Piraterie

Piraterie

 

III, 47

 

1739

 

Le vieux monarche deschassé de son regne

Aux Orients son secours ira querre :

Pour peur des croix pliera son enseigne :

En Mitilene ira pour port et terre..

 

Il semble qu'un acteur fantĂ´me hante ce quatrain : PompĂ©e. Le "vieux monarque" pourrait ĂŞtre Mithridate VI du Pont nĂ© vers 132 av. J.-C. ou vers 135 av. J.-C. Ă  Sinope, capitale du Pont qui avait dĂ©jĂ  60 ans lorsqu'il fuit chez le roi d'ArmĂ©nie, battu par Lucullus qui sera remplacĂ© par PompĂ©e. Celui-ci nettoie la MĂ©diterranĂ©e de ses pirates, qui encouraient la crucifixion comme peine capitale, et après sa dĂ©faite dans la guerre civile qui l'oppose Ă  Jules CĂ©sar, il s'exilera en Egypte en passant par l'Ă®le de Lesbos dont la capitale est Mytilène, autre nom de cette mĂŞme Ă®le.

 

Mithridate

 

Tigrane II, roi d'ArmĂ©nie, aspire Ă  la paix et se montre hostile Ă  la reprise du conflit entre Rome et Mithridate VI Ă  l'initiative de ce dernier (74 av. J.-C.). Cependant après les victoires de Lucullus contre Mithridate, celui-ci se rĂ©fugie chez Tigrane [l'ArmĂ©nie se trouvant Ă  l'orient du royaume du Pont] ; celui-ci refuse de le livrer aux Romains. Ceux-ci envahissent ses États, et Lucullus s'empare de sa nouvelle capitale, Tigranocerte le 6 octobre 69 av. J.-C., Ă  la suite de la trahison d'une partie de sa garde ; Tigrane envoie alors 6 000 cavaliers chargĂ©s de sauver ses Ă©pouses et ses biens. La mĂŞme annĂ©e, les 70 000 soldats des armĂ©es coalisĂ©es de Mithridate et de Tigrane affrontent les forces de Lucullus devant Artaxate, l'ancienne capitale. Mais, Ă  la suite de lourdes pertes, les lĂ©gions romaines se rĂ©voltent, et Lucullus se retire vers le sud, pillant au passage Nisibe, gardĂ©e par le frère de Tigrane, et replaçant un SĂ©leucide, Antiochos XIII, sur le trĂ´ne de Syrie. Ce qui constitue malgrĂ© tout un Ă©chec de Lucullus lui vaut son rappel Ă  Rome et son remplacement par PompĂ©e (fr.wikipedia.org - Tigrane II d'ArmĂ©nie).

 

Pirates et crucifixion

 

La piraterie existait déjà dans l'Antiquité. Toutes les civilisations anciennes ayant possédé une marine l'ont connue, les Phéniciens comme les Mycéniens, la mer étant considérée comme un espace libre où règne la « loi du plus fort ». Lorsque les États deviennent plus puissants, à la piraterie s'ajoute la guerre de course. Jules César dut lui-même affronter la piraterie. Lors d'un voyage vers l'Orient entre les années 75 av. J.-C. et 74 av. J.-C., il fut capturé par ceux-ci, à hauteur de l'île de Pharmacuse, à proximité de la ville de Milet en Asie Mineure. Dès sa libération contre rançon, il entreprit de se venger. Après avoir réuni en toute hâte une flottille, il surprit et captura les pirates qu'il fit exécuter et, en partie, crucifier. Pompée se rendit célèbre en nettoyant la Méditerranée des pirates ciliciens (fr.wikipedia.org - Piraterie).

 

Durant l'hiver 67 av. J.-C., Pompée reçoit, par la lex Gabinia , la motion portant le nom du tribun de la plèbe Gabinius, un imperium exceptionnel pour éliminer la piraterie de Méditerranée. En effet, par leurs raids incessants, les pirates qui perturbaient considérablement le transport de vivres vers Rome depuis la Sicile et l'Égypte, menacent d'affamer la péninsule italienne. Les sénateurs, parmi lesquels Quintus Lutatius Catulus, l'un des deux consuls de l'année 78 av. J.-C., qui craignent une nouvelle dictature, sont réticents à lui accorder de tels pouvoirs. La loi est pourtant adoptée sous la pression du peuple. Pompée s'acquitte de sa fonction méthodiquement. Il dispose de 500 navires de guerre et de 120 000 hommes, l'équivalent de vingt légions. La Méditerranée est divisée en treize zones, chacune confiée à un des 24 légats à la tête d'une flotte. La mer est rapidement nettoyée d'ouest en est et les pirates sont refoulés vers leurs repaires de Cilicie dans l'est du bassin méditerranéen. C'est à ce moment que Pompée se rend pour la première fois à Athènes. Très populaire, Pompée est acclamé par la foule athénienne car il n'a pas dérobé les biens des temples de la ville. Pour vaincre les pirates définitivement, Pompée lui-même, à la tête de soixante navires, bientôt rejoints par de nombreux autres, leur porte alors le coup final en attaquant le port de Coracesium. Il obtient leur capitulation et sait se montrer magnanime envers ceux qui se rendent, en installant un grand nombre d'entre eux avec leurs familles dans la ville de Soli, qui est rebaptisée Pompeiopolis (fr.wikipedia.org - Pompée).

 

La Méditerranée occidentale est purgée de ses pirates en quarante jours. Pompée se tourne ensuite vers l'est.

 

Sur sa galère amirale il traverse la mer EgĂ©e et et vogue vers l'Asie Mineure. En route, des Ă©quipages de bateaux pirates se rendent spontanĂ©ment. Chose Ă©trange, car pour un pirate le châtiment encouru ne laisse guère de place au doute : le tarif est systĂ©matiquement la crucifixion, après avoir subi quelques tourments plus ou moins raffinĂ©s suivant le temps dont disposent les bourreaux. Mais PompĂ©e agit diffĂ©remment avec ceux qui se rendent Ă  lui : maĂ®tre de leurs bateaux, il ne leur fait aucun mal. Très vite, l'annonce de cette nouvelle preuve de magnanimitĂ© fait le tour de la mer EgĂ©e. De nombreux pirates qui tiennent encore la mer Ă©vitent alors les escadres des lieutenants de PompĂ©e pour se rendre directement Ă  lui et mettre leur sort et celui de leurs familles entre ses mains (Eric Teyssier, PompĂ©e: L'anti-CĂ©sar, 2013 - books.google.fr).

 

Mytilène

 

Le 9 aoĂ»t dans la matinĂ©e, les deux armĂ©es romaines se rencontrent Ă  la bataille de Pharsale. Au cours de la bataille, PompĂ©e essaye de prendre Ă  revers les troupes de CĂ©sar. Finalement, grâce Ă  la formation d'une quatrième ligne, CĂ©sar contre la cavalerie adverse et prend Ă  revers les forces de PompĂ©e, qui tour Ă  tour, prennent la fuite. Cette bataille se rĂ©vèle dĂ©cisive : les forces pompĂ©iennes sont sĂ©vèrement battues, les pertes de CĂ©sar sont Ă  peine de 1 200, contre, 6 000 morts et 24 000 prisonniers du cĂ´tĂ© de PompĂ©e. Les prisonniers sont graciĂ©s par le vainqueur. Beaucoup de pompĂ©iens rejoignent l'Espagne et l'Afrique, comme Caton et Scipion, qui ne suivent plus PompĂ©e. Quant Ă  lui, il s'enfuit Ă  Larissa et vogue vers Mytilène pour rejoindre sa femme et son fils. Il compte se rendre Ă  Rhodes pour ensuite aller Ă  Antioche pour lever une autre armĂ©e. Cependant, toutes les portes de l'Orient lui sont fermĂ©es. Il confère avec ses proches de diffĂ©rentes options : soit gagner le royaume des Parthes, soit se rĂ©fugier chez le roi de Numidie Juba, soit encore se rendre auprès du pharaon PtolĂ©mĂ©e XIII d'Égypte, qui lui doit beaucoup, car c'est grâce Ă  lui que son père avait retrouvĂ© le pouvoir en 55 av. J.-C. Il se laisse finalement convaincre d'adopter la troisième solution.

 

César, qui s'était lancé à la poursuite de Pompée depuis Pharsale, arrive à son tour en Égypte. Ptolémée XIII pensait faire plaisir à César en assassinant Pompée et en lui offrant en cadeau la tête de son vieil ennemi (fr.wikipedia.org - Pompée).

 

Mytilène et Mithridate VI

 

Certaines villes, et ce fut le cas de Mytilène, restèrent attachés à la lutte anti-romaine. Appien relate que Fimbria délogea Mithridate de Pergame, que le roi s'échappa à Pitane, d'où, assiégé, il partit chercher refuge à Mytilène. Plutarque évoque l'aboutissement des négociations de paix entre Sylla, Lucullus et Mithridate et la possibilité pour le roi de regagner le Pont. Il ajoute que l'Asie fut frappée d'une amende de vingt mille talents, que Lucullus tenta d'abord de ramener les Mytiléniens à la raison en proposant une punition modérée pour la livraison de Manius Aquilius. Devant la résistance mytilénienne, un siège fut entrepris. Après une embuscade, la ville fut prise d'assaut. Lucullus "fit un très grand nombre de prisonniers, tua cinq cents hommes qui résistaient et s'empara de six mille esclaves et d'un butin inestimable". Cette résistance de Mytilène dura donc jusqu'en 80, quatre ans après l'établissement de la paix." Ainsi Mytilène en Asie, la seule cité qui était restée en arme après la défaite de Mithridate, fut ravagée et détruite" indique Tite Live (Guy Labarre, Les cités de Lesbos, aux époques hellénistique et impériale, Tome 1, 1996 - books.google.fr).

 

Mithridate passa donc sur un brigantin de course et confia sa personne à des pirates qui, par une chance surprenante et contre tout espoir, l’amenèrent sain et sauf à Héraclée du Pont (Plutarque) (Timothy Boillet, Les îles de l’Égée orientale dans la tourmente des guerres romaines du Ier siècle av. J.-C., 2022 - books.google.fr).

 

La collusion des chefs pirates avec Mithridate ainsi que le fait que les entreprises de leur flotte se rapprochaient de l'Italie décidèrent Rome à mettre un terme à ce qui pour les Orientaux était une source permanente de terreur. On ne compte plus le nombre d'inscriptions ou de textes qui témoignent de ce qu'étaient alors les enlèvements de personnes, le pillage, l'esclavage de paisibles citoyens capturés au cours d'un raid (Claude Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen: Genèse d'un empire, 1977 - books.google.fr).

 

Mithridate se voit alors obligé de conclure la paix de Dardanos en 85 av. J.-C. Ce qui l'oblige à abandonner ses conquêtes en Grèce et Ionie et sa flotte en mer Égée, mais lui permet de conserver son royaume. La deuxième guerre de Mithridate débute en 83 av. J.-C. à la suite du legs du royaume de Bithynie et Pont à Rome par Nicomède IV. Mithridate n’accepte pas ce legs et poursuit son expansion obligeant Rome à intervenir une nouvelle fois en Asie Mineure. il est définitivement vaincu par Pompée en 66 av. J.-C. sur l'Euphrate et se réfugie dans le royaume du Bosphore cimmérien, dans la ville de Panticapée. L’avancée de Lucullus pousse Mithridate à se réfugier en Arménie chez son allié le roi Tigrane (fr.wikipedia.org - Mithridate VI).

 

S'étant couvert de gloire par sa victoire sur les pirates de Méditerranée en 67, Pompée est envoyé en Asie en 66 av. J.-C. pour lutter contre le roi Mithridate VI du Pont, qui menaçait les intérêts romains dans la région (fr.wikipedia.org - Pompée).

 

Cf. quatrain X, 86.

 

Typologie

 

Le report de 1740 sur la date pivot -66 donne -1872.

 

Epoque de la bénédiction usurpée de Jacob par son père Isaac (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr, M. Lamy, Sur Génèse 32,1-29, Le Prêtre: journal des études ecclésiastiques, Volume 1896, 1896 - books.google.fr).

 

Au IIe siècle avant J.C., Rome est perçue comme une puissance amie et alliée8. A partir de 63 avant J.C., quand Pompée commet le sacrilège de pénétrer dans le Temple, cette image s’altère et, à la suite des guerres qui éclatent en 66 après J.C. et en 132, Rome, appelée dorénavant Edom, devient l'empire du mal.

 

Le judaïsme se révèle plus complexe que ne le croyaient les observateurs de l'époque. Un courant, que nous définirions par les adjectifs de réaliste ou de rationaliste, refuse cette excitation de l'esprit et du cœur qui n'est pas sans responsabilités dans le désastre de 70. Il propose à la communauté la Mishna, qui est un code de conduite d'où a été évacuée toute perspective apocalyptique. Le deuxième échec, celui de 135, conduit les pharisiens au pacifisme. Désormais, ils représentent l’immense majorité au sein du judaïsme et c'est dans le Midrash aggada que se trouve exprimée l'attente du Messie, un espoir pour la réalisation duquel on ne fixe plus de date. Toutefois, pacifisme ne signifie pas complicité ni amitié. Rome reste l'ennemi, la puissance qui occupe, qui opprime. Les Juifs opposent avec fermeté Israël-Jacob à Rome-Esaü, une Rome qui représente toujours le quatrième empire, incarnation du mal appelée à la destruction (Yann Le Bohec, Rome vue par les Juifs. In: Kentron, n°7, 1991 - www.persee.fr).

 

Cf. quatrain X, 70 - 2228-2229 et la prophétie du Livre de Daniel des 70 semaines appliquée à Pompée.

 

Piraterie au XVIIIe siècle

 

La piraterie connaît son âge d'or dans les années 1660, dans l'Atlantique, lorsque les français, anglais et hollandais attaquent les navires plein d'or de la couronne espagnole. À partir de 1690, de nouveaux groupes opèrent dans l'océan indien. Les pirates sont alors encouragés par les anglais car ils rapportent de l'argent aux Antilles anglaises et en Angleterre. Mais ce n'est plus le cas à partir de 1700, où le commerce se mondialise. Entre 1716 et 1726 apparaît un mouvement pirate spontané, de 1 800 à 2 400 individus. Il n'a pas de soutien de la part de classes dirigeantes. Britanniques et français vont coopérer pour le réduire, et ils pendront les pirates par centaines (fr.wikipedia.org - Piraterie).

 

Mais restons dans la Méditerranée.

 

La rĂ©gence turque, qu'une certaine rĂ©Ă©criture actuelle de l'histoire prĂ©sente comme un État sĂ»r, Ă©voluĂ©, etc., a Ă©tĂ© dĂ©crit par Charles-AndrĂ© Julien comme une succession de «complots, Ă©meutes et massacres»; encore parlait-il du XVIIe, Ă©poque de «l'âge d'or», de la richesse, grâce aux bĂ©nĂ©fices de la piraterie. Alger fut, au XVIIe siècle et au dĂ©but du XVIIIe siècle, «une ville très vivante, dont le ravitaillement amenait des environs immĂ©diats, des jardins du Sahel, de la Mitidja, de Cherchell, de Blida, de Miliana, de MĂ©dĂ©a, de la Kabylie, du Sud mĂŞme, quantitĂ© de denrĂ©es, grains, lĂ©gumes, fruits divers, figues, dattes, huile, beurre, miel, bĂ©tail, viande, tabac, cire, charbon, laines, soies, cuirs et peaux» ; l'enceinte d'Alger contenait, au milieu du XVIIe siècle, plus de 100 000 habitants auxquels s'ajoutaient les esclaves chrĂ©tiens, dont l'effectif, selon les sources, oscillait entre 25000 et 35000. Mais Ă  partir de 1740 environ, Alger connut le dĂ©clin et l'appauvrissement, les courses ne rapportant plus grand-chose, mais la dĂ©cadence de la piraterie n'est pas l'unique cause (Jeannine Verdès-Leroux, Les Français d'AlgĂ©rie: De 1830 Ă  aujourd'hui - Une page d'histoire dĂ©chirĂ©e, 2001 - books.google.fr).

 

Les Capitulations de l'Empire ottoman furent une succession d'accords entre l'Empire ottoman et les puissances européennes, notamment le royaume de France. Elles ouvraient des droits et des privilèges aux chrétiens résidant dans les possessions ottomanes, à la suite de la chute de l'Empire byzantin. Dès 1500, la France signe un premier traité de Capitulations avec le sultanat mamelouk du Caire, sous le règne de Louis XII de France, traité dans lequel le sultan d'Égypte fait des concessions aux Français et aux Catalans. François Ier est le premier roi de France à conclure une alliance avec l'Empire ottoman, notamment dans le but de briser la toute-puissance de l'Empire des Habsbourg en Europe (fr.wikipedia.org - Capitulations de l'Empire ottoman).

 

Louis-Joseph-Delphin FĂ©raud-Giraud Ă©crivait en 1859 :

 

"La Capitulation de 1740, dans son ensemble, est encore aujourd'hui en vigueur. Tous les auteurs la reproduisent comme rĂ©sumant les règles de nos rapports avec la Porte. C'est au surplus le dernier traitĂ© dans lequel sont reproduites, avec des additions, les anciennes concessions faites Ă  la France, et ce traitĂ© a reçu, Ă  ce point de vue, de nombreuses consĂ©crations. Ainsi, l'article 2 du traitĂ© de paix signĂ© Ă  Paris entre la France et la Porte, le 25 juin 1802, porte : "Les TraitĂ©s ou Capitulations, qui avant la guerre rĂ©glaient les relations de tout genre existantes entre les deux puissances, sont renouvelĂ©s dans toutes leurs parties. En consĂ©quence de ce renouvellement, et en exĂ©cution des articles des anciennes Capitulations" [...] Bien que cela n'ait pas Ă©tĂ© dit formellement dans les anciens traitĂ©s, et notamment dans celui de 1740, il faut tenir que ces actes sont applicables dans toutes les provinces de l'empire ottoman.

 

Quoique les corsaires d'Alger soient traitĂ©s favorablement lorsqu'ils abordent dans les ports de France, oĂą on leur donne de la poudre, du plomb, des voiles et autres agrès, nĂ©anmoins ils ne laissent pas de faire esclaves les Français qu'ils rencontrent, et de piller le bien des marchands, ce qui leur ayant Ă©tĂ© plusieurs fois dĂ©fendu sous le règne de notre aĂŻeul, de glorieuse mĂ©moire, ils ne se seraient point amendĂ©s; bien loin de donner mon consentement impĂ©rial Ă  une pareille conduite, nous voulons que s'il se trouve quelque Français fait esclave de cette façon, il soit mis en libertĂ©, et que ses effets lui soient entièrement restituĂ©s ; et si dans la suite ces corsaires persistent dans leur dĂ©sobĂ©issance, sur les informations par lettres qui nous en seront donnĂ©es par Sa MajestĂ©, le Beglerbey qui se trouvera en place sera dĂ©possĂ©dĂ©, et l'on fera dĂ©dommager les Français des agrès qui auront Ă©tĂ© dĂ©prĂ©dĂ©s. Et comme, jusqu'Ă  prĂ©sent, ils ne se sont pas beaucoup souciĂ©s des dĂ©fenses rĂ©itĂ©rĂ©es qui leur ont Ă©tĂ© faites Ă  ce sujet, au cas que dorĂ©navant ils n'agissent pas conformĂ©ment Ă  mon ordre impĂ©rial, l'Empereur de France ne les souffrira point sous ses forteresses, leur refusera l'entrĂ©e de ses ports, et les moyens qu'il prendra pour rĂ©primer leurs brigandages ne donneront aucune atteinte Ă  notre TraitĂ©, conformĂ©ment au commandement impĂ©rial Ă©manĂ© du temps de nos ancĂŞtres, dont nous confirmons ici la teneur, promettant encore d'agrĂ©er les plaintes de mĂŞme que les bons tĂ©moignages de Sa MajestĂ© sur cette matière.

 

Piraterie. - En ce qui concerne les pirates, l'article 2 du TraitĂ© de 1802, dans sa disposition finale, porte : « La Sublime Porte et le gouvernement de la RĂ©publique Française prendront, d'un commun accord, des mesures efficaces pour purger de toutes sortes de pirates, les mers qui servent Ă  la navigation des bâtiments des deux Etats. »" (Louis-Joseph-Delphin FĂ©raud-Giraud, De la juridiction française dans les Ă©chelles du Levant et de Barbarie, 1859 - books.google.fr).

 

Si l'on considère Napoléon Bonaparte de même stature que Pompée, son action en Méditerranée a été vue comme efficace contre la piraterie.

 

En même temps que Bonaparte avait amené le cabinet de Londres à signer la paix d'Amiens, il avait travaillé à négocier partout la rentrée de la France dans le concert des nations, et partout, l'esprit de tradition et l'habileté diplomatique de M. de Talleyrand aidant, il était parvenu à conclure des traités aussi avantageux pour notre commerce que pour notre influence politique. Il avait rétabli nos relations avec la Russie sur le pied du traité de 1787, traité qui, en échange de stipulations diverses en faveur des fers en barres et des suifs et cires de la Russie, avait assuré à nos vins et à nos savons un débouché avantageux. Il avait conclu avec le Portugal une convention qui stipulait, en faveur de nos produits et notamment de nos draps, le traitement de la nation la plus plus favorisée; convention qui annulait implicitement, en notre faveur, les effets les plus fâcheux du traité de Méthuen envers les nations tierces dans leur commerce avec Lisbonne. La Porte, malgré les efforts des agents anglais pour traverser sa bonne volonté, avait signé des préliminaires qui ratifiaient et qui renouvelaient les capitulations de 1740, notamment en ce qui concernait pour nos bâtiments de commerce la libre navigation de la mer Noire. Enfin, Alger et Tunis, effrayées par l'expédition d'Égypte, avaient subi la loi du Premier Consul; la Méditerranée avait été encore une fois nettoyée de leurs pirates; nos concessions d'Afrique nous avaient été rendues, et des stipulations précises avaient rendu la sécurité à notre marine marchande (Charles Gouraud, Histoire de la politique commerciale de la France: et de son influence sur le progrès de la richesse publique dupuis le moyen âge jusqu'à nos jours, Tome 2, 1854 - books.google.fr).

 

La guerre d'Algérie initiée par Charles X permit de mettre un terme à la piraterie algéroise (cf. quatrain IV, 77).

 

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