Le mensonge d'Ulysse VI, 33 1949-1950 Sa main derniere par Alus sanguinaire, Ne se pourra par la mer guarentir : Entre deux fleuves craindre main militaire, Le noir l'ireux le fera repentir. "sanguinaire" Où le sang a coulé; où l'on a fait répandre le sang. Cauchemar, lutte, règne sanguinaire; assassinats, combats, massacres sanguinaires (www.cnrtl.fr). Pas forcément une personne. Alus ? Que est Alus ? Ço est levains; Il en est [e] malvais e vains Ki les cuers enfle par orgueil, Ço n'est pas cil dunt parler vueil; Cist ne fait pas enorgueillir, Ainz fait le cuer tot esbulir De bon amor, de desirrier, De buenes ovres comencier (Délivrance du peuple d'Israël, ms. du Mans 173, fo 9 r°) (Walter Eickhoff, La délivrance du peuple d'Israël, 1970
- books.google.fr). On trouve un "fermentum sanguinarium" dans une réponse de Bartholus Pacenius au livre du roi Jacques Ier An Apologie for the Oath of Allegiance, 1608. Il est à remarquer que si l'œuvre de Lessius fut la seule de quelque importance écrite aux Pays-Bas Catholiques contre le livre de Jacques Ier, elle ne fut cependant pas l'unique ni même la première
en date. Déjà en 1609 parut à Mons, de la main d'un certain BARTHOLUS PACENIUS nous n'avons pu l'identifier un petit opuscule intitulé : Exetasis epistolae, nomine Regis Magnae Brittaniae ad omnes christianos
monarchos, principes et ordines scriptae, quae, praefationis monitoriae loco, ipsius apologiae pro juramento fidelitatis praefixa est, eisdem monarchis, principibus et ordinibus dedicato.
Il est étrange que l'auteur, tout comme Lessius dans son de Antichristo, mette la paternité de Jacques Ier pour ses deux écrits, en doute. Pacenius ne connaît pas non plus l'œuvre de Tortus (Bellarmin)
si ce n'est par la réponse même de Jacques Ier. Il ignore également que c'est Bellarmin qui se cache sous ce pseudonyme : le roi écrit-il a voulu par Tortus atteindre la doctrine de Bellarmin lui-même (Belgisch tijdschrift voor philologie en geschiedenis, 1926
- books.google.fr). La «comédie des humeurs» (cf. "sanguinaire" et "noir ireux" (bile noire colérique)) si chère à Aristophane, a été introduite pare Ben Jonson et George Chapman dans le théâtre anglais.
Opposée à la comédie romanesque de Shakespeare, elle met en scène les humeurs sont les quatre fluides de la vieille physiologie (sang, phlegme, bile et atrabile).
Lorsque l'équilibre est rompu, l'individu devient bizarre, baroque, pour tout dire il cultive quelque folie. Ainsi se développent les manies, les passions, les obsessions, et les porteurs de
ces germes se muent en personnages de comédie. Mais cette comédie est grinçante (Dictionnaire des Littératures de langue anglaise : Les Dictionnaires d'Universalis, 2015
- books.google.fr). L'activité théâtrale de la Renaissance anglaise, dense sous le règne d'Elisabeth, puis de Jacques Ier et Charles Ier, s'interrompt à la fin des années 1630 (Hervé Bismuth, Histoire du théâtre européen de l'antiquité au XIXe siècle, Tome 1, 2005
- books.google.fr). In Scotland, Invernahavon, is where the two rivers unite, was the scene of a great battle fought in the reign of James I, between clans of Macintosh and Cameron, and just
before between Macpherson and Davidson (John Murray, Handbook for Travellers in Scotland, 1868
- books.google.fr). "Alus" : Halys ("Alus" en grec) Strabon insiste encore pour démontrer la participation des peuples d'au delà de l'Halys, à la guerre de Troie : «Mæandrius, dit-il, déclare en termes exprès qu'une armée
d'Hénètes partis de chez les Leucosyri s'était portée au secours de Troie, et que la même armée, quittant ensuite cette ville, avait mis à la voile avec le contingent des auxiliaires Thraces pour aller chercher
un refuge jusqu'au fond de l'Adriatique, tandis que le reste des Enètes qui n'avaient pas pris part à l'expédition étaient devenus Cappadociens (Strabon, Géographie, Tome 2, traduit par Amédée Tardieu, 1873
- books.google.fr). Alus : alĂ´sis ? Quel enfant, qui ait ouĂŻ parler de la ruine de Troie, ne sait pas qu'elle s'appelle "alĂ´sis" de la racine "alisko", qui a la mĂŞme vertu,
et que ce terme "alôsis" signifie excidium, la destruction, la ruine, la perte totale, comme "analôsei" de saint Paul signifie détruira, perdra, abolira tout à fait ?
(Avertissement aux protestans sur l'Apocalypse) (Jacques Bénigne Bossuet, Oeuvres complètes, 1875
- books.google.fr). AlĂ´, or Alisko, is rendered in Latin by Capio (Henry Welsford, Mithridates Minor, Or, An Essay on Language, 1848
- books.google.fr,
Alexander James M. Bell, Second Greek reader, selections from Herodotus and Xenophon, 1879
- books.google.fr). Les grecs ne firent pas de quartiers. Troie fut mise Ă feu et Ă sang. Rien ne semble avoir retenu leur folie sanguinaire.
Incendies, pillages, saccages, meurtres et viols. Rien ne manque au tableau de l'horreur (Benjamin Orcajada, Échos des voix antiques, 2019
- books.google.fr). "main dernière" : manus ultima "mettre la dernière main" : achever. La destruction de Troie achève la guerre qui dura 10 ans. Quæ postquam ad Graios, domino comitante, revexit; Imposita est sero tandem manus ultima bello. Troja simul Priamusque cadunt (Livre XIII, Hécube) (Les métamorphoses d'Ovide, Tome 4, 1806
- books.google.fr). Quand il les eut ramenées au milieu des Grecs avec leur possesseur, on mit enfin la dernière main à cette longue guerre. Troie et Priam tombent en même temps (Ovide, Les métamorphoses: XI-XV, traduit par Georges Lafaye, 1972
- books.google.fr). La prise de Troie est permise par la ruse d'Ulysse qui imagine le cheval de Troie. "entre deux fleuves" Les combats de la guerre de Troie sont livrés entre les deux fleuves du Scamandre et du Simoïs (L'Iliade d'Homère, Tome 2, 1868
- books.google.fr). La Troade tire sort nom de la ville de Troie, dont le site était occupé à l'époque hellénistique et romaine par la ville d'Ilion, qui en revendiquait
explicitement l'héritage. L'extension de la Troade et les liens entre Troie et Ilion faisaient l'objet de débats passionnés chez les géographes de l'Antiquité
(cf Strabon, XIII, 1, 3-9 et 24-27). Le Scamandre est, avec son affluent le Simoïs, qui n'est pas mentionné dans le De fluviis, l'un des deux fleuves associés à la
plaine de Troie. Connu aujourd'hui sous le nom de Kara Menderes («Méandre noir»), il prend sa source dans le massif voisin de l'Ida (mod. Kazdae) et se jette
dans l'Hellespont devant la pointe méridionale de la Chersonnèse de Thrace (cf. Strabon, XIII, 43, qui donne une description précise et documentée, en s'appuyant
en particulier sur Démétrios de Skepsis). Au chant XXI de l'Iliade (vers 299-382), il affronte, à la fois comme fleuve et comme dieu, Achille qu'assiste Héphaïstos
en un combat célèbre (Pseudo-Plutarque, Nommer le monde: Origine des noms de fleuves, de montagnes et de ce qui s'y trouve, 2011
- books.google.fr). "la mer garantir" À l'ouverture des Troyennes d'Euripide, Athéna, irritée contre les Grecs après qu'ils ont violé son temple à Troie, dit à Poseidon : "Les Troyens, hier mes ennemis,
je veux les emplir de joie et infliger à l'armée des Achéens un retour qui leur soit amer" ce qui surprend l'Ébranleur du sol, qui se demande pourquoi
elle saute brusquement d'un excès de haine à un excès d'amitié (Amis et ennemis en Grèce ancienne, 2011
- books.google.fr). Un Grec a mis une journée pour rentrer en Grèce. Il s'appelle Nestor. En grec, le retour se dit nostos, et Nestôr signifie «le spécialiste du retour», celui qui sait revenir.
Il a aussi un bon esprit, parce qu'en grec l'esprit se dit noos. Il a l'esprit qui lui permet de revenir. [...] Nestor, qui n'était pas idiot, a décidé de partir directement et il a franchi la mer en un jour. Le
retour des autres Grecs est catastrophique. Agamemnon se fait tuer par sa femme qui avait pris un amant. Presque tous sont morts dans des tempĂŞtes (Pierre Judet de la Combe, Etre Achille ou Ulysse ?, 2023
- books.google.fr). Poséidon poursuit Ulysse de sa haine pour avoir osé aveugler un de ses fils, le Cyclope Polyphème, et le fait errer sur la mer pendant 10 ans (Sonia Darthou, Les dieux de l'Olympe, Les mythes dans la cité, 2012
- books.google.fr). "noir l'ireux" Dans le chant VIII de l'Enfer de Dante, Virgile et le pèlerin se trouvent dans le cinquième cercle de l’enfer parmi les coléreux. En traversant la rivière dans un bateau conduit par Phlegyas, Argenti tente furieusement de monter dans la barque. Virgile le repousse et la dernière image d’Argenti se tournant «contre soi, à coups de dents» (trad. Risset, 85). Argenti était un contemporain de Dante le poète, mais il faisait partie des Guelphes noirs qui étaient ennemis de la faction des Guelphes blancs de la famille Alighieri. Il était connu pour son arrogance et sa colère. Plutôt qu’un simple observateur, face à Filippo Argenti le protagoniste s’exprime avec une colère telle qu’il semble lui-même impliqué. D’un coté, la colère du pèlerin se justifie par le principe de bona ira (indignation juste) décrit par saint Thomas d’Aquin, une colère qui sert à reconnaître et à condamner le mal. Par contre, vu la proximité historique entre le poète et Filippo Argenti, son protagoniste risque de s’engager dans la même ire du condamné qui essaie de monter dans le bateau. Le poète avait sûrement l’intention de laisser la question ambiguë. Il est clair que dans la traversée du Styx, le poète indique que l’équilibre entre la
bona ira et la mala ira présente une difficulté poétique ainsi que pour le pèlerin une difficulté morale et spirituelle.
Le cas d’Argenti prépare l’épisode de L’Enfer XXVI quand le protagoniste rencontre Ulysse. Si ce premier s’est présenté lors d’un passage fluvial, Ulysse
représente l’exemple du voyageur de haute mer. Un épisode clé de L’Enfer met le protagoniste en scène avec le grec légendaire qui meurt dans un naufrage, ce qui n’est pas conforme à l’histoire
telle qu’elle a été écrite par Homère (Leigh N. Smith, Traverser la mer, descendre l’enfer : la navigation dans L’Enfer de Dante In : Mondes marins du Moyen Âge, 2006
- books.openedition.org). Dante ne pouvait le savoir, faute d'avoir pu lire le texte d'Homère; instinctivement, il projette sur son Ulysse ses propres désirs et regrets. Donc, l'identification Dante-Ulysse se situe à de nombreux niveaux, très différents les uns des autres, qui, une fois replacés dans un tout global, peuvent être tout à fait signifiants. C'est une véritable odyssée que le voyage de Dante : comme Ulysse (puis Enée), il descend chez les morts, comme Ulysse il rencontre des monstres, se trouve exposé à des dangers (notamment dans l'Enfer; il arrive en effet que Virgile soit quelque peu embarrassé), assiste à des spectacles terrifiants. Et de même qu'Ulysse était protégé par Athéna, Dante est protégé par Virgile. Dante-personnage et l'Ulysse dantesque ont suivi un itinéraire comparable en divers points. De même que Dante passera de l'Enfer au Purgatoire par une route interdite aux vivants, de même Ulysse (dont Dante n'ignorait sans doute pas le voyage aux Enfers) emprunte l'océan interdit et vogue vers la montagne du Purgatoire. La différence est que Dante arrivera à bon port, à l'aide de la grâce divine, qui le protège et lui permet de franchir les obstacles. Ulysse n'avait pour lui que son intelligence, insuffisante pour une telle entreprise. Aussi est-il arrêté, au dernier moment, par Dieu lui-même. Mais le parallélisme des deux odyssées peut également être effectué sur la période qui a précédé la descente de Dante aux Enfers. De même qu'Ulysse a vagabondé sur les mers, poussé par le désir de connaissance, puis est allé trop loin, violant les bornes placées par les dieux, et a été châtié, de même Dante, à la mort de Béatrice, s'est jeté dans les études (et la luxure) par désir de connaissance, et a voulu aller trop loin, trop savoir. Tous deux ont eu la possibilité de se ressaisir : Ulysse n'a pas été châtié dès le franchissement des colonnes, Dieu l'a laissé naviguer cinq mois, et sans doute l'aurait-il laissé davantage s'il n'était pas allé précisément à l'endroit interdit, la montagne brune. Dieu laisse aux pécheurs le temps de se repentir et de retrouver la "diritta via". Même chose pour Dante qui, longtemps, est demeuré égaré dans la "selva oscura" du péché. L'un et l'autre ont vogué vers la damnation ; Virgile dit clairement, au chant II de l'Enfer, que, sans l'intervention de la Vierge et de Béatrice, Dante était damné, destiné à rejoindre, après la mort, la terrible demeure de la "perduta gente". Ulysse s'est "perduto" : certes, son "folle volo" ne l'a pas damné - de toute façon, il devait être damné pour ruse - mais il a hâté sa mort. Et de même que Dante
se repent de ses erreurs et les reconnaît, de même Ulysse se repent, bien qu'il le fasse avec moins d'ostentation : il n'y a pas d'orgueil dans son récit, pas de bravade,
il raconte les faits, simplement, avec noblesse, tout en admettant que ce voyage fut un "folle volo"; ce seul adjectif suffit Ă placer le personnage sous le signe de
l'échec et de la reconnaissance d'une excessive témérité (Brigitte urbani, Le chant XXVI de l’Enfer. Histoire des interprétations du chant d’Ulysse, Cahiers d'études romanes, Numéros 14-16, 1989
- books.google.fr). Il est difficile de résister à l’appel d’Ulysse. Ce qu’il dit n’est pas discutable. Les hommes ne sont pas faits pour «viver come bruti, ma per seguir virtute e canoscenza». Mais dans le cas d’Ulysse la question reste : jusqu’à quel point ? Jusqu’à quel point Dante, dans son voyage par le «mondo sanza gente», s’engage-t-il dans les risques qui ont condamné les pécheurs à l’enfer ? Ni Dante ni Virgile ne font le moindre commentaire au sujet du témoignage d’Ulysse, et le chant se termine avec son discours homérique. Ulysse joue un rôle symbolique intégral dans la Commedia, tel que son personnage est cité dans Purgatoire XIX dans un rêve de Dante où la sirène lui rappelle le chemin du marin et aussi dans Paradis XXVII. Dans ce dernier, Dante aperçoit le «varco folle d’Ulisse» (82-83) (tracé ou parcours fou d’Ulysse), en faisant référence à la fois au sens du voyage marin et au folle volo (vol fou) qu’il décrit dans L’Enfer XXVI. Dans la réaction contre Filippo Argenti, le pèlerin se met dans une colère telle qu’il risque de se rendre coupable du même péché que les condamnés. Le silence
vis-à -vis d’Ulysse indique une tentation envers l’aventure entamée par le marin grec. Grand voyageur, le héros homérique symbolise en partie l’appel à la haute mer
et à la découverte des merveilles que cela représente. Malgré ces merveilles, que Dante affirme dans le dernier chant du Paradis, la haute mer symbolise également
la mort. Pendant la traversée fluviale, il s’approche du péché d’une façon engagée, mais face à l’aventure en haute mer, il n’a pas de réponse à l’appel de l’aventure.
Dans les deux cas, Dante cède la place aux condamnés, mettant en évidence la force de cet appel marin et le danger inhérent (Leigh N. Smith, Traverser la mer, descendre l’enfer : la navigation dans L’Enfer de Dante In : Mondes marins du Moyen Âge, 2006
- books.openedition.org). Acrostiche : SNEL Inel, pour isnel, signifie rapide, vif (ancien allemand : snel ; allemand moderne : schnell) (Théodore Froment, Essai sur l'histoire de l'éloquence judiciaire en France avant le dix-septième siècle, 1874
- books.google.fr). Repensons au vers «Des palais romains le front audacieux» qui pour deux syllabes de plus sera un alexandrin des Regrets, dans le sonnet fameux «Heureux qui comme Ulysse» : Plus me plaist le sejour qu'ont basty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux. Mais au fond c'est peut-être également en un sens platonicien qu'il faut parler ici de la traduction comme expérience de l'étranger et pratique poétique de l'exotisme ?
Dans une instance permanente de l'altérité et de la menace de l'identité donc de l'être ? Sous le point de vue d'un exil permanent de l'hier dans l'aujourd'hui, du là -bas
dans l'ici ? Peut-être, car si le le décasyllabe hugolien déjà sous Du Bellay s'entendait, n'est-ce pas aussi l'esthétique mélancolique et symboliste du suranné baudelairien,
que depuis longtemps Mallarmé, grâce à Jean-Pierre Richard, nous a fait percevoir ? N'est-ce pas cette fragile et émouvante solution des mots obsolètes qu'inventaient
ces vocables radicalement et délibérément étranges, tels endementiers, isnel, carrolant ? Le virulent inventeur de la moderne poésie française, le pourfendeur du Moyen-Age -
comme quelquefois le grand Ronsard qui pour ses Muses aimait le verbe caroller - pour incanter les légendes princières a fait survivre ces vieux mots.
Mots aussi mémorables que Didon et Enée dont l'histoire pourtant hante la mémoire des mythes et n'en revient jamais tout à fait (L'exotisme dans la poésie épique française, 2003
- books.google.fr,
M. Marty-Lavaux, La Pléiade Françoise avec notices biographiques et notes, appendice, Tome 1, 1896
- books.google.fr). Accommode donc tel nom propre de quelque langue que ce soit à l'usage de ta [langue] vulgaire, en suivant les Latins qui ont dit Hercule pour Héraklès, Theseus
pour Thèséus. Dis donc Hercule, Thésée, Achille, Ulysse, Virgile, Cicéron, Horace... Tu dois pourtant user en cela de jugement et de discernement car il y a beaucoup
de noms propres qui ne se peuvent adapter en français, les uns monosyllabiques comme Mars, les autres dissyllabiques comme Vénus, d'autres encore de plusieurs syllabes
comme Jupiter (afin d'éviter Jove), et d'autres en nombre infini dont je ne saurais te donner la règle. Par je renvoye tout au jugement de ton oreille. Quand au reste,
use de motz purement Francoys, non toutesfois trop communs, non point aussi trop inusitez, si tu ne voulois quelquefois usurper, & quasi comme enchasser ainsi qu'une
Pierre precieuse, & rare, quelques motz antiques en ton Poëme, à l'exemple de Virgile, qui a usé de ce mot O11i, pour Illi, Aulaï pour Aulae, & autres. Pour ce faire te
faudroit voir tous ces vieux Romans, & Poëtes Francoys, où tu trouverras un Ajourner, pour faire Jour (que les Praticiens se sont fait propre), Anuyter pour faire Nuytt,
Assener, pour frapper, ou on visoit, & proprement d'un coup de Main, Isnel pour Leger, & mil autres bons motz, que nous avons perduz par notre negligence. Ne doute point
que le moderé usaige de telz vocables ne donne grande majesté tant au Vers, comme à la Prose : ainsi que font les Reliques des Sainctz aux Croix, & autres sacrez Joyaux
dediez aux Temples. De la Rythme, & des Vers sans Rythme (Joachim Du Bellay, La Deffence et illustration de la langue françoyse, 2010
- books.google.fr). Au chant XI de l'Iliade, Ulysse tue Socos et dit : «O Socos, fils d'Hippase, la mort est plus agile que toi; elle t'a saisi, tu n'as pu fuir. Infortuné ! ton père et ta vénérable mère ne te fermeront point
les yeux; mais les oiseaux de proie seront ton cortége, en te battant de leurs ailes épaisses; pour moi, si je meurs, les nobles Argiens célébreront mes funérailles.» (Homere, Oeuvres complètes, 1863
- books.google.fr). Typologie Le report de 1949 sur la date pivot -1209 donne -4367. Epoque d'Enos fils de Seth. Ce fut du temps d'Enos que le vrai culte de Dieu s'altera dans la famille de Caïn; mais Enos releva ce culte d'une maniére particuliére,
& par des cérémonies extérieures, & il s'est conservé dans la famille (Genese 5,9). Énos introduit les cérémonies du culte primitif (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusq'à l'an 1743, Tome 1, 1744
- books.google.fr). Le Livre de la génération d'Adam donne ce rôle à Cainan fils d'Enos (Dictionnaire des apocryphes: ou, Collection de tous les livres apocryphes relatifs à l'Ancien et au Nouveau Testament, Volume 2, 1858
- books.google.fr). Le recueil d’emblèmes latins d’Achille Bocchi, intitulĂ© Symbolicarum quaestionum [...] libri quinque, paraĂ®t Ă Bologne en 1555 sur les presses de son acadĂ©mie, pourvu de gravures commandĂ©es par l’auteur Ă Giulio Bonasone. Cet ouvrage constitue une entrĂ©e privilĂ©giĂ©e dans la culture et la pensĂ©e humanistes du XVIe siècle en Italie. Comme souvent chez Bocchi, le recours Ă l’anthropologie platonicienne du TimĂ©e est Ă relier aux dĂ©veloppements d’Érasme sur le mĂŞme sujet dans l’Enchiridion militis christiani (ou Manuel du soldat chrĂ©tien), paru pour la première fois en 1504 et dont le succès en Italie fut prodigieux. Bocchi, en contact avec les cercles Ă©vangĂ©liques par l’intermĂ©diaire de Marcantonio Flaminio, RenĂ©e de France, Jacques Sadolet ou Reginald Pole, connaĂ®t en particulier Camillo Renato, anabaptiste et antitrinitariste, fervent promoteur du nicodĂ©misme en Italie et grand lecteur d’Érasme. Chez Érasme comme chez Paul, l’esprit, qui se confond avec le cĹ“ur, devient le vĂ©ritable organe de la religion intĂ©rieure voulue par le Christ, dĂ©barrassĂ©e des cultes extĂ©rieurs et des cĂ©rĂ©monies, tout entière tournĂ©e vers la spiritualitĂ© : c’est dans le cĹ“ur-esprit que s’ancrent l’espĂ©rance, la charitĂ© et la foi. Il faut donc que, purifiĂ© du tapage des passions, il recouvre la puretĂ© et la luciditĂ© inhĂ©rente Ă sa qualitĂ© divine. Dans cette perspective, la Pallas de la gravure, malgrĂ© ses traits paĂŻens, reprĂ©sente une allĂ©gorie du cĹ“ur-esprit dĂ©vouĂ© Ă Dieu, qui tire hors de la mer de la matière la Fortune nue, allĂ©gorie de l’humaine condition plongĂ©e dans les passions, mais qui souhaite s’en abstraire et en Ă©merger. De plus, la prĂ©sence de termes renvoyant au salut (salus) et Ă la grâce (gratiam) dans le titulus de l’épigramme du Symbolum 51 ne doit pas ĂŞtre lue simplement dans les acceptions paĂŻennes que suggère le contexte antique. Elle doit ĂŞtre rĂ©insĂ©rĂ©e dans un contexte de polĂ©miques religieuses et d’âpres discussions sur ces questions thĂ©ologiques. Plusieurs dĂ©tails nous y invitent. Dans le titulus qui surmonte la gravure du Symbolon 51, l’expression «fortuna forti subleuanda industria» est un curieux monstre bicĂ©phale nĂ© de la fusion entre la formule proverbiale de CĂ©sar, «(si non omnia caderent secunda), fortunam esse industria subleuandam», et de versions multiples autour de la fausse Ă©tymologie fortuna/fortes. C'est la Fortune ou Sors qui fait naufrage, ironique renversement de situation pour celle qui est d’ordinaire effectivement naufraga, mais dans un sens actif : «qui inflige des naufrages». L’homme plein de fortitude («forti») Ă qui incombe la prescription formulĂ©e par le titulus, est liĂ© Ă deux hĂ©ros Ă©piques par excellence : l’Ulysse d’Homère (sauvĂ© lui aussi par AthĂ©na avant d’être fracassĂ© sur le rivage) et surtout l’ÉnĂ©e de Virgile, modèle auquel renvoie explicitement l’épigramme par l’intermĂ©diaire d’expressions empruntĂ©es au dĂ©but de l’ÉnĂ©ide. Alors que la gravure et les deux tituli font très clairement allusion Ă Pallas, le troisième vers du texte commet une curieuse confusion de cette divinitĂ© avec Diane, fille de Latone («Latoidos almæ»). La confusion entre Pallas et Diane est effectivement attestĂ©e chez deux auteurs, Martianus Capella et Plutarque, et elle repose dans les deux cas, sur le fait que les deux dĂ©esses sont confondues et renvoient alors Ă un seul et mĂŞme signifiĂ©, la lune. On sait que Diane comme divinitĂ© lunaire peut symboliser l’Église, dans la mesure oĂą, comme la lune, elle reçoit sa lumière du soleil. Tous les Ă©lĂ©ments du dĂ©bat entre libre-arbitre et volontĂ© divine se trouvent suggĂ©rĂ©s de manière symbolique dans l’épigramme du Symbolum 51 de Bocchi, en particulier grâce Ă
la superposition des deux divinités Diane et Pallas, qui servent d’intermédiaires dans le processus du salut et personnifient les modalités complexes de la grâce. La fille de Latone,
Diana triplex symbolise ici, comme allégorie de la Théologie, le contenu spirituel de la grâce, sous la forme des trois vertus théologales, Espérance, Charité et Foi.
Pallas, comme déesse des acropoles et de l’industria ou de l’energeia, insiste de son côté à la fois sur la localisation de ces vertus théologales (dans l’acropole du "nous")
et sur la condition de leur exercice. Bien que dons divins, ces vertus exigent, pour leur accomplissement, l’investissement dynamique et volontaire de l’individu, qui doit
rétablir une juste hiérarchie des facultés en lui assurant la suprématie du "nous", et collaborer ainsi avec l’action divine. Dans l’idée de l’Église interprète de la révélation,
elle incarne parfois aussi la théologie (Anne Rolet, Des délais de l'intervention divine : grâce et salut dans deux emblèmes d'Achille Bocchi (Bologne, 1555), Littératures classiques, 2006/2 (N° 60)
- books.google.fr). Mensonges Il y a beaucoup de vrai dans tout ce qu’on dit sur les horreurs dont les camps sont le théâtre, mais il y a beaucoup d’exagération aussi. Il faut compter avec le complexe
du mensonge d’Ulysse qui est celui de tous les hommes, par conséquent de tous les internés. L’humanité a besoin de merveilleux dans le mauvais comme dans le bon,
dans le laid comme dans le beau. Chacun espère et veut sortir de l’aventure avec l’auréole du saint, du héros ou du martyr, et chacun ajoute à sa propre odyssée sans
se rendre compte que la réalité se suffit déjà largement à elle-même (Paul Rassinier, Le mensonge d’Ulysse, 1950
- textes.trusquin.net). Le livre de Paul Rassinier, Le Mensonge d’Ulysse, qui est paru d’abord aux Editions bressanes en 1950. La première partie était parue auparavant sous le titre Passage de la ligne en 1948. L’ensemble a été plusieurs fois réédité par différents éditeurs, de droite comme de gauche. Nous utilisons l’édition procurée en 1980 par La Vieille Taupe, à Paris. Signalons qu’il existe une traduction anglaise un peu abrégée (il y manque les trois premiers chapitres) parue, avec d’autres textes de Rassinier, sous le titre Debunking the Genocide Myth, parue en 1978 aux Etats-Unis. De l'amnésie à la négation, c'est le pas que franchit Paul Rassinier, poussant à son comble cette instrumentalisation idéologique et politique de la pièce de Rolf Hochhuth Le Vicaire qui s'en prend aux silences de Pie XII durant la guerre. Militant communiste exclu du Parti, puis militant socialiste dans le Territoire de Belfort dans les années 1920 et 1930, Paul Rassinier est un pacifiste intégral. Munichois, il opte pour la Résistance pendant la guerre, est arrêté en 1943, déporté à Dora, puis à Buchenwald dont il revient en 1945. Déclaré invalide à 100 %, il ne reprend pas son métier d'instituteur et se lance dans une carrière de polémiste, publiant d'abord dans des organes socialistes avant son exclusion du parti socialiste, puis au cours des années 1950, conjointement dans des revues anarchistes et dans des feuilles d'extrême droite. En 1949 et 1950, Rassinier publie aux Éditions bressanes deux ouvrages sur son expérience de la déportation, Passage de la ligne et Le mensonge d'Ulysse, dans lequel il minimise déjà la question des chambres à gaz à Dora et à Buchenwald. Au début des années 1960, il rompt avec les milieux anarchistes d'extrême gauche et publie Le véritable procès Eichmann aux éditions Les Sept Couleurs,
la maison d'édition fondée par Maurice Bardèche dans lequel il consacre une demi-douzaine de pages à réfuter le document Gerstein. Lorsque le scandale du Vicaire
éclate, il s'indigne dans une lettre publiée dans Le Nouveau Candide qu'«aujourd'hui encore — quinze ans après — des hommes qui prétendent au titre d'historien osent
encore le (document Gerstein) présenter comme authentique et indiscutable dans des livres et n'en perdent pas pour autant l'estime et la faveur
de la presse mondiale». Il affirme par conséquent que la pièce de Hochhuth «repose sur un document historique qui est un faux, si faux que produit à Nuremberg
le 30 janvier 1946 (sous le numéro PS 1553 à la côte d'audience) par le procureur français Dubert, le Tribunal a refusé même d'en entendre la lecture. [...] Mais la
presse continue à le dire authentique et M. Rolf Hochhuth en reprend l'authenticité à son compte.» (Muriel Guittat-Naudin, Pie XII après Pie XII, Histoire d’une controverse, 2019
- books.google.fr,
fr.wikipedia.org - Kurt Gerstein). |