Famine due à la collectivisation des terres en Union soviétique

Famine due à la collectivisation des terres en Union soviétique

 

VI, 5

 

1929

 

Si grand famine par unde pestifere,

Par pluye longue le long du polle arctique :

Samatobryn cent lieux de l’hemisphere,

Vivront sans loy, exempt de pollitique.

 

"Samatobryn" ou "Samarobryn"

 

Les Sarmates, ou, comme Denys le Périégète et Eustathe l'écrivent, Samates (Conrad Malte-Brun, Tableau de la Pologne ancienne et moderne: contenant la description de ce pays, de ses montagnes, plaines, fleuves, marais, climat, 1807 - books.google.fr).

 

Les Sarmates (Sauromates pour les Sarmates protohistoriques) sont un ancien peuple cavalier scythique iranien de nomades de la steppe pontique, appartenant sur le plan ethno-linguistique au rameau iranien oriental septentrional du grand ensemble indo-européen. Ils sont signalés à l'origine entre les fleuves Tanaïs et Daïkos (actuellement le Don et l'Oural).

 

La Sarmatie comprenait ainsi une grande partie des contrées de la Scythie, nom donné aux actuelles Ukraine et Russie méridionale au temps de l'expédition perse de Darius Ier en 513 avant notre ère. Selon Lucien de Samosate, le fleuve Tanaïs (Don) délimitait les territoires des Scythes et des Sauromates (fr.wikipedia.org - Sarmates).

 

Pendant tout le VIIe siècle les Slaves furent dominés ou plutôt tyrannisés par les Avares. Nestor (La Chronique des temps passés, vers 1110) appelle les avares Obry, et un Avare, au singulier, Obryn; il les représente comme des hommes d'une très haute stature. Dans la Bible esclavone, un géant est appelé Obryn, et dans la Bible de Radzivil Olbrym; ainsi ce nom d'avare était resté dans la Bible esclavone pour dire un géant (Jan Potocki, Voyage dans les steppes d'Astrakhan et du Caucase, Tome 1, 1829 - books.google.fr).

 

Les Sarmates et les Avares se sont mélangés semble-t-il en Europe Centrale, et ils avaient déjà partagé la Scythie (Acta archaeologica Academiae Scientiarum Hungaricae, Volume 2, 1952 - books.google.fr, Antoine Augustin Bruzen de La Martinière, Le grand dictionnaire géographique et critique, Tome 1, 1726 - books.google.fr).

 

Ouglitchis. C'était le nom d'un peuple de race sarmate, qui vivait sur le Dniéper, entre les rivières Vorskla et Samara. Ce nom leur est venu de la rivière Ougla actuellement Orel, sur laquelle était située leur principale ville Pérésotchène (Louis Paris, La chronique de Nestor, traduite en francais d'apres l'edition imperiale de Petersbourg, Tome 2, 1835 - books.google.fr).

 

Grâce aux recherches des archéologues P. Rau, B. Grakov, P. Rykov, I. Sinitzyne, V. Chilov, K. Smirnov et d'autres, deux régions principales de monuments archéologiques sauromates sont déterminées : celles de Don-et-Volga et de Samara-et-Oural (Tav. XL, 1). La première correspond aux Sauromates d'Hérodote et de pseudo-Hippocrate, dans la composition desquels entraient les Yasamates et les Sirmates et dont plus tard se sont éliminés évidemment les Sirakhes et les Yasygues. Les inhumations dans les tumulus du groupe ouest des Sauromates sont situées surtout entre Volga et Don et dans les steppes au-delà de Volga, dans la République des Kalmouks, dans les régions d'Astrakhan, de Volgograd et de Saratov. Au sud de cette région, elles sont découvertes sur le Manytch et entre Kouma et Térek. Quelques inhumations sont connues sur la rive droite du Don inférieur. Le groupe de monuments de Samara-et-Oural se distingue de celui de Volga par une série de particularités dans la cérémonie funéraire et par le mobilier; ce groupe occupe surtout le territoire de la région d'Orenbourg et des régions sud du Kazakhstan (jusqu'à la ville d'Aktubinsk), il se rencontre dans une partie des régions de Kouibychev et de Tchéliabinsk. La limite est de ce groupe n'est pas encore définie. Les Sauromates orientaux, beaucoup plus que les occidentaux, étaient génétiquement liés au monde des Sako-Massaguètes du littoral de la Mer d'Aral (K. Smirnov, Répartition des tribus sarmates en Europe orientale, International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, Volume 3, 1966 - books.google.fr).

 

"hemisphere"

 

Composée après le traité d'Aix-la-Chapelle en 1668, à la demande de Colbert, pour détourner le roi de la guerre, l'épître I "au Roi" a été présentée à Louis XIV par madame de Thiange, sÅ“ur de madame de Montespan. Il y est dit :

 

Faire trembler le Scythe aux bords du Tanaïs,

Et ranger sous nos lois tout ce vaste hémisphère (Oeuvres de Boileau: précédée d'une notice sur la vie et les ouvrages de Boileau par C.-A. Sainte-Beuve de l'Académie Française, 1860 - books.google.fr).

 

Pierre Yon Barré, dans Les Amazones et les Scythes, écrit en 1812 :

 

ZERBINE :

 

Oui, nous savons qu'Ovide a été exilé chez les Scythes.

 

MYTHILÈNE : (Même air.)

 

Pendant dix ans, pour se distraire

De son exil, de ses tourmens

Ovide, sur leur hémisphère,

Fit entendre ses doux accens (Pierre Yon Barré, Les Amazones et les Scythes; ou sauter le fossé, comédie en deux actes et en prose, mêlée de vaudevilles, 1812 - books.google.fr).

 

"sans loy"

 

C'est au nord des Scythes Cultivateurs que se trouvait le pays des Androphages, les voisins des Mélanchlænes. Hérodote (IV, 18) rapporte que les Androphages (Anthropophages) étaient les plus sauvages des hommes, n'ayant ni justice, ni loi; ils étaient nomades, portaient le vêtement des Scythes et parlaient une langue particulière (Frédéric Portal, Politique des lois civiles ou science des législations comparees, Tome 3, 1877 - books.google.fr).

 

Typologie

 

"polle arctique" : aspect climatique

 

Pour le profane la nouvelle d'une soi-disant révolution climatique dans l'Arctique fait sensation. Au contraire, pour les spécialistes le réchauffement des régions polaires ne date point d'hier. Sans remonter plus loin dans le temps, on trouve une documentation abondante sur la question dans le livre de l'éminent explorateur russe de l'Arctique, le professeur Visé. Paru en 1940, en langue russe, l'ouvrage, qui a passé inaperçu, n'en présente pas moins un intérêt primordial pour les climatologues. Le professeur Visé est affirmatif pendant les quinze ou vingt dernières années, dit-il, la température moyenne annuelle des régions arctiques a accusé, par rapport à celles enregistrées au cours de nombreuses années précédentes, une hausse de 2° au Spitzberg, de 2°,3 au Groenland, de 3°,5 à l'archipel François-Joseph. Cette hausse équivaut à un déplacement des îles en question de 300 km vers le Sud. L'expédition russe «Sédov», qui en 1938-39 emprunta l'itinéraire de Nansen (1893-1896), a enregistré une température moyenne de 6° plus élevée que celle observée quarante ans plus tôt par le célèbre explorateur norvégien. Si l'on envisage les fluctuations mensuelles, les résultats semblent encore plus frappants : il n'est pas rare, dit Visé, que les températures enregistrées dans la partie sud de l'Océan Glacial dépassent de 10 à 12° l'ancienne moyenne normale. La hausse se manifeste surtout à l'automne et en hiver, alors qu'au printemps et en été les moyennes demeurent sensiblement les mêmes que par le passé. La station météorologique russe installée en 1929 à l'archipel François-Joseph n'a marqué à aucun moment de température inférieure à -40°, alors que toutes les expéditions qui y hivernèrent à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe y avaient connu un froid plus rigoureux. Loin de se limiter au cercle polaire, le réchauffement - bien que moins intense - s'étend à toute la Russie du Nord : à Arkhangelsk et à Léningrad, la température moyenne annuelle accuse depuis une quinzaine d'années une hausse d'environ 1°. La température de l'eau de l'Océan Arctique a suivi le mouvement. Selon le professeur Soubov (cité par Visé), celle de la mer de Barents a subi en 1921-1936 une hausse de 0°, 79 par rapport à la période de 1900-1906, hausse infime à première vue, mais qui revêt une importance singulière si l'on pense aux prévisions du professeur norvégien Helland-Hansen. Suivant ce dernier, il suffirait que la masse d'eau proche des côtes de la Norvège se réchauffe de 1° pour que la chaleur dégagée provoque dans l'Europe tout entière une hausse de température de 10° dans une couche d'air de 40 km d'épaisseur.

 

Il va de soi que le réchauffement du climat arctique amène une réduction des champs de glace polaires. Dans la mer de Barents, la limite sud des glaces flottantes s'est déplacée en vingt ans de 120 km vers le Nord, et la partie sud de la mer de Kara se trouve depuis dix ans libre de glace en septembre. Un phénomène analogue a été constaté au Groenland. Alors qu'au début de notre siècle, les glaces arctiques atteignaient la côte nord de l'Islande et y entravaient la pêche, elles n'y ont apparu depuis une vingtaine d'années qu'une seule fois, et en quantité infime. Inutile d'insister sur les répercussions que la réduction des glaces arctiques a eues sur la navigation polaire. Rappelons seulement qu'en 1901, le puissant brise-glace Ermak avait tenté en vain d'atteindre l'extrémité nord de la Nouvelle-Zemble, alors qu'à l'heure actuelle, les petits bateaux de bois parviennent sans difficulté à 82° 41' de latitude nord. De même, les observateurs ne cessent de constater un retrait très prononcé des glaciers au Groenland, en Islande, au Spitzberg, dans l'archipel François-Joseph etc. Le géographe suédois Ahlmann parle du recul «catastrophique» des glaciers du Spitzberg et prévoit — si l'échauffement de l'Arctique devait persister - une libération complète de l'île des glaces polaires. (Ferdinand Lot, Une révolution climatique, Critique, 1953 - books.google.fr).

 

Le "polle arctique" apparaît encore au quatrain VI, 21.

 

Vers le 28 novembre 1928, inondations dans la région d'Odessa. Vers le 10 avril 1929, des inondations ont dévasté une partie de l'Ukraine par suite des débordements du Dnieper. La région de Pavlograd semble avoir particulièrement souffert. Vers le 4 mai 1929, des inondations ont sévi dans la région de Moscou. Plusieurs localités le long de la Moskowa ont été submergés. Vers le milieu de mai 1929 plusieurs cours d'eau du centre de la Russie d'Europe ont causé de graves inondations, notamment dans le bassin du Dnieper et du Volga. Plusieurs centaines de villages ont été submergés. Vers le 19 mai 1929, des inondations se sont produites en Ukraine, à la suite de pluies diluviennes. 300 villages ont été submergés. Vers le 24 mai 1929, la ville de Dnjepropetrowska a été en partie submergée par suite d'un ouragan. Un grand nombre de maisons ont été détruites. Il y aurait eu aussi des victimes. Vers le 21 juillet 1929, une forte crue du Terek, au Caucase, a causé des submersions près de Vladicaucase (Raoul Montandon, Chronique des calamités, Matériaux pour l'étude des calamités, Numéros 29 à 36, 1933 - books.google.fr).

 

Collectivisation

 

Un arrêté du 21 juin 1929, promulgué par le gouvernement soviétique, donne le départ de la collectivisation forcée des terres dans le système kolkhozien. La résistance paysanne fut nette particulièrement en Ukraine. « La répression fut terrible : en 1930, plus de 20.000 personnes furent condamnées à mort par les seules juridictions d’exception de la police politique. Cette même année, plus de 700.000 paysans, qualifiés de « koulaks Â» ou de « koulakisants Â» furent déportés. Les déportations massives continuèrent en 1931. En 2 ans (1930-1931), 1.800.000 paysans furent déportés dans les régions inhospitalières du Grand Nord, de l’Oural, de la Sibérie et du Kazakhstan. […] Dans le désordre général, des centaines de milliers de « dékoulakisés Â» furent simplement laissés à leur sort dans la taïga. [1]»

 

« La conséquence de ces mesures fut une terrible famine qui fit principalement en Ukraine, dans le Caucase du Nord et au Kazakhstan environ 6 millions de victimes [2]».

 

Si environ cinq millions de morts sont à déplorer, si les villageois bouclés dans les villages par les unités du NKVD sont parfois contraints à l'anthropophagie, le Kazakhstan paie un plus lourd tribut encore. Sur les trois millions d'habitants avant la campagne de sédentarisation forcée des éleveurs de moutons, un million décède et un autre doit émigrer vers d'autres républiques (Nicolas Beaupré, Florian Louis, Histoire mondiale du XXe siècle, 2022 - books.google.fr).

 

Certains pensent que "Samatobryn" (ou "Samarobryn") désigne Samarobriva, ancien nom d'Amiens (Edgar Leroy, Nostradamus : ses origines, sa vie, son œuvre, 1993 - books.google.fr).

 

Les deux derniers vers se rapporteraient étrangement à Amiens et à la région picarde (« Samarobryn Â», du nom gaulois d’Amiens : « Samarobriva Â»). Le rapport que l’on peut faire avec le début du quatrain c’est que le communisme, qui s’installe en URSS, se développe aussi en France. « Les progrès du parti communiste sont encore plus spectaculaire. En 1936-37, en Picardie, le nombre des militants, membres des 433 cellules locales ou d’entreprises, s’élève à 13.250. La guerre et l’occupation renforcent encore son implantation : de 1945 à 1946 ses effectifs passent de 25.000 à 31.663 membres, pour 1406 cellules. […] Aux élections législatives de novembre 1946 les candidats du parti recueillent plus de 200.000 voix (contre 64.000 en 1936). [3] Â»

 



[1] Nicolas Werth, « Histoire de l’Union soviétique Â», PUF , 1990, p. 239

[2] ibid., p. 243

[3] « Histoire de la Picardie Â», sous la direction de Robert Fossier, Privat, 1974, p. 400

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