Difficultés économiques de la France occupée

Difficultés économiques de la France occupée

 

VI, 23

 

1942-1943

 

D’esprit de regne munismes descriées,

Et seront peuples esmeuz contre leur Roy :

Paix, faict nouveau, sainctes loix empirées,

Rapis onc fut en si tresdur arroy.

 

Le premier vers a une interprĂ©tation diffĂ©rente si l’on considère « munismes Â» comme provenant du latin « munimen Â» [1], fortification, ou comme une altĂ©ration de « nomisma Â» [2], monnaie. Dans les deux cas, il s’applique Ă  la pĂ©riode indiquĂ©e. En effet l’armistice de juin 40 signe la dĂ©faite de la France qui n’avait pas Ă©tĂ© protĂ©gĂ©e par les fortifications de la ligne Maginot.

 

L’inflation (« descriĂ©es Â» de dĂ©cri : dĂ©prĂ©ciation [3]) en France « des annĂ©es 1940 et 1950 se singularise par son ampleur et sa durĂ©e [4] Â», en raison de l’excĂ©dent permanent de la demande sur l’offre. Sous l’occupation cela est aggravĂ© par les « frais d’occupation Â» et les prĂ©lèvements allemands sur une production amoindrie qui crĂ©ent des pĂ©nuries sans prĂ©cĂ©dent.

 

Les Français approuveront les dĂ©buts du rĂ©gime de Vichy. Il succède Ă  la IIIème RĂ©publique qui n’avait pu les protĂ©ger de l’invasion. PĂ©tain bĂ©nĂ©ficiera d’un « Ă©tat de grâce Â»[5] jusqu’au milieu de 1941.

 

Mais bien vite, « les hommes et la politique de son gouvernement sont totalement dĂ©considĂ©rĂ©s alors que les difficultĂ©s quotidiennes et la rĂ©pression ne cessent de s’aggraver [6]».

 

Paris (anagramme de « Rapis Â») n’a pas connu de situation aussi pĂ©nible depuis 1871.

 

"Rapis" outre "Paris"

 

De Lutetia Parisiorum. 3. :

Quae dicta est olim Luttetia Parisiorum,

Nominat hanc vulgò dictio Galla, Paris;

Si tamen hanc Latio vertas anagrammate vocem,

Que tibi Galla Paris dicitur, ecce Rapis;

Ergo Parisiis ex rapto vivitur, atque est

Gallia Metropoli praeda pudenda suae.

Immo quod Ă  Paride transumpsit nomen & omen,

Hic quoque Priamides cogit amare Paris.

Sed rapere Ă  Latio, non Gallo sumpsit, eo quod

Sirapitur, nobis hoc dedit Italia :

Scire voles igitur quid agat Luttetia, amare,

Gallo more docet, sed rapit Italico (Estienne Pasquier, Les Oeuvres: Contenant Ses Recherches De La France, Son Plaidoyé pour M. le Duc de Lorraine, Et Les Lettres De Nicolas Pasquier, Fils D'Estienne, Volume 1 (1585), 1723 - books.google.fr).

 

Nostradamus se montre passĂ© maĂ®tre en figures, dont il suggère la solution (malgrĂ© sa dĂ©fense pseudo-sĂ©rieuse) en insĂ©rant des anagrammes faciles de noms bien connus : Rapis (Paris), Eiouas (Savoie), Mendosve et Mendosus (Vendosme), Chiren (Henri-c) et beaucoup d'autres. En effet, le bon Michel ne se trompait point; les commentateurs, par des efforts incalculables, sont arrivĂ©s Ă  dĂ©chiffrer Ă  leur manière ses rĂ©fĂ©rences cryptographiques (Eugène F. Parker, La lĂ©gende de Nostradamus, Revue du seizième siècle, Volume 10, 1923 - books.google.fr).

 

La rave doit son nom grec Ă  sa forme ronde, et son nom latin, selon Varron, Ă  ce que sa racine sort de terre, (quasi rapa, quod è terrâ eruatur). Cette Ă©tymologie n'est pas adoptĂ©e par tous les auteurs : AthĂ©nĂ©e fait venir rapum, de rapus, nom grec qu'on donnoit aussi Ă  la rave, ainsi que les noms de raphos, rapys, rapis et rapon, qui tous paroissent dĂ©river de rha ou ra, qui signifioit simplement racine dans l'ancien grec; ce qui explique aussi pourquoi ces noms Ă©toient encore appliquĂ©s Ă  d'autres plantes, avec des Ă©pithètes qui les faisoient distinguer, et pourquoi l'on voit dans les ecrits des anciens, les raves, les radis et raiforts, les navets, rĂ©unis dans la mĂŞme classe, celle des rapa : ainsi on nommoit gongyle, la rave; mais on sous-entendoit rapis ou rapon; c'est comme si l'on eĂ»t dit, la racine ronde; de mĂŞme rapis bounias, le navet; rapon tice, la jusquiame, etc. (Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquĂ©e aux arts, Ă  l'agriculture, Ă  l'economie rurale et domestique, Ă  la mĂ©decine, Tome 29, 1819 - books.google.fr).

 

Les nouvelles conditions de la vie du pays imposĂ©es par l'occupation eurent un retentissement direct et profond sur le ravitaillement de la capitale. Dès septembre 1940, les denrĂ©es alimentaires devinrent et le prix haussa considĂ©rablement. Les marchandises furent dissimulĂ©es et de nombreux commerçants les rĂ©servaient Ă  leurs amis et Ă  leurs bons clients. De tous cĂ´tĂ©s, des gens qui n'avaient jamais Ă©tĂ© commerçants se mirent Ă  vendre chez eux des produits reçus de province ou acquis d'une façon dĂ©tournĂ©e dans le commerce rĂ©gulier : ce fut le «marchĂ© noir» dont les prix Ă©taient, en moyenne, triple des prix lĂ©gaux. Sur les Ă©ventaires des marchĂ©s forains et chez les commerçants, tout ce qui est indispensable Ă  la vie se restreignit graduellement. Au cours de l'hiver 1940-41, les pommes de terre disparurent Ă  peu près. On vendait des topinambours et des tonnes de grosses raves appelĂ©es rutabagas, lĂ©gumes que l'on ne consommait pas Ă  Paris (Louis Villatte, Paris aux deux derniers siècles, 1949 - books.google.fr).

 

«Rapis» anagramme de Paris, de "Rapio", ravir, prendre de force en latin (Henri Torné-Chavigny, Lettres du grand prophète d'après l'histoire prédite et jugée par Nostradamus et l'Apocalypse interprétée par le même auteur, 1870 - books.google.fr).

 

Les réquisitions de denrées alimentaires effectuées par les Autorités allemandes s'ajoutant aux livraisons faites par le ravitaillement français apportent une perturbation considérable au plan de rationnement de la population civile (Pierre Caron, Pierre Cézard, La Délégation française auprès de la Commission allemande d'armistice, Tome 5 : 21 juillet-21 décembre 1941, 1959 - books.google.fr).

 

"arroy"

 

On a Ă©crit anciennement ARROY, AROI, AROY, ARRAY, ERROI, ERROY : Ordre, arrangement, disposition (Dictionnaire historique de la langue française, Tome 3, 1888 - books.google.fr).

 

Un «ordre nouveau» doit ĂŞtre instaurĂ© par la nouvelle Ă©quipe dirigeante, dans le cadre d'une dictature personnelle : PĂ©tain s'autoproclame «chef de l'État français». Il a les pouvoirs lĂ©gislatif et exĂ©cutif; il nĂ©gocie les traitĂ©s, nomme Ă  tous les emplois, commande ce qui reste des forces armĂ©es et, tel un monarque, il peut mĂŞme exercer la justice politique. Les deux chambres existent encore sur le papier jusqu'Ă  leur suppression en juillet 1942 (Éric Alary, Nouvelle histoire de l'Occupation, 2019 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DEPR

 

La dépréciation de la valeur or du franc, dès 1940, avait été en fait plus importante que ne le faisaient ressortir les dévaluations officielles comme l'indiquaient les cours du marché clandestin où se faisaient les opérations sur l'or légalement interdites (Pierre Jarre, Le stock-outil, 1969 - books.google.fr).

 

La facture totale des frais d'occupation imposés par l'Allemagne s'éleva à 65 milliards de francs et représenta près de 60 % du budget national pendant les quatre années du régime de Vichy, entraînant la dépréciation de la monnaie et une inflation fulgurante (Sarah Fishman, La bataille de l'enfance: Délinquance juvénile et justice des mineurs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, 2008 - books.google.fr).

 

Entre août 1939 et juillet 1942, la Statistique Générale de la France estime que le coût de la vie a monté d'environ 75 %. Encore ce chiffre ne tient-il pas compte de la hausse invisible due à la baisse générale de la qualité (Gaëtan Pirou, Traité d'économie politique: La monnaie, 1942 - books.google.fr).



[1] Michel Dufresne, « Dictionnaire Nostradamus Â», JCL Ă©ditions, 1989

[2] Jean-Charles de Fontbrune, « Nostradamus, historien et prophète Â», Editions du rocher, 1980, p. 353

[3] R. Grandsaignes d’Hauterive, « Dictionnaire d’ancien français Â», Larousse, 1947

[4] Jean-Charles Asselain, L’Histoire n° 120, p. 42

[5] RenĂ© RĂ©mond, « Vichy et les Français Â», Fayard, 1992, p. 17

[6] Christian Bougeard, « Vichy et les Français Â», Fayard, 1992, p. 541

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