Les
ambitions de Jean-Marie Lepen VI,
84 1987-1988 Celuy
qu’en Sparthe Claude ne peut regner, Il
fera tant par voye seductive : Que
du court, long, le fera araigner, Que
contre Roy fera sa perspective. Il faut considérer « Claude », non comme le nom propre, mais comme l’adjectif latin « claudus » qui signifie boîteux, défectueux. En effet à Sparte, selon la tradition, une sélection des enfants se faisait selon leur aptitude physique. A sa naissance, « l’enfant devait être examiné par un conseil d’anciens qui décidait de son sort : on ne le remettait à sa mère que s’il était bien constitué, sinon on le jetait dans un gouffre du Taygète [1] ». Parmi les hommes politiques, on peut citer Jean-Marie Lepen, qui ayant perdu un œil, présente un défaut physique qui ne l’aurait pas qualifié pour régner à Sparte. En
1987, l’abandon des réformes par le gouvernement Chirac, est l’occasion pour le
leader du Front national d’exploiter « sans réserve ce qu’il n’a aucun mal
à présenter comme des « reculades » du gouvernement. Il dispose en
outre d’une tribune nouvelle, à l’Assemblée nationale. Fort de 35 députés, le
groupe FN s’oppose très vite au gouvernement Chirac à propos de la réforme du
mode de scrutin, dont il sait pertinemment qu’elle doit aboutir – c’est
d’ailleurs un des buts recherchés – à sa propre disparition de l’hémicycle.
Pour le reste, il observe la plus grande vigilance et pratique volontiers la
surenchère. Avec la plus grande application d’ailleurs, dans la mesure où les
nouveaux députés prennent leur travail (ô combien précaire) très au sérieux. A
l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, les députés FN se révèlent
fort industrieux, sans dédaigner pour autant, à l’occasion, quelques
provocations symboliques [2] »
(« araigner » ou « araisnier » : discourir,
interpeller [3]). |