérusalem solidement rebâtie après l'exil est le symbole aussi de l'unité du peuple élu et la figure de l'unité de l'Eglise (Bible de Jérusalem, 2000, p. 1062)

 

Cette reconstruction ouvre sur le quatrain suivant III, 40.

 

Le "sept" pourrait être lié à l'assassinat de Louis d'Orléans, sa justification par Jean petit, et à la pénitence (7 psaumes) imposée à Jean de Bourgogne. On passe du crime au pardon.

 

"la tempeste" : concile de Pise

 

De ruina et reparacione Ecclesie, est un traité de Nicolas de Clamanges sur les abus et maux de l’Église à son époque. Il fut traduit au XVIe siècle, plus précisément en 1564, dans le contexte de la Réforme protestante par Jean Crespin à Genève, et mis à l’Index par l’Église catholique.

 

Nicolas de Clamanges, reconnaĂ®t qu'il y a encore de belles âmes dans l'Eglise, et oĂą il cite uniquement Pierre d'Ailly et BenoĂ®t XIII. Pierre d'Ailly jusqu'au concile de Pise resta attachĂ© Ă  BenoĂ®t XIII. Il souffrit de graves avanies pour n'avoir point voulu abandonner la cause du pape d'Avignon. Nicolas de Clamanges partageait son opinion, et c'est pour exprimer leur commune dĂ©solation des maux de l'Eglise qu'il avait pris la plume. Lorsqu'en 1408, Pierre d'Ailly se trouva dans une situation difficile, il lui adressa des paroles de consolation oĂą il lui exprimait encore leur communautĂ© de sentiment. Le concile de Pise (25 mars-7 aoĂ»t 1409) marqua un grand changement. L'union, bien que partielle, des cardinaux des deux obĂ©diences donna Ă  Pierre d'Ailly un grand espoir. Il «prit alors son parti» : il gagna Aix et Tarascon, considĂ©rant que le Concile Ă©tait lĂ©gitime, et arriva Ă  Pise le 7 mai 1409. De Provence, il avait Ă©crit Ă  BenoĂ®t XIII une lettre plus que sĂ©vère : il y parlait des mensonges du pape, de sa duretĂ©, peut-ĂŞtre par suite d'une circonstance matĂ©rielle, il ne prit pas part Ă  la condamnation de GrĂ©goire XII et de BenoĂ®t XIII, il se rallia aussitĂ´t au nouveau pape Alexandre V ; puis il reconnut Jean XXIII, dont Clamanges devait dire tant de mal, et fut promu cardinal par ce pape. Ce changement ne pouvait manquer de faire une pĂ©nible impression sur Nicolas de Clamanges. Celui-ci dĂ©sapprouvait l'Ĺ“uvre du concile de Pise ; il ne croyait pas que l'Eglise pĂ»t se rĂ©former d'elle-mĂŞme ; il pensait qu'en tout cas la rĂ©forme devait prĂ©cĂ©der les intrigues pour l'union et la crĂ©ation d'un pape unique, qui en rĂ©alitĂ© ne devait ĂŞtre qu'un troisième pape.

 

Le traité de Clamanges se termine par :

 

Celuy certes s'abuse, qui pense que les labeurs et douleurs de l'Eglise se puissent finir par les maux que desia nous endurons, ce ne sont que petits conmiencemens de douleurs, et douces escarmouches de ce qui reste. Mais il estoit temps de prendre port, la tempeste venant, et de pourvoir à nostre salut en ces dangers, de peur que l'orage, qui doit esbranler la nacelle tant despecée, de plus horrible tourbillon que iamais ne nous engloutisse au milieu des ondes avecques ceux qui à bon droit doivent estre noyez et périr (Nicolas de Clamanges, De ruina et reparacione Ecclesie, 1408 - artandpopularculture.com).

 

Il y aura donc trois papes après le concile de Pise.

 

En se rendant à ce Concile que Guy de Roye, l'archevêque de Reims avait été tué, aux environs de Gênes, le 8 juin 1409.

 

Le roi de France avait commandé à Boucicaut la neutralité pour le Concile. Le maréchal fit en sorte qu'elle fût acceptée par la ville de Gênes.

 

Jean Petit disait, en 1406, qu'à son sens les Génois croyaient plus en l'argent qu'en la légitimité de Benoît XIII (Noël Valois, La France et le grand schisme d'Occident, Volumes 1 à 2, 1901 - books.google.fr).

 

Une tempête empêcha Boucicaut d'aborder le Latium avec huit galères pour emmener à Pise le pape romain Grégoire XII, qui avait les faveurs des Anglais et du duc de Bourgogne, et auquel la France avait fourni des sauf-conduits. Ladislas de Naples se posait alors en défenseur de Grégoire qui n'assistera pas au concile, comme Benoit XIII qui s'arrêtera à Sarzana. Auparavant, les deux papes faillirent se rencontrer à Savone  (Jean Favier, Les Papes d'Avignon, 2006 - books.google.fr).

 

Boucicaut, sur l'ordre du roi, chasse de Savone Benoît XIII, déposé après le concile de Pise.

 

Typologie

 

1733 reporté sur la date pivot 1409 donne 1085.

 

Sous l'archevêque Gui (1045-1071) la maladie qui minait depuis longtemps l'Église de Milan fit explosion. Les Églises de Lombardie, celle de Milan en tête, étaient par excellence la patrie de la simonie et du concubinat. Les évêques, loin de porter remède au mal, étaient devenus les plus scandaleux des simoniaques et des concubinaires. L'archevêque Gui de Milan était atteint de cette double peste. Enfin un prêtre de Milan, nommé Anselme de Baggio (qui devint le Pape Alexandre Ier), éleva la Voix contre ces abus criminels; les prêtres de Milan Landulph Cotta et Ariald se joignirent à lui, et bientôt deux partis furent en présence à Milan et dans toute la haute Italie. Les uns, sous l'influence du Saint-Siége, luttaient pour la réforme et finirent par l'emporter; les autres, sous l'égide de l'empereur Henri IV, se battaient avec fureur pour conserver le profit des bénéfices ecclésiastiques, leurs femmes et leurs concubines, sous prétexte de soustraire au joug de l'Église romaine les libertés de l'Eglise de S. Ambroise. Durant la lutte l'archevêque Gui vendit la dignité épiscopale à un certain Godefroi, favori d'Henri IV, tandis que le parti de la réforme élisait, en 1072, le prêtre de Milan Atto. Atto ne fut pas sacré; Godefroi ne fut pas reconnu à Milan; mais Théobald, institué par Henri IV, occupa le siége de 1076 à 1085. Après ces temps orageux, une ère plus prospère commença, sous l'archevêque Anselme III , qui s'attacha au Pape Urbain II (1086-1093) ; mais il fallut encore bien du temps pour que l'ordre fût complétement rétabli (Heinrich Joseph Wetzer, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique: rédigé par les plus savants professeurs et docteurs en théologie de l'Allemagne catholique moderne, traduit par Johann Goschler, 1862 - books.google.fr).

 

Milanais et Apennins

 

Le territoire de Bobio, qu'on eut aussi appeler le Bobionois, est situé aux extrémités du duché de Milan, dans une plaine au bas des montagnes de l'Apennin, entre Gènes, Parme & Tortone. Il est sous la dépendance du Roi de Sardaigne depuis le Traité de Vienne de 1736, & la possession lui en a été confirmée par le traité d'Aix-la-Chapelle en 1748 (Histoire universelle, depuis le commencement du monde jusqu'à présent, Tome 48, 1786 - books.google.fr).

 

Le couvent de Bobbio est fondé dans les Apennins, en 612, par saint Colomban, et dirigé dans le dixième siècle par le célèbre Gerbert (Revue encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables, Tome 8, 1820 - books.google.fr).

 

"Ligure coĂĽarde" : GĂŞnes

 

Une assemblée générale qu’ils convoquèrent à cette époque, déclara la Corse république libre et indépendante. Giafferi fut réélu général, et on lui donna pour collègue Hyacinthe Paoli, père du fameux généra de ce nom. Ainsi les Génois, après avoir beaucoup dépensé en troupes auxiliaires, eurent la momification de se retrouver encore au même point oû ils étoient avant le secours impérial. Ils prirent depuis à leur solde des troupes suisses et grisonnes; ils allèrent jusqu'à armer des proscrits et des vagabonds, pour les opposer aux Corses.

 

Sur ces entrefaites, un aventurier, Théodore, baron de Neuhof, parut en Corse. Issu d'une famille noble du comté de la Marck en Westphalie, il s'étoit procuré à Tunis des armes et des munitions avec lesquelles il se rendit, en 1736, en Corse, résolu d'y tenter fortune. Ses manières engageantes, jointes à la promesse qu'il fit d'une puissante assistance étrangère, enchantèrent tellement les Corses, qu'ils allèrent jusqu'à lui déférer la dignité royale. Proclamé roi de Corse, il prit les marques extérieures de la royauté ; il se donna des gardes et des officiers d'état, fit battre monnoie à son coin, et créa un ordre de chevalerie sous le nom de rédemption. Profitant ensuite de l'enthousiasme que sa conduite inspiroit aux Corses, il fit courageusement la guerre aux Génois, et forma le blocus de plusieurs de leurs places. Mais l'argent qu'il avoit apporté s’étant épuisé et le peuple commençant à se refroidir à son égard, il prit le parti de s'embarquer sur la fin du mois de novembre de la même année, pour solliciter des secours au dehors. Il passa en Hollande, où il trouva moyen d'engager une société de négocians, en leur offrant l'espérance d'un commerce lucratif avec la Corse, à lui confier de l'artillerie, des munitions et autres provisions, avec lesquelles il retourna dans l'île dans le cours de l'année 1737.

 

Ce fut dans ces circonstances que les Génois menacés de perdre, sans retour, leur souveraineté de Corse, entrèrent en, négociation avec la cour de Versailles. Cette cour craignant que l’Angleterre ne profilât des troubles de Pile pour s'en emparer, se concerta avec la cour de Vienne, pour obliger les Corses de rentrer sous la domination génoise. On rédigea, à cet effet, un plan de pacification à Versailles, et le comte de Boissieux fut chargé de le mettre à exécution. Ce général débarqua au mois de février 1738, dans l’île, à la tête d’un corps de troupes auxiliaires françoises. L’arrivée du général françois détermina le roi Théodore à abandonner la Corse et à chercher son salut dans la fuite. Il se retira à Londres, où il fut enfermé pour dettes; élargi après une longue captivité, il mourut dans la misère (Christophe Guillaume de Koch, Tableau des révolutions de l'Europe, depuis le bouleversement de l'empire romain en Occident jusqu'à nos jours, Tome 3, 1807 - books.google.fr).

 

Une tempĂŞte en Corse

 

L'aventurier ThĂ©odore de Neuhof reparut bientĂ´t dans l'Ă®le : "Il Ă©tait trop de son intĂ©rĂŞt de s'y montrer, pour qu'il ne se hâtât pas d'y revenir..." Ecoutons l'auteur des RĂ©volutions de GĂŞnes, qui rapporte le bref sĂ©jour qu'y fit le "roi" de Corse, au milieu de ce mois de septembre : "Après un long et pĂ©nible voyage de quatre mois et cinq jours, il arriva avec trois vaisseaux dans le port de Sorracco, Ă  quelques milles de Porto-Vecchio, le 13 de septembre, Ă  huit heures du soir. On prĂ©tend que cet armement avait Ă©tĂ© fait par quelques marchands hollandais qui avaient comptĂ© qu'en Ă©change des munitions qu'ils envoyaient aux Corses, leurs navires rapporteraient des huiles que cette Ă®sle fournit abondamment. Dès que ThĂ©odore fut arrivĂ©, il Ă©crivit aux principaux partisans qu'il avait dans ce canton. Il leur faisait le dĂ©tail des munitions qu'il apportait ; il parlait de trois autres vaisseaux qui devaient bientĂ´t le joindre et que la tempĂŞte avait Ă©cartĂ©s ; il assurait qu'il Ă©tait prĂŞt de se mettre Ă  la tĂŞte de ses sujets, s'ils lui demeuraient fidèles ; il marquait en particulier au curĂ© de Porto-Vecchio qu'il se prĂ©senterait bientĂ´t aux portes de cette ville, et qu'il comptait que ses habitants ne s'exposeraient pas aux suites dangereuses de la rĂ©sistance. Mais ses tentatives eurent peu de succès. Plusieurs de ses adhĂ©rents vinrent le saluer Ă  son bord ; et il leur donna quelques armes. Divers chefs se rendirent Ă  Sorracco avec quelque suite. Il descendit, confĂ©ra quelque temps avec eux, fit dĂ©barquer des fusils, de la poudre, du fer, du sel, qu'il distribua aux gens qu'ils avaient amenĂ©. II donna des ordres pour qu'on attaquât Porto-Vecchio ; mais on avait renforcĂ© la garnison de cette place et des postes voisins ; et malgrĂ© les rĂ©jouissances publiques qu'il sĂ»t qu'on avait faites dans quelques districts Ă  l'occasion de son retour il sentit bien qu'il Ă©tait trop faible pour pouvoir rien entreprendre avec espoir de rĂ©ussir. l partit donc de Sorracco, après y avoir demeurĂ© dix jours, et fit voile autour de l'Ă®sle, dans l'espĂ©rance qu'on lui ferait dans quelqu'autre endroit des signaux pour l'engager Ă  descendre : mais n'en ayant aperçu nulle part, il disparut avec ses 3 vaisseaux le 12 d'octobre (Simon Grimaldi, La Corse & Le Monde: histoire chronologique comparĂ©e, Tome 2, 1992 - books.google.fr).

 

Boissieux fit beaucoup de mal aux Corses, mais il échoua dans les efforts qu’il fit pour les soumettre. (Christophe Guillaume de Koch, Tableau des révolutions de l'Europe, depuis le bouleversement de l'empire romain en Occident jusqu'à nos jours, Tome 3, 1807 - books.google.fr).

 

Quelque temps après partit une flotte chargée de nouveaux bataillons que le cardinal de Fleuri envoyait pour pacifier la Corse par la voie des armes. La flotte fut díspersée par une horrible tempête, deux vaisseaux furent brisés sur la côte, quatre cents soldats avec leurs officiers échappés au naufrage tombèrent entre les mains de ceux qu'ils venaient assujétir, et furent dépouillés tout nuds. Le chagrin que ressentit Boissieux de tant de disgrâces hâta sa mort dont sa faible complexion le menaçait depuis long-temps. On n'a guère fait d'expédition plus malheureuse (Collection complette des oeuvres de M. de Voltaire, Précis du siècle de Louis XV, 1769 - books.google.fr).

 

Son successeur, le marquis de Maillebois, fut plus heureux. Il prit des mesures si justes et si vigoureuses que  qu'il força, en 1739, ces insulaires à mettre bas les armes, et à recevoir la loi du vainqueur. Leurs généraux Giafféri et Hyacinthe Paoli prirent le parti de se retirer à Naples. La guerre pour la succession d’Autriche ayant obligé la cour de France de rappeler, en 1741, ses troupes de l’île, les troubles se renouvelèrent. Gafforio et Matra se chargèrent alors du généralat et de la direction es affaires. Ils eurent un collègue et un concurrent dans la personne du comte de Rivarola, Corse d’origine, qui, soutenu de quelques vaisseaux anglois, eut la gloire de chasser, en 1745, les Génois des places de Bastia et de Ban-Fiorenzo. Les Corses auroient poussé leur avantage encore plus loin, sils avoient su dompter leurs haines et leurs animosités privées, pour ne s’occuper que de l'intérêt général; mais les divisions intestines retardèrent leurs succès et facilitèrent à leurs ennemis le moyen de rentrer dans les places conquises. Rivarola et Matra ayant quitté le commandement, Gafforio en resta seul chargé. C’étoit un homme d'un mérite rare et d’une valeur éprouvée. Il commençoit à policer sa patrie et à donner quelque stabilité au gouvernement de l’île, lorsqu'ïl fut assassiné par des émissaires génois, à ce qu’on prétend. Sa mort replongea la Corse dans le désordre et dans l'anarchie, dont Gafibrio avoit cherché à la tirer.

 

Enfin parut le célèbre Pascal Paoli, que son vieux père envoya, en 1755, de Naples en Corse. Elu chef et général par ses compatriotes, il ranima leur courage abattu, et pendant qu’il faisoit heureusement la guerre aux Génois, il ne négligea rien pour réformer les abus et pour faire fleurir l'agriculture, les lettres et les arts. Il ne lui manquoit plus, pour compléter son ouvrage et pour affermir la liberté et l'indépendance de sa patrie, que de faire sortir les Génois des places maritimes de Bastia, de San-Fiorenzo, Calvi, Algagliola et Ajaccio, les seules qui restassent encore en leur pouvoir. Il y auroit vraisemblablement réussi, sans la nouvelle intervention de la France qui, par différens traités qu’elle conclut successivement avec les Génois, dans les années 1752, 1755, 1756 et 1764, se chargea de la défense de leurs ports et places fortes de l'île. L'intention des François, en prenant possession de ces places, n'étoit pas d’abord d'agir hostilement contre Paoli et les naturels du pays; ils vouloient simplement garder les places pour un temps limité, en acquittement de la dette que le gouvernement françois avoit contractée envers la république de Gênes. Cette république se flattoit que, débarrassée de la garde des places fortes, il lui seroit facile de reconquérir, avec ses propres forces, tout le reste de l'île. Elle ne fut pas long-temps à s'apercevoir qu'elle s'étoit trompée dans son attente. Les Corses chassèrent, en 1767, les Génois de l'île de Capraja ; ils rentrèrent même dans Ajaccio et dans quelques autres postes que les François avoient jugé à propos d'abandonner. Avec cela , des vaisseaux corses, armés en guerre, ne cessoient de faire des courses sur les Génois, et de troubler leur commerce. Convaincu alors qu'il lui étoit impossible de subjuguer l'île, et voyant le terme approcher où les troupes françoises devoient en sortir, le sénat de Gênes prit le parti de faire une cession de ses droits sur la Corse à la couronne de France, par un traité qui fut signé à Versailles, le 15 mai 1768 (Christophe Guillaume de Koch, Tableau des révolutions de l'Europe, depuis le bouleversement de l'empire romain en Occident jusqu'à nos jours, Tome 3, 1807 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain III, 87 - La Corse sous la coupe française - 1768-1769.

 

Les profligés seraient abattus tandis que les profligens, si on remplace le "t" de "profligent" par un "s", abattent. Les Corses battent les Génois mais seront battus ("ruines") par les Français.

 

On remarque que l'acrostiche du quatrain précédent LOAP à l'envers fait PAOL d'où PAOLI.

 

La guerre de Succession de Pologne

 

En 1733, la France fut entraînée à tirer l'épée contre le gré de son vieux ministre. Ce fut à l'occasion de la mort d'Auguste II, électeur de Saxe et roi de Pologne (1er février 1733) Le beau-père de Louis XV, Stanislas Lesczynski, avait été autrefois renversé du trône de Pologne par Auguste II, à l'aide des armes étrangères. Il n'était pas douteux que le parti national polonais ne fût disposé à rappeler le roi Stanislas, et par contre, la Russie, qui, sur le refus que la France avait fait de son alliance, s'était alliée à l'Autriche, était résolue d'exclure Stanislas.

 

Quant à l'Angleterre, toujours jalouse de la puissance maritime de la France, il n'était pas probable qu'elle nous laissât dominer dans la Baltique sans intervenir contre nous. L'entreprise de rétablir Stanislas pouvait donc paraître difficile et périlleuse, et la France y semblait mal préparée. Fleuri, moins encore par une économie très-mal entendue que pour s'assurer le bon vouloir des Anglais, avait laissé dépérir notre marine militaire. Avec de la décision et de la rapidité, le succès n'était pourtant pas impossible. L'esprit public était très-animé en France; l'instinct national y sentait fortement l'importance de relever la Pologne. La Russie n'avait pas de grandes ressources disponibles ; l'Autriche était fort mal gouvernée, fort désorganisée, et les petits États allemands étaient, en grande partie, mal disposés pour elle. Il y avait, sous Fleuri, au ministère des affaires étrangères, un homme éclairé, énergique et patriote, Chauvelin. Il conçut un plan d'ensemble, consistant à envoyer des troupes françaises par mer en Pologne et à attaquer l'Autriche en Allemagne, d'accord avec la Bavière, et en Italie, d'accord avec l'Espagne et la Sardaigne. à rappeler le roi Stanislas, et, par contre, la Russie, qui, sur le refus que la France avait fait de son alliance, s'était alliée à l'Autriche, était résolue d'exclure Stanislas. [...]

 

Fleuri avait fait échouer le plan de Chauvelin en Pologne. Il laissa tenter l'exécution de la partie de ce plan relative à l'Italie, qui lui faisait moins peur, parce qu'il espérait ne pas se brouiller par là avec les Anglais. Il s'était laissé aller à conclure, en septembre et octobre 1733, avec le roi d'Espagne et le nouveau roi de Sardaigne, un double traité conforme au projet que nous avons mentionné plus haut. L'Angleterre et la Hollande promirent d'être neutres, à condition que la France n'attaquerait pas l'empereur en Belgique. Deux armées françaises franchirent les Alpes et le Rhin (octobre 1733). L'armée du Rhin assiégea et prit Kehl ; l'armée des Alpes, jointe aux Piémontais, marcha sur le Milanais (Henri Martin, Histoire de France populaire: depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, 1868 - books.google.fr).

 

"trois mis en concorde"

 

Villars, âgé de plus de quatre-vingts ans, fut chargé d'aller commander en Italie contre l'Empereur les armées combinées de France, d'Espagne et de Sardaigne; les reines de ces trois pays lui donnèrent chacune une cocarde qu'il mit chevaleresquement à son chapeau (Charles Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Tome 13, 1858 - books.google.fr).

 

"Les sept"

 

Les protagonistes de cette guerre de Succession de Pologne sont la Saxe, la Russie, l'Autriche, la Bavière, la France, la Sardaigne et l'Espagne : sept, dont les trois derniers subjugueront le Milanais confinant aux Apennins.

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