Maëstricht

Maëstricht

 

VI, 92

 

1993

 

Prince sera de beauté tant venuste,

Au chef menée, le second faict trahy,

La cité au glaive de poudre, face aduste,

Par trop grand meurtre le chef du Roy hay.

 

1666

 

Le coup de Vénus  au jeu de dé c'est faire trois six : cf. II, 51 "vingt trois les six".

 

Mais dès lors un problème se pose : Existe-t-il entre venustas "la chance", et la chance qui sourit à l'auteur du "coup de Vénus", un rapport autre que fortuit ? En un tel domaine, il convient de faire preuve d'une extrême prudence. La genèse des vocables du jeu est souvent obscure, et nos rois, dames, ou valets de cœur, n'entretiennent pas de rapports immédiatement perceptibles avec les personnes réelles communément désignées par ces noms. En latin même les chiens ont donné leur nom au coup de dés le moins réussi (canes : les quatre as), sans que la responsabilité de ces animaux soit, en la matière, bien engagée. Un seul point, dès l'abord, est sûr : la locution latine "coup de Vénus" n'est point le calque d'une locution grecque  "coup d'Aphrodite" ; cette dernière n'est connue que par un exemple (Plutarque, Caton, 6) , et c'est elle qui traduit de façon évidente la locution latine. Puisque nous sommes ainsi conduits à n'exploiter que les seules ressources des textes latins, il apparaît que l'explication la moins hasardeuse consiste à expliquer le "coup de Vénus" comme procédant d'une restriction au domaine des jeux de hasard de l'idée de chance plus largement attestée au niveau du mot venustas. Est-ce à tort dès lors que nous attribuons une majuscule à la Vénus des coups de dés heureux ?  Il ne le semble pas si l'on considère que Plutarque traduit en grec le mot latin par Aphroditè, qui n'a jamais été qu'un nom propre ; et surtout si nous tenons compte de l'exemple Properce, IV, 8, 45 : Me quoque per talos Venerem quaerente secundos /Semper damnosi subsiluere canes. "Moi aussi, quand aux dés, j'essayais d'obtenir le faste coup de Vénus, je ne vis toujours bondir de ma main que les chiens de malheur." Sans même proposer une correction secundam, on peut distinguer que le poète, procédant à un de ces transferts d'épithètes dont il est coutumier, s'exprime comme si, par le jeu de dés, il voulait se rendre propice la déesse Vénus. Un tel exemple nous permet de mesurer à quel point est (faussement) irritant le problème de la majuscule qui, compte tenu des habitudes que nous impose la graphie moderne, tend à commander, et en tout cas à ordonner, nos réactions en présence de latin venus (Pierre Monteil, Beau et laid en latin: étude de vocabulaire, Volume 54 de Études et commentaires, 1964 - books.google.fr).

 

Beau prince

 

L'année où fut voté l'Acte de Séclusion, Guillaume III n'avait que quatre ans. Douze ans plus tard, en 1666, le jeune prince s'approchait lentement mais sûrement de sa majorité. Rentré d'une mission diplomatique de plusieurs années où il avait négocié la restitution de la principauté d'Orange, Constantin Huygens ne put dissimuler son admiration lorsqu'il revit le jeune Guillaume III : «Mon maître n'est plus enfant, grâce à Dieu. Je vois avec étonnement comme en si peu d'années il a cru et profité en corps et en esprit. Comme il est très beau Prince, il promet assurément quelque chose de fort grand et de très digne de sa naissance». Depuis la restauration de la monarchie en Angleterre (1660), le sort du prince d'Orange faisait l'objet de vives controverses entre le parti orangiste et le parti des États. L'entourage de Guillaume III ne cachait pas son irritation de voir l'éducation du jeune prince prise en charge par le Grand Pensionnaire lui-même, à l'exclusion de tout proche de la famille ou de la cour de Charles II. Amélie de Solms qui, depuis la mort de Marie Stuart en 1661, jouait le rôle d'une mère de substitution auprès de Guillaume III, ne manquait pas d'ironiser sur le Grand Pensionnaire, suggérant qu'on aurait tort de ne pas le nommer "Stathouer de Hollande". Médecin à Amsterdam et orangiste de cœur, Gabriel Piso mit Jean Maurice de Nassau en garde contre la tentation d'accorder de l'estime à Jean de Witt, laissant entendre qu'un Orange se compromettrait en reconnaissant des mérites au Grand Pensionnaire. Pourtant, les faits sont là : c'est à l'un des ennemis les plus tenaces de sa famille que Guillaume III dut sa formation politique. En 1666, le temps de la relève n'était pas encore venu mais le rôle que pouvait jouer Guillaume III dans la lutte contre l'évêque de Münster occupa une place fondamentale dans les débats politiques, annonçant largement ceux qui précédèrent l'invasion française de juin 1672. [...] Selon les Orangistes, les années de gouvernement sans stathouder formaient une parenthèse qui ne demandait qu'à être refermée. Face à l'inaptitude des régents au commandement militaire, le rétablissement du prince d'Orange dans ses pleins pouvoirs s'imposait comme un devoir d'Etat (Charles-Edouard Levillain, Vaincre Louis XIV: Angleterre-Hollance-France- Histoire d'une relation triangulaire 1665-1688, 2010 - books.google.fr).

 

"trahy"

 

Quelques fanatiques tentèrent d'assassiner le même jour le grand pensionnaire à La Haye, et son frère à Dordrecht (21 juin). J. de Witt venait de quitter vers minuit la salle des états, accompagné d'un seul serviteur, lorsque les meurtriers fondirent sur lui l'épée à la main. Frappé à la tête et renversé, il essaya de se relever et de se défendre; mais, accablé sous leurs coups, il tomba de nouveau, et ses agresseurs, croyant l'avoir tué, prirent la fuite. Grièvement blessé, J. de Witt put se traîner jusqu'à sa maison, où le lendemain il écrivit aux états une lettre aussi calme que digne. Des quatre assassins, un seul, van der Graef, fut pris et exécuté; les autres trouvèrent un asile sûr auprès du prince d'Orange. Le grand pensionnaire était encore retenu au lit par ses blessures, lorsque les exigences inacceptables par lesquelles Louis XIV répondit aux envoyés des états généraux, excitèrent dans les Pays-Bas une émotion patriotique dont profitèrent les partisans du prince d'Orange. A la suite de manifestations tumultueuses, les états généraux s'étant déliés du serment d'abolition du stathoudérat, Guillaume fut nommé stathouder (8 juill. 1672). Sans récriminer, J. de Witt se contenta de repousser par une lettre les absurdes accusations de trahison qu'on avait répandues contre lui. Dans cette justification, il appelait le nouveau stathouder lui-même en témoignage. Ce n'est pas trop dire que ce prince ait eu l'infamie de répondre à cet appel par des réticences et des insinuations presque accusatrices. Cependant l'influence du grand pensionnaire était encore assez grande pour que Guillaume ne cherchât pas à le rattacher à lui : il lui offrit donc de lui conserver son ancienne autorité et de se conduire par ses conseils. J. de Witt repoussa ces avances, et, le 4 août, il résigna sa charge, ne conservant que son siège au grand conseil   (Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 45, 1866 - books.google.fr).

 

"second"

 

De toute évidence, la difficulté essentielle dans la politique intérieure des Provinces-Unies, au XVIIe siècle, résulte de la confrontation, sinon de  l'opposition de ces deux pouvoirs, de loin les plus importants selon la constitution. D'un côté, le Grand Pensionnaire qui représente les Etats de façon permanente,de l'autre, le Stathouder qui tient en main toute la force militaire. Cette bipartition fonctionnelle correspond dans le pays à la grande division à la fois sociale et politique entre l'oligarchie bourgeoise et le parti des Orangistes - alors que, cependant, leurs intérêts économiques se rejoignent. Dès que les circonstances s'y prêtent, l'ambitieuse famille d'Orange ne manque pas de s'opposer ouvertement à l'autorité civile (crises de 1618 et de 1650) et finit même par terrasser le gouvernement en place (révolution de 1672). A chaque fois, un régime autoritaire, réactionnaire, appuyé sur l'armée et faisant l'amalgame de tous les mécontentements s'efforce d'en finir avec l'aristocratie bourgeoise, les riches marchands, la classe des «Heeren» ou Régents. A l'inverse, lorsque ceux-ci reprennent de l'ascendant, ils s'efforcent de limiter ou même de suspendre les pouvoirs du Stathouder. Ainsi, en 1668, Jean de Witt réussit à abolir le stathoudérat dans la Province de Hollande et, en 1670, par un autre arrêt, il fait interdire «le cumul des fonctions de Stathouder et de Capitaine général sur toute l'étendue de la République», interdiction de courte durée, il est vrai, puisque les Etats généraux rétablirent le stathoudérat au début de juillet 1672 et nommèrent Guillaume III Capitaine général. La vie politique des Provinces-Unies durant le XVIIe siècle est ainsi, sans cesse jalonnée par les fluctuations résultant tantôt de crises internes (même de nature idéologique), tantôt d'événements historiques dans une Europe agitée, toujours sur pied de guerre (Paul Cazayus, Pouvoir et liberté en politique: actualité de Spinoza, 2000 - books.google.fr).

 

Dans les faits de cette époque, le Grand Pensionnaire Wit passera donc en second, et sera éliminé, accusé de trahison et lui-même trahi.

 

"meurtre"

 

Jan de Witt (1625 - 1672) devint grand pensionnaire en 1653, pendant la vacance du stadhoudérat. Il conclut la paix avec Cromwell et, en 1667, fit promulguer l'acte d'exclusion qui interdisait le stadhoudérat à la maison d'Orange. Lorsque les armées de Louis XIV envahirent la Hollande en 1672, le parti orangiste se releva. Jan de Witt fut  accusé d'avoir livré la République à la France et il fut massacré par une foule pro-orangiste le 20 août 1672. De Witt et Oldenbarnevelt sont considérés comme des héros de la république des Provinces-Unies. (Malesherbes à Louis XVI, ou les avertissements de Cassandre, 2013 - books.google.fr).

 

Guillaume de Nassau, prince d'Orange, né en 1650, élu en 1672 stathouder de Hollande, épousa Marie, fille de Jacques II. Il renversa du trône son beau-père en 1688 et mourut en 1702 sans héritier, roi de Grande Bretagne : ce pourrait être le "Roy hay".

 

L'Ă©vĂŞque de MĂĽnster, la guerre anglo-hollandaise et la guerre de Hollande

 

Christoph Bernhard von Galen (12 octobre 1606 - 19 septembre 1678) fut le prince-Ă©vĂŞque de MĂĽnster de 1650 Ă  1678.

 

Né à Bispionk, en Westphalie, le 12 octobre 1606, il fut orphelin de bonne heure. Un de ses oncles, Bernard Malinckrodt, doyen du chapitre de Munster, le recueillit et lui donna quelque instruction. Mais le jeune Christophe, préludant à ses futurs exploits, aimait mieux piller les châteaux voisins avec des vauriens de son &ge que d'étudier las belles-lettres et il embrassa la carrière des armes d'assez bonne heure. Puis, vers la quarantaine, il troqua la cuirasse pour l'habit ecclésiastique. Nous le retrouvons, en 1650, chanoine de la cathédrale de Munster. Cette année-là, l'évêché de la ville, devenu vacant par la mort de son titulaire, reevnait de droit à Malinckrodt. Cependant, son ambition et ingrat neveu fomenta des troubles au sein du chapitre et se fit élire, au cours d'un banquet ,où les chanoines s'étaient livrés a de trop copieuses libations. En possession de la mitre, Bernard de Galen se débarrassa de son oncle et mit le siège devant Munster, afin de mater les bourgeois de la cité.

 

À l'époque où l'absolutisme progresse en Europe et dans les territoires de l'Empire, Bernhard von Galen s'efforce lui aussi, en tant que prince ecclésiastique, d'affermir son pouvoir et d'étendre ses petits domaines. Louvoyant entre les différentes puissances, il ajoute à son évêché quelques territoires limitrophes et soumet, en 1661, la ville de Münster. Alors que l'Europe entre dans une période troublée où s'affrontent la France, l'Angleterre, la Hollande, Von Galen recrute 18 000 reîtres pour le compte de Charles II d'Angleterre dans le but d'attaquer les Provinces-Unies, mais une armée française de 6 000 hommes n'eut pas grand-chose à faire pour causer la déroute de l'armée de l'évêque qui se dissolut sans demander son reste. Plus tard, il retourne à l'alliance française, notamment pendant la Guerre de Hollande.

 

Il applique la Contre-Réforme de la manière la plus rigoureuse, avec pour objectif l'éradication du protestantisme qui a notamment fait des ravages avec l'anabaptisme. Ses efforts en faveur de la Contre-Réforme se trouvent appuyés et encouragés par les influences intellectuelles de l'université de Paderborn, fondée en 1614. Au delà de son action religieuse et politique, von Galen était un personnage étrange et irascible qui permit l'invention de la bombe incendiaire  (fr.wikipedia.org - Christoph Bernhard von Galen, Jacques Boyer, Qui a inventé la guerre chimique ? Voici: la France de ce mois, Volume 1, 1940 - books.google.fr).

 

"de poudre face aduste" : la bombe incendiaire

 

"face" est pris pour une traduction du latin "fax", "tison" en rapport avec "poudre" et "aduste", par Anatole Le Pelletier qui est repris par De Fontbrune (Tome I, p. 466) (Anatole Le Pelletier, Les Oracles de Michel de Notredame, astrologue, médecin et conseiller ordinaire des rois Henri II, François II et Charles IX, Tome I, 1867 - books.google.fr).

 

Les participes ustus, adustus, exustus, perustus vont se spécialiser en ce sens. Ils signifient d'abord «hâlé, bronzé», à propos des populations italiennes: jeune fille à la moisson (Mart. VIII, 55, 18), Apulienne (Hor., Epod. II, 41), soldat au retour d'une longue marche (Liv. XXVII, 47, 2). Les anciens croyaient que les nègres devaient leur pigmentation à la proximité du soleil (cf. Sen., N. Q. IV a, 2, 18; Pline, VI, 70, pour les Indiens). C'est pourquoi ils usent des mêmes termes pour leurs concitoyens et pour les races africaines: Garamantes (Luc. IV, 679), Maures (Sil. It. II, 439; VIII, 267), Nubiens , (Sil. It. III, 269, immitem testantes corpora solem / Exusti uenere Nubae), Ethiopiens (Sen., N. Q. IV a, 2, 18; Luc. X, 131; Pline, VI, 70). C'est incontestablement alors un marron très foncé ou même un noir. On ne peut toutefois préciser la valeur des préfixes et, grâce à eux, fixer des degrés. Horace en effet use plaisamment de perustus pour se moquer d'une campagnarde italienne (Epod. II, 41), tandis que Lucain n'a recours qu'à ustus pour des esclaves noirs (X, 131). Le choix entre ces termes paraît soumis au goût personnel et aux commodités de la versification. Par analogie sont usités au même sens percoctus, proprement «cuit» (d'Egyptiens, Lucr. VI, 722; 1109), incoctus (d'un Maure, Sil. It. XVII, 632) et comiquement excoctus dans Térence, Ad. 849, d'une moissonneuse. D'autres termes sont encore employés, mais isolément: obscurus (Juv. XI, 125, Mauro obscurior Indus), siccus (Mart. X, 13, 7, sicci... Poeni), torridus (Pline XII, 98, color abest ille lorridus sole, de l'écorce du cannelier) et jusqu'à tristis (Mart. VII, 87, 2, tristi... Aethiope) qui était déjà chez Martial au sens de «sombre» (I, 96, 4; XIV, 5, 1, etc.). A côté de fuscus et de niger, l'invention des poètes (nous exceptons le prosaïque coloratus) s'était donc créé toute une série de termes, soit par composition avec -color, soit en utilisant des mots existant déjà en d'autres sens, participes ou adjectifs. Chacun en usait au gré de ses préférences ou de sa fantaisie, étendant leur sens du brun clair au noir (Jacques André, Étude sur les termes de couleur dans la langue latine, Numéro 7, 1949 - books.google.fr).

 

Le feu en 1666 fait aussi penser à l'incendie de Londres (cf. quatrain II, 51), où régnera Guillaume d'Orange.

 

Galen, en ce labeur guerrier, s’est rĂ©servĂ© une part spĂ©ciale et personnelle : tout ce qui touche Ă  l’artillerie est de son domaine exclusif. Sa compĂ©tence en cette matière est universellement admise ; ses connaissances pyrotechniques Ă©blouissent les gens de son temps ; et dans «l’art de lancer des fusĂ©es et des bombes» il ne connaĂ®t point de rival. Non content d’appliquer, il perfectionne, invente, porte «à son dernier point,» dit-on, la science de dĂ©truire ses semblables et de «rĂ©duire les villes en cendres.» C’est de lui, dĂ©clare le marquis de Pomponne, qu’est venue l’invention des carcasses qui se sont rendues depuis si cĂ©lèbres… «Il est vrai de dire que, bien que les bombes fussent connues dès longtemps, le nom que les Espagnols leur avaient donnĂ© de spaventa vellacos, Ă©pouvantait des mĂ©chans, faisait voir qu’elles Ă©taient de peu d’effet. Mais, au point que cet Ă©vĂŞque les a portĂ©es, soit pour l’adresse Ă  les jeter et Ă  les faire tomber prĂ©cisĂ©ment oĂą l’on veut, soit pour les nouvelles sortes de compositions qu’il a inventĂ©es, elles sont devenues le plus infaillible moyen de rĂ©duire les places. On oppose des bastions au canon ; mais l’on n’a pas trouvĂ© de remède jusqu’à cette heure contre ce qui tombe du ciel !» Aussi le plus clair de son temps se passait-il en expĂ©riences de ces procĂ©dĂ©s terrifians. Les champs, les terrains vagues qui bordent les murs de Munster retentissent sans cesse d’explosions, de dĂ©tonations effroyables. Dans «l’ouragan de feu» dĂ©chaĂ®nĂ© par ses mains, impassible au milieu du vacarme et de la fumĂ©e, Galen respire Ă  l’aise, et se sent, comme il dit, «dans son vĂ©ritable Ă©lĂ©ment.» Et les populations tremblantes, contemplant de loin leur Ă©vĂŞque, croient voir en lui le dieu terrible de la guerre, l’ange cruel de la destruction ! (Pierre de SĂ©gur, Un AlliĂ© de Louis XIV, Revue des Deux Mondes, 5e pĂ©riode, tome 2, 1901 - fr.wikisource.org).

 

Il guerroyait indifféremment, tantôt pour la France, tantôt pour l'Angleterre, tantôt pour l'Allemagne. A la tête de ses Westphaliens, qu'il ne payait pas afin qu'ils pillent mieux, il semait la terreur sur son passage, grâce à ses fameuses « carcasses » ou bombes incendiaires qu'il expérimenta, pour la première fois, au siège de Coevorden (Hollande). Devant Groningue (août 1672), il employa d'autres projectiles plus perfectionnés pesant 300 à 400 livres. Remplis de poix, de soufre, de salpêtre et de poudre à canon, ces obus perçaient un immeuble du grenier à la cave et le démolissaient de fond en comble. Bernard de Galen avait inventé un engin encore plus meurtrier, shrapnel et bombe aérienne tout à la fois. En touchant la terre, cette énorme marmite vomissait tantôt des balles, tantôt des lames de cuivre et elle répandait "une matière d'une odeur si puante" que l'air environnant devenait irrespirable. Selon Basnage, quand la mitraille ou les  éclats de ce "pot-au-feu du diable" ne tuaient pas les gens qui se trouvaient au voisinage de son point de chute, les fluides délétères qui s'en échappaient les asphyxiaient assez vite. Coïncidence curieuse, ce nouvel Attila mitre  employa ses bombes pour incendier Ypres. Or, le 11 juillet 1916, des artilleurs allemands bombardèrent les abords de la même cité avec des obus chargés d'éthyle dichloré, dont les chimistes Lomel et Steinkopf avaient étudié l'action nocive sur des êtres vivants. Aussi les services  techniques d'Outre-Rhin montèrent-ils en grand la préparation de ce nouveau toxique, qu'ils appelèrent "Lost", du nom de ses deux savants (Jacques Boyer, Qui a inventé la guerre chimique ? Voici: la France de ce mois, Volume 1, 1940 - books.google.fr).

 

Le glaive de Galen

 

Enfin, soit que Sa MajestĂ© crĂ»t que ces Peuples fussent vĂ©ritablement jaloux de sa gloire, et qu'ils Ă©taient capables par lĂ  de traverser ses desseins, ou qu'elle eĂ»t la politique de vouloir faire consumer leurs forces, sans rien mettre en jeu de son cĂ´tĂ©, l'on prĂ©tend qu'elle fomenta sous main quelques mĂ©contentements que le Roi d'Angleterre avait contre eux, afin qu'en leur dĂ©clarant la guerre, il pĂ»t troubler leur repos et leur commerce. L'on prĂ©tend aussi qu'elle fit la mĂŞme chose Ă  l'Ă©gard de Bernard van Galen, Ă©vĂŞque de Munster, qui avait plutĂ´t les qualitĂ©s que l'on demande Ă  un GĂ©nĂ©ral d'armĂ©e qu'Ă  un PrĂ©lat : encore passe s'il les eut eues toutes deux ensemble, puisqu'il fortait Ă©galement la mitre et l'Ă©pĂ©e, comme font tous les rinces ecclĂ©siastiques d'Allemagne; mais mais la vĂ©ritĂ© est qu'il s'entendait bien mieux Ă  ranger en bataille une armĂ©e qu'Ă  faire un sermon. Il aimait bien mieux aussi une cuirasse qu'il ne faisait son rochet, et en un mot, jamais homme n'avait Ă©tĂ© moins propre Ă  l'Ă©tat ecclĂ©siastique, et plus propre Ă  porter une Ă©pĂ©e (Edouard Glissant, MĂ©moires de M. d'Artagnan (Gatien Courtilz de Sandras), capitaine lieutenant de la 1re Compagnie des mousquetaires du roi, Tome 3, 1967 - books.google.fr).

 

Maëstricht et le glaive du Tongre

 

En 1673, la ville est prise par Vauban sur l'ordre de Louis XIV et reste sous domination française jusqu'en 1678 (fr.wikipedia.org - Maastricht).

 

L'expression "trajectum gladio" ("transpercé par le glaive") se trouve dans le Livre I, chapitre VII de l'ouvrage Des faits et des paroles mémorables de Valère Maxime (dans le même esprit que Julius Obsequens), au sujet d'un rêve prémonitoire d'Aterius Rufus réalisé par sa mort d'un coup de glaive donné par un gladiateur rétiaire qui était opposé dans les arènes de Syracuse à un mirmillon  (Collection des auteurs latins, 1850 - books.google.fr).

 

On remarque que Maëstricht est appelé en latin Trajectum comme Utrecht (Gaffiot).

 

Un relief avec deux gladiateurs (190-220 AD) a été découvert en 1900 dans Plankstraat 7, Maastricht, maintenant conservé au Musée du Limbourg à Venlo (Jean-Pierre Mohen, Les Rites de l'au-delà, 1995 - books.google.fr, vici.org).

 

Beaucoup de Belges deviendront aussi gladiateurs et ils s'illustreront dans les jeux du cirque, comme ce Mirmillon ou homme-poisson, dont une inscription romaine nous a laissé le nom et qui vaincra tous ceux qu'on lui opposera, pour mourir enfin dans son lit (Adrien de Meeüs, Histoire des Belges, 1958 - books.google.fr).

 

CIL, VI, 10177 : «Aux dieux Mânes de Marcus Vlpius Felix, mirmillon vétéran, qui a vécu 45 ans, issu du peuple des Tongres. Ont fait ceci, Vlpia Syntyche, son affranchie, pour son époux très cher et bien méritant, ainsi que son honnête fils.» (Luciano Lazzaro, Esclaves et affranchis: en Belgique et Germanies romaines, d'après les sources épigraphiques, 1993 - books.google.fr).

 

Ce mirmillon était issu du peuple des Tongres : les Tungri se situaient en Belgique et avait certainement une origine rhénane, comme l’explique l’historien Tacite : Qui primi Rhenum transgressi Gallos expulerint ac nunc Tungri, tunc Germani uocati sint (Germanie, II : «Les premiers à avoir franchi le Rhin pour chasser les Gaulois, que de nos jours on appelle Tongres, étaient à l’époque appelés Germains.»)

 

L’épitaphe présente un mirmillo, type de gladiateur qui portait aussi le nom de Gallus sous la République. Le public le reconnaissait grâce à son casque orné d’un poisson car, à l’origine, il affrontait le rétiaire qui, muni de son filet et de son trident, devait le capturer (Gurvane Wellebrouck, Présence et Ambitions des affranchis dans l’Empire Romain, 2016 - hal.archives-ouvertes.fr).

 

Vista dal Bormann a Firenze, nel Museo degli Uffizi; pare ne esistesse una copia, falsa, a Roma, nella collezione dei Colonna. GiĂ  perduta al tempo del CIL. Irreperibile anche nel 1985 (Patrizia Sabbatini Tumolesi, Epigrafia anfiteatrale dell'Occidente Romano, Tome 1, 1988 - books.google.fr).

 

Saint Servais transfère à la fin du IVe siècle le siège de son évêché de Tongres à Maestricht (déplacé à Liège en 710).

 

Maëstricht est sur la route de Boulogne à Tongres mais n'apparaît pas sur la Table de Peutinger ni sur l'Itinéraire d'Antonin (Antoine Guillaume Bernard Schayes, Les Pays-Bas avant et durant la domination romaine, 1838 - books.google.fr).

 

A l'église Notre-Dame de Maëstricht, sur un bas relief dit de l'investiture, sur le glaive qui repose sur l'épaule droite d'un personnage qui porte une tunique ouverte sur le cou, se lit le mot «GLADIUS» (glaive). Tous les personnages sont chaussés de souliers montants pointus. Le fait que ce bas-relief était autrefois situé à proximité de la tribune de justice, laisse supposer qu'il illustre le serment d'allégeance au suzerain. Des vestiges de l'ancienne polychromie, où dominent le bleu et le rouge, sont encore visibles (Ada van Deijk, Pays-Bas romans, 1994 - books.google.fr).

 

Nous avons trouvé ainsi, dans l'église de saint Servais, un document communal concernant Maestricht, qui remonte au commencement du XIIIe siècle et qui offre un intérêt particulier par les deux sceaux dont il est muni, représentant les emblémes municipaux de l'époque. [...] C'est une pièce originale, sur parchemin auquel sont attachés deux sceaux de la ville, les plus anciens qu'on connaisse. Il contient une promesse, que font au nom de la ville de Maestricht ses écoutètes et échevins, de respecter perpétuellement les priviléges de liberté et les droits de l'église de saint Servais. Ces écoutètes et échevins sont ceux des deux juridictions et représentent l'évêque de Liége et le duc de Brabant; ils scellent de leurs sceaux la promesse d'établir entre le clergé et les bourgeois de la ville une paix ferme et une concorde perpétuelle. Le sceau ecclésiastique porte saint Servais avec une crosse et un livre. [...] La clef et le glaive, emblémes du pouvoir, rappellent sur l'autre sceau l'autorité du duc de Brabant, qui peu de temps auparavant en avait été spécialement investi, à Maestricht, par l'Empereur. C'est le sceau des magistrats brabançons, exerçant le pouvoir au nom du due, et qui se nomment dans le texte après ceux de Liége (Alexandre Schaepkens, Emblêmes municipaux du moyen âge, Messager des sciences historiques: ou Archives des arts et de la bibliographie de Belgique, Volume 19, 1851 - books.google.fr).

 

Le siège de Maëstricht en 1673

 

Vauban expérimente sa méthode une première fois au siège de Maëstricht en juin 1673. La tranchée est tracée par lui et les batteries d'artillerie sont placées sur les places d'armes en concertation avec les artilleurs. Vauban prend ses ordres directement du roi, ce qui déplait aux généraux qui n'osent cependant rien dire. Louis XIV reconnaît : « La façon dont la tranchée était conduite empêchait les assiégés de rien tenter ; car on allait vers la place quasi en bataille, avec de grandes lignes parallèles qui étaient large et spacieuses ; de sorte que par le moyen des banquettes qu'il y avait, on pouvait aller aux ennemis avec un fort grand front.» Il est probable que cette technique, utilisée au siège de Candie par les Turcs, lui a été rapportée par des ingénieurs qui y avaient pris part. L'artillerie dirige ses tirs sur le rempart et dès que la seconde parallèle est tracée, Vauban fait placer de nuit 28 pièces qui vont agir sur l'artillerie adverse, dont peu à peu les canons cessent leur riposte. La troisième parallèle est au pied des glacis (Yves Barde, Vauban: ingénieur et homme de guerre, 2006 - books.google.fr).

 

La parallèle répond à plusieurs fonctions : relier les boyaux entre eux, afin de permettre aux soldats de se prêter secours ; masser à couvert des troupes et du matériel ; placer des batteries de canons qui commencent à tirer en enfilade sur les faces des bastions et des demi-lunes choisies pour l'assaut final.

 

Puis viennent les tirs à bout portant sur les escarpes (parois des fossés) et les bastions pour les faire s'effondrer et pratiquer une brèche. Ouverte par une mine, cette brèche, qui permettra l'assaut terminal, nécessite un travail de sape, long, dangereux, meurtrier, car tout près des assiégés. Pour cette raison, il est effectué de nuit par les mineurs munis de pelles et de piques, cibles, comme l'explique Vauban, «du feu jeté du haut du bastion attaqué, qui est ordinairement accompagné d'une nuée de grosses pierres, de bombes, de grenades, de poudres, de fagots, de paille, de gros bois et d'une infinité de fascines goudronnées et ingrédients poissés et préparés pour les feux d'artifices, ce qui non seulement brûle les mineurs ou les chasse de leur trou, mais embrase le fond du fossé et brûle très souvent les épaulements». [...]

 

Dans la nuit du 27 au 28 juin, l'assaut est ordonnĂ© : tambours, feu, cris, choc, fumĂ©e, pĂ©nombre, odeurs, blessures, râles, sang, frayeur, panique, tuerie, carnage... Après trois heures de lutte acharnĂ©e et furieuse, le gouverneur de la place assiĂ©gĂ©e estime que la partie est perdue : il fait « battre la chamade », ce qui signifie qu'il attend une offre de nĂ©gociation en vue d'une reddition honorable. [...]

 

C'est lors du siège «à la Vauban» de Maastricht (ci-contre, tableau de Jean Paul, XVIIe siècle), que d'Artagnan périt d'une balle en pleine tête. Louis XIV s'est fait représenter, vêtu à la romaine, devant la ville. [...]  

 

A Versailles, sur les peintures du plafond de la galerie des Glaces, Charles Le Brun fit du roi l'unique bénéficiaire de cette victoire dont Vauban, jamais représenté, n'était qu'un docile et invisible exécutant. Au début du mois de juillet 1673, Louis XIV écrivait à Colbert : «Vous n'avez pas été fâché d'apprendre la prise de Maastricht. J'ai pris beaucoup de peine à ce siège, mais ma peine est bien récompensée.» De même, dans son panégyrique prononcé à l'Académie française le 25 août, Paul Tallemant décrivait le roi comme l'unique maître d'œuvre du siège, vantant sa prudence à «régler seul les attaques», son courage «à les appuyer et les soutenir», sa vigueur «dans les veilles et les fatigues», sa capacité «dans les ordres et dans les travaux» (Joël Cornette, Les 13 jours de Maestricht, L'Histoire, Numéros 316 à 326, 2007 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Les armes chimiques font l'objet de deux grands traités internationaux, l'un de 1925, l'autre de 1993.

 

Le protocole de 1925 concerne la prohibition d'emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques adopté à Genève a contribué à réduire l'utilisation de ces armes. Il avait adopté cet instrument après l'horreur générale suscitée par l'emploi de gaz toxiques pendant la Première Guerre mondiale, dix ans après celle-ci.

 

La Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), officiellement Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'usage des armes chimiques et sur leur destruction, est un traité international de désarmement qui interdit la mise au point, la fabrication, le stockage et l'usage des armes chimiques. La Convention a été signée le 13 janvier 1993 à Paris et est entrée en vigueur le 29 avril 1997. Le fonctionnement de la CIAC, qui est généralement considérée comme un des plus grands succès en matière de désarmement, se base sur trois principes majeurs : l'interdiction complète des armes chimiques ; la destruction des arsenaux existants ; un régime de vérification des engagements pris dans le cadre de la Convention et placé sous l'égide d'une institution indépendante, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) (Mario Bettati, Le Droit de la guerre, 2016 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Convention sur l'interdiction_des armes chimiques).

 

Deux réunions du Conseil européen se sont déroulées à Maastricht, la première les 23 et 24 mars 1981 et la seconde les 9 et 10 décembre 1991. Finalement, le 7 février 1992, le traité sur l'Union européenne y fut signé. 

 

Le traité sur l'Union européenne (TUE), aussi appelé traité de Maastricht car il y a été signé dans sa première version, est un des traités constitutifs de l'Union européenne, l'autre étant le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Le traité de Maastricht est signé par l'ensemble des douze États membres de la Communauté économique européenne à Maastricht (Pays-Bas), le 7 février 1992, après un accord conclu lors du Conseil européen de Maastricht, en décembre 1991, et est entré en vigueur le 1er novembre 1993. Il est modifié ultérieurement par les traités d'Amsterdam et de Nice, qui ont introduit des dispositions nouvelles et ont modifié les numéros de l'ensemble des articles. Enfin, il est de nouveau été modifié par le traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009. Dans sa dernière version avant le traité de Lisbonne, le traité affirmait les objectifs de l'Union, définissait les trois « piliers » de son action et donnait un cadre institutionnel au Conseil européen. Avec le traité de Lisbonne, le traité a été profondément remanié et certains éléments, dont la structure en piliers, ont disparu. (fr.wikipedia.org - Maastricht, fr.wikipedia.org - Traité sur l'Union européenne).

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