De Gaulle Ă  Londres

De Gaulle Ă  Londres

 

VI, 22

 

1941-1942

 

Dedans la terre du grand temple Celique,

Nepveu Ă  Londres par paix faincte meurtry,

La barque alors deviendra schismatique,

Liberté faincte sera au corn & cry.

 

"corn et cry" : le roi Lear

 

Puisque on est Ă  Londres et en Angleterre, "corn" et "cry" peuvent passer pour des mots anglais (cf. quatrain I,1 "secret study").

 

Dans le Roi Lear, le vil et cruel Cornouailles appartient aussi aux Poissons et son nom donne au Fou l'occasion d'Ă©quivoquer sur cor au pied et couronne - le cor aspirant Ă  la couronne comme Caliban Ă  la royautĂ© de l'Ă®le enchantĂ©e. Voici un passage d'une chanson du Fou : The man that makes his toe / What he his heart should make, / Shall of a corn cry woe, And turn his sleep to wake. (III. II, 31-36). Dans ces vers toe et corn renvoient Ă  Cornwall et heart Ă  CordĂ©lie (Jean Richer, Le corps microcosme comme système de marquage social, Shakespeare et le corps Ă  la Renaissance: SociĂ©tĂ© française Shakespeare, actes du congrès 1990, 1991 - books.google.fr).

 

Le jeu de mots sur corn (cor au pied) renvoie aussi au remplacement Ă©ventuel de Lear par le mĂ©chant duc, si celui-ci l'emporte sur Albany. Ce serait le passage de corn Ă  crown - (en ajoutant seulement un w). En outre corn peut dĂ©crire l'Épi de la Vierge et donc III. II, 31-36 : "The man that makes his toe / What he his heart should make / Shall of a corn cry woe, / And turn his sleep to wake. For there was never yet fair woman but she made mouths in a glass" (James DauphinĂ©, Jean Richer, Les Structures symboliques du "Roi Lear" de Shakespeare, 1979 - books.google.fr).

 

Stonehenge

 

Le Roi Lear (en anglais : King Lear) est une tragédie en cinq actes en vers et en prose, qu'on suppose avoir été écrite entre 1603 et 1606 par William Shakespeare et créée le 26 décembre 1606 au Palais de Whitehall de Londres en présence du roi Jacques Ier d'Angleterre. Shakespeare a placé l’action de cette pièce dans une Grande-Bretagne préchrétienne, soit vers 800 avant notre ère. La pièce s'inspire entre autres de l’Historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, qui évoque la figure légendaire de Leir, roi mythique de l'île de Bretagne à l'époque celtique précédant la conquête romaine et de sa fille Cordélia (fr.wikipedia.org - Le Roi Lear).

 

Certains quatrains des Centuries semblent montrer que la date de la mort de Nostradamus en 1566 n'est pas celle de la fin de leur rédaction.

 

La terre du temple célique où semble se trouver Londres serait donc l'Angleterre. Et le grand temple pourrait être Stonehenge.

 

In 1655, architect John Webb, husband of the niece of Inigo Jones dead in 1652, suggested that Stonehenge was a Roman temple, dedicated to the sky-god Caelus. 

 

Le nom de Stonehenge apparaît avec la description du monument chez Geoffroy de Monmouth (1136) qui le faire bâtir à la demande d'Aurelius Ambrosius sous la direction de Merlin lui-même. Un manuscrit hollandais signé LDH (probablement Lucas de Heere) contient une illustration montrant le grand trilithon abattu (John North, Stonehenge, 2007 - books.google.fr).

 

King Lear serait par excellence la tragĂ©die du cercle, cercle druidique pour les uns, comme dans les mises en scène dont le dĂ©cor reconstruit l'enceinte du site prĂ©historique de Stonehenge, cercle magique pour d'autres qui prĂ©fèrent mettre en avant l'incidence et l'importance du symbolisme emblĂ©matique et hermĂ©tique de la roue dans la pièce. D'elle on peut dire en tout cas qu'elle s'inscrit effectivement dans une sĂ©rie de cercles concentriques dont la circonfĂ©rence paraĂ®t correspondre Ă  diffĂ©rents niveaux de la structure et du sens de l'Ĺ“uvre : cercle mystĂ©rieux de la divinitĂ© cachĂ©e, cercles des astres et des planètes, cercle du zodiaque, cycles du temps et des saisons, roue de la Fortune et de la Vie, roue du supplice («wheel of fire», IV, 7, 47; «rack», V, 3, 313), couronne du roi qui trouvera son pendant carnavalesque dans la couronne de fleurs et d'herbes folles de l'homo sylvarum auquel s'identifie le roi ensauvagĂ© de l'acte IV; il faut encore mentionner le diadème («coronet» I, 1, 140), d'abord destinĂ© Ă  Cordelia, et que le roi donne ensuite Ă  ses deux filles aĂ®nĂ©es, et enfin le cercle suprĂŞme qui les englobe tous, Ă  savoir le «wooden O» (Henry V, Chorus, vers 13) du théâtre oĂą se dĂ©roule l'action (François Laroque, King Lear, Le cercle vicieux, "The true blank of thine eye": Approches critiques de King Lear, 2009 - books.google.fr).

 

Le neveu

 

Baud fait de Brutus le petit-fils d'Ascanius. C'est l'opinion que le livre de Gaufroi de Monmouth avait popularisée. Cette idée existait déjà dans le manuscrit de Nennius sur lequel fut faite la version irlandaise, mais elle n'existait pas dans la primitive Historia Britonum, car le manuscrit de Chartres, en disant que les Bretons descendent de Labina (Lavinia), fille de Latinus, les rattache aux enfants du second mariage d'Énée et non à Ascagne, issu d'un premier lit. L'erreur provient de la mauvaise interprétation d'un passage où Brutus était dit nepos Ascanii. Au lieu de traduire correctement qu'il était neveu d'Ascagne, comme fils de son frère Silvius, on a traduit comme si nepos voulait dire petit-fils. Le Baud nous fournit lui-même la preuve de l'erreur dans laquelle sont tombés les auteurs dont il s'inspire lorsque à la fin de la première partie, ayant attribué à Ascanius deux fils, Silvius et Iulius, il ne parle plus du premier et dit que l'incapacité du second fit passer la couronne à Silvius, frère d'Ascanius, admettant ainsi l'existence de deux Silvius pour les ramener presque aussitôt à l'unité. S'il arrive quelquefois que Silvius est représenté comme le frère de Brutus, c'est par une autre coufusion. Tous les rois légendaires d'Albe portent le nom de Silvius. Brutus, fils et frère de rois d'Albe, est donc fils d'un Silvius (Silvius Posthumus) et frère d'un Silvius (Silvius Alba) que les chroniqueurs peu réfléchis ne distinguent pas toujours l'un de l'autre (Cronicques & ystoires des Bretons par Pierre Le Baud. Publiées d'après la première rédaction inédite avec des éclaircissements, des observations & des notes par le Vte Charles de La Lande de Calan, Volume 1, 1907 - books.google.fr, Robert Wace, Le roman de Brut, Volume 2, présenté par Le Roux de Lincy, 1838 - books.google.fr).

 

Le roi Leir (Lear) est le descendant de Bladud, Rud Hudibras, Leil, Brutus II «au Vert Écu» (latin: Viride Scutum), Ebrauc, Mempricius, Locrinus fils de Brutus fondateur du royaume (fr.wikipedia.org - Leir).

 

"schismatique" : division

 

Si la renaissance, comme dans The Faery Queene, est perçue comme réunion et synthèse, la décadence est le fruit logique d'une scission, d'un écartêlement. Des oeuvres comme Gorboduc, The Misfortunes of Arthur, Locrine et encore King Lear, mettent en scène le déclin suscité par la division du royaume, image de la faute initiale, vrai péché originel, qu'avait été la partition du territoire de l'ancêtre troyen Brut entre ses héritiers (Y. Peyre, Mythe de Renaissance, Mythe et histoire: Société française Shakespeare - Actes du congrès 1983, 1984 - books.google.fr).

 

Si l'on parle du vaisseau de l'Etat, la barque de saint Pierre est symbole de l'Eglise catholique qui connaîtra pluisieurs schismes dont celui de l'Eglise d'Angleterre avec le roi Henry VIII.

 

L'Église d'Angleterre, dont Claudel trouve le symbole dans la mauvaise fille du roi Lear, reprĂ©sente «l'avènement, la rĂ©surrection de cette humanitĂ© paĂŻenne que Saint-Paul a caractĂ©risĂ© en deux mots : sans pacte, sans misĂ©ricorde». «Le moyen âge n'est pas loin, et cependant la foi a aussi totalement disparu du théâtre de Shakespeare que si l'Evangile n'avait jamais Ă©tĂ© prĂŞchĂ© aux hommes. Le Paradis est perdu. Ce manque est spĂ©cialement douloureux dans le Roi Lear» (Paul Claudel, A propos du Roi Lear, Le Figaro, 4 dĂ©cembre 1946). En abandonnant le pape, ces «paĂŻens» ont «humilié» un autre «Père».

 

Et quand au Père, ce Père humilié, cette image défigurée du seul Père, qui est au ciel, le voici errant tout seul dans la nuit et le désert, fou lui-même et se heurtant à toutes les formes de la folie, et leur redemandant cette raison qu'il a perdue, cette raison d'être dont il s'est oublié par sa faute (Paul Claudel - Le Roi Lear) (Jean Claude Berton, Shakespeare et Claudel: Le temps et l'espace au théâtre, 1958 - books.google.fr).

 

Cette pièce repose sur l'ambivalence, le divorce entre ce qui est et ce qui devrait être, le schisme entre le fait, issu de la terre, et la valeur, signe du ciel (Norman Holland, Psychoanalysis and Shakespeare, 1964) (Psychanalyse à l'université, Numéros 69 à 72, 1993 - books.google.fr).

 

"Liberté"

 

Mais si Roméo et Juliette, la première tragédie, est une tragédie de la liberté, Le Roi Lear est une tragédie sans liberté, une tragédie dans laquelle on ne demande jamais leur avis aux personnages, une tragédie sans voix, dans laquelle on n'entend plus que le souffle de la tempête.

 

Kent : - Adieu, roi. Puisque c'est ainsi que tu te montres, la liberté vit loin d'ici, et l'exil est ici (Acte I, Scène I)

 

La folie de Lear est conscience aiguë de la perte de tout sens. Outrage fait au père, outrage fait au nom du père, qui détruit l'ordre primordial. C'est dans le corps du père et dans le corps du roi que l'ordre est fissuré, que s'ouvre une brèche où la totalité du monde est aspirée (William Shakespeare, Le Roi Lear: texte français Olivier Py, 2015 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DNLL, Donell, Danell

 

Daniel (Danell, Daniell, Danill, Danniell) (Norfolk Hearth Tax Exemption Certificates 1670-1674: Norwich, Great Yarmouth, King's Lynn and Thetford, 2001 - books.google.fr).

 

In 1549 Dermod O'Sullivan, lord of Beare and Bantry, then in possession of the whole territory, was accidentally killed by an explosion of gunpowder in his castle of Dunboy. He left three sons, namely, Donell, who was slain in 1563, leaving a son Donell, or Daniel, in 1593 recognized as prince of Bearehaven, and mentioned in the text as head of the Catholic League of Munster (Thomas Coffin Amory, Life of James Sullivan: with Selections from His Writings, Tome 1, 1859 - books.google.fr).

 

For the story of Lear, in some important respects not found in earlier Leir' stories, clearly parallels that of Nebuchadnezzar in the Book of Daniel. Certainly Shakespeare was familiar with the Daniel story , not only through knowledge of the Bible but also because from early medieval times the story had been dramatized. In the Daniel story, King Nebuchadnezzar loses his power when he grows arrogant and abuses it. Eventually he regains his throne but only after he has been truly humbled, like Lear going mad and living amongst wild beasts. When, after Nebuchadnezzar's death, his son Belshazzar sees the Writing on the Wall, it is a terrible omen which heralds (as Daniel explains to him) the end of a dynasty (Daniel 5) (Mike Wilcock, Hamlet, the Shakespearean Director, 2002 - books.google.fr).

 

Le roi Lear de Shakspeare fut joué pour la première fois en 1606, au moment de Noël.

 

La puissance de l'esprit, la puissance des armes et la puissance de la fortune Ă©levèrent, mais ruinèrent aussi successivement les grands empires figurĂ©s par l'or, l'argent, l'airain, le fer et l'argile de la vision du roi Nabuchodonosor. Lorsque le dernier de ces empires s'Ă©croula, frappĂ© en ses doigts de pied d'argile par une pierre : quelle fut cette pierre, dĂ©tachĂ©e de la montagne sans la main d'aucun homme, qui devint une grande montagne sur les ruines de la statue brisĂ©e ? (Les Empires. Coup-d'Ĺ“il sur l'accomplissement d'une vision biblique, 1864 - books.google.fr).

 

Le cor au pied de la chanson du fou du roi Lear est un cor au doigt de pied ("toe").

 

Typologie

 

Renouveau celtique

 

Charles de Calan, le dernier président de la Société des bibliophiles bretons, fondée par Arthur de La Borderie en 1877 et dissoute à cette époque, avait formulé le souhait que l'héritage scientifique prestigieux de cette société fût repris et continué par la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (Shab) (www.shabretagne.com).

 

Le respect pour la tradition ne concerne absolument pas, chez La Borderie, un domaine parallèle, d'aussi grand intĂ©rĂŞt, la question du maintien d'un certain bardisme paĂŻen chez les Bretons insulaires christianisĂ©s puis chez les Bretons armoricains, avec comme consĂ©quence la constitution du cycle arthurien sur les deux rives de la Manche. Alors que son ami ThĂ©odore Hersart de la VillemarquĂ©, qui n'est pas seulement le cĂ©lèbre collecteur du Barzaz Breiz hors de cause ici mais qui est aussi l'auteur d'Ă©tudes relatives au «bretonisme littĂ©raire», accepte les traditions celtiques et se rĂ©fère Ă  Nennius et Ă  Geoffroy de Monmouth comme textes fondateurs des romans de la Table ronde, La Borderie mĂ©prise ces sources-lĂ , refuse tout syncrĂ©tisme entre bardisme et christianisme, et rejette toute confusion entre ordre littĂ©raire et vĂ©ritĂ© historique. Il se tient totalement Ă  l'Ă©cart de l'esprit nationaliste et du programme de salut des peuples celtiques que Charles de Gaulle le grand-oncle du gĂ©nĂ©ral essaie de dĂ©velopper Ă  l'Ă©poque du Congrès international de Saint-Brieuc de 1867, et il dĂ©sapprouve l'ambiguĂŻtĂ© que la tradition romantique entretient Ă  l'Ă©gard de la vĂ©ritĂ© en considĂ©rant le noyau symbolique des choses comme plus vrai que ce qui est tangible. Le militantisme du savant apparaĂ®t clairement : en donnant l'exemple La Borderie veut convaincre les historiens bretons de la supĂ©rioritĂ© de la mĂ©thode scientifique bientĂ´t appelĂ©e «positiviste», en Ă©vitant toutefois «l'hypercritique», par respect pour la religion. Cette attitude permettrait de le rattacher Ă  l'Ă©cole historique catholique qui s'exprime Ă  Paris Ă  partir de 1866 dans la fameuse Revue des questions historiques s'il n'y avait pas entre celle-ci et lui une divergence majeure : alors que dans la capitale on s'emploie dans ce milieu-lĂ  Ă  rĂ©habiliter l'ancienne monarchie française, La Borderie est animĂ© d'un profond patriotisme breton qui le situe Ă  part (Michel Denis, Arthur de La Borderie (1827-1901) ou « l'histoire, science patriotique », Chroniqueurs et historiens de la Bretagne, 2001 - books.openedition.org).

 

La manie qu'ont certains druides d'aujourd'hui, bretons ou non, d'ériger des cercles de pierres, pour y célébrer leur culte, leur vient de la cérémonie de fondation de la Gorsedd du Pays de Galles, qui se déroula le 21 juin 1792 à Londres, et organisé par Iolo Morganwg (Jean-Claude Cappelli, Brocéliande Au-delà des apparences Tome II, Volume 2, 2017 - books.google.fr).

 

Il s'inspira, pour le décor, du cercle de pierres de Stonehenge et utilisa la pierre centrale comme pierre du gorsedd. Le rituel, et d'une certaine façon, les costumes des officiants et participants furent curieusement empruntés à la religion catholique, ce qui permettait de célébrer dans un pays à majorité protestante une cérémonie parodique proche des pompes du catholicisme.

 

En 1867, après une réunion du gorsedd des bardes, le 3 février, en forêt de Clohars-Carnoët, près de Quimperlé, se tint à Saint-Brieuc, du 15 au 19 octobre, le premier congrès interceltique ou eisteddfod de Bretagne, préparé par Charles de Gaulle, secrétaire de la société Breuriez Breiz, qui avait pris le relais de la défunte Association Bretonne, avec le concours de La Villemarqué et d'Henri Martin, sous les auspices de la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord. L'appel lancé par les Bretons à leurs frères celtes de l'autre côté de la Manche ne fut entendu que des seuls Gallois. Deux ans plus tard, c'est à Brest que se déroula le second congrès celtique international dont le but avoué était d'«étudier les questions d'histoire, d'archéologie, de littérature, de sciences, d'art, de législation, d'économie publique ou privée publique ou privée intéressant les populations celtiques» (Jean André Le Gall, Charles Le Goffic, 1863-1932, ou, De la difficulté d'être Breton: biographie, 2001 - books.google.fr).

 

Charles Jules Joseph de Gaulle, l'oncle paternel du général de Gaulle, naquit le 31 janvier 1837 à Valenciennes et mourut le 1er janvier 1880 à Paris. Atteint de poliomyélite, paralysé des membres inférieurs au cours de sa vingtième année, cloué sur un fauteuil, la plupart du temps reclus dans sa chambre du 286 de la rue de Vaugirard, à Paris, il vouera sa vie entière à la Bretagne et au monde celte. Il apprendra le breton et le gallois, et en 1864, sous Napoléon III donc, il publiera une œuvre intitulée Les Celtes au dix-neuvième siècle, appel aux représentants actuels de la race celtique. Il fut le tout premier secrétaire de la Breuriez Breizh, une société bretonne de poètes qui fut créée, en 1857, par Théodore Hersart de la Villemarqué. En réalité, cette Breuriez Breizh, cette «Fraternité de Bretagne», fut la toute première tentative de création, en France, d'un véritable collège bardique. Et l'on peut certainement la considérer comme l'ancêtre de Gorsedd de Bretagne actuelle.

 

En 1864, Charles Jules Joseph de Gaulle, sous le nom de Barz Bro C'hall, «Le barde de France», avait publié, dans la Revue de Bretagne et de Vendée, le poème, «Aux poètes de Bretagne», dont son neveu, plus d'un siècle, plus tard, avait déclamé le deuxième quatrain sur la grand-place de Quimper.

 

En effet, son arrière-grand-mère maternelle, Marie-Angélique, était née, à Londres, le 7 juin 1798, du mariage entre Andronic Mac Cartan, d'ascendance irlandaise, et Françoise Fleming, elle-même d'ascendance écossaise. Elle descendait donc, du côté paternel, du clan irlandais jacobite des Mac Cartan qui, à la suite de la «Glorieuse Révolution», avait quitté l'Irlande pour venir se réfugier et s'installer en France (Jean-Claude Cappelli, 1717-2017 DRUIDE Tome 1 Le Temps du Roman, 2018 - books.google.fr).

 

Charles de Gaulle, neveu, Ă  Londres

 

Si Charles de Gaulle Ă©tait le neveu d’un oncle homonyme, celtisant, «infirme de bonne heure et que l’on tenait pour un saint en famille [1]», on peut retrouver une sorte de lien familial avec PĂ©tain qui « voua Ă  Charles de Gaulle, après avoir reçu des rebuffades ou des dĂ©fis peu courants dans l’armĂ©e, une affection de vieillard sans enfant et de chef jusqu’alors privĂ© de disciple digne de lui [2] ».

 

Le « grand temple Celique Â» en Angleterre dĂ©signerait le temple de Stonehenge aussi selon Louis Schlosser[3].

 

Charles de Gaulle trouve refuge Ă  Londres auprès de Churchill pour continuer la lutte contre l’envahisseur allemand, et s’opposer Ă  l’armistice de juin 40 (« paix faincte meurtry Â»).

 

Les Français seront ainsi divisĂ©s entre gaullistes autour desquels s’organisera la RĂ©sistance, et collaborateurs, laissant entre les deux la majeure partie de la population (« La barque… schismatique Â»).

 

De Gaulle shakespearien

 

Dans une chronique, oĂą il dresse la liste des couvre-chefs du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, RĂ©gis Debray conclut, en le comparant au roi Lear sur la lande, que c'est tĂŞte nue, après son dĂ©part de l'ÉlysĂ©e pour l'Irlande, que le chef d'État se sera montrĂ© le plus Ă©mouvant : «La sĂ©rie s'achèverait, non, culminerait avec le crâne dĂ©plumĂ© du roi Lear en exil sur une lande irlandaise. Et c'est ce visage Ă  pâte lourde, crevassĂ©, un peu hagard, deux ou trois mèches blanches en bataille sur le caillou, qui nous Ă©meut le plus. Et frappe notre imagination, pardon Pascal, mille fois plus que les mortiers et toques de magistrats, les plastrons tintinnabulants des marĂ©chaux ou les costumes brodĂ©s des acadĂ©miciens. Une rĂ©flexion sur l'ascendant moral y gagnerait beaucoup. Les autoritĂ©s vont coiffĂ©es; l'autoritĂ© va tĂŞte nue. Militaire, ecclĂ©siastique, acadĂ©mique ou judiciaire, l'institution se reconnaĂ®t Ă  l'uniforme et aux affutiaux correspondants. Le vrai prestige s'en passe, et s'en porte mieux. C'est la diffĂ©rence entre un commandant et un leader. Entre ĂŞtre quelque chose et ĂŞtre quelqu'un. Entre le rĂ©glementaire et le hors-sĂ©rie. C'est en Ă´tant son couvre-chef qu'un chef de corps rĂ©vèle s'il est ou non un chef tout court. Origine possible de ce plus par le moins vestimentaire : le buste en marbre des empereurs romains que grandit le frisĂ© ou une simple frange sur le front. On imagine mal Jules CĂ©sar ou Alexandre avec un bitos vissĂ© sur le crâne. En clair : le tragique dĂ©nude. On ne l'enguirlande que pour s'en moquer» (François Laroque, Dictionnaire amoureux de Shakespeare, 2016 - books.google.fr).

 

Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle erre en Irlande, tel le roi Lear. Il longe les plages, battues par l'OcĂ©an. Il s'enferme au milieu des arbres et des livres. PrĂŞte-t-il encore l'oreille au tumulte des discordes gauloises que ce Franc a toujours mĂ©prisĂ©es ? (Jacques de Bourbon Busset, Journal, Volume 4 : Comme le diamant, 1971 - books.google.fr).

 



[1] Jean Lacouture, « De Gaulle Â», tome I, Seuil, 1984, p. 13

[2] ibid., p. 128

[3] Louis Schlosser, « La vie de Nostradamus Â», Belfond, 1985, p. 102

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