L’archéologie au XVIIIe siècle III, 19 1718-1719 En Lucques sang & laict
viendra plouuoir, Un peu deuant
changement de preteur : Grand peste & guerre, faim & soif
fera voir ; Loin ou mourra leur Prince recteur. Brind’Amour : «À Lucques, il
viendra à pleuvoir du sang et du lait un peu avant le changement du préteur ;
le prodige annoncera une grande peste et la guerre, la faim et la soif, en ce
lieu lointain où mourra leur prince et grand chef» (Anna
Carlstedt, La poésie oraculaire de Nostradamus : langue, style et genre des
Centuries, 2005 - www.diva-portal.org). Pluies de lait et
de sang et Comitium Je parlerai d'abord du Comitium.
Le Comitium Ă©tait au pied du Capitole, Ă l'ouest du
Forums et plus élevé que lui, en avant de la curie, où le sénat se rassemblait;
de ce côté (au nord), on y montait par des marches; du côté du mont Capitolin
(à l'ouest), il était de plain-pied avec la base de la colline. Le Comitium était découvert, car la pluie y pouvait tomber.
Les rudes patriciens qui tenaient là leur séance n'avaient pas peur de la
pluie, bien qu'Ă Rome elle ne soit pas rare et dure souvent plusieurs semaines.
La plupart des auteurs l'ont placé à l'extrémité opposée
du Forum, et cette erreur Ă©tait naturelle, car plusieurs passages indiquent le
siège du préteur, qu'on ne peut séparer du Comitium,
comme voisin du Puteal de Libon, qui Ă©tait
certainement à cette extrémité, près de l'arc de Fabius, & l'entrée
orientale du Forum. On n'avait pas remarqué que les passages qu'on citait se
rapportaient tous à une époque où le siège du préteur avait été déplacé et
transporté par Libon lui-même (150 ans avant J. C.)
d'un bout du Forum a l'autre. C'est ce qu'avait vu M.
Mommsen et qu'a dĂ©montrĂ© avec une nettetĂ© de logique qui ne laisse rien Ă
désirer M. Dyer. Il est parlé de pluie de sang et de pluie de lait dans le
Comitium. (Tit. Liv., xxxiv, 45; Jul.,
Obs., 83, 103.) On n'aurait pas cru Ă ces pluies fabuleuses dans un lieu Ă
l'abri des pluies véritables. Le Comitium était même
un lieu de passage que traversaient les soldats et oĂą un centurion pouvait
faire faire une halte. (Tit. Liv., v, 55.) (Jean-Jacques
Ampère, L'histoire romaine a Rome, Tome 2, 1866 -
books.google.fr, Bernard
de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en figures, Tome 3, 1722 -
books.google.fr). 34,45 : Année -194. Fondation de colonies. Conjuration
des prodiges. (6) Il y eut aussi cette année des prodiges: les uns eurent lieu
à Rome, les autres y furent annoncés. Au forum, au comice, au Capitole, on
aperçut des gouttes de sang (Tite-Live - Histoire
Romaine, Livre XXXIV : Les événements des années 195 à 193 a.C.n. -
bcs.fltr.ucl.ac.be). Jules Ossèquente rapporte que postérieurement, il tomba une pluie
de sang dans le Comice , puis une pluie de lait en 650 ; ces pluies,
quelles qu'elles soient, annoncent que ce ne fut jamais un Ă©difice couvert,
comme l'on a dernièrement prétendu (Carlo
Fèa, Description de Rome traduite de l'italien, Tome 1, 1825 - books.google.fr,
Les
prodiges de Julius Obsequens, traduit par Victor Verger, 1842 - books.google.fr). Le monument est construit ou restauré par un membre de la
gens Scribonia portant le nom de Lucius Scribonius
Libo, entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIe siècle av. J.-C. Il pourrait
s'agir de l'édile curule de 194 av. J.-C. ou du tribun de la plèbe de 149 av.
J.-C., chargé par le Sénat de rechercher et d'isoler les endroits où la foudre
est tombée. Le putéal
est rénové peu avant 62 av. J.-C. par Lucius Scribonius Libo, consul en 34 av.
J.-C. La rénovation est célébrée sur une série de pièces de monnaie de deux
types, un frappé par Lucius Scribonius Libo et l'autre par Lucius Aemilius Paullus, consul en 50 av. J.-C. Le Puteal Scribonianum se
trouve lié au Tribunal Aurelium après le transfert de
ce dernier, probablement par Libo. Le déplacement du tribunal intervient avant
la fin du Ier siècle av. J.-C., à la fin des années 30 ou au début des années
20 (fr.wikipedia.org
- Puteal Scribonianum). On retrouve la date de -194 en rapport avec la chute
d'une pluie de sang sur le comitium selon Tite-Live. Lucius Scribonius Libo était un tribun de la plèbe en 216
avant JC, pendant la deuxième guerre punique. Une question a été posée
concernant le rachat des captifs romains; il a renvoyé la question au Sénat. Il
était l'un des trois hommes nommés triumviri mensarii, une commission créée par une Lex
Minucia ,
peut-être faire face à une pénurie d'argent; la gamme complète de leurs
activités financières ne sait pas. Il était préteur peregrinus
à 204 et envoyé à la Gaule cisalpine (fr.qwe.wiki - Lucius
Scribonius Libo). "changement" : change Le puteal est une sorte de
puits, dont on connaît plusieurs exemples, non seulement en Italie, mais dans
la Grèce de basse époque. La foudre n'atteint que les lieux ou les hommes
souillés. Elle est terrible surtout lorsqu'elle sort de terre, lorsqu'elle est
«infera». Comme la foudre se change en pierre, il
faut pour purifier le point de chute et éviter d'être contaminé par la mort,
retrouver la pierre, que les haruspices enterrent avec le défunt sur place,
après avoir sacrifié une victime «bidens». Le lieu
devient inviolable, «religiosus» ; on l'entoure d'une
clôture et l'on élève une sorte de margelle autour de l'endroit maudit. Le puteal est circulaire. Une médaille nous fait connaître
l'un de ces puits qui s'Ă©levait sur le Forum romanum,
le puteal Scribonianum ou Libonis,
qui avait l'aspect d'un cylindre décoré d'une guirlande, d'unbothros,
forme qu'on a imitée en de petites terres cuites. Il existait un autre puteal sur le Comitium. A Pompéi
le puteal Ă©tait Ă©tabli sur une base ronde oĂą se
dressaient huit colonnes, qui devaient porter un entablement sans toit, car le puteal devait rester découvert. Nous retrouvons ici
l'essentiel de la tholos. Ces monuments devaient avoir, au Ier siècle, perdu
quelque peu leur caractère terrible, car, les oisifs, les plaideurs, les spéculateurs
se donnaient rendez-vous autour du puteal de Libon, transformé en corbeille des agents de change (Louis
Hautecœur, Mystique et architecture: symbolisme du cercle et de la coupole,
Livre 2, 1954 - books.google.fr). "Loin oĂą
mourra leur Prince recteur" : princeps rector ou
Pompée Lucius Scribonius
Libo est un homme politique et militaire de la fin de la RĂ©publique romaine,
consul en 34 av. J.-C. Il est le beau-père de Sextus Pompée et le beau-frère
d'Auguste. Il est peut-être d'abord mentionné en 56 av. J.-C., lorsqu'il
semble être tribun de la plèbe, soutenant le point de vue de Pompée en relation
avec les affaires d'Égypte concernant Ptolémée XII Aulètea.
Il est supposé avoir atteint la préture en 50 av. J.-C. En l'an 49 av. J.-C.,
il devient un des légat de Pompée. Avec le début de la
guerre civile entre César et Pompée, ce dernier lui donne le commandement de
l'Étrurie. Il en est chassé par Marc Antoine puis prend le commandement des
nouvelles recrues en Campanie de Titus Ampius Balbus.
Après la défaite de Pompée, il soutient Sextus Pompée, puis Antoine. Antoine
assure à Libo le consulat pour l'année 34 av. J.-C., à ses côtés. Antoine ne
reste en poste qu'un jour pour laisser place Ă Lucius Sempronius Atratinus, un autre de ses partisans. Le mandat de Libo se
termine le 1er juillet et il est remplacé par Caius Memmius.
En 31 av. J.-C., après la victoire d'Octavien sur Antoine, il devient membre du
collège des épulons et il est élevé au statut de patricien en 29 av. J.-C (fr.wikipedia.org -
Lucius Scribonius Libo). Si Pompée est
progressivement revalorisé après Brindes, c'est pour rehausser le lustre du rector Senatus
qu'il fut et qu'il convient désormais d'idéaliser, préfiguration de la nouvelle
respublica dont la deuotio
du personnage autorise la naissance. Lucain reprend ici un thème que l'on
retrouve dans la littérature de son époque, et notamment chez Sénèque, lequel
avait présenté Pompée dans un premier temps comme un princeps ciuitatis idéal (Dial., 6
[Marc.], 22.4-5) qui aurait pu être empereur, mais préféra rester simple
citoyen soumis à l'autorité du Sénat. L'éloge funèbre prononcé par Caton rappelle que Pompée
fut rector Senatus
(9.194-195), terme qui peut laisser penser que l'on avait pu voir en lui une de
sorte de rector rei publicae cicéronien, une préfiguration du principat
augustéen (Bernard
Mineo, Le Pompée de Lucain et le modèle livien, Lucain en débat: Rhétorique,
poétique et histoire, 2019 - books.google.fr). Après sa défaite
lors de la bataille de Pharsale, Pompée se réfugie en Égypte, où il est
assassiné sur l'ordre de Ptolémée XIII, sur la plage de Péluse le 28 septembre
48 av. J.-C. (fr.wikipedia.org
- Pompée). La guerre civile :
la Pharsale de Lucain Les accords de
Lucques sont un pacte conclu vers le 15 avril 56 a. C.
n. entre les triumvirs Crassus, Pompée, César. Ils se répartissent
géographiquement l'empire. Cet accord signe de facto la défaite du parti
aristocratique (les Optimates). Cet accord durera jusqu'Ă ce que CĂ©sar
déclenche la guerre civile en janvier 49 (passage du Rubicon). Par le premier
triumvirat, accord privé, conclu en 60, César obtient le consulat pour 59 puis
le proconsulat sur les Gaules, ce qui lui permettra de conquérir la Gaule
chevelue. À mesure que l'on approche de la date de la fin de leur proconsulat
(50 pour César, 49 pour Pompée), les tensions redeviennent vives et
déboucheront sur la guerre civile lorsque César envahira l'Italie, en janvier
49 (fr.wikipedia.org
- Accords de Lucques). Libon fut préfet de Toscane,
pour le compte de Pompée. César l'en chasse (La
Pharsale de Lucain, traduit par Georges de Brébeuf, 1784 - books.google.fr). Dans le premier livre de La Pharsale, Lucain dresse une liste des prodiges qui présageaient la guerre civile (w. 526-583), grandiose tableau qui commence par des flammes et des éclairs et finit par des ombres funèbres. Ces phénomènes suscitent la décision de faire venir des aruspices, que le poète appelle Tuscos uates et, singulièrement, Arruns : Haec propter placuit Tuscos de more uetusto acciri uates. Quorum qui maximus aeuo Arruns ... (v. 584-586). [...] Porsenna, roi de Clusium, a un
fils, Arruns, qui plaide la cause des Romains, secourt des femmes romaines et
meurt, en assiégeant Aricie (Liv., 2, 14, 5, cf. Plut. Poblicola,
16, 1 : 17-18 : Dion 5, 36, 1 ; 7, 5, 1-2). Revanche de l'histoire ou
propagande ? Un autre Arruns de Clusium par
vengeance, aurait fait goûter aux Gaulois le vin dont la folle soif les attira
en Italie (Liv., 5, 33, 3, 4 ; Plut, Camille, 15 ; Dion. Hal., 13, 10). Ces
exemples permettent d'apercevoir la charge historico-légendaire, la puissance
Ă©vocatrice du nom d'Arruns. Lucques, le domicile que lui attribue Lucain, ne
faisait pas partie de l'Étrurie en 49, puisque la cité était englobée dans la
Gaule Cisalpine dont CĂ©sar Ă©tait le gouverneur. C'est Ă Lucques qu'il tint, en
56, sans sortir de sa prouincia, une fameuse
conférence politique. Lucques entra dans la VIIe région, Etruria,
par la réforme administrative d'Octave. La ville était située pourtant aux
confins de l'Étrurie et l'on peut y admettre la présence d'un aruspice. Peut-être
Arruns de Lucques a-t-il existé ; peut-être Lucain a-t-il commis un anachronisme secondaire, corollaire de
l'anachronisme principal. Le mobile en serait qu'il voulut faire venir, acciri, son personnage sacré et savant, de plus loin, du
fin fond de l'Étrurie, la distance accroissant le prestige : maior e longinquo reuerentia. Le traitement littéraire répond à cette
intention de de grandissement : Arruns semble appelé par un décret du Sénat : Placuit ... (v. 584) ; sitôt à Rome, il revêt une toute-puissance
religieuse, il ordonne, iubet (v. 589), de brûler les
monstres, il ordonne, iubet (v. 592), la cérémonie de
la lustratio. Pendant que se déroule la pompe des
clergés romains, qui s'éloigne en suivant les contours du pomerium (v. 594 ;
605), il reste sur le devant de la scène, pratiquant les rites qui enferment les
feux du ciel dans la terre, accomplissant le sacrifice, examinant les
entrailles : le développement de cette évocation poétique est trois fois plus
long (v. 606-638) que l’énumération des collèges sacerdotaux (v. 595-604). La
composition de Lucain fait penser à ces fresques où, tandis qu'une théorie de
figurants s'enfonce dans le lointain, un personnage se détache au premier plan (Michel
Rambaud, L'aruspice Arruns chez Lucain, au livre I de la Pharsale (vv.
584-638), Latomus, Tome 44, Fasc. 2, 1985Â
- books.google.fr). Lucques - Luc - Lucain : les ruines parleront Il a Ă©tĂ© question du Comitium Ă
Rome. Alors quel rapport avec Lucques ? Au quatrain précédent III, 18, on peut voir un jeu de mot
entre Rheims et Remus, connu très anciennement. Les récentes fouilles du forum, qui ont dégagé devant la curia Julia le soubassement des rostres républicains, nous
paraissent éclairer ces textes controversés : le comitium s'étendait au nord-ouest des
Rostres, sous l'actuelle Ă©glise San Luca et la Via dei Fori
Imperii : il longeait Ă l'ouest le Capitole. En
145, Licinius Crassus admet le peuple sur le forum pour voter : c'est
certainement dans la partie ouest du Forum, entre la basilique Aemilia et la Sempronia ;
peut-être ce passage explique-t-il les trous mystérieux, creusés dans les blocs
du niveau républicain, devant la basilique Julia (Claude
Nicolet, «Confusio suffragiorum.» A propos d'une réforme électorale de Caius
Gracchus. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 71, 1959 - www.persee.fr,
Paula
Landart, Sur les traces de Rome: Promenades Ă la recherche de la ville antique,
2015 - books.google.fr, fr.wikipedia.org
- Eglise Santi Luca e Martina). Jeu de mot qui permet Ă la fois de parler de la guerre
civile et du Comitium. Le Christ, sommé par les pharisiens de faire taire les
louanges que lui adressent ses disciples, répond : «si eux se taisent, les pierres crieront» («quia si hi tacuerent, lapides clamabunt» :
Évangile de Luc, 19,38). Les pierres ne parlent pas pour suppléer au
silence des hommes, elles témoigneront dans le futur de leur cécité et de leur
bĂŞtise. Quand la terrible thessalienne, Erichto,
s'adresse à Sextus, fils de Pompée, dans la Pharsale de Lucain, elle lui dit : «Les terres, les airs, le chaos, les mers,
les campagnes, les rochers de Rhodope, tout va parler (Saxa
loquentur)» (Pharsale, VI, 639). Ce ne sont pas
les pierres qui parleront, mais l'univers, pas les traces des hommes inscrites
sur les murs des temples ou comme Ă©pitaphes des tombeaux, mais la nature qui
clame le message d'une défaite annoncée que les combattants n'entendent pas (Bénédicte
Garnier, Rodin, Freud, collectionneurs: la passion à l'oeuvre, Musée Rodin,
2008 - books.google.fr). L'acrostiche du quatrain EUGL pourrait être l'abréviation
de evangelium (de Luc donc) (W.
M. Lindsay, Notae latinae, An Account of Abbreviation in Latin Mss. of the
Early Minuscule Period (c. 700-850), 1915 - books.google.fr). Luqe (l’image de Dieu qui vint
à ) «par haute mer â naje», 4391. C’est le fameux
crucifix connu en Italie sous le nom de «santo volto» (Dante, Inf. XXI, 48) et en France, sous celui de «voult de Lucques.» Cette représentation du Christ, que la
tradition attribuait à Nicodème, fut enlevée subrepticement de Jérusalem, vers
l’an 782, par un pèlerin, l’évêque Gualfred qui, montant
à Joppé sur un bateau, fut entraîné avec elle
jusqu’au port de Luna, en Italie. C’est alors que l’évêque de Lucques, le B.
Jean (778-803), s’en empara pour le placer dans son église cathédrale où on la
conserve encore. Le récit de l’invention du « saint voult
» et de la translation à Lucques a été écrite par le
diacre Leobinus qui assista à ce dernier événement ;
il est encore inédit, mais le fond a passé de bonne heure dans bon nombre
d’écrits italiens. Ajoutons cependant que l’authenticité de la célèbre relique
était contestée au moyen âge par plusieurs églises qui prétendaient posséder
l’œuvre véritable de Nicodème : il en était du moins ainsi à Rue, en Ponthieu (Malbrancq, de Morinis, I. VIII,
c. 10), dont le crucifix, rival du voult de Lucques,
fut détruit au XVIe siècle par les Calvinistes ; et la chanson d’Ogier de Danemarche (II, 367)
parle d’une localité d’Italie où certains disaient être le véritable «voult». On consultera utilement, en ce qui concerne les
témoignages du moyen-âge relatifs au voult de
Lucques, l’article Vultus de Luca du Glossaire de Du
Cange et une note d’Aliscans (édit. Guessard et de Montaiglon, p.
299-301). Jacques de Varaggio a relaté, dans la Legenda aurea (chap. sur
l’Exaltation de la Sainte-Croix), une légende relative à l’œuvre de Nicodème,
alors qu’elle était encore en Orient (Anonyme,
Raoul de Cambrai - fr.wikisource.org). Ce qui a contribué à propager la confusion entre saint
Luc et Lucques est le titre de la Sainte-Face de Lucques, autrement dite le
SAINT-VOULT (Vultus) de Lucques, titre attaché à la
plus ancienne chapelle de l'église collégiale du Saint-Sépulcre. La communauté
des maîtres peintres, créée en 1391, siège à l'église du Saint- Sépulcre rue
Saint-Denis, à la à la hauteur du cimetière des
Innocents. Un carton des archives nationales (1. 592) consacré au
Saint-Sépulcre, renferme cinq pièces concernant cette chapelle dont : 1343 (10 juillet) Fondation par Edme Bélon (Beloni) et Geneviève sa femme, Huguelin
BĂ©lon et sa femme, Pierre Sevestre et Oursine sa femme, fille de Huguelin
et de Nicole de Lucques, ancien changeur de Paris, d'une messe chaque jour sous
l'invocation de la SAINTE FACE DE SAINT-LUC pour rétribution de quoy a été donnée la rente annuelle et perpétuelle de 24 l.
parisis et aura le chapelain d'icelle part dans les distributions de la dite
Ă©glise comme un autre chanoine. Le Christ en croix, de Lucques, sculpture attribuĂ©e Ă
Nicodème, était célèbre au moyen-âge ; des imitations en furent faites pour satisfaire
à une dévotion plus naïve qu'éclairée, et, bien qu'elles représentassent une
figure entière, on la confondit avec la Sainte Face de Rome, et on lui donna le
nom de saint Voult (VULTUS, visage) qui aurait dĂ»
être réservé à la première. La copie qu'on avait exposée dans l'église du
Saint-Sépulcre à Paris était nommée par le peuple SAINT-VAUDELU et GODELU, d'où
est venu le vieux mot français de godelureau. Sous cette dernière forme il est
difficile de reconnaître l'origine primitive de ce mot. Ces altérations sont
fréquentes dans le langage populaire (Valentin
Dufour, Une famille de peintres parisiens au 14e et 15e siecle. Documents et
pieces originales, precedes d'un apercu sur l'histoire des beauxarts en France
avant la renaissance, 1877 - books.google.fr, Frédéric
Gaussen, Le peintre et son atelier: les refuges de la création, Paris XVIIe-XXe
siecles, 2006 - books.google.fr). "Lukos", Ă©tymologie
de Luc, signifie "loup", cf. les Lupercales, la louve romaine et la
Louve de France du quatrain précédent III, 18. Dante Dans le chant XX de l'Enfer de Dante, vers 46, est
mentionné Aronta : Aruns,
célèbre aruspice étrusque, qui vivait au temps de César et de Pompée ; il
prophétisa la guerre civile et la victoire de César (Lucain, La Pharsale, I,
580-587). Dans le chant XXI, vers 48, apparaît le Santo Volto : le Saint Voult, ou
Visage. Scialom et D. Robert traduisent «Sainte
Face». C'était un ancien crucifix byzantin, en bois noir, vénéré dans la
basilique San Martino, qu'on croyait sculpté par la
main de Dieu mĂŞme, et qui faisait des miracles Ă Lucques, oĂą on le portait en
procession. Le pécheur qui émerge noir de poix est donc la risée des démons qui
le comparent Ă cette image sainte (Notes
sur l'Inferno de Dante -
pedagogie.ac-reunion.fr). Ce chant XXI décrit le cinquième bolge du Malebolge ou 8ème cercle de l'Enfer, celui des
concussionnaires : cf. quatrain II, 88 - Guerre et politique monétaire - 1695-1696.
Dans ce fossé, le cinquième des Malespoches,
Dante, condamné à l'exil, puis au feu comme Barateur,
concussionnaire, se plaît à plonger dans la poix bouillante, et à ridiculiser
les Barateurs (E.
Aroux, La Divine Comédie Enfer, Purgatoire, Paradis Dante, Tome 1, 1842 -
books.google.fr). Le pontificat de Boniface VIII plane comme un mauvais génie sur la période
la plus néfaste des annales italiques. C’est lui qui, fomentant par sa
politique cauteleuse les intrigues et les haines des deux factions florentines,
a produit la crise révolutionnaire, où l'ex-prieur fut condamné au feu; c’est
lui qui leurrait le poĂŞle ambassadeur, protestant contre l'intervention
française, tandis que Charles de Valois, secrètement appelé, traversait les
Alpes pour aller protéger les vengeances des noirs sur les rives de l'Arno. Homme public, Dante veut refréner les partis extrêmes,
les noirs et les blancs, pour Ă©tahlir la paix dans
Florence, et les Barattieri, les renégats, les
concussionnaires, improvisés magistrats par le traître Valois, jettent au banni
les noms de traître et de barateur, dans une sentence
grossière, parce qu’il s’est opposé à l’entrée néfaste d’un prince caméléon (Le
monde dantesque, ou Les papes au moyen age, grand clef historique de la Divina
Commedia et de son Ă©poque: La monarchie universelle et la langue vulgaire, Tome
3, 1856 - books.google.fr). Charles de Valois est l'arrière-grand-père de Charles V. Typologie Le report de 1719 sur la date pivot -48 (bataille de la
Pharsale) donne -1815. Eusebius
claimed that Moses lived around 1800 BC. and Eusebius
evidently thought he had a solid basis from Greek sources for dating the Flood
of Deucalion around or after that time. Hence, Eusebius must have consulted
Greek sources other than Diodorus for this data (Jesse
E. Lasken, Correcting Ancient Chronologies: Book 1 :
the Genesis civilization, 2006 - books.google.fr). Deucalion fut roi de Phthiotide, région où se trouve
Pharsale (Histoire
universelle: depuis le commencement du monde jusqu'a
present, 1770 - books.google.fr). Archevêché de Pharsale L'archevêché catholique de Pharsale a été institué en
1730 (it.wikipedia.org
- Diocesi di Farsalo). Le pape Benoît XIII. proposa
pour Maurise-Adolphe de Saxe Zeitz
à Rome dans un consistoire l'archevêché de Pharsale, in partibus Infidelium, le 8. Février 1730. & il fut sacré le 27. Août
suivant dans l'église métropolitaine de Prague par l'archevêque & prince de
ce lieu, assisté des évêques de Leitmaritz & de Mayern (Supplément
au grand dictionaire historique, généalogique, géographique, &c: pour
servir à la dernière édition de l'an 1732 & aux précédentes, Tome 2, 1735 -
books.google.fr, Heinrich
Joseph Wetzer, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique: rédigé
par les plus savants professeurs et docteurs en théologie de l'Allemagne
catholique moderne, Tome 21, 1864 - books.google.fr). Vous avez vu sans doute la belle pancarte du roi
d'Espagne, signée d'Aranda, par laquelle on coupe les ongles jusqu'au vif au
très révérend grand-inquisiteur, archevêque de Pharsale. Cet archevêque me
paraît être l'aumônier de Pompée (Lettre à M. d'Argental
du 5 mars 1770, signée Frère François capucin indigne) (Voltaire,
Correspondance, Volume 16 ; Volume 66, 1833 - books.google.fr). Les pierres parleront ou l'archéologie C'est en France que des «antiquaires» accordent pour la
première fois au document archéologique, objet d'art, outil, ou vestige de
construction, un intérêt aussi vif qu'objectif et désintéressé. Le rôle de
Peiresc, conseiller au parlement d'Aix, féru particulièrement
de sciences naturelles et d'archéologie, mais possédant des connaissances
encyclopédiques, est alors déterminant, par le nombre des documents qu'il sauve
de l'oubli, par les relations multiples qu'il noue au cours de ses voyages dans
tous les pays riches en antiquités. Ce sont déjà des observations scientifiques
sur la construction des routes romaines qu'on trouve rassemblées par l'avocat
rémois Bergier dans son Histoire des grands chemins de l'Empire romain (1622),
destinée à faire connaître les voies romaines aux constructeurs des nouvelles
grandes routes françaises. Au palais des Thermes de Paris, des ingénieurs
réunis par Colbert font des observations précises sur l'appareil de la
construction : s'il se fait parfois, à cette époque, de l'archéologie au sens
moderne du mot, c'est plutôt par les observations des ingénieurs et des
architectes chargĂ©s des travaux publics que par les ouvrages des Ă©rudits, et Ă
l'instigation des hommes de loi, des parlementaires qui, chacun dans sa province,
recherchent le passé du pays. Colbert lui-même avait projeté de faire relever
et publier tous les monuments antiques du royaume. Les voyages contribuent activement
à cette formation d'une documentation, qui sera parfois d'autant plus précieuse
qu'elle survivra à certains monuments menacés par la ruine ou la destruction.
C'est un dessinateur du marquis de No ratel, ambassadeur Ă Constantinople, qui
relève en 1679 les sculptures du Parthénon, bombardé quelques années plus tard
par les Turcs. Jacob Spon publie en 1678 un Voyage
d'Italie, de Dalmatie, de Grèce et du Levant, bourré de centaines
d'inscriptions inédites, qui sera encore à l'époque romantique le manuel du
voyageur en Grèce. Avec les voyages, de
plus en plus faciles et fréquents, les progrès de la reproduction mécanique des
illustrations sont Ă l'origine d'une meilleure connaissance des monuments et
des arts de l'Antiquité, qui va s'affirmer au siècle suivant, aux dépens même
de la philologie. Une véritable somme de l'archéologie grecque et romaine est
publiée en 1719 par le bénédictin Bernard de Montfaucon : l'Antiquité expliquée
et représentée en figures condense dans ses dix tomes, ses quelque mille deux
cents planches et ses cinq volumes de suppléments, ce qu'on connaissait alors
en fait d'antiquités grecques et romaines, réunies pour la première fois en un
ouvrage commun, qui contient tout « ce qui peut tomber sous les yeux et ce
qui peut se représenter dans des images ». Désormais, de nombreux
récits de voyages en Italie, en Grèce ou en Orient viendront enrichir de
nouveaux documents le patrimoine mis ainsi Ă la disposition des savants par cet
ouvrage considérable, dont toutefois l'exactitude n'égale pas toujours l'ampleur. Le XVIIIe siècle voit
les premières découvertes créatrices d'émulation et de recherche des antiquités
par des fouilles suivies, et l'intérêt des encyclopédistes pour l'étude des
matériaux, de l'outillage, des techniques de l'art et de l'industrie
circonstances favorables à l'intelligence plus pénétrante d'une Antiquité plus
complète. La découverte de statues, en
1711, à Herculanum par le prince d'Elbeuf, entraîna des recherches, dès 1719
et surtout Ă partir de 1738, Ă travers la couche de lave volcanique Ă©paisse de
douze à trente mètres qui recouvrait la ville ensevelie en 79 avec Pompéi, où
la fouille s'Ă©tendit en 1798, par les soins d'Alcubierre,
dans des conditions moins difficiles, car ici c'Ă©tait une couche de cendres,
beaucoup plus mince, qui recouvrait les vestiges (Charles
Samaran, L'Histoire et ses méthodes, 1961 - books.google.fr). On peut encore voir en William Stuckeley
(1687-1765) l'un des pères de la science archéologique qui, de 1719 à 1724,
effectua des relevés systématiques, tant à Stonehenge qu'à Avebury
(Nathalie
Bordeau, Taliesin : du mythe celtique à l'archétype universel, 2015 -
books.google.fr). Quatrain suivant III, 20 vers 4 : "Un de Cordube
trahira la contrade". Lucain était d'une ancienne maison de l'ordre des chevaliers : il naquit à Cordoue en Espagne, sous l'empereur Caligula. Il n'avait encore que huit mois lorsqu'on l'amena à Rome, où il fut élevé dans la maison de Sénèque, son oncle (Tome 2 des Œuvres complètes de Voltaire, avec des notes et une notice sur la vie de Voltaire: Essai sur la poésie épique, 1868 - books.google.fr). |