Difficultés économiques de la France occupée

Difficultés économiques de la France occupée

 

VI, 23

 

1942-1943

 

D’esprit de regne munismes descriées,

Et seront peuples esmeuz contre leur Roy :

Paix, faict nouveau, sainctes loix empirées,

Rapis onc fut en si tresdur arroy.

 

"numismes" ou "munismes"

 

Le premier vers a une interprĂ©tation diffĂ©rente si l’on considère « munismes Â» comme provenant du latin « munimen Â» [1], fortification, ou comme une altĂ©ration de « nomisma Â» [2], monnaie.

 

"Rapis" outre "Paris"

 

De Lutetia Parisiorum. 3. :

Quae dicta est olim Luttetia Parisiorum,

Nominat hanc vulgò dictio Galla, Paris;

Si tamen hanc Latio vertas anagrammate vocem,

Que tibi Galla Paris dicitur, ecce Rapis;

Ergo Parisiis ex rapto vivitur, atque est

Gallia Metropoli praeda pudenda suae.

Immo quod Ă  Paride transumpsit nomen & omen,

Hic quoque Priamides cogit amare Paris.

Sed rapere Ă  Latio, non Gallo sumpsit, eo quod

Sirapitur, nobis hoc dedit Italia :

Scire voles igitur quid agat Luttetia, amare,

Gallo more docet, sed rapit Italico (Estienne Pasquier, Les Oeuvres: Contenant Ses Recherches De La France, Son Plaidoyé pour M. le Duc de Lorraine, Et Les Lettres De Nicolas Pasquier, Fils D'Estienne, Volume 1 (1585), 1723 - books.google.fr).

 

Nostradamus se montre passĂ© maĂ®tre en figures, dont il suggère la solution (malgrĂ© sa dĂ©fense pseudo-sĂ©rieuse) en insĂ©rant des anagrammes faciles de noms bien connus : Rapis (Paris), Eiouas (Savoie), Mendosve et Mendosus (Vendosme), Chiren (Henri-c) et beaucoup d'autres. En effet, le bon Michel ne se trompait point; les commentateurs, par des efforts incalculables, sont arrivĂ©s Ă  dĂ©chiffrer Ă  leur manière ses rĂ©fĂ©rences cryptographiques (Eugène F. Parker, La lĂ©gende de Nostradamus, Revue du seizième siècle, Volume 10, 1923 - books.google.fr).

 

Autrement dans la Nièvre, Saint Cy (Senniaco-Verre-Rapis en 1478), église Saint Symphorien ruinée dans la commune de Fertrève, à 22 km de Bazolles avec son château de Selins (Selin en 1659). Les Bongars, famille de verriers au XVIe et XVIIe siècles, en Normandie et en Nivernais, furent châtelains de Selins (Georges de Soultrait, Dictionnaire topographique du département de la Nièvre, Tome 18, 1865 - books.google.fr).

 

Pour les verriers, cf. quatrain IX, 10.

 

NĂ© vers 1360, le Nivernais Jean II eut une très belle carrière : conseiller au Parlement, maĂ®tre des requĂŞtes, ambassadeur auprès du roi d’Angleterre, Premier PrĂ©sident, il accĂ©da Ă  la fonction de Chancelier en 1420, nommĂ© par la reine Isabeau de Bavière. Il exerça la fonction pendant quatre ans dans une pĂ©riode-clef pour le pays, mais paraĂ®t avoir constamment adoptĂ© une position favorable au camp anglo-bourguignon, rĂ©pondant aux attentes duc de Bedford, rĂ©gent. C’est ainsi qu’étant «prĂ©sident du conseil royal» es-qualitĂ© après la mort de Charles VI, il proposa expressĂ©ment de reconnaĂ®tre Henri VI comme roi de France. A l’avènement du dauphin Charles il se retira Ă  Nevers, dans son hĂ´tel de la rue des Ardillers oĂą il mourut en 1438 (www.terres-et-seigneurs-en-donziais.fr).

 

Cf. le "Selin" du quatrain VI, 27 qui concernerait Charles VI comme le VIII, 54.

 

"descriées"

 

Il se peut que ce soit le "règne", l'"esprit" et la monnaie qui sont décriés.

 

Le Roy (Charles VI) mal dispose de son esprit, abandonné presque de tous les siens, fors de Charles le Dauphin, qui luy restoit seul de ses enfans masles (Les recherches de la France d'Estienne Pasquier, 1643 - books.google.fr).

 

"décri" : cri public par lequel l'autorité défend la vente ou le débit de certaines marchandises, l'usage de quelque chose. En partic. Suppression ou dévaluation d'une monnaie. Mauvaise réputation, perte d'estime, de considération, de crédit (www.cnrtl.fr).

 

Avec "descriées", on penche vers "numismes".

 

De 1410 à 1418, c'est par intermittence la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui, d'ailleurs, n'a guère d'influence sur les prix et les salaires avant la dévaluation de 1417. Vainqueurs en 1418, les Bourguignons allaient tenir Paris pendant dix-huit années, sans lui apporter, non plus qu'à ses campagnes, le calme recherché. D'abord, les graves représailles contre les vaincus laissèrent de lourdes rancœurs. D'autre part, des dévaluations en cascade, tant avant qu'après l'entrée des Anglais , provo- quèrent une effroyable flambée des prix de 1419 à 1421 (hausse de 6.000 % pour le «blé», de 2.000 % pour l'avoine), aggravée par les difficultés de ravitaillement et les épidémies. La déflation ne devait pas ramener des conditions de vie beaucoup plus favorables, par suite de la persistance de l'insécurité, qui expliquait elle-même les lourdes exigences fiscales des Anglais. Jamais, en effet, l'Ile-de-France ne fut complètement soumise aux Anglais et les Armagnacs ont toujours tenu une partie du Hurepoix et de la Beauce : le Sud de la région parisienne a été constamment disputé entre les adversaires et, dans la mesure où cela empêcha Bedford de tenter plus tôt une percée vers la Loire moyenne, on peut avancer que les Armagnacs de l'Ile-de-France méridionale ont sauvé la France de Bourges en lui permettant d'attendre 1429 et Jeanne d'Arc (L'Information historique, pour l'enseignement, Volumes 22-24, 1960 - books.google.fr).

 

Entre octobre 1417, date de la dévaluation des Armagnacs, et la mi-1420 la monnaie d'argent était passée du pied 60e au pied 160e. La tentative de restauration par Charles VI et Henri V d'une bonne monnaie d'argent sur le pied 30e ayant échoué (en décembre 1420 pour le gouvernement de Charles VI : gros heaumé; en mai 1421 pour Henri V : gros au léopard), on s'était contenté d'émettre, sur ce même pied 30e, les doubles dits niquets (Ordonnés le 11 août 1421 pour Charles VI, au type du lis couronné, et le 30 novembre suivant pour Henri V, au type du léopard passant sous un lis). Les politiques des deux gouvernements allaient bien dans le même sens, mais elles n'étaient pas chronologiquement simultanées. Un an plus tard, après les décès d'Henri V (31 août 1422), puis de Charles VI (21 octobre), Henri VI, roi de France et d'Angleterre en vertu du traité de Troyes, en fait le gouvernement dirigé par son oncle, le duc de Bedford qui avait pris la régence, émettre pour la première fois depuis longtemps une monnaie blanche à des conditions convenables, sur ce même pied 30e (5 deniers de loi, taille de 75 au marc pour un cours de 10 deniers tournois) (Bulletin de la Société française de numismatique, Volume 67, 2012 - books.google.fr).

 

"sainctes lois" : lois divines et massacres parisiens

 

La justice se définit par le principe général du bien tel qu'il est codifié dans les lois divines : «on ne doit point faire a aultruy ce que on ne vouldroit mie que on lui feist; on doit amer ses bienfaiteurs; on doit honnorer ses parens; on ne doibt occire injustement et ainsi des autres commandemens qui furent repetés en la loy ancienne par Moyse...» (Diligite justiciam). Ces maximes rappelées par Jean Gerson (mort en 1429) sont le fondement de la loi. Pourquoi cette contrainte ? Dans l'esprit du théologien, elle est indissociablement liée au péché originel qui a rompu l'état d'innocence. De cette rupture est né le crime, «car son propre corps tourna en scisme et en rebellion contre sa propre maistresse et royne, rayson; de quoy vinrent et pares vinrent pechiés et violences contre raison, lesquelles nous apercevons en chascun jour, en rapines, larressins, homicides, sacrilleges, traisons» (Diligite justiciam). Cette définition du juste, cette virtus, comme celle de son revers, le crime, ne doivent pas rester de l'ordre des principes. L'engagement politique des écrivains est tel qu'ils tracent au juge sa mission : rendre à chacun son droit (Claude Gauvard, «De grace especial» Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, 2019 - books.google.fr).

 

Le 29 mai 1418, grâce à la trahison d'un certain Perrinet Leclerc et au soutien des artisans et des universitaires, Paris est livrée à Jean de Villiers de L'Isle-Adam, capitaine d'une troupe de partisans du duc de Bourgogne. Le 12 juin suivant, les Armagnacs sont massacrés par le peuple de Paris. Le comte Bernard VII fut l'une des victimes. À nouveau maître de Paris et de la personne du roi, Jean sans Peur voit toutefois lui échapper le Dauphin, partisan armagnac. Alors que le roi d'Angleterre entreprend la conquête de la Normandie, les troupes royales et bourguignonnes ne peuvent s'aventurer à le contrer, par peur d'une reprise de la capitale par les Armagnacs. Il devient donc impérieux pour le duc de Bourgogne et ses partisans de négocier un rapprochement avec les partisans du Dauphin. Ces derniers finissent par accepter, afin d'éviter une possible alliance anglo-bourguignonne. Plusieurs rencontres vont donc être organisées (fr.wikipedia.org - Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons).

 

"Paix" et mort : Montereau

 

Enfin, le pape Martin V, nouvellement élu, accrédita spécialement deux légats, chargés de procurer la paix. Les cardinaux de Saint-Marc (Guillaume Fillâtre, savant prélat français) et des Ursins (Jordano degli Orsini, évêque d'Albano) s'entremirent avec beaucoup de zèle, le premier surtout, à ces négociations. Après un mois de travaux diplomatiques, les envoyés adoptèrent, d'un commun accord, le projet de traité qui nous est resté. Les articles, pour devenir exécutoires, devaient recevoir, préalablement, la ratification des puissances contractantes. Ce projet, dicté aux ambassadeurs français par la nécessité, favorisait, au delà du juste et de l'honnête, la cause bourguignonne. Le duc et la reine étaient rappelés. Ce traité allait jusqu'à sanctionner l'usurpation de la reine. Il validait, sauf quelques réserves, les actes rendus au nom de cette princesse. Du reste et moyennant ces conditions, une amnistie générale était prononcée. On y trouvait enfin certaines clauses tout à fait plausibles. Ces dernières prescrivaient l'oubli et autant que possible la réparation de toutes les violences, confiscations, bannissements et autres modes de préjudice, que les partis s'étaient causés dans le feu de la guerre civile. Soumis à l'examen du conseil de Troyes, puis de Jean sans Peur, les articles obtinrent une approbation unanime. Les ambassadeurs triomphants rapportèrent à Paris le traité de paix, en laissant éclater l'orgueil de leur œuvre, et la satisfaction dont ils étaient remplis. Aussitôt, ce fut, au sein de la capitale, une démonstration de bonheur universelle. Le lendemain du jour où les négociateurs avaient reparu, c'est-à-dire le 27 mai, des groupes joyeux se mirent à parcourir les rues au son des instruments de musique. Les bourgeois dressaient en plein air des tables ouvertes à tout venant, et les bourgeoises y versaient du vin à leurs hôtes improvisés. Cependant le connétable et ses adhérents les plus compromis ne considéraient pas le traité de la Tombe d'un œil aussi enthousiaste. A leur point de vue, le rappel de la reine et de Jean sans Peur, contre lesquels ils nourrissaient toujours la même animosité, constituait la plus inacceptable des solutions. Aucun sentiment de patriotisme, ou autre, n'inspirait à leur cœur l'abnégation nécessaire pour s'imposer un tel sacrifice. Lorsque le programme fut apporté au conseil, le connétable attaqua ce projet avec véhémence, comme contraire à l'honneur et à l'intérêt du roi. L'évêque de Paris, Gérard de Montaigu (frère de Jean de Montaigu), qui avait pris part au congrès, était membre du conseil. Il insista pour obtenir la sanction de cette pièce diplomatique. Le connétable s'y opposa formellement. Henri de Marle, chance, lier de France, appuya le président du conseil. Il déclara que le roi pouvait, s'il le jugeait convenable, sceller luimême ce traité. Mais il protesta que lui, chancelier, n'apposerait jamais à un pareil acte les sceaux de l'État, confiés à sa garde. Le traité de la Tombe était principalement l'ouvrage de Robert le Maçon, chancelier du dauphin, et des autres conseillers de ce prince, qui voulaient sincèrement la paix. Ces derniers eurent alors recours au lieutenant du roi, héritier de la couronne. Le dauphin tint, au Louvre, un conseil pour revêtir de la sanction royale, le projet de traité délibéré au congrès de la Tombe. Mais le connétable s'abstint de paraître à cette réunion. L'opposition obstinée du chancelier de France, jointe à l'absence du connétable, rendit vaine l'assemblée du Louvre. En un mot, le projet de traité fut repoussé par le gouvernement et demeura comme nul. Aussitôt que ces dispositions furent connues dans Paris, l'enthousiasme général fit place à une immense indignation. Le flot populaire déjà ému, mais soulevé jusque-là par un sentiment sympathique, rencontrait un obstacle subit et imprévu. La vague irritée allait rebondir furieuse et grosse de tempête (Auguste Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, roi de France et de son époque, Tome 2 : 1403-1461, 1863 - books.google.fr).

 

Martin V est "fait pape" récemment en 1417.

 

"facere novum papam" comme le dit le cardinal de Glandève dans sa Protestation avant d'entrer au conclave qui élit, en avril 1378, le pape de Rome, pour le moins autoritaire, Urbain VI sous la menace des Romains. Le grand schisme commençait avec l'élection par ses opposants du pape d'Avignon Clément VII, en octobre, et se termina par l'élection de Martin V (Louis Gayet, Le grand schisme d'Occident, Tome 1 : les origines, 1889 - books.google.fr, Jean Baptiste Christophe, Histoire de la papauté pendant le XIVe siècle, Tome 3, 1853 - books.google.fr).

 

En 1419, Jean sans Peur fut attiré par le dauphin à une conférence, sur le pont de Montereau, et il y fut assassiné le 10 septembre par Tanneguy Duchatel, favori du prince. L'évêque de Langres, Charles de Poitiers, un des principaux conseillers de Jean-sans-Peur, l'avait engagé à se rendre à cette conférence. Ce prélat avait assisté à l'assemblée de Tombe, près de Montereau, en 1418. Après la mort de Jean-sans-Peur, Philippe-le-Bon, son fils, se jeta dans le parti des Anglais; il entra à Paris avec eux et combattit dans leurs rangs pendant plusieurs années. Par le fameux traité de Troyes du 20 mai 1420, promulgué le 21 dans la cathédrale de la ville, Charles VI institua pour héritier de la couronne de France Henri, roi d'Angleterre (Charles Auguste Joseph Lambert, Histoire de la ville de Mussy-l'Évêque (Aube), 1878 - books.google.fr).

 

"empirées"

 

"empirer" du bas-latin "impejorare", dér. du lat. tard. "pejorare", dér. de "peior" pire, plus mauvais (FEW 8,155b - 156a) (Jan Fenni, Trésor du langage des galères, 2011 - books.google.fr).

 

Le terme "impejorare" se trouve dans l'enregistrement du don d'une partie des remparts ("munismes", munimen ?) de Paris à Jean de Montaigu en 1406 (Michel Félibien, Histoire de la ville de Paris, reveue, augm. et mise au jour par B. Guy-Alexis Lobineau, 1725 - books.google.fr).

 

Jean de Montagu ou Jean de Montaigu, né vers 1363 (1350 selon certaines sources), était un homme politique et mécène du Moyen Âge. Trésorier de France puis grand maître de France, proche des Armagnacs. Le 7 octobre 1409, sur l’ordre de Jean sans Peur, il est arrêté par le prévôt de Paris Pierre des Essarts et emprisonné au Châtelet où il est torturé. Après un procès sommaire, il est décapité aux Halles de Paris le 17 octobre 1409 avant que son corps soit pendu au gibet de Montfaucon. (fr.wikipedia.org - Jean de Montagu).

 

"seront peuples esmeuz" : "peuples" au pluriel

 

La Fronde est une autre révolte qui pourrait donner la date basse de rédaction du quatrain.

 

La Vie infâme de la Maltaute, dédiée aux curieux par les peuples de Paris (Paris, François Musnier, 1649, 8 pages), la pièce se terminant par le Tombeau de la Maltaute et des partisans, signé L. G. artillerie (Célestin Moreau, Bibliographie des mazarinade, Tome 67, 1851 - books.google.fr).

 

MALTOTE, ou Mautollu, en latin tolta, mala tolta, selon Du Cange. Il paroît que ce nom été employé, pour la première fois, vers 1293, sous Philippe le Bel, au sujet d'un impôt qu'on leva à Rouen sur les denrées. La populace le regarda comme une de ces exactions inconnues jusques-là. Elle se souleva contre les gens, tenant l'échiquier du roi; les assiégea dans le château de la ville; enfonça les portes de la maison du receveur; se saisit de la caisse, & répandit par toutes les rues l'argent qu'elle renfermoit. Cette révolte finit comme toutes les entreprises de cette nature, & les mutins furent punis. Depuis on a donné le nom de maltôtiers, à ceux qui régissent les fermes du roi, & en font percevoir les deniers par leurs commis (Aubert, Dictionnaire historique des mœurs, usages et coutumes des François, 1767 - upload.wikimedia.org).

 

Philip the Fair established an unusual tax of one denier on the sale of all goods. People called this tax the Maltote, the bad tax (from the Latin male, bad, and tollere> to tax). Jews, Lombards, and Templars suffered from his exac tions. His methods have remained famous. His successors imitated him, and from time to time they con demned their superintendents. Thus died Enguerrand de Marigny, Gerard de la Guette, Pierre Remy, Jean de Montaigu, Pierre des Essarts, in order that the King might lay hold of their fortunes which they acquired more or less regularly during the exercise of their public functions. King Charles VII, who was as much a maker of bad money as was Philip the Fair, imprisoned his Minister of Finance, Jacques Coeurc and Francois I had Superintendent Semblan$ay hanged (E. Vidal, The History and Methods of the Paris Bourse, 1910 - fraser.stlouisfed.org).

 

La livre depuis la fin du règne de Louis XIII subit un important mouvement de dévaluation (Daniel Faget, Le rivage incertain, La mer en partage, Sociétés littorales et économies maritimes. XVIe-XXe siècle, 2021 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DEPR, déprimé

 

On lit dans Le Livre de l'Espérance d'Alain Chartier (mort vers 1430) que Dieu avait voulu punir par ce moyen le peuple pécheur, en accord avec une métaphysique de l'histoire selon laquelle, comme un fer en lime un autre, «par les pechiez du roy est pugny le peuple, et par le pechié du peuple est deprimé le roy» : «Un pecheur chastie son semblable, et devient instrument de la divine justice.» (Patrizio Tucci, Histoire et causalité chez Chateaubriand, Chateaubriand, penser et écrire l’histoire, 2022 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1943 sur la date pivot 1418 donne 893.

 

En 888, lorsqu'il faut choisir un roi, l'aristocratie préfère, au dernier petit-fils vivant de Charles le Chauve, le comte Eudes qui s'était illustré dans la défense de Paris contre les Vikings. En 893 un parti, dans lequel se retrouve l'évêque de Paris Achery, reporte au pouvoir le carolingien Charles le Simple. Une nouvelle révolte des grands aboutit à l'élection du fils d'Eudes, Robert Ier (922-923), suivie bientôt de celle de son beau-frère Raoul (923-936). Lorsque ce dernier meurt, le plus puissant personnage du royaume est le fils de Robert, Hugues le Grand. Celui-ci exerce le pouvoir sans prendre la couronne royale, que ceignent tour à tour le fils de Charles le Simple rappelé de son exil en Angleterre, Louis IV d'Outre-Mer, puis Lothaire. A la mort du carolingien Louis V, qui disparaît en 987 sans laisser d'héritier direct, est élu à la royauté le fils de Hugues le Grand, Hugues Capet, dont les successeurs règneront sur la France jusqu'en 1328. Paris, situé au cœur du domaine de la nouvelle dynastie, celle des Capétiens , va devenir la capitale de la France et le destin de son Église va s'en trouver profondément transformé (Bernard Plongeron, Luce Pietri, Le Diocèse de Paris: Des origines à la Révolution, 1987 - books.google.fr).

 

FOULQUES, archevêque de Reims en 883, m. en 900, prit contre Eudes le parti de Charles le Simple, qu'il couronna en 893. Il parvint ensuite à réconcilier les 2 rivaux, et fut nommé par Charles, à son avènement, 898, chancelier du royaume. Il fit revivre les études dans son diocèse. Il fut assassiné par Baudouin, comte de Flandre, qui convoitait l'abbaye de Saint-Bertin, enclavée dans ses États, et dont Foulques était bénéficiaire (Dictionnaire général de biographie et d'histoire, Tome 1, 1895 - books.google.fr).

 

A partie du dernier tiers du IXe siècle, le système monétaire se fragmente rapidement, avec une perte de contrôle effective du pouvoir royal. Dans l'Ouest de la Francia, il est détourné par l'aristocratie laïque et ecclésiastique, qui recourent massivement à la dépréciation de l'aloi et du poids des espèces (Jean-Pierre Devroey, Économie rurale et société dans l'Europe franque (VIe-IXe siècles): Fondements matériels, échanges et lien social, 2003 - books.google.fr).

 

L'occupation

 

« munismes Â» ou « numismes Â» : monnaie. Dans les deux cas, il s’applique Ă  la pĂ©riode indiquĂ©e. En effet l’armistice de juin 40 signe la dĂ©faite de la France qui n’avait pas Ă©tĂ© protĂ©gĂ©e par les fortifications de la ligne Maginot.

 

L’inflation (« descriĂ©es Â» de dĂ©cri : dĂ©prĂ©ciation [3]) en France « des annĂ©es 1940 et 1950 se singularise par son ampleur et sa durĂ©e [4] Â», en raison de l’excĂ©dent permanent de la demande sur l’offre. Sous l’occupation cela est aggravĂ© par les « frais d’occupation Â» et les prĂ©lèvements allemands sur une production amoindrie qui crĂ©ent des pĂ©nuries sans prĂ©cĂ©dent.

 

Les Français approuveront les dĂ©buts du rĂ©gime de Vichy. Il succède Ă  la IIIème RĂ©publique qui n’avait pu les protĂ©ger de l’invasion. PĂ©tain bĂ©nĂ©ficiera d’un « Ă©tat de grâce Â»[5] jusqu’au milieu de 1941.

 

Mais bien vite, « les hommes et la politique de son gouvernement sont totalement dĂ©considĂ©rĂ©s alors que les difficultĂ©s quotidiennes et la rĂ©pression ne cessent de s’aggraver [6]».

 

Paris (anagramme de « Rapis Â») n’a pas connu de situation aussi pĂ©nible depuis 1871.

 

"Rapis" : rave et réquisition

 

La rave doit son nom grec Ă  sa forme ronde, et son nom latin, selon Varron, Ă  ce que sa racine sort de terre, (quasi rapa, quod è terrâ eruatur). Cette Ă©tymologie n'est pas adoptĂ©e par tous les auteurs : AthĂ©nĂ©e fait venir rapum, de rapus, nom grec qu'on donnoit aussi Ă  la rave, ainsi que les noms de raphos, rapys, rapis et rapon, qui tous paroissent dĂ©river de rha ou ra, qui signifioit simplement racine dans l'ancien grec; ce qui explique aussi pourquoi ces noms Ă©toient encore appliquĂ©s Ă  d'autres plantes, avec des Ă©pithètes qui les faisoient distinguer, et pourquoi l'on voit dans les ecrits des anciens, les raves, les radis et raiforts, les navets, rĂ©unis dans la mĂŞme classe, celle des rapa : ainsi on nommoit gongyle, la rave; mais on sous-entendoit rapis ou rapon; c'est comme si l'on eĂ»t dit, la racine ronde; de mĂŞme rapis bounias, le navet; rapon tice, la jusquiame, etc. (Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquĂ©e aux arts, Ă  l'agriculture, Ă  l'economie rurale et domestique, Ă  la mĂ©decine, Tome 29, 1819 - books.google.fr).

 

Les nouvelles conditions de la vie du pays imposĂ©es par l'occupation eurent un retentissement direct et profond sur le ravitaillement de la capitale. Dès septembre 1940, les denrĂ©es alimentaires devinrent et le prix haussa considĂ©rablement. Les marchandises furent dissimulĂ©es et de nombreux commerçants les rĂ©servaient Ă  leurs amis et Ă  leurs bons clients. De tous cĂ´tĂ©s, des gens qui n'avaient jamais Ă©tĂ© commerçants se mirent Ă  vendre chez eux des produits reçus de province ou acquis d'une façon dĂ©tournĂ©e dans le commerce rĂ©gulier : ce fut le «marchĂ© noir» dont les prix Ă©taient, en moyenne, triple des prix lĂ©gaux. Sur les Ă©ventaires des marchĂ©s forains et chez les commerçants, tout ce qui est indispensable Ă  la vie se restreignit graduellement. Au cours de l'hiver 1940-41, les pommes de terre disparurent Ă  peu près. On vendait des topinambours et des tonnes de grosses raves appelĂ©es rutabagas, lĂ©gumes que l'on ne consommait pas Ă  Paris (Louis Villatte, Paris aux deux derniers siècles, 1949 - books.google.fr).

 

«Rapis» de "Rapio", ravir, prendre de force en latin (Henri Torné-Chavigny, Lettres du grand prophète d'après l'histoire prédite et jugée par Nostradamus et l'Apocalypse interprétée par le même auteur, 1870 - books.google.fr).

 

Les réquisitions de denrées alimentaires effectuées par les Autorités allemandes s'ajoutant aux livraisons faites par le ravitaillement français apportent une perturbation considérable au plan de rationnement de la population civile (Pierre Caron, Pierre Cézard, La Délégation française auprès de la Commission allemande d'armistice, Tome 5 : 21 juillet-21 décembre 1941, 1959 - books.google.fr).

 

"arroy"

 

On a Ă©crit anciennement ARROY, AROI, AROY, ARRAY, ERROI, ERROY : Ordre, arrangement, disposition (Dictionnaire historique de la langue française, Tome 3, 1888 - books.google.fr).

 

Un «ordre nouveau» doit ĂŞtre instaurĂ© par la nouvelle Ă©quipe dirigeante, dans le cadre d'une dictature personnelle : PĂ©tain s'autoproclame «chef de l'État français». Il a les pouvoirs lĂ©gislatif et exĂ©cutif; il nĂ©gocie les traitĂ©s, nomme Ă  tous les emplois, commande ce qui reste des forces armĂ©es et, tel un monarque, il peut mĂŞme exercer la justice politique. Les deux chambres existent encore sur le papier jusqu'Ă  leur suppression en juillet 1942 (Éric Alary, Nouvelle histoire de l'Occupation, 2019 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DEPR

 

La dépréciation de la valeur or du franc, dès 1940, avait été en fait plus importante que ne le faisaient ressortir les dévaluations officielles comme l'indiquaient les cours du marché clandestin où se faisaient les opérations sur l'or légalement interdites (Pierre Jarre, Le stock-outil, 1969 - books.google.fr).

 

La facture totale des frais d'occupation imposés par l'Allemagne s'éleva à 65 milliards de francs et représenta près de 60 % du budget national pendant les quatre années du régime de Vichy, entraînant la dépréciation de la monnaie et une inflation fulgurante (Sarah Fishman, La bataille de l'enfance: Délinquance juvénile et justice des mineurs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, 2008 - books.google.fr).

 

Entre août 1939 et juillet 1942, la Statistique Générale de la France estime que le coût de la vie a monté d'environ 75 %. Encore ce chiffre ne tient-il pas compte de la hausse invisible due à la baisse générale de la qualité (Gaëtan Pirou, Traité d'économie politique: La monnaie, 1942 - books.google.fr).



[1] Michel Dufresne, « Dictionnaire Nostradamus Â», JCL Ă©ditions, 1989

[2] Jean-Charles de Fontbrune, « Nostradamus, historien et prophète Â», Editions du rocher, 1980, p. 353

[3] R. Grandsaignes d’Hauterive, « Dictionnaire d’ancien français Â», Larousse, 1947

[4] Jean-Charles Asselain, L’Histoire n° 120, p. 42

[5] RenĂ© RĂ©mond, « Vichy et les Français Â», Fayard, 1992, p. 17

[6] Christian Bougeard, « Vichy et les Français Â», Fayard, 1992, p. 541

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