Jubilés VI, 77 1982 Par la victoire du deceu
fraudulente, Deux classes une, la revolte
Germaine, Le chef meurtry
& son fils dans la tente, Florence, Imole
pourchassez dans Romaine. "deceu fraudulente"
: trompeur trompé Le pape Alexandre VI est présenté comme le modèle du
trompeur trompé par Machiavel "Chef meurtry" Plusieurs hypothèses entourent la mort du pape Alexandre
VI. En effet, le 6 août 1503, il aurait dîné avec son fils César chez le
cardinal Adriano di Castello. Tous deux furent pris par la fièvre. La première
hypothèse accorde ce mal à la malaria, très présente à Rome à cette époque.
L'autre hypothèse est que le pape aurait voulu se débarrasser de certains de
ses ennemis. Il aurait lui-même empoisonné le vin et serait donc tombé dans son
propre piège "victoire"
et "Deux classes une" En 1502, Jacopo Pesaro, Ă©vĂŞque de Paphos (la Chypre
actuelle) et commandant de la flotte papale, reconquiert l'île de Santa Maura, alors aux mains des Turcs. Il fait immortaliser
cette victoire militaire dans une œuvre du Titien, détenue par le Musée
d'Anvers, composée par Giovanni Bellini, le plus grand artiste vénitien de
l'Ă©poque. TĂ©nor de la Renaissance italienne, le Titien aura une Ă©norme
influence sur les artistes de son temps, mais aussi sur les générations
suivantes, comme Rubens et van Dyck. D'un geste protecteur, le pape Alexandre
VI recommande Jacopo Pesaro, agenouillé à côté de lui, à saint Pierre. Ce
dernier lui donne sa bénédiction. À ses pieds gisent les clés du paradis.
Pesaro tient en main une bannière sur laquelle figurent ses propres armoiries
et celles du pape. Tout comme le casque au premier plan et les galères qui
croisent en mer, cette bannière évoque sa victoire récente Cette victoire confirme que "Deux classes une" signifie qu'une flotte navale remporte sur
une autre comme dans le quatrain I, 85 (Victoire espagnole aux Açores). "révolte germaine" Avant la guerre des Paysans de 1525, de nombreuses
révoltes ont lieu dans le Saint Empire germanique : Alsace, 1492 ; Spire,
1502 ; Alsace, Bade, Wurtemberg, vallée du Main, 1513 ; Wurtemberg, 1514 ;
vallée du Rhin, 1517. C'est l'année où Martin Luther lance à Wittemberg ses 95
thèses sur les indulgences et déclenche le processus irréversible que
l'histoire retiendra sous le nom de Réforme. A l'occasion d'une nouvelle disette et d'une épidémie qui
suscite un nouveau mécontentement dans les campagnes de l'Allemagne du Rhin
supérieur cette fois, 7000 conjurés sous la conduite de Joss
Fritz, tentent de ranimer le mouvement dans l'évêché de Spire en 1501. Le
centre de l'organisation est Ă Untergrombach (entre
Bruchsal et Weingarten) et ses ramifications s'Ă©tendent en descendant le Rhin
jusqu'au Main et jusqu'au-delĂ du margraviat de Bade. Son programme contient,
en plus des points dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s,Â
l'abolition du servage, la confiscation des biens ecclésiastiques et
leur partage entre les gens du peuple. Par ailleurs, on déclare ne plus vouloir
d'autre maître que l'empereur. Comme le Bundschuh
alsacien, il a son lieu de réunion
secret, son serment de discrétion absolue, ses cérémonies d'admission et son
Ă©tendard, qui porte l'inscription : "Rien que la justice de Dieu !".
Le plan d'action est à peu près le même que celui des Alsaciens : on s'emparera
par surprise de Bruchsal, où on organisera une armée qui sera ensuite envoyée
dans les principautés environnantes. Mais les autorités sont informées de la
conjuration et prennent immédiatement des mesures de représailles : l'empereur
Maximilien édicte des ordonnances pour châtier l'entreprise des paysans, on
rassemble des troupes et l'on procède à de nombreuses arrestations en Alsace et
en Souabe. Des "armées" paysannes dispersées s'attroupent çà et là et
tentent une résistance armée mais ne tiennent pas longtemps. Le calme revient.
Calme apparent seulement, car le Bundschuh se
réorganise dans le Brisgau (région de Fribourg)
tandis qu'une nouvelle ligue se constitue en Souabe : le "Mouvement du
Pauvre Konrad". Les deux conspirations – Bundschuh
et Konrad - apparaissent au grand jour, peu de temps l'une après l'autre, au
cours des années de 1513 à 1515 Après la mort d’Alexandre VI, le nouveau pape est Pie
III, considéré comme neutre entre le parti des Borgia (César étant resté à Rome
pour influer sur l'Ă©lection) et celui du cardinal Giuliano della
Rovere, ennemi farouche de ces derniers. Mais Pie III meurt Ă peine un mois
après son élection et, cette fois, della Rovere est
Ă©lu sous le nom de Jules II, et fait tout pour affaiblir CĂ©sar. Alors que
celui-ci se rend en Romagne pour mater une révolte, il est capturé près de
Pérouse par Gian Paolo Baglioni, et emprisonné. Jules
II va alors démembrer son domaine, soit en le rattachant aux États pontificaux
(Imola), soit en rétablissant dans leurs droits ceux que César a chassés du
pouvoir (Rimini et Faenza) "Imole" En 1499, le pape Alexandre VI décida de reprendre
directement la domination des territoires pontificaux en Romagne. Cette tâche est
attribuée à César Borgia qui, avec son armée, arrive à Imola le 24 novembre
1499. Pour Ă©viter le saccage, les portes de la ville seront ouvertes par les
habitants, ce qui permit à Borgia de s’emparer de la cité sans coup férir le 25
novembre. Catherine, réfugiée dans sa forteresse à Forlì,
ne put qu’assister à l’évènement. Le 18 août 1503, après la mort d’Alexandre
VI, CĂ©sar Borgia perdit son pouvoir un bref instant. Le nouveau pape, Jules II,
obtint la restitution de la domination ecclésiastique sur Imola et son
territoire. Après avoir confirmé les anciens statuts de la cité (concédés en
1334 par la famille Alidosi), le pape se montra
favorable au rétablissement de la seigneurie des Riario-Sforza sur les châteaux
d’Imola et Forlì, mais la population des deux cités
s'y montrant opposée, la cité passa à Antonio Maria Ordelaffi,
qui s’y établit le 22 octobre 1503. Le pontife procéda à une réorganisation
institutionnelle et administrative et Imola entra dans la Province Romandiolæ, insérée dans le territoire de Ravenne. Comme
pour les autres cités de la province, la dépendance directe au Saint-Siège se
concrétisa par la nomination d’un gouverneur citadin externe à la communauté,
directement nommé par Rome pour une année et résidant dans la cité. Le début de
la domination directe de l’Église sur la communauté d’Imola fut établi par la
Bulle d'or de Jules II le 4 novembre 1504 (aspect politico-administratif
inchangé pendant trois siècles et demi, jusqu’à l’unification italienne,
interrompue uniquement sous Napoléon). Le 3 décembre 1512, création de la
fondation des monts-de-piété. Nicolas Machiavel, envoyé par la république
florentine en mission diplomatique, séjourna dans la cité d’Imola. Léonard de Vinci réalise le plan d’Imola en 1502, époque où il était au service de César Borgia Dans l’effet de souffle des guerres d’Italie, les petits
États tremblent sur leur base ; ils seront à qui s’en emparera hardiment.
Insolent et véloce comme la fortune, César Borgia est de ceux-là . Le fils du
pape donne audience Ă deux visiteurs Ă Urbino, au palais ducal, Ă la fin du
mois de juin 1502. Le premier est un vieux maître que l’on nomme Léonard de
Vinci, le second un jeune secrétaire de la Chancellerie florentine du nom de
Nicolas Machiavel. De 1502 Ă 1504, ils ont parcouru les chemins de Romagne,
inspecté des forteresses en Toscane, projeté d’endiguer le cours de l’Arno. Un
même sentiment d’urgence les fit contemporains. Il ne s’agissait pas seulement
de l’Italie : c’est le monde qui, pour eux, était sorti de ses gonds. Comment
raconter cette histoire, éparpillée en quelques bribes ? Léonard ne dit rien de
Machiavel et Machiavel tait jusqu’au nom de Léonard. Entre eux deux coule un
fleuve "dans la tente" César Borgia, obtint, dit le père Anselme, en mai 1499,
des lettres patentes de Louis XII, par lesquelles il fut adopté, lui et sa
postérité, aux armes de France, avec permission d'en user en tous actes. Son
sceau, en cire rouge, à la date du 16 mai de ladite année, représente un écu
parti : au 1er un bœuf, et au 2e un fascé. Le 25 octobre suivant, l'écu est écartelé
au 1er et au 4e de France, au 2e un bœuf, et au 5e un fascé. Le 15 juillet
1502, l'écu pareil au précédent, et sur le tout deux clefs
mises en sautoir, surmontées d'un pavillon,
au-dessus duquel est une pique. Le premier a pour légende: CESAR : BORGIA - DVX
- VALENT. Le second, CESAR BORGIA - DE FRANCIA - DVX -
VALENT. C'est uniquement par pure curiosité que j'ai transcrit ces notes du
père Anselme, et parce qu'elles se rapportent à un personnage qui administra
pendant quelques années l'Évêché d'Elne et l'Abbaye de Saint-Michel-deCuxa,
à une époque antérieure, du reste, à l'année 1499. Si cette étude
sigillographique n'Ă©tait, par sa nature, en dehors de toute critique
religieuse, ne serait-ce pas ici le cas de signaler l'hypocrite bulle du 3 des
nones de juin 1494, par laquelle le pape Alexandre VI ayant le plus ferme
espoir que le Seigneur dirigera les actes de son fils bien-aimé César, le nomme
Abbé de Cuxa, avec la confiance que, grâce à son
zèle, ce monastère sera utilement et heureusement dirigé, et en retirera de
précieux avantages spirituels et temporels. » Heureusement, dit M. Alart, ce scélérat ne s'occupa jamais de son Abbaye que
pour en recouvrer les revenus. Ajoutons qu'il eu fut
de même de son Évêché d'Elne, dans lequel il ne fit jamais acte de présence, et
où ses procureurs ou vicaires-généraux seuls agirent en son nom Pendant ces cinq années, de 1498 à la fin de 1503, la vie du héros est une vie errante ; il
passe de Rome à Naples, à Faënza, à Forli, à Urbino;
tantĂ´t il habite un palais, tantĂ´t il
vit sous une tente; il a dix capitales et pas un foyer : ses seuls
compagnons sont des soldats comme lui, et si, parmi eux, il ne s'était trouvé des
poètes, des chroniqueurs et un ingénieur militaire, homme de génie, qui a noté
ses Ă©tapes Ă la suite de CĂ©sar, l'historien n'aurait pu tenir compte des
péripéties de cette période de son existence fiévreuse, et l'épisode, si
curieux, de la présence de Léonard au camp du Valentinois serait restée inconnu Typologie L’Eglise catholique reprend officiellement la notion
d’année sainte ou jubilé sous le pape Boniface VIII qui l’institue le 22
février 1300, jour de la fête de la chaire de saint Pierre. L’indulgence
plénière est accordée cette année-là à certaines conditions : être en état de
grâce (après confession et absolution), avoir visité les basiliques de Rome, Saint-Pierre
et Saint-Paul-hors-les-murs, promues alors basiliques majeures. PrĂ©vu Ă
l’origine tous les cent ans, le deuxième jubilé a finalement lieu en 1350, puis
à partir de 1450 tous les 25 ans. Le dernier jubilé a eu lieu en 2000 sous
Jean-Paul II Alexandre VI avait compris tout le parti personnel qu'il
pouvait tirer du jubilé de 1500, le huitième proclamé par l'Église, aussi le
prépara-t-il avec le plus grand soin. Deux bulles relatives à cet événement
furent publiées, l'une le 12 avril 1498 - Consueverunt... - et l'autre le
13 janvier 1499 - Pastoris æterni - pour
en fixer les modalités. Toutes les autres indulgences et les dispenses furent
supprimées afin d'obliger tous ceux qui en sollicitaient à se rendre à Rome.
Cette mesure déplut au plus haut point aux Allemands qui protestèrent, ainsi qu'aux
Vénitiens, lesquels entreprirent des démarches afin d'en être exemptés, mais
sans succès. Un jubilé, cela signifiait rendre la Ville éternelle capable
d'accueillir, une année durant, de grandes foules de pèlerins qui devaient y
demeurer, au minimum quelques jours, la plupart du temps plusieurs semaines.
Cela explique la date précoce à laquelle l'administration s'attela à la tâche -
dès le début de l'année 1498. Les ponts sur le Tibre furent inspectés et
renforcés là où cela parut nécessaire. Les voies d'accès aux quatre basiliques -
Saint-Pierre, Saint-Jean de Latran, Sainte-Marie-Majeure et
Saint-Paul-Hors-les-Murs - furent nettoyées ainsi que les parvis de ces églises
d'oĂą l'on chassa les mendiants et les marchands qui d'habitude les
encombraient. Un grand coffre fut commandé pour recueillir les dons des
pèlerins ainsi que les sommes dont ils devraient s'acquitter pour être
dispensés des obligations qu'ils ne parviendraient pas à remplir
- en particulier celle, pour gagner l'indulgence plénière, de visiter
trente fois les quatre basiliques si on habitait Rome et quinze fois si l'on
était étranger. Une garde nocturne fut instaurée avec mission de veiller à ce
qu'aucun acte indécent ou malhonnête ne fût commis dans les basiliques puisque
celles-ci demeureraient ouvertes toute la nuit Jean-Paul II reprend aussi Ă son compte la tradition de
l'indulgence à l'occasion d'une année sainte dans la bulle d'indiction du
jubilé extraordinaire commémorant le mille neuf cent
cinquantième anniversaire de la mort et de la résurrection du Christ. Le
23-12-1982, s'adressant aux membres de la Curie, il s'arrĂŞte uniquement Ă la communion
des saints. Ce jubilé dit-il nous mettra en communication «avec la richesse
incomparable des mérites et des souffrances que les martyrs et les saints ont
amassés au long de l'histoire ancienne et récente» et qui, unis à ceux du
Christ, constituent «un trésor dont
l'Église vit et qui soutient la foi de tous». Dans la bulle Aperite portas Redemptori, du
6-1-1983, il attire l'attention sur «le don
de l'indulgence caractĂ©ristique de l'AnnĂ©e jubilaire que l'Église (...) offre Ă
tous ceux qui accomplissent les prescriptions du Jubilé». Ce don,
précise-t-il, permet aux fidèles «d'accéder au don total de la miséricorde de
Dieu», il «n'est pas séparable de la vertu ni du sacrement de pénitence».
Aussi, pour l'accorder, l'Église «exige qu'il y ait la pleine disponibilité et
la purification intérieure nécessaire». Le pape espère que l'Esprit Saint
conduira les fidèles toujours davantage à éviter le péché et à chercher à le
réparer pour soi-même et pour les autres, en acceptant les souffrances
quotidiennes et en s'adonnant aux diverses pratiques jubilaires, car le péché
est une offense faite à Dieu, qui demande à être convenablement expiée dans
cette vie ou dans l'autre |