Millénarisme VI, 78 1982-1983 Crier victoire du grand Selin croissant, Par les Romains sera l'Aigle clamé, Ticcin, Milan et Gênes n'y consent, Puis par eux mêmes
Basil grand réclamé. Charles VI, le roi
fou Le "grand Selin croissant" rappelle le
"croissant du grand Chyren Selin" du
quatrain VIII, 54 qui peut désigner le roi fou Charles VI de France. Il est à peine nécessaire de rappeler l'étymologie du mot
lunatique, qui vient du latin luna, lune. Les Grecs,
pour exprimer la même chose, disaient "selèniaozmai",
être lunatique ou maniaque, épileptique; "selèniakos",
lunaire, qui a rapport à la lune, lunatique, épileptique; "selèniasmos", manie lunatique, épilepsie. Tous ces
mots ont pour racine commune "selènè",
lune. Par lunatiques il faut entendre aussi bien les maladies que les malades
supposés être sous l'influence de l'astre du soir. On dit une maladie lunatique
et un malade lunatique. On dit aussi, au ligure et dans le langage vulgaire,
qu'un homme fantasque, capricieux, est lunatique. On dit enfin, dans l'art
vétérinaire, d'un cheval, qu'il est lunatique, lorsqu'il est sujet à une
certaine fluxion périodique sur les yeux, selon le cours de la lune. Les
Anglais ont conservé les mots lunatique (lunatic) et lunacie (lunacy) pour exprimer l'aliénation mentale; et dans les
meilleurs recueils modernes, dans l'English cyclopœdia,
par exemple, publiée dans ces dernières années, c'est aux mots lunacy et lunatic qu'il faut
chercher tout ce qui a rapport à la folie. Nos voisins d'outre-mer disent lunatic asylum pour asile
d'aliénés Le mal du Roi commençoit peu Ã
peu, l'esprit lui baissait, il dissoit des choses
sans raison, & faisoit des actions indignes de la
Majesté Royale. Le mal de l'esprit passoit ensuite au corps : il perdoit
l'un apres l'autre l'usage de tous ses sens, tantôt
il pleuroit & d'autres fois il faissoit des cris effroyables. Les accés
de sa maladie étoient fort differens,
il ne connoissoit personne, ni Freres,
ni Oncles, ni même la Reine sa femme, qu'il repoussoit
rudement & avec des paroles dures, quand elle vouloit
lui rendre quelque petit service. La Reine qui l'aimoit
tendrement, étoit au desespoir;
mais elle se seroit consolée, si son aversion avoit été generale. Il connoissoit toujours la Duchesse d'Orleans,
l'alloit voir à toute heure & l'appelloit sa chere soeur. C'est ce qui fit courre le bruit qu'elle l'avoit ensorcellé. Les Lombars au milieu desquels la Duchesse avoit
été élevée, étoient alors accusez d'avoir beaucoup de
commerce avec les esprits Aeriens. D'ailleurs le
peuple reprochoit au Duc d'Orleans,
qu'il hantoit des magiciens; & il étoit vrai que route sorte de gens étoient
bien venus chez lui, pourvu qu'ils promissent de lui faire voir des choses
extraordinaires. La Duchesse d'Orleans étoit aimable, insinuante, flateuse
: elle pouvoit plaire au Roi sans magie. On accusa
son mari dans la suite d'avoir aussi ensorcelle la Reine, & peut être n'étoit-il pas plus grand magicien que sa femme Valentine Visconti (morte en 1408), est une princesse
milanaise, devenue duchesse d'Orléans par son mariage avec Louis d'Orléans,
frère du roi de France Charles VI, assassiné le 23 novembre 1407 par des sbires
de son cousin et rival politique le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Elle est
la fille de Jean Galéas Visconti (1351-1402), seigneur puis duc de Milan, et
d'Isabelle (1348-1372), fille du roi de France Jean II le Bon Dans un livre de 1399, un savant historien de la folie de Charles VI écrivait : «Le roi qui avait recouvré la santé, célébra la solennité de Pâques en son hôtel royal de Saint-Paul, et, dans l'octave, il reçut dévotement de la main de l'évêque de Paris le sacrement de la confirmation. Chacun se réjouissait de sa convalescence, mais cet heureux état ne dura pas longtemps. Cette même année il retomba six fois en démence, soit à la nouvelle Lune, soit à la pleine Lune» (Chronique de Saint Denis). Il y aurait eu conséquemment six pleines et six nouvelles Lunes qui auraient été sans effet sur l'état mental de l'infortuné monarque, il n'est donc pas possible de tirer aucune conclusion raisonnée d'un fait qui, en le supposant exact, n'a pas été accompagné, par les chroniqueurs, des détails nécessaires pour entraîner la conviction de ceux qui envisagent de sang-froid les questions de cette nature. Le médecin Joubert, chancelier de l'École de Médecine de Montpellier, publia en 1578, un ouvrage sur les Erreurs populaires touchant la médecine. Dans cet ouvrage, il classe «le mal caduc (l'épilepsie) et quelque espèce de folie dite mélancolie, parmi les maux qui suivent fort évidemment le cours et les faces de la Lune,» mais sans citer des exemples démonstratifs à l'appui de son opinion (Oeuvres de François Arago, Astronomie populaire, Tome 3, 1856 - books.google.fr, Chronique du religieux de Saint-Denys contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422 publiée en latin pour la premiere fois et traduite par L. Bellaguet, Tome 2, 1840 - books.google.fr, James Howell, Proedria-Vasilike : Dissertatio de praecedentia regum, in qua rationes, & argumenta potentiorum Europæi orbis monarcharum, 1664 - books.google.fr). Pour expliquer l'étrange maladie du roi, les savants, qui refusaient sortilèges et maléfices, ne manquaient pas d'hypothèses. L'astrologie, qui faisait dépendre la santé de l'homme du mouvement des astres, et qui avait fait d'énormes progrès au XIVe siècle, suggérait une première explication. Mais il fallut bientôt admettre que les crises royales ne débutaient ni à la nouvelle ni à la pleine lune. Le roi n'était décidément pas "lunatique" (L'histoire, Numéros 278 à 282, 2003 - books.google.fr). "victoire" L'éclatante victoire de Roosebeke
demeura, on le sait, dans toutes les mémoires comme l'un des hauts faits du
règne de Charles VI. A maintes reprises, Eustache Deschamps célèbre ce triomphe
qui symbolise à ses yeux la gloire naissanteÂ
du souverain et fournit le thème central des prophéties au cerf volant, où le monarque est érigé en champion de la foi
chrétienne. La bataille de Roosebeke,
également appelée «bataille du Mont-d'Or», se déroula
près du village de Roosebeke, actuellement Oostrozebeke
en Flandre-Occidentale, le 27 novembre 1382. Elle opposa une troupe de
miliciens flamands, commandés par Philippe van Artevelde, à l'ost français
conduit par le roi de France Charles VI et commandé par le connétable Olivier
de Clisson. Celui-ci sera victime d'un attentat perpétré par Pierre de Craon.
C'est en allant à la recherche de l'auteur de ce crime, réfugié selon les dires
en Bretagne, dans la forêt du Mans, que Charles VI est frappé de folie le 5
août 1392 Célèbre, la régénérescence du cerf à l'issue de sa
victoire sur le serpent est rapportée par tous les traités animaliers du temps
qui, transposant sa mue périodique et sa longue vie au plan moral et
eschatologique, font de l'animal une figure christique répétant, tous les 32
ans, le miracle de la résurrection du Christ : «Et ainssi jetera
sa char, c'est que l'ame jetera
le corps hors d'avesques soi, et ira en espurgatoire et après en vie pardurable,
joane de trente deus ans».
Remarquons combien cette symbolique traditionnelle éclaire l'emploi que
Deschamps fait de l'image du cerf appliquée à Charles VI : car c'est bien par
cette référence à la symbolique christique de l'animal que la ballade 67 promet
à universelle lorsque «Trente deux ans ara le cerf volant»
(v. 1). Les circonstances s'ajoutaient ici à la légende: né le 3 décembre 1368,
Charles VI fêterait ses trente-deux ans à la fin de l'année 1400 - date bien
évidemment eschatologique, citée par Pierre d'Ailly et saint Vincent Ferrier
pour avènement de l'Antéchrist, tout comme, en 1391, par Francesc Eiximenis comme
devant révéler le triomphe final et universel de la maison aux fleurs de lys. La
prédiction de Francesc Eiximenis relève d'une
collusion en faveur de la royauté française d'un joachimisme politique
revivifié par Jean de Roquetaillade et de l'attente
messianique traditionnelle du Dernier empereur des prophéties sibyllines, que
la France identifiait à un Second Charlemagne. Ce mouvement eschatologique
pro-français se concrétisa notamment par une prophétie latine que son éditeur
M. Chaume date de la fin 1380, entre le 16 septembre (mort de Charles V) et le
4 novembre (sacre de Charles VI), et à laquelle il prête une large diffusion.
Le programme de cette pièce est très précis: sacre de Charles VI à l'âge de 14
ans, pacification du royaume en l'an 14 de son règne, pacification de la
chrétienté de l'an 14 à l'an 24 de son règne, suivie du couronnement impérial,
de la réunification des Eglises
chrétiennes, de la croisade victorieuse et finalement, en l'an 31 de son
règne, de la déposition de la couronne au pied du Mont des Oliviers Les Byzantins Le "Basil" fait probablement référence à un
empereur byzantin, de même qu'"Aigle" qui était la marque des
Paléologue que l'on retrouve dans les armoiries de la Russie du fait d'un
mariage d'un tsar avec un membre de cette famille. "Romains" désigne soit les habitants de Rome
qui reçut le Basileus Jean V venu
chercher de l'aide contre les Ottomans, et qui se convertit au catholicisme,
soit les Byzantins eux-mêmes. Constantinople est en effet la Nouvelle Rome.
Plusieurs souverains grecs ont fait le voyage en Europe occidentale. À l'appel de Sigismond de Hongrie et avec l'appui des
deux papes concurrents de Rome et d'Avignon, une armée composite de quelque 100
000 hommes se mit en marche dans la vallée du Danube, reprit Vidin et mit le
siège devant Nicopolis. Mais le 25 septembre 1396 la déroute de la cavalerie
bourguignonne, qui avait imprudemment chargé, déclencha la panique dans les
rangs divisés de cette dernière grande croisade médiévale. Tous les prisonniers
chrétiens furent tués à l'exception de quelques chefs dont on pouvait espérer
une forte rançon comme Jean de Nevers,
le futur Jean sans Peur, fils du duc de Bourgogne Philippe III le Hardi.
Sigismond parvint à s'échapper par le Danube avec l'aide des Vénitiens. La
croisade, destinée surtout à soulager la Hongrie ou, dans les esprits français
les plus fous, à délivrer la Terre sainte, n'avait rien fait pour Byzance
qu'alléger le blocus pour quelque temps. L'approvisionnement ne parvenait plus qu'exceptionnellement
; outre les trois envois vénitiens déjà cités, il y eut bien en 1397 d'autres
arrivées de blé de la mer Noire, de Raguse et des îles mais la situation était
dramatique, le prix du blé et d'autres denrées décuplait ou plus, la population
appauvrie et affamée cherchait soit à fuir en territoire ottoman ou italien,
soit à réclamer la reddition (Necipoglu). Gênes et
Venise s'étaient enfin entendues pour consacrer des navires à la défense de la
ville et continuaient d'insister pour que l'empereur demande l'aide des
souverains occidentaux. Les envoyés de Manuel obtinrent du roi Charles VI l'envoi
d'une troupe de 1 200 soldats (dont 400 hommes d'armes, 400 servants et un
certain nombre d'archers) sous la direction de Jean Le Meingre,
le maréchal de Boucicaut, qui avait combattu à Nicopolis. Il put mener des
sorties de ravitaillement en dehors des murailles, alla avec Manuel II piller
les forteresses du Bosphore tenues par les Turcs et réussit surtout Ã
réconcilier Manuel et Jean VII (Livre des fais). Jean
VII accepta de venir comme régent à Constantinople, avec la promesse de
recevoir Thessalonique en apanage, pendant que Manuel irait avec Boucicaut chercher
des secours en Occident. Manuel, parti de Constantinople le 10 décembre 1399,
commença son voyage par l'Italie. Il reçut un accueil chaleureux à Venise,
Padoue et Milan, où Jean Galéas Visconti le pourvut de dons, de chevaux et de
guides pour son voyage en France et promit des secours si d'autres souverains
s'y décidaient. [...] L'accueil de la cour de France fut fastueux et
chaleureux. [...] Charles VI promit encore de lui envoyer d'autres secours sous
le commandement de Boucicaut. A Noël 1400 Manuel se rendit à Londres et fut, lÃ
aussi, l'objet d'honneurs, de réceptions et de promesses de la part d'Henri IV.
Mais la seule aide tangible qu'il reçut fut une somme de 3 000 marcs. De retour
à Paris où il continua de négocier avec d'autres souverains ibériques et avec
le pape, il se rendit à l'évidence que les secours promis ne se
matérialiseraient pas, chacun s'abritant derrière la condition de la
participation des autres puissances [...]. À Constantinople, malgré le soutien
de la petite troupe de deux cents hommes et un groupe d'archers laissée par
Boucicaut sous le commandement de Jean de Chateaumorand
et leurs quelques sorties, le moral était au plus bas. [...] Il semble même que
Jean VII, bien qu'il eût auparavant refusé les ultimatums de Bayezid, se
préparait à lui livrer Constantinople sous peu si celui-ci sortait victorieux
de sa lutte avec le conquérant mongol Tamerlan (Timur
Lenk) qui, ayant conquis l'Arménie et la Géorgie,
avait pris Sivas en 1399. Mais l'incroyable se produisit : la déroute des
Ottomans à Ankara le 28 juillet 1402 et la capture de Bayezid (puis sa mort en
1403) délivra les Byzantins On retrouve Boucicaut à Gênes au quatrain VII, 39. Les maladies à Byzance nous sont connues par des traités
médicaux (parmi lesquels les iatrosophia, manuels de
thérapeutique utilisés dans les hôpitaux), des recueils de miracles (souvent
attachés à des sanctuaires comme celui des saints Côme et Damien Ã
Constantinople), des Vies de saints, des lettres et des chroniques qui nous
offrent des descriptions parfois très détaillées. Le lunatisme est une affection naturelle Qui blesse la
nature des corps ; Elle n'est pas,
comme on le dit, maléfice d'un démon, Et ce n'est pas la
lune qui apporte le mal. Mais en croissant
puis décroissant, La lune modifie
l'air de diverses façons. Tous ceux dont les
humeurs internes, De par leur nature
versatile, pâtissent des changements, Ceux-là pâtissent
de la nature de la lune, Et les traités de
médecine donnent à cette affection Le nom de lunatisme, car l'astre luminaire À l'évidence
modifie l'air facilement. En inspirant cet
air par la palpitation des narines, Tous ceux dont le
fond est heureux Ne le portent pas
en tempête et en maladie ; Mais ceux dont la
nature est prompte au changement, Ceux-là , la maladie
est prompte à les blesser (Michel Psellos, Poemata, éd. L. G. Westerink,
Stuttgart-Leipzig 1992 (Teubner), Poema
11, p. 234-235. Texte traduit du grec par M.-H. Congourdeau) Michel Psellos est un écrivain et philosophe byzantin, né
en 1018 et mort en 1078. Psellos est un polygraphe : il écrit sur tout et a une
ambition encyclopédique. Mais ce sont surtout des notes de cours des élèves qui
nous sont parvenues. Il est l'auteur de multiples traités sur sujets divers :
étymologie, médecine, démonologie, tactique, droit… On compte également dans
son œuvre conservée sept éloges funèbres Le plus important des auteurs byzantins reste le moine
Michel Psellos (1018-1078) qui, rejetant les conceptions mystérieuses et occultes,
tentera de donner une interprétation rationnelle de l'alchimie et d'expliquer
la transformation de la matière à la lumière de la théorie des quatre éléments,
directement issue d'Aristote Crier, clamer,
réclamer : Maranatha C'est en 1382, le 17 janvier, un lundi selon les écrits prêtés
à Flamel, que ce dernier réalise une transmutation du
mercure en argent. En 1357, il acheta le livre d'Abraham le juif qu'il étudiera
en vain 21 ans. En 1378, il fait le pèlerinage de Compostelle pendant lequel il
rencontre Maître Canches qui l'éclaire Flamel, dit Sauval, est en
telle vénération parmi les alchimistes qu'ils ne l’estiment pas moins que Guillaume de Paris, et veulent qu'en 1382, il souffla
de sorte que son creuset valut bien le sien. [...] Le livre dont parle Sauval est un onvrage assez rare
aujourd'hui et recherché des bibliophiles. Il s'agit d'un petit in-4° de 98
pages, dont la première est entièrement occupée par le litre suivant:
"Trois traités de la philosophie naturelle, non encore imprimés. - Savoir,
- le secret livre du très-ancien philosophe Artephius,
traitant de l'art occulte et transmutation métallique, lat.-français.
Plus. - Les figures hiéroglyphicques de Nicolas
Flamel, ainsi qu’il les a mises en la quatrième arche qu’il a bâtie au
cimetière des Innocents à Paris, entrant par la grande porte de la rue
Saint-Denis, et prenant la main droite ; avec l’explication d'icelles, par iceluy FlameL Ensemble - Le vrai
livre du docte Synesius, abbé grec, tiré de la
bibliothèque de l‘Empereur, sur le même sujet, le tout traduit par P. Arnauld, sieur
de la Chevallerie poitevin. - A Paris, chez la veuve
Guillemot et S. Thiboust, au Palais, en la galerie
des prisonniers. MDCXII." La première partie de ce livre contient un
traité d’alehimie, texte latin et français en regard,
qui renferme une recette pour le grand œuvre. La seconde est précédée d'une
planche composée de plusieurs pièces gravées sur bois et formant une arcade
ogive, représentant celle que Nicolas Flamel fit élever aux charniers des
Innocents. Le sujet principal montre le Père éternel, tenant d’une main le
globe surmonté d’une croix et levant l'autre pour bénir. A sa droite Nicolas
Flamel, les mains jointes, est aux pieds de saint Paul qui intercède pour lui Flamel signale que le mot maranatha se trouvait souvent
répété dans le livre d'Abraham le Juif Dans la liturgie clémentine des Constitutions
Apostoliques (8, 6) et dans d'autres liturgies orientales, le chœur des prières
des fidèles approuve chaque demande par
le cri litanique : "kurie ekèesou",
répons qui vient de l'époque la plus reculée du
christianisme. Nous remarquons là une différence très importante entre la
liturgie de l'église primitive et la liturgie postérieure. Dans la première,
l'assemblée participait beaucoup plus fréquemment à la prière de l'officiant
par ces répons, que dans la liturgie postérieure, où le contact vivant entre
les deux était rompu et où la prière du prêtre jouait un rôle prépondérant dans
le culte collectif. Il y a d'autres formules antiphoniques, par exemple «
alléluia » et « hosahnà », -cris de triomphe que les
communautés chrétiennes avaient recueillis sous leur forme hébraïque de la
synagogue, ainsi que le « maranatha » (Viens, Seigneur), ce cri nostalgique qui
retentissait sous la forme araménenne dans les
anciennes églises grecques Maranatha (araméen : soit maranâ thâ' ou maran 'atha') est une expression
constituée de deux mots araméens que l'on trouve dans le Nouveau Testament.
Elle est transcrite, en un seul mot, en lettres grecques plutôt que traduite
et, compte tenu de la nature des manuscrits, la difficulté lexicale réside dans
la détermination des deux mots araméens la constituant. On la rencontre à la
fin de la Première épître aux Corinthiens (1 Co 16:22) de saint Paul ainsi qu'à l'épilogue de
l'Apocalypse (Ap 22:20). Si l'on choisit de diviser
les deux mots "maranâ thâ",
en un vocatif avec un impératif du verbe, l'expression peut être traduite comme
un commandement : "Seigneur, viens !". D'une autre manière, si les
deux mots "maran 'athâ"
expriment plutôt un possessif "Notre Seigneur" et un participe passé
du verbe "venir", ils seront considérés comme l'expression d'un
credo. Cette deuxième interprétation, "Notre Seigneur est venu", est
reprise au début du credo et de l'acclamation de Rm
10:9 et 1 Co 12:3, "Jésus est le Seigneur." L'Œuvre royalle attribuée au roi Charles VI serait la
traduction de la Visio Edwardi. Reste à savoir pourquoi c'est Charles VI, et non un
autre, qui a été choisi pour jouer le rôle du souverain alchimiste. Sans
chercher comme Dominique Ravel à faire de Charles VI un authentique adepte,
rappelons les quelques liens qui le rattachent historiquement à cette science :
on sait que Thomas de Bologne, qui eut avec Bernard de Trêves une célèbre
correspondance alchimique, fut l'astrologue de Charles V et continua d'exercer
l'alchimie sous le règne de Charles VI. [...] Le 23 mai 1384, Charles VI
octroya à Thomas deux cents francs-or pour les
services rendus à son père Charles V. Par ailleurs, Pierre Borel fait état
d'une légende dont nous n'avons pas identifié la source, de sorte qu'il n'est
pas possible de savoir si elle influença l'attribution à Charles VI de l'Œuvre royalle.
Selon cette légende, la richesse de Flamel étant venue aux oreilles du roi
Charles VI, ce dernier envoya « chez
luy Monsieur Cramoisy Me de
Requestes, pour sçavoir si
ce qu'on luy en avoit
raconté estoit veritable ».
[...] Ce mythe était solidement établi dès avant 1618 ; d'ailleurs dans le
recueil même où fut publiée l'Å’uvre royalle figure l'un des textes mineurs attribués Ã
Flamel, le Thresor de Philosophie : pourquoi ne pas
imaginer tout simplement que c'est l'éditeur qui fit le rapprochement, s'étant rendu compte que le souverain régnant en France au
temps de Flamel était Charles VI ? Excommunication mutuelle :
Maranatha In the
Catholic Church, the word "Maranatha" has also been used as a solemn
formula of excommunication (alongside "anathema") En 1053, le Pape et les Byzantins, pourtant alliés,
avaient été battus par les Normands séparément en deux endroits différents
d'Italie du Sud. Le renforcement de l'alliance et la mise au point d'une
coordination étroite entre les armées étaient donc nécessaires pour endiguer le
flot normand. L'arrivée à Constantinople en 1054 d'une délégation romaine conduite
par le cardinal Humbert originaire de Lorraine comme le pape d'alors Léon IX,
éloignés des préoccupations byzantines, pour endiguer le flot normand.
L'arrivée à Constantinople en 1054 d'une délégation romaine conduite par
Humbert pour négocier l'alliance antinormande après
les échecs militaires de 1053 fournit l'occasion de la querelle entre Humbert
et Cérulaire; le ton monte rapidement, sur des sujets parfaitement mineurs. Le
16 juillet 1054, Humbert dépose sur le maître-autel de Sainte-Sophie une charte
excommuniant Cérulaire ; cela déclenche une véritable émeute que l'Empereur est
incapable de contenir; il fait fuir les légats du pape, qu'un synode
excommunie. Cérulaire se déclare plus indépendant que jamais. Il ne faut
cependant pas exagérer la portée des événements de 1054 entre un légat d'un
pape défunt, donc non mandaté, et un patriarche irascible. Les sources
narratives de l'époque sont quasiment muettes et le «schisme» ne sera ressenti
comme tel qu'après 1204. Mais le contenu même de la querelle montre à quel
point d'incompréhension on en était parvenu Dans la conclusion de la bulle d'excommunication du 16
Juillet 1054, on peut lire : «Que Michel
le néophyte, qui porte abusivement le titre de patriarche, et que seule une
crainte humaine a poussé à revêtir l'habit monastique, en butte maintenant aux
accusations les plus graves venues de nombreuses personnes, et avec lui Léon
qui se dit évêque d'Ochrida et le chancelier de
Michel, Constantin, qui a foulé aux pieds le sacrement des Latins, et tous ceux
qui les suivent dans leurs erreurs et affirmations téméraires, qu'ils soient
anathèmes Maranatha
avec les simoniaques, les valésiens, les ariens, les
donatistes, les nicolaïtes, les sévériens, les theumaques,
les manichéens et les nazaréens, et avec tous les hérétiques ; bien plus, avec
le diable et tous ses anges ; Ã moins qu'ils ne fassent amende honorable. Amen
! Amen ! Amen !» Le roi à venir Dans le martyrologe romain, les saints Barlaam et Josaphat figurent à la date du 27 novembre [jour
de la bataille de Roosebeck] dès le début du XVIe
siècle, période d'un extraordinaire intérêt pour cette légende Au XIIe siècle, la Vie de Barlaam
et Josaphat avait déjà pénétré dans l'Europe occidentale, par l'intermédiaire
d'une traduction latine. Dans le courant du XIIIe siècle, cette traduction
était insérée par Vincent de Beauvais (mort vers 1264) dans son Speculum historiale,
puis par Jacques de Voragine, archevêque de Gênes
(mort en 1298) dans sa Légende dorée, qui a été si longtemps populaire. D'autre
part - au XIIIe siècle - le trouvère Guy de Cambrai tirait de la traduction
latine la matière d'un poème français. Deux autres poèmes analogues suivirent
de près, ainsi qu'une traduction en prose. A la même époque que Gui de Cambrai,
un poète allemand, Rodolphe d'Ems, traitait le même sujet, et, lui aussi,
d'après la traduction latine; deux autres Allemands mettaient également cette
traduction en vers. Les bibliographes mentionnent encore une traduction
provençale, probablement du XIVe siècle, et plusieurs versions italiennes, dont
l'une se trouve dans un manuscrit daté de 1323. Avec une traduction allemande
en prose, l'histoire de Barlaam et Josaphat arriva en
Suède et en Islande. La rédaction latine fut traduite en espagnol, puis en
langue tchèque (vers la fin du XVIe siècle), plus tard en polonais. Ces
quelques détails peuvent donner une idée de la diffusion de cette légende au
moyen âge. Enfin, en 1583, - ceci a
un intérêt tout particulier, - l'autorité de saint Jean Damascène, à qui la
rédaction de l'ouvrage était attribuée, comme nous l'avons dit, fit entrer dans
le Martyrologe Romain les noms des «saints Barlaam et
Josaphat». A la fin de la liste des saints dont il est fait commémoration le 27
novembre, on lit, en effet, ce qui suit : «Chez
les Indiens limitrophes de la Perse, les saints Barlaam
et Josaphat, dont les actes extraordinaires ont été écrits par saint Jean
Damascène» Le nom même du père de Josaphat, le roi, Avenir - du
latin ad-venire «ce qui est à venir» -, fait de ce
personnage une allégorie du futur : il est le représentant de ce qui n'est pas
encore accompli mais est appelé à l'être, des potentialités ouvertes par un
temps non encore réalisé, de tous les possibles; il est ainsi à même d'être le
lieu des transformations, de l'évolution, de la « révolution » qu'il sera amené
à connaître ; bref, il est figure du Temps (Jean-Pierre Perrot, Figures du
temps et logiques de l'imaginaire en hagiographie médiévale, Revue des sciences
humaines, Numéro 251, 1998) Plutôt que d'affirmer que Jésus-Christ est le centre et
le sens de toute l'histoire, nous devrions simplement dire qu'il est celui qui
l'a ouverte à l'Ad-venir de Dieu parmi les hommes et
à Sa victoire finale sur toutes les aliénations. C'est seulement lors de la
manifestation finale de Christ que nous saurons en quel sens il a été le centre
de l'histoire, son kairos ou tournant, moment décisif Typologie 600 ans après la transmutation argentine de Flamel, et
1950 ans après la naissance du Christ (cf. quatrain précédent VI, 77 : Jubilés). "J'ai toujours
été frappé, me précise Umberto Eco,
de l'analogie qui existe entre les groupuscules millénaristes du Moyen Age et
les mouvements terroristes contemporains : dans la façon de se combattre, dans
la façon dont le pouvoir, pour les détruire, accusait les uns des crimes des
autres. C'est toujours la même technique et la même dialectique interne. Et
cette idée d'un millénarisme qui continue à vivre dans la société européenne
depuis huit ou dix siècles m'a toujours fasciné. Je voulais, avec le Nom de la
rose, revenir aux racines, ce qui est l'entreprise de tout roman historique,
non pas le roman de cape et d'épée qui cherche l'histoire comme un décor
extérieur, mais celui qui traverse l'histoire pour comprendre quelque chose du
présent" Pour Jean-Paul II, pape d'origine slave, la
réconciliation avec les orthodoxes est une priorité de l'Eglise catholique. Le
30 décembre 1980, saint Cyrille et saint Méthode sont proclamés copatrons de l'Europe avec saint Benoît dans la lettre
apostolique Egregiæ virtutis,
et le pape célèbre le 1000 anniversaire du baptême de la Russie dans Euntes in mundum (22 mars 1988).
A Strasbourg, en octobre 1988, il appelle à «retrouver
une cohésion spirituelle et morale dans la perspective de sa dimension [de
l'Europe] géographique tout entière qui va de l'Atlantique à l'Oural, de la mer
du Nord à la Méditerranée». Si des conversations théologiques triennales
entre catholiques et orthodoxes se mettent en place dès 1967, Jean-Paul II
suscite un renouveau du dialogue entre les deux Églises. Du 29 mai au 4 juin
1980 se réunit pour la première fois, à Rhodes, la Commission mixte
internationale pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et
l'Eglise orthodoxe, chargée de produire des documents sur la vie sacramentelle
de l'Eglise |