Menaces sur Paris et Londres pendant l’affaire de Suez

Menaces sur Paris et Londres pendant l’affaire de Suez

 

VI, 43

 

1957

 

Long temps sera sans estre habitée,

Ou Signe & Marne autour vient arrouser :

De la Tamise & martiaux tentée,

Deceus les gardes en cuidant repousser.

 

"Signe & Marne" : Confluence de la Marne et de la Seine

 

Les anciennes Ă©ditions ont "Signe" et non "Seine" (Les Propheties de M. Michel Nostradamus, 1568 - books.google.com).

 

SEINE (LA), fleuve qui entre dans le département de l'Aube à Mussy-sur-Seine, arrose Bar-sur-Seine, Troyes, Méry, Romilly, Pont et Nogent, et entre dans le département de Seine-et-Marne en arrosant le territoire de Villiers-sur-Seine. Sequana, vers 50 av. J.-C. (Commentaires de César). Enxoava, 125-139 (Ptolémée). - Siguna, Segona, 493 (Grégoire de Tours), Sigona, 641 (Frédégaire). Geonvel, Geobonna, Secoannus (OEticus). Signe, 886 (D. Bouquet, Asser, év. de Shirburn). Secana, 1146 (ch. de Thibault, comte de Blois). Seinne, 1273 (cart. de l'abb. du Paraclet). Seingne, 1984 (arch. des Petits-Hôpitaux de Troyes). - Saigne, 1295 (cart. de l'abb. du Paraclet). Seigne, 1303 (ibid.). -Seine, 1321 (ibid.). - Seignie, 1323 (ibid.). - Flumen Sequanicum, 1618 (Papire Masson, p. 150). Seyne, Vielle-Seine, xvIII s° (carte de Cassini) (Théophile Boutiot, Dictionnaire topographique de la France, Tome 10, 1874 - books.google.com, Martin Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, Tome 8, 1752 - books.google.com).

 

886 est la date d'un siège de Paris par les Vikings.

 

L'emploi de certains termes dans les Centuries permettrait de donner une date événementielle au quatrain.

 

La Marne est une rivière française situĂ©e Ă  l'est du bassin parisien et longue de 514,26 km. Elle reprĂ©sente Ă  ce titre la plus grande rivière de France. C'est le principal affluent de la Seine : elle prend sa source sur le plateau de Langres, Ă  Balesmes-sur-Marne, sur la commune de Saints-Geosmes (Haute-Marne) et se jette dans la Seine entre Charenton-le-Pont et Alfortville (Val-de-Marne) dans le quartier de Conflans-l'ArchevĂŞque (fr.wikipedia.org - Marne (rivière)).

 

Seine et Tamise : Les Vikings

 

Au IX-Xe siècles, on voit les Vikings apparaître dans la Caspienne, la mer Noire, le Bosphore, la Méditerranée. On les voit remonter ou redescendre la Garonne, la Loire, la Seine, la Tamise, le Rhin, l'Escaut, l'Elbe, les fleuves russes (Gonzague de Reynold, La formation de l'Europe, Tome 6 : Le monde russe, 1950 - books.google.com).

 

Les Normands sont à Paris en 845, en 858, en 861, en 865; ils assiègent la ville en 886, etc. (Renée Doehaerd, Lucien Febvre, II. Au temps de Charlemagne et des normands. Ce qu'on vendait et comment on le vendait dans le Bassin parisien. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 2? année, N. 3, 1947 - www.persee.fr).

 

"tenter de" avec substantif ou verbe (Amédée Beaujean, Dictionnaire de la langue française, 1891 - books.google.com).

 

Les premières tentatives d'invasion des Vikings en Normandie ont commencé en 841; elles n'ont pas cessé durant des décennies jusqu'à 911, quand le roi de France Charles le simple signa avec le chef viking Rollon un traité, à saint-Clair-sur-Epte, lui attribuant le comté de Rouen (Pierre-Henri Billy, Dictionnaire des noms de lieux de la France, 2021 - books.google.com).

 

Les Danois organisent des expĂ©ditions dès la fin du VIIIe siècle; elles s'intensifient après la mort de Charlemagne (en 814). MorcelĂ©e en de multiples royaumes, l'Angleterre est particulièrement touchĂ©e : les fleuves Humber et Tamise sont des voies de pĂ©nĂ©tration pour les navires vikings. Entre 875 et 879, les Danois battent les souverains du nord-est de l'Angleterre et fondent le royaume viking de Danelaw («le pays sous la loi danoise») (Isabelle Bernier, L'histoire des Vikings et leur Ă©popĂ©e, 2022 - www.futura-sciences.com).

 

Londres redevient prospère, toujours grâce à son emplacement stratégique sur la Tamise, qui facilite les échanges commerciaux. Mais cette prospérité ne dure pas : entre 841 et 851, les Vikings envahissent Londres et la pillent (LONDRES 2016 Petit Futé - books.google.com).

 

Ils prennent également position à Thanet, île située dans l'estuaire de la Tamise (Joël Supéry, Les Vikings au cœur de nos régions, 2009 - books.google.com).

 

Pont de Charenton

 

En 845, quelle terrible nouvelle ! Ragnar Lodbrog, Ă  la tĂŞte de 120 drakkars dont les proues sont ornĂ©es de figures monstrueuses, arrive jusqu'Ă  Charenton, dont la population, encore peu nombreuse, se rĂ©fugie, terrifiĂ©e, dans la forĂŞt voisine, dès qu'elle a entendu le son funeste du cor qui annonce la mort et la dĂ©solation. Les Normands viennent de dĂ©vaster Paris et ses riches basiliques. Ils brĂ»lent le pont, dont le tablier et les pilotis sont en bois, et ses abords. Hincmar, archevĂŞque de Reims, nous apprend, dans les Annales de Saint-Bertin, que «les habitants Ă©tant dispersĂ©s de cĂ´tĂ© et d'autres, Ă  cause des courses des Normands, ne peuvent le refaire et Charles le Chauve ordonna qu'il fut refait par des ouvriers des provinces Ă©loignĂ©es chargĂ©es de construire des forteresses sur la Seine». On n'a pas eu le temps d'expĂ©rimenter complètement les nouveaux systèmes de fortification, en raison des incursions des «pirates danois», car en 861, les voilĂ  qui remontent la Marne, pillent, incendient tout ce qui leur rĂ©siste et, en particulier, l'abbaye Saint-Pierre-des-FossĂ©s, toute proche. Charles le Chauve traite avec eux, leur paie rançon sur rançon, mais fait fortifier le pont reconstruit, de deux grosses tours de bois. Afin de ne pas violer leur parole, les astucieux Normands traĂ®nent leurs bateaux sur les berges, mais ne rompent aucun des ponts ! Après avoir assiĂ©gĂ© Sens, ils repartent dĂ©finitivement, en utilisant la mĂŞme ruse, mais avec plus de difficultĂ©s car les barques plates sont lourdement chargĂ©es (Marie Geneviève Richard, L'Histoire oubliĂ©e de Charenton-Saint-Maurice, 1972 - books.google.com, fr.wikipedia.org - Siège de Paris (845)).

 

Les annales de saint Bertin, en 865, précisent que le pont de cette époque avait été construit par les habitants du lieu. Cette même année 865, les Normands le rompirent. Car, pendant toute la seconde moitié de ce sombre IXe siècle, les charentonnais subirent, à de multiples reprises, l'invasion d'un nouvel ennemi venu non par terre, comme ceux qui depuis les temps gaulois se dirigeaient, du sud ou du nord, vers le pont, mais par eau (Georges Poisson, Charenton-le-Pont: cinq mille ans d'histoire, 1982 - books.google.com).

 

"cuidant repousser"

 

En 845, une troupe venant directement du Danemark, entre dans la Seine avec cent vingt vaisseaux, arrive à Paris le 28 mars, veille de Pâques et y entre sans résistance car les habitants se sont enfuis. Tous les monastères aux environs sont également abandonnés. Celui de Saint-Germain est brûlé. Charles le Chauve, ne pouvant les repousser par la force leur donne 7000 livres d'argent pour prix de leur départ. D'autres raids vikings ont lieu en Poitou et dans la vallée de la Charente (fr.wikipedia.org - Raids vikings en France).

 

"martiaux" : le dieu Mars

 

Dans La Germanie de Tacite, rédigée au Ier siècle, au chapitre 1 de la partie 9, les Germains sacrifient des animaux aux dieux Hercule et Mars. Par interpretatio romana, Tacite aurait visiblement substitué le nom d'Hercule à Thor, et celui de Mars à Týr. On sait que les Romains intégraient les dieux indigènes dans leur panthéon, que Týr est associé à l'assemblée juridique du thing, et enfin que l'interpretatio romana proposait comme équivalent à Týr le dieu de la guerre romain Mars. Mars Thincsus serait Týr romanisé. Les mythes concernant Týr sont uniquement préservés dans des textes scandinaves tardifs, les Eddas, rédigés ou compilés aux alentours du XIIIe siècle, après la christianisation des derniers royaumes vikings (fr.wikipedia.org - Tyr).

 

Acrostiche : LODD

 

"lodd" : norvégien "destin" (no.wiktionary.org - lodd).

 

From Danish lod and Old Norse hlutr (senses 1-2) and Middle Low German lot (senses 3-6). (en.wiktionary.org - lodd).

 

Cf. Ragnar Lodbrog. Le surnom de Lodbrog viendrait de brog, bracca, et lod, hirsutus au sujet de ses vêtements (Philippe Le Bas, Suède et Norvège, L'Univers: histoire et description de tous les peuples, 1838 - books.google.com).

 

D'autres sont des chants guerriers. On y tĂ©moigne un grand mĂ©pris de la mort, & beaucoup d'empressement Ă  se rendre chez le Dieu Odin, pour y boire de la cervoise, ou bierre du pays. Telle est celle qu'on attribue au roi Regner appellĂ© Lodbrog, c'est-Ă -dire aux chausses velues :

 

...Nous nous sommes battus à coups d'epée; mais j'éprouve aujourd'hui que les hommes sont entrainés par le destin... (Nicolas Etienne Framery, Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières, Musique, Tome 1, 1791 - books.google.com).

 

Typologie

 

Le report de 1957 sur la date pivot 845 donne -267.

 

Vers l'an 270 avant J.-C., Ptolémée Philadelphe est encore obligé de faire recreuser le canal de Darius, qui tend de plus en plus à s'ensabler, et ce canal prend le nom de canal des Ptolémées. Indépendamment de cette amélioration, Ptolémée Philadelphe applique au canal de Nécos le système récemment inventé des euripes fermées (écluses rudimentaires), et le fait communiquer ainsi avec le golfe Héroopolite (lacs Amers), de sorte que le transit s'opère désormais sans transbordement. Mais Ptolémée n'a pas la plus grande confiance dans l'efficacité de ce double travail; car, prévoyant la nécessité de curages continuels pour conserver son canal en état de navigabilité, il crée une route de transit de Myos Ormos et de Bérénice sur la mer Rouge, à Coptos, sur le haut Nil. Et ses prévisions étaient justes, car deux siècles et demi plus tard, du temps de Cléopâtre, la communication est refermée entre l'ancien golfe Héroopolite et la mer Rouge (Olivier Ritt, Histoire de l'isthme de Suez, 1869 - books.google.com).

 

Selon une tradition rapportée dans la Lettre d'Aristée (IIe siècle av. J.-C.), la traduction de la Torah aurait été réalisée par 72 (septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., à la demande de Ptolémée II, d'où le nom de Septante. Selon Philon d'Alexandrie, ces 72 érudits auraient traduit séparément l'intégralité du texte mais, au moment de comparer leurs travaux, auraient constaté avec émerveillement que les 72 traductions étaient toutes identiques (fr.wikipedia.org - Septante).

 

En 858, depuis la base de Thanet situé sur la Tamise, Björn prépare une expédition qui restera à jamais gravée dans l'Histoire européenne. Celle-ci allait durer trois années et toucher l'Espagne, le Maroc, la Vallée du Rhône, l'Italie et la Grèce, c'est-à-dire Constantinople, et peut-être l'Égypte. Cette expédition défie l'entendement (Joël Supéry, Les Vikings au cœur de nos régions, 2009 - books.google.com, Neil Price, Les Enfants du frêne et de l'orme: Une histoire des Vikings, 2022 - books.google.com).

 

La crise de Suez

 

Comme le fait remarquer Pierre Brind’Amour, « Nostradamus reprĂ©sente peut-ĂŞtre comme une rĂ©alitĂ©, ce qui ne fut, deux ou trois fois, qu’une menace [1] ». En effet, lors de l’affaire de Suez, qui rĂ©vèle la faiblesse de la France et de l’Angleterre au sortir de la seconde guerre mondiale, l’URSS menaça les deux pays d’envoi de missiles sur leurs capitales. Le 5 novembre « Boulganine envoyait une note comminatoire Ă  Eden, Ă  Mollet et Ă  Ben Gourion, disant que l’URSS Ă©tait prĂŞte Ă  utiliser toutes les formes modernes de destructions s’il n’était pas mis fin Ă  l’expĂ©dition [2] Â». La France et l’Angleterre sont obligĂ©es de retirer leurs troupes alors qu’à Port SaĂŻd, elles avaient cru Ă  la rĂ©dition de la garnison Ă©gyptienne (« Deceus les gardes en cuidant repousser Â», « Deceus Â» pour déçus, « cuidant Â» de « cuider Â», faillir [3]).

 

L’expédition de Suez avait été provoqué par la nationalisation, le 26 juillet 1956, du canal par l’égyptien Nasser qui ripostait à un refus de financement du barrage d’Assouan par les anglo-américains. Des opérations conjointes entre Israël, la France et l’Angleterre sont fixées. Israël attaque l’Egypte le 29 octobre en invoquant la légitime défense. L’ultimatum franco-britannique ayant été rejeté par Nasser, des troupes sont parachutées sur le canal, rejointes par une force navale.

 



[1] Pierre Brind’Amour, « Les premières centuries Â», Droz, 1996, p. 149

[2] Marc Ferro, « Suez Â», Editions complexes, 1982, p. 50

[3] Georges Gougenheim, « Grammaire de la langue française du seizième siècle Â», Picard, 1984, p. 136

nostradamus-centuries@laposte.net