Marsault et Marsaud VI, 95 1995-1996 Par detracteur calumnié à puis nay, Quand istront faicts enormes & martiaux:
La moindre part dubieuse à l'aisnay, Et tost au regne seront faicts partiaux. "istront... énormes et martiaux" : Maures et Martial "issir" du verbe latin
"exire" qui peut
signifie" : sortir dans le public, divulguer ou d'un ouvrage sorti
d'un travail (Cicéron) (Gaffiot). Dès 1018, la ville de Narbonne subit un raid des «maures
cordouans». Il est intéressant de noter d'ailleurs que selon Adémar de
Chabannes, ces Cordubenses Mauri ne parlaient pas l'arabe, mais «à la manière
de chiots». [...] C'est encore Adémar de
Chabannes qui nous informe sur les réponses aux activités pirates de Denia.
Entre 1018 et 1023, un aventurier normand, Roger I de Tosny, dirigea ses
troupes contre les Sarrasins qui menaçaient la côte catalane. Non seulement il
aurait anéanti d'innombrables Sarrasins, mais se serait aussi emparé de
plusieurs forteresses. En outre, lors d'une de ces attaques, il fit semblant de
manger un prisonnier musulman devant ses coreligionnaires ; cet épisode
d'anthropophagie poussa Mujà hid à demander la paix à Barcelone moyennant le
versement d'un tribut. En échange, selon Clarius de Sens, Ermessende, comtesse
de Barcelone, offrit à Roger la main de sa fille, Stéphanie Les détails des exploits fournis par Adémar
sont douteux, sans pourtant mettre en doute les bases de l'histoire, et nous
ne pouvons d'emblée écarter l'histoire de Tosny (Travis
Bruce, La Taifa de Denia: Et la Méditerranée au XIe siècle, 2020 -
books.google.fr). Selon Adémar de Chabannes, au carême de l'année 1012, se
trouvaient réunis dans la basilique du Sauveur, des seigneurs d'Aquitaine, de
France, et même d'Italie. En leur présence eurent lieu de nombreux miracles.
Quelques années plus tard, en 1018, plus de cinquante personnes furent
étouffées un jour, tant la foule était grande qui se pressait auprès du tombeau. Le Midi notamment se distinguait par sa
dévotion à saint Martial et quand, en 1018, les habitants de Narbonne furent
attaqués à l'improviste par les Maures de Cordoue, ils invoquèrent le saint. Grâce
à son appui, ils furent vainqueurs, et en reconnaissance ils envoyèrent une
vingtaine de prisonniers à l'abbé de Saint-Martial. Pour répondre à la
popularité toujours croissante du saint patron de Limoges, l'abbé Geoffroy fit
richement décorer la crypte et suspendre au-dessus du sépulcre une couronne
d'or (Charles
Ferdinand de Lasteyrie du Saillant, L'abbaye de Saint-Martial de Limoges, 1901
- www.google.fr/books/edition). His diebus, in
parasceve, post crucem adoratam Roma terrae motu et nimio turbine periclitata
est. Et confestim quidam Iudeorum intimavit domno papae, quia ea hora
deludebant sinagogae Iudeorum Crucifixi figuram. Quod Benedictus papa sollicite
inquirens et comperiens, mox auctores sceleris capitali sententia dampnavit.
Quibus decollatis, furor ventorum cessavit. Quo tempore Hugo, capellanus
Aimerici vicecomitis Rocacardensis, cum eodem seniore suo Tholosae in pascha
adfuit, et colaphum Iudeo, sicut illic omni pascha semper moris est, inposuit,
et cerebrum ilico et oculos ex capite perfido ad terram effudit; et statim
mortuus, a sinagoga Iudeorum de basilica sancti Stephani elatus, sepulturae
datus est. Quo tempore Cordubenses Mauri per mare Gallicum subito cum multa
classi Narbonae per noctem appulerunt, et summo diluculo cum armis in circuitu
civitatis sese effuderunt; et sicut ipsi nobis retulerunt, sortilogium eorum
eis promiserat, prospere acturos et Narbonam capturos. At christiani quantotius
corpus et sanguinem Dei a sacerdotibus accipientes communicaverunt, et
praeparantes se ad mortem, bello invaserunt Sarracenos, et victoria potiti
sunt, omnesque aut morte aut captivitate cum navibus et multis spoliis eorum
retinuerunt, et captivos aut vendiderunt aut servire fecerunt, et Sancto
Marciali Lemovicae viginti Mauros corpore enormes
transmiserunt dono muneris. Ex quibus abbas Gosfridus duos retinuit in
servitute, ceteros divisit per principes peregrinos, qui de partibus diversis
Lemovicam convenerant. Loquela eorum nequaquam erat Sarracenisca, sed more
catulorum loquentes, glatire videbantur (Adémar de Chabannes, Chronique, 1.
III, 52) (www.mlat.uzh.ch). Frères, puîné et
aîné L'hérédité se double de la primogéniture : un seul fils
succède au roi défunt. La couronne est déférée sans partage : l'aîné seul est
appelé au trône. Le principe semble fixé dès Robert le Pieux qui associa son
fils aîné, Henri, contre le vœu de la Reine Constance, laquelle préférait le
puiné Robert (C.
Lovisi, Les lois fondamentales au XVIIIe siècle, Recherches sur la loi de
dévolution de la couronne, Travaux et recherches de l'Université de droit,
d'économie et de sciences sociales de Paris, Série sciences historiques, Volume
21, 1983 - www.google.fr/books/edition). Constance donne
des enfants au roi, dont le futur Henri Ier, et Robert. Elle préfère Robert et
veut qu'il règne, mais son époux choisit Henri pour lui succéder. À la mort du
roi, elle va jusqu'à tenter de tuer Henri, mais la tentative échoue et il
monte sur le trône. Robert devient quant à lui duc de Bourgogne (fr.wikipedia.org -
Constance d'Arles). Constance mena la vie dure à son mari et, pour l'amener Ã
composer, elle jugea habile de s'appuyer sur Eudes II. En effet, elle n'aimait guère ses fils aînés, en particulier Henri, dont
les tendances homosexuelles lui déplaisaient. Elle craignait aussi que la
règle de primogéniture, qui commençait à s'imposer chez les Capétiens, ne
nuisît à l'établissement de ses cadets, Robert et Eudes (Michel
Bur, La Champagne médiévale, recueil d'articles, 2005 - www.google.fr/books/edition). La reine Constance en effet vit dans la mort d'Hugues
l'occasion de promouvoir à la royauté son préféré, Robert. Et elle en manifesta
la volonté avec véhémence. Le roi aurait pu passer outre, mais il aimait
tendrement sa femme ; d'ailleurs, elle était reine ; et, tout en craignant ses
accès de fureur et ses obstinations farouches, il préférait obtenir son accord.
Il s'employa à lui montrer combien un sacre et un règne étaient affaires
d'État, non d'affection ou de convenance. Robert n'était pas destiné au trône,
nul n'avait à s'insurger contre ce fait. Ce prince ne serait pas oublié : on
lui donnerait le beau et riche duché de Bourgogne, dont Henri était le duc
présentement. Mais Constance ne voulait pas en démordre. Elle réclamait non pas
un duché, mais un royaume. Pour un garçon de quatorze ans : un enfant encore,
dont elle était certaine qu'il ferait un jour un grand roi. Qu'en savait-elle ?
Le temps que le roi laissa s'écouler
pour prendre patience et convaincre la récalcitrante, la reine l'employa Ã
ameuter les Grands contre son époux et contre Henri. C'était surtout ce fils
qu'elle souhaitait déconsidérer aux yeux de la noblesse et de l'Église, pour le
rendre indésirable et inacceptable. Non seulement dans ses entretiens, mais
dans ses lettres, elle répandait sur le prince Henri, pourtant son fils, les
jugements les plus désobligeants, faisant de lui le portrait d'un adolescent
incapable et sans caractère. La reine était connue elle-même comme une
femme irréfléchie, impulsive et intrigante. Un certain nombre de vassaux firent
foi pourtant en cette astucieuse diffamation. Chagriné et humilié, le roi
Robert dut entreprendre à son tour une campagne d'information en faveur de son
candidat. Le vent tourna favorablement. Mais la reine s'obstinait. Finalement,
le roi, avec l'aval des Grands, fixa la date du sacre au 15 mai 1027, en une
nouvelle fête de la Pentecôte. Arnoul, archevêque de Reims, était mort quatre
ans plus tôt. Ce fut son successeur, Èbles, qui officia, entouré de neuf
évêques. Cette fois encore, le chœur contenait les grands vassaux, et la nef était
peuplée d'abbés, de clercs et de moindres seigneurs. Constance assistait à la
cérémonie. Mais, à son issue, elle s'enfuit (Ivan
Gobry, Henri Ier, 2010 - www.google.fr/books/edition). Partialité Au commencement du XIe siècle, le roi Capétien croyait,
lui aussi, à la supériorité religieuse du moine : il admirait les efforts de
certains religieux, notamment des abbés de Cluni, pour introduire dans les cloîtres
l'ordre, la régularité, la perfection de la vie chrétienne; il était donc
fortement tenté de favoriser les monastères et d'y grandir le pouvoir de l'abbé
en l'émancipant. Dans les cités de son domaine, son autorité se heurtait Ã
celle de l'évêque, tandis qu'elle avait moins à redouter la concurrence des
chefs d'abbaye. Sous Robert le Pieux, la
Royauté se fit ouvertement l'auxiliaire des moines et se plut à les défendre
contre leurs ennemis. Le corps épiscopal se plaignit de cette partialité, avec
une amertume dont témoigne le poème satirique écrit par l'évêque de Laon, Ascelin
ou Adalbéron (Achille
Luchaire, Les Premiers Capétiens (987-1137) (1883), 2014 -
www.google.fr/books/edition). Manichéens Dès le début du
XIe siècle, en 1018, Adhémar de Chabannes signale des hérétiques à Toulouse et Ã
Orléans et leur impute, à mots couverts, les turpitudes qui devaient, cent
cinquante ans plus tard, attirer l'attention sur les prétendus tisserands ;
ce sont pour lui des manichéens : Eo
tempore , decem ex canonicis Sanctae Crucis
Aurelianis, qui videbantur esse religiosiores aliis, probati sunt esse
Manichaei. Quos rex Robertus, cum nollent ad fidem reverti, primo a gradu
sacerdotii deponi, deinde ab aecclesiaÂ
eliminari, et demum igne cremari jussit. Nam ipsi decepti a quodam
rustico, qui se dicebat facere virtutes, et pulverem ex mortuis pueris secum
deferebat ; de quo si quem posset communicare, mox Manichæum faciebat.
Adorabant Diabolum , qui primò eis in Æthiopis, deinde Angeli lucis figuratione
apparebat, et eis multum quotidie argentum deferebat, cuius verbis obedientes
penitus Christum latenter respuerant et abominationes et crimina, quae dici etiam
flagitium est, in oculto exercebant, et in aperto Christianos veros se
fallebant (M.
Broëns, Les texerants pseudo-cathares et leurs hypogées, Chthonia, Numéros 1-6,
1963 - www.google.fr/books/edition). 1022 - Le confesseur de la reine Constance, épouse de
Robert le Pieux, est accusé d'hérésie et d'appartenance à la secte manichéenne.
La reine lui crèvera un oeil avec sa canne. Il sera brûlé vif en compagnie de
neuf autres chanoines de la cathédrale d'Orléans (Extrait des chroniques d'Adhémar de Chabannes) (Denis
Nerincx, Les sept vies du chat 1, 2011 - books.google.fr). Les dissidents sont perçus comme les continuateurs de la
pensée de Manès. Certains hérésiologues médiévaux, en adoptant cette hypothèse
grâce à l’autorité exercée par le corpus augustinien, estiment que les racines
historiques de ces mouvements se trouvent en Orient (en Perse et, en général,
au Moyen-Orient) et que leurs
communautés constituent les débris du manichéisme répandu en Occident jusqu’au
5e siècle, sans pourtant jamais expliquer l’hiatus chronologique qui les sépare,
au moins six siècles, sur lequel nous constatons un silence absolu des sources
polémiques. Néanmoins, cette thèse était très répandue parmi les hérésiologues
au début du 11e siècle déjà , à propos des mouvements de l’an mil. Soulignons qu’à cette époque, l’usage du
terme «manichéen» pour désigner les hérétiques est généralisé, sans pourtant
être jamais justifié par des accusations précises contre une forme de dualisme
manichéen. Une origine manichéenne n’en est pas moins à exclure, du moment
qu’il n’y a aucune corrélation doctrinale entre le mouvement des dissidents
dualistes du moyen âge et le manichéisme : Cf. l’utilisation du terme «manichéen» pour les hérétiques d’Aquitaine
(1018), ADEMAR DE CHABANNES, Chronicon III, 59 (Theofanis Drakopulos, L'unité
de Bogomilo-Catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des
sources byzantines, 2010, p. 24). Adhémar de Chabannes La première légende de saint Martial, dite Vita Antiquior, a été rédigée à l'époque
carolingienne : assez brève, elle fait de Martial un contemporain de saint
Pierre, envoyé de Rome par ce dernier. La seconde légende de saint Martial,
dite Vita Prolixior, remonte à la fin
du Xème siècle ou au début du XIe siècle : Martial est devenu parent de Pierre,
il participe à la vie publique du Christ, notamment au Lavement des pieds. L'idée
de faire de saint Martial un apôtre du Christ émane probablement de l'abbaye,
soucieuse de préserver sa prééminence, à l'heure où les églises revendiquent
les reliques des saints les plus puissants : c'est à cette époque que l'on
découvre à Angély le chef de saint Jean-Baptiste dont le culte risque de faire
ombrage à celui du saint limousin et de concurrencer dangereusement l'un des
plus fructueux pèlerinages d'Aquitaine. Adémar de Chabannes prend activement
part au débat, rédige de nombreux sermons en faveur de l'apostolicité de
Martial et engage en 1028 une violente discussion avec Benoît, prieur de Cluse,
qui rejette avec véhémence ce qu'il considère comme une falsification grossière
de la liturgie. Adémar pousse même son
engagement jusqu'à rédiger des faux qui feront illusion jusqu'au XIXe siècle.
Ce n'est que par lui que l'on connaît le Concile de 1031 (aujourd'hui remis en
question par quelques historiens) qui officialise, en présence
d'ecclésiastiques et de princes venus de toute la France, l'apostilicité de
saint Martial (www.limousin-medieval.com). En 1031, année de la mort de Robert le Pieux et de sa
succession par Henri Ier, a lieu le concile de Limoges au sujet de l'apostolat
de saint Martial. Le fait que Henri ne dégénère pas de la lâcheté de son père
est présenté comme une calomnie (Recueil
des historiens des Gaules et de la France, Tome 10, Par des Religieux
Benedictins de la Congregation de S. Maur, 1760Â
- www.google.fr/books/edition). Adémar de Chabannes est l'un des moines les mieux connus du XIe siècle, grâce à la conservation d'une abondante œuvre autographe. Né en 988 près de Châteauponsac (Haute-Vienne), il appartient à une famille de la noblesse moyenne du Limousin, apparentée au vicomte de Limoges, peut-être au comte d'Angoulême. Son père est petit-neveu de l'évêque de Limoges Turpin d'Aubusson. Il a pour oncles le prévôt du Dorat, le prévôt Adalbert et le chantre Roger de Saint-Martial de Limoges, qui jouent, semble-t-il, un rôle important dans sa formation. Dès sa tendre enfance, il entre comme oblat à Saint-Cybard d'Angoulême où il devient moine, mais ses attaches restent limousines puisqu'il fait de fréquents séjours à Saint-Martial de Limoges, écrit d'importants textes en faveur de cette abbaye et lui lèguera tous ses livres. Il meurt lors d'un pèlerinage à Jérusalem en 1034 (www.limousin-medieval.com). On a une lettre de l'évêque de Limoges (avant 1031) au
pape Benoit VIII pour s'opposer à ce que l'on mette saint Martial au rang
d'apôtre (Analecta
juris pontificii, 1869 - www.google.fr/books/edition). Dans sa chronique, Adémar de Chabannes écrit de Gauzlin,
abbé de Saint-Benoît-sur-Loire (1004-1030) et archevêque de Bourges
(1014-1030), qu’il était le fils bâtard du roi et d’une prostituée. […] La
proximité entre le roi de France et le métropolitain de la province
ecclésiastique de Bourges, dont dépendait l’Église de Limoges, si elle a pu
agacer le moine de Saint-Martial, était largement admise à cette époque. Il est
du reste notable que ce dernier ne fait pas, dans sa chronique, une critique
systématique de l’interventionnisme encore courant au début du XIe siècle des
grands laïcs sur les sièges épiscopaux ; de même qu’il ne s’y montre pas
particulièrement virulent envers la politique de Robert le Pieux. L’accusation
de bâtardise, si elle touche indirectement le roi, semble donc avant tout
personnellement dirigée contre Gauzlin. En faisant de lui un bâtard, Adémar
avait aussi peut-être à l’esprit l’idée selon laquelle les fils illégitimes ne
pouvaient accéder à l’épiscopat. […] Il ajoute que, pour cette raison, les moines de Fleury
ont mal accueilli sa désignation à la tête de l’abbaye et que par la suite, les
habitants de Bourges, refusant son élection au siège archiépiscopal, l’ont
empêché d’accéder à la ville cinq années durant. Cet extrait a suscité divers
commentaires d’où il ressort qu’Adémar nourrissait, sans doute en raison de
plusieurs désaccords, une certaine animosité à l’égard de Gauzlin. La vraisemblable
partialité du moine de Saint-Martial combinée à une inventivité décomplexée –
illustrée vers la fin de sa vie par son activité de faussaire en faveur de la
thèse de l’apostolicité de Saint-Martial – a pu, dans une certaine mesure,
contaminer son récit historique et justifie les doutes émis par les historiens
sur les origines de l’archevêque. […] Adémar évoque, à l’instar de Fulbert de Chartres, un
soulèvement populaire ; il va cependant plus loin que celui-ci en y
rattachant le motif grave d’une naissance scandaleuse. Sans la nommer, Adémar de Chabannes se sert de la fama pour argumenter
l’illégitimité de Gauzlin. Dans son
récit, il ne s’attaque pas simplement à la réputation de l’archevêque et met Ã
contribution plusieurs rouages caractéristiques de la rumeur porteuse de fama :
il situe notamment, à l’origine de la révolte, une information qui, aux
fondements plus qu’incertains, verse dans la diffamation. Celle-ci s’est
ensuite propagée d’une façon qu’il ne précise pas ; le bruit aurait toutefois
rapidement circulé dans la ville où la population s’est mobilisée avant que le
nouvel archevêque n’y arrive. Enfin, la tension découlant de ces révélations
aboutit à un mouvement de vindicte populaire que seule l’intervention du roi
permet d’enrayer (Delphine
Boyer-Gardner, La réputation face à la rumeur. Fama épiscopale et mémoires
ecclésiales aux XIe-XIIe siècles In : La rumeur au Moyen Âge : Du mépris à la
manipulation, Ve-XVe siècle, 2011 - books.openedition.org). Acrostiche : PQLE,
pécule On sait que le moine devait, à son entrée en religion, abandonner tous ses biens personnels et renoncer pour l'avenir à toute espèce d'héritage. Son monastère qui en bénéficiait, devait, en revanche, pourvoir jusqu'à sa mort à tous ses besoins. Le chanoine, au
contraire, s'il remet sa fortune entière à sa communauté, en conserve
l'usufruit. Il peut aussi garder ses honoraires de messe et les aumônes
particulières qui lui sont faites. Ces ressources réunies forment un bien
propre dont il dispose à son gré. Plus tard, elles ont été désignées sous le
nom de «Pécule» ou bien personnel. Cette organisation nouvelle des clercs
s'est appelée : «l'ordre canonique» pour se distinguer de la vie monastique,
dite : «institution régulière». Dès 789, le Concile d'Aix-la-Chapelle fait la
distinction entre les deux formes : Les chanoines peuvent, dit-il, manger
de la viande, porter des habits de fil, donner et recevoir, avoir en propre des
biens personnels et des biens d'Eglise, ce qui est interdit aux moines qui
mènent une vie plus austère, conformément à l'institution régulière. L'ordre
canonique fut très vite introduit dans les évêchés de l'Empire carolingien où
n'existait pas encore la vie en commun. Les Conciles et l'Empereur, qui
appuyait leurs décisions de toute son autorité, s'employèrent à le faire
admettre et respecter. Le premier Concile d'Aix-la-Chapelle décrète : Nous
voulons que les clercs vivent canoniquement, conformément à leur règle, et que
l'évêque régisse leur conduite, comme l'abbé gouverne celle des moines. Quelque
douze ans plus tard, un capitulaire de Charlemagne, édicté en 801, prescrit que
les chanoines vivent «suivant les canons et les moines suivant la règle de
saint Benoît». Dans le courant du IXe siècle, la communauté soumise à l'ordre
canonique se nomme «la canonique» (canonica). C'est ce terme que les chartes du
cartulaire de saint Etienne, par exemple, emploient uniformément. Il est admis
d'ailleurs que le choix reste entièrement libre entre les deux états de vie.
Bien plus, ni l'Eglise ni l'Empereur ne considèrent comme prohibé ou illicite
le passage de l'institution régulière à l'ordre canonique et vice-versa
seulement ils ne laissent à l'ensemble des clercs qu'une des deux alternatives
: «ou moines, ou chanoines». [...] Les Conciles tenus simultanément, en 813, à Tours, Reims,
Chalon-sur-Saône, Arles et Mayence rappellent aux chanoines l'obligation qui
leur incombe d'habiter la même maison, de manger au réfectoire, de coucher dans
un dortoir. La raison de cette communauté de vie est qu'elle leur permet d'être
mieux instruits, surveillés de plus près et de célébrer plus dignement l'office
divin. Cependant, l'Eglise autorise formellement, la cohabitation de deux
communautés, observant chacune une règle différente, dans un monastère unique
et sous la direction d'un seul supérieur. Ainsi, le canon 21 du Concile de
Mayence (813) prescrit aux évêques de : «savoir quel nombre de chanoines chaque
abbé a dans son monastère». Il ordonne «de faire en sorte que si tels ou tels
préfèrent être moines, ils puissent observer la règle de saint Benoît. Dans le
cas contraire, qu'ils s'en tiennent à l'ordre canonique». Après la mort de
Charlemagne, sous Louis-le-Pieux, en 817, un second Concile d'Aix-la-Chapelle
rédigea une règle canonique, uniforme pour tout l'empire. Destinée à remplacer
celle de saint Chrodegang et les statuts particuliers des diocèses, elle était
divisée en 145 articles. […] Cette règle d'Aix-la-Chapelle devait avoir une influence
considérable sur l'évolution de la vie du clergé. Certains monastères, usant
des facilités qu'elle accordait, se transformèrent en chapitres. Ce qui, pour
l'entourage épiscopal, représentait une vie plus austère que l'existence
isolée, devint, pour les moines un peu tièdes, le moyen d'échanger une règle
sévère pour une autre moins rigoureuse. Quelques chapitres fervents préférèrent
l'institution régulière à l'ordre canonique et adoptèrent la règle de saint
Benoît. L'histoire ecclésiastique du Limousin nous fournit plusieurs exemples
de ces choix en sens opposé. En 848, le Chapitre de Saint-Martial qui,
jusque-là , suivait, comme celui de la Cathédrale, l'ordre canonique, manifesta
en présence de Charles-le-Chauve, des évêques et des grands d'Aquitaine, réunis
à l'assemblée de Limoges, l'intention de se soumettre désormais à la règle de
saint Benoît. Etait-ce ferveur, était-ce désir d'indépendance ? Comment en
décider ? En tout cas, l'évêque du temps, Stodile, n'accepta le changement
qu'avec beaucoup de difficulté et quelque aigreur». Le Chapitre de
Saint-Etienne, au contraire, continua à suivre l'ordre canonique. Il s'y montra
fidèle, non seulement au IXe siècle, où la règle fut maintenue partout avec
fermeté grâce à la coopération des pouvoirs ecclésiastique et civil mais
pendant tout le dixième. Son cartulaire en donne la preuve répétée et claire. Il
montre l'association canonique des «frères» vivant dans son «monastère» sous la
conduite de l'évêque. Les autres établissements religieux en usèrent comme les
deux principaux du diocèse. Dans les uns, les moines se firent chanoines, dans
les autres, les chanoines devinrent moines. Saint-Augustin de Limoges, avant
l'invasion normande suivait l'ordre canonique. L'évêque saint Turpin, après
avoir restauré l'abbaye, la confia aux bénédictins. Son successeur dans
l'épiscopat, Ebles de Poitiers, transforma en Chapitre la communauté monastique
de Saint-Hilaire. Des deux évêques qui suivirent Ebles, l'un, Hildegaire, en
fondant Uzerche, y mit des moines, tandis que l'autre, Hilduin, les changeait
en chanoines... Ce chassé-croisé ne laisse pas que d'étonner un peu. Il est
vrai qu'à la distance où nous sommes nous voyons , moins que jamais , le tout
des événements (Geoffroy
Tenant de la Tour, Saint Yrieix, "Ville d'Eglise", Bulletin de la
Société archéologique et historique du Limousin, Volume 74, 1932 - www.google.fr/books/edition). Les chanoines réguliers ont été institués sous le
règlement d'Aix la Chapelle en 816 par Louis le Pieux, sous la règle de St
Augustin, les distinguant des moines. Ce dernier n'avait pas laissé de texte
normatif à proprement parlé, mais plutôt une série de conseils généraux, qui
préconisaient une vie consciencieuse et sans négligence, moins austère que la
vie monacale. Ils s'agissaient de communautés créées pour desservir des lieux
de culte catholique : cathédrales, collégiales ou plus simplement d'églises
paroissiales. Ils vivaient en communauté, ils pouvaient manger de la viande et
porter du lin, donc une certaine liberté. Par contre ils s'engageaient à vivre
dans une clôture interdite aux femmes. Ils étaient prêtres et desservaient les
lieux de culte. Ces chapitres ne relevaient pas directement de l'évêque. Ce système
avait l'avantage pour l'évêque de se décharger de la desserte de ces églises,
qui étaient très nombreuses dans le diocèse de Limoges. De plus il faut noter
que l'évêque à cette époque était également puissance temporelle souvent en
conflit avec des seigneurs des alentours, dont les paroisses étaient sous la
juridiction épiscopale de l'évêque. A partir du Xe siècle le régime de la
prébende s'instaura, c'est à dire que les biens et revenus de la communauté
étaient répartis entre chaque chanoine. Ce système se perpétua jusqu'aux
guerres de religions, et surtout à l'unification du royaume. Les chanoines séculiers diffèrent des chanoines réguliers
car ils sont sous la dépendance directe des évêques, mais suivent à peu près la
même règle. La distinction entre les réguliers et séculiers est définitivement
établie en 1059 (synode de Rome); les séculiers peuvent posséder des biens
personnels, et les réguliers y renoncent pour devenir de véritables religieux.
Des collégiales sont passées de l'un à l'autre système, Eymoutiers, Brives, et
St Yrieix au départ avaient des chanoines réguliers qui devinrent séculiers au
XIIe siècle (grandmont.pagesperso-orange.fr). Il faut le remarquer, la règle d'Aix-la-Chapelle est
conforme, dans l'esprit général et les dispositions principales à celle de
saint Chrodegand ; celle-là comme celle-ci prescrit la communauté de
demeure, de table et de dortoir, mais permet le pécule. Au reste, selon le témoignage d'Adhémar de Chabannes et des anciens
historiens, elle fut composée par un homme familier avec la règle de saint
Chrodegand, Amalaire, diacre de l'Eglise de Metz (Paul
Benoit, La vie des clercs dans les siècles passés: étude sur la vie commune et
les autres institutions de la perfection au sein du clergé depuis Jésus-Christ
jusqu'à nos jours, 1915 - books.google.fr). Pécule : Boeuf pecus a désigné le petit et gros bétail, surtout ovin et
bovin, par opposition à ferae "bêtes sauvages". pecus a surtout
représenté la "richesse en bétail" et de pecus a été dérivé pecunia
qui signifie "monnaie, argent" en latin (Pierre
Avenas, Henriette Walter, L'Étonnante histoire des noms des mammifères, De la
musaraigne étrusque à la baleine bleue, 2014 - www.google.fr/books/edition). Dans un parallèle de la généalogie de Pantagruel et de
celle des rois de France, Pantagruel est associé à Henri II, Gargantua Ã
François Ier, Henri Ier à Happemousche,
Robert II le Pieux à Fracassus. Happemousche
est le premier, selon Rabelais, à fumer les langues de boeuf plutôt que de les
saler (Elie Johanneau) (Oeuvres
de Rabelais, 1823 - www.google.fr/books/edition, Voltaire,
Lettre au prince de Brunswick sur François Rabelais (1767), Oeuvres completes,
1875 - www.google.fr/books/edition). Adémar de Chabannes, après avoir consacré le livre premier de ses Chroniques aux Mérovingiens, entame le deuxième en reproduisant intégralement leur généalogie poursuivie
jusqu’à Charlemagne grâce à la fameuse, et imaginaire, Blithilde, dont il fait une sœur de Dagobert et une fille de Clotaire II. Dans ce cas, il ne s’agissait donc d’un remploi d’un texte
déjà connu mais des généalogies inédites enrichissaient aussi les livres d’histoire (Germain Butaud, Valérie Piétri, Les enjeux de la généalogie
(XII e-XVIII e siècles). Pouvoir et identité, Autrement, 2006 - halshs.archives-ouvertes.fr). Le 4 des ides de juillet 1060, pendant un séjour à Melun, le roi Henri Ier déchargea l'abbaye de
Saint-Maur de la mauvaise coutume que ses cuisiniers et serviteurs avaient de
prendre les chairs de boeuf és villes de Courceaux et de Moisenay, avec
défense, sous peine de xx livres d'or, de violer ce privilége (Eugène
Grésy, Monument funéraire du XIIIe siècle dans le cimetière de
Montereau-sur-le-Jard, Revue de l'art chrétien, Société de Saint-Jean, 1864 -
books.google.fr). Le cardinal du Bellay était abbé de Saint-Maur, près de Paris; l'abbaye de Saint-Maur appartenait à l'ordre de Saint-Benoît, et c'est elle, sans nul doute, que Rabelais avait en vue lorsqu'en 1536 il demandait au pape d'autoriser sa réintégration dans un monastère de bénédictins. Faut-il supposer, avec M. Paul Lacroix, que du Bellay intervint pour mettre un terme aux excursions trop lointaines et trop multipliées de son médecin particulier et pour le rappeler à l'observance de la règle? Les faits ici manquent de précision comme les dates; mais c'est probablement vers 1539 que Rabelais alla s'installer ou, pour mieux dire, faire acte de présence à Saint-Maur. Tout, à ce moment, lui était favorable, les circonstances comme les hommes. L'abbaye de Saint-Maur venait, à la sollicitation du cardinal, son abbé, d'être sécularisée et transformée en collégiale par le souverain pontife; les moines se trouvaient élevés au rang de chanoines. Il y avait bien ici, dans le cas de Rabelais, une petite ou même une grosse difficulté, puisque depuis quinze ans il n'était plus moine et qu'il ne l'était pas redevenu à temps pour profiter de la bonne fortune échue au monastère; mais que n'obtienton pas quand on a pour amis, à Paris et à Rome, des évêques et des cardinaux ? Rabelais en fut quitte pour rédiger une nouvelle supplique au pape, dans laquelle il lui demandait, avec l'absolution de tous ses péchés : 1° l'autorisation de prendre possession de son canonicat et de jouir de tous les droits et bénéfices attachés à la position de chanoine; 2° la permission d'exercer librement la médecine sans aucune des conditions restrictives mentionnées dans la supplique précédente. Tout lui fut accordé sans peine (Paul Stapfer, Rabelais: sa personne, son génie, son oeuvre, 1889 - books.google.fr) Limousin Je reviens à Molière et à Monsieur de Pourceaugnac qui
arrive de Limoges pour se faire berner comme on verra. M. de Pourceaugnac est
Limousin, je ne sais pourquoi, ou plutôt je le sais fort bien. Les Limousins
ont été de tout temps et surtout du temps de Louis XIV en bulle aux
plaisanteries des railleurs. Déjà bien avant cela Rabelais s'était diverti
devant les balourdises des escholiers limousins. La Fontaine, voyageant en
Limousin, écrit à sa femme que le pays qu'il traverse est fort beau et que les
hommes y ont autant d'esprit qu'ailleurs, ce qui semble indiquer qu'ils n'en
ont point davantage. Voltaire, dans une lettre à Turgot, félicite surtout ceux
qu'il appelle les petits-fils de M. de Pourceaugnac, d'être administrés
par un homme de sa trempe. Il a l'air d'indiquer qu'ils n'en sont pas
très-dignes. Quant à Molière, la tradition veut que pour se venger de l'accueil
qu'il reçut comme acteur à Limoges, il ait tourné ses traits contre le Limousin
tout entier personnifié dans ce M. de Pourceaugnac dont Sbrigani dira qu'il a
l'esprit des plus épais qui se fassent. Molière, en effet, avant de se fixer Ã
Paris, mena à travers les provinces de France la vie errante des comédiens
nomades. Il courut les champs et les villes comme les acteurs du Roman Comique,
mangeant au hasard, dormant au cahot des chars et couchant à la belle éloile,
La chronique nous le montre à Avignon, puis à Narbonne, puis à Pézenas dans la
boutique du barbier, assis dans un grand fauteuil de bois qu'on conserve encore
et écoutant les samedis, jours de marché, les propos des sots, les histoires de
la ville, les comédies de la province. A Limoges, Molière aurait été sissé par
le public et il s'en serait vengé quelques années plus tard en écrivant M. de
Pourceaugnac. On lui prête ce mot qu'il n'a peut-être jamais dit : «A Limoges,
il y a de bons petits pois.» D'autres veulent qu'il ait pris pour type le
premier mari de sa belle-sœur, Geneviève Béjart, Léonard de Loménie, fils d'un
banquier de Limoges. D'après Grimarest, un gentillâtre limousin s'étant disputé
en plein théâtre avec les comédiens de Molière et les ayant insultés
grossièrement, Molière répondit à ce scandale par la publication de sa pièce (Jules
Claretie, Monsieur de Pourceaugnac, Revue bleue politique et littéraire, Volume
9, 1872 - books.google.fr). Rabelais, qui parloit françois exactement et poliment, ne
pouvoit pardonner à quelques écrivains de son tems la liberté qu'ils se
donnoient de parler latin en françois dans des ouvrages qu'ils croyoient de
vrais chefs-d’œuvre d'éloquence en notre langue. Déja au chapitre VI du livre
II, il s'étoit moqué d'eux en la personne d'un écolier limosin qu'il y fait
parler un baraguoin ridicule. Ici sa raillerie continue, et il semble que,
comme pour faire détester à leurs enfans l'ivrognerie, les Lacédémoniens leur
faisoient voir des esclaves bien ivres, l'auteur ait dessein qu'aux dépens d'un
pauvre provincial, qui se seroit présomptueusement écarté de la naïve manière
d'écrire et de parler, les François apprennent à ne jamais méler dans leurs
discours, ni dans leurs écrits, ni termes ni phrases qui en altèrent la pureté.
Rabelais cependant a été lui-même repris du vice dont il reprend les autres (Oeuvres
de maître François Rabelais, publ. sous le titre de Faits et dits du géant
Gargantua et de son fils Pantagruel, Jacob Le Duchat, Bernard de La Monnoye,
1725 - www.google.fr/books/edition). Lors commença le
paoyre Limosin a dire: « Vee dicou gentilastre, ho sainct Marsault, adjouda my, hau, hau,
laissas a quau au nom de dious, et ne me touquas grou.» (Livre II, chap.
VI). Marsault : nom
vulgaire de saint Martial, qui passe, mais sans raison, pour l'apôtre du
Limosin. Voyez du Tillet en son Histoire de la des Albigeois, imprimée Ã
Paris l'an 1590 (Oeuvres
de Rabelais, 1823 - www.google.fr/books/edition). "détracteur" Considérez que l'Ecriture Sainte nous fait assez
connoître la grièveté de ce péché lorsqu'elle dit, que celui qui médit en
secret, est semblable à un serpent, qui mord sans faire de bruit ! (Eccl. 10.
11.) et que le médisant est l'abomination des hommes. (Prov.
24.) C'est pour cela que l'Apôtre St. Jacques recommandant aux Chrétiens de
fuir la distraction, «Mes frères, leur dit-il, ne a parlez point mal les uns des
autres : Celui qui parle contre son frère, et qui iuge son frère, parle contre
la la loi, et juge la loi.» (Jac. 4. 11.) saint Jérôme
dit ces paroles : «De même que le serpent lance son venin sur celui qu'il mord
en secret : ainsi le détracteur
lance contre son frère le poison de son coeur, qui est la médisance :
il est donc semblable au serpent, puisqu'au lieu d'employer sa langue pour la
fin à laquelle elle étoit destinée, qui est de bénir Dieu, édifier le prochain,
il en abuse en faisant quelquefois passer pour des vices les vertus de son
frère». (Hier. in c. 10. Rom.) «Fuyons les discours si pestilentieux et
envenimés, dit saint Chrysostome, quand nous ne vivrions que de cendres, si
nous n'évitons la médisance ; cette austérité seroit inutile pour notre
salut» (Chrys. hom. 3. ad pop, Antioch.) (Pons-Augustin
Alletz, L'art d'instruire et de toucher les âmes dans le tribunal de la
pénitence, 1828 - books.google.fr). "calomnier
à " Mascarille. - Quoi ? Lélie. - Langue de serpent fertile en impostures, Vous osez sur Célie attacher vos morsures, Et lui calomnier
la plus rare vertu... (Molière, L'Étourdi, III, 4). Bret fait justement remarquer qu'on ne dit pas calomnier à quelqu'un pour calomnier en
quelqu'un (Charles-Louis
Livet, Lexique de la langue de Molière comparée à celle des écrivains de son
temps, avec des commentaires de philologie historique et grammaticale, Tome 1,
1895 - books.google.fr, Antoine
Bret, Oeuvres de Molière avec des remarques grammaticales, des avertissemens et
des observations sur chaque pièce, Tome 1, 1773 - www.google.fr/books/edition). Le baragouin de Mascarille (L'Etourdi, Acte V, scène IV)
déguisé en suisse dans l'Etourdi ou
des deux suisses dans Monsieur de
Pourceaugnac, est marqué de procédés linguistiques plus ou moins proches de
la langue allemande comme la transformation des consonnes sonores en consonnes
sourdes d en t (tiable, là -tetans), v en f (trafers, fouloir) ; le remplacement
de ce par ste ou sti ; la prononciation systématique de la consonne finale des
mots : dans les infinitifs troufair, cherchair, remuair, parlair, dans les
adverbes en ment frenchemente, assurémente ; les erreurs sur le genre des
noms : "un petit leçon", "quatre petites coups" ;
l'emploi de de moi comme pronom sujet ou du pronom inversé avec l'impératif ;
l'infinitif utilisé à la place de l'indicatif : "toi faire le
trôle" (Hubert
de Phalèse, Les mots de Molière, les quatre dernières pièces à travers les
nouvelles technologies, 1992 - www.google.fr/books/edition). Ce baragouin suisse semble mieux placé dans des farces
telles que Pourceaugnac et les Fourberies de Scapin, que dans une
comédie de caractère et d'intrigue. Mascarille ne pouvoit-il pas prendre un
autre déguisement qui le rendît méconnoissable aux yeux de Célie même, sans
l'obliger à dénaturer ainsi son langage ? (Louis-Simon
Auger, Oeuvres de Molière: avec un commentaire, un discours préliminaire, et
une vie de Molière, Tome 1, 1819 - books.google.fr). Il y avait une rue des Suisses à Limoges (D.
Industrie, commerce et villes. In: Annales du Midi : revue archéologique,
historique et philologique de la France méridionale, Tome 93, N°155, 1981 -
www.persee.fr). Des contigents Suisses avaient été appelés à Limoges par
le roi Charles IX, selon un traité auquel l'évêque de Limoges de Sébastien de
L'Aubespine prit part comme ambassadeur (Vincent
Carloix, Mémoires de François de Scepeaux, sire de Vieilleville; et comte de
Duretal, maréchal de France, 1787 - www.google.fr/books/edition). Sébastien de l'Aubépine a pour neveu Jean qui lui succède
comme évêque de Limoges et qui sera ensuite évêque d'Orléans (fr.wikipedia.org -
Jean de L'Aubespine). Cf. VIII, 57 - Histoire d'Orléans. La vicomtesse de Limoges, la protestante Jeanne d'Albret,
reine de Navarre, avait les siens qui transportèrent la chaire de saint Martial
au palais du Breuil en 1564. Les religieux de Saint-Martial firent peindre sur les
vitraux de leur église une femme en chaire, prêchant devant quelques auditeurs,
artisans et moines débraillés, avec ces deux vers : Mal sont les gens
endoctrinés, Quand par femme
sont sermonnés. L'arbre que représentait le fond du tableau tenait lieu du nom de la reine. Arbre se dit encore en patois Albré (François Marvaud, Histoire des Vicomtes et de la Vicomté de Limoges, Tome 2, 1873 - books.google.fr). Typologie Le report de 1995 sur la date pivot 1034 (Adémar écrivit
ses chroniques entre 1027 et 1031, date de son départ en terre sainte où il
meurt) donne 73. En 1031, un concile fut tenu à Limoges, dans lequel
l'abbé de Savigny, voulant montrer qu'on devait donner le titre d'apôtre Ã
saint Martial, parce que ce saint avait ressuscité l'un de ses compagnons,
apporte en preuve l'existence publique et constante de ces monuments : «On
montre toujours à Elze,» dit-il, «le lieu où saint Martial ressuscita saint
Austriclinien.» La liturgie et l'ancienne tradition de l'Eglise de Limoges
attestent qu'il convertit à la foi sainte Valérie, fille du sénateur Léocadius,
que nous présenterons bientôt comme le premier bienfaiteur de l'Eglise de Bourges.
A Limoges, il travailla avec tant de
succès, qu'il vit, avant sa mort, l'an 73, les idoles abattues et la ville
presque toute chrétienne. Les saints Alpinien et Austriclinien, qu'on lui
donne pour compagnons de son apostolat, furent déposés avec lui dans le même
tombeau, mais dans des cercueils séparés. Ayant été envoyé pour évangéliser la
province d'Aquitaine, il dut y être considéré comme le premier apôtre de cette
contrée. Le monument de l'Eglise d'Arles, en énumérant les sept prédicateurs,
ajoute que le Vicaire de Jésus-Christ leur avait adjoint des compagnons comme
ministres inférieurs; et il était naturel que, dans les Aquitaines, l'estime
des peuples élevât saint Martial beaucoup au-dessus de ceux qui lui avaient été
associés pour seconder son zèle, et au nombre desquels se trouvait saint Ursin,
premier évêque de Bourges. Ce fut certainement ce motif qui fit donner à saint
Martial la qualité d'apôtre qui, en ce sens, lui était légitimement due. Mais,
comme dans la suite plusieurs Eglises attribuaient aussi à leurs fondateurs particuliers
le titre d'apôtre, les évêques d'Aquitaine se réunirent pour conserver à saint
Martial sa prééminence. Les raisons que l'on allégua, dans le concile tenu l'an
1031 à Limoges, attestent au moins la persuasion générale où l'on était qu'il
avait été du nombre des soixante-douze disciples. Aymon de Bourbon, archevêque
de Bourges, soutint qu'on ne devait qualifier d'apôtres que ceux qui avaient
reçu de Jésus-Christ lui-même le pouvoir de prêcher la foi; que saint Martial
était seul de ce nombre, au moins parmi les premiers propagateurs de l'Evangile
en Aquitaine; qu'à la vérité les disciples du Sauveur, c'est-à -dire ceux qui
crurent en lui, avaient été nombreux, mais que, parmi eux, Jésus-Christ n'en
avait choisi que soixante-douze, auxquels il avait donné le pouvoir de prêcher
dans l'univers, leur disant : «Allez, je vous envoie comme des agneaux
parmi les loups.» La prétention de l'archevêque de Bourges, en restreignant au
seul saint Martial l'honneur d'avoir été du nombre des soixante-douze
disciples, n'était pas fondée, s'il entendait parler
de tous les prédicateurs venus dans les Gaules au Ier siècle; mais sa
distinction se justifiait sous un autre rapport, puisque, sans aucun doute,
parmi les missionnaires venus en Gaule dans ce siècle, plusieurs n'étaient
point du nombre des soixante-douze disciples du Sauveur. Sur ce fondement qui,
à l'égard des prédicateurs arrivés en Aquitaine, avait une valeur réelle, le
concile de Limoges, conformément à une décision du Pape Jean XIX, déclara que
saint Martial avait reçu immédiatement de Jésus-Christ sa mission, et reconnut
qu'il pouvait être qualifié du titre d'apôtre (Mathieu
Richard Auguste Henrion, Histoire ecclésiastique depuis la création jusqu'au
pontificat de Pie IX, Tome 9, 1859 - books.google.fr). 1995 Les ostensions limousines sont une tradition religieuse
et populaire remontant à la fin du Xe siècle. Elles ont lieu dans vingt
communes comprenant Limoges et d'autres localités, dont quinze dans la
Haute-Vienne, mais aussi en Charente, en Creuse et dans la Vienne. Elles se
déroulent tous les sept ans, la dernière édition datant de 2016. La légende
fixe l’origine de cette fête religieuse à l’an 994, alors que le Limousin,
comme une grande partie de l’Aquitaine, se trouvait aux prises avec le mal des
ardents, ou ergotisme, épidémie qui se déclenche à la fin des moissons. Au
début du XIe siècle, le souvenir du miracle des Ardents, donne lieu à un récit,
élaboré au sein de l’abbaye Saint-Martial, et reproduit ensuite dans une
multitude de manuscrits. La pratique des ostensions est dans un premier temps
reprise ponctuellement, sans date fixe, lors de la venue à Limoges d’un
personnage important (saint Louis et Blanche de Castille en 1244, le pape
Clément V en 1307, Louis XI en 1462, Henri IV en 1605) ou en cas de grandes
catastrophes, guerres, épidémies. En 1518, l'usage s'établit de les rendre
septennales (ostensions régulières tous les sept ans). C'est à partir de l'an
1519, que le retour septennal des ostensions a eu lieu régulièrement. Elles
sont interrompues seulement en 1547 Ã cause de la peste puis durant la
Révolution en 1799. Elles reprennent en 1806 et depuis, cette périodicité
septennale s'est maintenue à travers crises politiques et bouleversements (fr.wikipedia.org -
Ostensions limousines). Les ostensions ont
lieu tous les sept ans et, en 1995, les soixante-neuvièmes se dérouleront dans
une quinzaine de paroisses de la Haute-Vienne de mars à début juillet. Les
reliques des saints limousins sont exposées dans les églises à la vénération
des fidèles. Des cortèges à la fois religieux et historiques portent
solennellement châsses et reliquaires, oeuvres d'art souvent très anciennes, au
long des rues pavoisées des cités ostensionnaires. A Limoges, les ostensions se
déroulent du 5 mars au 9 juillet, en l'honneur des trois grands saints de la
capitale limousine, saint Martial, saint Aurélien, saint Loup, et de sainte
Valérie, premier martyr de l'Eglise d'Aquitaine (L'Intermédiaire
des chercheurs et curieux, Numéros 519 à 529, 1995 - books.google.fr). A la veille des municipales de 1995, Limoges est comme un
gros village gaulois qui résiste au milieu de la Chiraquie. La vague
législative RPR a déjà submergé les départements limousins de la Creuse et de la
Corrèze en 1993. Collant à la gauche envers et contre tout, la Haute-Vienne et
sa capitale sont un «pôle de résistance et de démocratie», caricature le
secrétaire fédéral du Parti communiste français. Limoges est, en fait, une cité
qui «périclite et vieillit après quatre-vingts ans de socialisme», explique avec
un même sens de la nuance le responsable de la communication de la liste
Marsaud. Le 7 mai, Jacques Chirac s'y est encore fait battre face à Lionel
Jospin. Mais avec 48,5% des suffrages cette fois, soit neuf points de mieux que
son précédent score présidentiel de 1988. Deux mille petites voix de retard Ã
peine pour Jacques-le-RPR. Le sentiment que la droite tenait enfin le bon bout
a gagné l'équipe d'Alain Marsaud. Limoges, 136.000 habitants, reste pour l'heure comme une
grosse tache rouge au milieu de la France. La question de savoir si la ville,
ses trolleybus et ses municipalités socialistes successives, est «dynamique» ou
«périclite» passe un tantinet au-dessus du sac à dos de cette surveillante du
lycée Renoir qui rêve d'un TGV pour rentrer à Toulouse et de magasins ouverts
en ville entre midi et deux: «Ça, ce serait le changement!» Elle a voté Jospin
à la présidentielle, alors que beaucoup de lycéens, s'étonne-t-elle, «n'ont que
le nom de Chirac à la bouche». Mais les Gaulois socialistes de Limoges attendent
de pied ferme les légionnaires du centurion Marsaud (Gilbert
Laval, La campagne pour les municipales dans les grandes villes. Limoges, le
bastion rose dont rêve Marsaud, 1995 - www.liberation.fr, fr.wikipedia.org
- Elections municipales de 1995 à Limoges). C'est en 2014 que la droite ravira la mairie de Limoges à Alain Rodet, premier édile depuis 1990 (fr.wikipedia.org - Elections municipales à Limoges). |