Les
ambitions de Jean-Marie Lepen VI,
84 1987-1988 Celuy
qu’en Sparthe Claude ne peut regner, Il
fera tant par voye seductive : Que
du court, long, le fera araigner, Que
contre Roy fera sa perspective. Claude Il faut considérer « Claude »,
non comme le nom propre, mais comme l’adjectif latin « claudus » qui
signifie boîteux, défectueux. En effet à Sparte, selon la tradition, une
sélection des enfants se faisait selon leur aptitude physique. A sa naissance,
« l’enfant devait être examiné par un conseil d’anciens qui décidait de
son sort : on ne le remettait à sa mère que s’il était bien constitué,
sinon on le jetait dans un gouffre du Taygète [1]».
On s'attendrait à Agésilas à qui on reprocha sa boiterie pour l'empêcher de régner sur Sparte.
mais Agésilas ne conspira pas contre son roi. "Claude" servirait à préciser le sens de "Sparthe". 70 ans auparavant, il y eut le régent de la cité, Pausanias.
Pausanias
Pausanias est un homme politique et général spartiate. Il commande l'armée grecque lors de la seconde
invasion de la Grèce par les Perses et remporte une victoire décisive à Platées en 479. Il s'exile, rappelé à Sparte, il est trahi par un de ses serviteurs, qui dévoile ses plans aux éphores.
Pour échapper au châtiment, Pausanias se réfugie dans le temple d'Athéna Chalkioikos. Alors que les éphores hésitent quant à son sort, sa mère Théano dépose une pierre devant
la porte du sanctuaire, et part sans dire un mot. Les éphores décident alors de l'emmurer vivant. Pausanias meurt de faim vers 469
(fr.wikipedia.org - Pausanias (général)). Pausanias aurait fait un discours aux Hilotes pour les enrôler dans sa tentative de prise du pouvoir.
Les Spartiates préféraient les discours courts aux longs quand ceux-ci nétaient pas nécessaires, d'où le terme de laconisme : Sparte est la capitale de la Laconie.
C'est très probablement aux Hilotes de Laconie que Pausanias est censé s'être adressé, la politeia qu'il leur promet
ne pouvant être que la politeia spartiate; le langage utilisé est bien celui de la subversion sociale. [...] Ils répondirent par la passivité et le loyalisme (peut-être par incrédulité devant ce que les
promesses faites avaient d'excessif; en V, 80, on ne leur promettra que la liberté). Cela dit, il est impossible de savoir ce qui s'est réellement passé. Ce que rapporte Thucydide (en y croyant),
ce ne sont pas des faits avérés, mais des accusations portées, alors ou après coup, contre Pausanias. Ces accusations sont médisme et complot. Ce sont
des griefs passe-partout, qui font soupçonner un procès préfabriqué. C'est ce qu'a bien montré, pour le médisme, P. Wolski. Mais, assez
curieusement, alors qu'il voit dans cette accusation une «invention des éphores», il prend au sérieux celle de complot avec les Hilotes. Il n'est pas le seul : il y a dans
l'historiographie récente une tendance à prêter à Pausanias de grands desseins politiques, passant par l'utilisation de la force militaire potentielle représentée
par les Hilotes. P. Wolski fait de Pausanias un autre Thémistocle (ce que Thucydide ne dit tout de même pas), désireux de libérer les Hilotes pour en faire les rameurs
de la grande flotte dont il rêve. Une objection s'impose au IVe s., des Hilotes seront utilisés comme rameurs, et on ne ressentira pas pour autant le besoin de
les affranchir, ni, à plus forte raison, d'en faire de nouveaux citoyens. Pour J. F. Lazenby, le projet de Pausanias était déjà , avec plus de quarante ans d'avance,
celui que réalisera Brasidas. L'utilisation des Hilotes comme hoplites entraînera, certes, normalement, leur libération, mais non l'octroi du droit de cité; et cela,
après service fait il est très difficile de faire entrer ces interprétations «réformistes» dans le cadre du discours révolutionnaire que rapporte Thucydide.
Il me paraît impossible que Pausanias ait jamais nourri de tels desseins, et qu'un personnage de rang royal se soit abouché avec des Hilotes. Il reste que la chose
a pu être dite, et qu'on a pu y croire, ou faire semblant. Fut-ce lors de la fin de Pausanias, pour justifier sa quasi-exécution ? Ou est-ce une
élaboration postérieure ? Ici aussi, il est impossible de répondre; tout ce qu'on peut constater mais cela importe pour la représentation que l'on se faisait en Grèce des Hilotes
c'est qu'au Ve s. il ne paraissait pas impensable qu'un régent de Sparte promît aux Hilotes la qualité de citoyens
(Jean Ducat, Les hilotes, 1990 - books.google.fr). "fides clauda" : parole peu sure, foi inconstante (Silius Italicus, Les Puniques, Livre XIII)
(Pierre N. Blondeau, Dictionarium Latino-gallicum, 1704 - books.google.fr,
Les puniques Silius Italicus, Tome 3, 1838 - books.google.fr). Qui donc ne cloche pas de quelque côté ? Bien des hommes de notre âge me rappellent une expression énergique de Silius Italicus :
Lætus opum, sed clauda fides, joyeux de ses richesses, il n'avait qu'une boiteuse fidélité
(Charles Demartin du Tirac de Marcellus, Chateaubriand et son temps, 1859 - books.google.fr). Créon
Les poètes tragiques font plusieurs fois intervenir Créon comme antagoniste de grandes figures comme Œdipe, Antigone et Thésée. Ils en donnent une image
contrastée et parfois contradictoire : il incarne tantôt la prudence politique, tantôt la raison d'État sous sa forme la plus despotique.
(fr.wikipedia.org - Créon (Thèbes)). Dans les Sept contre Thèbes d'Eschyle, il est étonnamment absent et il est possible de se demander s'il a un lien avec la famille royale thébaine.
Le mythe thébain réserve à Créon la place du régent et du chef militaire qui n'hérite pas définitivement du pouvoir royal.
La prise de pouvoir de Créon en tant que roi représenterait donc une rupture qui mettrait fin au lignage royal des Labdacides en instaurant sur le trône une lignée normalement réduite
à la fonction de vice-roi ou d'auxiliaire. Dans ce contexte, le nom d'Antigone - à la place de/contre la descendance (gonê) reçoit une signification
spécifique. Il pourrait signifier, par exemple, que l'héroïne revendique les droits de la descendance d'Edipe et des Labdacides et qu'elle s'oppose à un dénouement
qui ferait de Créon le fondateur d'une nouvelle lignée plus que l'héritier du trône
(Katharina Holzermayr Rosenfield, Antigone, de Sophocle à Hölderlin: la logique du rythme, 2003 - books.google.fr). Dans Œdipe roi, autre pièce de Sophocle créée entre 430-429 et 425 av. J.-C., Créon apparaît à un stade antérieur de sa carrière, tout
d'abord comme un fidèle conseiller d'Œdipe, roi de Thèbes, qui l'envoie consulter l'oracle de Delphes alors que la cité est confrontée à un nouveau fléau, une épidémie de peste. La réponse
de l'oracle, telle que la rapporte Créon, tend à mettre en cause Œdipe : la peste serait une punition des dieux parce que le roi (Œdipe) n'a pas su résoudre le meurtre de Laïos,
laissant Ă la citĂ© une souillure ineffaçable. Ĺ’dipe accuse alors CrĂ©on de tramer contre lui un complot visant Ă s'emparer du trĂ´ne ; CrĂ©on rĂ©pond qu'il n'aurait aucun intĂ©rĂŞt Ă
comploter puisqu'en sa situation il peut participer aux décisions sans avoir à en endosser toutes les responsabilités. Il donne l'impression d'un homme avisé et prudent, «empreint d'innocence et de noblesse»,
à l'opposé du personnage despotique qui prononce la condamnation d'Antigone ; on peut aussi le voir comme un raisonneur, voire un « sophiste », habile à discréditer l'argumentation trop passionnée de son adversaire.
Le tableau change quand Œdipe, accablé par une série de témoignages dont celui du devin Tirésias, comprend qu'il est lui-même le criminel qu'il recherche, parricide de son père Laïos et époux incestueux de
sa mère Jocaste. Œdipe, désespéré, se crève les yeux et réclame son bannissement. Créon fait alors une seconde entrée, cette fois comme le « roi Créon », revêtu du manteau royal et des insignes de la souveraineté.
Il apparaît comme un souverain bienveillant, voire un « sauveur » qui met fin à l'épidémie et au désordre, et serait prêt à gracier le malheureux Œdipe en l'exemptant du bannissement. Son rôle n'est pourtant pas
sans ambiguïté : il tire profit de la situation pour asseoir son pouvoir, sans qu'on sache comment et par qui il a été proclamé roi, et laisse sans réponse les sollicitations d'Œdipe qui réclame à plusieurs
reprises son exil et presse Créon de prendre sous sa tutelle ses filles Antigone et Ismène
(fr.wikipedia.org - Créon (Thèbes)). Spartes
Euripide, dans La Folie d'Héraclès et Les Phéniciennes, fait de Créon un descendant des Spartes, à la fois par son père Ménécée et par sa mère, qui n'est pas nommée.
Une scholie aux Phéniciennes précise cette ascendance, et donne pour père à Ménécée un certain Oclasos, fils de Penthée, fils lui-même du Sparte Échion. Ménécée fait ainsi partie
de la famille royale de Thèbes. Selon Hygin, Ménécée se suicide durant le règne d’Œdipe en se jetant du haut des remparts de Thèbes, après que Tirésias a prédit qu’un descendant des
Spartes devait mourir volontairement pour délivrer la ville de la peste
(fr.wikipedia.org - MĂ©necĂ©e fils d'Oclasos). Dans la mythologie grecque, les Spartes (en grec ancien SpartoĂ, du verbe "speirĂ´", «semer»), littĂ©ralement les hommes semĂ©s, sont
un peuple fantastique impliqué dans le mythe de Cadmos, fondateur de Thèbes : ils naissent des dents du dragon tué par Cadmos et semés en terre sur les conseils
d'Arès (ou Athéna suivant les versions). Sortis tout armés du sol, ils s'entretuent à l'exception de cinq d'entre eux, qui aident Cadmos à fonder Thèbes
(fr.wikipedia.org - Spartes). Les boiteux Labdacides
Dans la mythologie grecque, les Labdacides sont les descendants de Labdacos, roi de Thèbes, et forment la dynastie
royale de cette cité. Leur représentant le plus connu est Œdipe. Labdacos (en grec ancien "boiteux"), fils de Polydore, est roi de Thèbes. Il est le père de Laïos, grand-père d'Œdipe
Le Pseudo-Apollodore mentionne le nom de sa mère, Nyctéis, fille de Nyctée, frère de Lycos. Tous deux sont fils de la nymphe Clonia et d'Hyriée, ou de Chthonios, un des cinq spartes
(fr.wikipedia.org - Nyctée (Thèbes)). Le premier vers serait lu : "Celui qui comme descendant des Spartes ne peut s'imposer aux Labdacides."
Le latin "regno" : régner, dominer, être maître, commander
(Charles Lebaigue, Lexique latin-français : extrait du dictionnaire complet, 1869 - books.google.fr). Acrostiche : CI QQ
CI : 101
Soit le 101e vers de la très longue tirade de Créon dans la pièce de Sénèque : (100e) Maximum Thebis scelus (101e) Maternus amor est.
Patria, non ira Deûm (102e) Sed scelere raperis.
(Sénèque, OEdipe, Tragédies, Tome 2, traduit par E. Greslou, 1834 - books.google.fr). Que fait OEdipe pendant les cent cinquante vers de Créon ? Il fait comme pouvait faire l'auditoire de Sénèque; il écoute patiemment; il
n'interrompt Créon, ni à sa description de la forêt, ni à sa description de Tirésias, ni à sa description des cérémonies préparatoires, ni à sa description de Laïus; il sait que Créon a l'habitude
de décrire; qu'avec lui on n'en vient au fait que quand tous les accessoires sont épuisés; qu'en l'interrompant, il reculerait encore les véritables explications. Il se résigne donc,
et attend la fin. Mais quand son beau-frère s'est tu, il proteste. Ce ne peut pas être lui, OEdipe, que Laïus a désigné; il n'a pas tué son père, puisque Polybe est en vie ; il n'est
pas le mari incestueux de sa mère, puisque Mérope est toujours l'épouse de Polybe. Tirésias a donc menti. Tirésias et Créon s'entendent pour lui ôter sa couronne. Créon se défend de ce
prétendu complot. Lui, le frère de Jocaste, le premier prince du sang, qui a les douceurs de la royauté, sans en avoir les charges; lui dont le palais est toujours rempli de citoyens;
lui qui a un beau train de maison, une table richement servie (cultus, opulentæ dapes), lui, Créon, conspirer ! OEdipe réplique par des sentences. «Le chemin le plus
sûr pour celui qui veut régner, c'est de louer les situations modestes, et de vanter beaucoup le repos» et le sommeil. Souvent l'ambitieux inquiet feint le
repos.»
Certissima est regnare cupienti via
Laudare modica, et otium ac somnum loqui.
Ab inquieto sæpè simulatur quies (v. 682).
Créon oppose à ces sentences des sentences sur les haines que la tyrannie enfante, et sur les craintes de celui qui se fait
craindre. OEdipe impatienté le fait enfermer dans une caverne de pierre (saxeo specu). C'est la raison finale des tyrans
(Désiré Nisard, Études de moeurs et de critique sur les poètes latins de la décadence, Tome 1, 1834 - books.google.fr). Tu quoque mi fili ou bien Tu quoque fili ou encore Tu quoque fili mi (en français : «Toi aussi, mon fils !») est une célèbre locution
latine, que la tradition attribue à Jules César : ce dernier l'aurait adressée, en guise de dernier souffle, à Brutus. La tradition a retenu la forme latine de cette phrase, mais il est plus vraisemblable qu'elle ait
été prononcée en grec Le fameux Tu quoque mi fili, transmis par la tradition sous sa forme latine, ne se trouve dans aucun texte ancien, mais est issu de la biographie de César contenue
dans le De viris illustribus urbis Romæ a Romulo ad Augustum (Des hommes illustres de Rome, de Romulus à Auguste) publié en 1779 par l'abbé Lhomond.
En la matière, l'abbé Lhomond s'inspire de la mort de César rapportée, pour la première fois, par Suétone (Vie de César, LXXXII, 3) : «Atque ita tribus et uiginti plagis confossus est uno modo
ad primum ictum gemitu sine uoce edito, etsi tradiderunt quidam Marco Bruto irruenti dixisse : "kai su teknon"».
L'hypothèse de Brutus comme fils naturel de César a circulé, mais les historiens actuels l'attribuent à la propagande de
l'époque impériale. En effet, l'Empire se veut l'héritier de César, et accuse donc Brutus d'être un parricide
(fr.wikipedia.org - Tu quoque mi fili). César est l'auteur de nombreuses poésies dans sa jeunesse, dont ne subsiste, grâce à Suétone, qu'une épigramme considérée comme
médiocre, sur Térence. Selon les Lettres de Pline le Jeune, leur caractère est léger. Elles sont interdites par Auguste car il semble qu'elles aient été soit contraires à la pudeur soit trop médiocres.
César semble également avoir écrit plusieurs essais dans sa jeunesse (Éloge d'Hercule, une tragédie d'Œdipe, un Recueil de mots remarquables, ce dernier étant un volume
d'apophtegmes (ou Dicta Collectanea); mais Auguste interdit leur publication après la mort du dictateur, probablement pour les mêmes raisons que les poésies.
Selon l'historien Pierre Grimal, ces trois œuvres perdues ont probablement été écrites en grec
(fr.wikipedia.org - Jules CĂ©sar). Ainsi on a l'inceste maternel et le parricide.
Typologie
L'époque de Créon régent selon Lenglet vers -1251.
Le report de 1987 sur la date pivot -1251 donne -4489.
Epoque de la naissance de Seth et d'Enos après qu'Adam et Eve furent chassés du paradis terrestre. Caïn a tué son frère Abel. Et les fils d'Asam se reproduisent avec... leurs soeurs
(Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr). 1987
Parmi les hommes politiques, on peut citer Jean-Marie Lepen, qui ayant perdu un
œil, présente un défaut physique qui ne l’aurait pas qualifié pour régner à Sparte. En
1987, l’abandon des réformes par le gouvernement Chirac, est l’occasion pour le
leader du Front national d’exploiter « sans réserve ce qu’il n’a aucun mal
à présenter comme des « reculades » du gouvernement. Il dispose en
outre d’une tribune nouvelle, à l’Assemblée nationale. Fort de 35 députés, le
groupe FN s’oppose très vite au gouvernement Chirac à propos de la réforme du
mode de scrutin, dont il sait pertinemment qu’elle doit aboutir – c’est
d’ailleurs un des buts recherchés – à sa propre disparition de l’hémicycle.
Pour le reste, il observe la plus grande vigilance et pratique volontiers la
surenchère. Avec la plus grande application d’ailleurs, dans la mesure où les
nouveaux députés prennent leur travail (ô combien précaire) très au sérieux. A
l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, les députés FN se révèlent
fort industrieux, sans dédaigner pour autant, à l’occasion, quelques
provocations symboliques [2] »
(« araigner » ou « araisnier » : discourir,
interpeller [3]). |