Israël

Israël

 

VI, 29

 

1946-1947

 

La veuve sainte entendant les nouvelles,

De ses rameaux mis en perplexe et trouble

Qui sera duict apaiser les querelles,

Par son pourchas des rases sera comble.

 

Pour faire suite au quatrain VI, 11 Ă  cause du mot "rameaux"

 

La mère des 7 Maccabées est veuve (Jean Croiset, Les vies des saints pour tous les jours de l'année, Tome II, 1742 - books.google.fr).

 

A noter aussi le type «mère des Maccabées», qui soutient le courage de ses fils livrés au supplice, motif plusieurs fois repris dans l'hagiographie chrétienne. Ici encore, l'héroïsme tient au décalage entre le comportement supposé d'une mère et son attitude effective (Jean-Pierre Albert, Pierre Centlivres, La fabrique des héros, 2015 - books.google.fr).

 

Cette Sainte mere, est nommée Salomona dans le latin du livre de Joseph, sur les Maccabées. Les Grecs, dans leur calendrier, l'appelloient salomé. Gorionidés, Anne, S. Thomas, Maccabea. L'original Grec de Joseph, ne lui donne point de nom particulier ; il nous apprend feulement, que pour éviter qu'aucun homme ne la touchât, elle se jetta dans un bucher allumé qui étoit là (Augustin Calmet, Commentaire littéral de tous les livres de l'ancien et du nouveau testament, Les Maccabées, Volume 17, 1712 - books.google.fr).

 

"nouvelles" peut rendre le latin de la Vulgate Maccabées VII, 41 : "Novissime et mater consumpta est".

 

La légende hagiographique de Félicité reprend le thème, elle a aussi 7 fils et est veuve.

 

"rameaux"

 

Le port des rameaux à la Hanoucca ne serait donc rien d'autre qu'une survivance d'un rite bachique pratiqué avec passion le 25 Kislew au temps de l'abomination horrifique d'Antiochus Epiphane. On en est même venu à se demander si le port des rameaux aux Souccoth n'a pas été emprunté à la Hanoucca, car la frondaison cueillie dans la montagne pour la fête du septième mois d'après Néh. 8, 15 était seulement destinée à la confection des huttes. Nous répondons à cela que le port des rameaux aux Souccoth se réduit au loulab décrit par Lev. 23, 40, que le loulab ne figurait pas à la Hanoucca, que loulab est traduit par "thursos" dans le grec des auteurs juifs. [...] Si les Juifs orthodoxes adoptèrent les thyrses, les rameaux et les palmes, ce ne dut être que pour supplanter le rite grec des Dionysia par un usage analogue mais pur. Parce que les renégats s'en servaient pour la glorification de Bacchus, ce n'était pas une raison pour refuser à Jahveh. créateur l'hommage du règne végétal, l'applaudissement de cette flore méditerranéenne au feuillage toujours vert qui fait la parure des montagnes de Judée même au cœur de l'hiver. Isaïe, LV, 12 ne dit-il pas : «Montagnes et collines vous acclameront; tous les arbres des champs vous applaudiront ?» Le sacrifice du 25 Kislev 164 supplantait l'immolation impure du dies natalis d'Antiochus; le port des rameaux accompagnant ce sacrifice supplantait les thyrses et les palmes de la pompé de Dionysos. La vitalité du Judaïsme était assez puissante pour n'avoir rien à redouter de ces analogies extérieures (Félix-Marie Abel, Les Livres des Maccabées, Etudes Bibliques, 1949 - books.google.fr).

 

Ces rameaux sont appellés des Thyrses au II. Livre des Maccabées Chap. X. 6. : "C'est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verts et des palmes, ils chantèrent des hymnes à la gloire de celui qui les avait heureusement amenés à purifier son temple" (Nicolas Antoine Boulanger, L'antiquité dévoilée par ses usages, 1766 - books.google.fr).

 

Dans ce deuxième livre des Maccabées, ainsi que dans le quatrième, la mère et les sept fils ne portent point de nom. «C'est Flavius Josèphe qui, le premier, a donné celui de Macchabées aux sept frères, bien que Mattathias, dans la Bible, ne possède cinq fils. On est peu d'accord sur l'origine de cette dénomination». C'est donc à Josèphe que remonte la tradition qui a permis successivement à Zaccharias Werner (1768-1823) et à Ludwig de faire de Judas Maccabée l'aîné des sept frères, fils lui-même, par suite, de la mère héroïque et de Mattathias. Comme nous le verrons plus loin, Ludwig n'a pas, dans les premières esquisses et rédactions de sa pièce, suivi à cet égard son prédécesseur. Si Judas, tout d'abord époux de Léa, devient ensuite son fils, la tradition suffit à expliquer ce changement sans que Werner y ait contribué nécessairement. Ludwig ne doit pas davantage à son devancier l'idée de la fusion en un seul drame des évènements historiques exposés dans le livre I des Maccabées, et de l'épisode, sans doute légendaire, du livre II, où est raconté le martyre de la mère et des sept fils (Léon Mis, Les oeuvres dramatiques d'Otto Ludwig (1813 - 1865), 1929 - books.google.fr).

 

"entendant"

 

«Tout était plein de fumée et de graisse. Par tous les sens la mère pouvait éprouver le courage de ses enfants : par les yeux, elle voyait; par l'oreille, elle entendait leurs chères paroles; par le nez, elle recevait la fumée des chairs, fumée agréable et désagréable à la fois, désagréable aux infidèles, on ne peut plus agréable à elle et à Dieu; cette fumée qui troublait l'air, mais qui n'a pas troublé le cœur de la femme» (homélie de Macchabeis) (Paul Albert, St. Jean Chrysostome considéré comme orateur populaire, 1858 - books.google.fr).

 

"razes"

 

En Provence, les "Razats" ou "razés" sont des protestants opposés aux "Carcistes" catholiques. Leurs démêlés entrainent des pillages.

 

L'édit de Henri III, en 1576, qui permettait le libre exercice de la religion prétendue réformée, apporta quelques instants de paix; mais une malheureuse rivalité entre le maréchal de Retz, gouverneur de Provence, et le comte de Carces, grand sénéchal, renouvela les calamités qui depuis si longtemps pesaient sur la Provence. Les catholiques, mécontents des édits de pacification, s'agitèrent de tous côtés, firent entendre des cris de guerre, se placèrent ouvertement sous la bannière du comte et prirent le nom de Carcistes, Les protestants, à leur tour, se rangèrent sous la protection du gouverneur et furent appelés Razats, du nom de leur chef, le maréchal de Retz. Celui-ci, fatigué des tracasseries que lui suscitait son adversaire, quitta son gouvernement, qu'il céda au comte de Suze. Le nouveau gouverneur entra en Provence au mois d'août 1578, et la lutte commencée entre le comte de Carces et le maréchal de Retz se continua plus vive que jamais. L'anarchie devint générale et alarma tellement le comte de Suze, qu'il quitta furtivement Aix et se retira à Avignon. On pouvait espérer que son départ calmerait les partis; mais il n'en fut rien. Ce fut en vain que le parlement fit tous ses efforts pour rétablir l'ordre et la tranquillité publique, qu'il proposa un accommodement; les Carcistes et les Razats refusèrent de déposer les armes. La modération ne pouvait exister dans deux partis si fortement irrités l'un contre l'autre. Tout respirait la guerre civile; elle fomentait partout, dans les villes et dans les campagnes, dans tous les rangs, dans toutes les professions, au sein même du foyer domestique. L'air et le sol en semblaient imprégnés. Elle était devenue un besoin pour la plupart des capitaines, qui s'en faisaient un moyen de satisfaire leur ambition; et si le comte de Carces eût voulu prêter l'oreille à des propositions de paix, ses partisans s'y seraient sans doute opposés. Aussi, tandis que l'assemblée des communes s'efforçait de mettre fin aux hostilités, le pays restait en proie aux plus grands désordres. Le parlement d'Aix, voyant que des flots de sang allaient encore couler, recourut à l'autorité protectrice de Catherine de Médicis, lui fit un tableau touchant des malheurs qui depuis si longtemps accablaient la Provence, et la supplia de calmer par sa présence les passions déchaînées. La reine chargea l'abbé de Gadagne de porter à Aix une ordonnance par laquelle elle enjoignait à tous les gentilshommes, capitaines et gens de guerre, de déposer les armes, d'évacuer les places qu'ils occupaient, et de se retirer dans leurs foyers, ne leur laissant pour obéir à ses ordres qu'un délai de huit jours.

 

Le 5 juin de la même année 1579, Catherine de Médicis se rendit à Marseille, accompagnée du cardinal de Bourbon, des princes de Condé et de Conti, et de Henri d'Angoulême, grand prieur de France. Les Carcistes, forcés d'obéir aux volontés de la reine, déposèrent les armes et abandonnèrent leurs positions. Les Razats suivirent leur exemple ; mais ce ne fut qu'après avoir démoli à Brignolles la maison du seigneur de Vins. Catherine de Médicis travailla sérieusement à réconcilier les partis. Elle entendit leurs plaintes réciproques, s'efforça de redresser leurs griefs, et se concilia leur affection commune par des paroles bienveillantes. Le prince Henri d'Angoulême, qui avait la confiance des deux factions, et qui la méritait sous tous les rapports, fut installé dans la charge de gouVerneur de Provence.

 

Le 25 juin, Catherine de Médicis quitta Marseille et alla à Aix. Le comte de Carces et les chefs razats s'y rendirent pour présenter leurs respects à la reine. Le 1er juillet, elle les réunit dans le château de Beauvoisin, maison de campagne située à une demi-lieue de la ville. Elle les fit s'embrasser, voulut qu'ils jurassent de maintenir désormais entre eux la concorde et l'amitié. De plus, elle exigea leur promesse de prendre le grand prieur Henri d'Angoulême pour arbitre de tous les différends qui pourraient survenir entre eux. Toutes choses étant ainsi arrangées à la satisfaction de chacun, la reine partit d'Aix le 6 juillet et arriva à Avignon le 9. Deux jours après, elle eut aussi le bonheur de réconcilier les principaux citoyens d'Arles, que divisaient les élections municipales et les croyances religieuses. Henri d'Angoulême, installé dans ses fonctions de gouverneur, prit les plus sages mesures pour tâcher de prévenir le retour des troubles et des jalousies. On célébra par des fêtes cette heureuse pacification. Tous les cœurs s'ouvraient à l'espérance, lorsqu'un fléau terrible vint étendre ses ravages sur la malheureuse Provence. La peste fut apportée à Cannes par un vaisseau venu du Levant au mois de février, et de là elle se répandit dans la province entière (E. Dubois, Languedoc et Provence: depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours, 1874 - books.google.fr).

 

Catherine de Médicis était certes veuve en 1579, mais qu'elle fût sainte est sujet à caution. Dans le règlement de l'affaire, on ne peut dire, à la suite de l'intervention de la reine-mère, que les Razats fussent pourchassés.

 

Razis

 

Le passage de 2 Mac 14,38 relate les événements entourant l’accusation portée contre Razis, un ancien de Jérusalem, qui fut «inculpé de Ioudaismos» et qui avait «exposé [...] sa vie pour le Ioudaismos» (Marie Chantal, Traditions judéennes anciennes et catégories modernes : quandla recherche se moque de la réalité antique, Laval théologique et philosophique, 2014 - www.erudit.org).

 

Plus loin dans le récit de 2 Maccabées, un certain Razis, un ancien de Jérusalem, combat les Séleucides et, finalement, du sommet d'une roche escarpée, raille les soldats de Nikanor. L'histoire, fascinante, concerne la croyance classique à la résurrection : (...) et déjà tout à fait exsangue, il s'arracha les entrailles et, les prenant à deux mains, il les projeta sur la foule, priant le maître de la vie et de l'esprit de les lui rendre un jour [2 M 14, 46]. C'est très vraisemblablement l'allusion la plus claire à une existence post mortem avec un corps semblable à celui de la vie mortelle (Paul A. Charlesworth, Les grandes croyances des juifs, Histoire du christianisme, Tome XIV : Anamnèsis, 2001 - books.google.fr).

 

J. W. van Henten, Maccabean Martyrs, p. 123. 44 J. W. van Henten, Maccabean Martyrs, pp. 24–27, note ainsi que la mort de Razis, qu'il considère comme un autre martyr de 2 M, joue un rôle similaire à celui des martyrs Maccabées, en s'appuyant sur la similitude de composition entre les deuxième (2 M 4, 7–10, 9) et quatrième sections (2 M 14, 1–15, 36) (Raphaëlle Ziadé, Les martyrs Maccabées: de l'histoire juive au culte chrétien : les homélies de Grégoire de Nazianze et de Jean Chrysostome, 2007 - books.google.fr).

 

On a le pluriel "les razes" qui peut être interpréter comme "les juifs tels que Razis" par antonomase.

 

On rencontre parfois Razes pour Razis (Biblia Testam. Veteris illustrata, Tome 1, 1672 - books.google.fr, Hugo de Groot, Of the Rights of War and Peace, 1715 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Quand, en 162, Démétrius Ier, cousin d'Antiochus V, se fut emparé du trône des Séleucides, il envoya contre la Judée Bacchide et Alcime, mais ils ne purent réussir à la vaincre. Nicanor fut envoyé à son tour. Ce général fut battu d'abord à Capharsalama et tué ensuite dans une seconde bataille, à Béthoron en 161. La défaite des Syriens fut si complète que les Juifs instituèrent une fête pour en perpétuer la mémoire (Fulcran Vigouroux, Manuel Biblique ou Cours d'Ecriture Sainte à l'usage des séminaires, 1881 - books.google.fr).

 

Le report de 1947 sur la date pivot -162 donne -2271. On voit qu'au quatrain VI, 11 cela tourne autour de la naissance de Nachor, grand-père d'Abraham.

 

1947, un an avant 1948

 

L'État judéen retrouvera son indépendance politique suite à la révolte des Maccabées (Juda Maccabée) contre l'occupant grec, de 164 à 63 av. J.-C. Ce royaume des Asmonéens perdra alors son autonomie avec l'arrivée des troupes de Pompée (Philippe Haddad, Israël, j'ai fait un rêve: un rabbin français au coeur du conflit israélo-palestinien, 2003 - books.google.fr).

 

L'Etat est l'agent par excellence de la construction de la nation juive moderne. Dans la version extrême du statisme de moyen privilégié accomplissement du sionisme Etat devient une fin en soi et sa consolidation un impératif politique où insistance constamment réaffirmée sur la sécurité du pays valeur quasi sacrée et inviolable. Voilà la vision du politique qui a très largement dominé la vie politique en Israël en 1967. Elle part un constat infortune des Juifs tient leur exclusion du pouvoir politique dans les pays de la diaspora. Pallier cette carence exige donc de réintroduire les Juifs dans le monde du politique et plus exactement au coeur même du politique moderne de l'Etat : formidable paradoxe du sionisme par lequel son programme de sécession avec Occident opère en lui empruntant son réfèrent politique majeur, l'Etat. Le sionisme se pose en s'opposant à l'Occident duquel il entend reléguer les Juifs, il fait sien ce pouvoir politique dont les Juifs furent exilés. Edifiante revanche de histoire qui est par ailleurs sans parallèle dans le lointain passé juif. La révolte des Macchabées (2° siècle avant l'ère chrétienne), bien qu'étant une protestation contre l'hellénisation grandissante, a conduit aussi à l'instauration du politique grec, l'Etat conquérant et glorifié. Ben Gourion a donc retrouvé les réflexes des Asmonéens mais, comme eux, il aussi trouvé ses pharisiens qui contestaient la place déterminante assignée au politique (Alain Dieckhoff, Sionisme et judaïsme : la difficile et fragile autonomie du politique. In: Revue française de science politique, 39e année, n°6, 1989 - www.persee.fr).

 

En lien avec l’interprĂ©tation du quatrain VI, 11 qui fait Ă©tat de la supposĂ©e parentĂ© entre LacĂ©dĂ©moniens et Juifs :

 

Dans le Progrès du 3 septembre 1958 on pouvait lire : (En somme, Israël est) «une Sparte qui se préférerait sans doute Suisse de l'Orient, si l'Orient d'aujourd'hui pouvait être neutre» (Jean-William Lapierre, L'Information sur l'État d'Israël dans les grands quotidiens français en 1958, 1968 - books.google.fr).

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