1962, réforme
constitutionnelle sur l’élection présidentielle Fin de la
guerre d’Algérie VI, 50 1962-1963 Dedans le puys
seront trouvés les oz, Sera l’inceste
commis par la maratre : L’estat changé,
on querra buict & loz, Et aura Mars attendant pour son astre. Pour expliquer le premier vers, il faut se référer au quatrain VI, 66 : « Au fondement de la nouvelle secte, / Seront les oz du grand Romain trouvés ». Ici, il s’agit des os de Napoléon III, c’est à dire de l’exemple de sa pratique du plébiscite qui s’approche de celle des referendums organisés par de Gaulle, en particulier de celui sur l’élection du président dela République au suffrage universel. Le général mettra en balance son propre mandat à cette occasion : « Tentation du plébiscite… [1] » L’organisation du referendum fit l’objet d’une forte opposition dans les millieux politiques car de Gaulle en appela directement au peuple sans demander l’assentiment des Assemblées. Pour Georges Vedel, « l’inconstitutionnalité de la procédure choisie est une certitude ». Paul Reynaud parlera même de « viol de la constitution » [2]. On peut voir dans la « maratre » une personnification féminine de la République selon un prisme contre-révolutionnaire tel Maurras parlant de « la femme sans tête » [3] dont le côté maternel est issu de « la Révolution, notre mère [4] » (« inceste commis par la maratre » : viol commis par la Vème République). 62 % des inscrits approuveront (« loz » : approbation [5]) la réforme le 29 octobre 1962 (« L’estat changé »). Le dernier vers a une construction particulière avec un « aura » impersonnel signifiant « il y aura » [6], un « attendant » participe présent à sens passif [7] « attendu », et un « pour » à la place de « par » par provençalisme [8]. Il peut se lire de la manière suivante : Et il y aura Mars qui sera attendu par son astre. Il aura fallu attendre le mois de mars 1962, marqué par les Accords d’Evian le 18, et par le cessez-le-feu le 19, pour que s’éteigne l’astre de la guerre d’Algérie (Mars étant aussi le dieu de la guerre : « son astre »). [1] Jean Lacouture, « De Gaulle », tome III, Seuil, 1986, p. 586 [2] ibid., p. 583 et 571 [3] Bruno Goyet, « Charles Maurras », Presses de Sciences Po, 2000, p. 26 [4] Gérard Gengembre, « La Contre-Révolution », Imago, 1989, p. 17 [5] Michel Dufresne, « Dictionnaire Nostradamus », JCL éditions, 1989 [6] Georges Gougenheim, « Grammaire de la langue française du seizième siècle », Picard, 1984, p. 122 [7] Joseph Anglade, « Grammaire élémentaire de l’ancien français », Armand Colin, 1965, p. 194 [8] Dr Edgar Leroy, « Nostradamus », Jeanne Laffitte, 1993, p. 156 |