Guerre des 6 jours

Guerre des 6 jours

 

VI, 55

 

1966

 

Au chalmé Duc, en arrachant l'esponce,

Voile Arabesque voir, subit descouverte:

Tripolis Chio, & ceux de Trapesonce,

Duc prins, Marnegro & la cité deserte.

 

"esponce"

 

Esponce, s. f. Déguerpissement, abandon, (Cotgr.), du latin spondere. De quittances, et esponces d'heritages, et de la maniere comment ils se peuvent faire.» (Cout. Gén. t. II, p. 554.) «Telles exponcions ainsi faites, soit au seigneur de fief, ou autre, celuy qui quitte, et expont ne doit plus toucher à l'heritage, et chose immeubles quittez» (Ibid. p. 102.) De là «faire esponce», déguerpir. Tout soubdain le galland fist esponce, Et s'en alla, sans faire long adieu. (Faifeu, 50.) (Dictionnaire historique de l'ancien langage françois: ou Glossaire de la langue françoise depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV, Tome 6, 1879 - books.google.fr).

 

"esponsa" pour "sponsa" particulièrement dans l'épigraphie latine de Dalmatie (par ex. à Salone, inscription de 430 après J.C.) (Revue Des Études Sud-est Européennes, Volume 16, 1978 - books.google.fr, H. Mihaescu, La langue latine dans le sud-est de l'Europe, 1978 - books.google.fr).

 

Responsabilité : du verbe latin respondere qui signifie : se porter garant, répondre de, apparenté à sponsio («promesse», terme qui n'est pas sans lien avec sponsus, sponsa, fiancé(e), époux, épouse) (Joseph Rouzel, Le travail d'éducateur spécialisé - 5e éd.: Éthique et pratique, 2022 - books.google.fr).

 

"arrachant"

 

arracher (XIIe s., var. esrachier, XIIe-XVIe s.), du lat. vulg. *exradicare (réfection d’eradicare, rac. radix, -icis, racine); la substitution de préfixe (ad à ex) date peut-être du lat. vulg. - Dér. et comp. : arrachement (XII e s.), remplacé auj., sauf dans les sens techn., par arrachage (1842, Mozin); arracheur (aracheour, XIIIe s., Geste des Chyprois) (Dictionnaire étymologique Larousse, 1969).

 

En 1228, Frédéric II partit pour la croisade, dont il avait longtemps retardé l'accomplissement. Dans l'ile de Chypre, où il débarqua tout d'abord, et dans la Terre Sainte, il agit en maître, au milieu de la chevalerie française, comme tuteur de Conrad, le fils qu'il avait eu d'Yolande de Brienne et qui, à la mort de sa mère, se trouvait héritier du royaume de Jérusalem. Dans ce voyage, l'empereur vit des églises et des châteaux français à Nieosie, à Saint-Jean-d'Acre, partout où les rois, les seigneurs et les ordres religieux ou militaires avaient bàti. Frédéric II n'était pas encore revenu à Brindisi que déjà la féodalité du royaume de Jérusalem s'était soulevée contre les «baillis» impériaux et contre tous les chevaliers qui avaient pris le parti de l'empereur : comme des Italiens d'Apulie, l'ancien thème de Longobardie des Grecs, s'étaient mêlés à eux, on les appela les «Longobards». Une guerre acharnée s'engagea; elle se termina par la défaite complète des Impériaux. Philippe de Novare (v. 1200 – v. 1270), le chevalier chroniqueur qui a raconté les Gestes des Chyprois, put écrire : «Adonc fut desraciné et arraché le pesme ni (pessimus nidus) des Longuebars, si quonques puis n'orent pooir en Sirie ni en Chypre.» (Émile Bertaux, L'art dans l'Italie méridionale, de la fin de l'Empire romain à la conquête de Charles d'Anjou, Tome 1, 1903 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Philippe de Novare).

 

La Geste des Chyprois, au début du XIVe siècle, retrace les événements en compilant les ouvrages antérieurs, en particulier les Mémoires de Philippe de Novare qui, en même temps que poète, juriste et conteur, fut un des grands hommes politiques du royaume de Chypre où il s'était fixé dès 1220 (Raymond Queneau, Histoire des littératures: Littératures françaises, connexes et marginales, 1958 - books.google.fr).

 

"chalmé"

 

Chamée, chaumée, vient d'un type calamata, dérivé de calamus (A. Scheler, Glossaire romano-latin, Annales de l'Académie Royale d'Archéologie de Belgique, Volume 21, 1865 - books.google.fr).

 

CALAMITE, S. f. Un des noms donnés à la pierre d'aimant et à la boussole. (Du latin calamita grenouille qui vit parmi les roseaux, dérivé de calamus, en grec kalamos roseau; parce que dans l'origine l'aiguille aimantée. placée dans une fiole pleine d'eau, y flottoit sar deux brins de paille, et y nageoit en quelque sorte comme une grenouille.) (Claude Marie Gattel, Dictionnaire universel de la langue française: avec la prononciation figurée, Tome 1, 1819 - books.google.fr).

 

Si nous laissons de côté Coron et Modon, villes vénitiennes dont nous nous contenterons de délimiter le territoire, les deux sites les plus importants sont ceux de Kalamata et d'Arkadia. Le nom de Kalamata, qui rappelle celui de l'antique Kalamai située plus loin vers le nord, est certainement grec; il est toujours bien reconnaissable, n'ayant subi que de très faibles déformations. Les conquérants ne le changèrent pas. La ville est à quelques kilomètres du bord de la mer, à l'est de la plaine de Messénie près de l'embouchure d'un petit fleuve côtier. Elle ne jouait pas de rôle comme port au Moyen Age, car la côte est plate et sans abri; la ville, au pied des montagnes qui la dominent à l'est, était la métropole de la plaine dont la fertilité fut appréciée par les Francs dès leur arrivée. Elle fut certainement donnée à Geoffroy de Villehardouin par Guillaume de Champlitte dès la conquête, avec Arkadia. Toute cette région constitua la terre préférée, le patrimoine d'élection des princes qui l'attribuaient volontiers comme fief à leur héritier présomptif ou comme douaire à leur veuve. C'est à Kalamata que la princesse Élisabeth mit au monde son second fils et que celui-ci vint mourir. C'est cette terre que Guillaume de Villehardouin reçut comme fief du vivant de son frère aîné; et il en avait été probablement de même pour Geoffroy II lorsqu'il n'était qu'héritier présomptif. Mais, comme en Élide, les princes inféodèrent des parties assez étendues de ce territoire, en particulier Guillaume II, afin de pourvoir de de terres des seigneurs dépossédés en 1262 ou des réfugiés de Constantinople après la prise de la capitale par Michel Paléologue : c'est le cas d'Arkadia. Le reste constituait une châtellenie avec pour forteresse principale le château de Kalamata qui, en mauvais état en 1205, avait dû être réparé. A la mort du prince Guillaume, la châtellenie resta à sa veuve comme douaire; mais lorsque celle-ci se fut remariée avec Nicolas II de Saint-Omer, le roi Charles Ier, suzerain de la principauté, soucieux de ne pas voir une châtellenie aussi importante tomber entre les mains d'un vassal, fit accepter à la princesse un échange; Kalamata fit retour au domaine en 1282 et, en compensation, Agnès reçut des terres en Messénie, les villages de Mantichorion, Platanos et Glyky, lesquels avaient appartenu à Léonard de Veroli, mort peu auparavant sans enfant. Un seul événement mérite d'être rappelé, c'est la prise du château de Kalamata, en 1293 ou 1295, par des Slaves du village voisin de Giannitsa, qui, placé sur les flancs de la montagne à l'est, domine la ville à quelques kilomètres; l'épisode est instructif, il montre que dès ce moment le territoire de la principauté n'allait pas au-delà des limites de la plaine, et, d'autre part, que le château était loin d'être une forteresse imprenable, à l'abri d'un hardi coup de main. En 1298, Kalamata fut donnée en dot à la jeune princesse Mahaut, au moment où elle fut fiancée à Guy II de la Roche; elle lui fut laissée en 1318 quand Mahaut dut abandonner la principauté, mais elle revint au domaine quand la princesse fut déclarée déchue de tous ses droits. Le prince Robert en fit don en 1357 à sa femme Marie de Bourbon, qui la garda en douaire après la mort de son mari, en 1364; la châtellenie comprenait alors, outre Kalamata, Port-de-Jonc et Le Magne. Marie de Bourbon la garda même après que son beau-fils Hugues de Lusignan eut renoncé en 1370 à la principauté. Ces biens durent être occupés par les Navarrais à leur arrivée, mais le neveu de Marie de Bourbon, Louis II de Clermont, duc de Bourbon devait les considérer comme siens et en effet, en 1377. [...]

 

Le site, appelé Pylos par les Byzantins, apparaît à l'époque franque sous deux noms Port-de-Jonc et Avarinos ou Navarin, mentionnés d'abord dans la Chronique de Morée à la fin du XIIIe siècle (Antoine Bon, La Morée franque,, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 213, 1969 - books.google.fr).

 

Cf. l'interprétation du quatrain comme prédisant la bataille de Navarin en 1827 avec le général Maison (J.C. de Fontbrune, Nostradamus, historien et prophète, tome II, p. 218) (Marc Luni, Les Prédictions de Nostradamus, 2012 - books.google.fr).

 

"chalmé" transcription d'un mot hébreu signifiant "offrande" (Xavier Tacchella, les symboles maçonniques, N.61 Le temple de Salomon, 2014 - books.google.fr).

 

"chalmé" : Chelmos

 

Chelmos, Chalmos, Chialmo, Quelmo (Sir William Gell, Itinerary of the Morea: Being a Description of the Routes of that Peninsula, 1817 - books.google.fr).

 

Cette montagne est admirablement située au-dessus de la route qui unit le bassin de Mégalopolis et Lacédémone, dans cette région de collines qui constitue le seuil entre le bassin de l'Alphée et celui de l'Eurotas. Elle est assez haute (997 m.), assez isolée et placée assez loin vers le nord, pour avoir des vues sur le bassin de Mégalopolis et sur la bordure des montagnes de la Skorta qui le domine à l'ouest; les vues vers le sud s'étendent jusque vers Sparte mais sont moins intéressantes : elle peut donc servir surtout de poste de guet pour la Laconie. Une position naturelle aussi favorable a évidemment été occupée dès l'antiquité, et disputée entre les Spartiates et les Arcadiens ces vallées abondamment pourvues d'eau et verdoyantes où coulent les ruisseaux qui forment l'Eurotas étaient le site de Belemina; sur le sommet, une vaste enceinte antique a été utilisée et réparée au moyen âge.

 

Il n'y a pas de difficulté à l'identifier avec le Chelmos dont parle la Chronique de Morée, qui le situe toujours près de Véligosti. La version grecque le mentionne deux fois et toujours dans l'expression la contrée du Chelmos. L'armée grecque, venant de Mistra, y passe avant d'arriver à Véligosti en 1263; Jean de Nivelet, tenant garnison à Nikli, parcourt et pille le pays de Véligosti et du Chelmos en 1272. Le Livre de la conquête ne cite ce lieu que plus tard à l'occasion de la prise de Saint-Georges en 1296 : Corcondile, qui en a préparé la livraison au capitaine des Grecs, va trouver Léon Mavropapas, chef des mercenaires turcs, à un «chastel que on appelle Quelmo, près de Véligourt» et il s'entend avec lui : dès que Corcondile sera maître de Saint-Georges, il devra faire des signaux lumineux pour avertir de là-bas Mavropapas au Chelmos du succès de son entreprise. Nous constatons que, en 1296, ce sont les Grecs qui tiennent ce poste et qu'ils y ont un château, dont la chronique grecque n'avait rien dit pour les épisodes antérieurs de vingt ou trente ans. En 1272, les Grecs avaient peut-être déjà repris ou venaient de reprendre la région du Chelmos; mais il est certain qu'en 1296, ils y avaient un château. En 1320, le Chelmos est cité dans un chrysobulle d'Andronic Paléologue en faveur du monastère du Brontochion à Mistra (Antoine Bon, La Morée franque, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 213, 1969 - books.google.fr).

 

The Barony of Geraki was established ca. 1209, after the conquest of the Peloponnese by the Crusaders, and was one of the original twelve secular baronies within the Principality of Achaea. Guy of Nivelet, who is securely attested ca. 1228/30, was succeeded as baron by John of Nivelet, perhaps his son. In the 1260s, Geraki fell to the resurgent Byzantines, but it is unclear exactly when. George Pachymeres mentions it as one of the fortresses (along with Grand Maigne, Mystras and Monemvasia) that Prince William II of Villehardouin agreed to hand over as ransom for his release from captivity. In reality, although Geraki was most probably not immediately surrendered, its exposed position made it vulnerable and it likely fell, if not in the first Byzantine offensives of 1263–64, then certainly by ca. 1268/70 (en.wikipedia.org - Barony of Geraki).

 

Calavryta, dit Pouqueville, est la première ville de l'Achaïe qu'on voit dans le bassin du Cerynite, à peu de distance de la rive droite de ce fleuve. On prétend que sa fondation ne remonte qu'au temps de l'invasion de la Morée par Ville-Hardoin, qui regarda sans doute l'entrée des défilés du mont Chelmos comme un passage assez important pour y bâtir un fort dont les ruines, que quelques voyageurs ont prises pour celles de Cynèthes, se voient encore sur un escarpement des montagnes. [...]

 

Les monts de Chelmos s'appellent aujourd'hui monts Cronius, près du Vasili Potamos, ancien Eurotas. [...]

 

Le prince ordonna alors d'approvisionner la place de Nicli de tout ce dont elle avait besoin. Il y nomma pour commandant messire Jean de Neuilly avec cent chevaux, cent arbalêtriers, cent écuyers et trois cents archers. Il les chargea de se tenir dans la place et de parcourir les environs et les plaines de Nicli jusqu'à Véligosti, aussi bien que les environs de Chelmos, afin d'empêcher les Grecs d'y pénétrer pour ravager le pays ou livrer bataille. Après avoir établi cette garnison et assuré la défense du pays de Nicli, le prince Guillaume se mit à la tête de ses propres troupes, se dirigea sur Glarentza, et licencia le reste de l'armée. Le seigneur de Caritena et sa suite, ainsi que le bail du roi de Naples, messire Galeran, accompagnèrent le prince (Jean Alexandre C. Buchon, Chronique de la prise de Constantinople par les Francs de Geoffroi de Villehardouin, Tome 4, 1825 - books.google.fr).

 

"Duc" d'Achaïe

 

L'expression "duc d'Achaïe" existe en parallèle à celui de "prince d'Achaïe" (Lorenzo Miniati, Le glorie cadute dell'antichissima, ed augustissima famiglia Comnena (etc.), 1663 - books.google.fr).

 

Guillaume II de Villehardouin (vers 1211-1er mai 1278), est un prince d'Achaïe (Péloponnèse) de 1246 à 1278. C'est sous son règne que la principauté atteint son apogée, mais aussi qu'elle amorça son déclin. Il fut le dernier prince d'Achaïe de la famille des Villehardouin (fr.wikipedia.org - Guillaume II de Villehardouin).

 

Guy Ier (d'Athènes) de la Roche (mort en 1263) fut duc d'Athènes (de 1225 à sa mort). Il entra en conflit avec Guillaume II de Villehardouin lors de l'intervention de ce dernier en Eubée. Au printemps 1258, Guillaume II marcha sur Thèbes et Guy Ier fut défait dans une bataille au pied du Mont Carydi. Assiégé dans Thèbes, il dut se rendre et faire hommage à Nikli, mais les barons de la principauté, n'étant pas ses pairs, l'envoyèrent en France pour y être jugé par le roi Saint Louis. La cour de France ne le reconnut pas coupable de félonie et ne le priva pas de son fief, sa seule punition étant son voyage. La chronique de Morée affirme que c'est à cette occasion que la seigneurie d'Athènes fut élevée au rang de duché, mais l'épisode est probablement apocryphe Une de ses filles, Isabelle, épouse Geoffroy de Briel (baron de Karýtena, neveu de Guillaume de Villehardouin) puis Hugues de Brienne (fr.wikipedia.org - Guy Ier de La Roche (duc d'Athènes)).

 

Rapt

 

RAPTO, as, avi, atum, are, trainer, entraîner, tirer par force, ravir avec violence, arracher, enlever ou prendre par force (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, Tome 7, 1780 - books.google.fr).

 

L’adultère est également au cœur de l’épopée extra-conjugale du chevalier et baron Geoffroy de Briel, dit de Karytaina, avec la femme de l'un de ses chevaliers, Jean de Catavas935. Cette thématique de l’adultère, présente à plusieurs reprises dans les sources narratives d’Achaïe, invite à s’interroger sur la représentation de la sexualité extra-conjugale des dames de la Morée.

 

Quant à Geoffroy de Briel, la dame dont il est épris «estoit la plus bele dame de tout Romanie». Lors d’alliances matrimoniales ou de relations extra-conjugales, l’initiative revient donc toujours à l’homme – au point même que Geoffroy de Briel enlève une dame à son époux, sans qu’on sache si elle est consentante.

 

Par son discours moral, la Chronique de Morée inculpe non seulement l’épouse adultère avec laquelle Geoffroy de Briel embarque en Italie lors de son escapade amoureuse, mais également l’ensemble de la gent féminine. En effet, pour la chronique grecque, «le seigneur de Carytaina […], succombant à la tentation du démon, aima une femme, comme tant d’autres soldats pourtant pleins de sagesse». Cette corrélation entre le démon et le sexe féminin est également présente dans l’œuvre de l’historien byzantin Nicétas Choniates. En Occident comme en Orient, les femmes incarnent la tentation; par leur présence, elles invitent les hommes à la faiblesse de la chair qui les conduit à la chute. Cette représentation de la femme, telle qu’«elle n’est rien d’autre que la projection du désir, coupable, de l’homme» est typique de la littérature religieuse masculine. Ainsi, bien qu’aucune description dépréciative de l’épouse de Jean de Catavas ne soit présentée dans la chronique, la dame, associée au diable, incarne le vice de la luxure qui pervertit les hommes. Enfin, l’expression «succombant à la tentation du démon» rappelle que l’adultère est proscrit : la version française de la chronique emploie le terme de «delit». Il s’agit en effet, pour le droit canon, d’«une violation de la foi conjugale et une trahison du sacrement du mariage». Ces éléments narratifs sur le vice féminin laissent ainsi penser que la Chronique de Morée est l’œuvre d’un homme d’Église, d’un clerc, dont le devoir est de mettre en garde les hommes contre le sexe féminin et de rappeler les devoirs matrimoniaux «car l’adultère fait courir un risque à l’institution du mariage et menace le patrimoine, l’honneur et les réseaux familiaux issus de cette union».

 

En 1264, afin d’assouvir ses désirs en toute discrétion, Geoffroy de Briel embarque avec la dame en direction des Pouilles, sous prétexte d’un pèlerinage à Rome, alors qu’au même moment le prince de Morée est en guerre avec les Grecs. Apprenant la raison du voyage du chevalier, le roi de Sicile et des Pouilles ordonne au chevalier de retourner en Morée, auprès du prince, au risque d’avoir la tête tranchée. Geoffroy de Briel retourne donc dans la principauté. Jugé devant un parlement, il est pardonné mais perd son fief de conquête. Quant à la dame, elle est rendue à son époux, Jean de Catavas, qui aurait alors pardonné son seigneur Geoffroy de Briel. Le récit de cette aventure adultérine est rapporté par les diverses versions de la Chronique de Morée : Livre de la conqueste, § 398-414, v. 5739-5921, Libro de los fechos, § 332-334, 375-381. V (Marie Guérin, Les dames de la Morée franque (XIIIe-XVe siècle), 2020 - hal.science).

 

Geoffroy de Briel s'absente de Morée, sans permission de Guillaume, et passe les années 1263 à 1265 en Italie, officiellement en pèlerinage. Guillaume de Villehardouin entre en fureur, confisque la terre de Karytaina et en nomme gouverneur le mari malheureux, podagre ("impotent des mains et des pieds" dit la Chronique de Morée). Son absence permet aux habitants de la Skorta de se soulever et d'aider les troupes byzantines dans leur offensive. Cette dernière est stoppée par le même Jean de Katavas à la bataille de Prinitza. Geoffroy est à nouveau privé de sa baronnie pour cet acte. Plus tard, Villehardouin pardonnera à Geoffroy ses frasques. La seigneurie de Karytaina lui sera rendue, mais à titre de «nouveau don»; quand il mourut en 1275, sans héritier direct, elle revint à la couronne (Henri Paul Eydoux, Les Châteaux du soleil: Forteresses et guerres des Croisés, 1982 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Geoffroy de Briel).

 

Georffroy de Briel était encore en Italie dans les années 1267-1269.

 

Les traités de Viterbe modifiaient la condition de la Morée non seulement dans l'avenir, mais même pour le présent si le prince acquérait un allié capable de lui fournir des secours et un ravitaillement efficace, il perdait au changement de suzerain la quasi indépendance dont il avait joui à légard de Baudouin II. Si dures que fussent les conditions posées par Charles d'Anjou, Guillaume de Villehardouin s'employa à les remplir loyalement; et dans les rapports réciproques d'aide et d'appui entre suzerain et vassal, ce fut lui le premier, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, qui eut à secourir Charles, dans un danger extrêmement pressant. Tandis que le roi de Sicile négociait les traités de Viterbe, Conradin se préparait à descendre en Italie. Il passe les Alpes en septembre 1267. Charles qui se trouvait alors en Toscane, y demeure pour rassembler les troupes guelfes. Mais la révolte éclate en Sicile, elle gagne divers points de l'Italie du sud, et le pape s'inquiète de l'absence du roi. Guillaume de Villehardouin se trouvait, en mars 1268, dans la Pouille, soit qu'il ne fût pas retourné en Morée ou qu'il fût revenu avec un contingent de troupes. Clément IV écrit alors à son légat de le nommer capitaine des troupes rassemblées à Foggia, et que le roi ratifiera sûrement ce choix. Peu après, Charles d'Anjou quitte enfin la Toscane pour regagner ses états. Conradin avance, fait son entrée dans Rome et le 23 août 1268 se heurte à l'armée angevine, à Tagliacozzo, dans les Abruzzes, près du lac Fucin. Sur le conseil d'Érard de Vallery, vétéran des guerres de Syrie, Charles avait divisé ses troupes en trois corps, engageant les deux premiers et gardant en réserve, caché dans un vallon, un corps de 800 chevaliers d'élite : aux côtés du roi se tenaient Érard de Vallery et Guillaume de Villehardouin, «chevalier de grande valeur», dit Villani, Le contingent du prince formait la moitié du corps de réserve : 400 chevaliers, en effet, l'accompagnaient, parmi lesquels les plus réputés, ceux à qui Charles d'Anjou accordera sa faveur : le baron de Carytæna Geoffroy de Briel, celui de Mategrifon Gautier de Rosières, celui de Calavryta Geoffroy de Durnay, le grand connétable Jean Chauderon, neveu du prince. Au commencement de la journée, l'armée gibeline, de beaucoup plus nombreuse, enfonça successivement le corps des Provençaux et celui des Français; et croyant déjà avoir la victoire, Henri de Castille, l'allié de Conradin, se lança à la poursuite des fuyards et disparut tandis que les Allemands de Conradin se mettaient à piller le camp angevin. C'est alors que Charles d'Anjou, lançant son corps de réserve contre les Allemands dispersés, les défit avant qu'ils pussent se rallier et les mit en fuite avec le jeune prince. Quand Henri de Castille revint sur le champ de bataille, un stratagème, que la Chronique de Morée attribue au prince Guillaume mais dont on fait plus généralement honneur à Érard de Vallery, eut raison de lui et assura finalement le succès de Charles : une fuite simulée des chevaliers du roi entraîna dans une poursuite les troupes de Henri de Castille, mettant le désordre parmi elles; et un retour offensif, suivi d'un rude combat corps à corps acheva de les disperser dans la confusion de la nuit. La victoire était complète, définitive; et Guillaume de Villehardouin avec sa chevalerie n'y avait pas peu contribué (Jean Longnon, L'empire latin de Constantinople et la principauté de Morée, 1949 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Traité de Viterbe (1267)).

 

"arabesque"

 

A, Ornement : empr. à l'adj. ital. arabesco «arabe, qui est propre aux Arabes» attesté dep. 1353 (Boccace [1313-1375] Dec. 10-9 [494] ds Batt.); B, Tout ce qui rappelle ces ornements artistiques : empr. au subst. ital. arabesco «ornement formé de plantes, de branches, de feuillages... entrelacés» attesté dep. le XVIes. (Caro, Lettere inedite [1827-1830] 3-93, ibid.); 1555 adj. «propre aux arabes» (B. Aneau, Tresor de Evonime ds Delb. Rec. ds DG : Langue et doctrine arabesque); 1580 jument arabesque (Mont., liv. I, ch. XXVIII, p. 188 ds Gdf. Compl.); d'où 1661 à l'arabesque «à la manière arabe» (Corneille, Tois. d'or, V, 6 ds Rob. : Feuillages à l'arabesque); qualifié de "vieux" ds Rob. B.? 1611 subst. orn. (Cotgr.); (www.cnrtl.fr).

 

«Voile latine ? Voile arabe ? Voile mystérieuse ?», Pierre Paris s'interrogeait en 1949 sur l'origine de ce type de voilure que l'on associe souvent, en l'occurrence, aux caravelles ibériques du temps des découvertes. Les recherches les plus récentes ont fourni des réponses précises, argumentées et datées à la question posée par Paris. La voile dite arabe et celle dite latine ne semblent pas se confondre tant au plan de la géométrie, de leur fonctionnement axial que de leur origine. La voile dite arabe, encore appelée «latine orientale» (François Beaudouin) ou settee sail pour la distinguer de la voile latine méditerranéenne, se caractérise par sa forme trapézoïdale, et sa courte chute avant verticale. Cette voile axiale fonctionne d'une façon différente de la voile latine, avec une moindre liberté de mouvements autour du mât qui apparente partiellement son fonctionnement à celui d'une voile au tiers. Sa généalogie et, notamment, sa chronologie demeurent encore imprécises. L'une de ses plus anciennes attestations iconographiques, dans les sources occidentales tout au moins, semblerait provenir de l'Atlas Miller (1519) sur lequel figurent plusieurs voiliers apparentés aux modèles contemporains du bum du Koweït ou du batil d'Oman. Leur voile trapézoïdale et disposée longitudinalement pourrait correspondre à une voile arabe. La voile dite latine, voile axiale de forme triangulaire, s'inscrit dans une généalogie et une chronologie désormais bien définies. Cette voile semblerait issue d'une déformation, par réduction oblique de sa surface, de la traditionnelle voile carrée de l'Antiquité méditerranéenne. Elle paraît être attestée dès les II-Ier siècles av. J.-C. sur un dipinto tracé au charbon de bois sur le mur de l'hypogée n ° 2 d'Anfouchi à Alexandrie (Égypte), au sein du foyer remarquable d'innovations techniques que fut cette ville pendant des siècles. Aujourd'hui encore, la voile arabe de l'océan Indien et la voile latine de la Méditerranée témoignent de leur histoire parallèle à travers, par exemple, les derniers voiliers de pêche des côtes de Zanzibar d'un côté et les flûkas de pêche des îles Kerkennah au large de Sfax (Tunisie) de l'autre (Nala Aloudat, Agnès Carayon, Vincent Giovannoni, Aventuriers des mers, VIIe-XVIIe siècle: de Sindbad à Marco Polo : Méditerranée - océan Indien, 2016 - books.google.fr).

 

"Voile arabesque"

 

Devenu roi en 1258, Manfred se montra fidèle à la politique de son père, d'un côté protégeant les Sarrasins dans ses États jusqu'à faire couper la main droite à un noble napolitain qui avait en sa présence frappé au visage le chef de sa garde sarrasine, de l'autre renouant l'alliance de la Sicile avec le Soudan d'Egypte dont l'influence dominait sur le littoral africain. Ce Soudan était alors le terrible Bibars-Bondochar qui envoya en présent au roi de Sicile, des prisonniers mongols, avec leurs chevaux de race tartare, et une girafe, la première qu'on eût vue en Europe depuis les Romains. Il lui députa aussi au commencement de 1261 une ambassade dont le chef était le cadhi Djemal-Eddin fils de Salem (M. Huillard-Bréholles, Du rôle et de l'influence des Arabes dans la Sicile et l'Italie méridionales du XIIe au XIIIe siècles, Revue de la Société des Études Historiques, Volumes 14 à 15, 1847 - books.google.fr).

 

Le père de Manfred, Frédéric II, négocia la restitution de Jérusalem en 1229 par le traité de Jaffa avec le sultan d'Egypte al-Kamil.

 

L'historien Ibn Wasil est envoyé par Baybar, sultan d'Egypte, en ambassade au roi de Sicile Manfreden 1260. Il est installé à Lucera où Manfred, qui "connaissait par coeur dix livres des Elements d'Euclide", se proposait de construire un maison des sciences (Pays d'Islam et monde latin, Xe-XIIIe siècle: textes et documents, 2000 - books.google.fr).

 

Ibn Wasil (mort en 1298), originaire de Hama, en Syrie centrale, et proche des milieux dirigeants ayyoubides puis mamelouks, rédigea une histoire des Ayyoubides dans laquelle il fait une place à la fois à leurs prédécesseurs zenguides (1128-1174) et à leurs successeurs mamelouks de 1250 à 126323. Son témoignage est particulièrement intéressant sur la croisade de Louis IX (1249-1250), car il se trouvait alors au Caire, dans l’entourage de l’émir Husam al-Din Ibn Abi ‘Ali, vice-roi d’Égypte à la fin du règne d’al-Salih Ayyub (1240-1249). S’étant mis ensuite au service des sultans mamelouks, Ibn Wasil fut envoyé en 1261 en ambassade à Manfred, fils de l’empereur Frédéric II, à qui il dédia un traité sur la logique. La relative connaissance qu’il acquit, à cette occasion, de l’Italie méridionale, explique le regard particulièrement favorable qu’il porte sur la dynastie des Hohenstaufen. Ibn Abl l-Damm (mort en 1242 ou 1243) et Nazif al-Hamawi (date de mort inconnue), deux auteurs ayant vécu, eux aussi, à Hama dans la première moitié du xiiie siècle, rédigèrent des chroniques universelles, dont seuls des abrégés nous sont parvenus, mais dans lesquels il est possible de glaner quelques informations intéressantes (Anne-Marie Eddé, L’écriture des croisades dans l’historiographie arabe médiévale, Cahiers de recherches médiévales et humanistes N° 37, 2019 - journals.openedition.org).

 

Jean de Catavas, dans un tout autre registre, est la risée de la noblesse moréote dans une péripétie qui n’est pas de son fait. Son épouse le quitte plusieurs mois pour suivre un autre chevalier, Geoffroy de Briel, sans doute plus jeune et plus charmeur et, sous prétexte d’un pèlerinage, ils passent tous deux en Italie. C’est une félonie que de prendre l’épouse d’un autre chevalier et de s’absenter sans justificatif valable et sans autorisation du prince, et cela est clairement dénoncé par Manfred, roi de Sicile, qui se charge de réprimander le chevalier parjure (Isabelle Ortega, Anciens homs, sachans homs et autres veillarts : la participation des plus âgés au pouvoir dans la principauté de Morée (XIIIe-XIVe siècles), 2023 - hal.science).

 

Vers 1250, les Génois et les Vénitiens entrèrent en conflit pour le contrôle de la ville d'Acre, renouvelant l'antagonisme des Gibelins et des Guelfes. En 1258, Venise avec ses alliés, défit Gênes qui supportait les Hohenstauffen pour le trône de Jérusalem, et qui se rattrapera à Constantinople. Les Templiers, soutien de Venise dans cette affaire, s'opposeront aux Hospitaliers, qui se placeront du côté de Gênes, pour des raisons géopolitiques. Les premiers étaient partisans d'une alliance avec Damas contre l'Egypte, les seconds concevaient l'inverse entrant dans les vues des Hohenstauffen. Lorsque le règne de ses derniers prit fin en 1268, les Templiers soutiendront les Angevins (Alain Demurger, Vie et mort des Templiers, 1985).

 

En mai 1269, quand l'ambassade du sultan rejoignit le Royaume de Sicile, Charles était engagé dans l'assaut de Lucera, mais il ne manqua pas d'ordonner au justicier de la Terre de Bari de défrayer toutes ses dépenses dans le Royaume et de donner des ordres pour l'envoi d'ambassadeurs en Égypte. Il s'agissait d'une ambassade importante conduite par le vice-chancelier du Royaume, Guillaume de Faronville, et destinée à voyager sur le navire Portafora. Nous apprenons du compte-rendu présenté à la Magna Curia par Guillaume de Setois, justicier de la Terre de Bari, pour la période correspondant à l'exercice de sa charge, du 28 juin 1269 au 28 octobre 1269, qu'il avait débloqué une somme de 288 onces d'or pour les dépenses de Faronville et de sa suite à cette occasion. En ce qui concerne l'achat des provisions pour le voyage de la Portafora et la solde de la chiourme, le poids des dépenses retomba en revanche principalement sur Gaultier de Sommereuse, justicier de la Terre d'Otrante du compte qu'il présenta à la Magna Curia pour la période 1268-1269, correspondant à son office, il résulte qu'il avait déboursé en faveur de Faronville, pour ses propres dépenses et celles de l'ambassadeur de retour dans son pays sur la même nef, en incluant ses dépenses personnelles et celles de sa suite de 22 personnes, pour une période de 10 jours, 79 onces, 9 tarins et 9 grains (grana)

 

Il existait au moins depuis 1269 des négociations entre le roi de Sicile et Baïbars, pour lequel Charles d'Anjou affectait alors la plus grande considération. Ces négociations confirment de manière inattendue, mais mais convaincante, le fait que Charles eut une grande responsabilité dans la proposition de l'option tunisienne, plutôt que le Levant ou l'Égypte elle-même, comme objectif de la croisade que le roi de France, son frère, avait fait partir d'Aigues-Mortes à l'été 1270. Tunis n'était pas seulement un objectif utile, pour les raisons précédemment indiquées , mais surtout un objectif possible , comparé à une attaque des croisés contre le sultan mamelouk alors au faîte de sa puissance et inattaquable, au jugement de Charles, à moins d'un renforcement de sa propre puissance et d'une solide préparation diplomatique. Après la destruction de la principauté d'Antioche et la chute de Jaffa, en 1268, Baïbars, au début de 1271, commença en effet la conquête de certaines des forteresses les plus importantes encore aux mains des Ordres militaires dans le Levant dans le cours de cette même année allaient tomber Chastel-Blanc, le Crac des Chevaliers, Gibelacar et Montfort. Les Ordres de l'Hôpital et du Temple eux - mêmes poussaient à la paix dans le Levant les négociations avec l'Angevin débouchèrent en avril 1272 sur l'accord connu sous le nom de paix de Césarée , valide pour dix ans. C'était là un résultat notable, dans une politique globale de renforcement de la présence angevine dans la Méditerranée orientale, qui coïncida avec le déplacement progressif du centre de gravité des intérêts politiques et économiques du gouvernement de Charles d'Anjou vers le Levant croisé. Cet intérêt fut sanctionné en 1277 quand il assuma le titre de roi de Jérusalem , et inclut Acre, la dernière capitale du Royaume, dans l'aire protégée du commerce étranger des grains du Royaume de Sicile (G.L. Borghese, Les rapports entre le royaume de Sicile et l'Afrique du Nord (Ifr?qiya et Égypte) sous le règne de Charles Ier d'Anjou (1266-1285), Maghreb-Italie: des passeurs médiévaux à l'orientalisme moderne, XIIIe-milieu XXe siècle, 2010 - books.google.fr).

 

La découverte peut être celle de la girafe, plutôt que la boussole connue déjà par Guyot de Provins vers 1200 sous le nom de marinette, par Pierre Pélerin de Maricourt qui assistait au siège de Lucera dans les années 1260, ou Brunet Latin (Thrésor) à la même époque.

 

Baybars fait un usage intensif du cadeau de girafe : outre celle expédiée en Espagne en 1260, il en envoie une en 1262 au roi de Sicile Manfred, une autre en 1267 au chef tatar al-Anbrur. Une girafe est expédiée en 1261 à l’empereur de Byzance Michel VIII (Thierry Buquet, Nommer les animaux exotiques de Baybars, d’Orient en Occident, 2013 - halshs.archives-ouvertes.fr)  : cf. le quatrain X, 36 - La girafe - 2203-2204.

 

Les girafes fréquentent les sources du Nil, selon Paul Jove (Histoire de son temps, 1550), qui poursuit son cours après le lac Saph par des méandres (J. Brucker, L'Afrique centrale des cartes du XVIe siècle, Études religieuses, philosophiques, historiques et littéraires, 1880 - books.google.fr).

 

"subit" : soudain/Soudan

 

On trouve Soudain pour Soudan/Sultan (Daniel de Juigné Broissinière, Dictionaire theologique, historique, poetique, cosmographique, et chronologique, 1668 - books.google.fr, A. Tobler, E. Lommatzsch, Altfranzoisisches wortwebuch, 1973 - books.google.fr).

 

"soudain" vient du latin "subitaneus", a , um  : soudain , subit , qui arrive à l'improviste (Dictionarium universale Latino-Gallicum, 1732 - books.google.fr).

 

Trébizonde, Chio, Tripolis (Achaïe)

 

Quand, en 1261, les Paléologues rentrèrent à Constantinople et reconstituèrent la monarchie, ils furent impuissants à réannexer ce qui jadis avait obéi aux Comnènes. Leur empire ne comprit plus que le nordest de l'Asie, en Europe Constantinople et la Thrace, une partie de la Macédoine avec Thessalonique, quelques îles dans le nord de l'Archipel et une portion de la Grèce continentale. À côté d'eux, il y eut un empire de Trébizonde occupant tout le littoral de la mer Noire, d'Héraclée au Caucase, un despotat d'Épire et, en Thessalie, une principauté de Grande Vlachie ; il y eut des possessions vénitiennes dans le Péloponèse, à Corfou, à Cérigo, en Crète et des seigneuries vénitiennes dans toutes les îles de l'Archipel, des possessions génoises sur le littoral anatolien et dans les grandes îles qui le bordaient, à Chios, à Lesbos; il y eut un duché d'Athènes enfin dans la Grèce centrale et une principauté d'Achaïe dans le Péloponèse. Vingt dominations s'installèrent dans ce qui avait été l'empire grec (Charles Diehl, Byzance, grandeur et décadence, 1919 - books.google.fr).

 

"Duc prins"

 

La bataille de Pélagonia en Macédoine eut lieu en septembre 1259, entre l'empire de Nicée et une alliance entre la principauté d'Achaïe et le despotat d'Épire. Ce fut un événement décisif dans l'histoire du Proche-Orient, assurant la reconquête byzantine de Constantinople et la fin de l'Empire latin de Constantinople en 1261, et le début de la reconquête byzantine de la Grèce.

 

En 1259, Guillaume II de Villehardouin épouse Anne Comnène (également connue sous le nom d'Agnès), fille de Michel II d'Épire, cimentant ainsi une alliance entre le despotat d'Épire et la principauté d'Achaïe contre l'empire de Nicée. Guillaume et Michel sont également soutenus par Manfred Ier de Sicile, qui leur a envoyé 400 chevaliers. Les Latins, parmi lesquels Geoffroy de briel, sont mis en déroute. Le prince Guillaume de Villehardouin se sauve lui aussi mais est assez vite trouvé et capturé (fr.wikipedia.org - Bataille de Pélagonia, fr.wikipedia.org - Pélagonie).

 

Il resta prisonnier plusieurs années et dut finalement remettre aux Byzantins les forteresses de Mistra, Monemvasia et du Magne en échange de sa liberté. Revenu dans la principauté en 1262, il ne tarda pas à entrer à nouveau en conflit avec les Byzantins, qui envahirent l'Achaïe mais furent repoussés en 1263 à Prinitza puis à Makryplági (fr.wikipedia.org - Guillaume II de Villehardouin).

 

Il commencera le siège de Lucera en 1267, ville peuplée de musulmans partisans de Manfred de Hohenstauffen, issus de ceux déportés là qui s'étaient révolté en Sicile sous l'empereur Frédéric II. Mais il faudra attendre le renfort des troupes de Charles Ier d'Anjou, concurrent au trône de Sicile, pour que la ville tombe (Histoire des croisades, Tome 4, 1853 - books.google.fr).

 

"marnegro" : mer Noire

 

"mar negro" est le nom espagnol ou portugais de la mer Noire. En italien c'est "mar nero". A rapprocher de l'ancien espagnol "esponça", éponge.

 

ESPONÇA : No sería verosímil que esponça representara una evolución fonética de spongia. Debe tratarse de un provenzalismo; Levy ( III , 273 ) cita esponzia, sponzia (Revista de filología española, Volume 8, 1921 - books.google.fr).

 

On arrache les éponges de mer de leur support pour les récolter (Léon Sonrel, Le fond de la mer, 1868 - books.google.fr).

 

Les Génois s'étaient enrichis pendant les croisades et avaient rendu de grands services aux Empereurs de Constantinople pendant cette période. Ceux-ci qui tenaient à faire parade de leurs droits sur la Tauride et le Caucase, autorisèrent les Génois à fonder des comptoirs sur le littoral de la mer Noire; ce fut en 1260 que Kaffa sortit des ruines de Théodosie et devint l'entrepôt commercial de l'Europe avec la Perse et l'Inde. Les Génois fondèrent encore sur d'autres points des ports et des forts qui devinrent de riches marchés (F. Durand, Episode de l'histoire de l'empire russe, Le Spectateur militaire, 1857 - books.google.fr).

 

Lorsque en 1259 ou en 1260 les frères Niccolò et Maffeo Polo s'embarquaient à Constantinople pour se rendre à «Soldadie» (Soldaïa) «en la mer Greignor» ou Mar Majour» [mer Noire], «por gaagner et por se fer leur profit» , ils ne faisaient que suivre l'appel d'une renomée largement consacrée par de nombreux prédécesseurs. La rentrée des Grecs à Constantinople en 1261 mit un terme à l'épanouissement du commerce pontique des Vénitiens (Serban Papacostea, La mer Noire: carrefour des grandes routes intercontinentales, 1204-1453, 2006 - books.google.fr).

 

"Marnegro" : Mavronero, nom moderne du Styx ?

 

Nous avions à gauche un large torrent qui sillonne le flanc du mont Vrachmi, chaîne occidentale du mont Chelmos, qu'on remonte dans une direction opposée, pour se rendre à la cascade du Styx. J'ai dit ailleurs quelle route on doit suivre, à partir de Phénéon, afin d'arriver par les villages de Sainte-Barbe et de Solos à l'enclave que les modernes appellent Kloukinais. Si on fait ce chemin en sens inverse, en partant de la rive droite du Cérynite, dans deux heures et demie de marche, on passe au village de Mezzérouli, où l'on voit une source qui envoie ses eaux au fleuve Crathis. Un quart de lieue au midi, on trouve Péristéra, bourg de quatre-vingt-dix familles grecques; un mille plus loin, on aperçoit Chalkiana, et à pareille distance, dans la même direction, Vounari, bourg de cent familles chrétiennes. Parvenu à cette hauteur, si on tourne au midi l'espace d'un mille, on arrive à la cascade du Styx, qui est appelé par les modernes Mavronéro, ou l'Eau-Noire. Les sources qui forment cette chute d'eau sont reconnaissables en ce qu'elles se trouvent, comme le dit Pausanias, sur le plateau le plus élevé et le plus abrupte du mont Cyllène (F.-C.-H.-L. Pouqueville, Voyage de la Grece, 1827 - books.google.fr).

 

"cité déserte" : Jérusalem

 

Dans une continuation de l'histoire des croisades de Guillaume de Tyr, Bernard le Trésorier écrit :

 

A MCCLX pristrent les Tartar par force Halape et Aarene, Haman et la Chamele et Domas, et vindrent u roiaume de Jerusalem, et pristrent la cité deserte; aprés furent desconfis le soudan de Babilone au tiers jor de septembre es plains par de Tabarie. Aprés Bandocdar occist le soudan qui s'en retornoit en Babilone, et il fu fait soudan en son lieu. En ce point vendi Juliens Sajete et Biaufort au Temple, dont grant haine sordi puis entre le roi d'Ermenie et le Temple. Aprés furent desconfis des Turquemans Johan d'Ibelin, sire de Baruth, et Johan de Gibelet, mareschal du roiaume, et frere Estienne de Sissi, maistre du Temple, o tot le couvent d'Acre, de Chastiaus-Pelerin, de Safet et de Biaufort, et furent pris li sire de Baruth, et le commandeor du Temple, frere Mathieu le Sauvage, Johan de Gibelet et le cuens Judans, et plusors autres chevaliers, et mult d'autres à cheval et à pié, et furent mors et pris, et perdirent li Templiers tot lor hernois, et puis furent rachetés li sires de Baruth vingt mille besans, et furent rachetés le commandeor du Temple, li mareschau? du roiaume, Jacques Judans, et plusors autres.

 

En 1260 les Tartares prirent de force Alep, Harenc, Hamath, la Chamelle et Damas. Ils vinrent au royaume de Jérusalem et prirent la cité déserte; puis le troisième jour de septembre furent déconfis aux plaines de Tibériade par le soudan de Babylone. Ensuite Bondochar occit le soudan qui alloit en Babylone, et fut fait soudan à sa place. En ce temps Julien vendit Sidon et Beaufort au Temple; dont il s'émut depuis grande haine entre le roi d'Arménie et le Temple. Ensuite furent déconfits par les Turcomans Jean d'Ibelin, sire de Béryte, et Jean de Gibel, maréchal du royaume, et frère Etienne de Sissi, maréchal du Temple, avec tous les religieux d'Acre, de Château-Pélerin, de Saphet et de Beaufort, et furent pris les sires de Béryte et le commandeur du Temple, frère Mathien le Sauvage, Jean de Gibel, et le comte Judans et plusieurs autres chevaliers et beaucoup d'autres à cheval et à pied furent tués ou pris. Les Templiers perdirent tous leurs bagages. Depuis le sire de Béryte fut racheté vingt mille besans; et furent aussi rachetés le commandeur du Temple, le maréchal du royaume, Jacques Judans, et plusieurs autres (François Guizot, Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France depuis la Fondation de la Monarchie Française jusqu'au 13e siècle, Tome 19, 1824 - books.google.fr, Recueil des historiens des croisades: Historiens occidentaux, Tome 2, 1859 - books.google.fr).

 

Les auteurs de l'Itinéraire de l'Orient (Guides Joanne) nous disent que Jérusalem s'élève dans le triangle irrégulier formé par les deux vallées de Josaphat et de Hinnom, et qu'elle forme elle-même une espèce de trapèze irrégulier dont les côtés les plus longs sont au nord et au midi (p. 765.) Châteaubriand y voit une forme rectangulaire. « Les murs dont j'ai fait trois fois le tour à pied présentent les quatre faces aux quatre vents. Ils forment un carré long dont le grand côté court d'Orient en Occident, deux pointes de la boussole au midi » (p. 274.) Un auteur qui a écrit son pèlerinage en 1678, sous le nom de nouveau voyage de la terre sainte, s'exprime ainsi : «La figure (de Jérusalem) est assez irrégulière; elle n'est ni ronde, ni quarrée; mais elle a plus de quarré que de rondeur, ou pour mieux dire, elle a quelque chose de l'une et de l'autre figure, etc.» Ainsi Jérusalem est comparée tour à tour à un triangle, à un trapèze, à un rectangle, à un cercle, à un carré : ce qui indigne assez clairement que son mur d'enceinte est un polygone irrégulier dont il est difficile d'énumérer les faces; tant elles se fractionnent et se replient à l'occasion des moindres inégalités du terrain, ou d'après les lois stratégiques des successeurs de Mahomet (P. F. Coulomb, Le Calvaire et Jérusalem d'après la Bible et Josèphe, 1866 - books.google.fr).

 

Styx

 

Les sources et la chute du Styx sont sur une montagne extrêmement élevée et toujours couverte de neige qui s'appelle aujourd'hui Chialmo (l'ancienne Nonakris) à six heures de Phonéà vers nord-ouest, et environ trois heures de Soloi le village le plus voisin. Si le passage de Styx de l'Orcus est aussi difficile que celui à son prototype ici haut, je plains beaucoup de pauvres ombres, car je n'ai de ma vie grimpé une montagne aussi dangereuse, à cause de ses précipices et les entassements de neige plus pérfides encore. Les deux sources sont sous la cime la plus élevée à l'est, à une trentaine de pas l'une de l'autre. Les deux courans coulant d'abord séparés sur la pente une centaine de pas jusqu'au précipice et s'unissent dans la chûte la plus belle que j'ai vu en Grèce et très ressemblante au Staubbach en Suisse. Je regrette de n'avoir pas pu me huser mésurer le précipice, qui est tout à fait perpendiculaire et d'une hauteur surprenante. Immédiatement sous la chute, au pied du précipice il y a une petite grotte où jaillit une source d'eau très abondante, qui, en s'unissant à l'eau de la chute, ainsi qu'à beaucoup d'autres, courans des régions plus basses de la montagne, forme la rivière de [?]rathis qui passe d'abord un très beau ravin et se tourne ensuite vers le nord. Huit villages couvrent les pentes de ce ravin, Zas [?]úcla, Agia Barbara, Vounáki, Calonianico, Agridi, Pelistésa, Mesorugli, Solos qui ont tous les huit le nom commun Kloukines (Christoph W. Clairmont, Fauvel: The First Archaeologist in Athens and His Philhellenic Correspondents, 2007 - books.google.fr).

 

Force est de reconnaître que, chez Homère, le mot "orkos" a déjà le sens traditionnel de «serment prêté». On a, dès l'antiquité, rapproché "orkos" de "erkos", «enceinte».

 

Dans l'Iliade (epsilon 184 ss.) les déesses invoquent les parties du monde, et l'"orkos" n'est nommé qu'à l'intérieur d'une relative, comme attribut de l'eau du Styx. Que représente donc l'eau du Styx, à côté de la terre et du ciel? On admet en général que le Styx, dans cette triple invocation, représente les enfers [...] non du Tartare des dieux, mais de l'Hadès humain.

 

Hérodote (6,74) raconte que Cléomène, fomentant en Arcadie des troubles contre Sparte, conduit les chefs du pays à Nonacris, pour qu'ils y jurent par l'eau du Styx. «Car sur le territoire de cette ville, au dire des Arcadiens, est l'eau du Styx, et, en fait, voici ce qu'il y a : un filet d'eau apparaît, sortant d'une roche ; il tombe goutte à goutte dans une combe; tout autour de cette combe court, en cercle, une muraille de pierres brutes»

 

Aristote, citant dans le Ier livre de la Métaphysique des représentations anciennes qui permettent de comprendre comment Thaïes est arrivé à l'opinion que l'eau est l'origine de toute chose, rappelle que les anciens cosmologistes «font jurer les dieux par l'eau qu'ils appellent Styx ; le plus ancien étant en effet le plus vénérable, ce par quoi on jure est ce qu'il y a de plus vénérable» (o,83b 3i ss. trad. Tricot). Styx, pour Aristote est eau. Les dieux l'invoquent, parce qu'elle est plus ancienne que toute chose. Styx, comme l'enseigne Hésiode, est fille d'Océan et «la première de toutes» (Théog. 36 1), dans l'ordre physique, elle est un bras d'Océan, la dixième partie de ses eaux (Théog. 789). Océan, lui, comme le note Aristote, juste avant de rappeler la dignité de Styx, est, chez Homère, «père des dieux», «père de tous les êtres» (H 2^6). Aristote ne rapproche pas seulement deux explications plausibles de la théorie de Thales, il rapporte aussi, en y joignant ses doutes personnels (cf. 984 ai), une tradition selon laquelle Homère supposait à toute chose une origine aquatique.

 

Dans la Théogonie (793 ss.), l'eau du Styx est dotée d'un pouvoir, non de vengeance, mais de dévoilement ; car, si les dieux qui ont prêté un faux serment et répandu cette eau sont frappés d'une mort passagère, ce n'est pas là le châtiment de leur parjure ; cette mort n'est que le signe de leur faute, la punition leur est ensuite infligée par les autres dieux qui les bannissent de leurs banquets et de leurs conseils. Mais l'épreuve de l'eau répandue n'est pas seulement une forme d'ordalie : l'eau de Styx possède une vertu de purification. Tout se passe, à bien lire la scène, comme si Zeus, avant même qu'il n'envoie Iris puiser l'eau du Styx, connaissait le coupable (783s.). La libation constitue moins une épreuve qu'un rite de purification. Le parjure, versant l'eau de l'aiguière, imite par cet acte la chute des eaux qui tombent du Styx (793); et il se met en contact avec l'eau océanienne et génératrice.

 

L'évocation des rochers revient à quatre reprises, comme si le poète insistait sur cet aspect, au début, à la fin et deux fois au milieu de la description, ce qui est, dans une composition archaïque, le signe manifeste d'une mise en évidence. D'immenses rochers surplombent la demeure, l'eau se précipite du haut d'un roc abrupt et le pays tout entier est rocheux. L'eau du Styx est moins présente à l'esprit que la roche d'où elle ooule. Il se pourrait bien que la déesse d'Hésiode fût à l'origine la demeure même qu'elle habite. On voit. comment le poète a été amené à en faire une fille d'Océan. Aux confins du monde, aux extrémités de l'Océan, il est une côte abrupte d'où s'échappe une partie des eaux qui, au lieu de couler autour de la terre, se précipite en torrent avant de s'enfoncer sous la terre. Pour Hésiode, le "megas orkos" des dieux est l'eau qu'Iris vient puiser : l'eau de Styx est l'eau que fait couler la déesse, fille d'Océan. Mais, comme sa demeure rocheuse dans un pays de rocailles est évoquée avec tant de vigueur, nous pouvons supposer que le poète adapte une version plus brutale où le Styx n'était rien que la côte abrupte s'élevant aux confins de l'Océan. Une immense paroi encerclant l'univers, une grande enceinte du monde. Du même coup l'étymologie d'"orkos", «clôture», offrirait un sens plein et précis. Si le Styx est cette paroi rocheuse et terrifiante d'outre-océan, il tient vraiment l'univers enfermé, il en est la clôture, comme l'"erkos"; entoure le domaine d'une frontière. (Jean Bollack, Styx et serments. In: Revue des Études Grecques, tome 71, fascicule 334-338, Janvier-décembre 1958 - www.persee.fr).

 

Selon Servius, les méandres bourbeux du Styx de Virgile, Aen. 6, 439 correspondent aux neuf cercles du monde, où sont enfermées les âmes du fait qu elles connaissent colère, désir et toute sorte d'autres passions; leur prison est la terre, et le Styx désigne la tristesse qu'engendre la vie sur terre. Favonius Eulogius, qui a suivi les cours de S. Augustin au temps où celui-ci était rhéteur à Carthage, précise que le Styx désigne le flux de la "pègaia psuchè"; selon la philosophie néoplatonicienne, cette âme était à l'origine séparée du monde; puis elle a tendu à s'écouler du ciel sur terre par désir de gagner, de sphère en sphère, le monde des corps terrestres et d'y répandre la vie. Macrobe précise le rapport des divers fleuves infernaux avec les châtiments de l'âme humaine : les gouffres de Dis ne signifient rien autre que le corps lui-même, prison pour l'âme . Le Léthé indique l'erreur de l'âme tombée dans le corps et qui a oublié la majesté de sa condition antérieure; le Phlégéton désigne l'ardeur des colères et des désirs; l'Achéron la tristesse qu'engendre le remords de nos paroles et de nos actes; le Cocyte le deuil et les larmes; le Styx l'abîme des haines mutuelles. (Pierre Courcelle, Lecteurs païens et lecteurs chrétiens de l'Enéide: Les manuscrits illustrés de l'Enéide du Xe au XVe siècle, Tome 2, 1984 - books.google.fr).

 

Serment et promesse

 

Le serment est la promesse de dire la vérité sous la foi de ce que le témoin en son âme et conscience regarde comme le plus sacré. On retrouve chez des auteurs anciens le mot Sacrement employé dans le sens de serment. Cicéron, dans le Traité des devoirs, livre III, dit à propos du serment : « C'est une affirmation religieuse, un témoignage fidèle, le sceau de la conscience.» Le serment se décompose en trois parties bien distinctes: l'affirmation, l'invocation et l'imprécation. Le serment complet comprend les trois éléments réunis dans une même formule. Parfois il ne contient que les deux premières parties, l'affirmation et l'invocation. Enfin parfois aussi il se borne à la simple attestation, comme dans ces mots : «Je jure.» Souvent donc le serment est incomplet (Jules Declève, Curiosités du formalisme dans les actes, promesses, contrats, etc: Étude historique, 1890 - books.google.fr).

 

Acrostiche : "AUT D" ou le trapèze

 

"aut" est un terme de logique : "ou".

 

Quatre textes d'Aristote sont relatifs à la quadrature des lunules d'Hippocrate de Chio : deux dans les Réfutations sophistiques, un dans les Premiers Anlatytiques (II, 25 69a29-34) dans le paragraphie consacrée à l'apagogie (raisonnement par réduction) :

 

...ou bien, derechef, si les termes intermédiaires entre B et C sont peu nombreux : car de cette façon encore on se rapproche du savoir. Par exemple, supposons que D signifie «être quarré», qu'E soit une figure rectiligne, et F un cercle; si entre E et F il y avait seulement un intermédiaire, à savoir qu'accompagné de lunules le cercle devint égal à une figure rectiligne, on serait près du savoir.

 

et un dans la Physique.

 

Si D signifie «être quarré» et que E désigne une figure rectiligne, la majeure «toute figure rectiligne peut être quarrée» est acquise; si maintenant F désignait un cercle et que fût donné entre E et F un intermédiaire seulement : un cercle accompagné de lunules est égal à une figure rectiligne, on se serait rapproché du savoir. En effet, on obtient immédiatement «un cercle accompagné de lunules peut être quarré». Malheureusement il y a un nouvel intermédiaire : «toute lunule peut être quarrée» avant d'obtenir la conclusion cherchée «le cercle peut être quarré» : tout Fest D. La réduction ici consiste en ceci : on a d'abord rem- placé le problème de la quadrature du cercle par celui de la quadrature d'une figure formée d'un cercle accompagné de lunules. On s'est ainsi rapproché de la solution, dans la mesure où le problème est ramené à celui de la quadrature des lunules et où ce dernier serait soluble. Le choix de l'exemple par Aristote montre qu'Hippocrate a correctement effectué l '«apagogè», comme dans le cas de la duplication du cube , en remplaçant le problème par celui de la quadrature d'un cercle accompagné de lunules. Il faut donc nous attendre à ce qu'Hippocrate ait réussi à démontrer qu'un tel ensemble est égal à une figure rectiligne. Reste l'étape complémentaire, démontrer que toute lunule est quarrable. Hippocrate l'a certainement abordée, mais Aristote ici ne dit pas qu'il ait réussi : on est bien près du savoir, mais il ne dit pas qu'on y soit parvenu. C'est donc sur ce point qu'il faut nous attendre à constater l'échec d'Hippocrate. Il est d'autre part évident que si les intermédiaires sont trop nombreux, on ne réduit pas le problème : on le multiplie. Mais ce texte nous apprend que l'emploi du raisonnement apagogique n'était pas chez Hippocrate un fait de rencontre, un cas isolé, une innovation heureuse, mais unique, dans le cas de la duplication du cube, mais bien plutôt une méthode d'attaque systématique. En cumulant le texte des Analytiques avec ceux des Réfutations, nous savons maintenant qu'Hippocrate cherchait à quarrer le cercle en employant la méthode apagogique, qu'il quarra effectivement une figure composée d'un cercle et de lunules, mais que dans la suite de l'application de sa méthode il fut, selon Aristote, trahi par le caractère illusoire de ses figures, ce qui entraîna un paralogisme quoique ses raisonnements n'eussent rien de sophistique (Maurice Caveing, La Figure et le nombre, Tome 2 : Recherches sur les premières mathématiques des Grecs, 1997 - books.google.fr).

 

Partant de l’axiome selon lequel les surfaces de deux segments circulaires sont dans le même rapport que les carrés de leurs cordes, il construisit une surface exactement quarrable et dont les contours sont des arcs de cercle : la lunule d’Hippocrate. Cette découverte ne signifiait pourtant nullement que la quadrature du cercle était en vue, car seules des lunules particulières (celles construites sur le côté d'un carré) sont exactement quarrables (fr.wikipedia.org - Quadrature du cercle).

 

C'est dans les Commentaires de Simplicius, disciple d'Aristote, que l'on trouve un fragment d'Eudème et un extrait d'Alexandre d'Aphrodise exposant plusieurs démonstrations sur la quadrature du cercle et des lunules d'Hippocrate. Il y est question de trapèze (Abel Rey, L'Apogée de la science technique grecque: L'Essor de la mathématique, Tome 5, 2012 - books.google.fr).

 

En 1254, Charles Ier d'Anjou, roi de Jérusalem en 1277, remplaça la bordure châtelée de son blason par un lambel composé pendants rectangulaires ou trapézoïdaux (Raymond Lanoé, Le blason de Provence, 1977 - books.google.fr).

 

Léonard de Vinci sera obsédé par la quadrature du cercle. Ses recherches s'accompagnent de l'élaboration de motifs de rosaces, de noeuds et de spirales à l'exemple des arabesques réalisées avec un compas spécial (Marina Wallace, Léonard de Vinci en 3 minutes: Ses 50 plus grandes théories, inventions et œuvres d’art en un rien de temps, 2014 - books.google.fr).

 

TRÉBISONDE. Ville grecque très-célèbre et fort peuplée, située sur le Pont-Euxin, dans la Colchide, colonie de Sinope. Elle tirait son nom, à ce que l'on suppose, de la ressemblance qui existait entre la forme de son enceinte et la figure de mathématiques appelée Trapèze. Les Turcs à qui elle appartient aujourd'hui la nomment Terabozan et Terabezoun. Cette ville est située sur la côte S. E. de la mer Noire, par 40°, 1 latitude Nord et 37, 24 longitude Est. Trébisonde est une ville d'une haute antiquité: déjà du temps de Xénophon, elle avait une grande importance, et les Dix-Mille y recurent un accueil hospitalier. Sa position avantageuse et la force de ses remparts la défendirent contre les Turcs, lorsque ceux-ci se rendirent maîtres des contrées environnantes. Cette ville appartenait aux empereurs de Constantinople, qui y envoyaient tous les ans un gouverneur, avec le titre de duc. En 1206, Alexis et David Commène se retirèrent dans le Pont, où, à l'aide des partisans de leur famille, ils parvinrent à former un état indépendant de l'empire de Constantinople. Alexis, surnommé le Grand, se rendit maître de toute la côte du Pont-Euxin, depuis Sinope jusqu'au-delà de Trébisonde, qu'il choisit pour sa capitale. David s'empara d'Héraclée et de la Paphlagonie, domaine dont la possession retourna ensuite à Alexis, David étant mort avant lui sans postérité. Telle fut l'origine de cet empire de Trébisonde, plus fameux dans les romans de chevalerie que dans l'histoire. Alexis et David Comnène ne prirent jamais d'autre titre que celui de duc; Jean Comnène, arrière petit-fils d'Alexis, fut le premier qui porta le nom d'empereur, que lui donnèrent les Grecs schismatiques pour relever la grandeur de ce prince, qui témoignait un grand attachement à leurs doctrines, et se montrait fort opposé au S. Siége, comme le furent du reste tous les souverains de Trébisonde. Les successeurs de Jean Comnène continuèrent à se faire appeler empereurs de Trébisonde, titre peu en rapport avec l'étendue des pays auxquels ils commandaient. Malgré sa faiblesse, l'empire de Trébisonde ne succomba qu'après celui de Constantinople; ce fut en 1461 que Mahomet II s'en rendit maître (Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du dix-neuvième siècle, Tome 24, 1842 - books.google.fr).

 

La quadrature exacte du cercle a été considérée comme impossible; le problème s'est réduit alors à l'approximation de pi. Cependant, la fascination pour l'intelligence mathématique a gravé dans le langage courant l'expression quadrature du cercle» comme une image pour un problème très difficile, voire une entreprise impossible, un équivalent de la transmutation alchimique du plomb en or; on s'en sert pour tourner en dérision une tâche irréalisable. Dans l'inconscient collectif, la quadrature du cercle, dont on connaît rarement les données, représente la difficulté à transformer une forme en une autre, comme s'il s'agissait de faire un carré avec un rond. Un peu plus élaborée, mais tout aussi fausse, est l'idée selon laquelle il s'agirait de mesurer exactement la circonférence d'un cercle avec une ligne droite : on y voit le symbole de la résistance du réel aux outils intellectuels de l'homme. Au Moyen Âge, il s'agissait plutôt d'un exercice spirituel symbolisant le passage du terrestre (le carré) au céleste (le cercle), de l'imparfait au parfait; on y voit un savoir secret qui donnerait un pouvoir surnaturel. Le centre du cercle, c'est l'Un, l'origine, le principe, Dieu. Du centre rayonne l'énergie de l'esprit divin; le cercle est donc le monde céleste, l'éternité, la transcendance. Le carré, c'est l'univers créé, la stabilité terrestre, l'équilibre obtenu par la composition des quatre éléments. Associer le cercle et le carré, c'est non seulement associer l'invisible et le visible, mais c'est opérer le passage salvateur du sensible vers la transcendance divine, c'est rejoindre Dieu. Cette symbolique médiévale du cercle et du carré n'est cependant pas figée. Si le cloître des monastères est carré, c'est pour signifier qu'il est une partie réservée sur la surface terrestre, un espace réglé par la proportion qui participe de la perfection céleste. Le paradis est souvent décrit comme étant de forme carrée; de même la Jérusalem céleste de l'Apocalypse de Jean (Jean-Marie Nicolle, Mathematiques et metaphysique dans l'oeuvre de Nicolas de Cues, 2001 - books.google.fr).

 

Aristote au XIIIe siècle

 

L'université de Paris est fondée en 1200 par groupement d'écoles cathédrales sous l'égide de Philippe Auguste et du Pape Innocent III.

 

Le grand événement des premières années du XIIIème siècle est l'entrée dans la Faculté des Arts des livres de philosophie naturelle d'Aristote . Mais avec Aristote , simultanément, ou même le précédant, entraient les traductions du corpus avicennien (disponibles vers 1180), des ouvrages d'al-Farabi et d'al-Kindi. Depuis la découverte des livres d'Aristote, les maîtres ès-arts libéraux avaient acquis une autorité beaucoup plus grande que celle qu'ils exerçaient au XIIème siècle. A partir du moment où la physique, la morale, et la métaphysique d'Aristote sont connues, ils n'ont plus seulement à enseigner une méthode logique et formelle, ils ont encore à transmettre des sciences qui ont un contenu réel. Le corpus de la science arabe nouvelle qui recouvre ces contenus peut s'investir dans les enseignements de la Faculté des Arts par la nature même des programmes de cette institution. Aussi, pendant tout le XIIIème siècle, un ensemble de maîtres ès-arts ne demanderont que la liberté d'enseigner la logique, la physique, et la morale d'Aristote sans avoir souci ni des autres disciplines, ni des intérêts suprêmes de la théologie; l'averroïsme parisien dont nous parlerons tout à l'heure aura été, semble-t-il, la forme la plus visible et la manifestation la plus brutale de cette tendance.

 

De 1225 à 1265 règne à la Faculté des Arts, selon Gauthier, cette forme d'averroïsme qui, face à Avicenne, champion de l'Intellect agent séparé, fait d'Averroès le champion de l'Intellect agent partie de l'âme. Le passage au second averroïsme, celui qu'on appelle depuis Renan et Mandonnet "l'averroïsme latin", dont le premier grand témoin est l'oeuvre de Siger de Brabant, sera, comme l'entrée d'Avicenne le fut en partie au début du siècle, le détonnateur de la crise de 1270 et des condamnations de l'aristotélisme et à sa suite de la science arabe en 1277.

 

Le second averroïsme qui amenera la vigoureuse réaction de Thomas d'Aquin dans son De Unitate Intellectus Contra Averroïstas et les condamnations de 1270 puis de 1277, se caractérise par la lecture que les théologiens ont fait à partir des années 1250 de la doctrine de l'Intellect chez Averroès en lui attribuant la thèse de la séparation aussi bien de l'Intellect agent que de l'Intellect possible, de l'éternité de ce dernier, et de son unicité pour l'espèce humaine : ensemble de doctrines que les historiens appellent du nom peut-être impropre de "monopsychisme" d'Averroès. L'enseignement oral de cet "averroïsme" à la Faculté des Arts par Siger de Brabant à partir de 1265 ne pouvait laisser indifférentes les autorités de l'Église. Déjà en 1267-1268, Saint Bonaventure avait alerté les défenseurs de l'orthodoxie.

 

En 1270, Thomas d'Aquin dénonce avec vigueur Averroès comme "le corrupteur de la philosophie péripatéticienne et sa doctrine de l'Intellect, que Van Steenbergen qualifie encore en 1977 d'"hérésie la plus funeste de toutes" ! Nommé évêque de Paris en 1268, Étienne Tempier, Maître et Chancelier de l'Université de 1263 à 1268, s'inquiète des écarts doctrinaux qui se manifestent au sein de la Faculté des Arts. Le 10 décembre 1270, il procède à la condamnation de 13 propositions. [...]

 

Le 8 Septembre 1276, Pierre d'Espagne ancien professeur à la Faculté des Arts de Paris avant 1245, devient Pape sous le nom de Jean XXI. Il ne tarde pas à s'intéresser au péril qui menace l'Université de Paris. Le 23 Novembre 1276 l'Inquisiteur de France, le dominicain Simon de Val cite à son tribunal les trois maîtres, Siger de Brabant, Gosvin de la Chapelle, et Bernier de Nivelles. Le 18 Janvier 1277, le pape ordonne à Étienne Tempier une enquête sur les erreurs et ceux qui les répandent, oralement ou par écrit. Tout ce processus aboutit le 7 Mars 1277 à la condamnation solennelle de 219 propositions visant l'enseignement de certains maîtres de la Faculté des Arts. Il est certain que ces condamnations visaient aussi, nommément, Boèce de Dacie et Siger de Brabant, les maîtres de ce que l'on a appelé l'"averroïsme latin" (Abdellali Elamrani-Jamal, La philosophie arabe à l'Université de Paris, The Introduction of Arabic Philosophy into Europe, 2021 - books.google.fr).

 

La première traduction latine fut celle de Jacques de Venise (au XIIe siècle). La deuxième traduction latine (translatio nova, nouvelle traduction) a été réalisée à partir de la traduction arabe du texte aux alentours de l'an 1230, accompagnée du commentaire d’Averroès; on pense que le traducteur est Michael Scot. La traduction de Jacques fut ensuite revue par Guillaume de Moerbeke en 1266-1267, et fut connue sous le nom de "recensio nova" (nouvelle recension); c'est la version qui eut le plus de succès à l'époque. De l'âme est devenu avec le temps un des piliers de l'enseignement de philosophie dans les universités du Moyen-Âge, donnant naissance à une féconde tradition d'exégèse dans les années 1260 à 1360 (fr.wikipedia.org - Redécouverte d'Aristote).

 

Un roman médiéval

 

Les Enfants de Limbourg, poëme épique de grand mérite, divisé en douze chants et contenant plus de vingt mille vers, fut composé quand l'idée du rétablissement de l'empire latin de Constantinople subsistait encore dans toute l'Europe. Les Grecs et les Latins, réunis sous le même drapeau, avaient refoulé les Turcs jusqu'au delà du Caucase : la transmigration fut nombreuse, et les croisés établirent alors plusieurs principautés dans ces contrées. C'est cette époque que le poëte nous dépeint dans son Å“uvre brillante : l'Orient et l'Europe ne forment plus qu'un Etat; les guerriers de l'Orient parcourent les plaines de la Lombardie, assistent aux tournois et prennent part aux guerres de l'Europe, tandis que les chevaliers de l'Occident aident les Grecs dans la lutte qu'ils sont obligés de soutenir contre les Sarrasins pour défendre les frontières de l'Empire. Le fond du poëme est l'enlèvement de Marguerite de Limbourg, qui, en butte aux plus grands dangers, est transportée à Athènes. Son frère accourt pour la délivrer et, après des événements aussi inattendus qu'extraordinaires, Marguerite épouse Echites, le jeune duc d'Athènes, qui devient roi de l'Arménie; le frère de Marguerite obtient la main de l'héritière de l'empire grec et monte avec elle sur le trône de Constantin. Ce vaste cadre, subdivisé en différents tableaux, contient des épisodes attrayants et si bien développés, qu'on les prendrait pour des poëmes complets; mais le mérite en est encore rehaussé par des détails pleins d'intérêt, et la place qu'ils occupent dans le cercle d'aventures qui se succèdent, forment autant de scènes subordonnées à l'action principale. Dans cette composition, les traditions grecques se mêlent aux traditions germaniques, et souvent les idées mythologiques nationales s'y reproduisent avec des dénominations classiques.

 

Henri van Aken commença ce travail en l'an 1280 et le finit en 1317, d'après les vers insérés à la fin du douzième livre, et rétablis par M. Jonckbloet.

 

Ce poëme eut, dès son apparition, une grande vogue. Il fut traduit en langue allemande vers la fin du XVe siècle, par Jean van Soest, à la demande du comte palatin Philippe le Sincère (der Aufrichtige). Au XVIe siècle, on le reproduisit en prose et il fut diverses fois réimprimé, notamment à Anvers en 1516, à Bruxelles en 1604, à Amsterdam en 1739 et en 1798, et à Nimègue en 1773. Au commencement de ce siècle, il parut, à Gand, une romance en cinquante-trois couplets, dont le sujet est pris dans les premiers livres du poëme. Cette chanson est intitulée: Margrietjen van Limburg (Biographie nationale, Tome 1 : (A-Z), 1866 - books.google.fr, Nieuwe reeks, Volumes 2 à 3, Maatschappij der Nederlandsche Letterkunde, Leyden, 1846 - books.google.fr).

 

Echites est le mot grec pour "vipère", et celui, selon Pline, d'une pierre précieuse, qui en prend la forme (REPERTORIUM VAN EIGENNAMEN IN MIDDELNEDERLANDSE LITERAIRE TEKSTEN, E, 2024 - bouwstoffen.kantl.be, nl.wikipedia.org - Roman van Heinric en Margriete van Limborch, Roman van Heinric en Margriete van Limborch, traduit par Ingrid Biesheuvel, 2021 - books.google.fr).

 

Apulée signale dans ses Métamorphoses (VI, 13) un serpent GARDIEN des eaux de la Styx, et la source qui portait ce nom en Arcadie dans l'Antiquité s'appelle toujours aujourd'hui Drakoneria (P. Amandry 1950 : 214) (Jean-Loïc Le Quellec, Bernard Sergent, Dictionnaire critique de mythologie, 2017 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1966 sur la date pivot 1260 donne 554.

 

En 554, quand Justinien s'empare de la Bétique, au sud de l'Espagne, la Méditerranée semble redevenue un lac romain. Le bilan semble impressionnant; mais cette réussite a tout du faux-semblant : fardeau insupportable, elle s'opère au détriment de la défense des frontières vitales pour l'empire d'Orient : les Balkans et l'Euphrate (Le Moyen Âge, IVe- Xe siècle, 1994 - books.google.fr).

 

1967

 

La guerre des 6 jours ("subit" : pour subitement) oppose Israël et les pays arabes. Alors que l'Egypte bloque le détroit de Tiran afin d'interdire l'entrée du Golfe d'Akaba aux navires israéliens ("voile arabesque voir"), Israël engage une guerre éclair ("subit decouverte"), se considérant comme agressée.

 

L'enchaînement des événements au mois de mai 1967 est bien connu : se fondant sur une information (inexacte selon les observateurs de l'ONU) d'origine soviétique suivant laquelle Israël masserait des forces au nord du pays, les Syriens demandent aux Egyptiens de mettre en apllication le pacte de défense mutuel : les armées des deux Etats sont placés en état d'alerte. la FUNU se retire, à la demande du gouvernement égyptien le 18 mai. Le 20, l'ensemble des Etats arabes se déclarent solidaires en cas d'attaque contre l'un d'eux. Enfin Nasser annonce la fermeture du détroit de Tiran le 22 mai (I. Errera-Hoechstetter, le conflit israélo-arabe, p. 66).

 

La victoire israélienne est écrasante et l'Etat hébreu se lance dans l'occupation de Gaza, Cisjordanie, Golan et Sinaï. le gouvernement de Tel-Aviv annexe Jérusalem-Est ("en arrachant l'esponce", la fiancée désignant symboliquement dans la Bible la terre d'Israël et Sion, Jérusalem).

 

La personnification de Jérusalem s'enracinait également dans le prophétisme pré-exilique (Is 1,21; Jr 2-3; Ez 16; 23...). Les reproches d'adultères et de prostitutions qui sont invariablement liés à ces images laissent entendre que Jérusalem était considéré comme l'épouse de Yahvé. Les lamentations avaient amplifié ce symbolisme en faisant de Sion une femme en deuil privée de ses enfants (Francis Dumortier, La Fin d'une foi tranquille: Bible et changements de civilisations, 986 - books.google.fr).

 

La guerre précédente en 1956, dans laquelle étaient alliées France, Angleterre et Israël contre l'Egypte de Nasser qui avait nationalisé le canal de Suez, se termina par l'évacuation de Charm el Cheikh ("chalmé duc" : duc étant la traduction de Chaykh en temps que chef militaire), dans laquelle la force de l'ONU, la FUNU, stationna jusqu'à la veille de cette guerre de 1967.

 

La mer Egée et Chypre constitue une pomme de discorde entre Turquie ("Trapensonce" : Trébizonde) et la Grès ""Chio" : île grecque sur les côtes turques; "Tripolis" : ville du Péloponnèse) depuis fort longtemps. La Turquie revendique la moitié de la mer Egée, divisée selon le socle continental des deux pays, tandis que la Grèce espère conserver toutes les îles en sa possession.

 

Mais c'est au sujet de Chypre que le contentieux est le plus important. Après l'indépendance de l'île en 1960, des heurts entre la communauté grecque et la communauté turque amènent le retrait des Chypriotes turcs du gouvernement en 1963. Ceux-ci constituent des enclaves dont celle de Mansoura sera détruite par les Grecs en 1964, alors que les Casques bleus de l'ONU interviennent pour rétablir la paix civile.

 

En 1967, une guerre faillit éclater entre Turquie et Grèce qui soutiennent chacune leur communauté, qui est divisée entre partisan d'un rattachement à leurs pays d'origine et ceux favorables à l'indépendance de l'île.

 

En 1974, les Chypriotes turcs occupent le Nord-Est de l'île, dans lequel ils proclament une république en 1975 (Quid 1989, pp. 898-899).

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