Folie et neuroleptiques VI, 46 1959-1960 Un juste sera en exil renvoyé, Par pestilence aux confins de Nonseggle, Response au rouge le fera desvoyé,
Roy retirant Ă la Rane
et à l'Aigle. "Nonseggle" On a Nonseggle ou Nonsegle selon les éditions (Torgné-Chavigny, Réédition du livre de Prophéties de Nostradamus Publié en 1566 chez Pierre Rigaud: Vie de Nostradamus, 1862 - books.google.fr). Nonseglos/Nanseglos/Nanseglass/Nonsiglon/Nansicles (www.myheritage.fr). On trouve parmi les officiers du roi Henri VI un dénommé William Nanseglos (Ralph Alan Griffiths, The Reign of King Henry VI: The Exercise of Royal Authority, 1422-1461, 1981). Le nom viendrait du cornique (nant : vallée et glos : église) (John Bannister, A Glossary of Cornish Names, 1871 - books.google.fr). The Nansiglos came of a Cornish family settled in London for
several generations. The father, William, was Comptroller of the Great Customs,
London, in 1457, and owner of a famous inn, 'The Bishop,’ at the corner of
Grey’s Inn Lane ; later the celebrated bookshop of
Jacob Touson. The Nansicles
bought estates in Essex and Norfolk LANTEGLOS-BY-CAMELFORD,
though recorded in the Patent Rolls for 1277 as LANTEGLOS, is clearly properly
to be regarded as originally NANTEGLOS "church in the valley" and we, in fact, do find NANSEGLOS in
the episcopal register for 1311. LANTEGLOS-BY-FOWEY is an exactly parallel case The
parish church of Camelford is at Lanteglos
by Camelford. The seal of the borough shows: Arg. a
camel passing through a ford of water all proper with legend "Sigillum Vill: de Camelford". Camelford has
been linked to the legendary Camelot, and the battle of Camlann
The
chronicle tradition typically follows Geoffrey in placing Camlann
on the Camel in Cornwall: Wace places it at "Camel, over against the
entrance to Cornwall," and Layamon specifies the location as Camelford in his Brut (The Death of Arthur) (1200 - 1225) Les Annales de Cambrie (v.950) ont deux entrées arthuriennes : la première, concernant la 72ème année du cycle, dit : «Bellum Badonis in quo arthur portavit crucem domini nostri jesu christi tribus diebus & tribus noctibus in humeros suos & brittones victores fuerunt», «La bataille de Badon où Arthur porta la croix de notre seigneur Jesus Christ trois jours et trois nuits sur ses épaules et où les brittons furent victorieux». Arthur est de nouveau associé à Badon, et cette fois, c’est dans cette bataille qu’il porte un symbole chrétien…La deuxième entrée : «Gueith camlann in qua arthur & medraut corruerunt, et mortalitas in britannia et in hiberna fuit» : «Le combat de Camlann où Arthur et Medraut périrent, et il y eut mortalité en Bretagne et en Irlande», pour l’année 93. (537 : La Bataille de Camlann (Camblan), dans laquelle Arthur et Medraut périrent ; et il y eut la pestilence en Bretagne et Irlande. Il existe aussi une entrée concernant la Bataille d’Arfderydd où Merlin est censé avoir perdu la raison. Mais les entrées arthuriennes ne se rattachent vraiment à aucune autre partie des Annales, et semblent avoir été rajoutées à posteriori ; un chercheur, H.Wiseman, a ainsi produit un calcul montrant que cela pouvait avoir été fait à partir des travaux de Bede (le-monde-arthurien.e-monsite.com). Gueith camlann, inqua arthur and medraut corruerunt :
et mortalitas in brittannia
et in hibernia fuit Richard Carew, dans The Svrvey of Cornwall parle de la mère du roi Arthur, fille du duc de Cornouailles et de sa bataille finale : And vpon Igerna wife to Gorlois, Duke of
Cornwall,Vter begat the worthy Arthur, and a
daughter called Amy. [...] Vpon the riuer of Camel, neere to Camelford, was that last dismal battel strooken
betweene the noble king Arthur, and his treacherous
nephew Mordred, wherein the one took his death, and the other his deaths wound.
For testimony whereof, the olde folke
thereabouts will shew you a stone, bearing Arthurs name, though now depraued to Atry La fin de Merlin est évoquée de différentes façons selon les auteurs. Il ne connaît généralement pas de mort véritable, mais il est «retiré du monde» et repose «au cœur d'une inaccessible prison forestière, ni mort ni vivant». Dans les textes gallois, il reste pour toujours dans la forêt. Dans la Vita Merlini, il passe son temps à observer les astres depuis sa demeure aux soixante-dix fenêtres, avec sa sœur. Une autre version évoque une tour de cristal. Il peut aussi faire retraite pour toujours avec son confesseur Blaise. Dans le Perceval en prose, Merlin se retire jusqu'à la fin du monde dans son esplumoir. Sa popularité se développe après 1066, l'installation des barons normands en Angleterre favorisant une culture commune et de nombreux échanges entre les îles Britanniques et l'actuel territoire français. Aliénor d'Aquitaine, férue de poésie et de roman, promeut la légende arthurienne qui rencontre un grand succès aux XIIe siècle et XIIIe siècles. Merlin connaît alors une nette évolution. Suibhne, Myrrdin, Lailoken et le Merlinus de la Vita Merlini sont des rois divins et vaincus, exilés dans la forêt où ils se muent en devins et connaissent la folie. Ils constituent trois variations autour d'un même thème mythique (fr.wikipedia.org - Merlin). Le patronyme de Paul (Pol) Aurélien, et l'origine bretonne insulaire suggèrent qu'il a pu appartenir à une famille patricienne également connue pour avoir produit Ambrosius Aurelianus qui semble avoir conduit les opérations de défense des Bretons de l'île de Bretagne contre les Saxons entre 470 et 485. Cela confirmerait qu'une migration vers l'Armorique d'un grand nombre de Bretons a eu lieu de manière organisée, sous la conduite des princes et du clergé, à partir du VIe siècle en raison de l'invasion saxonne de l'île de Bretagne. Pour ce qui concerne le clergé, on a parlé de "saints organisateurs" et Pol Aurélien apparaît être l'un d'eux. Il fit son éducation auprès d'Ildut, avec d'illustres condisciples tels que Samson, Brieuc, Malo ou Gildas. Il fut très vite attiré par la solitude (fr.wikipedia.org - Pol Aurélien). Un autre Lanteglos à Fowey Cf. le quatrain II, 1 avec son acrostiche "VEPP" qui pourrait renvoyer à Saint Veppa qui donne son nom au village actuel de Cornouailles de Saint Veep, au Nord de Fowey où se fit une razzia de pirates barbaresques dit "turcs" en 1645. Dans les 3000 premiers vers du roman de Béroul, Marc habite Lantien, et à partir du 3015ème, il réside à Tintagel (Tintagueil avec un g dur) (A. de Mandach, Lantien en Cornouailles, Le Moyen âge, 1972 - books.google.fr). Mais si l'on admet que Tintagel était une résidence d'été en raison du climat rigoureux qui y règne en hiver et du fait que la mer d'Irlande était alors impraticable pour des pirates irlandais, il faut admettre aussi, pour un souverain de Dumnonie, une résidence d'hiver en vertu des mêmes critères. Or, le climat et la situation de Lantien répondent parfaitement à ces exigences. Situé à proximité d'un estuaire, celui de la Fowey, la région de Lantien jouit d'un climat exceptionnel, puisqu'à quelques milles de là , dans le domaine du vicomte de Falmouth, Tregothnan, les palmiers poussent en pleine terre ! Ce n'est là qu'un argument de vraisemblance. Mais il ne faudrait tout de même pas oublier qu'il existe un fait à savoir l'existence de la stèle de Fowey, laquelle, suivant le témoignage de John Leland en 1538, se trouvait primitivement à un mille de Castledour, était autrefois surmontée d'une croix et faite de granit porphyrique provenant de Luxulyan (au nord-ouest de Castle Dore) (Jacques Chocheyras, Philippe Walter, Tristan et Iseut: genèse d'un mythe littéraire, 1996 - books.google.fr). En Comwall, à proximité de Fowey (où le manoir de Lantyan, attesté dès le Domesday Book, correspond à la localisation du palais du roi Marc à «Lancien» selon le Tristan de Béroul), une inscription du VIe siècle, signalée pour la première fois par John Leland (1540), a été déchiffrée : DRUSTANUS HIC IACIT CUNOMORI FILIUS (Ci-gît Drustanus, fils de Cunomorus) Le premier nom est une forme primitive de Tristan (dont les romans ultérieurs ont fait le neveu du roi Marc). A défaut d'établir l'historicité des personnages des récits médiévaux le rapprochement de ce témoignage épigraphique et du passage précédent de la Vita de saint Paul Aurélien suggère que non seulement l'hagiographe breton du IXe était informé de l'existence de la pierre portant cette inscription (ce qui est probable), mais qu'il avait connaissance de l'association légendaire de Tristan et du roi Marc. Wrmonoc n'avait pas forcément lui-même visité le Cornwall mais il pouvait avoir rencontré des voyageurs ayant effectué la traversée. Toujours est-il que cet hagiographe breton de la fin IXe siècle établit implicitement un lien entre le nom de Drustanus (attesté par l'inscription) et celui d'un ancien roi de Cornwall appelé Marcus. Bien plus, il estime utile de faire référence à celui-ci pour donner encore plus de relief au personnage de Conomor, pourtant familier du public léonard à qui s'adressait la Vita de saint Paul Aurélien (Bernard Merdrignac, Quatre langues et deux oreilles, Langues de l'histoire, langues de la vie: mélanges offerts à Fañch Roudaut, 2005 - books.google.fr). Le véritable berceau des amours splendides de Tristan et Iseut est le Cornwall, plus exactement la région de Tintagel (au nord) et celle de Fowey (au sud) (A. de Mandach, E.M. Roth, Le trianngle Marc-Iseut-Tristan : un drame de double inceste, Études celtiques, Volumes 22 à 23, 1985 - books.google.fr). "desvoyé" : fou desvoyé : sorti des voies de la raison, fou : Pathelin par contre perçoit de suite qu'en fait Guillaume n'est pas "insensé" ("Ce marchand n'est pas desvoyé / Belle seur, qui le m'a vendu") et qu'il n'a donc pas les qualités requises pour "chanter" son rôle au diapason fou de la pièce ("Ja si bien chanter ne sçaura") (Wilhelm Stähle, "La farce de Pathelin" in literarischer, grammatischer und sprachlicher hinsicht, 1862 - books.google.fr, Thierry Boucquey, Mirages de la farce: fête des fous, Bruegel et Molière, 1991 - books.google.fr). Fou et juste :
psaumes 13(14) et 52(53) Cette opposition se trouve dans le psaume 13 (14), reprise dans le 52 (53). 13 comme le nombre de vers d'un rondeau, forme poétique affectionnée par Charles d'Orléans, qui vécut au temps du roi fou Charles VI ("croissant Sélin" des quatrains VIII, 54 et VI, 77). 1 L’Insensé a dit
en son cœur : Il n'y a point de Dieu. - 2 Ils se sont corrompus, & se sont
rendus abominables en leurs faits : il n'y a personne qui fasse bien. | 3
L'Eternel a regardé des cieux sur les fils des hommes ; pour voir s'il y en a
quelqu'un entendu, & qui cherche Dieu. 4 Ils se sont tous desvoyez, &
se sont ensemble rendus puans:il
n'y a personne qui face bien, non pas mesmes un. 5 La ils seront effrayés à bon escient : car Dieu [est] avec
la race juste, 6 vous faites honte à l'affligé de son conseil, d'autant que
l'Eternel [est] sa retraite. 7 Ă” qui donnera de Sion la delivrance
d'Israel ! Quand l'Eternel aura ramené & mis à recoi son peuple captif, Iacob s'egayera, Israël s'esjouira En 1542, réfugié à Genève auprès de Calvin et encouragé par lui, Marot reprend la traduction des psaumes. À sa mort en 1544, il aura versifié 49 psaumes. Calvin charge Théodore de Bèze de poursuivre l’œuvre de Marot et de terminer la paraphrase des 150 psaumes de la Bible. En 1562 paraît à Genève le recueil officiel des 150 psaumes sous le titre Les pseaumes de David. Ce psautier connaît une impressionnante diffusion. Il contribue à façonner l’identité réformée. Ce sera un signe de ralliement et même un chant de guerre dans les tribulations du peuple protestant français (www.museeprotestant.org - Clément Marot (1496-1544)). Le type de fou dansant est figuré dans les livres de prières et plus particulièrement en introduction du psaume 52 (53) «Dixit insipiens». Opposé à David, l’auteur des psaumes et roi de l’Ancien Testament, il prononce des paroles blasphématoires dès le premier verset. Il n’a pas été représenté dans un but illustratif ou divertissant, mais pour des raisons morales. Dans le Bréviaire de Jean sans Peur, l’opposition est marquée entre David et le fou, par le fait qu’ils se tournent le dos: le roi est agenouillé en prières devant Dieu, tandis que le fou habillé de rouge, bleu, jaune et blanc sautille en regardant sa marotte. D’un côté, David loue Dieu en son âme ; d’un autre côté, le fol ne reconnaît pas Dieu en son cœur. De même, dans le Psautier de Charles VIII, David dialogue en silence avec Dieu, sa prière étant allégorisée par la harpe qui repose à côté de lui. A l’inverse, le fol parle à sa marotte en désignant le roi du doigt. Verbeux, il se détourne de Dieu et exprime le blasphème qui est un péché d’orgueil: «Dixit insipiens in corde suo, non est Deus». Le verset signifie, non pas une ignorance, mais un refus de Dieu, une négation de son existence «en son cœur». Ainsi, le fou sautillant représente le péché et le vice, alors que David incarne la vertu morale. Les poètes, tels Charles d’Orléans ou François Villon, ont déploré la folie des hommes, la mélancolie du temps, le caractère éphémère de la vie et la peur de la mort. Dans la danse macabre, le sot participe à la farandole de la vie conduite inexorablement vers la mort. Il préfigure le fou qui, dans l’Eloge de la folie d’Erasme (1511), dit à chacun sa vérité, dénonce le tragique de la folie du monde et en appelle à la conscience morale de l’homme (www.livingbooksabouthistory.ch - Martine Clouzot, Marie-José Gasqse-Grandjean, Le fou dansant et le mundus inversus, 2017). Le père de Merlin, avant de devenir un incube dans la transposition chrétienne et courtoise de la légende, était probablement un être marin, un démon des eaux, un «vieux de la mer», voire un être protéen de nature venteuse, c'est-à -dire un «esprit», un souffle. Si Guillaume d'Angleterre est le père des jumeaux Marin (alias Merlin) et Louvel (le loup), il faut rappeler que Guillaume est un des surnoms du loup en haut et bas breton. Autrement dit, le loup Guillaume, père de Merlin, confirme la nature spirituelle de l'enfant. Une vieille croyance rapportée par François Villon rappelle en effet cette antique nature venteuse du loup : Sur le Noël, morte saison / Que les loups se vivent de vent. L'idée figure déjà dans certains bestiaires du XIIe siècle. Le folkloriste Claude Gaignebet a souligné l'importance et la longévité de cette association dans la tradition folklorique et plus particulièrement dans le folklore des enfants. Le vent n'est pas simplement de la nature parmi d'autres ; il renvoie à une cosmogonie qui confère à l'âme (anima) une nature pneumatique (animus). Merlin le fou se présente alors comme une sorte d'esprit empli du souffle de la folie (le mot follis, étymologie du mot fou, désigne bien un ballon d'air). Merlin est un être de vent. Son association avec le loup s'explique parle lien traditionnel de cet animal avec les souffles venteux. Elle rejoint aussi le mythe de la naissance gémellaire (du type Romulus et Remus) où le loup qui est ici une louve joue un rôle essentiel. On note également une intéressante analogie entre la légende dorée de saint François d'Assise et celle de Merlin. Dans les deux cas un personnage inspiré est capable de parler aux animaux et de s'en faire comprendre. Par ailleurs, saint François parle de «son frère le loup» suggérant une gémellité mythique avec cet animal si étroitement lié également à Merlin par l'intermédiaire du loup Blaise (Philippe Walter, Merlin ou le savoir du monde, 2000 - books.google.fr). La négation de toute divinité se trouve aussi évoquée avec force dans la Bible : Ps. 14 (LXX: 13) : «L'insensé a dit en son cœur : plus de Dieu.» Cf. encore Ps. 10, 4 (LXX: 9, 4) et Jér. 5, 12. En fait, l'athéisme à l'état pur est difficile à distinguer de la négation de la Providence, et celle-ci va de pair avec la mise en vedette du hasard. Pour ces questions, Epicure est la cible de toutes les critiques que les esprits religieux adressent aux sceptiques. Dans les écrits rabbiniques, l'apikoros, ou le négateur, que l'on appelle aussi quelques fois « hérétique pour l'essentiel » (Baba Batra, 16 b) est exclu du peuple des croyants qui auront droit au monde futur (Sanhedr. Mishna, 10, 1). Sur la doctrine d'Épicure telle que l'envisagent les Juifs croyants, les témoignages abondent. Nous n'en citerons que deux, celui de Josèphe et celui de Maïmonide : Fl. Josèphe, A. J., X, 11, 7. A propos du livre de Daniel : "Les épicuriens repoussent la Providence loin des affaires humaines. Ils ne croient pas que Dieu prenne soin de ce qui se passe dans le monde, ils affirment au contraire que le monde va son propre chemin, sans maître ni pilote. En réalité, s'il n'avait pas de guide pour le conduire (comme ils imaginent que c'est le cas), le monde serait comme les bateaux sans pilote que le vent coule sous nos yeux..." (Philon d'Alexandrie, De confusione linguarum, présenté par Roger Arnaldez, 1963 - books.google.fr). Le psaume 53 (52) est une répétition du psaume 14 (sauf les versets 5-6 du ps 14 qui sont différents). A remarquer les deux fausses questions (suivant les traductions : v. 3b, 5a, 7). La réponse est déjà connue par celui qui la pose (Alain Combes, Dire les Psaumes: Guide pratique, 1997 - books.google.fr). La réponse à la question posée dans ce psaume sur la manière dont sont choisis les élus : respect de la justice de Dieu et donc du Décalogue (Fabienne Jourdan, Poème judéo-hellénistique attribué à Orphée: production juive et réception chrétienne, 2010 - books.google.fr). "Rane"
Dans l'Evangile aux femmes de Marie de Compiègne, identifiée à Marie de France, on peut lire :
XXII. Feme est en loiauté et en douçor sovraine :
Car tous chiax qui le croient a sainte fin amaine,
Ne cose ne diroit dont autres eĂĽst paine,
Pour autant de fin or com a de keue raine.
(La femme est en loyauté et en douceur souveraine : / Car elle amène à une sainte fin tous ceux qui la croient, / Et jamais elle ne dirait rien dont un autre pût être peine, /
Pour autant d'or fin qu'il y a de queue dans une raine).
On voit que les plaisanteries sur la queue de la grenouille ne sont pas nouvelles. Raine vient régulièrement de rana. L'orthographe picarde est ici plus exacte
que l'orthographe française actuelle dans reinette. Le français grenouille (de ranuncula), d'abord sous la forme renouille (Marie de Compiègne a reinoilles, dans ses fables),
puis, au XVe siècle, sous la forme actuelle grenouille. par la prosthèse du g, semble avoir été plus répandu que raine, spécial au picard et peut-être au normand. Ainsi, Marot dit quelque part :
Rane est latin; escry donc autrefois.
Rayne en picard ou grenouille en françois
(M. Constans, Marie de Compiègne (Marie de France) d'après l'Évangile aux femmes, 1876 - books.google.fr). Chèvrefeuille est le onzième des «lais» écrits par Marie de France à la fin du XIIe siècle. Composé de cent dix huit octosyllabes, c'est le plus court du recueil
Le poème, inspiré d'un lai breton, reprend un épisode de la geste de Tristan
(fr.wikipedia.org - Chevrefoil). L’une des plus curieuses figurations du tétramorphe appartient à un ensemble de manuscrits enluminés des évangiles provenant du monastère de Landévennec. Marc
n’a pas une tête de lion comme il se devrait, mais une tête de cheval. On l’explique habituellement par la proximité phonétique entre le nom de l’évangéliste et le mot cheval qui se dit marc’h en langue bretonne.
Mathieu est l'homme, Luc le taureau et Jean l'aigle.
(Patrick Peccatte, Le tétramorphe – une appropriation chrétienne d’une figure cosmique [1/8], 2020 - dejavu.hypotheses.org). On retrouve les grenouilles dans l'Apocalypse (16,13-14) de Jean qui sortent de la bouche du faux prophète, du dragon et de la bête, matérialisant les esprits immondes.
La grenouille en cornique se dit "guilschin" mis en rapport avec le nom de Bertrand du Guesclin qui avait un aigle pour blason
(Edwin Norris (1795-1872), The ancient Cornish drama, 1859 - archive.org,
fr.wikipedia.org - Bertrand du Guesclin). La reine d'Angleterre, Henriette, fille de Henri IV, dit sur le bateau qui l'emportait en exil en France, que les reines ne craignaient pas d'être noyées,
par un jeu de mot entre reine / raine (qui se disait pour grenouille)
(François Xavier de Feller, Dictionnaire historique, Tome 10, 1833 - books.google.fr). "Rane" et "Aigle" : Crapaud-volant Au sujet de la dénomination Caprimulge
(de capra : chèvre, et de mulgere : traire), accordée à Caprimulgus europaeus,
l'engoulevent d'Europe, oiseau-type de la famille, Littré nous renseigne : «Le
nom est fondé sur une erreur»; disons sur une croyance paysanne qui lui
attribue la fonction de «trayeur de chèvres», de brebis et de vaches, car,
lorsqu'il poursuit et gobe en vol les insectes crépusculaires, à la manière du
martinet avec lequel il est d'ailleurs confondu, les campagnards le voient
rôder autour des étables. «Crapaud volant» est un autre sobriquet populaire,
connotant un bec qui s'ouvre largement (fissirostre) comme celui d'un crapaud,
mais qui découvre une goule rose - goule : ancienne forme de gueule - où
s'engouffre un vent frais, assaisonné de lépidoptères et de diptères variés.
Cependant, Benoist et Goelzer nous rappellent qu'au
temps de Cicéron (1er s. av. J.C.), le poète Catulle accordait déjà au pasteur
et trayeur de chèvres le titre de Caprimulgus; et que
ce dernier terme était également employé par Pline l'Ancien 1er s. ap. J.C.) pour désigner «l'oiseau
qui tète les chèvres»
(JATBA, Journal d'agriculture traditionelle et de botanique appliquée, Volumes 28 à 29, 1981 - books.google.fr). A la fin du XVIème siècle, du prince des Sots dit Engoulevent est insérée dans le recueil de la Satyre Ménippée l'Epître du Sr. Engoulevent à un sien ami, sur la Harangue que le
Cardinal Pellevé fit aux Etats de Paris. Il fait
"Response au rouge". Le rouge, selon Pierre Brin d'amour désigne souvent un cardinal dans les Centuries
(Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr). Il eut un procès curieux avec les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, en 1604 au sujet des droits attachés à sa principauté
(François-Xavier de Feller, Dictionnaire historique, Tome 2, 1832 - books.google.fr). On n'apprend point dans le plaidoyer de Julien Peleus à l'occasion d'un arrêt de la Cour du 19 février 1608,
de personnalité sur Engoulevent, sinon qu'il s'appelloit Nicolas Joubert ; & qu'il étoit né & nourri au pays des grosses bêtes, qu'il n'étudia jamais qu'en la philosophie des Cyniques... que c'étoie une téte creuse, une
coucourde (Cucrubita une citrouille) éventée, vuide de sens comme une canne, un cerveau démonté qui n'avoit ni ressort, ni roue entiere dans la tête, Voyez les Plaidoyers de Julien
(Jean-François Dreux du Radier, Récréations historiques, critiques, morales et d'érudition, avec l'histoire des fous en titre d'office, 1768 - books.google.fr). In Paris
on Mardi Gras 1606, the celebrated lawyer Julien
Peleus pleaded in favour of Nicolas Joubert, known as Angoulevent,
who was Prince of Fools of Louis XIII. Angoulevent
stood accused of not having performed his duty of a triumphal entry into Paris.
In defence of the Prince of Fools, Peleus maintained
that his client was wholly worthy of his principality, because he never studied
anything other than “la philosophie cynique”, which is why he was only knowledgeable about “bas
souhaits”. [...] Cynicism, uniquely of all ancient
philosophies, became associated with sex, folly and carnival by the time of
Peleus's successful plea. The Cynic philosophy which Peleus mentions is far
removed from the modern meanings of 'cynicism' or 'cynisme',
even cynisme', even if the French term still has
connotations of 'impudence' Du côté royal, en avril 1593, ce sera L'Abrégé de l'âme des états, premier
titre de ce qui deviendra par la suite De
la vertu du catholicon d'Espagne (du nom d'une purge Ă base de rhubarbe et
de séné que vendaient les charlatans dans les foires). Il s'agit de l'œuvre
d'un chanoine normand Jean Le Roy,
aumônier du deuxième cardinal de Bourbon, écrite dans la veine rabelaisienne,
dans un esprit teinté de gallicanisme, très hostile à l'Espagne et subtilement
critique d'un clergé français peu exemplaire. Le livre est imprimé à Tours chez
le fameux Jamet Métayer, l'imprimeur du roi réfugié dans cette ville. Comme
l'ouvrage qui suit, c'est aussi une Ĺ“uvre collective puisque vont y participer
Pierre Pithou, l'historien et jurisconsulte, Jacques Gillot, conseiller au
Parlement, ainsi que les poètes Nicolas Rapin, Jean Passerat et Florent
Chrétien, ancien précepteur du roi resté attaché au protestantisme. Mais
l'œuvre la plus considérable du temps et la plus originale est la Satyre Ménippée,
texte dont la posture politique originelle n'est pas claire et qui ne deviendra
franchement favorable à Henri IV qu'à mesure de ses rééditions successives.
C'Ă©tait un pot-pourri de vers et de prose, un pastiche dans le style bouffon
des Ă©crits du philosophe cynique grec MĂ©nippe. C'est encore une Ĺ“uvre Ă
plusieurs mains, jaillie de la plume de ce que le milieu politique de Paris
compte de plus cultivé, où l'on retrouve certains des
auteurs du Catholicon : les chanoines Jacques Gillot et Pierre Leroy, les
poètes Florent Passerat et Gilles Durant, l'érudit Florent Chrétien, les
magistrats Nicolas Rapin et Pierre Pithou. En somme, le milieu qui a favorisé
l'Ă©mergence de l'arrĂŞt Le Maistre. C'est une farce Ă Ă©pisodes : deux
charlatans, l'un partisan de l'Espagne, l'autre de la Maison de Lorraine,
rivalisent d'arguments tordus pour défendre leur chapelle. L'actualité est
passée au tamis, les états généraux de Paris tournés en dérision, la perfidie
de l'Espagne dénoncée - c'est elle qui déverse le catholicon, le poison du
fanatisme - et, plus surprenant, qui dénote une manière de «laïcité» avant
l'heure : la Ligue constamment dénoncée comme la conséquence du pouvoir abusif
des prĂŞtres sur les esprits
(Jean-Paul Desprat, Henri IV: Roi de cœur, 2018 - books.google.fr). Le comique athénien et Ménippe offrent une première
ressemblance, si l'on considère les formes d'imagination sous lesquelles ils
produisent leurs Ă©pigrammes irrespectueuses. Aristophane a sa NĂ©cyomancie : ce
sont les Grenouilles. Si, en effet, des
différences capitales séparent la Nécyomancie des Grenouilles,
les deux fantaisies n'en ont pas moins des points de contact Ă©vidents. La trame
de la comédie attique est connue. Craignant que de la mort de Sophocle et
d'Euripide il ne résulte pour l'art tragique un déclin irrémédiable, Dionysos
se rend aux Enfers, accompagné de Xanthias, son
esclave, et se propose d'en ramener un poète digne de lui et de ses fêtes.
Entre Eschyle et Euripide il hésite. Finalement, après avoir entendu les deux
maîtres illustres célébrer, à tour de rôle, leurs mérites respectifs, il
choisit Eschyle dont le « drame plein d'Arès » lui semble plus substantiel et
plus sain. La diversité des plaisanteries et mille dissemblances extérieures n'empêchent
pas qu'en dernière analyse on retrouve dans cette pièce l'idée générale de la Nécyomancie où
Ménippe va aux Enfers pour demander conseil à Tirésias : descendre dans l'Hadès
pour y revoir des personnages défunts et s'entretenir avec eux d'une question
déterminée
(Henri Piot, MĂ©nippe: un personnage de Lucien, 1914 - books.google.fr). La NĂ©cyomancie
de Lucien de Samosate est inspiré de la Nekyia de Ménippos de Gadara, philosophe
cynique phénicien. L'Icaroménippe
de Lucien, saisi d'une inquiĂ©tude mĂ©taphysique – ce qui ne ressemble guère Ă
notre Syrien ! – et ne trouvant pas dans les rĂ©ponses des philosophes matière Ă
l'apaiser, va frapper directement Ă la porte de Zeus, pour savoir ce qu'il en
est au juste du monde, des dieux et de la providence. De mĂŞme le MĂ©nippe de la NĂ©kyomancie
descend-il aux Enfers pour demander conseil à Tirésias, comme le Dionysos des
Grenouilles allait y chercher un poète tragique à cause de la pénurie qui
régnait sur terre dans ce registre. L'idée première de ce voyage fantastique se
trouve sans doute dans la comédie. On peut songer également au Socrate des
Nuées, qui, dans sa nacelle, prend de la hauteur pour observer les régions
supérieures et démêler les choses célestes. Plus tard, le héros des Histoires
vraies ne se contentera pas d'un aller-retour jusqu'au ciel, mais fera beaucoup
mieux, et explorera tout le système solaire. Ce Ménippe icarien ne doit pas
grand-chose au philosophe cynique de Gadara, qui
vécut au IIIe siècle av. J.C. On sait qu'il avait composé un Voyage au ciel,
dont Lucien s'inspirerait ici, comme dans L'Assemblée des dieux, le Zeus réfuté
et le Zeus tragédien, et, entre autres aussi, une « Catabase
», à l'origine du Ménippe de Lucien : la période ménippée est une
des plus importantes dans la production de notre auteur. Mais nous avons ici
affaire Ă un hybride, et l'on se demande s'il ne doit pas quelque chose, non
pas vraiment aux hippocentaures de la mythologie, mais à la comédie aristophanienne encore une fois : à l'hippocanthare
(cheval-escarbot) de de Trygée, ou aux créatures fantastiques
qui peuplent le théâtre eschyléen dans Les Grenouilles : l'hippalectryon
(cheval-coq) qui laisse Dionysos interdit, le tragélaphos
(bouc-cerf), et autres inventions stupéfiantes. C'est, je crois la vraie raison
pour laquelle MĂ©nippe se dote d'un propulseur composite, avec une aile d'aigle
et une de vautour
(Paul Demont, Histoires vraies et autres oeuvres de Lucien, 2015 - books.google.fr).  Il y a de grosses grenouilles ailées dans le conte de
Madame d'Aulnoy (1651 - 1705), L'oiseau
bleu. Elles connaissent la carte générale de l'univers : "une chaise volante, traînée par des grenouilles ailées : un
enchanteur de ses amis lui avait fait ce présent." On en retrouve chez Anatole France : "Eh bien,
monsieur, répliqua mon bon maître, je ne suis pas fâché qu'il y ait dans la
lune des grenouilles ailées; ces oiseaux marécageux sont les très dignes
habitants d'un monde qui n'a pas été sanctifié par le sang de Notre-Seigneur
JĂ©sus-Christ. Nous ne connaissons, j'en conviens, qu'une petite partie de
l'univers, et il se peut, comme le dit M. d'Astarac,
qui d'ailleurs est fou, que ce monde ne soit qu'une goutte de boue dans
l'infinité des mondes" Tristan et Iseut, la Croix rouge et la réponse Le texte de la légende de Tristan et Iseut apparaît dans la tradition orale de Bretagne dans l'ancienne Gwerz de Bran («bran» signifiant corbeau en français) du IXe siècle.
Au XIIe siècle, il est traduit en français par un trouvère et fait ainsi son entrée dans la littérature écrite. Plusieurs textes différents voient ensuite le jour,
dont les célèbres versions de Béroul et de Thomas d'Angleterre, certains ont été perdus, comme celui de Chrétien de Troyes; aucun de ceux qui nous sont parvenus n'est intégral.
Deux manuscrits racontent un épisode où Tristan s’est déguisé en fou pour revoir Iseut; ils s’appellent tous deux Folie Tristan. La Folie Tristan d’Oxford est généralement rattachée
au roman de Thomas et la Folie Tristan de Berne à la version dite commune de Béroul. Le poète allemand Eilhart von Oberge compose entre 1170 et 1190, en grande partie d'après Béroul,
la première version de l'histoire en moyen haut allemand, Tristrant
(fr.wikipedia.org - Tristan et Iseut). Découverts, Tristan et Iseut sont condamnés au bûcher, sans jugement. Aidé par Gorvenal, son fidèle serviteur, Tristan réussit à s'échapper de son lieu
de captivité et parvient à délivrer aussi la Reine. Tristan et Iseut vivent dans la forêt du Morois, dans la misère mais «ils s'aiment, ils ne souffrent pas».
Marc apprend par un forestier où le couple se cache. Il s'y rend et les surprend dans leur sommeil; mais alors qu'il pourrait les tuer, il renonce car il voit qu'une épée
les sépare dans leur lit et il comprend que leur amour est resté chaste. Touché par tant de pureté et de vertu, il les épargne, mais laisse des indices de son passage, avant de s'en aller sans les réveiller.
Tristan fait part de ses inquiétudes à l'ermite Ogrin; il est lassé de fuir et veut rendre la paix à Iseut en la ramenant à son époux. Il apporte une missive au Roi pour lui proposer un accord.
(www.maxicours.com). Pour porter ce «bref», pour en avoir la réponse, Tristan s'est transformé en oiseau de nuit. Mais la nuit n'est pas un handicap pour ces chevauchées du
héros qui, nous répète le jongleur, «bien sot tot le païs et l'estre» (v. 2452). Les chemins détournés (v. 2480) n'ont garde de le perdre,
les fossés ne semblent pas être difficiles à franchir, le château de Lancien n'est pas d'un accès impossible. Contrastant avec le symbolisme tragique
de la Croix Rouge qui favorise les desseins de Marc, la nature accorde sa passivité active au dynamisme du héros, exactement comme au temps
où Tristan arrachait Iseut aux lépreux
C'est à la Croix rouge que Tristan doit venir chercher la réponse du roi Marc au «bref» : la Croix Rouge paraît donc régler le sort du couple vaincu
(Françoise Barteau, Les romans de Tristan et Iseut: Introduction à une lecture plurielle, 1972 - books.google.fr). Selon la tradition du «Tristan ménestrel» et de Béroul, Lantien était l'une des résidences principales du roi Marc. D'après Béroul et Eilhart, c'est justement à la «Croiz
Roge au Chemin Fors» aux portes de Lantïen que le roi Marc déposa une lettre qui devait être emportée par Tristan à l'ermitage d'Ogrin : étant banni,
Tristan ne pouvait entrer dans les murs de Lantien, mais il lui Ă©tait possible de happer la lettre au passage sur la Croix en dehors de Lantien, Ă la faveur de la nuit.
Dans ces conditions, on en conviendra, la présence du nom de drvstanvs fils de Cvnoworis dans l'inscription funéraire de cette «Croiz Roge au chemin Fors» à Menabilly à Fowey prend une signification
nouvelle. Ainsi que nous allons le montrer dans le présent article, il y avait aussi sur la pierre le nom d'une défunte, d'une Domina dont le nom se révèle aujourd'hui
comme irlandais. Ceci correspond parfaitement aux données des romans qui attribuent à Iseut une origine irlandaise : c'était la fille du roi d'Irlande
(A. de Mandach, Aux portes de Lantïen en Cornouailles : une tombe du VIe siècle portant outre le nom de Tristan, celui d'Iseut, Le Moyen âge, 1975 - books.google.fr,
www.megalithic.co.uk). The stone was first mentioned by John Leland c. 1540. He described it as 'a broken crosse' and said it was 'A mile of' from 'Casteldour'
(Elisabeth Okasha, Corpus of Early Christian Inscribed Stones of South-west Britain, 1993 - books.google.fr). Menabilly Ă©tait un fief des Rashleigh, oĂą s'installera Daphne du Maurier en 1943 qui le rebaptise Manderley.
Le gué aventureux : au gué aventureux, Iseut rejoindra le Roi mais Tristan devra s'exiler. Le royaume entier est heureux de retrouver la Reine tant aimée, excepté les trois barons encore vivants
qui jadis nuirent aux amants
(www.maxicours.com). Le retour d'Iseult auprès de Marc a lieu près du Gué Aventureux, tandis que le serment d'Iseult devant Arthur et les compagnons de la Table Ronde a lieu au Gué du Mal Pas
(Bernard Félix, Iseult et ses sœurs celtiques: essai sur la liberté du choix amoureux, 1995 - books.google.fr). L'escondit (serment) d'Iseut jure qu'elle n'a pas été dans d'autres bras que ceux de son mari et ceux du lépreux, en lequel est déguisé Tristan, qui lui fait passer le gué du Mal Pas
(Hans Christmann, Sur un passage du Tristan de Béroul, Bulletin Bibliographique, Numéros 10 à 12, 1958 - books.google.fr). Le jugement par le fer rouge : les barons félons exigent que la Reine se soumette à l'épreuve du fer rouge pour prouver au Roi Marc qu'elle n'a pas commis l'adultère.
Elle accepte et s'en remet Ă Dieu et effectivement, elle sort saine et sauve de cette Ă©preuve, et retrouve la confiance de tous
(www.maxicours.com). La forĂŞt du Morois est un espace en marge par rapport Ă la cour, qui conserve le secret de leur amour
(Patricia Victorin, Ysaïe le triste, une esthétique de la confluence: tours, tombeaux, vergers et fontaines, 2002 - books.google.fr). DÉVOYÉ, écarté, éloigné, dans le sens du latin deviare
(M. Drioux, Discours sur l'histoire universelle de Jacques Bénigne Bossuet, 1856 - books.google.fr). On peut alors s'interroger sur un étrange cimetière ouvert aux quatre vents, et qui fait l'objet d'une évocation fugitive dans le Tristan, mais chez Béroul
seulement. Une Croix Roge, mentionnée d'ailleurs à plusieurs reprises dans le récit, donne son nom à ce lieu où le roi Marc entend bien retrouver le forestier qui doit
le conduire auprès des deux amants endormis dans la loge de feuillage : "A la Croiz Roge, au chemin fors, La on enfuet les cors, Ne te movoir, iluec m'atent".
Tristan, vv. 1909-11.
Il ne s'agit plus d'un champ clos, ni d'un lieu réservé aux morts illustres. N'était-ce la présence de la croix, on pourrait même se demander
si ce lieu d'ensevelissement des corps, ne renvoie pas aux temps préchrétiens. Cette Croix Rouge dressée en terre de légende, dans la Blanche Lande
de la féerie bretonne, ne va pas non plus sans quelque étrangeté, car le terme roge n'est pas la dénomination usuelle du "rouge" chrétien, lequel porte plus volontiers le nom de
vermeil. Cette vision d'un espace des morts éloigné et séparé de l'espace des vivants nous renvoie à l'autrefois
des pratiques funéraires ainsi qu'à un état archaïque de l'imaginaire de la mort. Le retour des morts dans le lieu où vit la communauté humaine est en effet un phénomène qui
ne remonte guère au-delà du XIe siècle, selon l'historien Robert Fossier :
L'importance désormais attachée à la protection que dispensent les morts se mesure, pour finir,
à un dernier trait : jadis souvent écarté du séjour des vivants, le cimetière regagne le cœur du village; il se presse autour de l'église, l'envahit de ses tombes,
accueille sur son sol inviolable les démunis et les victimes; il devient l'un des lieux de rencontre de la communauté, une terre d'asile, un champ de paix
pour les vivants et pour les morts. Enfance de l'Europe, I, p. 335.
Malgré de profondes différences dans la situation, la configuration, et même selon toute vraisemblance,
dans la dignité de la "clientèle", le cimetière des quatre vents chez Béroul et le cimetière des nobles dans Amadas et Ydoine, présentent un point commun intéressant.
Ils sont tous deux coupés du monde des vivants, ils représentent ainsi l'autrefois du cimetière et se trouvent aptes à servir de cadre à des
histoires incroyables de morts sortant de leur tombe. On a souligné l'importance que les textes accordent en général à la clôture qui fait du cimetière un espace protégé,
sanctifié, une parcelle de "terre chrétienne". Toutefois, malgré la double clôture matérielle et spirituelle qui en protège l'accès, la paix du cimetière est souvent
troublée par des créatures indignes. Le diable, en particulier, manifeste pour les tombeaux une prédilection attestée dès l'origine de son histoire. Il peut aussi prendre possession
du cadavre des pécheurs. L'impureté attire l'Impur, et le péché prépare la place du diable à l'intérieur de l'espace sacré
(Francis Dubost, Aspects fantastiques de la littérature narrative médiévale, XIIème - XIIIème siècles: l'autre, l'ailleurs, l'autrefois, Tome 2, 1991 - books.google.fr). DRVSTANVS HIC IACIT
CVNOMORI FILIVS
[Drustanus lies here, son of Cunomorus]
The inscription is heavily eroded, but the earliest records of the stone, dating to the 16th century, all agree on some variation of CIRVIVS / CIRUSIUS as the name inscribed.
It was first read as a variation of DRUSTANUS in the late 19th century
(en.wikipedia.org - Tristan and Iseult). Around 1540, John Leland recorded a third line now missing: CVM DOMINA OUSILLA ('with the lady Ousilla': Ousilla is conceivably a latinisation of the Cornish
Eselt), but missed the badly weathered first line ('DRUSTANVS HIC IACIT')
(en.wikipedia.org - Tristan). On retiendra de l'inscription "Conomor" associé au roi Marc par l'historien Wrmonoc au IXe siècle. D'où Tristan.
Le "Roy" Marc "retirer Ă " : ressembler Ă
(Oeuvres Le roi Marc (Marc'h : cheval en cornique) ressemble plus à un cheval qu'à une grenouille ou un aigle. Plusieurs versions du conte du roi aux oreilles de cheval ont été recueillies au Pays de Galles, mais aucune version écrite n'est antérieure au XVIe siècle. Dans cette première occurrence écrite, la légende est mise au compte de March ap Meirchion. [...] Le mot gallois utilisé dans une triade pour qualifier March est celui de llyghessavc (avec ou sans n). Llynghessavc peut se traduire par «seafarer, pirate, exile», c'est-à -dire «marin, pirate, exilé». [...] L'explication fournie par le roi Marc (et donc par Béroul) fait appel, on le voit, à des croyances largement répandues, (et pas seulement au XIIe siècle), à la possibilité de métamorphoses temporaires d'un homme en animal. Ajoutons que le thème surprend d'autant moins le public de Béroul que cette métamorphose est mise au compte du nain Frocin: (...) Ce mal / Que j'ai orelles de cheval, / M'est avenu par cest devin. 1345 Béroul tire ainsi doublement parti de la substitution du nain Frocin au personnage traditionnel du barbier du conte AT 782, puisque la trahison du secret du roi s'inscrit dans la logique du personnage du nain «félon» et que les marques animales du souverain trouvent une explication «naturelle» dans les pouvoirs prêtés à Frocin: le roman vient en quelque sorte au secours du conte traditionnel. Tout se passe comme si le nain Frocin, auprès du roi Marc, était, par certains aspects, la réplique, mais «diabolisée», chargée de connotations négatives, du personnage de Merlin dans ses rapports avec Uter Pendragon, puis Arthur. Comme Merlin, Frocin connaît l'avenir, lit dans les astres, est un «devin»: Sire, or mandez le nain devin: 635 [...] Le diminutif (Melot pour Merlin) a aussi quelque chose de rabaissant, sinon d'infamant, que l'on retrouve d'ailleurs dans le nom de Frocin. M. Delbouille a montré comment Frocin (Frocine) évoquant le petit crapaud ou la petite grenouille (voire le têtard) avait pu finir par désigner un nabot, un nain : «Béroul aurait joué de la double signification du mot, son nom propre évoquant d'abord la petite taille du personnage, mais rappelant aussi, derrière ce sens dérivé, le sens premier du mot et la hideur de la bête [le crapaud] que la tradition populaire veut aussi méchante que laide» Gottfried de Strasbourg dans sa version de Tristan appelle le nain Melot et peut-être aussi Thomas (Gaël Milin, Le roi Marc aux oreilles de cheval, 1991 - books.google.fr). "confins" Les confins peuvent représenter les marges de la société autant que des frontières. Chez Béroul, Tristan, exilé de la cour du roi Marc, se déguise en lépreux pour approcher Iseut et la justifier après l'épuisement du charme (à la Saint Jean) qui les retenait amoureux. Le stratagème monté par Yseut la fait traverser la fange sur le dos du lépreux/Tristan, la belle blonde proclamant qu'il n'y a que deux hommes qui lui passèrent entre les jambes : le roi Marc et le lépreux. Dans le roman en prose, Tristan, pour oublier Yseut, épouse la soeur de Kahedin, fils du roi Hoël en Petite Bretagne. Tristan retourne en Cornouailles avec son beau-frère qui tombe amoureux d'Yseut, qui lui fait parvenir une lettre pour le repousser (Gabriela Tanase, Tristan : à partir du monstrueux vers une spiritualité, Étrange topos étranger: actes du XVIe Colloque de la SATOR, Kingston, 3-5 octobre 2002, 2006 - books.google.fr). Loin d'être lyrique, son poème est entièrement construit sur un raisonnement simple et bien structuré. Ce que Kahédin appelle amour, elle le nomme folie: "Folie n'est pas vaselage" (v. 1) et si cette folie conduit le chevalier à la mort, "nus ne l'en doit plaindre" (v. 30) (Jean Dufournet, Nouvelles recherches sur "Le Tristan en prose", 1990 - books.google.fr). Dans ce lai on y trouve aussi "Mout fait li oisiaus grant folie / Ki encontre l'aigle s'alie" (Philippe Ménard, Le Roman de Tristan en prose: Des aventures de Lancelot à la fin de la "Folie Tristan", Tome 1, 1987 - books.google.fr). Un autre aigle se trouve dans l'Histoire de Lamorat dans le même sens : Chertes, a la verité
dire, je n'aroie pooir
encontre vous, non plus que li aingniaus aroit encontre l'aigle Il y a bien "response" d'Yseut mais à Kahedin qui n'a pas de rapport avec le rouge. Mais Tristan tombe sur la lettre d'Yseut, et devient fou de jalousie. Tristan lépreux et Tristan fou se ressemblent beaucoup. La folie et la lèpre renvoient, en fait, à des explications scientifiques très voisines qui font toujours intervenir la mélancolie comme cause déterminante (Philippe Walter, Tristan et Yseut, 2006 - books.google.fr). Tristan reste à jamais le marginal : ménestrel, lépreux, fou, pèlerin... Surtout, pour Tristan, la folie simulée n'est pas sur le même plan que les autres déguisements; Eilhart dans sa version de Tristan assure bien une progression : Tristan est tour à tour lépreux, pèlerin, ménestrel et fou, tout comme Ipomédon, dans le roman de Hue de Rotelande, choisit comme ultime travestissement la folie. Cette insistance n'est pas gratuite, car la folie déguisée est ce qui permet à Tristan d'éviter la folie réelle : «Quand je ne la vois, je manque de perdre la raison.» Ce déguisement est un antidote : Tristan joue le fou pour se libérer de sa folie. Cette fonction instrumentale et «cathartique» n'est pourtant pas le privilège de la seule folie simulée. L'écart entre la folie feinte et la folie réelle ne doit pas être exagéré : en effet, la frenesie du héros de roman s'inscrit souvent, et de manière remarquable, dans une stratégie délibérée et fait suite à une décision, tout comme pour Tristan dans les Folies. Ce qui surprend le plus le lecteur moderne du Chevalier au Lion est le prélude de la forsenerie; celle-ci n'a rien d'une force imprévisible ou soudaine. Yvain veut et désire fuir les hommes par haine de lui-même. La folie est une «autovengeance», un instrument, non pas au service d'un crime (Hamlet) ou d'un amour (Tristan), mais dont il use contre lui-même. L'anticipation est double : la forsenerie est tout à la fois désirée et redoutée ; plus exactement, Yvain craint moins la folie, que la folie au milieu des hommes (entr'ax), puisque toute folie est honte et signe d'une honte. La littérature médiévale inscrit de manière privilégiée la folie dans une stratégie et dans un cadre (Jean-Marie Fritz, Le Discours du fou au Moyen Âge (XIIe-XIIIe siècles), 1992 - books.google.fr). "rouge" La lèpre stigmatise le péché individuel (Pichon, 1988, pp. 247-264) la peste stigmatise le mal collectif, celui des populations, celui d’une condition humaine faillible, peccable (Dominique Chevé-Aicardi, Les corps de la Contagion. Etude anthropologique des représentations iconographiques de la peste (XVIème–XXème siècles en Europe), 2006 - theses.hal.science). En France, une pièce de tissu rouge était un signe distinctif des lépreux : à Troyes, à Bordeaux, en Dauphiné (Jean Vitaux, Histoire de la lèpre, 2020 - books.google.fr). Chez Béroul, c'est alors qu'il se fait lépreux, que Tristan portera des "sorchauz d'une escarlate" (Tristan et Iseut: Les poèmes français - La saga norroise, 2016 - books.google.fr). La lèpre a pu passer pour une maladie pestilentielle selon une acception large du terme (Démétrius Alexandre Zambaco, Anthologie: La lèpre à travers les siècles et les contrées, 1914 - books.google.fr, Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières: médecine, Tome 11, 1824 - books.google.fr). Le Lévitique 14,4 parle d'écarlate dans le rituel de purification du lépreux. C'était sans doute un ruban de couleur écarlate, qui attachait l'oiseau vivant, le bois de cèdre et l'hysope (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et littéral de la Bible, 1783 - books.google.fr). Armure rouge Tristan (Tristram) dans Le Morte Arthur de Thomas Malory (XVème siècle) combat dans un tournoi en armure rouge (anglais "Justs and Tournaments" : cf. jeu de mot entre "Justs" (joutes) et "Juste"). Then in the justing
were great deeds done, and Sir Lancelot first smote Tristram;
but Tristram, recovering himself, burled King Arthur
from his horse. Then going away from the field, he came back presently in red armour, that none might know him, and he placed on their
horses Sir Palamides and some other knights who had
been smitten down. But at this moment Palamides
looking up saw the fair Isolte smiling at Tristram, for she alone knew him in his red armour Le vieux Marc et le jeune Tristan La chambre du trésor du Palais de Jacques Coeur à Bourges est, pour Fulcanelli (Mystère des cathédrales), la pièce la plus curieuse du palais. Son plan est octogonal et elle a conservé sa porte en fer dotée d'une serrure compliquée, d'un verrou résistant et d'un judas. Les huit nervures de la voûte retombent sur des culs-de-lampe. L'un d'eux représente un épisode du roman de Tristan, celui où le héros a rendez-vous avec Iseult près d'une pièce d'eau ; le roi Marc, caché dans un arbre, les surveille, mais Tristan, ayant vu son reflet dans l'eau, n'adresse à Iseult que des banalités. L'arbre qui porte le roi Marc sort d'une pièce cubique (l'œuvre réalisée). La présence d'une chouette (la messagère de Minerve) définit le caractère nocturne de l'ensemble. Commentant ce motif de cul-de-lampe, Fulcanelli écrit : “Le mythe de Tristan de Léonnois est une réplique de celui de Thésée. Tristan combat et tue le Morhout, Thésée le Minautore. Nous retrouvons ici le hiéroglyphe de la fabrication du lion vert - d'où le nom de Léonnois ou Léonnais porté par Tristan - laquelle est enseignée par Basile Valentin sous la lutte des deux champions, l'aigle et le dragon. Ce combat singulier des corps chimiques dont la combinaison procure le dissolvant secret (et le vase du composé) a fourni le sujet de quantité de fables profanes et d'allégories sacrées.” Ce dissolvant permet à l'or (le roi Marc) de retrouver sa première jeunesse (Tristan) ; il constitue aussi un clin d'œil à l'adage hermétique voulant que tout ce qui est en haut (macrocosme) est comme ce qui est en bas (microcosme) par le miracle d'une seule chose : n'appartenait-il pas à l'alchimiste Jacques Cœur, nommé maître de l'hôtel des monnaies de Paris, de redonner au marc sa valeur première ? (Roger Facon, L'Or de Jérusalem, 1989 - books.google.fr). Dans le relief du Palais de Bourges, Frocin, en habit de fou, est présent derrière un arbre à gauche comptant des insectes (mouches ?) sur le tronc (Eugène Frédéric Ferdinand Hucher, Lettre à Paulin Paris sur les représentations de Tristan et d'Yseult dans les monuments du moyen âge, 1871 - books.google.fr). Quand on sait que l'emblème de Jean est l'aigle, on ne peut s'empêcher de faire un rapprochement avec la mythologie qui unissait dans un même symbolisme divin l'aigle et l'éclair. Dans la Bible, souvent les anges ont la forme d'aigles (Ézéc. l, 10 - Apoc. 4, 7-8, etc.). L'aigle était un symbole solaire par excellence dans l'Antiquité. Il passait pour rajeunir (Ps. 103[102], 5). Pour cela, il chauffe ses plumes au soleil et plonge dans l'eau (Marcel Laperruque, Fêtes païennes et fêtes chrétiennes: la liturgie universelle, 1996 - books.google.fr). L'aigle est l'oiseau de Jupiter qui changea les Lyciens en grenouilles pour avoir outragé Latone, mère de ses deux enfants Artémis et Apollon, qui au début de l'Iliade, envoie la peste aux Achéens car Agamemnon a fait tort à son prêtre, Chrysès, en lui volant sa fille Chryséis. Un rêve symbolique d'Yseut confirme une liaison implicite entre Tristan et le Lion zodiacal. Lorsque les amants se trouvent dans la forêt du Morrois, le roi Marc les surprend en train de dormir. Il décide de ne pas les réveiller mais en profite pour laisser un signe de son passage : il dispose ses gants dans le feuillage de la loge où dorment les fugitifs. Yseut fait alors un rêve angoissant. Elle s'imagine que deux lions veulent la dévorer. Elle implore leur pitié ; aussitôt, les deux lions la prennent par la main. Elle pousse un grand cri et les gants du roi Marc tombent sur elle. La reine se réveille en sursaut. Le symbolisme du rêve est parfaitement transparent. Si le roi Marc porte le nom d'un évangéliste qui a justement pour emblème un lion, ce n'est certainement pas un hasard. Tristan, quant à lui, est représenté par le signe astrologique de sa naissance «caniculaire». Dans son cas, le lion redouble l'emblème du chien. Il faudra interroger cette ressemblance fantasmatique des deux personnages dans l'esprit d'Yseut mais on peut déjà noter l'équivalence opposée de ces deux forces masculines qui reportent leurs sentiments sur la même femme (Philippe Walter, Le Gant de verre: le mythe de Tristan et Yseut, 1990 - books.google.fr). L'été et l'hiver des amours tristaniennes semblent bien répondre à ce grand partage saisonnier sanctifié par l'Eglise. La Saint-Jean du solstice d'été est le moment chez Béroul de l'absorption du philtre par Tristan et Yseut. La disparition du charme se fera à un jour anniversaire trois ans plus tard. L'épisode de la Folie d'Oxford se déroulerait lors des trois jours consacrés à la fête de Fous, dont le pivot central est le 27 décembre de la Saint-Jean d'hiver. Représenté par un aigle, saint Jean l'évangéliste est évoqué dans la Prose d'Adam de Saint-Victor comme celui qu'une lumière plus pure emporte vers les choses divines, fertur in divina puriori lumine. Sur un manuscrit du Xe siècle, on lit que Jean, volant à la manière de l'aigle, monte aux nues par la parole, More volans aquilae verbum petit astra Johannes. Le Tristan des Folies reproduit à sa manière cette même image d'envol : la parole du héros l'emporte dans les nuées du palais de verre. Françoise Barteau a bien vu que ce dernier reprenait des éléments de la Jérusalem céleste du même saint Jean, cette fois-ci celui de l'Apocalypse (Jean-Marc Pastre, Remémoration et rituel tristanien dans la salle aux images et dans les deux folies, Etudes médiévales, Numéro 4, 2002 - books.google.fr). Si la grenouille est verte, sa couleur s'ajoute au "rouge". Associé au rouge, le vert symbolise sans doute la conjonctio oppositorum dans le dessin du ms. 2327, fol. 279 : le serpent Ouroboros y est représenté par deux cercles concentriques, l'un rouge, l'autre vert Selon le ms. de Saint-Marc : la composition « devient vert foncé et la couleur d'or en dérive ». Ce qui ressemble beaucoup au symbolisme de Synésius, auteur alchimique qui dans son dialogue avec Dioscorus, qui donne l'ordre des couleurs, chez l'homme, dans le processus alchimique, qui est donc : pâleur (ocre) vert, jaune ; le vert vient après la pâleur. La chrysocolle qu'évoque le texte correspond à la malachite, de couleur verte, qui sert à la soudure de l'or. Synésius appelle aussi la chrysocolle "batrachion" grenouille animal amphibie (Paulette Duval, La pensée alchimique et le Conte du Graal, 1979 - books.google.fr). Le manuscrit 2327 (de Paris) a été écrit en 1478, quatre ou cinq siècles après le manuscrit de Saint-Marc; les figures des mêmes appareils y reparaissent, mais profondément modifiées ; elles ne répondent plus exactement au texte mais sans doute à des pratiques postérieures (Marcellin Berthelot, Figures des appareils des alchimistes grecs, Annales de chimie et de physique, 1887 - archive.org). Le visage du roi Marc dans son pin se reflète sur le miroir d'eau de la fontaine, comme celui d’une grenouille au-dessus d’une mare. La Borderie ne connaissait en Bretagne qu'un seul exemple du fameux droit de grenouillage : le "depry des grenouilles de l'évêque de Saint-Brieuc", attesté dès 1498 : les habitants de deux maisons de l'allée Menault (aujourd'hui rue des trois frères Marlin) étaient tenus, lors de la vigile de saint Jean Baptiste, de faire taire les grenouilles du ruisseau voisin (Bernard Merdrignac, Recherches sur l'hagiographie armoricaine du VIIème au XVème siècle: Les hagiographes et leurs publics en Bretagne au Moyen Age, Tome II, 1986 - books.google.fr). Brieuc aurait été gallois. Tristan justifié On voit pourquoi Béroul a voulu plus particulièrement à ces endroits solliciter l'attention de son public : l'ermite lui-même proposait l'alternative entre l'escondit et le pardon. Marc et ses barons ont choisi le pardon. La cause de Tristan est donc juste. Iseut a triomphalement prononcé sa deraisne : la loi l'a donc innocentée. Béroul met en valeur les instants où les fondements juridiques de sa thèse sur l'innocence de Tristan et d'Iseut révèlent leur solidité (Recherches et travaux, Numéros 1 à 13, 1970 - books.google.fr). Hybride et folie Le mot 'hybride' est doublement hybride. L'étymologie nous apprend qu'il vient "du latin hibrida, "sang mêlé", altéré en hybrida, sous l'influence du grec hubris qui signifie 'démesure', 'violence', par un faux rapprochement. Cette violence, à la lettre, faite au mot (au signifié comme au signifiant), et inscrite dans son orthographe, le rend hYbride à lui-même et le teinte d'une dissémination du sens, créant des embranchements de significations diverses à partir d'une vague et imparfaite dis/similitude orthographique, à la lettre près. Le mot 'hYbride', de par l'ébranlement de son sens et de son orthographe, est issu et rend compte d'un processus de contamination (entre Grec et Latin, entre 'mélange' et 'violence'). Cet excès, cette hubris, signifiée par le Y, font maintenant partie et départ du mot 'hYbride' (Sylvie Durmelat, L'invention de la "culture beur.", 1995 - books.google.fr). La folie est véritablement intéressante - dramatiquement comme psychologiquement - quand elle est intériorisée par une disposition toute humaine. C'est ainsi que son lien est souvent signalé avec l'hubris («outrecuidance») et la tyrannie. Le prince trop puissant qui ne maîtrise pas son propre pouvoir peut être envahi par la «cholère», au sens pathologique : liquide dévastateur, l'humeur «brûlante» envahit son être et trouble son entendement (Françoise Charpentier, L'illusion de l'illusion : les scènes d'égarement dans la tragédie humaniste, Vérité et illusion dans le théâtre au temps de la Renaissance, 1983 - books.google.fr). Du fou au fou de
cour Le fou vernaculaire conserve le même sens moral que l'insipiens du psaume 52, mais dans les romans arthuriens et dans le Roman de Tristan, le fou dit "de cour" s'apparente davantage à une "folie simulée" qu'à une ignorance (de Dieu): par exemple, Tristan simule la folie à la cour du roi Marc en se déguisant en fou pour accéder à Iseut. Et cette folie simulée est l'opposée de la folie conçue comme une privation de raison, elle est au contraire donnée par l'esprit. Or, le modèle de ce type de fou est posé par David qui, fuyant la haine de Saûl, se réfugia chez Achis, le roi de Gat, simula la folie devant lui par peur. [...] Tristan se présente à la cour du roi Marc avec une massue à la main ; les fous du Dixit insipiens des psautiers des XIIe et XIIIe siècles arborent une massue, qui est devenue la marotte du fou dit "de cour" (Martine Clouzot, Le fou de cour ou le miroir du prince, Château et divertissement: actes des Rencontres d'archéologie et d'histoire en Périgord les 27, 28 et 29 septembre 2002, 2003 - books.google.fr). Fou et théâtre des
Mystères Le Guary Miracle (Guaremirs), dit Carew dans son abrégé de l'Histoire de Cornouailles (Richard Carew, The Svrvey of Cornwall, London, Printed by S. Staffod for John Jaggard, 1602), est une espèce de Farce composée de quelques morceaux de l'Ecriture, & écrite dans la langue du païs. On éleva pour la représentation un Amphithéâtre de terre en plein champ, ayant de largeur environ cinquante pieds. Le peuple y accourut de tour côté les tours d'adresse & les Diables n'y furent point épargnés, l'oreille & les yeux eurent de quoi se satisfaire. Ils ne récitoient point par cœur ; ils avoient derrière eux une espèce de soufleur qui avoit le livre en main; Parmi les Acteurs des Mystères, il y avoit un bouffon qui amusoit le peuple par ses souffrances feintes ou par des absurdités, & c'etoit le Diable qui jouoit ce rôle subalterne. Dans le Mystère de la Passion, il étoit couvert de ridicule & abandonné aux huées publiques : circonstance plaisante qui n'est point échappée à notre Shakespear. Il a de fréquentes allusions à ces vieilles sottises dans le Taming of the Shrew, où l'un des personnages demande un peu de vinaigre pour faire rugir leur Diable. Ces bones gens dans ces pieuses représentations, après avoir employé l'éponge remplie de fiel & de vinaigre, en frottoient le nez du Diable qui jettoit des cris horribles, comme s'il eut respiré de l'eau benite, & ces agréables plaisanteries excitoient le gros rire de l'assemblée : aussi avoit-on soin dans les anciennes Farces d'apprêter du vinaigre pour tourmenter le Diable. Nous avons dans notte langue plusieurs vieux proverbes qui ont rapport à ce rôle du Diable rendu ridicule dans ses souffrances & dans ses discours. Ce qui étoit le plus divertissant pour ces spectateurs pleins de goût, c'étoit lorsque le Diable contrefaisoit le grognement du cochon. Cette détestable plaisanterie nous venoit des anciens Mimes &. Bouffons. Voyez les Fables & Esope. Les Romains eux-mêmes, ce peuple si éclairé, ne rougissoient pas de rire à ces platitudes. Nous voyons que ces Mystères en France & en Angleterre furent d'abord représentés dans les Provinces a dio, c'est-à -dire, en plein air ; ils s'établirent depuis à Paris à l'Hôtel de Bourgogne, aujourd'hui la Comédie Italienne. Mais les Belles-Lettres eurent à peine servi à épurer la Religion de ces absurdités qui la défiguraient, qu'à la fin du regne de François Ier la Cour & le Clergé se réunirent pour proscrire ces farces extravagantes. En 1541, le Procureur-Général, au nom du Roi, présenta une Requête au Parlement contre la Compagnie de l'Hôtel de Bourgogne. Les principaux chefs d'accusation étoient que la représentation des histoires de la Bible induisoit le peuple au Judaïsme ; que celle des morceaux tirés du Nouveau Testament encourageoit le libertinage; qu'enfin ces pieuses Comédies diminuaient les aumônes, & faisaient tort aux pauvres. Il paroît que la Requête eut lieu, car en 1548 le Parlement de Paris confirma cette Compagnie de l'Hôtel de l'Hôtel de Bourgogne dans la possession dudit Hôtel, mais il défendit la représentation des Mystères (L'Année littéraire, Tome 7, 1761 - books.google.fr). On retrouve le Théâtre de Bourgogne au quatrain IX, 33 - Louis XIV - Hercule (2127-2128). Aux XVe-XVIe siècles, le personnage du fol présente différents visages. Il y a le fol consacré des Psaumes (celui qui dit en son cœur Non est Deus), le fol naturel (probablement l'aliéné d'esprit), le fol domestique (les fous de cour, par exemple) et le morosophe (le fol érasmien, rabelaisien et shakespearien). Il se confond donc avec l'hérétique et avec le possédé, mais il connaît également un rôle spécifique au théâtre. Le rôle du fol a beaucoup d'importance dans les mystères et dans les moralités. Très souvent, il n'est pas transcrit dans le texte de la pièce et n'est indiqué la plupart du temps que sommairement - sans qu'on dispose du texte proprement dit : Stultus loquitur. Pourtant, il fonctionne soit comme élément de reterritoralisation, où il est censé représenter un «autre monde», celui de la folie au sein d'une représentation de l'axiologie citadine. [...] Le fol est rapproché, par glissement diabolique, de l'Harlequin qui trouve son origine dans le théâtre médiéval, mais qui deviendra, à partir du XVIIe siècle, le fol au costume bariolé par excellence. [...] L'enfer est une bouche et on parlait à Mons du crapaud (cf. "Rane") d'enfer. [...] Dans certains mystères (Le Jour du Jugement, La Passion de Semur), un concile des diables intervient comme dans les introductions dans parties des romans arthuriens consacrés à Merlin (Jelle Koopmans, Le théâtre des exclus au Moyen Age, 1997 - books.google.fr). "Rane" et "Aigle" : Crapaud et plumes chez Rabelais Après l'ignorance des langues grecque et latine, voici maintenant pour celle de la civilisation : «Davantaige, veu que les loix sont extirpées du meillieu de philosophie morale et naturelle, comment l'entendront ces folz qui ont, par Dieu, moins estudié en philosophie que ma mulle ? Et au regard des lettres de humanité, et de congnoissance des antiquitez et histoires, ilz en estoient chargez comme ung crapault de plumes [...] : dont toutesfois les droictz sont tous plains, et sans ce ne peuvent estre entenduz» (Livre II, chap. 11). Par ce discours à l'indiscutable saveur polémique, Pantagruel devient définitivement le porte - parole de l'Humanisme et l'adversaire des sophistes (Gérard Defaux, Rabelais agonistes: du rieur au prophète : études sur Pantagruel, Gargantua, Le Quart livre, 1997 - books.google.fr). Un monstre des Songes drolatiques attribué à Rabelais est composé en particulier de parties de crapaud et d'aigle. Il formerait Manducus (Manduce) ou Maître Gaster (cf. le Mâchecroûte à Lyon, le Graouilly à Metz connus de Rabelais) (Les songes drolatiques de Pantagruel (1575), Œuvres de Rabelais, Tome 9, 1823 (Louis Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ (1941), 2014 - books.google.fr). Du mari crédule et trompé, depuis le bon roi Marc jusqu'à Sganarelle. Rabelais a trouvé dans nos fabliaux cette tradition, aussi vieille que la France; La Fontaine et Molière la continuent, et le grand roi lui prête l'autorité de son exemple et de sa vie (Rosseeuw Saint-Hilaire, De la poésie lyrique en France, Revue chrétienne, 1862 - books.google.fr). Le Tiers Livre porte sur la question du mariage. Panurge, devenu châtelain, se demande s'il doit se marier. Il redoute au chapitre XIV le cocuage (il se voit en rêve avec des cornes). Ayant manifesté son scepticisme au moment de se soumettre à l'exercice ascétique préconisé par Pantagruel, Panurge a signé son échec avant même de tenter l'expérience. Est-ce pour cela qu'avant qu'il aille dormir et songer, Frère Jean lui prédit un mariage malheureux ? En tout cas, le moine aura pour tâche au chapitre XV d'exposer l'échec de Panurge employant une méthode différente de celle de Pantagruel, mais dont le sens est le même. Panurge n'a pas réussi à se libérer de ses appétits sensuels, lui qui affirmait au chapitre II que la dépense excessive lui permettait de s'en émanciper et d'exercer la vertu de tempérance. Il explique longuement que dîner légèrement, donc la condition même du songe divinatoire, est une erreur et un scandale, et offre en exemple les moines qui ne pensent qu'à «baufrer». C'est à Frère Jean qu'il s'adresse, croyant sans doute qu'il se ralliera à son opinion. «Je te entends», répond le moine, qui trouve les accents d'un Pantagruel. Il explique pourquoi on appelle ainsi le bœuf salé en neuf leçons; cette recette est celle de certains religieux, qui ne «mangent mie pour vivre, ilz vivent pour manger, et ne ont que leur vie en ce monde» (XV, 120), prêts à se lever matin pour passer plus de temps en prières, non par religion, mais parce que le bœuf qui cuit ainsi longuement est plus tendre et meilleur au goût. Cette «caballistique institution» permet à ces bons pères de soumettre complètement l'esprit à la matière, d'user de la religion pour satisfaire les besoins du corps. Leur interprétation, leur «rébus», est purement profane, bien qu'ils y emploient tous les gestes de la dévotion. Panurge est à l'image de ces moines matérialistes, lui qui vit sans tenir compte de la dimension spirituelle de l'existence, à tel point que la leçon de Frère Jean est perdue pour lui. Il croit comprendre son ami, mais il se trompe de terme. Le mot cabale lui en rappelle un autre : Il me y va du propre cabal. Le sort, l'usure et les interestz je pardonne. Je me contente des despens, puys que tant disertement nous as faict repetition sus le chapitre singulier de la caballe culinaire et monasticque (XV, 120). Le mot cabale, interprétation, lui évoque cabal, capital. Panurge croit que Frère Jean distingue entre le capital, qu'il convient de conserver, et les intérêts, que l'on peut dépenser. La référence à l'Éloge des Dettes, implicite quand il s'agissait de se libérer des appétits sensuels, devient évidente. Plus précisément, Panurge reprend un raisonnement qu'il tenait à Pantagruel lorsqu'il suppliait le géant de ne pas le délivrer de toutes ses dettes : J'ayme mieux leurs donner toute ma cacqueroliere, ensemble ma hannetonniere : rien pourtant ne deduisant du sort principal (V, 57). Dans les deux cas, après avoir été admonesté, Panurge, croyant avoir compris, conclut qu'il conservera du moins le capital. Ici, comme lorsqu'il s'agissait de sa virilité, il contredit de la manière la plus évidente l'introduction à l'Éloge des Dettes, l'Éloge de la Dépense. La prodigalité et l'endettement excessif de Panurge, loin d'être une preuve de générosité, lui permettaient d'acquérir un pouvoir tyrannique et de donner pleine mesure à sa volonté de puissance. Il reviendra à Frère Jean, plus loin dans le texte, d'analyser l'avarice profonde de Panurge, qui concerne l'argent, le sexe, mais surtout l'âme. Le chapitre XV a l'allure d'une pause dans la recherche ; il a pour objet de permettre à Frère Jean et Épistémon de mesurer et d'identifier, chacun à sa manière, le problème de leur ami. Ce n'est pas, à l'évidence, le mariage : le thème n'apparaît pas une seule fois dans ce chapitre Celui-ci prépare ainsi la partie du texte où ces deux personnages secondaires se hisseront au rang de protagonistes. Il annonce également de quelle façon l'un et l'autre envisageront la question lorsque leur tour viendra de prendre la quête en charge pour un moment. On verra plus loin les nombreuses différences qui les séparent, et dont certaines apparaissent dès à présent. Épistémon met l'accent sur l'aveuglement de Panurge, et ce thème sera à nouveau au premier plan lors de la consultation de Her Trippa. Quant à Frère Jean, son intervention au chapitre XV porte sur une question plus fondamentale, celle-là même que Pantagruel mettait en avant lorsqu'il évoquait la hiérarchie qui est au principe de la possibilité du rêve prophétique. Le géant à ce moment décrivait en termes puissamment évocateurs la distinction entre la matière et l'esprit, entre le corps terrestre et l'âme divine, et la nature des relations qui les unissent. Corollairement, le discours de Frère Jean s'intéresse, à travers la figure des moines amateurs de bœuf salé en neuf leçons, à la confusion entre matière et esprit. Son intervention va donc plus avant dans le problème de Panurge que celle d'Épistémon, et nous verrons que la même remarque s'impose lorsque l'on compare les chapitres où Panurge demande conseil à l'un et à l'autre (Oumelbanine Zhiri, L'extase et ses paradoxes: essai sur la structure narrative du Tiers livre, 1999 - books.google.fr, Les oeuvres de M. Francois Rabelais Docteur en médecine, Tome 1, 1691 - books.google.fr). Au chapitre VII du Pantagruel, Rabelais invente le terme "manducité" hybride de manducus et mendicité. Le chapitre sur le "bœuf salé" est relié au reste du Livre par antithèse : les moines sont normalement célibataires. Sont des tricksters rusés Tristan, secondé par Iseut, Panurge, Ulysse, et Renart qui cite le premier dans la branche dite de "Renart teinturier" (Michel Zink, Tristan et Iseut: Un remède à l'amour, 2022 - books.google.fr). The contemporary stories of Renart and Tristan are indeed alike in many ways; both revolve around a primordial sexual transgression involving Renart or Tristan and the wife of a noble personage often, but not always, called an uncle in both the Renart and Tristan stories. The sexual offense is eventually followed by a flight or chase into the woods where the offense is repeated, and, moreover, where the offended husband plainly views the lovers, as Mark sees Tristan and Iseut in the leafy bower (Béroul, vv. 1981-2051), as Ysengrin sees his wife Hersent caught headfirst in Renart's den while Renart "helps" her out from behind (Br. VIIa, vv. 5911-6038). In both the Re- nart and Tristan stories we find trials by ordeal and a public justification by the accused wife. Béroul even says that Tristan knows much of foxy ways, "Tristan set mot de Malpertuis" (v. 4286) (Nancy Freeman Ragalado, Tristan and Renart : two tricksters, L'Esprit Créateur, Volume 16, 1976 - books.google.fr). Après les héros viennent les types humains plus voisins de la réalité le moine frère Jean, le médecin Rondibilis, le juge Brid'oie, le pédant Janotus, le bon précepteur Ponocrates, le paysan Couillatris; enfin le plus triomphant de tous, Panurge, l'héritier direct de maître Renart par la malice et la gaieté. Renart, personnage allégorique, peut se permettre les plus étranges métamorphoses, devenir tour à tour moine, chevalier, médecin, jongleur, roi, pape il appartient au monde de la fantaisie. Panurge tient davantage au monde réel: c'est un composé d'écolier, de mendiant, de fripon, de valet, de philosophe et de bouffon. Vrai gibier du Châtelet comme Villon son compère, moqueur, hâbleur et persifleur universel, il rit de tout, excepté du danger (Charles Lenient, La satire en France; ou, La littérature militante au XVIe siècle, Tome 1, 1877 - books.google.fr). "Divarc'ha" en breton signifie désarçonner ou dégonder. Le mot est composé de "di" (extractif) et de "marc'h" (cheval ou gond). Il signifie aussi dévoyer l'estomac (indigestion) (Dictionnaire breton-français de Le Gonidec, précédé de sa grammaire bretonne, 1850 - books.google.fr). Grenouille et ignorance Dans son Epître première à Guy du Faur de Pibrac, Michel de L'Hospital écrivait (1562) : C'est l'ignorance qui accable les malheureux mortels : elle les accompagne depuis le berceau jusqu'à la tombe, et ils sentent après de longues années combien peu leur a servi le passé. Reconnaissons donc qu'il est dans la nature humaine de se tromper, que nos seuls apanages sont la folie, l'erreur et l'éternelle irrésolution. [...] Il serait trop long de rapporter combien de désastres a causés cette ignorance en se présentant à nous sous mille aspects divers, et en nous faisant, usurper les vains prestiges d'une fausse gloire. Aucun vice n'a été pour la terre la source d'autant de maux : tous les hommes infatués de leurs erreurs, plus gonflés que le crapaud ou la grenouille de la fable, osent faire la guerre à la nature, comme les Titans la déclarèrent jadis au Ciel (Poésies complètes du chancelier Michel de L'Hospital, 1857 - books.google.fr). Il y a un certain nombre de situations ironiques qui proviennent de ce que le lecteur a connaissance de quelques faits ou de quelques événements que l'un des protagonistes ignore. Le personnage dans ignorance est à chaque reprise le roi Marc. On pense immédiatement à la fameuse scène de la nuit de noces. L'auteur décrit d'une manière vivante la substitution d'Iseut par Brangain dans la chambre obscure, et le plaisir du roi Marc qui ne se doute de rien. Le lendemain matin le roi est si heureux qu'il va jusqu'à remercier Tristan d'avoir si bien garde Iseut; et pour le récompenser de sa loyauté, lui confère publiquement l'héritage du royaume de Cornouailles ! (§486,1-5). Un autre exemple de cette sorte d'ironie, que l'on appelle en anglais dramatic irony, est le cas où le roi Marc croit faussement que c'était lui qui avait blessé son neveu, quand en réalité c'était Seguradés. Il est même très fier de ce tour de force imaginé, et son ton, lorsqu'il est assis au chevet de Tristan, est décidément condescendant : "Biaus douz amis, dit li rois, or poez savoir que d'ausi bons chevaliers com vos iestes a en cest pars. A po que vos n'iestes morz par vostre folie." Tristan réagit avec véhémence : "Je ne sui pas encores morz... mes bien sachiez qu'il sera mout chier vendu cesti cop que je au receü" Et le le roi s'en va consterné, croyant que les paroles de Tristan se rapportent à lui ($ 372,9 sq.). On peut citer un troisième épisode, où Tristan faillit être pris avec Iseut, et le roi Marc, exaspéré, accuse femme d'infidélité (§596). Iseut affecte l'innocence. "Comment pouvez-vous imaginer chose pareille ?" lui demande-t-elle. "S'il m'avait aimée illicitement, ne m'aurait-il pas emmenée avec lui en Leonois au jour où il me délivra des mains de Palamedes, au lieu de me ramener à la cour ?" L'ironie de la réponse d'Iseut réside dans le fait que sa c'est là précisément la proposition que Tristan lui fit quand il la délivra (cf. $512,1-8), et ses paroles ont donc pour le lecteur une signification que Marc ignore tout à fait (Renée L. Curtis, L'humour et l'ironie dans le Tristan en prose, Der Altfranzösische Prosaroman: Funktion, Funktionswandel u. Ideologie am Beispiel d. Roman de Tristan en prose, 1979 - books.google.fr). Le roi Marc alchimiste Le règne d'Henri VI fournit d'ailleurs aux mécontents, à tous les amateurs de troubles, tous les prétextes pour se donner carrière. Petit-fils d'un roi fou, du malheureux Charles VI, Henri VI devint fou lui-même. En tout cas, son incapacité ou sa démence le maintinrent dans une perpétuelle minorité (Joseph Louis Antoine Bernard, Histoire de l'Europe et particulièrement de la France de 1270 à 1610, 1898 - books.google.fr). The Morte D'Arthur - which Sir Thomas Malory probably began in the 1450s as a prisoner in the Tower of London, where Henry V's son and heir, Henry VI, was also incarcerated - Sir Tristram says that he fought “for the love of my uncle king Mark and for the love of the country of Cornwall and to increase my honor.” (Kwame Anthony Appiah, The Honor Code: How Moral Revolutions Happen, 2011 - books.google.fr). Sir Thomas Malory died in 1471, in the same year as the insane king Henry VI. Madness plays a large part in the Morte d'Arthur where both Sir Launcelot and Sir Tristram go mad for long periods of time. The powerful Launcelot had to be chained hand and foot (Norma Lorre Goodrich, Le Morte D'Arthur de Sir Thomas Malory, 1963 - books.google.fr). 'Trevelyan' is believed to be the Celtic equivalent for the Saxon "Milton," and to be compounded of Tre (terra), the Celtic unit of territorial division, and of the inflected form (velin) of the Celtic adaptation of the word mill, as still used in Welsh and Irish. The ancient mill is still there on a creek of Fowey River, below Trevelyan. The name is reversed in Velindre (milltown), which still belongs to them, in the parish of St. Veep, near Lostwithiel; and their first recorded alliance was with Margaret Carminow, a name still dear to every true Cornishman, although the family has long since been extinct.' [...] John Trevelyan, under Henry VI., was a stout, consistent 'Lancastrian '; in 1451 he was included in a petition of the Commons for the removal of certain disaffected persons from he king's presence. In one political satire of the day he is alluded to as the Cornish chough, who oft with his train has 'made our eagle Henry VI. blind;' "in a third, by a 'bold metaphor, he is apostrophised as an unjust judge, and 'threatened with the fate of his fellow Cornishman, and almost ' namesake, Chief Justice Tressilian, who was put to death for his adherence to Richard II.' Considering that this John Trevelyan, represented as so active a partisan of the losing cause, contrived in some unexplained way to escape,' and that unscathed as to lands and tenements, while so many 'those with whom he acted came to an untimely end,' we cannot help entertaining some suspicion that the similarity of his name to one of such recent and notorious unpopularity gave him an unfounded prominence in ballads and satires; even as 'Cinna the poet,' less fortunate, was torn to pieces for Cinna 'the conspirator.' This same John Trevelyan, however, 'escheator' for Cornwall and knight of the shire, did a great deal better for his family, in the matrimonial way, than he could have achieved by any exhibition of zeal for one Rose or the other. He married Elizabeth Whalesborough, who brought him the inheritance of the elder branch of the Raleighs in Devonshire, 'Somersetshire, Dorsetshire, and Glamorganshire, besides the 'estates of her own family in Cornwall (Trevelyan Papers, The Edinburgh Review: Or Critical Journal, Volume 138, 1873 - books.google.fr). John Trevelyan et le petit-fils d'Henry Trevelyan et d'Alice fille de John Botreaux qui avait ans ses armoieries trois crapauds et un griffon (tête d'aigle) (Genealogical and Heraldic Dictionary of the Peerage and Baronetage of the British Empire, Volume 30, 1868 - books.google.fr). Le roi d'Angleterre Henri VI fut réduit à un tel degré de besoin, qu'au rapport d'Evelyn (dans ses Numismata, London, 1697) il chercha à remplir ses coffres avec le secours de l'alchimie. L'enregistrement de ce singulier projet contient les protestations les plus solennelles et les plus sérieuses de l'existence et des vertus de la pierre philosophale, avec des encouragements à ceux qui s'en occuperont. Il annule et condamne toutes les prohibitions antérieures. Aussitôt que cette patente royale fut publiée, il y eut tant de gens qui s'engagèrent à faire de l'or, selon l'attente du roi, que l'année suivante Henri VI publia un autre édit dans lequel il annonçait que l'heure était proche où, par le moyen de la pierre philosophale, il allait payer les dettes de l'état en or et en argent monnayés (Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, 1845 - books.google.fr). Michel Maïer, auteur de l'Atalanta fugiens, qui servit l'empereur Rodolphe II, l'"Hermès d'Allemagne", portait dans son blason un aigle et un crapaud : «Avicenne, qui fut un véritable philosophe hermétique, dit dans sa Porta elementorum : un aigle qui vole à travers l'air et le crapaud qui se traîne sur le sol constituent le magistère. Par aigle, il entend la partie volatile du vif-argent commun, et par le crapaud, la partie fixe de la Terre. Tous deux réunis permettent donc de réaliser la médecine hermétique et la Teinture des Sages.» (Jean-Jacques Bedu, Les Initiés: De l'an mil à nos jours, 2018 - books.google.fr). Dans la pièce appelée «chambre du trésor» de l'Hôtel Jacques Cœur à Bourges [contemporain de Henriy VI et de Malory], on peut remarquer un panneau sculpté qui montre la rencontre de Tristan et d'Yseult près de l'arbre où se dissimule le roi Marc. Diverses interprétations de la scène ont été proposées. Nous nous contenterons d'ajouter une autre «lecture» (qui n'annule d'ailleurs pas les autres en symbolique traditionnelle, le parallélisme analogique n'est-il pas une règle constante ?), les deux amants représenteraient encore le couple alchimique - (ce que furent dans la réalité Jacques Cœur et sa femme, qui œuvrèrent ensemble comme Flamel et son épouse Pernelle) – et le roi Marc pourrait, alors, figurer le troisième terme, le maître révélant au couple élu les secrets du grand œuvre, leur transmettant oralement les rites et les formules opératifs (Aimé Michel, Jean-Paul Clébert, Histoire et guide de la France secrète, 1968 - books.google.fr). Acrostiche : UPRR, uproar "uproar" : anglais (on serait en Angleterre) tumulte. Le nom de Tristan (Drystan) est d'origine picte (au nord de l'Ecosse) : il signifie peut être «vacarme», «tumulte», influencé par le français "triste". Le nom de Marc vient de Marc'h, «cheval». Iseut vient peut-être de l'irlandais. Iseut aux blanches mains est la fille du roi Hoël de Carhaix (Finistère) (Emile Lavielle, Béroul, Tristan et Iseut, Volume 60 de Connaissance d'une oeuvre, 2000 - books.google.fr, Catherine Sandner, L'après accouchement: Tout ce qui vous attend vraiment, 2006 - books.google.fr). Des rois pictes s'appelaient Durst ou Drust (Thomas Innes, A Critical Essay on the Ancient Inhabitants of Scotland, Tome 1, 1729 - books.google.fr). On parle aussi du germanique "Drust", gouverneur (William Cook Mackenzie, The Races of Ireland and Scotland, 1916 - books.google.fr). En gaélique : "dursa", "dursan" : crack, noise (William Shaw, A Galic And English Dictionary, Tome 2, 1780 - books.google.fr, John Jamieson, Scottish Dictionary and Supplement, Tome 1 : A-Kut, 1841 - books.google.fr). En gallois : "trwst" ("trous"), tumulte (John Morris-Jones, A Welsh grammar: historical and comparative, Tome 1, 1913 - books.google.fr, Jean-Baptiste Bullet, Mémoires sur la langue celtique, Tome 3, 1754 - books.google.fr). Typologie Le report de 1960 sur la date pivot 547 donne -866. The statue of Bladud too, erected in the baths about 1700, bore the subscription that Bladud founded Bath 863 years before Christ (Gibbs's Bath Visitant, 1835 - books.google.fr). Bladud, fondateur mythique de Bath, passait pour avoir été un lépreux guéri après s'être baigné dans des sources chaudes (Bruno Tabuteau, La lèpre dans l’Angleterre médiévale. À propos d’un livre récent. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 87, fasc. 2, 2009 - www.persee.fr). Gildas le Sage mentionne le «siège du Mont Badonicus» (peut-être Bath selon Geoffroy de Monmouth) - d'où les historiens l'appellent Gildas Badonicus - sans donner de détails au paragraphe 26 de son sermon De Excidio et Conquestu Britanniae; il semble considérer ce fait comme un événement important, survenu l'année de sa naissance 43 ans avant la rédaction du texte, mais ne parle absolument pas du roi Arthur, ni là , ni à aucun endroit de son texte (fr.wikipedia.org - Bataille du Mont Badon, fr.wikipedia.org - Gildas l'Albanais). John Leland mourut fou en 1552 dans la trop grande charge de travail de classement de ses écrits. Pendant ses études il était allé à Paris pour se perfectionner en grec et fit la connaissance de Guillaume Budé et d'autres savants. Dans le Mémoire sur les écrivains d'Angleterre publié d'après sa production, il est question d'un prophète appelé Aigle (Aquila) ayant vécu du temps de Rudubrac fils de Luelle à l'époque du roi latin Capys. A la suite, Leland raconte la folie du roi Bladude qui voulant se faire adorer comme un dieu se jeta d'une hauteur avec des ailes. Au chapitre suivant, le roi Molmur donne aux Bretons de nouvelles lois que Gildas a traduites en latin (COMMENTARII DE SCRIPTORIBUS BRITANNICIS. Auctore Joanne Lelando Londinate. Ex Autographo Lelandino nunc primus edidit Antonius. Hall, A. M. Coll. Reg. Oxon. Socius. C'est-à -dire : Mémoires sur les Ecrivains d'Angleterre, par Jean Leland, imprimez sur le Manuscrit original de Auteur, par les soins de M. Hall. A. Oxford. 1709. in-8 pag. 486) (Le journal des sçavans, 1710 - books.google.fr). Un peu plus historique Juste Né vers l'année 500, mort en 570, Gildas a composé son De excidio et conquestu Britanniae vers 545 cette courte nolice biographique contient à peu près tout ce qu'on est en droit d'affirmer des circonstances de sa vie. On peut cependant observer, en outre, qu'il connaissait avec quelque détail la situation politique de son temps en Cornouailles et en Galles et que ce sont ces régions qui retenaient son attention : une bonne partie de sa vie se serait donc passée là . Y résidait il encore au moment où il écrivait ? C'est une autre question. Avait il suivi le mouvement qui, dès le début de l'invasion saxonne, avait porté ses compatriotes en foule vers l'Armorique ? Peut on admettre que, resté au contact des rois qu'il vitupère, il aurait eu la liberté de parole qu'il manifeste ? Je ne saurais en décider (Edmond Faral, La légende arthurienne, études et documents: Première partie: Les plus anciens textes, 1929 - books.google.fr). Dans la Vita sancti Oudocei : «queque ut vidit, ecce vir bonus et justus et totius Britanniae historiographus Gildas sapiens, ut in historiis nominatur, qui eo tempore conversabatur in insula Echni, ducens anachoritam vitam, transibat per medium fluvium navicula» (Book of Llandaff, éd. Evans et Rhys, p. 138) (Ferdinand Lot, La vie de Saint Gildas, Annales de Bretagne, Volume 23, 1908 - books.google.fr). La confusion entre Gildas le Sage et Gildas l'Albanais fait du premier un personnage plus âgé (Sabine Baring-Gould, John Fisher, The Lives of the British Saints: The Saints of Wales and Cornwall and Such Irish Saints as Have Dedications in Britain. Faustus to Gynaid, 1911 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Gildas l'Albanais). D'après la Vie armoricaine, il fut disciple de saint Ildut (associé au monastère de Llantwit Major au Pays de Galles, dont le texte précise que c'était alors une petite île, «in quadam arta et angusta insula», dans le canal de Bristol), avec d'autres religieux qui vinrent ensuite en Armorique : Samson de Dol et Paul Aurélien (fr.wikipedia.org - Gildas le Sage). Selon une chronique Samson naquit en Armorique et fit plusieurs va et vient entre l'Armorique et l'Angleterre. Il devint religieux et se retira dans les îles Sorlingues. En ce moment, les Saxons menaçaient d'une incursion le territoire apostolique du saint prélat; la peste se joignit à cette menace, et les chanoines et les subordonnés de Sanson le supplièrent de fuir ces deux dangers. Selon une autre chronique il y aurait eu deux Samson, l'un, gallois, évêque d'York réfugié à Dol à cause des Saxons et l'autre. Il laissa son évêché de Dol à Samson II né près de Vannes (Eugène Pégot-Ogier, Histoire des îles de la Manche, Jersey, Guernesey, Aurigny, Serck, 1881 - books.google.fr). Les Annales de Cambrie parlent de la peste Jaune qui sévit sept ans en Cambrie (Pays de Galles) de 547 à 554 (Arthur de la Borderie, Saint Gildas, historien des Bretons, Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Partie 1, 1884 - books.google.fr). Samson s'embarqua définitivement pour l'Armorique dans le port appelé aujourd'hui Fowey, formé par l'embouchure de la rivière de ce nom. Nous avons déjà dit comment il aborda (vers 548) dans la péninsule armoricaine. Ce qui est véritablement curieux, c'est que dans les noms de lieux actuels du comté anglais de Cornwall, c'est-à -dire de la pointe occidentale de l'ancien pays des Dumnonii, on trouve des traces évidentes de l'itinéraire suivi par saint Samson. Sur la côte sud de ce comté, dans la direction sud-est du hâvre de Padstow, se jette dans la mer la rivière de Fowey; à trois milles en amont de son embouchure, il y a sur la rive droite une paroisse de Saint-Samson, et en face sur la rive gauche une autre église dite Saint-Winau; comme si ce n'était pas assez, à 8 milles et à 6 milles de Saint-Samson on trouve deux paroisses sous les vocables de Saint-Mewan et de Saint-Austell ou Austole. Voilà donc la trace de Samson et de deux de ses plus chers disciples, Mewen (Meen) et Austole, et vis à vis de lui le sage moine de Dochori, Uinau ou Uiniau, qui sans doute l'avait accompagné jusque-là . (Arthur Le Moyne de La Borderie, Histoire de Bretagne, Tome 1, 1896 - books.google.fr). Les routes commerciales sont aussi celles qu'empruntent les missionnaires. C'est la route de saint Samson, mais c'est aussi celle de tous les évangélisateurs itinérants les peregrini, les Brioc, Carantoc et Petroc, par exemple. Ces saints, ou leur culte, semblent originaires du pays de Galles et s'être répandus à travers le canal de Bristol en Cornouailles , où nous trouvons leurs églises [à eux dédiées] dans l'arrière-pays de l'estuaire de la Camel. De là , eux et leurs sectateurs empruntèrent la route qui traverse la péninsule cornique jusqu'à la Fowey et de là par mer en Bretagne. Ce serait aussi le cas de st Gildas de Rhuys et de st Pol de Léon, issus, comme st Samson, du grand monastère de St Illtud dans le Glamorgan (sud du pays de Galles). Ce serait aussi le cas de st Mawes (st Mandez en Bretagne) qui serait né en Irlande et qui a donné son nom à un petit port de l'estuaire de la Fal, près de Truro. C'est aussi, à notre avis, celui de st Guénolé (Winwaloe en celtique), cas intéressant entre tous pour ce qui concerne notre propos puisqu'une église lui est dédiée sur la rive gauche de l'estuaire de la Fowey, un peu au nord de l'église St-Samson, elle sur la rive droite. Mais la route des marchands et des missionnaires pourrait aussi avoir été, à l'occasion, celle des envahisseurs. En effet, sur la rive gauche (orientale) de la rivière Fowey, part du village de Lerryn, au bord de la rivière du même nom, s'étendait une ligne de fortification surmontée d'arbres, ce qui, à notre avis, l'a fait appeler "Haie du Géant" (Giant's hedge). Courant à travers champs et forêts jusqu'à la rivière West Loe, sur au moins huit miles (soit treize kilomètres), les ruines intermittentes de cette "formidable barrière de terre et de pierre" ont plus de huit pieds de hauteur, avec le côté le plus abrupt et le plus infranchissable tourné vers le nord. En revanche, on n'a aucun indice pouvant laisser penser que la Haie du Géant pouvait se continuer sur la rive ouest de la Fowey. L'ennemi venait donc du nord, par la voie terrestre transpéninsulaire, et non de la mer, comme on pourrait le croire (Jacques Chocheyras, Tristan et Iseut: genèse d'un mythe littéraire, 1996 - books.google.fr). "rouge" : Ruz, lieutenant de Conomor Guérok I n'accepta de donner sa fille Triphine en mariage à Conomor (après un refus nettement proclamé contre lequel s'éleva le prétendant), que si saint Gildas venait lui-même pour Conomor demander la main de la princesse; tel fut le sens de la réponse qui fut donnée par le père de Triphine à Ruz (Rouge) envoyé du comte de Léon, si bien que Conomor se rendit auprès du saint à Castel-Noek où le Blavet forme un méandre, et protesta effrontément contre les accusations dont il était l'objet, puis promit formellement de rendre Triphine heureuse, mais menaça de l'éventualité d'une guerre si le mariage ne se faisait pas. Gildas se laissa-t-il convaincre ou voulut-il éviter la guerre ? Il soutint la demande présentée par Conomor en s'imaginant que Triphine saurait améliorer Conomor. Le mariage fut donc décidé (Joseph Frison-Morlec, Les traditions de la Bretagne, Tome 1, 1962 - books.google.fr). Gildas s'est laissé duper par l'hypocrite. Même s'il s'est rattrapé par la suite, son erreur de discernement a entraîné la mort de celle qu'il n'avait pas écoutée (Jean-Luc Bremond, Un pays une communauté: Roman familial, 2019 - books.google.fr). L'histoire de sainte Triphine apparaît en 1531 dans les Grandes Chroniques d'Alain Bouchard (Catherine Velay-Vallantin, L'Histoire des contes, 2014 - books.google.fr). La résurrection de Trifine, défaite éclatante du tout-puissant Conomor par le docteur des Bretons, le pauvre moine Gildas, porta en un instant le nom, le respect de celui-ci à tous les coins de l'Armorique et l'aida très puissamment dans sa propagande persévérante pour l'extension de la foi chrétienne et de l'institut monastique. L'écho de cette malédiction retentit aux quatre coins de l'Armorique, Gildas la porta partout, et racontant partout l'histoire de Trifine, souleva contre son assassin une indignation universelle. Les évêques bretons comprirent qu'il était urgent de frapper le monstre. Au milieu de ses propres états, sur le haut du MenezBré (en Pédernec), en un concile solennel les prélats, les abbés, les prêtres de la Bretagne s'assemblèrent, et là , en face d'un peuple innombrable qui les acclamait, dévoilant tous les crimes de Conomor, depuis l'assassinat de Trifine jusqu'à celui du roi de Domnonée, Iona, si longtemps ignoré, ils chargèrent le misérable d'un terrible anathème (548-550). En même temps débarquait en Armorique l'exécuteur prédestiné de cette sentence, l'évêque-moine Samson, venu de l'île de Bretagne fonder le monastère de Dol, et qui, voyant l'oppression sous laquelle étouffait la Domnonée, l'unanime exécration contre l'oppresseur, alla à Paris, obtint du roi Childebert le retour de l'héritier légitime, Judual, fils d'lona, qui défit et tua le tyran (552-554) (Arthur de la Borderie, Saint Gildas l'historien des Bretons, Revue de Bretagne et de Vendée, Volume 55, 1884 - books.google.fr). Monstres hybrides Le griffon ou grype est une créature légendaire présente dans plusieurs cultures anciennes. Il est imaginé et représenté avec le corps d'un aigle (tête, ailes et serres) greffé sur l'arrière d'un lion (abdomen, pattes et queue), et muni d'oreilles de cheval (fr.wikipedia.org - Griffon (mythologie)). Carausius (Marcus Aurelius Valerius) est un usurpateur romain maître de la province de Bretagne entre 286 et 293 (fr.wikipedia.org - Carausius). La Vita de saint Paul Aurélien composée à Landévennec en 884 par Wrmonoc, disciple de l’abbé Wirdosten, donne la forme complète du nom du roi de Domnonée insulaire Marcus Quonomorus que rencontre le saint avant de passer sur le continent. L’identification de Conomor au roi Marc de la légende a conduit André-Yves Bourgès (Commor entre le mythe et l’histoire : profil d’un chef breton du vie siècle », MSHAB, t. 74, 1996) à avancer l’hypothèse séduisante selon laquelle Conomor aurait pu porter les tria nomina de *Marcus Aurelius Commorus et être le descendant de Marcus Aurelius Carausius (Bernard Merdrignac, Généalogies et secrets de famille. Corona Monastica, 2004 - books.openedition.org). Le Griffon, qui est gravé sur le Bouclier de Carausius, me feroit conjecturer que non-seulement notre Empereur adoroit le Soleil ou Apollon comme une Divinité topique. [...] Je ne sçaurois par rapport à la Mythologie, m'empêcher de rapporter encore sur ce sujet un passage de l'Interpréte d'Aristophane, qui comme l'usage où l'on étoit chez les Grecs de représenter des Griffons sur les Boucliers. C'est dans ses Grenouilles où il explique le mot "grupaietos" per peregrina scuti insignia. Aquilas enim dit-il, solebant in scutis pingere. Mais notre Médaille fait voir que ce mot Grec d'Aristophane doit s'entendre ici de la figure du Griffon qu'on avoit accoûtumé de faire graver sur les Boucliers (Claude Génébrier, Histoire de Carausius, empereur de la Grande-Bretagne, 1740 - books.google.fr). "oie-renard" (Hérodote, etc.), "bouc-cerf", animal fantastique (Aristophane, etc.), plus tard sorte d'antilope (Diodore, etc.), "cheval-coq", bête fabuleuse (Eschyle, Aristophane), "griffon-aigle", autre bête fabuleuse (Aristophane), etc. (Olivier Masson, Onomastica graeca selecta: Introduction et index - books.google.fr). Aristophane dénonce la grandiloquence et l'obscurité du style de son rival, caractérisé par l'invention de «mots gros comme des bœufs» (v. 924), qui effraient le public avec leurs «faces de croquemitaine» (v. 925) et sont «montés sur leurs grands chevaux» (v. 929). Eschyle, en somme, brandit des "térata" pour impressionner les spectateurs (Cécile Corbel-Morana, Le Bestiaire d’Aristophane, 2021 - books.google.fr). Conomor est dans les hagiographies un monstre en effet, sorte de barbe-bleue, il tue ses femmes dont la dernière Trefine et son fils Tremeur. Cf. le discours d'Aristophane sur l'androgyne primordial dans le Banquet de Platon. La reconstitution d'une unité perdue par la fusion des deux êtres entre donc tout naturellement dans la pensée chrétienne et dans la mystique du coup de foudre Tristan et Iseut l'éprouvent aussitôt qu'ils ont bu le philtre : (Jean Claude Bologne, Histoire du coup de foudre, 2017 - books.google.fr). Ils ne furent qu'un et d'une seule essence, eux qui avant étaient deux et distincts (Gottfried (von Strassburg), Tristan: Préface de Jean Fourquet, 1980 - books.google.fr). Conomor, aigle et grenouille L'aveugle Saint Hervé, selon une légende de sa Vita, fit taire des grenouilles qui dérangeait un seigneur qui l'avait accueilli. Il présida en 548 le concile qui excommunia Conomor et qui se déroula sur le Menez Bré où le barde Gwench'lan prophétise au siècle passé un carnage de chrétiens par des aigles dévorants (fr.wikipedia.org - Saint Hervé, Théodore Hersart de la Villemarqué, Barzaz-Breiz: chants populaires de la Bretagne, 1893 - books.google.fr). Conomor apparait peut être dans la tradition galloise sous le nom de Cynfawr ou Cynfor Cadgaddug (vainqueur de batailles). Son nom est attesté dans certaines listes généalogiques galloises sous la forme Kynwawr, notamment dans l'Ach Morgan ab Owein et le Mostyn MS. 117. Kynvawr signifie «grand chien» ou «grand chef» (de con «chien» ou «chef», nom que l'on trouve dans Conan, et «grand» meur). Les Triades Galloises en font un descendant de Coel Hen (fr.wikipedia.org - Conomor). Coel Hen (Coel le Vieux ou l'Ancien), mort vers 420 est un roi semi-légendaire de l'île de Bretagne, avant l'invasion saxonne (fr.wikipedia.org - Coel Hen). Le personnage est enrichi, devient père de sainte Hélène comme le mentionne John Leland (Trioedd Ynys Prydein: The Triads of the Island of Britain, 2014 - books.google.fr, Lucy Toulmin Smith, The Itinerary of John Leland in Or about the Years 1535-1543: pts 1-3, 1964 - books.google.fr). King Henry VII issued a commission to several persons in Wales, deeply versed in heraldic lore, to investigate the pedigree of his grandfather Owen Tudor. The commission was executed with that fidelity and accuracy which the subject demanded: the genealogy of Owen, son of Meredydd ap Tudor, was deduced from Eduy fed Fychan, Baron of Briafeingle, in Denbighland, I ord of Criciaeth, chief justice and chief of council to Llywelyn ap Iorwerth, Prince of Wales. Ednyfed married Gwenllian, daughter of Rhys ap Gryffydd, of South Wales, and had several castles in Angle sea, Carnarvonshire, and Deubighshire The pedigree is then carried up to Coel Godeboc, King of Britain, from whom Heury VII. descended by n ale issue, in the 31st degree; and from Beli the Great, in the 41st. The genealogy of Beli is then derived from Brutus; and Henry VII. made out to be his descendant in the 100th degree (Thomas, Memoirs of Owen Glendower, (Owain Glyndwr), 1822 - books.google.fr). Coel aurait eu pour armoiries un aigle à deux têtes (Alexander Balloch Grosart, Robert Chester's "Loves Martyr, Or, Rosalins Complaint", 1601, 1878 - books.google.fr, Graham Rutt, Cycling Britain's Cathedrals Tome 1, 2020 - books.google.fr). Bath's new town hall of 1625 had statues of King Edgar and King Coel. An interesting reference in the borough court records of 1534-35 mentions the town wall near "King Coel's Castle" (Laquita M. Higgs, Godliness and Governance in Tudor Colchester, 1998 - books.google.fr). Lien avec le quatrain II, 1 Le quatrain II, 1 avec son acrostiche "VEPP" qui pourrait renvoyer à Saint Veppa qui donne son nom à Saint Veep, au Nord de Fowey où se fit une razzia de pirates barbaresques dit "turcs" en 1631 et 1645. Le De excidio et conquestu Britanniae de Gildas est un sermon sur l'état de la Grande-Bretagne rédigé vers le début du VIe siècle par le moine Gildas. Il retrace dans sa première partie l'arrivée des Anglo-Saxons en Grande-Bretagne. Les auteurs classiques disent des Saxons, qu'ils sont des pirates qui infestaient la mer du Nord et la Manche et que pour protéger le littoral contre leurs incursions et leurs raids, les Romains ont dû mettre en place le litus Saxonicum «côte saxonne» des deux côtés de la Manche jusqu'à l'Atlantique (fr.wikipedia.org - Saxons). St Winnow (about 3 m. S. of Lostwithiel) is situated on the E. bank of the Fowey Estuary. It retains the name of Gwynno or Winnow, whom the Welsh know as Gwynog ap Gildas, the son of Gildas the British historian (Arthur Leslie Salmon, Cornwall, 1927 - books.google.fr). Winnow was a disciple of S. Cadoc, and when this latter saint came to Cornwall and settled near the Fowey river, where already was a plantation of Veep, his aunt on his father's side (Sabine Baring-Gould, The Lives of the Saints, Tome 16, 1898 - books.google.fr). Selon la Vie galloise, Gildas, fils de Caw, avait vingt-trois frères, tous guerriers (parmi lesquels Huail qui se révolta contre le roi Arthur et fut tué par lui) (fr.wikipedia.org - Gildas le Sage). Selon la même Vie galloise, Samson de Dol est frère de Gildas. Gwenafwy, Peillan, and Peithien; daughters of Caw, and saints, but there are no churches which retain their names (Rice Rees, An Essay on the Welsh Saints Or the Primitive Christians, Usually Considered to Have Been the Founders of the Churches in Wales, 1836 - books.google.fr). On constate en cornique la chute de l'a final : quand la sainte galloise au nom de forme galloise «Gwenogwyn» vint s'installer en missionnaire en Cornouailles, au bord du Fowey en face de Lantïen, les Corniques adaptèrent selon leur habitude son nom gallois «à la cornique» et en firent Vennapa, puis au cours des siècles après le VIe, l'a final tomba, donnant Vennap. [...] Aux environs du IXe siècle l'accent se déplace en cornique de la pénultième à la dernière syllabe, de sorte que Vénnap passe à Vennáp (ce qui donnera le nom actuel de «Saint... Veep» (André de Mandach, Aux portes de Lantïen en Cornouailles une tombe du VIe siècle portant, outre le nom de Tristan, celui d'Iseut, Le Moyen âge, Volume 81, 1975 - books.google.fr). Gildas intercesseur contre la folie Saint Gildas, possédait comme saint Gilles le pouvoir de protéger de la folie. Il ne s'agissait pas de la terrifiante démence dont la tendre duchesse de Bretagne [Jeanne de France, fille du roi Charles VI] avait tant redouté l'héritage pour ses enfants en les vouant à saint Gilles de Normandie. Saint Gildas, ne se penchait pas sur la dangereuse folie des rois, ni sur la comique folie des fous de cour. La folie dont il prenait la charge était aussi l'ensemble des souffrances et des maladies sans nom, dont avait péri la duchesse, atteinte par l'un de ces maux étranges qui font jaunir doucement (Maryvonne Quémarec, L'ambassadeur de la paix: Gilles de Bretagne, 2003 - books.google.fr). Folie contemporaine Tristan est soigné par la mère d’Yseut de ses blessures reçues au combat contre Morholt en 40 jours. Dans le roman allemand, Yseut fait passer Tristan pour un médecin gradué à Salerne, Frère Wit. Merlin, à la fois homme et animal, civilisé et sauvage, sage et fou, unissant en lui les caractères les plus contradictoires, comme le rappelle P. Walter, «offre dès son état d'enfant l'image la plus accomplie de la coexistence des contraires (coincidentia oppositorum)» (Merlin ou Le savoir du monde, 2000, p. 76) (S. Menegaldo, D. James-Raoul, Regards sur une oeuvre : Roman de Silence, La tradition épique du Moyen Âge au XIXe siècle: partie thématique, 2005 - books.google.fr). Il ne faut pourtant pas suivre les médecins en tout, saint Ambroise disant sur le Psaume XIII : «Les préceptes de la médecine sont contraires à la condition divine. Les médecins détournent du jeûne, interdisent les veilles, déconseillent la tension de la méditation.» Et il conclut : « Aussi celui qui se livre aux médecins se refuse-t-il à lui-même ». Car il nous est ordonné de mortifier les membres de l'homme animal par l'Apôtre, Colossiens, III [5] : « Mortifiez vos membres terrestres: fornication, impureté, désir, mauvaise convoitise, cupidité » Les membres de cet homme, ses mains, ses pieds, ses yeux, le Christ ordonne de les retrancher quand ils nous scandalisent, Matthieu, VIII [8-9]. Cela, comme dit l'Apôtre, Romains VI [6], en sachant que « notre vieil homme a été crucifié en même temps que lui, le Christ, pour que soit détruit ce corps de péché et que nous ne soyons plus asservis au péché » (11 04-05 : l'homme animal) (Jean Nider, Des sorciers et leurs tromperies, traduit par Jean Céard, 2005 - books.google.fr). Le terme de psychotropes désigne littéralement un médicament de l'âme (psyché), dénomination manifestement abusive ; il est préférable de parler simplement de médicaments du cerveau. Le premier vrai médicament du cerveau fut le lithium. En 1949, J. Cade, en Australie, étudie une substance supposée efficace sur les rhumatismes. Première surprise : les animaux qui ont reçu une injection de la substance sont d'une tranquillité anormale ; deuxième surprise : ce n'est pas la substance, mais le solvant, qui est responsable de l'effet sédatif. Ce solvant contient un sel de lithium. En comparant avec des solvants dépourvus de lithium, Cade arrive à la conclusion que seul le lithium est en cause. Fort de sa découverte, Cade, qui est psychiatre, imagine un emploi possible chez les malades mentaux agités. [...] À peu près à la même époque, en 1952, H. Laborit observe qu'un antihistaminique, la chlorpromazine, qu'il utilise dans le cadre d'anesthésie chirurgicale, possède une action psychique qui se caractérise par un ralentissement des idées et des gestes, une indifférence à l'entourage et une sorte de mise à distance du monde de l'expérience. [...] Le largactil est né et avec lui est introduite la camisole chimique à l'hôpital psychiatrique. En 1957, le groupe de Sainte-Anne propose le terme «neuroleptique» pour caractériser cette classe de médicaments dont la multiplication fait la fortune de l'industrie pharmaceutique. Ainsi s'ouvre l'ère de la psychopharmacologie qui transforme l'évolution des psychoses. Les autres grandes découvertes en matière de médicaments du cerveau ne sont pas moins dues au hasard et à l'observation. Ce sera en 1957 la découverte de l'imipramine, une molécule dérivée de la chlorpromazine, mais sans effet neuroleptique qui se révèle efficace dans le traitement de la mélancolie. La même année une équipe de psychiatres américains avec N. Kline découvre les propriétés antidépressives d'un médicament antituberculeux. [...] Puis viendront d'autres familles d'antidépresseurs et les tranquillisants qui inaugurent une recherche plus ciblée, minorant la place du hasard au profit d'une volonté créatrice et concertée que l'on a appelée le drug design (Jean-Didier Vincent, Voyage extraordinaire au centre du cerveau, 2007 - books.google.fr, Edouard Zarifian, Les Jardiniers de la folie, 1999 - books.google.fr). En 1957, Jean Delay a élaboré avec son assistant Pierre Deniker une classification des substances psychotropes qui sera validée par le congrès mondial de psychiatrie en 1961. Cette classification distingue les substances psychotropes - des médicaments et aussi des drogues - en fonction de leur activité sur le système nerveux central (fr.wikipedia.org - Jean Delay). Le droit pénal définit les agissements considérés comme nuisibles à la société en général et indique les peines auxquelles sont exposés ceux qui les commettent. Concrètement, après qu'une infraction ait été constatée, il conviendra d'en découvrir son auteur, de rassembler les preuves puis de sanctionner au terme d'un processus généralement judiciaire. Pour le choix de la sanction, le juge tiendra le plus grand compte de la nature et de la gravité de l'acte, mais aussi de la personnalité du délinquant. On ne saurait oublier, à cet égard, que le Code de procédure pénale de 1958 a, dans son article 81, alinéa 6, prévu que le juge d'instruction procède ou fait procéder... à une enquête sur la personnalité des personnes mises en examen ainsi que sur leur situation matérielle, familiale ou sociale, (il peut aussi prescrire un examen médical, un examen médico-psychologique ou ordonner toutes autres mesures utiles). Par la suite, une loi du 2 février 1981 modifiée par une loi du 6 juillet 1989, a prévu que le juge d'instruction peut ordonner une telle enquête. C'est dire qu'actuellement le jugement de l'auteur d'un délit ou d'un crime doit prendre en compte l'acte mais aussi la personne. En d'autres termes, la sanction doit être adaptée à la personnalité, non seulement juridique du délinquant (délinquant primaire ou n'ayant pas fait l'objet de telle condamnation, récidiviste) mais encore psychologique et réelle de l'agent. Par ailleurs, les sanctions se sont diversifiées : aux châtiments corporels ont succédé les privations de liberté et les sanctions patrimoniales (amendes, confiscation). Et aux peines fermes se sont ajoutées les sanctions sous condition : sursis, sursis avec mise à l'épreuve, contrainte pénale, libération conditionnelle, et même les sanctions à prédominance sociale : ajournement et dispense de peine, substituts à l'emprisonnement comportant notamment le travail d'intérêt général. Il s'ensuit que le choix puis l'exécution de la peine et son utilité, tant sociale qu'individuelle, méritent une attention particulière. Depuis que la privation de liberté était devenue le rouage essentiel de la sanction pénale l'on s'était préoccupé de la science pénitentiaire. À l'heure actuelle, et même si la privation de liberté garde une place importante à l'égard des criminels dans le dispositif répressif, de nombreuses autres sanctions sont proposées, si bien que le terme de pénologie, c'est-à -dire science des peines a pu paraître plus adapté (Bernard Bouloc, Droit de l'exécution des peines, 2017 - books.google.fr). |