L'empire européen VI, 93 1993-1994 Prélat avare d'ambition trompé, Rien ne sera que trop viendra cuider Ses messagers et lui bien attrapé, Tout au rebours voit qui le bois fendrait. Mazarinade Les termes du quatrain sont dignes des mazarinades comme
dans le quatrain II, 30 qui comparerait le cardinal Mazarin à Annibal. Les détracteurs du cardinal ont déployé autant
d'imagination que de mauvaise foi pour prêter à son père des professions peu
reluisantes, telles que vendeur d'huîtres à l'écaille, curé de village, pirate,
fendeur de bois, commerçant en faillite, palefrenier, et bien d'autres métiers
encore Cet homme de qui la
science Est égale à la
conscience : Et pour le dire, en
bon François, Ce cerueau de fendeur de bois N'ayant trouué dans la practique De sa sublime politique. Dequoy se conseruer le
droit, Qu'en cerencontre il pretendoit Sortit, & par
rodomontade Fit vn ris à la saint Medarde, Tandis qu'aiustant son chapeau Son cœur luy creuoit en la peau, Comme depuis il fit
paroistre Quand debout prés d'vne fenestre
Auec ses gestes de fendant Il disoit à son confident; Mondain, i'enrage je deteste, Quoy ce Parlement peu modeste Un thème fréquent des Mazarinades oppose l'avarice de Mazarin au soutien généreux que le Cardinal de Richelieu accordait aux gens de lettres et il était de bonne guerre alors de dauber sur la ladrerie et la cupidité "du Mazarin", telle la Mazarinade de 1651 qui donne du "raquedenaze" au Cardinal ("racle denaze" selon Furetière, 1690) (Yvette Saupé, Les murs de Troye ou l'origine du burlesque des Frères Perrault et de Beaurain, Livre 1, 2001 - books.google.fr). "messagers" La Fronde (1648-1653), est une période de troubles graves
qui frappent le royaume de France pendant la minorité de Louis XIV (1643-1656),
alors en pleine guerre avec l’Espagne (1635-1659). Cette période de révoltes
marque une brutale réaction face à la montée de l’autorité monarchique en
France commencée sous Henri IV et Louis XIII, renforcée par la fermeté de
Richelieu et qui connaît son apogée sous le règne de Louis XIV. Après la mort
de Richelieu en 1642, puis celle de Louis XIII en 1643, le pouvoir royal est
affaibli par l'organisation d'une période de régence, par une situation
financière et fiscale difficile due aux prélèvements nécessaires pour alimenter
la guerre de Trente Ans, ainsi que par l'esprit de revanche des grands du
royaume subjugués sous la poigne de Richelieu. Cette situation provoque une
conjonction de multiples oppositions aussi bien parlementaires, qu’aristocratiques
et populaires. L'historiographie a pris l'habitude de distinguer
plusieurs phases : la première correspond à l’opposition des cours souveraines
(fronde parlementaire, 1648-1649) ; la seconde à l’opposition des Grands
(fronde des princes, 1651-1653). À ce titre, elle peut être considérée comme la
dernière grande révolte nobiliaire du XVIIe siècle. La politique de rapprochement avec quelques anciens
frondeurs (Gondi, Beaufort, le marquis de Châteauneuf) menée par Mazarin se
fait contre la famille de Bourbon-Condé (Condé qui prétendait à prendre part au
gouvernement, Conti et leur beau-frère Longueville, époux de leur sœur). Ce
retournement ouvre une nouvelle phase d'agitation appelée Fronde des princes. L'arrestation
des princes de Condé et de Conti et de leur beau-frère le duc de Longueville
est un coup de théâtre (18 janvier 1650). Ils sont emprisonnés au château de
Vincennes. L'événement provoque le soulèvement de leurs clientèles et par
conséquent, celui de leurs provinces. Gaston d'Orléans rend publique sa rupture avec Mazarin le
2 février 1651. Les deux frondes s'unissent. Le Parlement réclame la liberté
des princes, ordonne aux maréchaux de n'obéir qu'à Monsieur, lieutenant-général
du royaume (Gaston d'Orléans) Au cours de la nuit du 6 au 7 février 1651, Mazarin
quittait le Palais-Royal, et après l'échec de sa tentative de conciliation avec
les princes, qu'il était allé lui-même libérer dans la citadelle du Havre, il
ne lui restait plus qu'Ă prendre le chemin de l'exil. Une modeste suite de
familiers, de domestiques et de bagages l'escortaient vers les frontières.
Fidèles parmi les fidèles, d'Artagnan et Besmaux
demeuraient à ses côtés. Avaient-ils vraiment le choix, puisque leur sort était
celui du cardinal ? En tout cas, les voici l'un et l'autre, au cours de ce
triste hiver de l'an 1651, émissaires du banni en quête d'une terre d'accueil. Dans
les premiers jours d'avril, Mazarin, qui se trouve Ă Aix-la-Chapelle, envoie
d'Artagnan à Bonn, auprès de Maximilien de Bavière archevêque-électeur de
Cologne, afin de lui demander «quelque chasteau» pour
sa retraite. Ambassadeur efficace, d'Artagnan pouvait être fier du succès de sa
mission. Quelques jours plus tard, en effet, Mazarin, accueilli comme un
prince, s'installait au château de Brühl, à deux lieues de Cologne. Il y
séjournera d'avril à novembre 1651, restant en relations avec la reine, avec
les ministres Hugues de Lionne, Le Tellier, Servien
et Colbert, ainsi qu'avec ses partisans restés en France, cela grâce à ses
messagers qui, bravant tous les dangers, faisaient la navette entre BrĂĽhl et
Paris D'Artagnan était un des messagers de Mazarin, lui qui
mourut au siège de Maëstricht en 1673 d'une balle dans la tête (cf. quatrain
précédent VI, 92) D'autres messagers : le rêve impérial déçu (?) L'uniformité du système autrichien ramenait
périodiquement les mêmes scènes. Comme chaque empereur faisait reconnaître de
son vivant un roi des Romains, les vacances de l'empire n'étaient que simulées,
et un redoutable ascendant maîtrisait toujours la diète électorale. Ferdinand
III ne manqua pas de faire pour son fils ce que Ferdinand II avait fait pour
lui. Le fugitif Mazarin, Ă peine revenu de son exil, ne put opposer qu'une
résistance mal concertée. M. de Vautorte arriva en
Allemagne pour être témoin de l'événement qu'il devait prévenir. Mais ce
triomphe eut peu de durée. Le nouveau roi des Romains mourut au bout de
quelques mois, et l'empereur s'efforça de reporter le choix des princes sur
Léopold, son second fils. Mazarin, plus aguerri, dépêcha MM. de Lombres et de Gravel vers ce nouveau champ d'intrigues,
suscita tant d'obstacles, et manœuvra si habilement, que Ferdinand mourut le a
avril 1637, sans avoir accompli son dessein, et laissant son fils Léopold, roi
de Bohême et de Hongrie, âgé de dix-sept ans, c'est-à dire
plus jeune de deux années que Louis XIV. Il y eut réellement alors une vacance
de l'empire, et la lutte entre les candidats devint plus égale. Le cardinal
Mazarin unissait à des vues hardies, des volontés faibles, et se livrait
d'autant plus à l'audace de son imagination, que ne s'avançant jamais que par
des routes obliques, il faisait facilement retraite devant les obstacles. Il
avait à choisir, dans la circonstance, ou la témérité de François Ier, ou la
prudence de Richelieu; mais son caractère, ennemi des moyens décisifs, aima
mieux onduler entre ces deux partis, masquer son but véritable, et s'y faire
pousser, en affectant de le fuir. Il se plut d'ailleurs Ă multiplier les fils
de sa trame, et il joignit d'abord Ă ses deux premiers agents, quatre autres
négociateurs, MM. Servien, Blondel, de Vagnée, et le prince de Hombourg. [...] On aurait tort de reprocher à la politique française les
moyens vils et tortueux qu'on a vu Mazarin mettre en œuvre dans cette
négociation. Cet étranger, régnant en maître absolu, et dédaignant les procédés
plus honorables de notre cabinet, introduisait dans toutes les affaires les
vices de son naturel, et un batelage italien dont il tirait vanité. Je crois
aussi qu'il ne serait pas juste d'apprécier les talents de ce ministre par ses
petitesses d'exécution, parce que ce n'est pas la grandeur des ressorts, mais
celle des résultats, qui constitue la gloire des hommes d'état, et qu'à cet égard
la supériorité de Mazarin, même sur son prédécesseur, est incontestable. Sans
quitter la matière qui nous occupe, ne le vit-on pas rendre les débris de sa
défaite plus utiles qu'un succès, et de cette couche de corruption dont il
avait jonché les cours d'Allemagne, faire sortir la ligue du Rhin? C'était
l'art de donner la vie aux clauses les plus habiles des traités de Westphalie,
et de mettre en action tout-à -la-fois l'indépendance des princes allemands, et
le droit de protection réservé à la France sur les libertés germaniques. Une
telle opération, conforme aux idées de paix et d'équilibre, valait mieux sans
doute que le projet perturbateur d'aller chercher au-delĂ du Rhin une couronne
éphémère, et de tenter un alliage de deux pouvoirs incompatibles, qui eût été
probablement aussi funeste à la France qu'à l'Allemagne. Les Bourbons, arrivés au pouvoir à la mort de Henri III, ne furent pas moins sensibles que les derniers
Valois aux miroitements de la couronne impériale. La possibilité de la candidature
d'Henri IV fut envisagée en 1600 face à celle possible de Philippe III, roi
d'Espagne. En 1631, circulait le bruit que Louis XIII était décidé à se faire
élire. L'éventualité pour les princes catholiques d'Allemagne de pousser une
candidature française face à celle, éventuelle, du roi de Suède Gustave-Adolphe
était à l'origine de cette fausse rumeur. Selon Zeller, «l'ambition impériale
paraît avoir sommeillé» sous Louis XIII. «Ni le souverain, un timide et un
paisible, ni son ministre, un grand réaliste, n'étaient hommes à la réveiller»
(Aspect de la politique française sous l'ancien régime, p. 79). Le Roi-Soleil ne fut non plus jamais
candidat officiel Ă l'Empire. Mazarin, en 1654 et en 1658, en avait cependant
avancé l'idée. Louis XIV lui-même y songea en 1662, avec le projet de devenir
membre du collège des électeurs par son accès au marquisat de Nomeny, lequel
faisait partie du Saint Empire. C'est à l'occasion de la candidature évoquée de
Louis XIV au trône impérial en 1658 que Mazarin mit sur pied à Paris une
véritable «campagne de presse» destinée à soutenir les prétentions du jeune roi
à la couronne fermée. Le Manifeste des Français aux Princes Électeurs, rédigé
en 1657 sous les ordres du cardinal, présenta Louis XIV comme le défenseur des
princes allemands face Ă l'ambition dominatrice de la maison d'Autriche. Le
Manifeste se répandait en flatteries en direction des princes électeurs afin de
les rallier au projet. La passion des Allemands pour la liberté et leur
hostilité à toute domination étrangère y étaient célébrées, ainsi que le rôle
éminent des princes-électeurs, contrepoids naturel aux velléités autoritaires
de l'empereur. Le manifeste s'en prenait violemment Ă la candidature de
Philippe IV, roi d'Espagne, qui, une fois élu, soumettrait l'Empire aux
intérêts de l'Espagne, étoufferait les libertés des princes allemands et
annexerait leur Etat à ses domaines patrimoniaux. Que les Allemands, qui sont indéfectiblement
attachés à la liberté et à l'indépendance, prennent garde de ne pas connaître
un jour le même sort que les indigènes d'Amérique, ou le destin tragique des
Pays-Bas ! L'élection du puissant roi roi français au trône impérial constituait l'unique gage du
rétablissement des prérogatives des princes et de la sauvegarde des «libertés
germaniques». Cependant les violences de la guerre de la ligue d'Augsbourg
enterrèrent tout projet de candidature. Louis XIV fut le dernier roi Ă
convoiter la dignité impériale. Après lui, on ne parle plus de candidature française
Ă l'Empire. Selon Jacques RidĂ©, «force est de constater qu'il s'est agi lĂ
d'aspirations et de rêves auxquels la réalité n'apporta jamais même un début de
réalisation : aucun roi de France ne parvint à ceindre la couronne impériale.
François Ier mis à part, les chances de nos rois furent toujours plus
théoriques que vraiment sérieuses» (L'image du Germain, t. 1, p. 83). Les
candidatures virtuelles à l'Empire reflétaient les prophéties impériales dans
les domaines politiques et diplomatiques. Les écrits prophétiques et les
panégyriques rédigés aux XVIe- XVIIe siècles témoignent que la perspective d'un
avènement du roi de France à l'Empire gardait toute sa fascination pour les
sujets du royaume, malgré ses faibles chances de voir le jour Typologie Cette typologie fait suite à celle du quatrain précédent
VI, 92 qui évoque le traité de Maëstricht. L'homme d'État le plus admiré par Mitterrand était
Mazarin, le cardinal du XVIIe siècle, précepteur puis Premier ministre de Louis
XIV. Il lui rendit d'ailleurs hommage dans le choix du prénom de sa fille
Mazarine Ce qui est le plus «mazarinien»
peut-être dans l'histoire de Mitterrand, c'est moins les procédures, ruses,
cabrioles, recours et ripostes au fond de l'adversité que l'altérité originelle
mise au service d'une cause ardemment servie. C'est l'art servie.
C'est l'art du «service» externe. Point n'est besoin d'être né français pour
faire prévaloir la France ; ni d'être né à gauche, et moins encore socialiste,
pour installer au pouvoir certaine forme de socialisme. Paix des Pyrénées pour
l'un; congrès d'Épinay pour l'autre. Et comme Jules, cardinal laïc, épigone
d'un plus altier prince de l'Église, invente les traités de Westphalie qui
dessinent pour près d'un siècle une
Europe française, François, républicain féru de religion, héritier revêche d'un
plus majestueux prince de l'État, modèle de touche en touche une France
européenne. Destin second, pour le fils de Siciliens serviteur des Bourbons,
comme pour le socialiste héritier des Valois ? Après tout, disait le cardinal -
à moins que ce ne fût le président de Jarnac ? -, «le pouvoir n'use que celui
qui ne l'a pas». [...] Interrogés en 1994 par une chaîne de télévision qui nous
demandait Ă quel personnage historique nous faisait penser Mitterrand, nous
fûmes au moins trois à répondre «Mazarin» |