Défaite de Hitler grâce au débarquement de Normandie

Défaite de Hitler grâce au débarquement de Normandie

Les Allemands en Italie du Nord

 

VI, 16

 

1937

 

Ce que ravy sera du ieune Milve,

Par les Normans de France & Picardie,

Les noirs du temple du lieu de Negrisilve,

Feront aulberge & feu de Lombardie.

 

La réforme grégorienne

 

Le pape Nicolas II Ă©tant mort, de quelle manière fallait-il Ă©lire son successeur ? Évidemment le dĂ©cret du synode de 1059 avait force de loi et devait ĂŞtre appliquĂ©; mais alors se prĂ©sentait une grave difficultĂ© : le gouvernement de la Germanie avait refusĂ© de reconnaĂ®tre ce dĂ©cret; on n'avait mĂŞme pu le lui notifier, et une rĂ©union composĂ©e de grands seigneurs et d'une partie de l'Ă©piscopat de la Germanie n'avait pas craint d'excommunier Nicolas II, de rayer son nom du canon de la messe et de dĂ©clarer nuls tous les actes de son pontificat. Ces mesures rĂ©volutionnaires autorisaient-elles les cardinaux Ă  procĂ©der Ă  l'Ă©lection du pontife, sans tenir compte du rĂ´le que, d'après les dispositions synodales de 1059, le roi de Germanie devait, en qualitĂ© de patrice de Rome, jouer dans cette Ă©lection ? Hildebrand hĂ©sitait, et son embarras se comprend, car passer outre, c'Ă©tait la guerre ouverte avec le gouvernement du successeur d'Henri III, c'Ă©tait probablement le schisme et ses consĂ©quences toujours dĂ©sastreuses. Pendant qu'Hildebrand, anxieux, cherchait la voie Ă  suivre, les Capitani de l'Agro romano et ceux des clercs de Rome qui ne voulaient pas de rĂ©forme, prirent les devants; ils s'emparèrent, on ne sait de quelle manière, des insignes de la papautĂ©, de la chlamyde, de la mitre et de l'anneau, ainsi que de la couronne du patrice romain, et les envoyèrent Ă  l'impĂ©ratrice Agnès, lui demandant de nommer le futur pape, au nom de son jeune fils Henri IV. A la tĂŞte de l'ambassade se trouvait, c'est tout dire, Girard, comte de Galeria, ce pillard dĂ©jĂ  excommuniĂ© plusieurs fois par les papes prĂ©cĂ©dents, et l'abbĂ© du monastère de Saint-GrĂ©goire, ad clivum Scauri. Cette dĂ©marche montre combien la situation avait changĂ© dans le Latium par suite de l'intervention des Normands. La noblesse romaine ne visait plus Ă  s'approprier, comme elle l'avait fait tant de fois, le patriciat et Ă  introniser un pape de son choix; elle redoutait trop Hildebrand et une nouvelle campagne de ses alliĂ©s les Normands pour agir ainsi, mais elle espĂ©rait arriver au mĂŞme rĂ©sultat en s'unissant Ă  la cour de Germanie, qu'elle savait en dĂ©sunion avec le parti rĂ©formateur. Il se peut que ces menĂ©es schismatiques des adversaires que l'Ĺ“uvre de la rĂ©forme de l'Église comptait Ă  Rome et aux environs, aient dĂ©cidĂ© Hildebrand Ă  prendre un parti sans plus tarder, car, ce que Hildebrand devait redouter pardessus tout, c'Ă©tait de voir arriver Ă  Rome un pape imposĂ© par la noblesse romaine et par le gouvernement de la Germanie, et rĂ©duisant Ă  nĂ©ant tout ce qui s'Ă©tait fait de bien durant les derniers pontificats. Avec son initiative ordinaire, Hildebrand proposa alors, comme candidat Ă  la papautĂ©, Anselme, Ă©vĂŞque de Lucques. NĂ© Ă  Baggio, près de Milan, Anselme avait Ă©tĂ© le premier fondateur [supposĂ©] de la Pataria, c'est-Ă -dire l'instigateur de ce mouvement populaire qui, Ă  Milan et en d'autres villes de la Lombardie, s'Ă©tait produit contre la simonie et contre l'incontinence des clercs. Devenu Ă©vĂŞque de Lucques, Anselme fut, sans perdre les bonnes grâces de la cour de Germanie, l'ami de Gottfried de Toscane et de sa femme la duchesse BĂ©atrix; auparavant, il avait vĂ©cu en Normandie, oĂą il eut l'honneur d'avoir au Bec pour professeur l'illustre Lanfranc (O. Delarc, Le ponitifcat d'Alexandre II, Revue des questions historiques, Volume 43, 1888 - books.google.fr).

 

"noirs du temple" et "Normands"

 

"noirs" : bénédictins (Peter Lemesurier, Nostradamus: The Next 50 Years : a New Translation, 1994 - books.google.fr).

 

Dans ses dialogues, saint Grégoire le Grand nous apprend que saint Benoît, fondateur de l'ordre des bénédictins, avait trouvé au Mont-Cassin un temple d'Apollon, dans lequel il avait fait construire deux chapelles, l'une à saint Jean, l'autre à saint Martin (Histoire et memoires de l'Institut royal de France. Classe d'histoire et de littérature ancienne, Volume 31, 1884 - books.google.fr).

 

Le choix de Hildebrand indiquait donc que le nouvel archidiacre voulait tenir haut le drapeau de la réforme et de l'indépendance de l'Église. Sa résolution prise, Hildebrand manda à Didier, abbé du Mont-Cassin, de venir à Rome, et d'amener avec lui Richard, prince de Capoue, et ses Normands, et lui-même alla en Lombardie chercher Anselme de Lucques, qu'il ramena à Rome. Le 1er octobre 1061, pendant que les Normands maintenaient l'ordre dans la cité, Anselme, fut élu pape par les cardinaux-évêques; le clergé, ainsi que le peuple romain, adhérèrent à cette élection. Le même jour, il fut intronisé dans l'église de San Pietro-inVincoli, et, le lendemain, il prit le nom d'Alexandre II; le prince de Capoue, qui quitta Rome peu après, prêta entre les mains du nouveau pape un serment de fidélité analogue à celui qu'il avait déjà prêté à Melfi entre les mains de Nicolas II. L'élévation d'Anselme de Lucques mécontenta grandement les ennemis de la réforme de l'Église, surtout les évêques de la Lombardie, connus pour leurs mœurs dépravées et leur insubordination vis-à-vis du Saint-Siège; ils firent cause commune avec le chancelier Guibert, représentant en Italie du royaume de Germanie et résolurent de faire nommer un autre pape, pris dans leurs rangs et disposé à fermer les yeux sur leur conduite; ils songeaient déjà à Cadalus, évêque de Parme, qui sera l'anti-pape Honorius II. Les démarches les plus actives furent faites dans ce sens auprès de l'impératrice Agnès; on lui représenta que, même d'après le décret du synode de 1059, aucun pape ne pouvait être élu sans l'approbation de son fils Henri IV, et que c'en était fait de l'influence de la Germanie en Italie, si on laissait l'élu de Hildebrand, le protégé des Normands, gouverner l'Église sans conteste (O. Delarc, Le ponitifcat d'Alexandre II, Revue des questions historiques, Volume 43, 1888 - books.google.fr).

 

Le plus illustre des abbés de l’abbaye fut peut-être Desiderius (Didier) - le futur pape Victor III (inhumé dans l'abbaye elle-même) - qui à la fin du xie siècle fit reconstruire complètement l'abbaye et orna l'église de précieuses fresques et mosaïques (fr.wikipedia.org - Abbaye territoriale du Mont-Cassin).

 

Richard Ier d'Aversa, fils d'Asclettin Quarrel et neveu de Rainulf Drengot, est le sixième comte normand d'Aversa en 1049. Il est également prince de Capoue et se marie en Normandie. Asclettin ou Asclettin Quarrel, est un aventurier normand de la première moitié du xie siècle, fils d’un seigneur de la région de Rouen (les Carreaux, près d'Avesnes-en-Bray) (fr.wikipedia.org - Richard Ier d'Aversa).

 

Alexandre II soutiendra Guillaume de Normandie dans sa conquĂŞte de l'Angleterre (fr.wikipedia.org - Alexandre II (pape)).

 

Hildebrand était moine bénédictin à Rome et vint durant trois années à Cluny sous l'abbatiat de saint Hugues. C'est le pape alsacien Léon IX qui le fit revenir à Rome et le nomma abbé du grand monastère de Saint-Paul-hors-les-Murs. A l'image de Cluny, il lança une grande réforme dans l'Eglise autant pour la libérer des abus internes que des abus du pouvoir impérial. L'empereur fit mine de s'incliner en venant à Canossa, mais riposta quelque temps plus tard en exilant le Pape (nominis.cef.fr).

 

Les actes les plus importants du pontificat de Léon IX sont effectués sous le conseil d'Hildebrand qui restera ensuite un des conseillers les plus influents de ses successeurs Victor II (1055-1057), Étienne IX (1057-1058), Nicolas II (1058-1061), Alexandre II (1061-1073). Hildebrand est l'un des principaux acteurs de ce qu'on appellera plus tard la réforme grégorienne, vingt-cinq ans avant de devenir pape lui-même (fr.wikipedia.org - Grégoire VII).

 

Patarins

 

Le terme de Patarins paraît pour la première fois vers le milieu du onzième siècle; c'est vers cette époque, qu'au dire positif de quelques auteurs contemporains, il fut imaginé pour désigner d'abord les partisans du diacre milanais Ariald, adversaire fanatique du mariage des prêtres, et auteur de troubles et de révoltes contre les clercs mariés ; ceux qui lui adhéraient, furent appelés ironiquement et par suite d'un hasard Paterins: «Ironice,... non industrià, sed casu» (Arnulphus, Hist. mediol., 39). Plus tard le même nom fut donné aux partisans de Grégoire VII par ses adversaires, qui appliquèrent à tous les défenseurs du célibat des prêtres, le terme injurieux inventé par le peuple de Milan. Les contemporains expliquèrent ce nom d'une manière assez singulière; le chroniqueur Arnoulphe le dérive du grec Pathos, quod latine dicitur perturbatio, à cause des troubles suscités par Ariald; Hugues de Flavigny pense, et Ducange (V, 137) le pense avec lui, que les adhérents de Grégoire VII ont été appelés ainsi, parce qu'ils donnaient à ce pape le nom de Pater. L'explication des Bénédictins, dans leurs additions au glossaire de Ducange, nous paraît être la seule vraie; suivant eux les partisans d'Ariald se réunissaient en 1058 à Milan dans un endroit mal famé, appelé Pataria; de là le peuple, qui préférait encore les prêtres mariés aux célibataires, leur donna par dérision le surnom de Patarins. Par une transition facile, le même surnom fut donné dès lors non-seulement aux partisans de Grégoire VII, qui avait défendu à jamais le mariage des prêtres, mais aussi aux Cathares, qui condamnaient le mariage en général; cette partie de leur doctrine était une de celles qui frappaient le plus l'esprit de la foule. Le quartier de la Pataria était celui des chiffonniers et des fripiers; encore vers 1276 ces industriels s'appelaient Patari dans plusieurs villes italiennes, comme à Milan, à Parme, à Pavie; à Pavie ils formaient même une corporation ayant ses statuts particuliers (Krone, 21, note cinquième) (C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois, Tome 2, 1849 - books.google.fr).

 

Désormais devenu parfait, le «consolé» revêtira l'habit noir, insigne de son nouvel état, fera don de tous ses biens à la communauté cathare et commencera sa vie errante de prêcheur charitable, à l'exemple de celle de Jésus et de ses apôtres (Roger Caratini, Les cathares, 2014 - books.google.fr).

 

"les noirs" pourraient désigner ainsi à la fois les bénédictins et les patarins, rétroactivement pour ces derniers.

 

La première expression complète d'un renouveau spirituel est ce phénomène complexe, typiquement sinon exclusivement italien, connu sous le nom de pataria. Ce terme, en toute rigueur, est d'origine milanaise, et les contemporains l'ont appliqué uniquement à des milanais; ce n'est pas à tort cependant que les historiens l'ont également utilisé, par extension et analogie, pour désigner des phénomènes semblables, spécialement à Florence. Milan et Florence sont les deux centres où le phénomène patarin a connu ses succès les plus visibles, avec pourtant des différences notables. A Milan, des laïcs et des clercs en prirent la tête, dans le dessein de réformer la vie ecclésiastique en luttant contre le clergé concubinaire, mais aussi sous l'influence d'exigences économiques et et sociales nées des oppositions au sein du clergé milanais; en arrière-plan, on reconnaît aussi le conflit pluriséculaire entre l'Église romaine et l'Église ambrosienne, les patarins s'appuyant sur le pape, leurs adversaires réagissant au nom de la tradition ambrosienne (Dictionaire de Spiritualite - books.google.fr).

 

Il éclata en plein XIe siècle, à Milan, parmi les petites gens, les nobles et le bas clergé, soulevés contre le haut clergé simoniaque (simonie) et marié (nicolaïsme). Cette Église ambrosienne, très puissante, inféodée à l'Empire, tenait en échec, dans l'Italie du Nord, l'Église romaine. Ce fut la Pataria. Rome soutint à l'origine cette révolution, qui pouvait se tourner contre elle le futur Grégoire VII encouragea les révoltés (Emile Gebhart, Développement du sentiment religieux en Italie, jusqu'au concile de Trente, Revue universelle: recueil documentaire universel et illustré, Volume 7, 1897 - books.google.fr).

 

Les patarins s'appuyèrent, dans leur opposition à leur clergé, sur les papes qui leur tour trouvaient en eux des alliés pour leurs réformes. Significative de ce point de vue est l'accession au trône pontifical en 1061, sous le nom d'Alexandre II, d'Anselme de Baggio qui, avant d'être évêque de Lucques, avait été un leader du mouvement patarin à Milan. A Florence, c'est à la simonie que s'en prirent les patarins à travers la personne de l'évêque Pierre Mezzabarba qui avait été élu à prix d'argent et à qui saint Jean Gualbert s'opposa avec son nouvel ordre de Vallombreuse, en obtenant finalement sa démission. «Ces mouvements eurent donc une très grande importance pour le succès de la réforme grégorienne; contre les évêques liés aux classes dominantes, ils donnaient leur appui à des positions qui avaient une portée religieuse mais aussi d'importantes conséquences sur la vie politique des cités; l'évêque accusé de simonie était aussi l'évêque dont on cherchait à diminuer l'ingérence dans les communes. Ainsi s'explique la naissance, à la fin du 11e et au début du 12e siècle, de mouvements que l'on peut appeler patarins et qui furent le signe de plus en plus précis du réveil évangélique à travers l'Europe» (R. Manselli, D. Sp., vii, 2186). C'est seulement par la suite que l'expression, en s'élargissant à d'autres groupes, finit par désigner aussi des mouvements hétérodoxes de pauvreté stigmatisés par les Décrétales des pontifes et les décisions impériales qui ne s'embarrassent guère de nuances (Catholicisme hier, aujourd'hui, demain, Tome 10 : Œcuménisme - Perpétuité, 1948 - books.google.fr).

 

"auberge"

 

Les abbayes bénédictines ont encore rendu jadis un service des plus appréciés. De tout temps les hommes ont dû entreprendre des voyages. On n'avait pas alors songé à faire bénéficier le commerce des nécessités multiples auxquelles est sujet le voyageur. Les hôtels et les auberges n'existaient pas. Mais le moine, considérant l'étranger comme un membre de Jésus- Christ, mettait le monastère à sa disposition avec le grand sentiment de foi que suggère cette pensée surnaturelle. Les rapports que l'exercice de l'hospitalité créait ainsi entre les abbayes et les hommes du monde ont joué un rôle important dans la formation de l'esprit chrétien (Jean-Martial Besse, Les Bénédictins en France (1903), 2016 - books.google.fr).

 

En Europe, au IXe siècle, le monastère du mont Cassin devint le premier centre de médecine monastique pourvu d'une hostellerie destinée à loger et à soigner les pèlerins de passage. Au début, les clercs exerçaient surtout la médecine. La chirurgie était pratiquée davantage par des laïques, en particulier les médecins arabes et juifs. Toutefois, les moines pratiquaient fréquemment la chirurgie, ce qui déplaisait à l'Église de Rome : leur fonction, pensait-elle, était de sauver les âmes et non pas de guérir les corps (Marcel J. Rheault, La médecine en Nouvelle-France: les chirurgiens de Montréal, 1642-1760, 2004 - books.google.fr).

 

Un ancien terme français pour hôpital est hôtel-Dieu, «auberge de Dieu» (Milos Pawlowski, De la médecine médiévale à la santé publique, Volume 3 de Histoire de la médecine, 2020 - books.google.fr).

 

Pour le Mont-Cassin, la deuxième moitié du XIe et le début du XIIe s. furent une période d'agrandissement de la Terra di San Benedetto, agrandissement réalisé grâce à de bonnes relations soutenues avec les empereurs germaniques et byzantins ainsi qu'avec les seigneurs locaux et le Saint-Siège. L'engagement modéré de la communauté de Saint-Benoît pour la cause de la réforme ecclésiastique renforçait les liens déjà existants entre Rome et le Mont-Cassin qui, par des bulles pontificales, obtenait le vicariat sur toutes les abbayes de l'Italie méridionale et dont les moines accédaient à des charges de grande responsabilité à la Curie romaine, le trône pontifical y compris (Cahiers de civilisation médiévale, Volume 15, 1972 - books.google.fr).

 

"Milve" : Henri IV

 

"milvius" : milan, rapace (Gaffiot).

 

L'aigle d'empire prend tout naturellement place dans ce bestiaire encore pauvre du XIe siècle; on a déjà noté qu'un des premiers écus armoriés représentés, qui se trouve dans une miniature d'un manuscrit d'Othon de Freising copié en 1144, attribue l'aigle à l'empereur Henri IV; curieusement, l'écu impérial à l'aigle semble rare et tardif sous Frédéric Barberousse; on ne le voit guère que sur un denier de Maastricht, avec la légende «scutum imperatoris» (l'écu de l'empereur) (Alain Boureau, L'aigle : chronique politique d'un emblème, 1985 - books.google.fr).

 

"Ce que ravy sera..."

 

Nicolas Il apporta dans la nomination du pape, jusque-là tumultueuse et irrégulière, un grand perfectionnement pour tendre à la dégager de l'intervention populaire si radicalement absurde dans un tel cas, et qu'on avait conservée par une continuation empirique des habitudes de la primitive Eglise. Il décréta, en effet, que l'initiative du choix papal appartiendrait aux cardinaux, et que le peuple n'aurait que son consentement à donner, ce qui était un pas décisif pour lui enlever définitivement toute intervention. Mais il fallait se dégager aussi de la suprématie impériale dans la nomination du pape. Jusque-là, en effet, le consentement de l'empereur avait été jugé nécessaire. Nicolas II fit décider, dans ce même concile de Rome, que ce pouvoir serait concédé personnellement au roi Henri qui n'était pas encore l'Empereur Henri IV, et que cet honneur serait accordé personnellement à ses successeurs, si le Saint-Siège le jugeait convenable. Ce fut là une opération décisive due à l'habile politique d'Hildebrand pour dégager la papauté, à la fois de l'élection populaire et du choix impérial, pour la faire surgir directement, ainsi qu'il convient, de l'action même de la partie supérieure de la hiérarchie ecclésiastique. Ce mode normal du choix du pape fut complété plus tard par Alexandre III, qui abolit compètement l'intervention populaire, et attribua aux seuls cardinaux le choix du pape. Enfin Grégoire IX perfectionna ce mode d'élection, en prenant une série de précautions pour obliger le collège électoral des cardinaux à se prononcer dans un temps très court (Pierre Laffitte, Hildebrand, La Revue occidentale philosophique, sociale et politique: organe du positivisme, 1893 - books.google.fr).

 

"Negrisilve"

 

"negra silva" : forĂŞt noire, sombre (Gaffiot).

 

"silva" : forĂŞt, bois (Gaffiot).

 

Dans ses Jardins romains, P. Grimal utilise les gloses érudites pour distinguer le lucus, bois sacré italique, sombre et sauvage, du nemus, sacré lui aussi, mais riant et humanisé suivant les traditions grecques Mais un bois sacré serait un bois, nemus, comprenant une clairiète appelée lucus ou templum (John Scheid, Lucus, nemus : qu'est-ce qu'un bois sacré ? Les bois sacrés, 2015 - books.google.fr).

 

Dans un texte de Varron, le bois sacrĂ© de Libitina devient, Ă  la faveur de la mĂŞme «étymologie», le «lucus Veneris Lubentinae». Qu'est-ce Ă  dire ? Tous ces textes tendent Ă  prouver une assimilation progressive entre les deux dĂ©esses; ils trahissent, en mĂŞme temps, la perplexitĂ© des anciens dans leur effort pour Ă©lucider les raisons de cette assimilation (Robert Schilling, La religion romaine de VĂ©nus, depuis les origines jusqu'au temps d'Auguste, 1955 - books.google.fr).

 

Lucus est arborum multitudo cum religione (Servius, Eneide, v. 314)) (E. H. Barker, The Germany of C. Cornelius Tacitus, from Passow's Text; and the Agricola, from Brotier's Text, 1836 - books.google.fr).

 

Le sommet du mont Cassin était occupé par un temple d'Apollon; Vénus y avait un autel et un bois sacré, et les environs comptaient encore de nombreux païens qui adoraient ces idoles. La première chose que fit Benoît fut de détruire l'autel et de mettre le feu au bois sacré; puis à la place du temple il éleva une petite église en l'honneur de S. Jean-Baptiste et un oratoire en l'honneur de S. Martin de Tours, en même temps qu'il bâtit pour ses disciples une tour qui leur servit tout à la fois de refuge (Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique: rédigé par les plus savants professeurs et docteurs en théologie de l'Allemagne catholique moderne, Tome 15, 1862 - books.google.fr).

 

Schwarzwald

 

Une révolution s'opérait dans les monastères de l'Allemagne méridionale et de la Souabe en particulier. Cette révolution eut pour foyer principal la Forêt-Noire, cette Sylva Hercynia si redoutée des Romains, et qui, sillonnée de chemins et en partie défrichée par les moines, était devenue, depuis le huitième siècle, une vaste colonie bénédictine. L'abbaye piémontaise de Frutières, d'où l'archevêque Hannon de Cologne avait tiré ses premiers réformateurs, partagea, avec la grande abbaye bourguignonne de Cluny, l'honneur d'avoir contribué à cette rapide régénération. Ce fut un pape allemand, moine lui-même, et le premier sur lequel ait agi l'influence de Hildebrand, ce fut Léon IX qui répandit une vie nouvelle dans ces monastères de la Souabe: ce fut lui qui, pendant un voyage en Allemagne, vers 1050, obligea, par l'énergie de ses remontrances, le comte Adalbert de Calw, son neveu, à rétablir l'illustre abbaye de Hirschau, fondée par l'un des ancêtres du noble seigneur, renommée, dès le neuvième siècle, par la culture des sciences et par les soins donnés à l'enseignement public, mais ruinée, depuis cinquante ans, par un indigne descendant du fondateur, qui en était l'avoué1. Douze moines d'Ensiedlen, en Suisse, vinrent en 1066 repeupler l'antique abbaye, et le comte Adalbert, qui ne s'était décidé à l'œuvre réparatrice que vaincu par les instances de sa femme, la pieuse Wilicza, princesse polonaise, finit par y prendre l'habit avec eux. A la suite de cette restauration, non-seulement le monastère de Hirschau retrouva son ancienne splendeur; mais il la dépassa même de beaucoup. Sous l'illustre et saint abbé Guillaume, qui y introduisit les usages de Cluny avec quelques modifications et établit une étroite association entre les deux abbayes, Hirschau monta au premier rang des grands établissements monastiques de l'Europe et devint, pour l'Allemagne, ce qu'était le Mont-Cassin pour l'Italie et Cluny pour la France. Cette dernière maison était, dans tout l'univers chrétien, celle qui comptait le plus de nobles parmi ses religieux et un plus grand nombre de communautés sous sa dépendance. Quatre-vingt-dix-sept monastères, fondés ou réformés par des colonies de moines envoyés par elle, et tous situés dans le sud de l'Allemagne, formaient autour de la grande abbaye souabe une puissante et magnifique congrégation. Vingt-trois de ces maisons de Dieu devaient leur création à Hirschau; les soixante-quatorze autres, déjà existantes, furent régénérées par son action salutaire. Le saint abbé Guillaume, auteur de la plus grande partie de ces réformes et de ces fondations, réédifiait à la fois les édifices et les consciences monastiques, et, ne s'arrêtant pas là, il s'appliquait à établir un lien d'unité et de commune activité entre tous ces monastères; il maintenait, avec une sollicitude jalouse et une sévérité persistante, le pouvoir de la mère abbaye sur ses colonies; et, malgré de continuelles émigrations, il sut toujours conserver cent cinquante moines autour de lui, en remplaçant par des séculiers convertis les religieux qu'il envoyait à la conquête des monastères étrangers (Charles Forbes René de Montalembert, Les moines d'Occident depuis Saint Benoit jusqu'à Saint Bernard, Tome 6, 1877 - books.google.fr).

 

L'un ou l'autre de ces porches aurait-il, plutôt qu'un ouvrage étranger, servi de modèle pour le vestibule extérieur de Saint-Abondio. Cela n'est guère vra isemblable, car le porche de Saint-Donat, à Sesto-Calende, le seul d'entre eux qui soit debout, appartenait à un couvent de Bénédictins, et la même observation s'applique au porche de Saint-Pierre in ciel d'oro, qui a laissé des traces analogues à celles du porche de Saint-Abondio. Ainsi, en Italie comme n France, les églises monacales se font particulièrement remarquer par la présence de porches spacieux en avant de leurs façades; d'où résulte que l'initiative de ces constructions doit sans doute revenir aux Bénédictins, et spécialement aux moines de Cluny, qui tenaient alors la tête de l'ordre et exerçaient au loin, le fait est positif pour le nord de l'Italie, leur action puissante et féconde. Le porche de Saint-Abondio peut donc être considéré comme un témoignage de l'influence architecturale exercée, à partir du onzième siècle, par les Bénédictins de la Bourgogne (Fernand de Dartein, Étude sur l'architecture lombarde et sur les origines de l'architecture romano-byzantine, 1865 - books.google.fr).

 

La Troisième phase de la pénétration clunisienne en Allemagne est marquée par Hirschau. Son succès enthousiaste des régions germano-celtiques du sud-ouest. Cluny s'introduit dans la partie italo-celtique de l'Empire. Ses conquêtes sont plus rapides dans la Péninsule qu'en Allemagne. Le Piémont et la Lombardie sont des citadelles de Cluny. Le programme de la Réforme française cosntitue le centre de ralliement des oppositions ethniques, politiques, morales dans l'Empire (Louis Reynaud, Les origines de l'influence francaise an Allemagne: étude sur l'histoire comparée de la civilisation on France et en Allemagne pendant la période précourtoise (950-1150), 1913 - books.google.fr).

 

Hirsau et Pataria

 

Fidèle à l'esprit de saint Benoît, l'ancien monastère du mont Cassin produisit saint Romuald, de la famille des ducs de Ravenne, qui, rassemblant à Camaldoli, dans les Apennins, les pécheurs convertis par ses soins, forma l'ordre des Camaldules (1018), que confirma le pape Alexandre II. La congrégation de Vallombreuse, en Toscane, instituée par Jean Gualbert, de Florence (1038), se signala encore par une plus scrupuleuse observation du silence, des pratiques et des austérités de la règle. C'est sous l'inspiration de ces monastères et aussi de celui de Font-Avellana, en Ombrie, illustré par Pierre Damien, que naquit, en Lombardie, sous la direction de deux jeunes prêtres, Ariald et Landolphe, cette société de la Pataria (patarins, ramas populaire), si ardente à poursuivre la simonie, le libertinage et l'ignorance du haut clergé, et si utile aux papes pour l'accomplissement de l'œuvre de la réforme.

 

Née providentiellement dans la souffrance et les désordres du siècle précédent, l'abbaye de Cluny se développe, fournit les moines qui restaurent et réforment les monastères de la Normandie, du nord de la France et de la Belgique, étend sa juridiction sur un grand nombre de couvents, même en Espagne et en Pologne, et sert de modèle à l'influente congrégation de Hirsau, que Guillaume fonde en Allemagne (1069). Tous ces établissements reconnaissent l'abbé de Cluny pour leur chef suprême, et acceptent de lui leurs prieurs. Tous obtiennent avec le temps divers priviléges, et souvent l'exemption de la juridiction épiscopale, qui alors n'était pas sans dangers ainsi Cluny même acquiert le droit de choisir l'évêque à ordonner, avec d'autres prérogatives confirmées par le concile de Châlons (1063); enfin, à côté des monastères on fonde des couvents de femmes, qui partagent four à tour la gloire et le mépris des premiers (P. C. Nicolle, Mnémonique de l'histoire ou précis d'histoire universelle en tableaux séculaires, à l'usage de la jeunesse, 1852 - books.google.fr).

 

Even though there was no express mention of the term "apostolic life" in connection with these two lay movements, a step which took place first among the itinerant preachers, the Pataria and the reform at Hirsau are nonetheless significant. At the very least they indicate the growing desire on the part of the masses to live the ideals of the early Church (Duane V. Lapsanski, Evangelical Perfection: An Historical Examination of the Concept in the Early Franciscan Sources, 1977 - books.google.fr).

 

Even in those days religions passion was more comprehensible to the archdeacon Hildebrand than were the controlled, balanced, and serenely self-confident reforming efforts of one such as Hugh of Cluny, whom Hildebrand, as pope, once reproached for lack of a yet fiercer love for the Roman church burning in his heart. It should also be remembered that Gregory supported the Pataria movement in Milan to the very last, as he did the monks of Hirsau in Germany, who wandered through the country-side preaching upheaval and rebellion. For Gregory this burning love of the church was best, if not exclusively, reflected in incessant, feverish activity devoted to Christian charity for one's fellow man. Gregory interpreted active service under the banner of the prince of the apostles, that is the pope, as such ministry. Hildebrand-Gregory knew no gray areas; all issues acre black or white, one or the other. Indeed, there are many parallels between his passionate zeal and that of certain Old Testament prophets. These parallels are pointed out in recent historiography, which rejects older, one- sided interpretations of Gregory's character. Gregory's determined manner won him few friends. The great pope was at one with Peter Damian in his emphasis on the primacy of the Roman church and, while still archdeacon, had enlisted Damian's active collaboration in the promotion of reform. Yet this same Damian referred to Hildebrand as "his holy Satan." It is appropriate that this epithet is frequently quoted, for Gregory's effect upon contemporaries — and upon historians as well—was equally self-contradictory. Elsewhere, Damian describes Gregory as an intrinsically worthless piece of iron but with the irresistible effect of the magnet, drawing everything into its field. He also compared him to a tiger tensed for the leap, to a wolf, and to the bone-chilling, icy north wind. One conclusion at least does seem obvious: Hildebrand was definitely not a mediocre personality (Uta-Renate Blumenthal, The Investiture Controversy: Church and Monarchy from the Ninth to the Twelfth Century, 2010 - books.google.fr).

 

"feu"

 

En Lombardie, des rustici brûlent des églises alors qu'à Milan émerge la Pataria, mi-réformatrice, mi-hérétique. Lorsque les meneurs se refusent à la rupture, tel Robert d'Arbrissel, ces mouvements se sont orientés vers des entreprises plus concrètes et moins provocatrices. Dans des zones faiblement peuplées et contrôlées par les pouvoirs traditionnels se sont alors déroulées des expériences communautaires originales dont les aspects contes- tataires et scandaleux se sont peu à peu dissous (Fabrice Mouthon, Les communautés rurales en Europe au Moyen Âge: une autre histoire politique du Moyen Âge, 2014 - books.google.fr).

 

Un grand incendie détruit Milan en 1075 et les Patarins, accusés de ce méfait, sont exterminés. Issue du milieu clérical, la pataria n'est en rien une véritable hérésie. Ce n'est qu'après 1075 que les dérives sectaires engagées contre la hiérarchie de Rome poussent la papauté à lancer la condamnation (Bernard Doumerc, Les communes en Italie: XIIe-XIVe siècle, 2004 - books.google.fr).

 

Les adversaires de la réforme attendaient l'occasion de régler son compte à la pataria détestée. Le grand incendie qui ravagea la ville le 30 mars 1075 la leur fournit. Profitant de la confusion ainsi provoquée, ils attaquèrent à l'improviste les patarins, sous le prétexte de poursuivre et de punir les incendiaires supposés. Erlembaud fut tué pendant les combats confus qui se déroulèrent dans les rues de la ville, et la pataria, privée de son chef, périclita (Tadeusz Manteuffel, Naissance d'une hérésie, Civilisations et sociétés, Volume 6, 1970 - books.google.fr).

 

Acrostiche : CPLF

 

On a une Catherine d'Alexandrie du peintre lombard Callisto Piazza da Lodi (1500 - 1561) qui signe sur son bras "CPLF" (Calistus de Platea Laudensis Fecit) (Galleria nazionale d'arte antica: Palazzo Barberini, i dipinti : catalogo sistematico, 2008 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Callisto Piazza).

 

Tout ce qui s'est dit ou écrit sur sainte Catherine d'Alexandrie relève des traditions et légendes; son nom, ignoré de l'antiquité, était encore inconnu en 820 au Sinaï et, en Occident, la première trace de reliques de la sainte apparaît à Rouen en Normandie, au XIe siècle (abbaye de La Trinité du Mont) (Jean-Robert Maréchal, Les saints patrons protecteurs: de nos métiers, nos corporations, de nos écoles, associations, de nos pays, villes, 2007 - books.google.fr).

 

Les reliques de Ste Catherine d'Alexandrie ayant été apportées à Rouen par S. Siméon (voir plus loin l'article Déville) vers l'an 1030, puis transférées dans l'abbaye de la Ste-Trinité, lui firent prendre le nom d'abbaye du mont Sainte-Catherine qu'elle portait déjà avant la fin du XIe siècle. Elle conservait en outre les restes précieux d'un grand nombre de saints, notamment la moitié du corps de Ste Austreberte (Joseph Prudent Bunel, Géographie du département de la Seine-Inférieure, Tome 5 : Arrondissement de Rouen, 1879 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain VII, 39 - Maréchal de Boucicaut et sainte Catherine - 2027-2028.

 

La vie politique était extrêmement compliquée en Italie, et Jean fut appelé à intervenir dans les affaires du duché de Milan. Alors qu'il se trouve à Milan éclate une révolution à Gênes, en 1409 : la garnison française est surprise et massacrée. Incapable de réduire la sédition, le maréchal rentre en France (fr.wikipedia.org - Jean II Le Meingre).

 

Typologie

 

Le report de 1937 sur la date pivot 1075 donne 213.

 

Victoire de Caracalla en 213 sur les Alamans cĂ©lĂ©brĂ©e par un monument de Caesarea (Cherchel), CIL, VIII, 9356 et 20941 : Pons Mulvius/expeditio/imperatoris in Germ(aniam), illustrĂ©e par un relief montrant les soldats prĂ©toriens de l'armĂ©e impĂ©riale qui partent de Rome en franchissant le Pont Milvius (Émilienne Demougeot, L'image officielle du barbare d'Auguste Ă  ThĂ©odose, Ktèma, NumĂ©ros 9 Ă  10, 1984 - books.google.fr).

 

Un siècle plus tard c'est la bataille du Pont-Milvius entre Constantin et Maxence.

 

Victoire du pape-empereur de Rome face Ă  l'Empire germanique.

 

Annonce de la fin de la guerre en Europe (cf. aussi quatrain VI, 9)

 

En 1938, Hitler est au dĂ©but de ses conquĂŞtes (« ieune Â», et « Milve Â», voir quatrain V, 45). Il annexera l’Autriche par l’Anschluss. Mais six ans plus tard, par les diffĂ©rents dĂ©barquements en Europe dont celui de Normandie, les AlliĂ©s libĂ©reront les territoires conquis par les puissances de l’Axe. Dans les derniers temps de la guerre, les Allemands (« NĂ©grisilve Â» : traduction latine de ForĂŞt Noire) maintiendront un semblant de pouvoir Ă  Mussolini dans le nord de l’Italie (« Lombardie Â») avec la RĂ©publique de Salo. Les armĂ©es allemandes essaieront de repousser l’avance des AlliĂ©s qui avaient dĂ©barquĂ© en Sicile en 1943.

 

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