Humilitas VI, 73 1979 En cité grande un moyne & artisan, Près de la porte logez & aux murailles, Contre Modene secret, cave disant, Trahis faire sous couleur d'espousailles. Les Este En ce tems-là Marguerite Tante de l'Empereur Charles, Fille de Maximilien Ier du Nom & de Marie de Bourgogne, gouvernoit pour Charles les Païs-bas. Il voulut donc que sa Fille fut ménée en la Cour de cette Princesse, & qu'elle fut élevée par cette vertueuse Femme, sous la conduite de laquelle il avoit passé son en enfance. Elle y fut nourrie jusques à l'âge huit ans; & alors par la mort de la Gouvernante, elle fut mise auprès de Marie Sæur de Charles-Quint, qui étant Veuve de Louïs Roi de Marie Hongrie, fut appellée au Gouvernement des Païs-bas. Enfin la jeune Marguerite étudia si bien les moeurs de la Tante, que comme elle ne se proposoit que son imitation, elle fit voir qu'elle n'avoit pas seulement les vertus qui la rendoient récommandable en particulier & en public, mais, encore ses sentimens, ses inclinations, la démarche même, & sa gravité. Cette Gouvernante avoit tant d'amour pour la chasse, que le peuple lui donna un nom qui marquoit cette passion en elle, & qu'on la représentoit ordinairement en habit de chasse; se témoignant véritablement Nièce de Marie de Bourgogne, qui ne cessa point de poursuivre les bêtes, qu'elle n'eût perdu la vie en tombant de son cheval (25 mars 1482); non pas tant par sa destinée, que par celle de Maximilien son Mari, dont la premiére Femme Blanche Sforce, tomba aussi de son cheval à la chasse, & mourut de cette chute (1496). Marguérite embrassa donc cet exercice avec une si grande affection, & s'endurcit de telle forte à ce travail, que n'ayant pas encore atteint l'âge de dix ans, elle suivoit sa Tante sans crainte par les Bois & par les plaines, & rendoit ainsi témoignage, que quand l'âge lui auroit donné plus de force, elle surpasseroit aisément celle dont elle ne faisoit que suivre les traces. Marguerite étoit alors pour la seconde fois accordée à Alexandre de Médicis Duc de Florence, parce que les propositions de son mariage avec Hercule Prince de Ferrare,
n'avoient point eu de succès : car l'Empereur voulant détourner Alphonse, Pere d'Hercule du parti de la France, auquel le Pape Clement VII s'efforçoit de l'attirer
par des conditions avantageuses, il avoit gagné ce Prince par de mêmes conditions; & lui ayant confirmé la possession de Modène & de Reggio, il avoit accordé Marguerite
sa Fille qui n'avoit guères plus de quatre ans, à Hercule Fils aîné d'Alphonse. Véritablement par cette promesse de mariage l’Empereur détourna Alphonse du parti des François,
selon que la nécessité des affaires le réqueroit en ce tems-là ; mais peu de tems après Alphonse rétourna au parti qu'il avoit abandonné, & le Mariage
d'Hercule son Fils fut célebré avec Renée Fille de Louis XII Roi de France : de sorte que le Pape Clement, réconcilié avec l'Empereur, fit cette Convention avec lui
entre les conditions de leur accord (traité d'Orviette 26 juin 1529), que par le secours des armes Impériales, Alexandre de Médicis Fils de ce Laurent, que le Pape Leon X avoit
fait Duc d'Urbin, après en avoir chassé François-Marie Feltre, seroit mis en possession de la Principauté de Florence; & que pour mieux assurer sa puissance, Marguerite Fille de
l'Empereur lui seroit donnée pour Femme. L'Empereur accepta librement ces conditions, en partie par l'affection qu'il portoit au Pape, s'imaginant effacer par cette faveur les injures
qu'il lui avoit faites, en partie aussi par la haine qu'il portoit aux Florentins, qui étoient entrés dans le Traité de Lotrec contre les Impériaux, & qui avoient mis leur
Ville sous la protection du Roi de France (Famiano Strada, Histoire de la guerre des PaĂŻs-Bas, 1727
- www.google.fr/books/edition). Alphonse Ier d'Este Alphonse Ier d'Este (Ferrare, 21 juillet 1476 - 31 octobre 1534), successeur d'Hercule Ier d'Este, fut duc de Ferrare, Modène et Reggio d'Émilie. Il fut, tout comme son père, condottiere au service des puissants. Fils d'Hercule Ier d'Este et d'Éléonore de Naples, Alphonse Ier d'Este épouse en 1491 Anna Sforza, tous deux étant alors âgés de 15 ans. Anna meurt en 1497 à l'âge de 21 ans, et son décès marque la fin du lien entre les familles Sforza et D'Este. Quatre ans plus tard, Alphonse d'Este épouse en secondes noces Lucrèce Borgia, fille du pape Alexandre VI. Impliqué dans les hostilités entre Venise et les États pontificaux, Alphonse sait habilement tirer son épingle du jeu, comme il le fait également dans le conflit plus vaste opposant la France à l'Espagne pour la suprématie en Italie. Il se range, en 1508, aux côtés de Jules II dans la Ligue de Cambrai assemblée contre Venise. Nommé gonfalonier, avoué de l’évêché de l’Église Sacrée de Rome (1509), il occupe en cette qualité le Polésine et met la flotte vénitienne en déroute à Polesella en 1509, grâce à la contribution de son frère, le cardinal Hippolyte Ier d'Este (Ippolito I d'Este) et à son artillerie. Le pape ayant conclu la paix avec les Vénitiens, Alphonse refuse de reconnaître le traité et se voit excommunié et déclaré théoriquement déchu de ses possessions (1510), perdant Modène, Carpi et Mirandola, qui, en 1511, sont occupées par les troupes pontificales. Dans la guerre de la Sainte Ligue, il s’allie alors avec la France et coopère avec sa fameuse artillerie à la victoire dans la Bataille de Ravenne (1512). Il n'en tire toutefois aucun avantage personnel. Libéré de l’excommunication, il ne récupère cependant pas les territoires qui lui avaient été soustraits et, au contraire, peu après, perd même Reggio d'Émilie occupé par le duc d'Urbino (1512) et la région de Garfagnana enlevée par les seigneurs de Lucques. La mort de Gaston de Foix et les échecs des Français mettant sa seigneurie en danger, il préféra négocier avec Jules II qui lui réclamait une grande partie des fiefs pontificaux confisqués par les Este. La victoire à Marignan de François Ier en 1515 lui donne un sursis. Fidèle à l'alliance française, il récupère Parme en novembre 1516. Rentré en possession de Reggio seulement à la mort du pape Adrien VI (1523), il peut finalement reprendre Modène (1527) grâce à son alliance avec l'Empire, à l'époque des
divergences entre Charles V et le Pape Clément VII. De nouveau allié avec les Français, il marie son fils Hercule II avec Renée de France en 1528. Il risque la ruine complète
Ă la Paix de Cambrai (1529), mais une politique habile lui permet de se rapprocher encore une fois de Charles Quint, qui lui confirme, en 1530, ses droits sur les villes
que le pape lui conteste encore (fr.wikipedia.org - Alphonse Ier d'Este). Milan Le duc Alphonse Ier, père d'Hercule, avait témoigné envers la France d'une fidélité parfois chancelante, mais néanmoins
remarquable. En 1512, son artillerie n'avait pas peu contribué à la victoire de Louis XII à Ravenne.
Quinze ans plus tard, il avait certes manifesté une complaisance regrettable envers le connétable révolté, mais François avait pardonné l'affront et,
en échange de son alliance, il accordait au fils du duc la main de Renée de France. Le vent de l'espérance faisait à nouveau claquer les étendards français,
Lautrec victorieux au Nord s'apprêtait à descendre sur Rome et Naples, éternel mirage — et le duc de Ferrare, lui aussi, se prenait à rêver.
En adoptant le parti français, il verrait sa domination sur Modène et Reggio consolidée. Sous l'égide de François Ier, auquel le traité de Madrid avait
enlevé ses droits sur le Milanais, son fils Hercule pourrait – qui sait ? — supplanter Sforza sur le trône ducal (Anne Puaux, La huguenote Renée de France, 1997
- www.google.fr/books/edition). "cité grande" pourrait désigner Milan : cf. quatrain IV, 69 - Contre le libéralisme politique - 1829, mais pas seulement. "moine et artisan" À Milan, les artisans de la laine créèrent vers 1178 une association pieuse, les «Humiliés», qui fut reconnue par Innocent III en 1201.
Ce sera l'un des premiers véritables ancêtres des confréries de pénitents. Ceux-ci s'engageaient dans la pauvreté volontaire,
prêchaient la pénitence et se revêtaient d'habits de gros draps gris en signe de retour à la prime Église (Marie Pialot, La confrérie des pénitents blancs de Saugues, 2003
- www.google.fr/books/edition). L'ordre des Humiliati, fondé en 1196 à Milan, avait recu de saint Bernard une règle complétée plus tard par Giovanni Matta, prescrivant aux
religieux le travail manuel et l'exercice de l'industrie. Il subsista jusqu'au XVIe siècle époque à laquelle il fut supprimé par saint Charles Borromée (Georges Yver, Le commerce et les marchands dans l'Italie méridionale au XIIIe & au XIVe siècle, 1902
- www.google.fr/books/edition). Avant que nous sortions de cette ville, j'ai cru devoir parler d'une affaire qui fut agitée dans le grand consistoire avec de grands débats, & à laquelle
Jean de Zuniga ambassadeur de Philippe s'opposa d'abord très-fortement : je veux parler de l'abolition des fréres Humiliés. On dit que cet ordre fut institué l'an onze
cens quatre-vingts pour la raison que je vais dire. L'empereur Frederic surnommé Barberousse ayant saccagé Milan, emmena captifs en Allemagne la plupart des habitans
de la ville & du Duché : & ce ne fut qu'avec beaucoup de peines, de priéres & de supplications, qu'ils furent remis en liberté quelques années après, & qu'on leur permit
de retourner dans leur païs. En mémoire de cette délivrance, on institua les fréres Humiliés sous la régle de St. Benoît, mais avec l'habit blanc; parce que c'est l'habit
qui convient à des supplians : & cet établissement fut approuvé par le pape Luce III. Cet ordre s'étant extrêmement enrichi par la suite, le relâchement & la corruption
des meurs s'y introduisirent peu à peu. Les particuliers s'appropriérent les revenus qui devoient servir à la dépense commune, & les emploïérent à bâtir des maisons magnifiques,
à faire des festins, à se donner grand nombre de valets; en un mot à des usages qui ne sont propres qu’à irriter les passions. C'étoit un scandale pour bien des gens,
& sur-tout pour ceux qui pensoient déja à se séparer de l'église Romaine. Quatre ans auparavant, Pie V avoit donné contre eux une bulle, qui en condamnant leur relâchement
& leurs désordres, chargeoit le cardinal Boromée archevêque de Milan leur protecteur de les réformer. Mais le mal avoit jetté des racines trop profondes : & on ne devoit
pas espérer que des paroles, & de simples avis fussent capables de les faire passer d'une vie criminelle à une vie réglée. Ils s'ennuiérent bien-tôt du joug qui leur
fut imposé par le cardinal Boromée, homme zélé pour l'ancienne discipline. Non contens de n'observer aucun article de la réforme à laquelle ce saint homme vouloit les soumettre,
ils le regarderent comme leur ennemi déclaré, & formérent le dessein du plus détestable de tous les crimes, plûtôt que de renoncer aux débauches dont ils s'étoient fait une
douce habitude. JerĂ´me Lignana prevĂ´t de St. Christophle de Verceil qui se mit Ă leur tĂŞte, vint Ă bout de gagner par argent Donato Farina religieux du mĂŞme institut.
Il entreprit d'abord d'étrangler Fabio Simonetta dépositaire de l'ordre, chez qui il espéroit trouver de grandes sommes. Ayant manqué son coup, il osa porter ses vûës
sur la vie même du cardinal Boromée : & Farina son complice se chargea d'exécuter cet abominable projet. Il prit le temps que Boromée avec toute sa maison faisoit la prière
du soir dans sa chapelle, & lui tira un coup d'arquebuse chargée à bales. Mais par une protection visible de Dieu, une partie des bales tomba sans force sur les habits du faint,
& l'autre se dispersa ou rejaillit d'un autre côté; en sorte qu'il ne fut point blessé. Le Cardinal étoit si appliqué à l'oraison, qu'on ne lui vit ni branler la tête, ni faire
aucun mouvement. Mais autant qu'il montra de tranquillité d'ame & de fermeté dans une occasion si périlleuse, autant fit-il paroître de sévérité dans la suite contre le meurtrier
& ses complices. Après les informations, on eut lieu de soupçonner que cet attentat venoit des fréres Humiliés, d'autant plus que Lignana & Farina s'étoient sauvés dans la
citadelle de Milan. On ordonna donc aux troupes Espagnoles qui y étoient'en garnison de livrer ces assassins, elles s'en excuserent d'abord; ensuite elles intercedérent pour
ces scélérats, Mais Boromée inflexible à toutes leurs priéres, les menaça des censures Ecclésiastiques si elles refusoient de livrer les coupables. Et comme c'étoient toûjours
de nouveaux délais, elles furent excommuniées, ce qui fit une terrible impression sur les habitans, & pensa causer une sédition. Pendant ce temps-là on fit évader Farina en
habit déguisé, & on l'envoïa à Chivas place apartenante à Philbert duc de Savoïe, où il prit l’habit de soldat, & se mêla avec la garnison. Boromée qui en fut informé, étoit prêt
d'excommunier le duc lui-même; mais on livra enfin ces deux scélérats, qui furent punis par l'autorité Roïale, suivant toute la rigueur des loix.
Le Pape voulant abolir l'infamie d'une action si détestable, donna deux bulles, l'une du sept, & l'autre du huit de Fevrier, pour l'extinction entiére des fréres Humiliés.
Il étoit ordonné aux Profes de se retirer dans les lieux qui leur seroient marqués, ou de passer dans quelque autre ordre plus rigide. Ce réglement fut confirmé par une
nouvelle bulle du seize Juin, qui rappelant la constitution de Boniface VIII. l'étendoit jusqu'à ceux, qui ayant eu connoissance d'embûches dressées contre des Cardinaux,
se seroient dispensés par crainte ou par respect humain de venir à révélation (Jacques-Auguste de Thou, Histoire universelle de Jacque-Auguste de Thou, depuis 1543. jusqu'en 1607. traduite sur l'edition latine de Londres, Volume 6, 1734
- www.google.fr/books/edition). "porte" et "murailles" Vers 1170, le terrain où se place la pinacothèque de Brera se trouva à l'intérieur de l'enceinte de la ville, dont on peut reconnaître les fossés dans les navilles et
l'une des portes dans l'étranglement de Via Brera. C'est dans ce potager que l'ordre des Humiliés construisit ses bâtiments, à quelque distance du bord de la chaussée,
vers le fond de la petite place de Brera, là où fut édifiée de 1250 à 1350, l'église mère de l'ordre, Santa Maria. Les Humiliés, les uns religieux,
les autres laïques, s'adonnaient au travail de la laine depuis le début du Moyen Age (Angela Ottino Della Chiesa, La pinacothèque de Brera: The Brera Gallery, 1958
- www.google.fr/books/edition). Les Humiliati possédaient la prévôté de San Giovanni Battista, Porta Orientale à Milan, dont Francesco Belgioioso, entré dans les ordres, obtient la commende en 1552
en plus d'autres bénéfices à Pavie (Albane Cogné, Les propriétés urbaines du patriciat: Milan, XVIIe-XVIIIe siècle, 2022
- www.google.fr/books/edition). On a une Chronique de cet Ordre composée en Latin l'an 1419, par le Pere Jerôme Torecchio, Prevôt du Couvent que les Humiliés avoient à la porte neuve à Ordre de Milan (Pierre Hélyot, Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, et des congrégations, Tome 6, 1718
- www.google.fr/books/edition). Alliances matrimoniales entre Sforza et Este Il existait depuis bien longtemps entre le royaume de Naples et le duché de Milan certaines conventions particulières, sorte de traités qui les unissait l'un à l'autre et
des mariages étaient venus sceller ces accords; Sforza Marie duc de Bari avait dù épouser Éléonore fille du roi Alphonse Ier, tandis qu'Alphonse II d'Aragon duc de Calabre épousait
en 1455, Ippolyta, fille de François Sforza. En 1480, ces conventions avaient été renouvelées pour vingt-cinq ans en faisant entrer dans cette confédération la république Florentine
et le duché de Ferrare. Pour resserrer cette alliance par des liens plus étroits, Ludovic le More avait obtenu du duc de Ferrare Hercule Ier, par l'intermédiaire du roi de Naples,
de lui réserver la main de sa fille aînée Isabelle. Ludovic avait vingt-neuf ans, Isabelle atteignait à peine sa sixième année,
mais ces projets de mariage disproportionnés, dont la seule politique était le prétexte, pouvaient être rompus au gré de cette même politique;
c'est en effet ce qui arriva, Isabelle fut définitivement promise à François Gonzague fils du marquis de Mantoue que les confédérés désiraient attirer à eux.
Et comme dédommagement et pour maintenir les bons rapports entre Ferrare et Milan, Hercule offrit au duc de Bari
sa seconde fille Beatrix âgĂ©e celle-ci de 5 ans. Et Ludovic s'empressa d'accepter. Cette nĂ©gociation matrimoniale serait Ă
peine croyable si une lettre du duc de Ferrare adressée au duc de Mantoue le 23 avril 1480 n'attestait la réalité de ces transactions.
Du reste, ce n'était pas la première fois qu'un membre de la famille Sforza s'alliait à une princesse d'Este : en 1454,
Tristan Sforza fils naturel de François Sforza avait épousé une Beatrix fille naturelle du marquis d'Este Nicolas III (Gustave Clausse, Les Sforza et les arts en Milanais 1450-1530, 1909
- www.google.fr/books/edition). Florence A moins que la cité grande ne soit Florence. Les Humiliés s'installèrent à Florence en 1239, accueillis par l'évêque Jean de Mangiadori qui leur donna l'église de Saint Donato aux Tours hors de la ville.
Ils s'en rapprochèrent d'abord en 1251 avec l'église Sainte Lucie sur Pré, puis dans le quartier d'Ognissanti jusqu'à leur supression (Troisième et dernière Encyclopédie théologique, Tome 19, 1856
- www.google.fr/books/edition). Florence, à la faveur d'un régime libéral, avait vu sa population augmenter rapidement. Le besoin de reculer les limites des remparts se fit sentir (1284) :
alors fut bâtie la troisième et dernière enceinte, celle qui n'a disparu que de nos jours. Les portes furent éloignées jusqu'à l'endroit où l'on voit encore aujourd'hui
celles de Santa Croce, de San Gallo, de Faenza, et del Prato d'Ognissanti (LĂ©on Verhaeghe de Naeyer,Florence, Ă©tude politique, 1880
- www.google.fr/books/edition). Philippe de Néri entendit dans sa jeunesse un sermon d'un moine appartenant à l'ordre des Humiliés de Florence, un certain Baldolino. Probablement en 1527. En 1527, alors que Charles de Bourbon envahit la Toscane et prend la direction de Rome, Philippe n'oublia jamais la scène dont il fut ce jour-là témoin : la foule
envahissant l'église où parlait un prêcheur célèbre, Baldovino, de l'ordre des Umiliati. Étonné, Baldovino s'interrompt, interroge : "Père, lui réplique-t-on,
les ennemis sont aux portes et la ville est dépourvue de munitions." Alors le moine s'adressant à la foule : "Criez tous : vive le Christ !" Et à la foule criante :
"Sache, ô Florence, ajouta-t-il, qu'à ce moment Dieu t'a délivrée". Philippe attribua toujours au secours divin la résolution subite qui détourna de Florence
l'armée impériale et précipita sa marche sur Rome (Louis Ponnelle, Saint Philippe Néri et la société romaine de son temps (1515-1595) : Lettre-préface de sa Grandeur Mgr. Baudrillart, 1929
- www.google.fr/books/edition). D'autres raisons engageaient encore Clément VII à prendre Catherine sous sa surveillance personnelle. La politique étant son bien suprême, sa jeune parente
devint l'objet constant de ses calculs diplomatiques. Catherine grandissait, et les plans et projets de mariage se croisaient dans toutes les directions. Les promesses
faites au Prince d'Orange n'auraient guère pu être sérieuses : avant ce temps déjà , on avait résolu de la donner à Hercule d'Este, le fils du Duc Alphonse de Ferrare.
Clément, avec lequel ce dernier était en querelles continuelles, espérait ainsi le détacher de la ligue impériale. Soit que le Duc ne voulût point y consentir, soit enfin
que les conditions papales ne fussent point admissibles, dès 1528 — Catherine venant d'atteindre à sa neuvième année — le Prince de Ferrare épousa Renée de Valois, la fille
de Louis XII. Dans le même temps que les démarches se faisaient à Ferrare, d'autres partis s'étaient présentés. Les projets de mariage pour Catherine de Médicis, depuis 1527
déjà , forment un vrai labyrinthe : rarement, jamais peut-être, la main d'une fiancée n'eut à la fois autant de prétendants. Il est aisé d'en comprendre le motif. Il s'agissait
de gagner Clément VII, et de s'assurer le politique le plus chancelant de son temps (A. de Reumont, La jeunesse de Catherine de Médicis, traduit par Armand Baschet, 1866
- www.google.fr/books/edition). Secrets desseins du duc de Ferrare Jean de Morvillier (Discours sur les affaires qui se sont passées avec le duc de Ferrare en 1555), évêque d'Orléans, essaie d'initier le Roi aux secrets
desseins du prince italien qui, uni à la fille de Louis XII, n'avait pas plus épousé les intérêts de la maison de France que sa femme n'avait pris goût à Ferrare et
aux affaires de son mari. Hercule d'Este, deuxième du nom, duc de Ferrare, de Modène et de Reggio, né le 4 avril 1508, était fils d'Alphonse d'Este et de la trop
fameuse Lucrèce Borgia. Il avait épousé, le 30 juillet 1527, Renée de France, fille de Louis XII, et avait succédé à son père en 1534. C'était un prince pacifique et économe,
mais jaloux de son autorité. Parvenu au trône, au plus fort des guerres d'Italie, il avait su garder entre les deux rivaux une entière neutralité, n'exigeant pas autre
chose que l'inviolabilité de ses états, avouant tout haut sa haine pour les batailles, et plus soucieux de conserver intact son patrimoine que de courir les risques de le
réduire en voulant l'augmenter. Prince sage et honnête, très-attaché à la religion catholique, il était loin d'approuver les tendances fort protestantes de sa femme,
et il souffrait de la voir attirer à sa cour Calvin, Marot et tous les réfugiés de France chassés de leur patrie à cause des nouvelles doctrines. Il finit mème par la
forcer à renvoyer ces dangereux amis; et ce fut entre lui et Renée le sujet de querelles intestines qui troublèrent plus d'une fois la tranquillité du palais ducal de Ferrare.
On sait que, lassée par les persécutions de son mari, la Duchesse se décida plus tard à quitter l'Italie et à se retirer en France, à Montargis, dans l'Orléanais, où elle
se plut à offrir un refuge aux plus célèbres parmi les Huguenots (Gustave Baguenault de Puchesse, Jean de Morvillier, évêque d'Orléans: garde des sceaux de France, 1506-1577, 1869
- www.google.fr/books/edition). Acrostiche : EPCT, épacte Savant profond et poëte latin du 16e siècle, naquit à Ferrare le 14 juin 1479, et non à Rome en 1478, comme l'ont dit quelques auteurs. Giraldi, dans son long
séjour à Rome, jouit d'un très-grand crédit auprès des pontifes Léon X, Adrien VI et Clément VII; il en espérait beaucoup, mais il n'en obtint d'autre avantage
que la dignité de protonotaire apostolique. L'année 1527 fut très-fatale pour Giraldi; il perdit dans le sac de Rome tous ses effets et sa bibliothèque; une perte
encore plus douloureuse pour lui fut celle de son protecteur le cardinal Rangone, mort dans la mème année. Alors il abandonne Rome, se rend à Bologne; accueilli peu
favorablement par le légat, il passe à la Mirandole. Jean-François Pico, qui l'y avait reçu avec amitié, l'eût arraché pour toujours à sa triste position; mais
ce prince fut assassiné, en 1533, et Giraldi put à peine se sauver de cette funeste catastrophe; il prit enfin le sage parti de se retirer à Ferrare (Biographie universelle ancienne et moderne, Tome 16 : Gau - Gni, 1856
- www.google.fr/books/edition). Il y fut bien accueilli par des humanistes comme Giovanni Manardo et Celio Calcagnini, et introduit auprès de la duchesse Renée de France. Il y prospéra
tant ensuite grâce à ses talents qu'arrivé en 1533 sans le sou il laissa à sa mort un capital de dix mille écus, qu'il légua au duc Hercule d'Este. Montaigne
(Essais, I, 35) le prend comme exemple d'un grand savant mort dans la pauvreté, ce qui n'est pas exact (fr.wikipedia.org - Lilio Gregorio Giraldi). On lui doit De annis et mensibus cæterisque temporis partibus dissertatio facilis et expedita, una cum calendario romano et graco, Bâle, 1541, in-8°.
Le titre de cet ouvrage a donné lieu à quelques auteurs d'attribuer à Lilio Giraldi l'invention de l'Epacte et le traité du Calendrier romain; mais nous devons
cette invention à Lilio de Vérone et à Antonio, son frère (Biographie universelle ancienne et moderne, Tome 16 : Gau - Gni, 1856
- www.google.fr/books/edition,
Vosgien, Dictionnaire historique portatif, Tome 1, 1758
- www.google.fr/books/edition). La réforme du calendrier fut provoquée par un homme inconnu, nommé Louis Lilio, né, non pas à Vérone, comme l'a dit Montucla dans son Histoire des mathématiques, ni à Rome,
comme d'autres l'ont prétendu, mais dans la Calabre (le médecin napolitain Aloysius Lilius). L'équation introduite dans le cycle de dix-neuf ans, et non pas l'invention de
l'épacte, déjà connue depuis long-temps, remit d'accord l'année solaire et l'année lunaire. L'auteur de cette découverte mourut avant d'avoir vu exécuter son projet, et même
d'avoir pu le présenter au pape. Ce fut son frère Antoine Lilio qui le présenta. Grégoire nomma pour l'examiner une commission des quatre plus savants astronomes qui fussent
alors. Il assista souvent lui-même à leurs travaux; et, après de longues discussions sur une matière si difficile et si importante, il ordonna par sa bulle du 1er mars 1582
cette réforme célèbre (Pierre-Louis Ginguené, Histoire littéraire d'Italie (4/9), 1824
- www.gutenberg.org). Le jésuite bavarois Christopher Clavius (1538-1612) a mise en pratique cette équation (Revue missionnaire des jésuites belges, Tome 2, 1856
- www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 1979 sur la date pivot 1527 donne 1075. Aux Xe et XIe siècles, le désordre et l'indiscipline n'étaient pas moindres dans l'Église que dans la société civile. Le mariage des prêtres et la simonie menaçaient
de devenir des pratiques légales, les évêchés étaient aux mains des rois ou des seigneurs qui en accordaient l'investiture à leurs parents ou leurs favoris.
Un groupe d'hommes énergiques et pieux, les abbés de Cluny, l'ascète Pierre Damien, le cardinal Humbert, les Patarins de Milan et de Florence résolurent
de purifier l'Église en la débarrassant de ses liens temporels. Le parti de la réforme trouva son champion dans Grégoire VII qui rétablit la règle du célibat et par son
décret de 1075 interdit toute investiture laïque (Paul Perrier, L'unité humaine: Histoire de la civilisation et de l'esprit humain, 1931
- www.google.fr/books/edition). Dès cette époque, le monastère toscan avait noué des liens étroits avec les patarins qui menaient le même combat à Milan et en Lombardie : ceux-ci s'étaient
réfugiés à deux reprises à Vallombreuse (1070, 1075), et Jean Gualbert avait envoyé à Milan des prêtres de bonnes moeurs et de doctrine orthodoxe dont
manquait cruellement la métropole lombarde (François Menant Nouveaux monastères et jeunes communes : les vallombrosains du S. Sepolcro d'Astino et le groupe dirigeant bergamasque (1107-1161), Il monachesimo italiano nell'età comunale, 1998
- www.google.fr/books/edition). Un grand incendie détruit Milan en 1075 et les Patarins, accusés de ce méfait, sont exterminés. Issue du milieu clérical, la pataria n'est en rien une
véritable hérésie. Ce n'est qu'après 1075 que les dérives sectaires engagées contre la hiérarchie de Rome poussent la papauté à lancer la condamnation (Bernard Doumerc, Les communes en Italie: XIIe-XIVe siècle, 2004
- www.google.fr/books/edition). Banco Ambrosiano Banco Ambrosiano était une banque italienne qui a fait l'objet d'une des plus retentissantes faillites de l'après-guerre en 1982, suscitant ainsi l'un des
plus gros scandales impliquant la mafia et la banque du Vatican, son premier actionnaire, qui ouvrira la voie à l'opération mani pulite dans les années 1990.
Roberto Calvi, membre de la loge Propaganda Due (P2) et directeur de la Banque Ambrosiano, a été retrouvé pendu sous un pont à Londres le 17 juin 1982. En 2006,
le procès concernant l'affaire Calvi continuait, impliquant notamment Licio Gelli, le grand-maître de P2, arrêté après 3 mois de cavale à Cannes en 1998.
La mort du pape Jean-Paul Ier en 1978 a parfois été liée au scandale Ambrosiano (fr.wikipedia.org - Banco Ambrosiano). La devise de Jean-Paul Ier était "Humilitas" (Paul Hoffmann, Ô Vatican, Payot, 1974, p. 46) (Christophe Henning, Petite vie de Jean-Paul Ier, 2021
- www.google.fr/books/edition). |