L'Eglise cacatholique au sortir de la Seconde guerre mondiale

L'Eglise cacatholique au sortir de la Seconde guerre mondiale

 

VI, 36

 

1951-1952

 

Ne bien ne mal par bataille terrestre,

Ne paruiendra aux confins de Perouse,

Rebeller Pise, Florence voir mal estre,

Roy nuict blessé sur mulet à noire house.

 

"mulet" et mulets

 

Une représentation de Charles VIII, lors de l'expédition d'Italie, est issue de la Cronaca Napoletana rédigée en 1495 et conservée aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France. À la page quarante est figurée la première entrée du roi dans la capitale de son royaume le 22 février 1495. [...]

 

PrĂ©cĂ©dĂ© de hallebardiers quasiment deux fois plus grands que lui et suivi de deux cavaliers en bel Ă©quipage, Charles VIII apparaĂ®t bien singulier : hirsute, le front bas, le regard sombre, il monte un petit mulet aux naseaux Ă©tranges. Il est coiffĂ© d'un simple mortier noir et est vĂŞtu d'un vĂŞtement de chasse que complète la prĂ©sence d'un faucon sur son poing gauche comme celle, un peu plus loin, de deux chiens courants menĂ©s par un valet. La chronique ajoute qu'il porte Ă©galement de curieux Ă©perons de bois. S'il faut immĂ©diatement Ă©carter la malveillance d'artistes napolitains se plaisant Ă  ridiculiser leur vainqueur, il est facile de se laisser aveugler et de ne voir que le triste portrait d'un piètre roi. En rester lĂ  serait se tromper de perspective. Ce n'est pas l'historiographie traditionnelle qu'il faudrait se fĂ©liciter de reconnaĂ®tre, mais c'est le sens de cette image qui doit ĂŞtre retrouvĂ©. Outre le fait que cette entrĂ©e est «comparable Ă  la chevauchĂ©e des rois de Naples lors de leur investiture», tĂ©moignant ainsi d'une continuitĂ© qu'en dĂ©pit des pĂ©ripĂ©ties successorales des derniers mois, Charles VIII souhaite dĂ©montrer, le maĂ®tre de Naples offre Ă  ses nouveaux sujets l'image d'un roi pacifique et magnanime, celle d'un souverain oublieux de lui-mĂŞme pour, humblement, se montrer en roi-chasseur de Dieu selon l'idĂ©al du prince chrĂ©tien dont sa titulature proclame l'attachement. Davantage, cette entrĂ©e signifie la poursuite de la croisade. [...]

 

Guy Le Thiec a rappelĂ©, en effet, toute l'importance de ce rapace qui n'est pas le faucon ordinaire des chasses royales mais bien plus le signe d'une Ă©lection impĂ©riale. Cet autour blanc avait Ă©tĂ© offert Ă  Charles VIII en 1491 lorsqu'il sĂ©journait Ă  Tours par AndrĂ© PalĂ©ologue, despote de MorĂ©e et hĂ©ritier du trĂ´ne de Constantinople, qui avait vendu au roi français ses droits Ă  l'Empire. Il ne s'agit donc pas d'un conquĂ©rant brutal que la ville doit craindre mais de son lĂ©gitime seigneur qui, en plus de la justesse de ses droits patrimoniaux et dynastiques, peut se prĂ©valoir d'une motivation spirituelle transcendant les arguments mondains, Ă©quivalant par cette entrĂ©e l'humilitĂ© de l' adventus du Christ dans JĂ©rusalem, assis sur un ânon. C'est un roi, dans le mĂ©pris tĂ©moignĂ© volontairement Ă  son corps et dans l'humiliation qu'il impose Ă  la majestĂ© souveraine de sa fonction, s'offrant aux regards de ses sujets dans la figure d'un homme poursuivant ses vices et ses passions comme le chasseur ses proies pour ĂŞtre digne de sa vocation croisĂ©e et signifier la seule vĂ©ritable gloire. Il est le roi serviteur laĂŻc de Dieu, le ministre dĂ©vouĂ© des desseins providentiels, l'acteur d'une gouvernance dĂ©terminĂ©e d'abord par une eschatologie. Et c'est en tant que guerrier de Dieu qu'il doit conquĂ©rir les terres usurpĂ©es par les infidèles pour les remettre, avec sa couronne, au Christ comme l'imagine l'illustration d'un livre d'heures, l'Officium parvum Beatae Mariae virginis per annum, offert au roi par Ludovic Sforza en 1494. Cette politique du salut ne constitue pas seulement l'horizon d'attente de l'expĂ©-dition de Charles VIII: elle est Ă  sa source et l'accompagne durant son dĂ©roulement. Avant de quitter la France, Charles VIII fait ainsi interroger et exĂ©cuter un paysan considĂ©rĂ© comme le responsable d'un groupe d'hĂ©rĂ©tiques vaudois. C'est bien un roi, miles christi qui franchit le cours de la Gravière pour entrer en PiĂ©mont le 3 septembre 1494. C'est ce chasseur de Dieu qui, Ă©coutant la dĂ©ploration des malheurs de Dame ChrĂ©tientĂ© et suivant Bon Conseil, dĂ©cida de soutenir sa juste cause comme le met en scène la pièce allĂ©gorique ouvrant le Vergier d'honneur de l'entreprise et voyage de Naples. C'est enfin un guerrier de Dieu qui s'avance en Italie sous des Ă©tendards de soie blanche, brodĂ©s de l'Ă©cu de France et portant pour lĂ©gende Volutas Dei. Missus a Deo — «C'est la volontĂ© de Dieu. Voici l'envoyĂ© de Dieu» — et qui rĂ©pond Ă  la renovatio souhaitĂ©e du dominicain florentin. Le front bas et le regard sombre, soit, mais parce qu'humilitĂ© chrĂ©tienne et sens de la grandeur du voeu prononcĂ©; l'habit de chasse et les Ă©perons de bois, soit, mais parce que dĂ©votion, zèle et scrupule religieux; la mule, soit, mais parce que tradition royale napolitaine et imitatio christi. Dès lors, ce roi Ă©trange, au regard vague et au profil de rapace que nous montrent les portraits Ă©voquĂ©s plus haut sont bien davantage que le concentrĂ© des carences psychologiques, de l'immaturitĂ© et de l'inconsĂ©quence politiques d'un jeune homme fantasque que l'on a, Ă  loisir, voulu y reconnaĂ®tre. Ne constituent-ils pas prĂ©cisĂ©ment leur contraire ? Soit la haute conscience du roi des devoirs spirituels de sa charge et de la valeur sotĂ©riologique de la politique engagĂ©e; le signe d'une royautĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă  reconnaĂ®tre car fondĂ©e sur un jugement divin qui n'accorde rien d'assurĂ© ? Aussi peut-on comprendre autrement le sentiment d'Ă©trangetĂ© qui se dĂ©gage du portrait de Charles VIII en roi de Sicile et de JĂ©rusalem. Quand on voudrait y reconnaĂ®tre la distance infranchissable qui semble Ă©carter l'homme de sa charge tant leur nature et leur valeur diffèrent en apparence, n'est-ce pas alors la juste peinture de la royautĂ© qui ne peut ĂŞtre confondue avec les emblèmes — couronne, globe, Ă©pĂ©e, collier et manteau doublĂ© d'hermine — qui la manifestent ? Le regard du roi est vague et lointain, mais il n'est pas abusĂ©. S'il ne semble rien fixer et s'il semble se perdre, il donne Ă  voir, Ă  sa manière, l'infini de la divinitĂ© dont sa royautĂ© est le signe sur la terre et sous le regard de laquelle le roi est Ă  chaque instant placĂ©. C'est avec cet enjeu de la reconnaissance comme dynamique Ă  l'oeuvre dans les images de Charles VIII qu'il est possible d'apprendre Ă  voir le roi quand il s'est voulu reprĂ©sentĂ© dans une certaine distance vis-Ă -vis de sa propre royautĂ©.

 

Aussi le second exercice de regard que je propose est-il centrĂ© sur le moment paroxystique de l'expĂ©dition pĂ©ninsulaire, sur un Ă©pisode qui semble sanctionner l'aveu d'un Ă©chec, l'abandon des illusions et l'Ă©vanouissement de l'horizon mystique de la croisade : la retraite prĂ©cipitĂ©e de l'armĂ©e française que cherche Ă  bloquer, sur les bords du Taro, l'armĂ©e de la «Sainte-Ligue» levĂ©e par Venise. C'est au sud-est de Parme, près de Fornoue, le 6 juillet 1495, que se livre une bataille que l'imaginaire royal transforma en Ă©preuve de foi, faisant mĂŞme de la perte des bagages du roi — que d'aucuns pouvaient lĂ©gitimement appeler son butin — le tĂ©moignage d'un dĂ©pouillement nĂ©cessaire et d'une ascèse, le roi les abandonnant aux vices et Ă  la cupiditĂ© de ses ennemis (Yann Lignereux, Les rois imaginaires: Une histoire visuelle de la monarchie de Charles VIII Ă  Louis XIV, 2018 - www.google.fr/books/edition).

 

De retour d'Italie, en traversant Grenoble, rapidement, Charles VIII achète un mulet en prévision de la route de montagne qui le mènera à Notre-Dame d'Embrun. Puis il se fixe de nouveau à Lyon pour trois semaines. Il y reçoit une ambassade de Ludovic le More, avec lequel il renoue son alliance (Ivan Gobry, Charles VIII (1483-1498). Fils de Louis XI, Souverains et Souveraines de France, 2012 - www.google.fr/books/edition).

 

Sous porche de la cathédrale d'Embrun se trouvait la Vierge Noire, à qui Louis XI voua un culte tout particulier (Jean Marx, L'inquisition en Dauphiné: étude sur le développement et la répression de lh?érésie et de la sorcellerie du XIVe siécle au début du régne de Frano?is Ier, 1914 - www.google.fr/books/edition).

 

Antoine Mulet, licencié dans les deux droits, vi-bailly du Viennois et Valentinois; – lettres du roi Charles VIII, datées du bois de Vincennes, du 7 avril 1486 (office créé); - pourvu de l'office de président unique du Parlement d'Aix, par lettres du roi Louis XII, datées de la Mure, du 28 janvier 1503 (1502, style de France), tout en conservant sa première charge et sans être tenu à aucune résidence; on le retrouve, en effet, au Parlement de Grenoble, où il siége comme doyen ou plus ancien conseiller, les 20 mars, 27 juin et 6 novembre 1507 et 30 octobre 1509. Il était seigneur de la maison forte de Saint-Marcel, près du Touvet, et possédait une belle maison à Grenoble, dans la rue Bournolenc, aujourd'hui rue des Vieux-Jésuites (Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790: Isère, Volume 2, 1868 - www.google.fr/books/edition).

 

"bataille terrestre" : Fornoue

 

La bataille de Fornoue est un affrontement de la première guerre d'Italie qui eut lieu le 6 juillet 1495 à Fornoue, à 20 km au sud-ouest de Parme. Charles VIII fit preuve de bravoure et risqua par deux fois de se faire capturer ou blesser à la suite de confrontations directes avec l'ennemi. Les Français, ayant perdu leurs bagages, le trésor royal et deux drapeaux, en profitèrent et secrètement levèrent le camp pendant la nuit et prirent une certaine avance sur les coalisés. La «victoire» de Charles VIII est contestée car contrairement aux lois de la guerre de l'époque celui qui est à la tête d'une armée ne doit pas quitter le champ de bataille avant la fin de celle-ci, ce que Charles VIII fit pourtant (fr.wikipedia.org - Bataille de Fornoue).

 

"ne bien ne mal"

 

Quand Charles VIII rebroussa chemin, le pape s'enfuit jusqu'Ă  PĂ©rouse avec le SacrĂ©-Collège et les ambassadeurs. Au lendemain de Fornoue (juin 1495), il rentra dans sa mĂ©tropole et put contempler les ruines Ă©parses en Italie : les Sforza convaincus de haute trahison contre la PĂ©ninsule, Ă©branlĂ©s en Lombardie, les MĂ©dicis chassĂ©s de Florence, les Aragon dĂ©shonorĂ©s, obligĂ©s d'assiĂ©ger les citadelles de leur royaume, et la succession de cette dynastie espagnole visiblement ouverte au profit de l'Espagne. Rome seule et Venise restaient intactes (Histoire gĂ©nĂ©rale du IVe siècle Ă  nos jours, Tome 4, 1894 - www.google.fr/books/edition).

 

"blessé" : humilié

 

Louis IX, canonisé en 1297, toujours prêt à s'humilier devant les plus pauvres et les plus souffrants de ses sujets, toujours prêt aussi à se croiser pour la défense de l'Église. Ses bienfaits et ses miracles ont été relatés et colportés aussitôt après son décès, survenu en 1270, par ses confesseurs mendiants Geoffroy de Beaulieu et Guillaume de Saint-Pathus. [...]

 

Le roi fĂ©odal, qui se surimpose au roi traditionnel, est d'abord un chef de guerre, soucieux de bien se protĂ©ger : «Les princes, en effet, font garder avec soin les portes de leur palais.» Quand vient l'heure de la bataille, il paie de sa personne et galvanise les Ă©nergies : «Ainsi font les soldats : quand ils voient l'Ă©tendard du roi, ils reprennent courage et ils n'osent pas fuir, surtout quand le roi participe au combat et quand il s'agit d'une juste guerre. Sa guerre est juste parce qu'il combat pour nos âmes. Notre roi se tient blessĂ© au combat, pour que le chrĂ©tien combatte virilement et, s'il lui arrive d'ĂŞtre blessĂ©, pour qu'il regarde les blessures du Christ et en retire la guĂ©rison.» (HervĂ© Martin, PĂ©rĂ©grin d’Opole: Un prĂ©dicateur dominicain Ă  l'apogĂ©e de la chrĂ©tientĂ© mĂ©diĂ©vale, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

Vous vous rappelez que saint François d'Assise s'est nourri de la contemplation de la croix, que saint François est devenu une croix vivante, qu'il a été blessé des blessures du Christ et que ces blessures étaient le dernier terme de sa contemplation (Maurice Zundel, Avec Dieu dans le quotidien: retraite à des religieuses, 1991 - www.google.fr/books/edition).

 

"noire house"

 

Houseau, anciennement housel, est un diminutif de l'ancien français house (botte) qui vient du latin du moyen âge hosa (botte); ce mot est d'origine germanique et répond à l'ancien haut allemand hosa (chausse) (Auguste Brachet, Dictionnaire étymologique de la langue française, 1868 - www.google.fr/books/edition).

 

Les houseaux : au Moyen-Âge, pour chevaucher, les cavaliers enfilaient par-dessus leurs chausses de laine, une seconde paire de chausses en cuir. Ce sont les houseaux, que l'on peut rapprocher de nos bottes modernes. Les houseaux sont confectionnés dans des cuirs de vache, mouton, veau et même chèvre. Deux types de houseaux sont alors en usage, ceux fait d'une pièce et ceux dont les deux pièces (jambes gauche et droite) sont cousues. Le houseau d'une pièce est large sur le bas du pied. Il est attaché grâce à une ou plusieurs boucles et fait des pieds «pointus». Les houseaux se portent parfois «ravalés», la partie supérieure est alors enroulée au-dessus du genou (Patrick Rossi, La danse macabre de La Chaise-Dieu, abbatiale Saint-Robert: étude iconographique d'une fresque du XVe siècle, 2006 - www.google.fr/books/edition).

 

Les houseaux se trouvaient être, à l'époque de Jeanne d'Arc, la seule chaussure correspondant aux bottes de nos cavaliers. Les témoignages de Catherine Le Royer, de Jean de Metz et de Bertrand de Poulengy s'accordent avec l'acte d'accusation et la chronique attribuée à Cousinot pour mentionner les houseaux dans l'équipement fourni à notre héroïne lors de son départ de Vaucouleurs. [...] C'est qu'en effet les houseaux, étant munis de pieds comme le sont nos bottes, leur usage excluait celui des souliers. Il y eut cependant à la fin du quinzième siècle, de gros houseaux assez larges pour qu'on put y introduire les pieds chaussés de petits souliers de cordouan, à minces semelles souples, appelés brodequins : (1488) "Pour une paire de brodequins de cordouen noir (pour le roi Charles VIII ) pour servir à mectre dedans les bottes et houseaulx , 25 s. l.".

 

Mais cela ne prouve pas, bien au contraire, que ces houseaux aient été privés de pieds. Quelques auteurs modernes, se fiant au sens actuel du mot houseau, ont cru que la chaussure désignée par ce terme au moyen âge n'était, comme aujourd'hui qu'une sorte de guêtre. Siméon Luce, le commandant Champion, Anatole France donnent gratuitement à la Pucelle partant pour Chinon des souliers qui ne se trouvent nulle part mentionnés par les contemporains dans son équipement de Vaucouleurs, et ils imaginent d'accompagner ces souliers de guêtres qu'ils appellent improprement des houseaux. L'étude attentive des textes, ainsi que l'examen minutieux des anciens monuments représentant des personnages chaussés de houseaux, ne permet pas d'admettre l'assertion de ces écrivains. La Règle du Temple nous apprend que lorsqu'un frère templier abandonnait la Maison, il ne pouvait emporter à la fois ses souliers et ses houseaux, mais seulement l'une ou l'autre de ces deux sortes de chaussures. Si donc les houseaux eussent été de simples guêtres, le templier qui aurait préféré ceux-ci aux souliers eût été contraint de s'en aller nu-pieds. En 1378, on réfectionne les avants-pieds des houseaux des trois varl?s des chevaulx de Mgr le duc de Bourgogne. Il semble par là qu'il en était des houseaux comme des chausses à mouffles, ou les avant-pieds s'usaient plus vite que le reste de la chaussure. Un ressemelage de houseaux se retrouve dans les différents exemplaires du Décameron, exécutés de 1430 à 1500, d'après la traduction française faite en 1414 par Laurent de Premierfait. Il est évident que si les houseaux se ressemelaient, c'est qu'ils avaient des pieds. Vers 1460, Villon, dans son Grand Testament, cite l'empeigne et la semelle de ses heuses de basanne (Adrien Harmand, Jeanne d'Arc, ses costumes, son armure: Essai de reconstitution, 1929 - www.google.fr/books/edition).

 

Soit c'est le mulet qui porte une hous(s)e noire, soit on peut voir Charles VIII avec des brodequins noirs dans ses houseaux.

 

Pise

 

Francesco Guicciardini, dans un de ses premiers Ă©crits (ses Storie florentine, «histoires florentines», Ă©crites en 1508 et destinĂ©es Ă  rester dans le secret des archives familiales), dĂ©crit ainsi la «descente» du jeune roi de France, Charles VIII, qui ouvre les guerres d'Italie en passant le col du Mongenèvre, le 2 septembre 1494 : «Avec le roi Charles Ă©tait entrĂ©e en Italie une flamme, une peste, qui non seulement changea les Ă©tats mais les façons de les gouverner et les façons de faire la guerre.» Ă€ commencer par Florence. La «descente» de Charles VIII provoque au passage la rĂ©volte de Pise contre Florence, puis un changement de rĂ©gime dans la RĂ©publique florentine. Les MĂ©dicis sont chassĂ©s de la citĂ© et une nouvelle rĂ©publique, fondĂ©e sur un Grand Conseil de 3000 membres, est instaurĂ©e. Les nouvelles institutions florentines sont inspirĂ©es largement par les sermons de Savonarole, le prĂ©dicateur dominicain qui aspire Ă  rĂ©former la citĂ© pour mieux Ă©tendre ensuite cette rĂ©forme Ă  l'ensemble de la chrĂ©tientĂ©. Guicciardini, alors jeune avocat, qui n'a pas encore engagĂ© la brillante carrière politique qui sera la sienne, saisit ici d'emblĂ©e que rien ne peut plus ĂŞtre comme avant, dès lors que les nouvelles guerres modifient territoires et formes des conflits, des États et des rĂ©gimes en place. Un nouveau noeud entrelace indissolublement trois questions : le territoire, le gouvernement et la guerre. La guerre ne se limite pas Ă  la prise de quelques forteresses et Ă  de menus dĂ©placements de frontières, au fil de campagnes courtes oĂą l'on ne combat que quelques semaines, au printemps ou en automne. Les campagnes durent toute l'annĂ©e, y compris en hiver et en plein Ă©tĂ©. La guerre touche le coeur de l'État et peut faire s'Ă©crouler un rĂ©gime solidement installĂ© : les Florentins, en novembre 1494, puis les Napolitains, en fĂ©vrier 1495, en font l'expĂ©rience. Entre 1494 et 1530, l'Italie est ainsi parcourue par les armĂ©es des «barbares» d'outre-monts, qu'ils soient espagnols, suisses, français ou allemands, sans mĂŞme parler de la menace turque qui continue Ă  peser notamment sur les cĂ´tes mĂ©ridionales de la pĂ©ninsule et sur les frontières orientales de la rĂ©publique de Venise. Dans la tourmente, des États sont pris et repris, comme le duchĂ© de Milan, tour Ă  tour contrĂ´lĂ© par les Français, par les Suisses ou par ses propres ducs (les Sforza), avant de devenir en 1536 une possession directe de la couronne espagnole; certains disparaissent vite, comme le royaume de Naples, qui passe sous le contrĂ´le de l'Espagne dès 1503. D'autres petits Ă©tats italiens passent peu ou prou sous l'influence de puissances Ă©trangères. Et, Ă  la fin, la pax hispanica s'impose Ă  la pĂ©ninsule. Mais Machiavel ne connaĂ®tra que les prĂ©mices de cette «pacification» uniforme sous domination ibĂ©rique, puisque le processus des guerres d'Italie, dans un premier temps, conduit la France et l'Espagne Ă  se partager les zones d'influence (en gros, pendant trente ans, les Français au nord - en Lombardie, au PiĂ©mont, en Ligurie, Ă  Ferrare - et les Espagnols au sud - Ă  Naples et en Sicile). Une telle situation prĂ©vaut jusqu'Ă  la bataille de Pavie, en fĂ©vrier 1525, une des plus grandes catastrophes de son histoire militaire pour le royaume de France, et jusqu'au sac de Rome, le 6 mai 1527 - bref, pendant toute l'existence de Machiavel, qui meurt le 21 juin 1527 (Jean-Louis Fournel, Machiavel: Une vie en guerres, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

La révolte de Pise était la plaie profonde, inguérissable, qu'avait laissée au flanc de Florence l'expédition de Charles VIII en Italie. Supérieure comme elle l'était en puissance et en richesse, Florence eût soumis Pise bientôt, si elle n'avait eu affaire à la jalousie des autres États italiens; mais pour lui faire pièce, ceux-ci secouraient la rebelle sous main et l'empêchaient elle-même de prendre à sa solde les plus renommés condottieri. Venise surtout, en sa qualité de république aristocratique, s'était distinguée d'abord contre Florence par la rivalité la plus ardente et la plus mesquine (Jules Zeller, Italie et renaissance: politique, lettres, arts, Tome 2, 1883 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostriche : NNR R

 

NNR : Nostrorum; R : regum (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A. Capelli - www.arretetonchar.fr, Adhelm Bernier, Procès-verbaux des séances du conseil de régence du roi Charles VIII: pendant les mois d'août 1484 à janvier 1485, 1835 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 1952 sur la date pivot 1495 donne 1038.

 

L'empereur Conrad II, mort en 1039, termina son règne par une seconde expédition en Italie en 1038.

 

Du côté de l'Allemagne, l'appel des princes de l'Italie du Sud fut entendu, et Conrad II arriva au printemps de 1038, après avoir fait annoncer sa venue à Guaimar et à Pandolf. Il ordonna à ce dernier de restituer au Mont-Cassin les biens usurpés, et de relâcher tous ceux qu'il détenait injustement en prison. La situation de Pandolf était délicate, car il n'avait aucun allié. Le prince de Capoue envoya sa femme et son fils à Conrad pour lui demander la paix; il offrait trois cents livres d'or payables par moitié et proposait de laisser à l'empereur son fils et sa fille en otage (Ferdinand Chalandon, Historie de la domination normande en Italie et en Sicile, Tome 1, 1960 - www.google.fr/books/edition).

 

Lutte contre le communisme

 

La seconde guerre mondiale n'aura fait ni bien ni mal Ă  l'Eglise cacatholique.

 

Il est ainsi révélateur que, lorsque le choix est donné aux contribuables italiens de savoir à qui ils attribuent un certain quota de leur impôt, beaucoup, alors même qu'ils n'ont pratiquement plus de liens avec l'Église catholique, préfèrent le destiner à celle-ci plutôt qu'aux services sociaux étatiques. Cette situation dans laquelle l'Église catholique maintient son crédit n'est pas neuve puisque, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Église avait de la même manière été épargnée par le discrédit du fascime (Religions et laïcité dans l'Europe des Douze, 1994 - www.google.fr/books/edition).

 

La direction de l'Église catholique voyait dans la Seconde Guerre mondiale un intermède dans la lutte de plus grande ampleur qu'elle menait contre «le communisme athée». Pour soutenir ce combat, le Vatican noua des alliances avec certains mouvements politiques européens conservateurs et versés dans le fascisme clérical. Pour lui, le national-socialisme était un moindre mal (Gerald Steinacher, Les nazis en fuite, Synthèses Historiques, traduit par Simon Duran, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

France - Italie

 

Schuman fit la connaissance d'Alcide De Gasperi lors du voyage Ă  Paris de ce dernier en novembre 1948 et noua des relations de confiance avec le comte Carlo Sforza, ministre italien des Affaires Ă©trangères jusqu'en 1951. Ces deux hommes qui avaient luttĂ© contre le fascisme s'efforçaient de rĂ©intĂ©grer l'Italie dans la famille des pays dĂ©mocratiques et cherchaient un rapprochement durable avec la France. Ă€ peine Ă©tait-il entrĂ© en fonctions que Schuman recevait une très belle lettre de Sforza, qui soumettait au nouveau ministre «les idĂ©es de la RĂ©publique italienne sur la question qui vous est Ă©galement Ă  coeur, l'Union europĂ©enne [...]. Je suis sĂ»r que vous pensez comme moi et que, si Briand Ă©choua en son temps, c'est parce que il vit trop grand : le toit en mĂŞme temps que les fondations [...]. Il faut faire; il ne faut pas se donner l'air de faire. Il faut commencer par le commencement» (28 aoĂ»t 1948). Le 20 dĂ©cembre 1948, Schuman se rendit Ă  Cannes pour un long entretien privĂ© avec Sforza, au cours duquel il posa les jalons de l'apaisement des relations entre les deux pays; cette rencontre aboutit Ă  la signature du traitĂ© franco-italien du 26 mars 1949, qui liquidait entre les deux pays le contentieux issu de la Seconde Guerre mondiale. L'Italie redressait sa position internationale; elle entrait dans l'Alliance atlantique, ainsi qu'au Conseil de l'Europe; elle devenait un État fondateur de la CECA. Schuman soutint toujours l'Italie de Sforza et de De Gasperi. Ă€ ce propos, il Ă©crivait Ă  son ami Jules Fohl : «J'ai grande confiance en M. De Gasperi, qui a les pieds sur terre et qui pourrait ĂŞtre de "chez nous".» Schuman faisait allusion Ă  l'Ă©ducation germanique de cet Italien du Trentin qui, avant 1914, avait siĂ©gĂ© au Parlement de Vienne (François Roth, Robert Schuman, 2008 - www.google.fr/books/edition).

 

La CECA (Communauté européenne de charbon et de l'acier) est ainsi créée par le traité de Paris signé le 18 avril 1951; elle réunit non seulement la France et la RFA, mais aussi l'Italie et le Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) (Laurent Bonnet, Objectif CRPE : Epreuves d'admission Histoire 2014 2015 - Histoire des arts - Enseignement moral, 2014 - www.google.fr/books/edition).

 

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