DĂ©clin
des socialistes espagnols VI,
88 1990 Un
regne grand demoura desolé, Auprès
del Hebro se seront assemblees : Monts
Pyrenees le rendront consolé, Lors que dans May seront terres tremblees. Le « regne » socialiste en Espagne s’étend de 1982 à 1996. A partir de 1986, le PSOE est abandonné (« desolé » : du latin « desolatus », déserté, abandonné) progressivement (« demoura » : de « demourer », demeurer, retarder) par les électeurs. Aux élections législatives du 29 octobre 1989, il n’a la majorité que d’une seule voix, majorité qu’il perdra à l’élection partielle à Melilla le 25 mars 1990. La désaffection des électeurs est accélérée par les scandales de trafics d’influence et de corruption. Alfonso Guerra, vice-président du gouvernement et compagnon de longue date du premier ministre Philippe Gonzalez, est obligé de démissionner en janvier 1990 en raison des malversations de son frère. « A partir de ce moment, les révélations de ce type deviennent la routine [1] ». Le roi lui-même interviendra pour dénoncer, en juin 1991 à Grenade, « le laisser-aller et la corruption qui font que tant de choses se dégradent en Espagne ». En ces années, le bilan économique de l’Espagne est contrasté : « d’un côté, le plus fort taux de croissance des « Douze », de l’autre le déficit commercial le plus élevé [2] ». L’ouverture sur le monde - entrée dans la CEE en 1986, préparation au marché unique – oblige à des restructurations auxquelles s’opposent les syndicats. La « Marche de fer » des sidérurgistes des Asturies et du Pays basque, s’opposant aux licenciements, arrive à Madrid le 26 octobre 1992 (« Aupres del Hebro se seront assemblees » : le fleuve Ebre traverse le nord de l’Espagne). Au Pays basque (« Monts Pyrenees »), alors qu’il renverse ses alliances en écartant le PSOE en février 1991, le PNV (parti national basque) reprend sa collaboration avec les socialistes afin de négocier la reconversion de la sidérurgie de la province [3] (PSOE « consolé »). Le mois de mai 1990 connaît de nombreux tremblements de terres dont ceux d’Italie du Sud le 5, du Soudan le 20 et de celui ressenti en Roumanie, Bulgarie et Russie le 30 [4]. [1] Guy Hermet, « L’Espagne au XXème siècle », PUF, 1992, p. 278 [2] Bartolomé Bennassar et Bernard Bessière, « Le défi espagnol », La manufacture, 1991, p. 138 [3] Jacques Maurice et Carlos Serrano, « L’Espagne au XXème siècle », Hachette, 1992, p. 191-192 [4] D. et M. Frémy, « Quid 1997 », Laffont, p. 96 |