Croisade

Croisade

 

VI, 99

 

1998-1999

 

L'ennemy docte se tournera confus,

Grand camp malade, & de faict par embusches,

Monts Pyrenées & Pœnus luy seront faicts refus,

Proche du fleuue descouurant antiques oruches.

 

"refus" : Pyrénées et Alpes Pennines

 

Durant l'hiver 208-207, Scipion fit occuper les passages orientaux des Pyrénées pour contrer tout passage d'Hasdrubal qui, en l'occurrence, préféra utiliser les cols occidentaux pour contourner l'armée romaine basée en Citérieure afin de porter secours à son frère Hannibal (Georges Castellvi, Josep Maria Nolla, Isabel Rodà, Le trophée de Pompée dans les Pyrénées (71 avant J.-C.): col de Panissars, Le Perthus, Pyrénées-Orientales (France), La Jonquera, Haut Empordan (Espagne), 2008 - books.google.fr).

 

La première route indiquée par Varron - per Ligures - est la route du littoral ; les deux suivantes paraissent être celles qui, partant de Suse, franchissent les Alpes au col du Genèvre et au col du Cenis : celle du Genèvre pourrait être la uia qua Hannibal transiit, celle du Cenis, celle qua Pompeius ad Hispaniense bellum profectus est ; il faut nécessairement admettre que les deux dernières routes citées par Varron figurent en ordre géographique inverse : celle qu'il nomme en cinquième lieu - quinta quae quondam a Graecis possessa est, quae exinde Alpes Graiae appellantur - ne peut être que la route du Petit-Saint-Bernard, la quatrième, qua Hasdrubal de Gallia in Italiam tienit, étant le col du Grand-Saint-Bernard, la route des Alpes Pennines, Varron commettant la confusion entre les noms de Poenus et Penninus (Jules Pirlot, Destinée et valeur : la philosophie de René Le Senne, Numéros 18 à 19, 1953 - books.google.fr).

 

Asdrubal Barca fils d'Amilcar et frère d'Annibal, prit le commandement de l'Espagne, quand ce dernier alla porter la guerre en Italie. Il eut à combattre Cneus et PubliusScipion, et fut constamment vaincu par ces généraux, dont la mission principale consistait à empêcher Asdrubal de passer les Pyrénées pour aller en Italie joindre ses forces à celles de son frère Annibal. Les deux Scipion, aveuglés par leurs succès, se séparèrent imprudemment, et Cneus, abandonné par les Celtibériens, fut vaincu et tué par Asdrubal. Publius Scipion, qui avait eu à combattre Magon, frère d'Asdrubal, eut le même sort. Avec un peu d'activité et de conduite, Asdrubal et son collègue auraient pu profiter de la consternation des Romains pour les chasser entièrement de l'Espagne; mais ils surpassèrent l'imprudence qui avait fait la perte des Scipion. Ils laissèrent Marcius, simple chevalier romain, rallier ses compatriotes : Magon et Asdrubal furent vaincus l'un après l'autre. L'année suivante, Asdrubal eut à combattre le propréteur Claudius Néron, qui l'enferma dans le défilé nommé Pierres-Noires, entre Illiturgis et Mentesa, non loin du Bétis; mais le Carthaginois, en amusant le général romain ear une négociation, fit évader son armée par-dessus les montagnes. Asdrubal trouva bientôt un adversaire plus redoutable dans la personne du jeune P.-Scipion, fils de Publius, qui le vainquit à Bœcula (209 av. J.-C.). Asdrubal, après sa défaite, se dirigea vers les Pyrénées et pénétra dans la Gaule. Partout, sur son passage, il se voit reçu comme un libérateur, fait de nouvelles recrues, et passe sans difficulté les Alpes avec cinquante-deux mille hommes. Les Liguriens lui en amenèrent huit mille. Au lieu de se porter rapidement vers Annibal, qui était au midi de l'Italie, il perd un temps précieux au siége de Plaisance, ce qui donne aux Romains le temps de rassembler leurs forces et d'accabler Asdrubal, dans une bataille livrée sur les bords du Métaure (an 207). Il ne voulut pas survivre à sa défaite, que Tite-Live compare à celle de Cannes. Elle décida du sort de l'Italie. Annibal n'apprit ce terrible revers qu'à la vue de la tête de son frère, que le consul Néron fit jeter dans son camp. « C'en est fait, s'écria-t-il, en perdant Asdrubal, j'ai perdu mon bonheur, et Carthage toute espérance. » (Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Anhalt - Bas-Empire, Volume 54, 1844 - books.google.fr).

 

"oruches" - oryx

 

Dans le pays des nomades, on ne trouve aucun de ces animaux; mais il y en a d’autres, tels que des pygarges, des chevreuils, des bubalis, des ânes, non pas de cette espèce d'ânes, qui ont des cornes, mais d’une autre qui ne boit point: On y voit aussi des oryes qui sont de la grandeur du bœuf : on se sert des cornes de cet animal pour faire les coudes des cithares (Melpomène Livre IV) (Melpomène, Histoire d'Hérodote traduite du grec par Larcher, Tome 1, 1855 - books.google.fr).

 

CXCII. Des Oryes. Pline assure que cet animal n'a qu'une corne, unicorne et bisulcum oryx. Mais Oppien, qui en avoit vu, dit le contraire. Aristote range l'Oryx dans la classe des animaux qui n'ont qu'une corne. Ce Philosophe ne parloit peut-être que sur le témoignage d'autrui. Bochart ne croyoit pas que l'Oryx fût la Gazelle. Cependant il change peu après d'avis, et prétend avec raison, d'après Damis, auteur Arabe, que c'est l'Aram, qui est une espèce de Gazelle. Mais parmi toutes les espèces décrites par M. le Comte de Buffon, tom. III, pag. 201, on ne sait à laquelle s'arrêter. L'Oryx d'Oppien est un animal terrible ; ce qui me fait douter que ce soit uns espèce de Gazelle. Des Cithares. C'est ainsi que j'interprète "toisi phoinixi" avec Saumaise et Bochart, qui prétendent qu'on donnoit ce nom à cet instrument, parce que les Grecs tenoient les cornes des Oryes des Carthaginois, qu'on appelle Pœni. Athénée met les "phoinikis" au nombre des instruments de musique; mais il dit seulement, et que le Phœnix est un instrument de musique qui tire son nom des Phéniciens, qui en furent les inventeurs, comme nous l'apprenons d'Ephore et de Scamon dans leurs ouvrages sur les Inventions (Thalie; Melpomène, Tome 3 de Histoire d'Hérodote traduit par Pierre-Henri Larcher, 1802 - books.google.fr).

 

Trois animaux différents sont fréquemment mentionnés par les anciens naturalistes comme portant une corne unique implantée au milieu du front : l'oryx d'Afrique, que Pline décrit comme semblable par les formes aux chèvres et aux cerfs, dont la taille égale celle du bœuf, ou du rhinocéros suivant Oppien et Hérodote, et auquel Aristote assigne en même temps et des pieds fourchus et du poil dirigé à contre sens; l'âne des Indes, si recherché pour les merveilleuses propriétés médicinales de sa corne, si redouté pour sa force prodigieuse, ses penchants carnivores, sa férocité sans exemple; enfin, le monoceros proprement dit, auquel Pline (Des Animaux terrestres, liv. VIII) accorde la tête d'un cerf, les pieds d'un éléphant, la queue d'un sanglier, la forme générale d'un cheval, et qui porte sur la ligne médiane du front, une corne aiguë, noire et longue de deux coudées. Comme l'oryx, le monoceros habite les terres centrales de l'Afrique, et si la plupart des anciens naturalistes, Aristote, Oppien, Philostorge, Élien, Pline, Strabon, Hérodote, Onésicrite, se sont plu à nous transmettre les récits les plus fantastiques sur ce singulier animal, aucun d'eux, que nous sachions, n'a songé à révoquer en doute son existence. Les traditions recueillies par les naturalistes grecs et romains ont passé, presque sans altération, dans les écrivains du moyen âge ; les seuls changements qu'ils y aient introduits portent non sur les caractères zoologiques de la licorne, mais sur son histoire naturelle proprement dite : ainsi, l'on n'admet plus que la licorne soit, telle que Pline nous la décrit, la plus furieuse bête de toutes les bêtes qui fussent de son temps chez les Orsiens, aux pays des Indes, ou, suivant Strabon, chez les Prasiens, au royaume de Marsinge, et cela parce qu'en divers endroits des Saintes Écritures le Fils de Dieu est comparé au fils de la licorne : dilectus quemadmodum filius unicornium. Mais on admet, en revanche, que la licorne aime la chasteté en telle sorte qu'elle ne se peut prendre qu'en envoyant une jeune vierge aux lieux où elle a coutume d'aller boire et se repaître, à laquelle elle court aussitôt qu'elle l'aperçoit, et, penchant la tête sur ses genoux, s'y endort d'un sommeil si calme qu'il est facile aux chasseurs de la prendre. La corne du monoceros, longue et droite, suivant Pline, est faite en croix suivant Justin , martyr ; mais en changeant de forme elle n'a rien perdu de ses merveilleuses propriétés, car « pour transformer en antidote toutes les eaux d'une source il suffit que la lico»ne, en s'y désaltérant, y ait trempé la pointe de sa corne ».

 

En devise, la licorne est le symbole de la force et de la stabilité, parce que sa corne n'est point caduque : Monocerotis cornu non est deciduum; et c'est en ce sens que les papes Clément VII et Paul III l'ont adoptée pour emblème et non pas pour armoiries, comme quelques-uns l'ont cru : en armoiries, la licorne sert tantôt de pièce principale et tantôt de cimier ou de support, comme dans les armes d'Angleterre; elle se représente ou passante, action ordinaire de ces animaux, ou rampante, et lorsqu'elle est en cette action, on la dit saillante : c'est du moins ce que nous apprend maître Pierre Paillot, en sa Vraie et parfaite Science des Armoiries, 1664 (BELFIELD-LEFÈVRE) (Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Tome 12, 1860 - books.google.fr).

 

De Fontbrune penche pour "orychè" cavité mais oryx a la même origine "orussô" : fouir.

 

Chez Pline, l'oryx est une sorte de chèvre de Gétulie, qui a une seule corne, le pied fourchu et la pointe du poil tournée vers la tête. Chez Vitruve, sorte de machine de guerre sous laquelle les pionniers alloient à couvert à la sappe, madrier (François Joseph Michel Noël, Dictionarium Latino-Gallicum. Dictionnaire Latin-Français, 1825 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes).

 

En Ethiopie on utilise une corne d'oryx comme bâton à fouir (Serge Tornay, Les fusils jaunes: générations et politique en pays nyangatom (Ethiopie), 2001 - books.google.fr).

 

Le latin fossor, fossoyeur, désigne aussi un pionnier (Gaffiot).

 

"ennemi docte"

 

Hannibal est "doctus" selon Ammien Marcellin, auteur d'origine grecque du Vème siècle, c'est-à-dire averti, en 218, de la ruse du consul Publius Cornelius Scipio, père de Scipion l'Africain, qui se poste à Gênes après avoir traverser par voie de mer la Méditerranée pour surprendre le chef Carthaginois qui avance par voie de terre (Livre XV) (Ammien Marcellin, Jornandès, Frontin (Les stratagèmes), Végèce, Modestus, avec la traduction en français, 1849 - books.google.fr).

 

"Licorne – Scipion - Tempérance"

 

Le plafond de la grande galerie du Palais Barberini (1633-1639), à Rome, dont l'esquisse est à Colmar, a pour sujet : La Providence dispensatrice du présent et de l'avenir. En chacune de ses encoignures, Pierre de Cortone a placé l'emblème de la famille (l'abeille), un médaillon représentant une vertu cardinale par un sujet de l'histoire romaine (allégorie), et, à la naissance de la voûte, un symbole de chacune de ces vertus ; ainsi : La prudence. Fabius Cunctator. Des ours qui se lèchent. La justice. Manlius. Un hippogriffe. La force d'âme. Scaevola. Un lion. La tempérance. Scipion. Une licorne. Au milieu d'une gloire entourée des personnifications des qualités divines : l'Éternité, la Vérité, etc., la providence commande au présent et à la vie (le Temps et les Parques, personnages symboliques). Des sujets allégoriques ajoutent des particularités relatives aux Barberini : Pallas (la Puissance spirituelle) précipite les Titans. Hercule et l'Abondance (avec les faisceaux consulaires comme attribut) représentent la puissance temporelle. Des symboles complètent l'œuvre : La Science portant un livre et des flammes qui s'élèvent vers le ciel. La Piété avec le feu sacré, l'Intempérance symbolisée par Silène, l'Impudicité par Vénus, la Chasteté en blanc et portant un lys, la Prudence avec le miroir, etc., ajoutent aux pensées développées en cette grande allégorie (Edgar Baes, Le symbole et l'allégorie, 1900 - books.google.fr).

 

En 1623, Maffeo Barberini, après avoir été nommé Pape (Urbain VIII), ordonna la construction d’un grand palais en nommant Carlo Maderno comme architecte. Ce dernier avait été chargé auparavant de la construction de la façade de la Basilique Saint-Pierre. Les travaux ont débuté en 1625 et se sont vus finalisés en 1633 par Bernini, alias le Bernin. Parmi les différentes salles au décor somptueux, le grand salon est très certainement l’une des plus belles puisque ses murs sont aussi hauts que l’édifice en lui-même. Au plafond, on peut contempler une fresque monumentale de Pietro da Cortona qui constitue l’une des meilleures œuvres de l’illusionnisme baroque (www.visitonsrome.com - Palais Barberini).

 

La continence diffère de la vertu, comme ce qui est imparfait diffère de ce qui est parfait, et c'est ainsi seulement qu'elle est opposée à la vertu. Car, du reste, elle a comme la tempérance, pour objet les plaisirs du toucher, qu'elle réprime également. Aussi est-elle une partie de la tempérance. [...] Cicéron divise la tempérance en trois parties, qui sont la continence , la clémence et la modestie. (Thomas d'Aquin, Question 143 : Des parties de la tempérance, Somme théologique de S. Thomas D'Aquin, Volume 10, traduit par F. Lachat, 1858 - books.google.fr).

 

Le plus ancien récit de la prise de Qart Hadasht (209 av. J.-C.) qui nous soit parvenu est le récit de Polybe, historien du début du Ier siècle av. J.-C. L'histoire légendaire de la continence de Scipion à l'issue de la bataille s'est développée dans la littérature latine d'abord, avec des conséquences sur les textes littéraires au VIe siècle, puis sur la peinture et l’iconographie à partir de la Renaissance jusqu'au XIXe siècle. S'appuyant sur le récit de Polybe, Tite-Live propose une nouvelle version près d'un siècle plus tard dans son Histoire romaine. Le récit est remarquablement agrandi et enrichi par rapport à l'original : après la prise de la ville sous le commandement de Scipion l'Africain, quelques soldats romains présentent à leur général une jeune princesse d'une exceptionnelle beauté qu'ils viennent de capturer. La jeune fille est destinée à devenir la captive de Scipion. Mais elle était promise à Allucius, ou Allutius, prince celtibère et un des notables de la ville. Le père de la princesse se présente alors à Scipion : il apporte une rançon pour la liberté de sa fille. Scipion, malgré sa jeunesse et son désir, malgré le droit de la guerre, donne l'ordre de la rendre à son père et de consigner la rançon comme dot pour les noces. Le geste de Scipion n'était sans doute pas dénué de calcul politique : il s'agissait de détacher les Celtibères de leur alliance avec les Carthaginois. Mais le récit de Tite-Live se présente avant tout comme un exemplum virtutis, une leçon sur le triomphe de la vertu. Après avoir triomphé au combat, Scipion triomphe de lui-même et de son propre désir (fr.wikipedia.org - La Clémence de Scipion).

 

La Continence de Scipion est un tableau de Nicolas Poussin conservé au musée Pouchkine de Moscou (fr.wikipedia.org - La Continence de Scipion (Poussin)).

 

On retrouve l'anglais royaliste Richard Symonds (1617 - 1660) du quatrain II, 22 sur l'étymologie de Naseby, victoire parlemantaire sur le roi Charles Ier

 

Symonds recorded a 'discourse' he and Angeloni had with Poussin in which the Galleria was described as 'fitt to be a Norma alli studianti in questa arte.' Annibale's skill in painting figures to look as if they were lit from the windows below them was favourably compared by Poussin with what he considered Cortona's failure in painting lighting effects in his famous ceiling at the Palazzo Barberini (Anne Brookes, Richard Symonds in Rome 1649-1651, 2000 - eprints.nottingham.ac.uk).

 

It is significant that these methods can be related to Poussin's known practice. The extant accounts of his working methods focus on his use of three-dimensional models (and actually shed light on his concern to achieve greater control in his representations by the use of devices); but there are also some written and visual clues to planimetric procedures. Both the lucidare and the 'carbon paper' were described in detail by the British painter, Richard Symonds, who was in direct contact with Roman patrons and artists of Poussin's circle, such as Francesco Angeloni and Giovanni Angelo Canini, and with Poussin himself. In addition, we can find evidence of design transfer in works that, if not by Poussin, are at least closely associated with him. On the verso of a preparatory drawing by Poussin for The Continence of Scipio, for example, there is a figure executed in a unitary, practically uncorrected black chalk outline. Although currently considered a studio copy, the figure relates to Poussin's usual repertoire and most likely resulted from a tracing. [...]

 

For nearly three centuries Leonardo da Vinci's work was known primarily through the abridged version of his Treatise on Painting, first published in Paris in 1651 [auquel Poussin aurait participé] and soon translated into all the major European languages (Juliana Barone, Poussin as Engineer of the Human Figure : the Illustrations for Leonardo's trattato, Re-Reading Leonardo: "The Treatise on Painting across Europe, 1550-1900 (2009), 2017 - books.google.fr).

 

Symonds parle d'une Continence de Scipion, non de Poussin, mais de Perrier.

 

Symonds did not describe Perrier's studiolo freize (a copy of one that Perino del Vaga painted in the Sistine Chapel); instead he admired three 'pretty p[er]spectives . . . done by Mons' Francois Perier [sic] who is dead now' (no longer in the collection and present whereabouts not identified). These three paintings were listed in the same account as a payment to Perrier for the frieze; one of them was described as 'Un quadro Historia di Scipione Africano'. Although Symonds was not informed as to the subjects of Perrier's paintings (he thought the painting of the Continence of Scipio depicted the Queen of Sheba and Solomon), he evidently had some knowledge of Perrier himself. Perrier returned to France in late 1649, therefore Symonds was unlikely to have met him, but he may well have heard of him from Canini (Anne Brookes, Richard Symonds in Rome 1649-1651, 2000 - eprints.nottingham.ac.uk).

 

François Perrier, né à Pontarlier vers 1594 et mort à Paris le 2 novembre 1649, est un peintre et graveur français, cofondateur de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il est à Rome en 1624, à Lyon en 1629, à Paris l'année suivante. À la fin de 1634 ou au début de 1635, il retourne à Rome et y demeure dix ans. À la fin de 1645 ou au début de 1646, il est de retour à Paris (fr.wikipedia.org - François Perrier (artiste)).

 

"malade"

 

En 206 avant J.-C., Scipion a remporté une série de succès (Carthagène, Baecula, Ilipa) qui lui ont permis de reprendre la majeure partie de l’Espagne aux Carthaginois et de rallier à sa cause nombre de populations indigènes. Mais la rumeur se répand que Scipion est gravement malade, occasion dont profitent les soldats cantonnés à Sucro pour se mutiner : ils chassent leurs officiers et donnent les insignes du commandement à leurs meneurs. L’épisode, premier du genre, nous est rapporté par Polybe et Tite-Live, et n’a pas manqué d’intriguer les historiens modernes1. Toutefois, nous ne connaîtrons sans doute jamais les véritables raisons de ce mouvement de grogne, tant les deux récits, teintés de préoccupations éthiques et politiques, restent opaques à l’analyse : d’après Polybe et Tite-Live, les soldats réclament le versement de leur solde, mais leur insubordination est surtout due à une trop longue période d’oisiveté ; les deux auteurs leur prêtent également l’intention de s’allier aux princes espagnols qui font sécession au même moment. Scipion se trouve dans une position délicate et inédite pour lui : il doit faire preuve de fermeté pour réprimer la révolte, mais en même temps éviter de se faire détester par une partie importante de ses troupes et les faire rentrer dans le rang. En bon stratège, le jeune commandant parvient rapidement à redresser la situation en tendant un piège aux mutins : il les invite à venir recouvrer leur solde à Carthagène, où il a établi ses quartiers, et fait ainsi croire à un versement rapide. Lorsque les meneurs de l’insurrection se présentent à l’invitation, il les fait secrètement capturer sous le couvert de l’hospitalité. Pour donner aux autres rebelles l’impression d’être sans défense, il monte également une fausse expédition contre les séparatistes espagnols. Après l’arrivée du reste des troupes séditieuses à Carthagène, au moment opportun, les régiments fidèles à Scipion, commandés par Silanus, font demi-tour et encerclent les dissidents sur la place centrale de la cité. Scipion apparaît alors en pleine forme, ce qui crée la stupeur parmi les auditeurs, et, après un bref mais pesant silence, adresse un discours aux insurgés depuis la tribune. L’allocution achevée, les meneurs sont suppliciés sous les yeux du public : celui-ci assiste avec effroi et impuissance à une mise en scène atroce et décrite en détails par Polybe et Tite-Live. Les soldats de Sucro prêtent à nouveau le serment de fidélité qu’ils avaient rompu et reçoivent leur solde. L’ordre est rétabli : fin de l’épisode. (Benoît Sans, « Obiurgatio siue exprobratio » : le discours de Scipion aux soldats rebelles chez Tite-Live, Exercices de rhétorique 3, 2014 - journals.openedition.org).

 

Carthagène (Carthage la neuve) fut fondée par Adrubal Barca et devint la capitale des Barca en Espagne (Charles Dreyss, Chronologie universelle, 1858 - books.google.fr).

 

Le pape Urbain VIII et le Métaure

 

Dernier tissage de grande ampleur réalisé entre 1663 et 1679 dans la manufacture Barberini, la Vie du pape Urbain VIII est un hommage que le cardinal Francesco Barberini, fondateur de la fabrique romaine, fit à la mémoire de son oncle, mort en 16441. L'histoire se développe principalement dans le champ de dix grandes tapisseries faisant aujourd'hui partie des collections pontificales.

 

Vers 1643-1644, soit une vingtaine d'années avant le début du tissage de la tenture, un décor peint consacré à la gloire d'Urbain VIII fut projeté pour orner la partie inférieure du salon d'honneur du palais Barberini aux Quatre Fontaines, sous le plafond de Pierre de Coitone, et dont le programme iconographique, se déployant en six tableaux, avait été établi par Federico Ubaldini, secrétaire du cardinal Francesco Barberini qui l'avait chargé, vers 1640, d'écrire une vie du pontife.

 

Les quatre derniers tableaux ont pour thème le pouvoir temporel qu'Urbain VIII s'attacha à rendre fort. Deux d'entre eux, les cinquième et huitième tissés, ont trait à la dévolution du duché d'Urbino. Ce duché entra en effet dans les possessions du Saint-Siège, lorsque le duc, Francesco Maria II Della Rovere, mourut sans postérité en 163155. Le premier des deux tableaux, intitulé la Dévolution du duché d'Urbino56, est ici traité selon un mode allégorique, mettant l'accent sur le don providentiel consécutif à l'événement. Le pape est assis sur son trône avec, à sa droite, son neveu, Taddeo Barberini, revêtu des somptueux habits de préfet de Rome57, assisté de la personnification de l'Église et, à sa gauche, son frère Carlo, général de l'Église, et la comtesse Mathilde. Cette dernière, alliée au pape Grégoire VII lors de la querelle des investitures, avait, en 1077, légué tous ses États (la Toscane, une partie de la Lombardie avec Crémone, Ferrare, Mantoue, Modène et Reggio) au Saint-Siège; la donation fut toutefois contestée par les empereurs germaniques, après la mort de la protectrice de la Papauté en 1115. Dans la tapisserie, la comtesse offre une grenade, symbole de fertilité bien approprié à la libéralité dont elle fit montre aux États pontificaux. En face du pape, de ses neveux et de Mathilde, au-dessus desquels vole une renommée tenant une banderole portant la devise de la comtesse, VNIT ET TVETVR ; sont figurés le fleuve Métaure, agenouillé et présentant la carte du duché qu'il personnifie, ainsi que les villes et les rivières des terres de Mathilde. Cette allégorie diffère de la scène prévue par Ubaldini qui proposait de représenter, non pas la comtesse Mathilde (qui, disons-le tout de suite, devait apparaître dans la Défense des États pontificaux du cycle peint), mais le Métaure, reconnaissable grâce à une dent d'éléphant rappelant la défaite qui, durant la seconde guerre Punique, fut infligée à l'armée de secours d'Hannibal, menée par son frère Hasdrubal Barca, se soumettant au Tibre. L'iconographie du tableau tissé tend à justifier l'acquisition du duché d'Urbino par Urbain VIII et son invasion par les troupes pontificales commandées par Taddeo Barberini pour la sécurité publique (Pascale-François Bertrand, Un grand décor tissé à Rome au XVIIe siècle : la Vie du pape Urbain VIII. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 106, n°2. 1994 - www.persee.fr).

 

Urbania, autrefois Castel Durante, ville au bord du bord du Metauro, autrefois Métaure. Elle doit son nom moderne au pape Urbain VIII,  qui y érigea un évéché uni à celui de S. Angelo in vado, & suffragan de l'archevêché d'Urbin (Anton Friedrich Büsching, Nouveau traité de géographie, 1768 - books.google.fr).

 

Oruches comme cavités (tombes)

 

« Gloire des Clausus, le plus grand espoir de Rome, depuis qu'elle a perdu Marcellus, arrache-toi bien vite au sein du repos, si tu veux soutenir les destins de Rome; marche, ose frapper un coup qui repousse l'ennemi de nos murs, et qui fasse trembler le vainqueur lui-même après sa victoire. Le Carthaginois vient de couvrir de ses armes étincelantes les plaines Senonoises, où le Gaulois a imprimé pour jamais son nom. Si tu ne voles au combat à la tête de tes bataillons, en vain voudras-tu trop tard secourir Rome expirante. Hâte-toi donc, que rien n'arrête tes pas; j'ai destiné les vastes champs du Métaure à être le tombeau de nos ennemis, et à engloutir leurs ossements. » (Silius Italicus, Les guerres puniques, XV - remacle.org).

 

La sépulture d'Asdrubal a été recherché dans la vallée du Métaure. Quelque temps avant qu'Urbain VIII ne soit pape, une histoire de la guerre d'Asdrubal fut publié en 1615 (Tombeau supposé d'Hasdrubal sur les bords du Métaure - www.hannibal-le-carthaginois.com).

 

Sebastiano Macci (1558-1615) di Castel Durante (Urbania) ricorda che a Pesaro, precisamente nell'armeria di Francesco Maria II Della Rovere, erano conservati due oggetti molto interessanti. Il brano qui riportato è tratto da Historiarum de Bello Asdrubalis, opera in quattro libri dedicata al duca di Urbino (1613) : “Voi possedete in Pesaro, nella vastissima vostra armeria due antichissimi pezzi di un'armatura, i quali, molti anni addietro, furono trovati nella terra degli scavi nelle vicinanze del. Monte Asdrubaldo (il nome del monte, presso Fermignano, deriva da. Asdrubale) dove lo stesso comandante cartaginese operò quale guida nelle sue ultime imprese da vivo. Il primo pezzo è un elmo ornamentale per il capo; l'altro è la parte anteriore di una sella da cavallo, intera- mente munita di ametiste. Si crede che entrambi gli oggetti, per la solida compattezza dei metalli e per lo sfarzo del quale Asdrubale era amantissimo siano appartenuti ad Asdrubale stesso". Sulla tomba del Cartaginese, il Macci scrive: “Venne innalzato un sepolcro su di un colle molto elevato per la salma di Asdrubale e la sua testa amputata è è portata via da Nerone il quale, ancora in sei giorni, rientra nel suo accampamento". (Massimo Olmi, Alla ricerca della tomba di Asdrubale nella valle del Metauro, 2002 - www.sistemabibliotecariofano.it).

 

"tournera confus" : retournement et trouble

 

Annibal, troublé par le danger qu'il vient de courir, s'éloigne furieux, et s'enfuit dans son camp. Son armée tourne aussi le dos, se débande, et ne peut fuir avec assez de vitesse (Silius Italicus, Les guerres puniques, XII - remacle.org).

 

Silius Italicus (nom complet : Tiberius Catius Asconius Silius Italicus) (né en 26 et mort en 101 apr. J.-C.) est un poète et homme politique romain du Ier siècle (fr.wikipedia.org - Silius Italicus).

 

À partir de 212 av. J.-C., Hannibal connaît des difficultés de plus en plus grandes. En effet, depuis 215 av. J.-C., les Romains reprennent la stratégie de Fabius Cunctator et évitent d’affronter Hannibal en bataille rangée [embusches : embuscades] (fr.wikipedia.org - Hannibal Barca).

 

Une contre-offensive d’Hannibal pour reprendre Capoue en 211 av. J.-C. échoue20. Dans l’année, il tente un raid de cavalerie sur Rome même mais, vu l'imposante muraille Servienne et les troupes qui la garnissent, préfère se retirer (fr.wikipedia.org - Hannibal Barca).

 

« Voilà donc, s'écrie-t-il, ce que Capoue a fait de nous! O ville de sinistre augure! Arrêtez, malheureux, pour qui le comble de la gloire est devenu celui du déshonneur. Dès ce jour où vous tournez le dos, rien d'heureux, croyez-moi, ne vous doit arriver. Vous méritez que l'Italie entière fonde sur vous. Ce combat funeste vous ôte, après votre déroute, tout espoir d'obtenir la paix et même la vie » (Silius Italicus, Les guerres puniques, XII - remacle.org).

 

VI, 100

 

1999

 

LEGIS CANTIO CONTRA INEPTOS CRITICOS

 

Quos legent hosce versus maturè censunto,

Profanum vulgus et inscium ne attrectato:

Omnesque Astrologi, Blenni, Barbari procul sunto,

Qui alter facit, is rite sacer esto.

 

Ce qui veut dire : Avertissement contre les lecteurs ineptes. Que ceux qui liront ces vers y réfléchissent mûrement ! Que le vulgaire profane et ignorant n'en approche pas ! Arrière tous les astrologues, les sots, les barbares ! Que celui qui agit autrement soit maudit selon les rites.

 

Dans la continuité du précédent quatrain VI, 99, cette condamnation de l'astrologie se retrouve pendant le règne d'Urbain VIII pour lequel, Pierre de Cortone peignit le plafond de son palais.

 

Arrivé à Rome, Campanella avait en effet appris les sombres prophéties qui couraient sur la santé d'Urbain VIII et, dès la seconde moitié de 1626, il composa – de toute évidence à l'intention du pontife – un traité, De fato siderali vitando, sur la manière de conjurer les menaces que les étoiles peuvent faire peser sur quelqu'un. Campanella mesurait la gravité de telles menaces, notamment dans le cas particulier d'Urbain VIII, mais il se faisait fort de les éloigner, alors que la rumeur courait en ville que le pape ne dépasserait pas septembre 1628. En quoi consistaient ces conjurations visant à neutraliser les «mauvaises humeurs» provenant des étoiles, des comètes et des éclipses, dans lesquelles par ailleurs on voyait souvent la cause des pestes? Les contemporains additionnèrent, au sujet de la thérapie utilisée avec Urbain VIII, le terme d'«astrologie» et celui, malveillant, de « nécromancie ». Campanella venait à la tombée de la nuit dans les appartements du pape au Quirinal et s'enfermait avec lui dans une chambre qui devait être protégée de tout poison contenu dans l'air extérieur. Ils s'habillaient de blanc, l'un et l'autre, adressaient une intense prière au Créateur maître des astres. La chambre était tendue de soie blanche sur laquelle se détachaient les signes du zodiaque. L'air était rempli de vinaigre additionné de roses et d'eaux odoriférantes. Sur un feu brûlaient térébinthe, laurier, myrte, cyprès et romarin. La lumière était dispensée par cinq flambeaux, deux cierges plus hauts confectionnés avec de la cire et des produits odoriférants, et symbolisant les cinq planètes (connues à l'époque) et les deux luminaires majeurs (le soleil et la lune). Indépendamment de cette mise en scène impressionnante, Campanella recommandait à ceux qui venaient le consulter la conversation d'amis nés sous une bonne étoile, l'audition de musiques joyeuses et agréables, l'utilisation de pierres, de plantes, d'odeurs, de sonorités, d'exercices en rapport avec les symboles de chaque astre. Mais les étoiles ne furent pas longtemps favorables à Campanella. Il avait pu faire passer à des imprimeurs de Lyon, les Prost, les six livres de son Astrologia dont les premiers exemplaires sortirent en septembre 1629. Or les Prost reçurent bientôt par une voie restée mystérieuse le De fato siderali vitando, rédigé pour le pape mais non destiné à la publication. Campanella pensa que l'envoi avait été le fait de Ridolfi et du « Monstre » qui cherchaient à lui nuire et à empêcher son ascension. Les imprimeurs lyonnais ajoutèrent donc le De fato siderali vitando comme septième livre aux six déjà imprimés de l'Astrologia, qui arriva à Rome complétée sous cette forme. Urbain VIII, l'apprenant, eut un accès de colère. Car tout le monde pouvait ainsi apprendre les pratiques superstitieuses auxquelles il s'adonnait avec Campanella. Celui-ci rédigea en hâte une justification (Apologeticus) du De fato... Puis le scandale continuant, il dut déclarer l'Astrologia apocryphe. Elle fut alors mise à l'Index. En décembre, il fit savoir qu'il ne reconnaîtrait pas pour siens les ouvrages imprimés sans son consentement et non revêtus de l'autorisation ecclésiastique. L'Astrologia sera quand même imprimée à Francfort l'année suivante et de nouveau par les Prost à Lyon, mais sans le nom des imprimeurs et en remplaçant Lyon par Francfort. Cependant, les conciliabules et prophéties sur la mort prochaine  du pape ne désarmaient pas. En 1630, Philippe III envoya à Rome les cardinaux espagnols comme si on était déjà en période de vacance du Saint-Siège dans l'attente d'un conclave ! Confronté à cette situation malsaine, Urbain VIII se décida à sévir. En juin fut donné à Saint-Pierre le spectacle de l'abjuration du curé de l'église San Carlo al Corso, accusé de rites sacrilèges et de nécromancie dans le dessein d'accélérer la mort du pape, espérant lui-même devenir cardinal sous son successeur. Il fut pendu sur le Campo dei fiori. Suivit à quelques semaines de là le procès intenté à l'abbé de SaintePraxède, Orazio Morandi, dont on apprit qu'à la fin de 1629 il avait réuni dans son couvent les meilleurs astrologues de Rome pour parler de la prochaine mort du pape, de son successeur et de l'avenir des cardinaux. Campanella n'y figurait pas mais il eut connaissance de la réunion. Morandi, un des correspondants de Galilée, était respecté dans Rome, « homme très lettré, aimé de beaucoup de gens et du pape lui-même ». Son arrestation créa la surprise. En outre, son procès mit en cause non seulement des astrologues, mais aussi des moines, des libraires et des copistes. Ces actions judiciaires étonnèrent. Car en dépit d'une bulle, Coeli et terrae, publiée en 1586 par Sixte Quint contre les divinations, tout le monde à Rome pratiquait l'astrologie : princes, cardinaux et prélats. Morandi aurait certainement été exécuté s'il n'était pas mort en novembre 1630. Mais en avril suivant Urbain VIII « fulmina » la bulle Inscrutabilis qui aggravait les dispositions du texte de Sixte Quint. Elle interdisait notamment de prédire la mort du pape et de ses parents jusqu'au troisième degré, avec menace de sanctions allant de la confiscation des biens jusqu'à la peine de mort. Ainsi le pape Barberini, bien que demandeur lui-même d'astrologie, se voyait-il obligé d'agir contre des pratiques qui concernaient sa propre vie. En conséquence de quoi il ne pouvait que se détacher de l'astrologue gênant qu'était Campanella.

Celui-ci avait pourtant rédigé une défense des bulles de Sixte Quint et d'Urbain VIII contre l'astrologie judiciaire ; mais c'était, quant au fond, un plaidoyer pour une astrologie licite. Son auteur ne retrouva pas la faveur du pape (Jean Delumeau, Le mystère Campanella, 2008 - books.google.fr, Bullarium Magnum romanum, a B. Leone Magno usque ad Benedictum XIV (ann. 1746), editio novissima (a Laertio Cherubino), 1727 - books.google.fr).

 

Inscrutabilis est un mot latin venant de inscrutor, chercher à fond que l'on retrouve dans la Vulgate en Genèse 31,33 (Gaffiot). Laban cherche, dans la tente de sa fille Rachel, les idoles familières qu'elle a dérobées et emportées en partant avec Jacob qui s'en retourne dans son pays. On peut voir l'astrologie comme une idolâtrie. La pratique de l'astrologie par des hommes d'Eglise se reconnaît dans l'appropriation des idoles par Rachel, elle-même type de l'Eglise (cf. Lettre à Henry).

 

"confus" apparaît dans le Liber psalmorum au XIIème siècle : Ps. 96(97) "que ceux qui servent les idoles soient confus" (Dictionnaire étymologique, 1969) (Libri Psalmorum versio antiqua Gallica e cod. ms. in Bibl. Bodleiana asservato: una cum versione metrica aliisque monumentis pervetustis, 1860 - books.google.fr).

 

Blenni

 

"Blenni" veut dire morveux du grec "blenna" mucosité. A donné blennorragie. Un pape, Jules II, en aurait souffert.

 

On a confondu pendant longtemps les diverses maladies vénériennes et on ne distinguait pas la syphilis du chancre mou, ni même de la blennorragie. Le traitement mercuriel, en raison de son origine, a d’abord été appliqué localement sous forme de pommades, d’onguents ou d’emplâtres. Jean de Vigo, le chirurgien du pape Jules II, a été un des premiers à l’employer et le Codex (livre de traitements médicaux utilisé par les médecins) comprend encore un emplâtre mercuriel qui porte son nom. On le donna ensuite par la bouche à la suite de Paracelse et de Matthiole, médecin siennois qui vivait à la même époque. (medecinehistorique.wordpress.com).

 

Ce glorieux pape Jules II est représenté avec de nombreux attributs qui s'effacent devant une nudité monstrueuse. Le phallus qu'il découvre est semé d'épingles comme une pelote, allusion fort claire à une maladie cruelle. Il fait partie d'une suite de 120 bois gravés de François Desprez, longtemps attribués à Rabelais lui-même, et qui constituent au XIXe siècle l'édition originale des Songes drolatiques de Pantagruel (1565) (Philippe Brenot, Les mots du sexe: guide sexologique, 1993 - books.google.fr, Bulletin, Volume 2, Société française d'histoire de la Médecine, 1903 - books.google.fr).

 

Barbari - Barberini

 

Le Colysée était une magnifique carrière placée à leur portée: sans égard pour son ancienne splendeur, pour ses huit siècles d'existence glorieuse, ils l'abattirent en partie et le dépouillèrent impitoyablement. On connaît l’épigramme que mérita la maison Barberini par sou ultra-vandalisme: Quod non fecerant barbari fecerant Barberini (Ce que n'ont pas fait les barbares, les Barberini l'ont fait) (L'Italie, la Sicile, les îles Éoliennes, l'île d'Elbe, la Sardaigne, Malte, l'île de Calypso, etc, Tome 3, 1836 - books.google.fr).

 

On peut mettre en rapport ce quatrain et le précédent (Afrique du Nord) avec le quatrain IV, 80 qui parle de "Collisee" et possiblement de Constantine.

 

Maffeo Barberini (Florence, avril 1568 - Rome, 29 juillet 1644), 235e pape, de 1623 à 1644, sous le nom d’Urbain VIII (en latin Urbanus VIII, en italien Urbano VIII). Au cours de son pontificat eut lieu le deuxième procès de Galilée et sa condamnation par l'Inquisition romaine. Le 6 mars 1642, il publia la bulle In eminenti qui condamnait l'Augustinus de Jansénius. Le 31 octobre 1992, lors de la conclusion des travaux de la commission d'étude de la controverse ptoléméo-copernicienne, Jean-Paul II a reconnu les erreurs de l'Église dans l'affaire Galilée. Dans son discours, il mentionne les erreurs commises par la plupart des théologiens de l'époque, mais il ne mentionne pas la responsabilité personnelle d'Urbain VIII (fr.wikipedia.org - Urbain_VIII).

 

La grande Teresa sera canonisée en 1622 par le pape Grégoire XV sous le nom de Sainte Thérèse d'Avila, et désignée sainte patronne de l'Espagne cinq ans plus tard par le pape Urbain VIII.

 

À Alba de Tormes, la ville est doublement en deuil en cette journée funèbre, qui se trouve être le... 15 octobre. Le 15 octobre, lendemain du 4 ? Comment se peut-il ? Tout simplement, le Pape Grégoire XIII vient de procéder, lui aussi, à sa réforme, celle du calendrier. Pour remettre les saisons à leur bonne place dans le cycle solaire, dans les conditions plus exactement où elles se  trouvaient en 325, lors du Concile de Nicée. Un décalage de dix jours s'étant, en effet, produit depuis cette date, il avait réuni une commission quelques mois auparavant et décidé que le lendemain du jeudi 4 octobre serait le vendredi 15 octobre. Tel est, soumis à cette nouvelle et plus juste division du temps, le calendrier grégorien qui est le nôtre.

 

En 1970, elle sera faite Docteur de l'Église par le pape Paul VI. À cette date, elle est la première femme à recevoir cette marque d'honneur et de gloire, conjointement avec Catherine de Sienne. Cette dernière était déjà sainte patronne de Rome depuis 1866 (Pie IX), et de l'Italie depuis 1939 (Pie XII). La même le deviendra pour l'Europe entière en 1999, sous Jean-Paul II (Ariel Prunell, 101 scènes pittoresques de l'histoire d'Espagne: Des Ibères et Wisigoths à nos jours, 2018 - books.google.fr).

 

Jansénisme

 

Pierre Bayle en 1682 dans sa Vème Lettre de la critique générale de l'Histoire du Calvinisme du jésuite Louis Maimbourg compare le grand Arnauld à Annibal, "réduit à la dure nécessité de se cacher".

 

"Il est fils d'Antoine Arnauld l'avocat. Cette filiation est sans doute l'origine de la grande haine des jésuites pour M. Arnauld, et de M. Arnauld pour les jésuites. L'auteur de la Question curieuse ne m'en désavouera pas tout-à-fait, puisqu'il parle ainsi : M. Arnauld vint, au monde le 6 de février l'an 1616, et eut pour père M. Antoine Arnauld, si célèbre dans le barreau, et connu dans l'histoire des jésuites par le fameux plaidoyer qu'il fit contre eux pour l'université de Paris, en 1594 (Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique par Pierre Bayle, avec la vie de l'auteur, par Mr. Des Maizeaux, 1740 - books.google.fr, Catalogus librorum bibliothecae Tigurinae, Tome 1, 1744 - books.google.fr).

 

La famille des Arnauld fut contre les jésuites, ce que la famille de Barca, Amilcar, Annibal & Asdrubal fut contre les Romains (Encyclopédie méthodique, ou, par ordre de matières, Volume 1, 1784 - books.google.fr).

 

Astrologie et prophétisme

 

On trouve en fait dans les Centuries un mélange qui n'est pas sans rappeler celui de la Pronosticatio de Lichtenberger, mi astrologique, mi prophétique. Ces publications dont Rabelais traite dans sa Pantagruéline Pronostication sont d'une lecture relativement aisée si l'on fait abstraction d'un certain jargon planétaire sans lequel d'ailleurs on ne saurait pas qu'il s'agit d'un texte astrologique. (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 1, 1999 - books.google.fr).

 

À la fin du XVe siècle un exemple caractéristique de ce type d'astrologie est fourni par un ouvrage paru à Mayence dans lequel Johann Lichtenberger étudie la grande conjonction de Saturne et de Jupiter dans le signe du Scorpion survenue  en 1484. L'interprétation qu'en donne Lichtenberger est des plus claires : cette année-là naîtra en Allemagne un « petit prophète... moine en robe blanche avec le diable debout sur ses épaules... [qui] sera cause de grandes effusion de sang». Beaucoup y ont vu rétrospectivement, l'annonce de la naissance de Luther dont on ne savait exactement s'il était né en 1483 ou 1484. Dans la dernière année du XVe siècle, paraît à Lyon La nef des fols de ce monde, où Sébastien Brandt annonce une grande conjonction Jupiter - Saturne pour 1503. En 1527, sous la signature de Lichtenberger encore paraît le fameux Mirabilis liber offert à François Ier où l'on trouve des commentaires sur les grandes conjonctions qui amplifient les effets naturels des planètes, lesquelles déjà façonnent les peuples et les croyances  (Claude Postel, L'homme prophétique: science et magie à la Renaissance, 1999 - books.google.fr).

 

La dialectique entre astrologie et prophétie a évolué ; au Moyen Âge, dans les milieux juifs notamment l'astrologue et le prophète étaient deux personnages totalement différents et par la suite, en particulier à la fin du XVe s., les textes prophétiques et astrologiques se combinent. Par exemple chez Lichtenberger c'est une pronosticatio mais en réalité elle est complètement mélangée avec des éléments prophétiques. Il y a une évolution de la dialectique et de la position de l'astrologie par rapport au prophétisme l'astrologue n'est plus l'anti-prophète par opposition au prophète qui serait inspiré d'en haut, l'astrologue était celui qui possédait la science immanente que l'homme avait conquise sur la connaissance du pouvoir des astres. [...] Par la suite cette opposition n'existe plus ou n'est plus aussi marquée, en revanche le magicien va lui-même remplacer le rôle que l'astrologue n'avait plus - il est intégré dans le domaine scientifique il n'a plus ce statut par rapport au prophète et c'est le magicien qui devient l'alternative au religieux classique (Jacques Halbronn, Discussion sur "Messianisme, engagement politique et kabbale chrétienne à la Renaissance" par Jean-François Maillard, Prophétisme et politique, Volume 8 de Politica Hermetica, 1993 - books.google.fr).

 

Croisades

 

Les assauts répétés des troupes ottomanes suscitent l'affirmation d'une culture de la confrontation dans le monde chrétien. L'ennemi y est perçu comme un infidèle, un barbare et plus tard un despote. Prophéties et plans de conquête se multiplient pour annoncer sa défaite imminente. L'affrontement paraît total et prend les allures d'une véritable croisade... Il faut pourtant relativiser la portée de ces slogans et de ces idées. Non seulement ils finissent par s'apparenter à une simple rhétorique, mais leur influence sur les relations internationales et les pratiques de la guerre demeure étroitement limitée. Ainsi, la lutte contre les Turcs perd progressivement sa spécificité. Les appels à la mobilisation lancés par la papauté ne recueillent qu'un faible écho chez les souverains du temps. Sur le terrain, les hommes du combat contre l'infidèle sont pour la plupart des traîneurs de sabre et non des guerriers de Dieu. Cette banalisation favorise une redéfinition des rapports entre les puissances occidentales et l'Empire ottoman qui n'exclut plus totalement l'établissement de liens pacifiques avec ce dernier, voire la conclusion d'alliances plus étroites avec lui. (Géraud Poumarède, Pour en finir avec la croisade: Mythes et réalités de la lutte contre les Turcs au XVIe et XVIIe siècles, 2004 - books.google.fr).

 

En 1616, Richelieu, devenu secrétaire d’État, et Louis XIII acceptèrent de confier au Père Joseph du Tremblay une première mission à Rome auprès du pape Paul V. Le but était de sceller la paix en Europe en impliquant les princes chrétiens dans un projet commun. À la suite de Charles de Gonzague, duc de Nevers, le père Joseph militait en faveur d’un projet de croisade contre les Turcs aux motivations plurielles. Certaines avaient trait à la libération et à la protection des chrétiens d’Orient pour, à terme, recouvrer les Lieux saints, même si cet objectif n’était plus, en soi, une priorité absolue comme au temps des croisades médiévales.

 

Le père Joseph lui-même reprenait tous ces poncifs de la littérature assimilant le Turc à l’infidèle et au barbare. la Turciade, le long poème qu’il rédigea en vers latins entre 1617 et 1625, atteste de cet univers mental marqué par les affrontements religieux et le rêve de l’unité chrétienne déchue par la présence ottomane Destinée à chanter la croisade, cette épopée de plus de 4600 vers latins offerte au pape Urbain VIII, faisait entrer son lecteur dans la cour céleste.

 

Lorsqu’elle devint effective, la lutte contre les Turcs fut menée par chaque État à titre personnel, comme ce fut le cas pour la Russie, après qu’elle se fût rendue maître de l’Ukraine. Cependant, jusqu’en 1625, le père Joseph crut encore à son projet : il se rendit à Rome pour faire accepter sa Milice dont les constitutions furent officiellement acceptées par Urbain VIII le 24 mai 1625. Mais à cette date, la crise trop pressante de la Valteline mit un terme définitif à toutes formes de coopération éventuelle entre la France et les Habsbourg. La Milice chrétienne qui, en quelques années seulement, avait perdu la plupart de ses membres, devenait caduque et désuète : elle vivota jusqu’en 1628 puis fut démantelée.

 

Dès 1625, le père Joseph conseilla à Richelieu de réquisitionner et d’intégrer dans la flotte royale les vaisseaux que le duc de Nevers avait fait construire pour transporter ses troupes en Grèce. Un an et demi plus tard, Charles de Gonzague acceptait de brader ses vaisseaux à Louis XIII. Le père Joseph en avait désormais fini avec son projet de croisade.

 

En 1623, à la demande de Charles de Gonzague, Marolles se mit à traduire en français la bulle de fondation et les constitutions de la Milice chrétienne (Constitutions de l’ordre et religion de la Milice chrétienne, sous le titre de la Conception de la bien-heureuse Vierge Marie immaculée..., imprimées par le commandement du conseil supérieur de ce même ordre et traduites par M. de Marolles, Paris, Imp. de F. Huby, 1625). (Pierre Benoist, Le père Joseph, l’empire Ottoman et la Méditerranée au début du XVIIe siècle, Cahiers de la Méditerranée 71, 2005 - journals.openedition.org).

 

L'emminence grise de Richelieu pourrait être le "gris oyseau... tenant au bec un verdoyant rameau" du quatrain I, 100, lorsqu'il négocia le règlement de la succession de Mantoue.

 

Pour en revenir au jansénisme, le père Joseph aura été l'ennemi de Saint Cyran, ami de Cornelius Jansen, qui ensemble produiront cette branche du catholicisme. Ayant attaqué les Jésuites dans quelques écrits, il fut, pour ce fait, dénoncé à Richelieu, avec qui Saint-Cyran s'était autrefois lié d'amitié, par Sébastien Zamet. Le ministre le fit arrêter le 15 mai 1638 et enfermer au château de Vincennes, sous prétexte d'hérésie. Il le tint en prison de 1638 à 1643. Deux mois après la mort de Richelieu, le 6 février 1643, ses partisans réussirent à le faire libérer mais, physiquement brisé, il mourut au bout de quelques mois (fr.wikipedia.org - Jean Duvergier de Hauranne).

 

Selon Halbronn, "Nostradamus n'a guère accordé d'importance à la fin du XVIIIe siècle hormis dans un passage de l'Epître à Henri II dont l'authenticité est pour le moins discutable.

 

Il s'intéressait davantage à l'An 1999/2000 et comme étape intermédiaire, il semble avoir plutôt désigné, comme le feront les Réformés Du Moulin et Jurieu, suivant en cela le Cardinal de Cuse, le tournant du XVIIIe siècle". [...] 

 

Le canon nostradamique comporte un quatrain relatif à l'an 1999, dans la centurie X, c'est le soixante-douzième : "L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois etc". Nous avons soutenu la thèse d'une influence réformée sur une telle eschatologie axée sur l'An 2000 (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 1, 1999 - books.google.fr).

 

Le quatrain X, 72 qui mentionne explicitement l'année 1999, appartiendrait à un ensemble de quatrains en lien avec l'idéologie islamique et sa part mystique.  La confrontation violente voulue par une marginalité du monde musulman répond à l'influence occidentale qui décompose celui-ci.

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