Destin
de Jacques Chirac VI,
70 1977 Au
chef du monde le grand Chyren sera, Plus
outre après aymé, craint, redoubté, Son
bruit, et loz les cieux surpassera, Et du seul tiltre victeur fort contentĂ©. Ce quatrain peut ĂŞtre interprĂ©tĂ© comme un Ă©loge de Jacques Chirac nĂ© en effet sous le signe du Sagittaire le 29 novembre 1932 (« Chyren », voir quatrain II, 79). Fondateur en 1976 du RPR, maire de Paris en 1977, il est Ă©lu PrĂ©sident de la RĂ©publique en 1995. Il fut prĂ©sident de l’Union EuropĂ©enne, puissance commerciale de premier plan, en 2000. Il est rĂ©Ă©lu PrĂ©sident de la RĂ©publique en 2002 avec plus de 80 % des voix. Chyren apparaĂ®t dans trois autres quatrains des Centuries, le VI, 27, le VIII, 54 et le IX 41 : Dedans les Isles de cinq fleuues vn, Par le croissant du grand Chyren Selin: Par les bruynes de l'air fureur de l'vn, Six eschapez cachez fardeaux de lyn. Sous la couleur du traicte mariage, Fait maganime par grand Chyren selin, Quintin, Arras recouvrez au voiage D'espagnols fait second banc macelin Le grand Chyren soy saisir d'Avignon, De Rome lettes en miel plein d'amertume, Lettre ambassade partir de Chanignon, Carpentras pris par duc noir rouge plume. Chyren a Ă©tĂ© pris comme qualificatif ou nom du " Grand Monarque " " qui doit venir ". Mais une interprĂ©tation plausible de ces quatrains est Ă rechercher dans l'histoire de France passĂ©e. En Ă©tudiant bien celle-ci, il apparaĂ®t que le roi de France Charles VI est un candidat au titre de Chyren. NĂ© le 3 dĂ©cembre 1368, et mort le 21 octobre 1422, Charles VI est du signe du Sagittaire, nous restons donc dans l'interprĂ©tation de Slosman. Regardons les quatrains en dĂ©tail. Le VI, 27 et le VIII, 54 qualifient le roi de Selin. Probablement issu du nom grec de la Lune, Selin est Ă identifiĂ© Ă l'adjectif sĂ©lĂ©nique : en rapport avec la Lune, ou soumis aux effets de la Lune. En 1392, Charles VI est atteint de folie et ne pourra rĂ©gner que par intermittence. On pense aujourd'hui Ă une psychose bipolaire ou maniaco- dĂ©pressive atypique. En latin lunaticus, et en anglais lunatic signifient justement maniaque. " Par le croissant du grand Chyren Selin " serait Ă traduire par " le roi sagittaire devenant de plus en plus fou ". En effet, si la maladie s'est dĂ©clenchĂ©e par une crise de folie furieuse dans la forĂŞt du Mans, le roi au fur et Ă mesure sera de plus en plus absent, sans que l'on parle de crise. Selon Bernard GuenĂ©e (La folie de Charles VI, roi Bien-aimĂ©), Charles VI grandit dans l'amour que lui portaient ses sujets. Tout se faisait par lui, et sans lui. Jamais roi si faible n'a portĂ© en lui une idĂ©e plus forte de la royautĂ© sacrĂ©e. La folie de Charles VI est pour quelque chose dans la construction de l'Etat moderne. Le quatrain VI, 27 serait une mise en relation de plusieurs Ă©vĂ©nements Ă©loignĂ©s dans le temps : la conquĂŞte des Iles (" Isle ") Canaries en 1402 par Jean de BĂ©thencourt, et la bataille de CrĂ©cy en 1346 et le siège de Calais en 1347. Pourquoi les Iles Canaries ? Les 5 fleuves seraient les fleuves qui coulent en Enfer dans la mythologie grecque : le Styx, l'AchĂ©ron, le PhlĂ©gĂ©thon, le Cocyte et le LĂ©thĂ©. Or l'ĂŽle d'Enfer (Insola del Inferno) est l'ancien nom donnĂ© en 1385, par Fernando Peraza Martel Ă l'ĂŽle de TĂ©nĂ©riffe alors qu'un volcan Ă©tait en Ă©ruption. L'autre fleuve (" de cinq fleuuves Ă un ") serait le fleuve de l'or indiquĂ© sur l'Atlas catalan de 1375 oĂą on peut voir un navire qui vogue Ă pleine voile au sud du cap Bajador. On lit la lĂ©gende (traduite du catalan) suivante : " Le vaisseau de Jacques Ferrer partit pour aller au fleuve de l'Or le jour de la saint Laurent, qui est le 10 aoĂ»t, et ce fut en l'annĂ©e 1346 ", soit 16 jours avant CrĂ©cy. Jean de BĂ©thencourt, accompagnĂ© par Gadifer de la Salle, tous deux chambellans de Charles VI, partirent de la Rochelle en 1402 et conquirent les Iles Canaries. Ils se brouilleront lorsque BĂ©thencourt voudra s'assujettir au roi Henri III de Castille contrairement Ă Gadifer, fidèle du roi fou. Dans les Chroniques de France Froissart, nous trouvons des passages qui correspondent au vers attribuĂ© Ă la bataille de CrĂ©cy. Les troupes françaises Ă©taient complètement dĂ©sorganisĂ©es et comme atteinte de dĂ©mence qui se transmit au roi Philippe VI de Valois : " Quand li rois Phelippes de France vint auques priès de la place oĂą les Englois estoient arestĂ© et ordonnĂ©, et il les vei, se li mua li sans, car moult les avoit encargeit en grant haine, et perdi tous propos et arrois sus l'estat que li Monnes de basele avoit dit et ordonnĂ©, et dist tout hault : " Par mon âme et par mon corps, je voi mes ennemis, mais je les voel combattre ". Les " bruynes de l'air ", Ă entendre comme le fit Virgile c'est-Ă -dire dans le sens de " neige ", rendent compte de la pluie de flèches lancĂ©s par les troupes anglaises qui avaient l'apparence selon Froissart de la neige : " Et cil arcier d'Engleterre, quant il veirent ceste ordenance, passèrent un pas avant, et puis fisent voler ces saĂŻettes, de grant façon, qui entrèrent et desendirent si ouniement sus ces GĂ©nevois que sambloit nège ". Le dernier vers se rapporte assurĂ©ment aux six Bourgeois de Calais. Toujours selon Froissart : " Et se desvestirent lĂ cil VI bourgois tout nu en pur leurs braies et leurs chemises en le hale de Calais, et misent hars en leurs cols, ensi que ordenance se portoit, et prisent les clĂ©s de le ville et du chastiel ". " fardeaux de lin " est Ă prendre dans le sens occitan oĂą " fardetos " signifie " layette d'enfant " et " fardo " " vĂŞtements, hardes ". Jusque dans les Vosges " fardeau " est une toile servant Ă porter la paille. En effet les chemises des gens aisĂ©s (les Six Bourgeois de Calais faisaient partie des plus riches de la ville) Ă©taient en toile de lin ou en fine batiste (qui est aussi en lin). Le lien entre ces Ă©vĂ©nements est le personnage Louis de La Cerda dit Louis d'Espagne, mort justement le 26 aoĂ»t 1346 Ă la bataille de CrĂ©cy. Il Ă©tait le fils aĂ®nĂ© d'Alphonse de La Cerda et de Isabelle d'Antoing, frère ainĂ© du connĂ©table de France Charles de la Cerda, assassinĂ© en 1354 par Charles II de Navarre, et petit-fils de Louis IX de France par sa grand-mère maternelle Isabelle de France. Il avait sollicitĂ© de ClĂ©ment VI la couronne des Canaries. Le pape fit droit Ă sa demande par bulle du 17 dĂ©cembre 1344, mais Ă la condition qu'il paierait annuellement Ă l'Eglise romaine quatre cents florins d'or bons et purs, du poids et au coin de Florence. Le pontife remit solennellement Ă la Cerda un sceptre et une couronne d'or, en lui disant : Faciam principem super gentem magnam. Le nouveau roi quitta dès lors son titre d'infant d'Espagne pour prendre celui de prince de la Fortune. Le jour mĂŞme de son investiture, la Cerda parcourut Avignon avec le sceptre et la couronne. Une pluie violente, de mauvais prĂ©sage, le força de rentrer avec toute sa suite. Son titre Ă©tait contestĂ© par le roi de Portugal Alphonse IV. En 1341 celui-ci avait fait armer une petite flotte commandĂ© par le florentin Angiolino del Tegghia de Corbizzi qui reconnut l'archipel. Les Anglais ayant dĂ©barquĂ© en France Ă Saint-Vaast-la-Hougue le 12 juillet 1346, le roi Philippe VI de Valois appela près de lui le prince de la Fortune. Le quatrain VIII, 54 semble tourner autour des annĂ©es 1413-1414. En 1411, les partisans du duc de Bourgogne Jean sans Peur, appelĂ© les Cabochiens en raison du surnom de Simon Le Coutelier, Caboche, de la corporation des bouchers (" macelin " de l'italien " macelaio " : boucher) qui revendiquaient leur part d'influence dans les institutions de Paris, avaient rĂ©ussi Ă s'imposer au roi Charles VI malade. L'ordonnance " cabochienne " est promulguĂ©e afin de rĂ©former le gouvernement du royaume. En 1413, ils sont Ă©vincĂ©s par les Armagnacs, partisans du duc d'OrlĂ©ans. Les bandes Armagnacs Ă©taient composĂ©es de mercenaires de plusieurs nationalitĂ©s : Espagnols, Français, Ecossais, Italiens… Charles VI avait en effet repris ses esprits. Le duc de Bourgogne s'enfuit de Paris emmenant avec lui les chefs cabochiens. En 1414, le dauphin Louis, fils de Charles VI, se sentant prisonnier au Louvre fait appel Ă Jean sans Peur qui s'approche de Paris. Mais le roi le dĂ©clare rebelle et une campagne militaire atteint Arras et s'arrĂŞte lĂ . Cette mĂŞme annĂ©e, des pourparlers interviennent avec les Anglais. On discute d'un mariage entre Catherine, fille de Charles VI, et d'Henri V avec une dot de deux millions de francs. Arras est rendu au duc de Bourgogne (" fait magnanime ") qui se saisira de Saint Quentin en 1420. L'annĂ©e suivante, Henri V se prĂ©pare Ă la guerre et ce sera le dĂ©sastre d'Azincourt. Le quatrain IX, 41 se situe dans les annĂ©es 1399-1403 dates auxquelles les troupes françaises du roi Charles VI assiègent Avignon et retiennent prisonnier le pape BenoĂ®t XIII, antipape pour les Romains, Pedro de Luna. Durant ces annĂ©es BenoĂ®t XIII et le pape de Rome Urbain VI entretiendront des relations diplomatiques afin de rĂ©soudre le Grand Schisme qui dura de 1378 Ă 1417. Après l'effacement de Louis d'OrlĂ©ans, favorable Ă BenoĂ®t XIII qui appuyait ses prĂ©tentions italiennes, de la cour du roi de France et la mise en avant du duc de Bourgogne, la France entraĂ®ne les anciens partisans de BenoĂ®t XIII Ă une " soustraction d'obĂ©dience ", c'est-Ă -dire un refus d'obĂ©issance afin de le forcer Ă la rĂ©solution du schisme. L'Ă©vĂŞque de Cambrai, Pierre d'Ailly, intervint auprès des deux papes, en vain. BenoĂ®t XIII s'Ă©vade du palais des papes oĂą il Ă©tait retenu et trouve refuge en Provence chez Louis II d'Anjou qui Ă©tait revenu Ă son obĂ©dience Ă l'instigation de son beau-père Martin Ier, roi d'Aragon, et de sa femme, fille de celui-ci. La Castille puis la France firent de mĂŞme. La politique du duc de Bourgogne avait menacĂ© de couper l'Eglise de France en deux. " Chanignon " dĂ©signe pour De Fontbrune la citĂ© de Canino dans le Latium francisĂ©e, patrie du pape Farnèse Paul III. Mais dans le contexte dĂ©fini ici, il s'agirait de Caninio nom romain de Rupacanina, forteresse appartenant aux Marzano, fort liĂ©s aux rois angevins de Naples. En 1317, Robert d'Anjou envoie contre les Aragonais de Sicile un contingent dirigĂ© par le comte Tommaso di Marzano. En 1459, Marino Marzano participera Ă une conspiration, toujours contre les Aragonais qui avaient repris Naples, en faveur de Jean de Calabre, fils de RenĂ© d'Anjou. Le "duc" (chef militaire) qui tient Carpentras doit ĂŞtre Antonio de Luna nommĂ© recteur du Comtat par BenoĂ®t XIII (Pedro de Luna) de 1397 Ă 1389 et de 1403 Ă 1408. Les Luna, famille d'Aragon, portent comme armoiries " En campo de gules, un creciente ranversado, jaquelado de oro y sable, y campaña de lo mismo ". " gules et " sable " : rouge et noir. Est-ce le mĂŞme Antonio de Luna qui fit assassiner l'archevĂŞque de Saragosse, GarcĂa Fernández de Heredia, en 1411 alors qu'ils Ă©taient dans des camps opposĂ©s suite Ă la succession de Martin Ier d'Aragon, Luna supportant le comte d'Urgel, et l'archevĂŞque le castillan Ferdinand de Antequera. Luna Ă©tait rĂ©putĂ© colĂ©rique et risque-tout donc lĂ©ger (comme " plume "). Chyren et " Roy de Bloys dans Avignon regner " - expression que l'on trouve dans les quatrains VIII, 38 et VIII, 52 - furent associĂ©s pour qualifier le " Grand Monarque ". Dans le contexte dĂ©crit ci- dessus cette association est valable mais en deux personnes sĂ©parĂ©es. Charles VI assista le 1er novembre 1389 au couronnement, Ă Avignon, par le pape ClĂ©ment VII, de Louis II d'Anjou comme roi de Sicile. VIII, 38 Le Roy de Bloys dans Avignon regner, Une autre fois le peuple emonopolle, Dedans le Rosne par mer fera baigner Iusques Ă cinq le dernier pres de Nolle. VIII, 52 Le Roy de Blois dans Avignon regner, D'Amboise & seme viendra le long de Lyndre Ongle Ă Poytiers sainctes aisles ruiner Devant Boni (vers incomplet) Louis II d'Anjou (Toulouse, 1377 - Angers, 1417) Ă©tait le fils de Louis Ier et de Marie de Blois-Châtillon dite aussi Marie de Guise. Comte de Provence ("RhĂ´ne") et roi de Sicile depuis le 1er novembre 1389, il fait partie de la seconde Maison d'Anjou dont 5 membres tenteront leur chance en Italie : Louis Ier, lui-mĂŞme, son fils Louis III, le frère de celui-ci RenĂ© Ier d'Anjou et le fils de ce dernier Jean II de Lorraine - dit aussi Jean de Calabre. Jean de Calabre (Nancy, 1425 - Barcelone, 1470)("le dernier") dĂ©fit Ă la bataille de Nola en 1459 ("Nolle") Ferdinand d'Aragon, fils d'Alphonse V le Magnanime roi d'Aragon et de Sicile. Le 2 novembre, le lendemain du sacre du roi de Sicile, le pape de Rome Boniface Ă©tait Ă©lu ("Devant Boni..." : avant Boniface). Le quatrain VIII, 52 est moins clair. Amboise Ă©tant en Touraine, les deux seconds vers semblent concerner le père de Louis II. Louis Ier d'Anjou (Vincennes, 1339 - Biseglia, 1384), frère de Charles V et fils de Jean le Bon, fut duc de Touraine en 1370 et participa Ă la bataille de Poitiers en 1356. "Sainctes ailes" peut ĂŞtre une expression tirer du Psaume 91, enseignement traditionnel des sages sur la protection divine accordĂ©e au juste, oĂą l'on peut lire : Il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vĂ©ritĂ©. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole le jour (comme Ă CrĂ©cy les archers gallois et irlandais font une hĂ©catombe), ni la peste qui marche en la tĂ©nèbre, (la Grande Peste a sĂ©vi de 1347 Ă 1349) ni le flĂ©au qui dĂ©vaste Ă midi. La protection divine avait bien abandonnĂ© la France et son roi (Jean II le Bon), lors de la bataille de Poitiers et avant, celles de CrĂ©cy et de Calais. Notons encore une chose sur le Grand Monarque, qui dĂ©fraie la chronique depuis le Moyen Ă‚ge. InspirĂ©e de la tradition messianique juive, une prophĂ©tie byzantine du IVe siècle annonce que le "Roi des Derniers Jours", reflet terrestre du Christ, prĂ©curseur de l'AntĂ©christ puis de la Parousie, s'imposera au monde entier et apportera une rĂ©demption temporelle Ă l'Ă©chelle humaine. Au Moyen Ă‚ge, la quĂŞte de l'unitĂ© mythique de la ChrĂ©tientĂ© passe par la domination d'une nation sur les autres. Dans le Saint Empire Germanique, la propagande sous la dynastie des Hohenstaufen (1137- 1250) utilise la figure de Charlemagne qu'Alcuin ou Eginhard prĂ©sentaient dĂ©jĂ comme le Roi- Sauveur. En rĂ©action, en France se dĂ©veloppent des prĂ©tentions messianiques dans les milieux des Spirituels franciscains, admirateurs de Saint Louis. La rivalitĂ© franco- germanique puis franco-espagnole se perpĂ©tuera sous Charles VIII, puis François Ier face Ă Charles Quint. Mais la RĂ©forme ruine en Allemagne la prĂ©tention Ă l'unitĂ© de la ChrĂ©tientĂ©. La crĂ©ation prophĂ©tique en France continue au XVIIème siècle puis s'Ă©teindra au Siècle des Lumières. Au tournant du XVIIème siècle, Tommaso Campanella illustre le report des espoirs messianiques de l'Espagne sur la France. De 1645 Ă 1659, la Querelle de Childebrand oppose les gĂ©nĂ©alogistes français qui affirmaient la descendance de la dynastie capĂ©tienne par la ligne masculine de Childebrand, demi-frère de Charles Martel, et les historiographes lorrains et espagnols (comme Chifflet) qui niaient tout lien entre CapĂ©tiens et Carolingiens (Compte-rendu rĂ©alisĂ© de StĂ©phane Haffemayer de l'ouvrage de Haran A. Y. " Le lys et le globe, Messianisme dynastique et rĂŞve impĂ©rial aux XVIème et XVIIème siècles, Champ Vallon). Jacques Carel de Sainte-Garde, poète français, nĂ© Ă Rouen en 1620 et mort en 1684, aumĂ´nier et conseiller du roi, publia en 1666 un poème Ă©pique intitulĂ© Les Sarrasins chassĂ©s de France, dont le hĂ©ros Ă©tait Childebrand. Boileau dans son Art poĂ©tique (1674) s'en moqua, et peut-ĂŞtre le regretta-t-il lorsqu'il devint historiographe du roi en 1677, ou encore pensait-il que la souverainetĂ© de Louis XIV se passait de justification : O le plaisant projet d'un poĂ«te ignorant, Qui de tant de hĂ©ros va choisir Childebrand ! D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poème entier, ou burlesque oĂą barbare. Childebrand fut l'un de ceux qui assiĂ©gea Avignon, en 737. La conquĂŞte de la ville fut l'Ă©pisode le plus sanglant des campagnes de Charles Martel. Peut-on considĂ©rĂ© " Chyren " comme une contraction de Childebrand ? Chyren, ou Childebrand, comme " chef du monde " entre dans les considĂ©rations messianiques dĂ©veloppĂ©es ci-dessus. D'autre part, le père de Saint Louis, Louis VIII dit le Lion (1187 - 1226), prit aussi la ville en 1226. " Lion " se dit en perse " Shir ". Autre possibilitĂ©, si l'on prononce " chyren " avec le chi grec alors nous obtenons quirin. Quirinus pourrait se traduire par "le maĂ®tre de la totalitĂ© des hommes" (d'oĂą " chef du monde "). Son flamine intervenait dans trois fĂŞtes d'une grande importance pour la croissance, la conservation et la consommation des cĂ©rĂ©ales : le 25 avril, oĂą l'on s'efforçait de protĂ©ger les blĂ©s des attaques de la rouille ; le 21 aoĂ»t et le 15 dĂ©cembre, oĂą l'on honorait le dieu protecteur de l'engrangement en Ă©troite liaison avec la dĂ©esse de la fĂ©conditĂ© Ops et le 17 fĂ©vrier, clĂ´ture des fĂŞtes consacrĂ©es Ă la torrĂ©faction des grains pour les rendre consommables. LiĂ© Ă la fonction de production il Ă©tait senti comme le patron des quirites, les citoyens romains dans leur aspect civil, mais soldats, milites, en puissance. Quirinus fut appelĂ© le " Mars qui prĂ©side Ă la paix " puis identifiĂ© par la suite Ă Romulus. |