Millénarisme

Millénarisme

 

VI, 78

 

1982-1983

 

Crier victoire du grand Selin croissant,

Par les Romains sera l'Aigle clamé, 

Ticcin, Milan et Gênes n'y consent,

Puis par eux mêmes Basil grand réclamé.

 

Charles VI, le roi fou

 

Le "grand Selin croissant" rappelle le "croissant du grand Chyren Selin" du quatrain VIII, 54 qui peut désigner le roi fou Charles VI de France.

 

Il est à peine nécessaire de rappeler l'étymologie du mot lunatique, qui vient du latin luna, lune. Les Grecs, pour exprimer la même chose, disaient "selèniaozmai", être lunatique ou maniaque, épileptique; "selèniakos", lunaire, qui a rapport à la lune, lunatique, épileptique; "selèniasmos", manie lunatique, épilepsie. Tous ces mots ont pour racine commune "selènè", lune. Par lunatiques il faut entendre aussi bien les maladies que les malades supposés être sous l'influence de l'astre du soir. On dit une maladie lunatique et un malade lunatique. On dit aussi, au ligure et dans le langage vulgaire, qu'un homme fantasque, capricieux, est lunatique. On dit enfin, dans l'art vétérinaire, d'un cheval, qu'il est lunatique, lorsqu'il est sujet à une certaine fluxion périodique sur les yeux, selon le cours de la lune. Les Anglais ont conservé les mots lunatique (lunatic) et lunacie (lunacy) pour exprimer l'aliénation mentale; et dans les meilleurs recueils modernes, dans l'English cyclopœdia, par exemple, publiée dans ces dernières années, c'est aux mots lunacy et lunatic qu'il faut chercher tout ce qui a rapport à la folie. Nos voisins d'outre-mer disent lunatic asylum pour asile d'aliénés (Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, Tome III, 1870 - books.google.fr).

 

Le mal du Roi commençoit peu à peu, l'esprit lui baissait, il dissoit des choses sans raison, & faisoit des actions indignes de la Majesté Royale. Le mal de l'esprit passoit ensuite au corps : il perdoit l'un apres l'autre l'usage de tous ses sens, tantôt il pleuroit & d'autres fois il faissoit des cris effroyables. Les accés de sa maladie étoient fort differens, il ne connoissoit personne, ni Freres, ni Oncles, ni même la Reine sa femme, qu'il repoussoit rudement & avec des paroles dures, quand elle vouloit lui rendre quelque petit service. La Reine qui l'aimoit tendrement, étoit au desespoir; mais elle se seroit consolée, si son aversion avoit été generale. Il connoissoit toujours la Duchesse d'Orleans, l'alloit voir à toute heure & l'appelloit sa chere soeur. C'est ce qui fit courre le bruit qu'elle l'avoit ensorcellé. Les Lombars au milieu desquels la Duchesse avoit été élevée, étoient alors accusez d'avoir beaucoup de commerce avec les esprits Aeriens. D'ailleurs le peuple reprochoit au Duc d'Orleans, qu'il hantoit des magiciens; & il étoit vrai que route sorte de gens étoient bien venus chez lui, pourvu qu'ils promissent de lui faire voir des choses extraordinaires. La Duchesse d'Orleans étoit aimable, insinuante, flateuse : elle pouvoit plaire au Roi sans magie. On accusa son mari dans la suite d'avoir aussi ensorcelle la Reine, & peut être n'étoit-il pas plus grand magicien que sa femme (Histoire de Charles VI, roi de France: Par monsieur l'abbé de Choisy, 1695 - books.google.fr).

 

Valentine Visconti (morte en 1408), est une princesse milanaise, devenue duchesse d'Orléans par son mariage avec Louis d'Orléans, frère du roi de France Charles VI, assassiné le 23 novembre 1407 par des sbires de son cousin et rival politique le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Elle est la fille de Jean Galéas Visconti (1351-1402), seigneur puis duc de Milan, et d'Isabelle (1348-1372), fille du roi de France Jean II le Bon (fr.wikipedia.org - Valentine Visconti (1368-1408)).

 

Dans un livre de 1399, un savant historien de la folie de Charles VI écrivait :

 

«Le roi qui avait recouvré la santé, célébra la solennité de Pâques en son hôtel royal de Saint-Paul, et, dans l'octave, il reçut dévotement de la main de l'évêque de Paris le sacrement de la confirmation. Chacun se réjouissait de sa convalescence, mais cet heureux état ne dura pas longtemps. Cette même année il retomba six fois en démence, soit à la nouvelle Lune, soit à la pleine Lune» (Chronique de Saint Denis).

 

Il y aurait eu conséquemment six pleines et six nouvelles Lunes qui auraient été sans effet sur l'état mental de l'infortuné monarque, il n'est donc pas possible de tirer aucune conclusion raisonnée d'un fait qui, en le supposant exact, n'a pas été accompagné, par les chroniqueurs, des détails nécessaires pour entraîner la conviction de ceux qui envisagent de sang-froid les questions de cette nature. Le médecin Joubert, chancelier de l'École de Médecine de Montpellier, publia en 1578, un ouvrage sur les Erreurs populaires touchant la médecine. Dans cet ouvrage, il classe «le mal caduc (l'épilepsie) et quelque espèce de folie dite mélancolie, parmi les maux qui suivent fort évidemment le cours et les faces de la Lune,» mais sans citer des exemples démonstratifs à l'appui de son opinion (Oeuvres de François Arago, Astronomie populaire, Tome 3, 1856 - books.google.fr, Chronique du religieux de Saint-Denys contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422 publiée en latin pour la premiere fois et traduite par L. Bellaguet, Tome 2, 1840 - books.google.fr, James Howell, Proedria-Vasilike : Dissertatio de praecedentia regum, in qua rationes, & argumenta potentiorum Europæi orbis monarcharum, 1664 - books.google.fr).

 

Pour expliquer l'étrange maladie du roi, les savants, qui refusaient sortilèges et maléfices, ne manquaient pas d'hypothèses. L'astrologie, qui faisait dépendre la santé de l'homme du mouvement des astres, et qui avait fait d'énormes progrès au XIVe siècle, suggérait une première explication. Mais il fallut bientôt admettre que les crises royales ne débutaient ni à la nouvelle ni à la pleine lune. Le roi n'était décidément pas "lunatique" (L'histoire, Numéros 278 à 282, 2003 - books.google.fr).

 

"victoire"

 

L'éclatante victoire de Roosebeke demeura, on le sait, dans toutes les mémoires comme l'un des hauts faits du règne de Charles VI. A maintes reprises, Eustache Deschamps célèbre ce triomphe qui symbolise à ses yeux la gloire naissante  du souverain et fournit le thème central des prophéties au cerf volant, où le monarque est érigé en champion de la foi chrétienne.

 

La bataille de Roosebeke, également appelée «bataille du Mont-d'Or», se déroula près du village de Roosebeke, actuellement Oostrozebeke en Flandre-Occidentale, le 27 novembre 1382. Elle opposa une troupe de miliciens flamands, commandés par Philippe van Artevelde, à l'ost français conduit par le roi de France Charles VI et commandé par le connétable Olivier de Clisson. Celui-ci sera victime d'un attentat perpétré par Pierre de Craon. C'est en allant à la recherche de l'auteur de ce crime, réfugié selon les dires en Bretagne, dans la forêt du Mans, que Charles VI est frappé de folie le 5 août 1392 (fr.wikipedia.org - Bataille de Roosebeke).

 

Célèbre, la régénérescence du cerf à l'issue de sa victoire sur le serpent est rapportée par tous les traités animaliers du temps qui, transposant sa mue périodique et sa longue vie au plan moral et eschatologique, font de l'animal une figure christique répétant, tous les 32 ans, le miracle de la résurrection du Christ : «Et ainssi jetera sa char, c'est que l'ame jetera le corps hors d'avesques soi, et ira en espurgatoire et après en vie pardurable, joane de trente deus ans». Remarquons combien cette symbolique traditionnelle éclaire l'emploi que Deschamps fait de l'image du cerf appliquée à Charles VI : car c'est bien par cette référence à la symbolique christique de l'animal que la ballade 67 promet à universelle lorsque «Trente deux ans ara le cerf volant» (v. 1). Les circonstances s'ajoutaient ici à la légende: né le 3 décembre 1368, Charles VI fêterait ses trente-deux ans à la fin de l'année 1400 - date bien évidemment eschatologique, citée par Pierre d'Ailly et saint Vincent Ferrier pour avènement de l'Antéchrist, tout comme, en 1391, par Francesc Eiximenis comme devant révéler le triomphe final et universel de la maison aux fleurs de lys. La prédiction de Francesc Eiximenis relève d'une collusion en faveur de la royauté française d'un joachimisme politique revivifié par Jean de Roquetaillade et de l'attente messianique traditionnelle du Dernier empereur des prophéties sibyllines, que la France identifiait à un Second Charlemagne. Ce mouvement eschatologique pro-français se concrétisa notamment par une prophétie latine que son éditeur M. Chaume date de la fin 1380, entre le 16 septembre (mort de Charles V) et le 4 novembre (sacre de Charles VI), et à laquelle il prête une large diffusion. Le programme de cette pièce est très précis: sacre de Charles VI à l'âge de 14 ans, pacification du royaume en l'an 14 de son règne, pacification de la chrétienté de l'an 14 à l'an 24 de son règne, suivie du couronnement impérial, de la réunification des Eglises chrétiennes, de la croisade victorieuse et finalement, en l'an 31 de son règne, de la déposition de la couronne au pied du Mont des Oliviers (Thierry Lassabatère, Le bestiaire prophétique et politique d'Eustache Deschamps : origines et significations, Autour d'Eustache Deschamps: actes du Colloque du Centre d'études médiévales de l'Université de Picardie-Jules Verne, Amiens, 5-8 Novembre 1998, 1999 - books.google.fr).

 

Les Byzantins

 

Le "Basil" fait probablement référence à un empereur byzantin, de même qu'"Aigle" qui était la marque des Paléologue que l'on retrouve dans les armoiries de la Russie du fait d'un mariage d'un tsar avec un membre de cette famille.

 

"Romains" désigne soit les habitants de Rome qui reçut le Basileus Jean V venu chercher de l'aide contre les Ottomans, et qui se convertit au catholicisme, soit les Byzantins eux-mêmes. Constantinople est en effet la Nouvelle Rome. Plusieurs souverains grecs ont fait le voyage en Europe occidentale.

 

À l'appel de Sigismond de Hongrie et avec l'appui des deux papes concurrents de Rome et d'Avignon, une armée composite de quelque 100 000 hommes se mit en marche dans la vallée du Danube, reprit Vidin et mit le siège devant Nicopolis. Mais le 25 septembre 1396 la déroute de la cavalerie bourguignonne, qui avait imprudemment chargé, déclencha la panique dans les rangs divisés de cette dernière grande croisade médiévale. Tous les prisonniers chrétiens furent tués à l'exception de quelques chefs dont on pouvait espérer une forte rançon comme Jean de Nevers, le futur Jean sans Peur, fils du duc de Bourgogne Philippe III le Hardi. Sigismond parvint à s'échapper par le Danube avec l'aide des Vénitiens. La croisade, destinée surtout à soulager la Hongrie ou, dans les esprits français les plus fous, à délivrer la Terre sainte, n'avait rien fait pour Byzance qu'alléger le blocus pour quelque temps. L'approvisionnement ne parvenait plus qu'exceptionnellement ; outre les trois envois vénitiens déjà cités, il y eut bien en 1397 d'autres arrivées de blé de la mer Noire, de Raguse et des îles mais la situation était dramatique, le prix du blé et d'autres denrées décuplait ou plus, la population appauvrie et affamée cherchait soit à fuir en territoire ottoman ou italien, soit à réclamer la reddition (Necipoglu). Gênes et Venise s'étaient enfin entendues pour consacrer des navires à la défense de la ville et continuaient d'insister pour que l'empereur demande l'aide des souverains occidentaux. Les envoyés de Manuel obtinrent du roi Charles VI l'envoi d'une troupe de 1 200 soldats (dont 400 hommes d'armes, 400 servants et un certain nombre d'archers) sous la direction de Jean Le Meingre, le maréchal de Boucicaut, qui avait combattu à Nicopolis. Il put mener des sorties de ravitaillement en dehors des murailles, alla avec Manuel II piller les forteresses du Bosphore tenues par les Turcs et réussit surtout à réconcilier Manuel et Jean VII (Livre des fais). Jean VII accepta de venir comme régent à Constantinople, avec la promesse de recevoir Thessalonique en apanage, pendant que Manuel irait avec Boucicaut chercher des secours en Occident. Manuel, parti de Constantinople le 10 décembre 1399, commença son voyage par l'Italie. Il reçut un accueil chaleureux à Venise, Padoue et Milan, où Jean Galéas Visconti le pourvut de dons, de chevaux et de guides pour son voyage en France et promit des secours si d'autres souverains s'y décidaient. [...] L'accueil de la cour de France fut fastueux et chaleureux. [...] Charles VI promit encore de lui envoyer d'autres secours sous le commandement de Boucicaut. A Noël 1400 Manuel se rendit à Londres et fut, là aussi, l'objet d'honneurs, de réceptions et de promesses de la part d'Henri IV. Mais la seule aide tangible qu'il reçut fut une somme de 3 000 marcs. De retour à Paris où il continua de négocier avec d'autres souverains ibériques et avec le pape, il se rendit à l'évidence que les secours promis ne se matérialiseraient pas, chacun s'abritant derrière la condition de la participation des autres puissances [...]. À Constantinople, malgré le soutien de la petite troupe de deux cents hommes et un groupe d'archers laissée par Boucicaut sous le commandement de Jean de Chateaumorand et leurs quelques sorties, le moral était au plus bas. [...] Il semble même que Jean VII, bien qu'il eût auparavant refusé les ultimatums de Bayezid, se préparait à lui livrer Constantinople sous peu si celui-ci sortait victorieux de sa lutte avec le conquérant mongol Tamerlan (Timur Lenk) qui, ayant conquis l'Arménie et la Géorgie, avait pris Sivas en 1399. Mais l'incroyable se produisit : la déroute des Ottomans à Ankara le 28 juillet 1402 et la capture de Bayezid (puis sa mort en 1403) délivra les Byzantins (Le monde byzantin. Tome 3: L'empire grec et ses voisins (XIIIe-XVe siècle), 2015 - books.google.fr).

 

On retrouve Boucicaut à Gênes au quatrain VII, 39.

 

Les maladies à Byzance nous sont connues par des traités médicaux (parmi lesquels les iatrosophia, manuels de thérapeutique utilisés dans les hôpitaux), des recueils de miracles (souvent attachés à des sanctuaires comme celui des saints Côme et Damien à Constantinople), des Vies de saints, des lettres et des chroniques qui nous offrent des descriptions parfois très détaillées.

 

Le lunatisme est une affection naturelle

Qui blesse la nature des corps ;

Elle n'est pas, comme on le dit, maléfice d'un démon,

Et ce n'est pas la lune qui apporte le mal.

Mais en croissant puis décroissant,

La lune modifie l'air de diverses façons.

Tous ceux dont les humeurs internes,

De par leur nature versatile, pâtissent des changements,

Ceux-là pâtissent de la nature de la lune,

Et les traités de médecine donnent à cette affection

Le nom de lunatisme, car l'astre luminaire

À l'évidence modifie l'air facilement.

En inspirant cet air par la palpitation des narines,

Tous ceux dont le fond est heureux

Ne le portent pas en tempête et en maladie ;

Mais ceux dont la nature est prompte au changement,

Ceux-là, la maladie est prompte à les blesser

 

(Michel Psellos, Poemata, éd. L. G. Westerink, Stuttgart-Leipzig 1992 (Teubner), Poema 11, p. 234-235. Texte traduit du grec par M.-H. Congourdeau) (Marie-Hélène Congourdeau, Les maladies, Économie et société à Byzance (VIIIe-XIIe siècle), 2017 - books.openedition.org).

 

Michel Psellos est un écrivain et philosophe byzantin, né en 1018 et mort en 1078. Psellos est un polygraphe : il écrit sur tout et a une ambition encyclopédique. Mais ce sont surtout des notes de cours des élèves qui nous sont parvenues. Il est l'auteur de multiples traités sur sujets divers : étymologie, médecine, démonologie, tactique, droit… On compte également dans son œuvre conservée sept éloges funèbres (fr.wikipedia.org - Michel Psellos).

 

Le plus important des auteurs byzantins reste le moine Michel Psellos (1018-1078) qui, rejetant les conceptions mystérieuses et occultes, tentera de donner une interprétation rationnelle de l'alchimie et d'expliquer la transformation de la matière à la lumière de la théorie des quatre éléments, directement issue d'Aristote (Philippe de La Cotardière, Histoire des sciences de l'antiquité à nos jours, 2004 - books.google.fr).

 

Crier, clamer, réclamer : Maranatha

 

C'est en 1382, le 17 janvier, un lundi selon les écrits prêtés à Flamel, que ce dernier réalise une transmutation du mercure en argent. En 1357, il acheta le livre d'Abraham le juif qu'il étudiera en vain 21 ans. En 1378, il fait le pèlerinage de Compostelle pendant lequel il rencontre Maître Canches qui l'éclaire (Hortensius Flamel, Jean Marie Ragon, Le livre rouge: resumé magisme, des sciences occultes et de la philosophie hermétique d'après Hermès Trismégiste, Pytagore, Cléopatre, Arthéphius, 1841 - books.google.fr).

 

Flamel, dit Sauval, est en telle vénération parmi les alchimistes qu'ils ne l’estiment pas moins que Guillaume de Paris, et veulent qu'en 1382, il souffla de sorte que son creuset valut bien le sien. [...] Le livre dont parle Sauval est un onvrage assez rare aujourd'hui et recherché des bibliophiles. Il s'agit d'un petit in-4° de 98 pages, dont la première est entièrement occupée par le litre suivant: "Trois traités de la philosophie naturelle, non encore imprimés. - Savoir, - le secret livre du très-ancien philosophe Artephius, traitant de l'art occulte et transmutation métallique, lat.-français. Plus. - Les figures hiéroglyphicques de Nicolas Flamel, ainsi qu’il les a mises en la quatrième arche qu’il a bâtie au cimetière des Innocents à Paris, entrant par la grande porte de la rue Saint-Denis, et prenant la main droite ; avec l’explication d'icelles, par iceluy FlameL Ensemble - Le vrai livre du docte Synesius, abbé grec, tiré de la bibliothèque de l‘Empereur, sur le même sujet, le tout traduit par P. Arnauld, sieur de la Chevallerie poitevin. - A Paris, chez la veuve Guillemot et S. Thiboust, au Palais, en la galerie des prisonniers. MDCXII." La première partie de ce livre contient un traité d’alehimie, texte latin et français en regard, qui renferme une recette pour le grand œuvre. La seconde est précédée d'une planche composée de plusieurs pièces gravées sur bois et formant une arcade ogive, représentant celle que Nicolas Flamel fit élever aux charniers des Innocents. Le sujet principal montre le Père éternel, tenant d’une main le globe surmonté d’une croix et levant l'autre pour bénir. A sa droite Nicolas Flamel, les mains jointes, est aux pieds de saint Paul qui intercède pour lui (Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Dictionnaire des sciences occultes, Encyclopédie théologique, Tome 48, Migne, 1861 - books.google.fr).

 

Flamel signale que le mot maranatha se trouvait souvent répété dans le livre d'Abraham le Juif (Jean Reyor, Quelques considérarions sur l'ésotérisme chrétien, Études traditionnelles, Numéros 297 à 304, 1952 - books.google.fr).

 

Dans la liturgie clémentine des Constitutions Apostoliques (8, 6) et dans d'autres liturgies orientales, le chœur des prières des fidèles  approuve chaque demande par le cri litanique : "kurie ekèesou", répons qui vient de l'époque la plus reculée du christianisme. Nous remarquons là une différence très importante entre la liturgie de l'église primitive et la liturgie postérieure. Dans la première, l'assemblée participait beaucoup plus fréquemment à la prière de l'officiant par ces répons, que dans la liturgie postérieure, où le contact vivant entre les deux était rompu et où la prière du prêtre jouait un rôle prépondérant dans le culte collectif. Il y a d'autres formules antiphoniques, par exemple « alléluia » et « hosahnà », -cris de triomphe que les communautés chrétiennes avaient recueillis sous leur forme hébraïque de la synagogue, ainsi que le « maranatha » (Viens, Seigneur), ce cri nostalgique qui retentissait sous la forme araménenne dans les anciennes églises grecques (Friedrich Heiler, La Prière, traduit par Étienne Kruger, 1931 - books.google.fr).

 

Maranatha (araméen : soit maranâ thâ' ou maran 'atha') est une expression constituée de deux mots araméens que l'on trouve dans le Nouveau Testament. Elle est transcrite, en un seul mot, en lettres grecques plutôt que traduite et, compte tenu de la nature des manuscrits, la difficulté lexicale réside dans la détermination des deux mots araméens la constituant. On la rencontre à la fin de la Première épître aux Corinthiens (1 Co 16:22) de saint Paul ainsi qu'à l'épilogue de l'Apocalypse (Ap 22:20). Si l'on choisit de diviser les deux mots "maranâ thâ", en un vocatif avec un impératif du verbe, l'expression peut être traduite comme un commandement : "Seigneur, viens !". D'une autre manière, si les deux mots "maran 'athâ" expriment plutôt un possessif "Notre Seigneur" et un participe passé du verbe "venir", ils seront considérés comme l'expression d'un credo. Cette deuxième interprétation, "Notre Seigneur est venu", est reprise au début du credo et de l'acclamation de Rm 10:9 et 1 Co 12:3, "Jésus est le Seigneur." (fr.wikipedia.org - Maranatha).

 

L'Œuvre royalle attribuée au roi Charles VI serait la traduction de la Visio Edwardi.

 

Reste à savoir pourquoi c'est Charles VI, et non un autre, qui a été choisi pour jouer le rôle du souverain alchimiste. Sans chercher comme Dominique Ravel à faire de Charles VI un authentique adepte, rappelons les quelques liens qui le rattachent historiquement à cette science : on sait que Thomas de Bologne, qui eut avec Bernard de Trêves une célèbre correspondance alchimique, fut l'astrologue de Charles V et continua d'exercer l'alchimie sous le règne de Charles VI. [...] Le 23 mai 1384, Charles VI octroya à Thomas deux cents francs-or pour les services rendus à son père Charles V. Par ailleurs, Pierre Borel fait état d'une légende dont nous n'avons pas identifié la source, de sorte qu'il n'est pas possible de savoir si elle influença l'attribution à Charles VI de l'Å’uvre royalle. Selon cette légende, la richesse de Flamel étant venue aux oreilles du roi Charles VI, ce dernier envoya « chez luy Monsieur Cramoisy Me de Requestes, pour sçavoir si ce qu'on luy en avoit raconté estoit veritable Â». [...] Ce mythe était solidement établi dès avant 1618 ; d'ailleurs dans le recueil même où fut publiée l'Å’uvre royalle figure l'un des textes mineurs attribués à Flamel, le Thresor de Philosophie : pourquoi ne pas imaginer tout simplement que c'est l'éditeur qui fit le rapprochement, s'étant rendu compte que le souverain régnant en France au temps de Flamel était Charles VI ? (Pascale Barthélemy, Didier Kahn, Les voyages d'une allégorie alchimique, Comprendre et maîtriser la nature au Moyen Age: mélanges d'histoire des sciences offerts à Guy Beaujouan, 1994 - books.google.fr).

 

Excommunication mutuelle : Maranatha

 

In the Catholic Church, the word "Maranatha" has also been used as a solemn formula of excommunication (alongside "anathema") (en.wikipedia.org - Maranatha).

 

En 1053, le Pape et les Byzantins, pourtant alliés, avaient été battus par les Normands séparément en deux endroits différents d'Italie du Sud. Le renforcement de l'alliance et la mise au point d'une coordination étroite entre les armées étaient donc nécessaires pour endiguer le flot normand. L'arrivée à Constantinople en 1054 d'une délégation romaine conduite par le cardinal Humbert originaire de Lorraine comme le pape d'alors Léon IX, éloignés des préoccupations byzantines, pour endiguer le flot normand. L'arrivée à Constantinople en 1054 d'une délégation romaine conduite par Humbert pour négocier l'alliance antinormande après les échecs militaires de 1053 fournit l'occasion de la querelle entre Humbert et Cérulaire; le ton monte rapidement, sur des sujets parfaitement mineurs. Le 16 juillet 1054, Humbert dépose sur le maître-autel de Sainte-Sophie une charte excommuniant Cérulaire ; cela déclenche une véritable émeute que l'Empereur est incapable de contenir; il fait fuir les légats du pape, qu'un synode excommunie. Cérulaire se déclare plus indépendant que jamais. Il ne faut cependant pas exagérer la portée des événements de 1054 entre un légat d'un pape défunt, donc non mandaté, et un patriarche irascible. Les sources narratives de l'époque sont quasiment muettes et le «schisme» ne sera ressenti comme tel qu'après 1204. Mais le contenu même de la querelle montre à quel point d'incompréhension on en était parvenu

 

Dans la conclusion de la bulle d'excommunication du 16 Juillet 1054, on peut lire : «Que Michel le néophyte, qui porte abusivement le titre de patriarche, et que seule une crainte humaine a poussé à revêtir l'habit monastique, en butte maintenant aux accusations les plus graves venues de nombreuses personnes, et avec lui Léon qui se dit évêque d'Ochrida et le chancelier de Michel, Constantin, qui a foulé aux pieds le sacrement des Latins, et tous ceux qui les suivent dans leurs erreurs et affirmations téméraires, qu'ils soient anathèmes Maranatha avec les simoniaques, les valésiens, les ariens, les donatistes, les nicolaïtes, les sévériens, les theumaques, les manichéens et les nazaréens, et avec tous les hérétiques ; bien plus, avec le diable et tous ses anges ; à moins qu'ils ne fassent amende honorable. Amen ! Amen ! Amen !» (Alain Ducellier, Michel Kaplan, Bernadette Martin, Françoise Micheau, Le Moyen Âge en Orient, Byzance et l'Islam, 2012 - books.google.fr).

 

Le roi à venir

 

Dans le martyrologe romain, les saints Barlaam et Josaphat figurent à la date du 27 novembre [jour de la bataille de Roosebeck] dès le début du XVIe siècle, période d'un extraordinaire intérêt pour cette légende (Leonard R. Mills, L'histoire de Barlaam et Josaphat: version champenoise d'après le ms. reg. lat. 660 de la Bibliothèque Apostolique Vaticane, 1973 - books.google.fr).

 

Au XIIe siècle, la Vie de Barlaam et Josaphat avait déjà pénétré dans l'Europe occidentale, par l'intermédiaire d'une traduction latine. Dans le courant du XIIIe siècle, cette traduction était insérée par Vincent de Beauvais (mort vers 1264) dans son Speculum historiale, puis par Jacques de Voragine, archevêque de Gênes (mort en 1298) dans sa Légende dorée, qui a été si longtemps populaire. D'autre part - au XIIIe siècle - le trouvère Guy de Cambrai tirait de la traduction latine la matière d'un poème français. Deux autres poèmes analogues suivirent de près, ainsi qu'une traduction en prose. A la même époque que Gui de Cambrai, un poète allemand, Rodolphe d'Ems, traitait le même sujet, et, lui aussi, d'après la traduction latine; deux autres Allemands mettaient également cette traduction en vers. Les bibliographes mentionnent encore une traduction provençale, probablement du XIVe siècle, et plusieurs versions italiennes, dont l'une se trouve dans un manuscrit daté de 1323. Avec une traduction allemande en prose, l'histoire de Barlaam et Josaphat arriva en Suède et en Islande. La rédaction latine fut traduite en espagnol, puis en langue tchèque (vers la fin du XVIe siècle), plus tard en polonais. Ces quelques détails peuvent donner une idée de la diffusion de cette légende au moyen âge. Enfin, en 1583, - ceci a un intérêt tout particulier, - l'autorité de saint Jean Damascène, à qui la rédaction de l'ouvrage était attribuée, comme nous l'avons dit, fit entrer dans le Martyrologe Romain les noms des «saints Barlaam et Josaphat». A la fin de la liste des saints dont il est fait commémoration le 27 novembre, on lit, en effet, ce qui suit : «Chez les Indiens limitrophes de la Perse, les saints Barlaam et Josaphat, dont les actes extraordinaires ont été écrits par saint Jean Damascène» (Emmanuel Cosquin, La légende des saints Barlaam et Josaphat, Revue des questions historiques, Volume 28, 1880 - books.google.fr).

 

Le nom même du père de Josaphat, le roi, Avenir - du latin ad-venire «ce qui est à venir» -, fait de ce personnage une allégorie du futur : il est le représentant de ce qui n'est pas encore accompli mais est appelé à l'être, des potentialités ouvertes par un temps non encore réalisé, de tous les possibles; il est ainsi à même d'être le lieu des transformations, de l'évolution, de la « révolution » qu'il sera amené à connaître ; bref, il est figure du Temps (Jean-Pierre Perrot, Figures du temps et logiques de l'imaginaire en hagiographie médiévale, Revue des sciences humaines, Numéro 251, 1998) (nonagones.info - Synthèse : Axes nonagonaux : 26 novembre : La Salette ou le roi à venir).

 

Plutôt que d'affirmer que Jésus-Christ est le centre et le sens de toute l'histoire, nous devrions simplement dire qu'il est celui qui l'a ouverte à l'Ad-venir de Dieu parmi les hommes et à Sa victoire finale sur toutes les aliénations. C'est seulement lors de la manifestation finale de Christ que nous saurons en quel sens il a été le centre de l'histoire, son kairos ou tournant, moment décisif (Jean-Paul Gabus, Dans le vent de l'Esprit, 1992 - books.google.fr).

 

Typologie

 

600 ans après la transmutation argentine de Flamel, et 1950 ans après la naissance du Christ (cf. quatrain précédent VI, 77 : Jubilés).

 

"J'ai toujours été frappé, me précise Umberto Eco, de l'analogie qui existe entre les groupuscules millénaristes du Moyen Age et les mouvements terroristes contemporains : dans la façon de se combattre, dans la façon dont le pouvoir, pour les détruire, accusait les uns des crimes des autres. C'est toujours la même technique et la même dialectique interne. Et cette idée d'un millénarisme qui continue à vivre dans la société européenne depuis huit ou dix siècles m'a toujours fasciné. Je voulais, avec le Nom de la rose, revenir aux racines, ce qui est l'entreprise de tout roman historique, non pas le roman de cape et d'épée qui cherche l'histoire comme un décor extérieur, mais celui qui traverse l'histoire pour comprendre quelque chose du présent" (Jean Royer, Écrivains contemporains: 1980-1983, 1982 - books.google.fr).

 

Pour Jean-Paul II, pape d'origine slave, la réconciliation avec les orthodoxes est une priorité de l'Eglise catholique. Le 30 décembre 1980, saint Cyrille et saint Méthode sont proclamés copatrons de l'Europe avec saint Benoît dans la lettre apostolique Egregiæ virtutis, et le pape célèbre le 1000 anniversaire du baptême de la Russie dans Euntes in mundum (22 mars 1988). A Strasbourg, en octobre 1988, il appelle à «retrouver une cohésion spirituelle et morale dans la perspective de sa dimension [de l'Europe] géographique tout entière qui va de l'Atlantique à l'Oural, de la mer du Nord à la Méditerranée». Si des conversations théologiques triennales entre catholiques et orthodoxes se mettent en place dès 1967, Jean-Paul II suscite un renouveau du dialogue entre les deux Églises. Du 29 mai au 4 juin 1980 se réunit pour la première fois, à Rhodes, la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe, chargée de produire des documents sur la vie sacramentelle de l'Eglise (Crises et Renouveau (de 1958 à nos jours): Histoire du christianisme, 2012 - books.google.fr).

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