Haïlé Sélassié

Haïlé Sélassié

 

VI, 14

 

1935-1936

 

Loin de sa terre Roy perdra la bataille.

Prompt eschappe poursuivy suivant pris,

Ignare prins sous la dorée maille,

Sous faint habit, et l'ennemi pris.

 

"ignare"

 

Un bâtard (mamzer) sage (talmid haham) est supérieur à un grand prêtre (Kohen Gadol) ignare (Am Haaretz) (hébr., proverbe talmudique Mishna Horajot 3, 8, adopté par le patrimoine populaire). Dans la halakha, aucune discrimination ne frappe le mamzer, hormis l'interdiction d'épouser un conjoint juif (Charles Touati, Prophètes, talmudistes, philosophes, Numéro 198, 1990 - books.google.fr, Simcha Fishbane, Calvin Goldscheider, Jack N. Lightstone, Exploring Mishnah's World(s), Social Scientific Approaches, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

Horayot («DĂ©cisions») est le dixième livre du Seder Nezikim dans la Mishna, le neuvième dans le Talmud de Babylone et le huitième dans le Talmud de JĂ©rusalem. L’ordre Nezikin (en hĂ©breu : Seder Nezikin, «ordre des dommages») est le quatrième des six ordres de la Mishna. Il comprend 10 traitĂ©s et a pour objet les lois pĂ©nale et civile juives. Il rĂ©sulte de la compilation des traditions orales des diffĂ©rents docteurs de la Loi ayant exercĂ© avant la clĂ´ture de la Mishna, en 200 EC (fr.wikipedia.org - Nezikin).

 

"dorée maille" : filets d'or

 

La maille était, à l'origine, une unité de mesure puis une pièce de monnaie française apparue sans doute au XIIe siècle. Elle valait 1 demi-denier. On la reconnait à la croix qui s'impose au centre d'une de ses faces. Le mot est synonyme d'obole, une création monétaire qui remonte aux Mérovingiens. La maille était la plus petite valeur représentée matériellement (fr.wikipedia.org - Maille (monnaie)).

 

Le rational Ă©tait le vĂŞtement le plus prĂ©cieux du grand prĂŞtre dont il couvroit sa poictrine entre les deux extrĂ©miotĂ©s de l'Ephod, c'est Ă  dire, mantelet, nommĂ© en Latin (Humerale) : ce vestement estoit tres riche, portant douze pierres precieuses, en chacune desquelles estoit le nom d'vne Tribu, & estant tissu de filets d'or, & de fine laine de couleur celeste, & de couleur de pourpre. [...]

 

Apres les Prefaces des trois petits Commentaires que ie vous ay donnez sur les Prouerbes, sur l'Ecclesiaste, & sur la Sagesse, j'ay peu de choses Ă  vous dire sur ce liure. Les latins luy ont baillĂ© ce titre d'Ecclesiastique pour le distinguer de l'Ecclesiastes quoy que tous deux fassent la mesme fonction de prescher par escrit & d'instruire le peuple en la connoissance de Dieu, de la Loy, & des vertus necessaires Ă  la perfection de la vie. Ce liure le fait plus copieusement & plus fortement que l'Ecclesiaste, parce qu'il s'estend plus loin, & n'obmet rien qui appartienne aux meurs, ou que l'on puisse desirer en une Morale acheuĂ©e. C'est la raison pourquoy les Grecs l'ont appellĂ© (marĂłgenos) vn thresor ou vn lieu commun de toutes les vertus, auquel les louanges de Dieu, & de ses Ĺ“uures admirables, sont adioustĂ©es, auec les Eloges des hommes Illustres; qui ont precede. Plusieurs Sentences de Salomon inserĂ©es en ce liure, & la ressemblance que les autres ont avec les Prouerbes & l'Ecclesiaste, luy firent attribĂĽer le nom & le titre de Salomon, mesme le 3. Concile de Cartage le cite pour tel au chap: 43. ; toutefois il est certain qu'il n'est point de Salomon; mais de Jesus fils de Sirach Ierosolimitain; comme les Grecs & les Latins communement nous l'asseurent. Cela paroist Ă  son Prologue, & au dernier chap. du liure mesme, que Jesus le vieil en est l'Auteur, celuy qu'on pense auoir estĂ© petit neveu de Jesus le Grand Prestre, lequel reuint auec Zorobabel de la captiuitĂ© de Babylone sous le Roy Cyrus, que l'on croit encor auoir estĂ© un des 72. Interpretes qui traduisirent en Grec le texte Hebreu des liures Sacrez par le commandement de PtolemĂ©e Philadelphe Roy d'Egypte (Pierre Gorse, Salomon, ou explication abrĂ©gĂ©e du Livre de l'Ecclesiastique, avec des notes sur les passages obscurs, 1654 - books.google.fr).

 

Le peuple, témoin des prodiges operez en faveur de GEDEON, voulut le revetir du pouvoir absolu & hereditaire. Domine sur nous, dirent-ils, toi, ton fils, eg le fils de ton fils , mais rejettant cette dignité, Dieu fera votre Maitre, leur répondit-il. Voilà le comble de la grandeur humaine. Se refuser à l'éclat de la souveraine puissance, qui nous cherche, prouve une ambition éteinte parfaitement. Il demanda seulement à ses Soldats les carquans des Iduméennes, des Chananéennes, & des Madianites, qu'ils avoient pillées. Ils les lui offrirent avec joie, & aiant amassé de la forte mille sept cent sicles, ou septante livres d'or, il en fit faire des ornemens facerdotaux, ou comme s'exprime l'Ecriture, un Ephod, mais cet ornement ne servant qu'à couvrir l'épaule, il n'est pas apparent qu'il eut emploié tant d'or à une piece semblable. Fondez sur un autre sens du mot Ephod, qui signifie, ornement d'un autel, quelques auteurs pensent que ce fut un Idole, exposé par Gedeon à l'adoration des Israelites. Pensée qu'il est étonnant qu'on ait pu concevoir d'un Saint, car l'Apôtre lui donne ce nom, d'un homme plein de foi, de celui pour qui Dieu fit tant de miracles, & qui détruisit l'autel de Baal. D'autres jugent que c'étoit, non un superhumeral, mais un habit entier, une espece de robe triomphale. Un autre savant (Cajetan) croit que c'étoit une cotte de maille, d'or pur, qu'il offrit à Dieu en action de grâce. Un quatrieme veut que ce fussent des habits sacerdotaux, que GEDEON garda chez lui, pour sacrifier, & qu'en cela consistoit le peché dont il se repentit dans la suite, mais l'Ecriture ne fait aucune mention de cette penitence. Il y a plus d'apparence que par cet Ephod, il faut entendre les divers ornemens d'un Grand Prêtre, savoir le Rational, & l’Urim & le Thummim, que le souverain Pontife revetoit, avant de rendre ses oracles, & d'interpreter la volonté divine. Il laissa ces marques facrées en dépôt, à Ephra sa patrie, en memoire du triomphe signalé qu'il avoit obtenu du Ciel, & cette conduite n'eut rien de criminel. Il se trompa à la verité, mais il eut des vues droites, & la pureté de ses intentions l'excuse. Il est vrai que fon erreur devint funeste aux Israelites, parce qu'après la mort, cet Ephod leur donna occasion de tomber dans une idolatrie, qui attira fur eux d'effroiables châtimens (Vicente Bacallar y San Felipe, La monarchie des hébreux, Tome 1, 1727 - books.google.fr).

 

Grand prĂŞtre

 

Il y avait eu autrefois l'alliance de YahvĂ© avec David (2 S 7, 12-16 ; le terme «alliance» figure Ă  ce propos en Ps 89, 29) : il ne s'agissait pas lĂ  d'une alliance de type contrat, comme l'alliance sinaĂŻtique, mais d'un engagement unilatĂ©ral de Dieu promettant la perpĂ©tuitĂ© de la royautĂ©. C'est une telle alliance-promesse que le Document sacerdotal, en Nb 25, 12-13, prĂ©sente au sujet des prĂŞtres. Dieu donne Ă  Pinhas, petit-fils d'Aaron, la promesse d'un sacerdoce Ă  perpĂ©tuitĂ©, «une alliance de sacerdoce Ă©ternel». Ces deux alliances, avec LĂ©vi et avec Pinhas, «paraissent concentriques et non exclusives l'une de l'autre». Ben Sira reprend et dĂ©veloppe ce thème de l'alliance sacerdotale.

 

Dans son éloge du grand prêtre Simon, le Siracide fait de nouveau, comme en 45, 24, mention de l'alliance avec Pinhas qui se continue en Simon, et il prie pour que cette promesse de la succession des grands prêtres sadocides continue à se réaliser (50, 24). Le traducteur grec, à la fin du second siècle, a supprimé cette mention de Simon et de Pinhas, et appliqué le texte à l'ensemble du peuple, car il n'y avait plus, de son temps, de grand prêtre sadocide (Jean Le Moyne, Les sadducéens, 1972 - www.google.fr/books/edition).

 

La guerre de Juifs

 

A deux reprises, nous avons dĂ©jĂ  rencontrĂ© des grands prĂŞtres manifestant leur opposition contre les Romains : Yoazar, en l'an 6, conspira avec les agitateurs anti-romains ; en 62, Anan le Jeune prit parti, avec les avec les nobles de JĂ©rusalem, contre Agrippa II et le procurateur Festus. De cette hostilitĂ© dans les milieux de l'aristocratie sacerdotale, nous avons des manifestations pendant la guerre, Ă  partir de 66. C'est, du reste, le signal mĂŞme de la rĂ©volte qui est donnĂ© par un prĂŞtre aristocrate. En 66, ÉlĂ©azar, commandant du Temple, fils d'Ananie, grand prĂŞtre en charge de 47 jusqu'en 55 au moins, entraĂ®ne les prĂŞtres officiant au Temple Ă  ne plus accepter les sacrifices offerts par un Ă©tranger donc, entre autres, les sacrifices quotidiens offerts pour l'empereur. A la fin de cette annĂ©e 66, les ZĂ©lotes s'emparent du pouvoir Ă  JĂ©rusalem ; ils dĂ©signent comme chefs de la ville Joseph, fils de Gorion, et Anan le Jeune, l'ancien grand prĂŞtre. Par ailleurs, durant l'hiver 67-68, les ZĂ©lotes, maĂ®tres de JĂ©rusalem, tirèrent au sort un nouveau prĂŞtre, Pinhas de Habta. Cet homme faisait partie de l'une des «tribus pontificales», celle d'Éniachim ; il Ă©tait donc, semble-t-il, Sadocide. Ce souci, chez les ZĂ©lotes, de la lĂ©gitimitĂ© du grand prĂŞtre est caractĂ©ristique. Après avoir mentionnĂ© l'origine de Pinhas (membre de la famille d'Éniachim), Josèphe (Guerre IV, 155)  dit que Pinhas «n'appartenait pas Ă  l'aristocratie sacerdotale». Au moment de la destruction du Temple, la noblesse sacerdotale rĂ©sista farouchement et sombra avec le sanctuaire et la ville sainte (Jean Le Moyne, Les sadducĂ©ens, 1972 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Zélotes firent grand prêtre, après avoir pris le contrôle du sanctuaire, un paysan, Pinhas de Habta, qu'ils arrachèrent à sa campagne et qui n'était nullement formé pour exercer le souverain sacerdoce (Christian Grappe, Le Royaume de Dieu, avant, avec et après Jésus, 2001 - www.google.fr/books/edition).

 

La multitude commençait d'ailleurs Ă  se soulever contre eux, Ă  la voix du plus âgĂ© des grands prĂŞtres, Ananos, homme d'une parfaite modĂ©ration et qui peut-ĂŞtre eĂ»t sauvĂ© la ville, s'il avait Ă©chappĂ© aux mains des conjurĂ©s. Mais ceux-ci firent du Temple de Dieu leur citadelle et leur refuge contre les troubles civils ; le Saint des Saints devint l'asile de leur tyrannie. A tout cela s'ajouta de la bouffonnerie, plus pĂ©nible encore que les forfaits ; car pour Ă©prouver l'abattement du peuple et mesurer leur propre puissance, ils entreprirent de tirer au sort les grands prĂŞtres, alors qu'ils se succĂ©daient, comme nous l'avons dit, au sein des mĂŞmes familles. Ils donnaient pour prĂ©texte de cette innovation un ancien usage, prĂ©tendant que le tirage au sort avait aussi, dans l'antiquitĂ© la fonction sacerdotale : mais en fait, il y avait lĂ  une violation d'une loi solidement Ă©tablie, et un moyen pour eux d'acquĂ©rir de l'autoritĂ© en s'attribuant Ă  eux-mĂŞmes le droit de confĂ©rer de hautes fonctions.

 

En consĂ©quence, ils mandèrent une des tribus pontificales, la tribu Eniachim et procĂ©dèrent au choix par le sort d'un grand prĂŞtre : le hasard dĂ©signa un homme dont la personne tĂ©moignait trop bien de leur infamie. C'Ă©tait un nommĂ© Phanni, fils de Samuel, du bourg d'Aphthia. Non seulement il n'appartenait pas Ă  une famille de grands prĂŞtres, mais il Ă©tait ignorant au point de ne pas savoir ce qu'Ă©taient les fonctions sacerdotales. Ils l'arrachèrent donc malgrĂ© lui Ă  la campagne et, comme un acteur en scène, le parèrent d'un masque Ă©tranger ; ils lui firent revĂŞtir les vĂŞtements sacrĂ©s et l'instruisirent de ce qu'il avait Ă  faire. Pour ces gens, une si grande impiĂ©tĂ© n'Ă©tait qu'un sujet de moquerie et de badinage ; mais les autres prĂŞtres, contemplant de loin cette dĂ©rision de la loi, ne pouvaient retenir leurs larmes et pleuraient sur cette dĂ©gradation des honneurs sacrĂ©s (Flavius Josèphe, Guerre des juifs, Livre IV  - remacle.org).

 

"faint habit & l'ennemy surpis"

 

Ce qu'il y eut de pire pour les Juifs en ces diuisions ciuiles, ce fut qu'outre les meurtres & les massacres, les seditieux apres auoir gaignĂ© quelque quartier de la ville sur leurs ennemis, brusloient les maisons pleines de grains & de bleds, dont depuis ils eurent vne grande disette durant la famine dont ils se virent persecutez. En ces entrefaites, Jean enuoya de ses gens au Temple sous couleur de vouloir offrir des sacrifices, mais y ayans estĂ© receus par Eleazar, ils firent paroistre les armes qu'ils auoient cachĂ©es sous leurs robes ; & Ă  mesme temps le massacrerent, & taillerent en pieces tous ceux qui se mirent en deuoir de leur resister. Eleazar ayant estĂ© ainsi surpris & tuĂ©, les trois factions se remirent en deux, qui continuèrent leurs actes d'hostilitĂ© l'vne contre l'autre, iusques Ă  ce que les Romains arriuans, la guerre estrangere leur fit oublier pour vn temps leurs querelles particulieres pour s'opposer Ă  leurs communs ennemis. Car alors mettant en oubly leurs premieres discordes & leurs premieres haines, ils se tallierent ensemble pour combattre contre les Romains. Neantmoins leur resistance fut vaine, d'autant que les Romains mettans en oeuvre toute leur industrie & toute leur vaillance pour les subiuguer, non seulement emporterent les trois murailles dont leur ville estoit enceinte, mais outre cela forcerent le Temple, & firent un si cruel carnage de ces miserables, que iamais le Soleil ne vit vn plus sanglant ni un plus horrible spectacle que celuy de cette inhumaine boucherie. Ils auoient combattu auec vne obstination incomparable, & auoient fait de glorieuses sorties, oĂą ils auoient mis l'armĂ©e Romaine en de grandes detresses (Claude Malingre, Histoire romaine, Tome 2, 1646 - books.google.fr).

 

Horayot 10a tells the story of rabbi Gamliel and Rabbi Yehoshua on a boat journey. The story has been cited as the first periodic reference to Halley's Comet in world literature. The story from Horayot is a definite identification of a comet with an orbit of seventy years. Halley's Comet was seen in 66 CE when Rabban Gamaliel II and Rabbi Yehoshua, a.k.a. Joshua ben Hananiah, were beginning their careers as sages (en.wikipedia.org- Horayot).

 

ZĂ©lotes

 

Pour Josèphe ce sont des gens qui se rĂ©clament de Pinhas, le ZĂ©lote, fils d'Eleazar fils d'Aaron, mais agissent comme Zimri, qui, ayant des relations interdites, se comporte en idolâtre. [...] Il prĂ©cise qu'ils (les ZĂ©lotes) usurpaient Ă  ses yeux cette appellation, trompant ainsi la masse inculte et appliquant l'idĂ©al zĂ©lote non pas aux choses justes mais au crime : le texte de Josèphe concorde avec celui de T.B. Sota 22b (Monette Bohrmann, Flavius Josèphe, les zĂ©lotes et YavhĂ©, pour une relecture de la Guerre des Juifs, 1989 - www.google.fr/books/edition).

 

Parce qu'il s'était montré "jaloux pour son Dieu", expression que la Septante rend à l'aide la verbe zèloô, Pinhas, déclare Yahveh, a sauvé Israël, et «ses escendants seront à jamais prêtres» (Pierre Vidal-Naquet, Flavius Josèphe, ou, Du bon usage de la trahison, (préface à "La guerre des juifs"), 1977 - www.google.fr/books/edition).

 

Sadoc, grand prêtre sous Salomon, est un descendant de Pinhas, descendant d'Aaron, descendant de Lévi  (Christophe Batsch, La guerre et les rites de guerre dans le judaïsme du deuxième Temple, 2005 - www.google.fr/books/edition).

 

La "jalousie" du ZĂ©lote est Ă  l'image de Dieu. Un ZĂ©lote se dit en hĂ©breu qana (pluriel qanaĂ®m). Dieu est jaloux, c'est-Ă -dire exclusif : il n'admet aucun autre culte (mot-Ă -mot : avoda zara, terme dĂ©signant l'idolâtrie). L'alliance avec Dieu ne supporte aucun compromis. Ex., XXXIV, 10-27 dĂ©finit le comportement du Juif qui a adhĂ©rĂ© Ă  l'alliance - rejet de l'habitant du pays, renverser ses autels, ne pas se prosterner devant une divinitĂ© Ă©trangère - et du Juif qui n'observe pas "jalousement" cette alliance : il en arrive Ă  une attitude de compromis Ă  l'Ă©gard du paien ; par voie de consĂ©quence, il se prostituera Ă  un culte Ă©tranger (avoda zara), sacrifiera Ă  des dieux autres, mangera le repas de ces sacrifices idolâtres puis finalement Ă©pousera les filles des idolâtres. [...]

 

Le Zélote a une conscience aiguë de ce danger, il centrera sa façon de vivre quotidienne sur la notion d'intransigeance. Il sera donc le champion de la non-compromission, jaloux (qana) attaché au Dieu jaloux (El qana). Le Zélote reproduit l'exclusivisme divin à son niveau personnel, humain. Dans cette lecture du monothéisme le qana est inconditionnel de Dieu, il ne fera pas de concessions et la conséquence en est qu'il sera violent. Il existe la violence inscrite dans le monde - mal radical -, la violence des Nations envers le Juif ; il y a enfin la violence des Zélotes, qui sévit lorsque l'intégrité du judaisme est en cause : violence de Judas le Galiléen, qui soulève le peuple lors du recensement de Quirinius, violence de son fils Menahem (B.J., II, 443), violence d'Eleazar ben Jaïr, parent de Menahem (ibid., 447) qui massacre la garnison romaine (ibid., 453) puis se rend maître de Massada (ibid., 447 ; VII, 275-388). Le Zélote dans "sa vive ardeur à servir la cause de Dieu et de la religion" n'hésite pas à intégrer la violence pour une cause qui lui semble juste, mais cette cause - le détail a son importance - est toujours la même : lutter contre l'idolâtrie. La violence du Zélote n'a qu'une seule cible : l'idolâtrie. Le Zélote a fait le choix de la violence pour extirper la violence : il guérit le mal (l'idolâtrie) par le mal (la violence). Là où se niche l'idolâtrie, le Zélote frappe (285). Cette violence du Zélote est la conséquence de sa conception intransigeante du monothéisme, mais aussi de sa conception de l'histoire (Monette Bohrmann, Flavius Josèphe, les zélotes et Yavhé, pour une relecture de la Guerre des Juifs, 1989 - www.google.fr/books/edition).

 

Agrippa : le dernier roi des Juifs

 

Les écrits de Flavius Josèphe sont la source quasi-unique au sujet d'Agrippa. Mais il y a un problème, ce que raconte Josèphe dans son Autobiographie - aussi appelée Vita - ne coïncide pas avec ce qu'il avait raconté 20 ans auparavant dans la Guerre des Juifs. Les différences entre les deux récits portent aussi bien sur le fond que sur la chronologie.

 

Dans une note de lecture Photios de Constantinople Ă©crit : «Lu de Justus de TibĂ©riade une chronique intitulĂ©e : Justus de TibĂ©riade,  Chronique des rois des Juifs en tois stemmasin. […] Il commence son rĂ©cit Ă  MoĂŻse et le poursuit jusqu'Ă  la mort d'Agrippa, septième souverain de la maison d'HĂ©rode et dernier roi des Juifs. Il avait reçu le pouvoir sous Claude, l'avait vu s'accroĂ®tre sous NĂ©ron et davantage encore sous Vespasien et il mourut la troisième annĂ©e du règne de Trajan» (fr.wikipedia.org - Agrippa II).

 

Le parti juif, dĂ©vouĂ© par intĂ©rĂŞt ou par conviction Ă  la domination romaine, avait Ă  sa tĂŞte HĂ©rode-Agrippa II. Ce prince, en qualitĂ© de surveillant du temple et des offrandes qu'on y envoyait, fut exposĂ© Ă  plusieurs conflits qui permirent de pressentir qu'au premier signal de soulèvement le roi de l'IturĂ©e et ses amis seraient chassĂ©s de JĂ©rusalem. Pour ne parler ici que d'un incident, HĂ©rode-Agrippa II, afin de mieux assurer son contrĂ´le, fit Ă©lever les Ă©tages du palais des AsmonĂ©ens qu'il habitait. De son nouvel appartement, sa vue plongeait, non-seulement sous les galeries extĂ©rieures du temple qui Ă©taient comme la place publique de la citĂ©, mais jusque dans l'intĂ©rieur de l'Ă©difice. Les principaux de JĂ©rusalem, blessĂ©s de cette mesure, parce que leurs lois ne permettaient pas qu'on regardât ce qui se passait dans le temple, notamment les sacrifices, Ă©levèrent, afin de servir de rideau, un contre-mur très-haut qui intercepta la vue Ă  l'appartement du roi, et en mĂŞme temps Ă  une galerie extĂ©rieure oĂą les Romains faisaient garde les jours de fĂŞte. HĂ©rode-Agrippa II et Festus exprimèrent en commun leur mĂ©contentement. Le procurateur voulait abattre le contre-mur. Mais les citoyens de JĂ©rusalem, protestant qu'ils ne pourraient vivre si on touchait aux bâtiments du temple, demandèrent qu'une dĂ©putation se rendĂ®t auprès de NĂ©ron pour discuter l'affaire. Le grand prĂŞtre IsmaĂ«l et Helcias, garde du trĂ©sor sacrĂ©, qui furent au nombre des dĂ©putĂ©s, obtinrent par le crĂ©dit de l'impĂ©ratrice PoppĂ©e, favorable aux Juifs, que la muraille subsistât : mais l'empereur les retint en otage ; et HĂ©rode-Agrippa II donna le pontificat Ă  Joseph, surnommĂ© Cabi, fils de Simon, grand prĂŞtre (Mathieu Richard Auguste Henrion, Histoire ecclĂ©siastique depuis la crĂ©ation jusqu'au pontificat de Pie IX, Tome 9, 1859 - books.google.fr).

 

Agrippa II avait Ă©tĂ© un tĂ©moin impuissant des Ă©vĂ©nements ; ses tentatives de mĂ©diation infructueuses et son allĂ©geance au pouvoir impĂ©rial l’avaient discrĂ©ditĂ© auprès des Juifs sans distinction qui le considĂ©raient comme complice de la destruction du Temple. Sa sĹ“ur BĂ©rĂ©nice continua â alimenter la chronique royale du fait de son Ă©phĂ©mère liaison avec le futur empereur Titus qui n'hĂ©sita cependant pas Ă  s'en dĂ©barrasser en la chassant de Rome lorsqu'il commit qu'une telle union l'aurait disqualifiĂ© pour le trĂ´ne. Elle et son frère moururent dans leur palais ; ils Ă©taient les lointains descendants des HasmonĂ©ens et les derniers HĂ©rodiens susceptibles de rĂ©gner, mais depuis longtemps dĂ©jĂ  ne jouaient plus aucun rĂ´le dans cette histoire de l'Orient romain que leur ancĂŞtre, le grand roi HĂ©rode, avait si fortement marquĂ©e (Jean-Michel Roddaz, HĂ©rode le roi architecte, 2021 - www.google.fr/books/edition).

 

vers 2 : Philippe de Bathyra

 

Agrippa II reçut de Claude et de Néron des territoires pris à quelques roitelets comme l'Iturée (Sophène) qui appartenait à Sohème, et la Batanée, donnée par Hérode le Grand à Zamaris, des juifs venu de Babylones fidèles partisans de la maison d'Hérode. Varus (Ouaros ou Noaros suivant les différents écrits de Josèphe), parent de Sohème, et Philippe de Bathyra, petits-fils de Zamaris passèrent au service d'Agrippa II.

 

Philippe de Bathyra ("homme prompt à la main, & adonné à toutes sortes de vertus") fut envoyé à Jérusalem soulevée avec 2000 cavaliers pour soutenir les partisans de Rome. Battu avec les Romains de Cestius Gallus, il put se retirer (Les Oevvres De Flave Ioseph Fils De Matthias, traduit par Antoine de La Faye, 1598 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Romains sortirent de Jérusalem et furent poursuivis par les Juifs qui les vainquirent à Bethoron (Etienne Nodet, Les Romains, les Juifs, et Flavius Josèphe, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

Philippe se réfugia dans un village près de Gamala en Batanée, où une fièvre le retint quelque temps. Les Gamalites se révoltèrent contre les Babyloniens, et Philippe y fut envoyé par Agrippa pour les conserver dans leur obéissance au roi. Les Gamalites s'en prirent à la famille de Philippe qui "se departit du fort de Gamala, pour la cause qui s'ensuit" (Les Oevvres De Flave Ioseph Fils De Matthias, traduit par Antoine de La Faye, 1598 - www.google.fr/books/edition).

 

Autre traduction : « Quelque temps avant cette rĂ©volte de TibĂ©riade, Philippe, fils de Jachim, s'Ă©vada de la forteresse de Gamala dans les conditions que voici Â» (Flavius Josephe, Autobiographie, traduit par AndrĂ© Pelletier, 1983 - books.google.fr).

 

On peut en déduire que Philippe était retenu ("pris") dans Gamala (Inventaire des archives de la ville de Bruges, 1882 - www.google.fr/books/edition, Laurent Bouchel, La Bibliothèque ou trésor du droit françois, Tome I, 1667 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 1935 sur la date pivot 70 donne -1796.

 

Epoque de la mort du patriarche Jacob en Egypte (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr).

 

La figure de Joseph fils de Jacob dans le discours d'Etienne dans les Actes des apôtres 7,9-16 est une amorce de typologie christologique. [...] Mort et enterrement de Jacob et des patriarches : versets 15b – 16. Cette dernière partie du récit sur Joseph évoque la mort de Jacob et des patriarches ainsi que leur enterrement à Sichem. La principale difficulté de ces versets repose autour de la mention de Sichem. En fait, il y a manifestement une confusion ou un «télescopage» de de Gn 23,2-20 évoquant la caverne de Makpéla à Hébron achetée par Abraham et où Jacob sera inhumé en Gn 50,7-13, avec Gn 33,18-19 décrivant le champ acheté par Jacob à Sichem et dans lequel Joseph sera inhumé d'après Jos 24,32 (Paul Beauchamp, Typologie biblique, de quelques figures vives, 2002 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Samaritains de Sichem ont toujours affirmé, dans leurs lettres, détenir un rouleau du Pentateuque copié par Abisham, fils de Pinhas, la treizième année de l'entrée d'Israël en Canaan.

 

Gibeath Pinhas est l'endroit dans les montagnes d'Éphraïm, où le grand-prétre Eleazar, fils d'Aaron, fut enseveli; cette localité fut donnée à son fils Pinhas. Les Talmuds font observer que celui-ci la reçut comme héritage maternel, puisque le père était un cohen et, en cette qualité, ne pouvait posséder de terre. Sichem est une des plus anciennes villes de la Palestine, située sur le penchant d'une montagne d'Ephraïm, dans une vallée étroite au pied des monts Guerizim et Ebal (Adolf Neubauer, La Géographie du Talmud, 1868 - books.google.fr).

 

La région à l’ouest du Jourdain qui recouvre à peu près la Samarie actuelle, est attribuée aux  tribus d’Ephraïm et de Menassé, les 2 fils de Joseph, le seul fils de Jacob sans tribu à son nom (www.dreuz.info).

 

Les hommes de Sichem sont massacrés par les frères zélotes Siméon et Lévi (David Brezis, Littérature talmudique et débat secert avec le christianisme, 2021 - www.google.fr/books/edition).

 

Gen., XXXIV, 1-25 : Dina, la fille que LĂ©a avait enfantĂ©e Ă  Jacob, sortit pour faire connaissance avec les filles du pays. Elle fut vue de Sichem, fils de Hamor... il l'enleva et cohabita avec elle en lui faisant violence... Jacob apprit qu'on avait dĂ©shonorĂ© Dina, sa fille... Hamor leur (aux frères de Dina) parla en ces termes : "Sichem, mon fils dĂ©sire votre fille... donnez-nous vos filles, et Ă©pousez les nĂ´tres". Les fils de Jacob rĂ©pondirent avec ruse : "Nous ne saurions donner notre sĹ“ur Ă  un homme incirconcis... nos filles... et nous formerons un seul peuple" ...et tout mâle fut circoncis parmi les citoyens de la ville. Or, le troisième jour, comme ils Ă©taient souffrants, les deux fils de Jacob, Simon et LĂ©vi, frères de Dina, prirent chacun leur Ă©pĂ©e, marchèrent sur la ville en sĂ©curitĂ©, et tuèrent tous les mâles. La violence de Simon et LĂ©vi s'exerça sur Sichem car ce dernier, idolâtre, fit violence Ă  leur sĹ“ur. [...] Simon et LĂ©vi se sont livrĂ©s Ă  un massacre ; leur violence, mĂŞme si leur motif Ă©tait la puretĂ© de l'alliance, est rĂ©prouvĂ©e et estimĂ©e dangereuse par la tradition : Ils ne seront pas investis de l'autoritĂ© de chef et ils seront "dissĂ©minĂ©s dans Jacob" (Monette Bohrmann, Flavius Josèphe, les zĂ©lotes et YavhĂ©, pour une relecture de la Guerre des Juifs, 1989 - www.google.fr/books/edition).

 

Sichem, ville cananéenne sur le site de Naplouse. Neapolis (Naplouse) fut fondée à proximité de Sichem sous Vespasien (Jean-Yves Guillaumin, Pierre Monat, Etymologies de Isidore de Séville : Les constructions et les terres, 2004 - www.google.fr/books/edition).

 

Ainsi, lisons-nous dans Actes VIII, que le diacre Philippe baptisa Simon le Magicien, l'eunuque de la reine de Candace, et à Samarie, un grand nombre de personnes (Théophile Bernard, Cours de liturgie romaine, Tome 1, 1893 - books.google.fr).

 

Salomon aurait donné à Makedda et à ses descendants la ville de Gaza près de laquelle l'eunuque de la reine Candace rencontra précisément le diacre Philippe. Mais, comme les listes royales d'Aksoum ne mentionnent aucune reine, il semble bien que Candace était souveraine non de l'Abyssinie (Haute-Ethiopie), mais du royaume de Napata ou de Méroé qui était celui des «Ethiopiens» (Drouin, Les listes royales éthiopiennes). Ce nom aurait été attribué à toute reine d'Ethiopie (Guèbrè Sellassié, Chronique du règne de Ménélik II, roi des rois d'Éthiopie, Tome 2, traduit par Maurice de Coppet, 1930 - www.google.fr/books/edition).

 

1936 : le dernier roi d'Ethiopie

 

Le gouvernement italien semble nous demander, d'une part, de ne plus contrecarrer le développement de son influence politique en Abyssinie, d'autre part, de faciliter sa pénétration économique en lui cédant, ou en partageant avec lui, ou en lui permettant de doubler le chemin de fer qui fait actuellement de Djibouti la seule porte commode de l'Éthiopie vers le monde extérieur. Dès le début de la négociation, nous avons envisagé la possibilité d'un effacement politique devant l'Italie en Éthiopie si les espérances que nous fondions sur les sympathies françaises et les tendances réformatrices du ras Taffari Makonnen, régent de l'Empire, devaient être déçues. Depuis lors, le souverain devenu Empereur sous le nom de Hailé Sélassié Ier s'est montré impuissant à dominer l'anarchie féodale des provinces et à redresser, dans sa capitale, les abus d'une administration xénophobe. Son pouvoir apparait tellement précaire et la protection qu'il accorde à nos intérêts si insuffisante que nous éprouvons moins de scrupule à prendre nos dispositions en vue de sa chute (Documents diplomatiques français, 1932 - books.google.fr).

 

Commencées en octobre 1935, les opérations militaires se terminent en mai 1936. Jalonnées de victoires, elles auront duré sept mois. En dépit d'un succès du Négus au lac Achanghi en avril, le maréchal Badoglio entre à Addis-Abeba le 5 mai. Victor-Emmanuel III est nommé empereur d'Éthiopie et, l'Italie se retire de la SDN. Hailé Sélassié gagne Djibouti puis se réfugie en Angleterre. En 1941, il fera sa rentrée dans sa capitale libérée par les Alliés et en 1974, sera déposé par un coup d'État militaire (André Collet, Les Guerres locales au XXe siècle, Que sais-je ? 1997 - books.google.fr).

 

Lors de son retour à Addis-Abeba à la fin du mois d'avril 1936, Haïlé Sélassié Ier a hésité un temps avant de s'exiler jusqu'à ce que le Conseil de la Couronne se soit prononcé en faveur du départ. Cette décision et la nouvelle de l'exil a suscité une vive émotion. Pour la première fois dans l'histoire éthiopienne, le Negusse Negest quitte le pays face à une invasion étrangère. Une partie des Éthiopiens a critiqué le choix de l'exil, accusant le souverain d'avoir abandonné le pays.

 

Haïlé Sélassié sait qu'il ne peut rien attendre des puissances étrangères. En revanche, l'exil lui offre la possibilité de mener un combat diplomatique. Par ailleurs, il ne peut mener une guérilla, ceci étant contraire aux traditions éthiopiennes. En effet, les Éthiopiens considèrent que le devoir du Negusse Negest est de rester dans le pays et combattre à la tête de l'armée. Cet argument s'appuie sur l'histoire des souverains éthiopiens qui constituent une des dynasties avec le plus grand nombre de souverains morts au combat contre un ennemi. C'est finalement le réalisme politique qui l'emporte sur l'idéal et les traditions : le 2 mai 1936, à 4 h, Haïlé Sélassié prend un train à Addis-Abeba pour se rendre à Djibouti. Le 4 mai 1936, à 16 h, il s'embarque dans un bateau britannique en direction de Jérusalem. Avant son départ, il a confié l'administration du pays au ras Emrou, avisé par téléphone, qui gouverne depuis Goré nouveau siège du gouvernement éthiopien. Lorsqu'il arrive à la gare de Jérusalem, il est accueilli sous les acclamations d'une foule d'environ 8000 personnes. Après un séjour de deux semaines, il part vers Londres, où il arrive le 3 juin 1936, sous les acclamations de la foule (fr.wikipedia.org - Seconde guerre italo-éthiopienne).

 

"Suivant pris"

 

En septembre 1936, près des deux tiers du territoire Ă©thiopien restent administrĂ©s par des officiels de HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ©. En novembre, les Italiens progressent vers Jimma et GorĂ© ; le mois suivant, Emrou est capturĂ© et emmenĂ© en Italie tandis que les trois fils du ras Kassa Haile Darge sont pendus en public. Par la suite, on assiste au dĂ©veloppement de mouvements adoptant la tactique du «hit-and-run» (ou «attaque-Ă©clair»). L'Ă©croulement des grandes unitĂ©s, transforme la guerre conventionnelle en une guĂ©rilla qui dure jusqu'en 1941 ; du cĂ´tĂ© italien, on ne considère plus ces hommes comme des combattants ou des soldats mais des brigands. En fĂ©vrier 1937, le ras Desta est battu Ă  Goggeti en pays GouraguĂ© ; capturĂ©, il est exĂ©cutĂ© sommairement. Ainsi, tout au long de l'Occupation, la RĂ©sistance se poursuit et son importance est telle qu'elle limite grandement la victoire italienne en restreignant le contrĂ´le des soldats de Mussolini aux grandes villes (fr.wikipedia.org - Seconde guerre italo-Ă©thiopienne).

 

Selon la tradition éthiopienne, Haïlé Sélassié appartient à la dynastie dite «salomonique», qui remonte aux rois Salomon et David par la reine de Saba (fr.wikipedia.org - Hailé Sélassié Ier).

 

Un Phinéas éthiopien

 

La Reine s'en retourna donc Ă  Saba, ou Azab, avec son Fils Menilek, qu'elle garda auprès d'elle quelques annĂ©es, & qu'elle renvoya ensuite Ă  son Pere pour le faire instruire. Salomon ne nĂ©gligea rien pour l'Ă©ducation de cet enfant. Menilek fut oint & couronnĂ© Roi d'Ethiopie, dans le Temple de JĂ©rusalem ; &, Ă  cette Ă©poque, il pricele nom de David. Ensuite il revint Ă  Azab, oĂą il conduisit une Colonie de Juifs, parmi lesquels Ă©toient plusieurs Docteurs de la Loi de MoĂŻse, particulièrement un de chaque Tribu. Il Ă©tablit ces Docteurs Juges dans son Royaume ; & c’est d'eux que descendent les Umbares actuels, Juges suprĂŞmes, dont trois accompagnent toujours le Roi. Avec Menilek, Ă©toit aussi Azarias, Fils du Grand PrĂŞtre Zadok, lequel porta une copie de la loi, qui resta confiĂ©e Ă  sa garde. Azarias reçut aussi le titre de Nebrit ou de Grand-PrĂŞtre ; & quoique le Livre de la loi fĂ»t brĂ»lĂ© dans l'Eglise d'Axum, pendant que la guerre des Maures dĂ©vastoit le Royaume d'Adel, la charge d'Azarias fut conservĂ©e, Ă  ce qu’on assure dans sa famille, dont les descendans sont encore aujourd'hui NĂ©brits, ou PrĂŞtres de l'Eglise d'Axum. Toute l’Abyssinie fut donc convertie au JudaĂŻsme, & le gouvernement de l'Eglise, & celui de l'Etat, furent entièrement modelĂ©s sur ce qui Ă©toit alors en usage Ă  JĂ©rusalem. Le dernier usage que la Reine de Saba fit de son pouvoir, fut d'Ă©tablir la loi, qui devoit servir Ă  jamais de règle pour la succession au trĂ´ne dans les Etats. D'abord elle ordonna que la Couronne seroit toujours hĂ©rĂ©ditaire dans la famille de Salomon; en second lieu, qu'après elle aucune femme ne pourroit porter cette Couronne, ou ĂŞtre dĂ©clarĂ©e Reine, mais qu'on la dĂ©fĂ©reroit Ă  son hĂ©ritier mâle, quelqu'Ă©loignĂ© qu'il fĂ»t, Ă  l'exclusion des femelles plus rapprochĂ©es

 

Leur emblême est un lion passant dans un champ de gueule, & ayant pour motto "le lion de la race de Salomon, & de la Tribu de Juda, a triomphé" (James Bruce, Voyage en Nubie et en Abyssinie, entrepris pour découvrir les sources du Nil, pendant les années 1768, 1769, 1770, 1772 & 1773, traduit par M. Castera, Tome 1, 1790 - books.google.fr).

 

Ce que les Falasha racontent de leur origine, & qui est fondé sur la seule tradition, c'est qu'ils vinrent de Jérusalem à la suite de Ménilek. [...] Ce Peuple industrieux se multiplia prodigieusement, & il étoit déjà très puissant, au tems de la conversion de l’Empire au Christianisme, ou comme les Falasha l'appellent eux-mêmes, au tems de l’Apostasie sous Abreha & Arzbeha. Alors ils se choisirent pour Souverain un Prince de la Tribu de Juda, & de la race de Salomon & de Ménilek. Ce Prince se nommoit Phinéas. Il refusa d'abandonner la Religion de ses Peres; & c'est de lui que les Souverains de Falasha descendent en droite ligne. Ainsi, ils ont un Prince de la Maison de David, quoique les Abyssiniens aient, par manière de reproche, appellé cette famille Bet Israël, pour donner à entendre, qu'elle s'est révoltée contre la race de Salomon, & la Tribu de Juda (James Bruce, Voyage en Nubie et en Abyssinie, entrepris pour découvrir les sources du Nil, pendant les années 1768, 1769, 1770, 1772 & 1773, traduit par M. Castera, Tome 1, 1790 - books.google.fr).

 

En 1930, l'empereur HaĂŻlĂ© sĂ©lassiĂ© sera oint par l'Abouna selon la sentence sacrĂ©e : «Comme Samuel a oint David, comme Zadoc et Nathan ont oint Salomon, ainsi je vous oins avec cette Sainte Huile !» (Georges Jouin, Ils ont trahi Salomon, chronique d'une rĂ©volution tĂ©lĂ©guidĂ©e, 1995 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : LPIS, Elpis ou la sagesse

 

Les Bollandistes, qui ont tâché d'éclaircir, avec une certaine dose de critique et d'histoire, ce courant poétique de l'hagiographie orientale, déclarent, relativement aux trois saintes Foi, Espérance et Charité, filles de sainte Sagesse, qu'il faut douter de tout ce qui les concerne, excepté du culte qui leur est rendu : «Solus cultus indubitatus est». Leur origine, leur famille, leur genre de vie, le lieu et la date où elles ont souffert le martyre sont incertains. Suivant les Bollandistes, leur nom même serait purement qualificatif et non appellatif; en d'autres termes,

on les aurait nommĂ©es ainsi parce qu'elles auraient souffert, pour la «foi» du Christ, avec «espĂ©rance» et «charité», sous la direction de la «sagesse». Les uns les font martyriser Ă  Rome, les autres Ă  NicomĂ©die ; ceux-ci sous Adrien, ceux-lĂ  sous DioclĂ©tien, Ă  un demisiècle de distance. D'après Usuard, elles ont souffert Ă  Rome, sous Adrien, et le 1er aoĂ»t : «Item Romæ, passio sanctarum virginum Spei, Fidei et Charitatis, et matris earum Sapientiæ, quæ sub Adriano principe martyrii coronam adeptæ sunt». Suivant Notker, c'est le 23 juin, Ă  NicomĂ©die et sous leur nom grec, qu'elles furent martyrisĂ©es : «In Nicomedia passio sanctarum virginum Pistis, Elpis, Agapis, quæ latine Fides, Spes, Charitas dicuntur, et matris earum Sophiæ quæ Sapientia interpretatur, et aliarum multarum». C'est seulement Ă  la fin du IXe siècle qu'elles sont nommĂ©es dans les martyrologes classiques. Leur martyre est placĂ© au 1er aoĂ»t par les Latins; mais les mĂ©nologes grecs le mettent au 17 septembre, et le «Guide de la peinture», que nous avons rapportĂ© du mont Athos, assigne leur supplice au 15 septembre, deux jours plus tĂ´t. Suivant le «Guide», leur mère sainte Sophie aurait Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©e en mĂŞme temps que ses trois filles; mais, d'après les hagiologues latins et grecs, la mère aurait assistĂ© au martyre de ses enfants, aurait recueilli et enseveli leurs restes, et, priant au pied de leur sĂ©pulture, se serait endormie dans le Seigneur trois jours après la mort des trois saintes. Sophie eĂ»t dont Ă©tĂ© martyre dans ses filles et non dans elle-mĂŞme (Didron, Iconographie des trois vertus thĂ©ologales, Annales archĂ©ologiques, Volume 20, 1860 - books.google.fr).

 

Le Kebra Nagast, au XIVe siècle, raconte comment Makeda (la reine de Saba), reine du Sud, commerçait avec de nombreuses rĂ©gions. A cette Ă©poque, le roi Salomon construisait son temple Ă  JĂ©rusalem. L'un des marchands de Makeda rencontra Salomon. De retour auprès de Makeda, il lui conta la sagesse et l'intelligence de Salomon, si bien que Makeda dĂ©cida de rencontrer ce souverain. Elle eut de longues discussions avec Salomon, au cours desquelles ils abordèrent le thème du Dieu des HĂ©breux. Makeda renonça alors Ă  ses propres croyances polythĂ©istes, se convertit au monothĂ©isme juif et fit le veu que son royaume et sa descendance suivraient dĂ©sormais cette religion. Après quelque temps, Makeda annonça Ă  Salomon qu'elle devait repartir. Salomon l'invita Ă  un dernier banquet puis, une fois seuls, Ă  dormir dans sa tente. Makeda accepta Ă  condition qu'il ne tente pas de la prendre de force. Salomon lui fit alors promettre de ne rien prendre de sa maison, auquel cas auquel cas il romprait sa promesse. Au cours de la nuit, Makeda eut soif, et trouva de l'eau dans la demeure de Salomon. Elle but, rompant ainsi sa promesse  dĂ©livrant Salomon de la sienne. La reine rentra cependant dans son royaume et mit au monde un fils qu'elle appela Ibn al-Hakim (Ebna Hakim, MĂ©nĂ©lik) : «le fils de l'homme sage» (L'histoire, NumĂ©ros 261-266, 2002 - www.google.fr/books/edition, Ivan Biliarsky, The Birth of the Empire by the Divine Wisdom and the Ecumenical church, Modeles Bibliques Du Pouvoir Et Du Droit: Actes Du Colloque International, Bucarest, New Europe College 2005, 2008 - books.google.fr).

 

Parmi les manuscrits éthiopiens (Gheez et Amharique) de la Bibliothèque Nationale, on trouve un Salam aux trois vierges Pistis, Elpis et Agapis (Hermann Zotenberg, Catalogue des manuscrits éthiopiens (Gheez et Amharique) de la Bibliothèque Nationale, 1877 - www.google.fr/books/edition).

 

Un Commentaire marial Ă©thiopien dit : «Pour empĂŞcher (Satan) de sortir du trou Salomon y scella le Nom de Dieu qui est appelĂ© Filet de Salomon.» La mĂ©taphore du filet a connu en Éthiopie un succès extraordinaire : «Filet de Salomon qu'il Ă©tendit sur lesdĂ©mons mauvais comme un filet Ă  poissons de mer», Filet qui permit Ă  Salomon, le Roi, le Magicien, de vaincre les dĂ©mons et les forgerons (Jacques Mercier, Le roi Salomon et les maĂ®tres du regard, 1992 - www.google.fr/books/edition, Maxime Rodinson, Ethiopien et subarabique, Libret 7, 1992 - www.google.fr/books/edition).

 

Elpis est un Samien qui bâtit Ă  Samos un temple Ă  Bacchus Ă  gueule bĂ©ante, par allusion Ă  un Ă©vènement que rapporte Pline. Cet Elpis, abordĂ© en Afrique, a rencontrĂ© un lion qui, la gueule bĂ©ante, semblait le menacer, grimpe sur un arbre, en invoquant Bacchus ; car c'est principalement dans les cas dĂ©sespĂ©rĂ©s que nous avons recours aux vĹ“ux. L'animal, au lieu de l'empĂŞcher de gagner cet asyle, comme il n'eĂ»t tenu qu'Ă  lui, s'arrĂŞta au contraire, puis se coucha au pied de l'arbre, toujours gueule bĂ©ante, & employant Ă  exciter la compassion cette mĂŞme dĂ©monstration qui avait causĂ© tant de terreur Ă  Elpis. Un os sur lequel ce lion s'Ă©tait jetĂ© avec trop d'aviditĂ© s'Ă©tait fortement engagĂ© entre ses dents ; la faim et la privation de ses armes naturelles Ă©taient pour lui un double supplice. Il regardait au haut de l'arbre comme pour invoquer du secours. Elpis ne vouloit pas se livrer tĂ©mĂ©rairement Ă  la discrĂ©tion de l'animal fĂ©roce ; & la merveille mĂŞme qu'il voyoit dans sa soumission, le retint bien plus long-tems encore que la peur. A la fin cependant il descendit. Le lion lui ayant prĂ©sentĂ© l'endroit oĂą Ă©toit le mal, & s'Ă©tant mis dans l'attitude la plus convenable Ă  l'opĂ©ration, Elpis enleva l'os. On ajoute que pendant tout le tems que le vaisseau demeura sur la cĂ´te, le lion marqua sa reconnoissance par la quantitĂ© de gibier qu'il eut soin d'apporter (Pline, Histoire naturelle, Tome troisieme, 1771 - books.google.fr).

nostradamus-centuries@laposte.net