Aristophane, Bellérophon et Chio VIII, 13 2039-2040 Le croisé frère par amour effrenée, Fera par Praytus Bellerophon mourir, Classe à Milan la femme forcenée, Beu le breuvage, tous deux après périr. "Milan" Dans l’île de Chio, le promontoire de Cara-bouroun (Melaena) a sans doute reçu ce nom
depuis l'antiquité des laves noires et épaisses qui sont épanchées sur ses
flancs et qui recouvrent ses bases (Gazette
médicale d'Orient, Volume 20, 1876 - books.google.fr). Chio et les poisons Strabon parle des habitants de Chio, des Ibériens et des Colchidiens,
comme de très-habiles empoisonneurs. Les Grecs leur (condamnés) bailloyent le breuuage de Cygue, qui est la
plus douce poison : encores ceux de Chio y melloyent de l'eau pour oster
l'acerbité, comme dit Theophraste (Jean
Bodin, Les Six livres de la Republique de Iean Bodin Angevin. Ensemble vne
Apologie de René Herpin, 1591 - books.google.fr). Théophraste est presque le seul qui nous ait transmis
quelques détails, que tous les écrivains ont servilement copiés depuis. Il
rapporte que les habitans de Chio empoisonnaient promptement avec du
"kôneion" broyé; mais que de son temps on ne voulait plus le préparer
de cette manière, qu'on l'écrasait dans un mortier, et qu'on passait le suc
dans un tamis très-fin, en y ajoutant de l'eau. Il parle aussi, dans le même
chapitre, d'un certain Thrasyas de Mantinée, qui se vantait de donner la mort
sans douleur avec le suc de "kĂ´neion", de pavot, et d'autres choses semblables,
et cela en l'administrant seulement à la dose d'une drachme, sans qu'il fût
possible de rappeler à la vie par aucun remède. Alexias, disciple de cet habile
empoisonneur, imita ses procédés, et ne lui céda en rien dans son art
pharmaceutique: Strabon dit aussi que les habitans de l'Espagne, Ă l'imitation
de ceux de Chio, préparaient un poison avec une herbe apio petroselino simili.
Dans des temps postérieurs à ceux-ci, Valère-Maxime écrivait, en parlant de la
cité de Marseille, qu'on conservait publiquement dans cette ville une substance
vénéneuse faite avec la ciguë, et qu'on l'accordait à ceux qui demandaient au
sénat la permission de mourir; en l'appuyant de motifs puissans et de raisons
solides (Dictionaire
des sciences médicales, Tome 5, 1813 - books.google.fr). Le térébinthe croît spontanément en Orient, dans les îles
de l'Archipel. Il est commun en Provence, dans les lieux pierreux et incultes.
Propriétés et usages. En pratiquant au tronc de cet arbrisseau des incisions
plus ou moins profondes, il s'en écoule un suc résineux, très-épais, d'une
couleur jaunâtre, d'une odeur suave, qui rappelle celle du citron ou du
fenouil, et d'une saveur agréable et nullement âcre. C'est la térébenthine de
Chio, ainsi nommée parce que c'est surtout dans cette ile que l'on en fait la
récolte. Elle est assez rare dans le commerce et fréquemment
sophistiquée avec la térébenthine du pin ou du mélèze, dont elle possède toutes
les propriétés. Voyez pour ses usages l'article Pin maritime, où nous avons
expos éles propriétés médicales de la térébenthine retirée de ce bel arbre (Achille
Richard, Botanique médicale ou Histoire naturelle et médicale des médicaments,
des poisons et des alimens tirés du regne végétal, Tome 2, 1823 -
books.google.fr). Pour Thucydide, l'histoire de Chios comprend deux parties
clairement distinctes : la période de l'alliance athénienne, où une politique
stable et modérée assure à l'île une prospérité enviable, et la période,
beaucoup plus malheureuse, de l'alliance avec Sparte. L'erreur d'appréciation
commise par les dirigeants de l'île entraîne l'occupation de Delphinion et la
ruine du pays, laquelle inaugure, avec les brutalités de Pédaritos (-412/1), la
période des guerres civiles. [...] Pendant l'hiver 413/2, des représentants de l'île,
agissant de concert avec des gens d'Érythrées, négocient à Sparte dans le plus
grand secret un renversement des alliances. La situation géographique de l'île,
l'importance de sa flotte et l'Ă©tendue des ressources dont elle dispose
allaient paraître aux Péloponnésiens des arguments suffisants pour accepter de
lui donner la priorité. Mais ce n'est que dans le courant de l'été de 412,
lorsque la flotte péloponnésienne arriva dans ses parages, que Chios entra
ouvertement en rébellion. [...] Entre 416/5 et 405, la flotte péloponnésienne fut
constamment présente en mer Egée. Thucydide nous apprend encore que la flotte
péloponnésienne dirigée par Mindaros s'est ravitaillée à Chios vers la fin de
l'été 411, et qu'elle compte toujours des navires de Chios (Marcel
PiĂ©rart, Chios entre Athènes et Sparte. La contribution des exilĂ©s de Chios Ă
l'effort de guerre lacédémonien pendant la Guerre du Péloponnèse. IG V 1, 1 +
(SEG XXXIX 370). In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 119, 1995 -
www.persee.fr). L’art d’Euripide EURIPIDE. Alors, dès les premiers vers, nul ne restait
inactif ; mais tout le monde parlait dans ma pièce, femme, esclave ou maître,
jeune fille ou vieille. ESCHYLE. Ne méritais-tu pas la mort pour cette audace ? EURIPIDE. Non, par Apollon ! Je faisais une œuvre
démocratique. DIONYSOS. Laissons cela de côté, mon cher ; car la
discussion sur ce point ne serait pas pour toi une très belle affaire. EURIPIDE. De plus j'ai appris à ces gens-ci à parler. ESCHYLE. J'en conviens, mais avant de le leur apprendre,
que n'as-tu craqué par le milieu ! EURIPIDE. Et puis la mise en œuvre des règles subtiles,
les coins et recoins des mots, réfléchir, voir, comprendre, ruser, aimer,
intriguer, soupçonner le mal, songer à tout. ESCHYLE. J'en conviens. EURIPIDE. Introduisant sur la scène la vie intime, nos
habitudes quotidiennes, de manière à provoquer la critique : car chacun s'y
connaissant pouvait critiquer mon procédé. Mais je ne faisais pas un fracas capable
de troubler la raison, je ne les frappais point d'Ă©tonnement avec des Cycnos et
des Memnons guindés sur des chevaux dont les harnais résonnent. Tu vas
connaître quels sont ses disciples et les miens. A lui Phormisios, Mégaenétos
de Magnésie, hérissés de trompettes, de lances et de barbes, dont les sarcasmes
plient les pins ; à moi Clitophon et le gracieux Thèramène. DIONYSOS. Théramène,
cet homme habile et prêt à tout, qui, tombant dans quelque méchante affaire, et
voyant l'imminence, se tire de peine, en disant qu'il n'est pas de Chios, mais
de CĂ©os ? EURIPIDE. VoilĂ comment je suis parvenu Ă leur former le
jugement, en introduisant dans mon art le raisonnement et la réflexion ; de
sorte que maintenant ils comprennent et pénètrent tout, gouvernent mieux leur
maison qu'autrefois, en se disant : «Où en est cette affaire ? Qu'est devenu
ceci ? Qui a pris cela ?» DIONYSOS. Oui ! de par les dieux
! Aujourd'hui tout Athénien rentrant chez lui crie à ses serviteurs et
s'informe : «Où est la marmite ? Qui a mangé la tête de l'anchois ? Le plat que
j'ai acheté l'an dernier n'existe plus. Où est l'ail d'hier ? Qui a mangé les
olives?» Auparavant, c'étaient des sots, bouche béante, plantés là , comme des
Mammacythes et des Mélitides. LE CHŒUR. «Tu vois cela, brillant Achille !» Et toi,
voyons, que vas-tu répondre ? Seulement, que la passion ne t'emporte pas au
delà des oliviers : car son attaque a été vive. Mais, ô mon brave, ne riposte
pas avec colère ; cargue tes voiles et ne fais usage que de leur extrémité ;
puis avance doucement, doucement, et veille Ă ne prendre le vent que quand tu
le sentiras doux et régulier. Alors toi, qui, le premier des Hellènes, as
crénelé les hauteurs du langage, relevé les jeux de la tragédie, déchaîne sans
peur le torrent. ESCHYLE. Je suis irrité de cette rencontre ; mes
entrailles s'indignent d'avoir à contredire cet homme ; mais qu'il ne prétende
point m'avoir jeté dans l'embarras. Réponds-moi, qu'est-ce qui rend un poète digne
d'admiration ? EURIPIDE. L'adresse et la justesse, avec laquelle nous
rendons les hommes meilleurs dans les cités. ESCHYLE. Si donc tu ne l'as point fait, mais si de bons
et généreux tu les as rendus tout à fait pervers, de quoi, dis-le-moi, es-tu
passible ? DIONYSOS. De la mort : ne le demande pas. ESCHYLE. Vois donc quels hommes il a, tout d'abord, reçus
de mes mains : généreux, hauts de quatre coudées, ne se dérobant point aux
charges publiques, ni flâneurs, ni bouffons, comme aujourd'hui, ni toujours
prĂŞts au mal, mais respirant lances et javelots, casques aux blanches
aigrettes, armets, bottines, boucliers à sept cuirs de bœuf. EURIPIDE. Voilà qui va mal : il m'assommera avec ses
casques. Mais comment fais-tu pour leur enseigner la bravoure ? DIONYSOS. RĂ©ponds, Eschyle, et ne donne pas l'essor Ă ta
jactance farouche. ESCHYLE. En faisant un drame rempli d'Arès. DIONYSOS. Lequel ? ESCHYLE. Les Sept
devant Thèbes. Tous les spectateurs souhaitaient d'être hommes de guerre. DIONYSOS. En cela tu as mal fait : tu as rendu les
Thébains plus ardents au combat. Aussi mérites-tu d'être frappé. ESCHYLE. Il ne tenait qu'à vous de vous exercer ; mais
vous ne vous êtes point tournés de ce côté. Depuis, en faisant représenter les
Perses, je vous ai appris à désirer vaincre toujours les ennemis; et j'ai
produit un chef-d'Ĺ“uvre admirable. DIONYSOS. Moi, j'Ă©prouvai une grande joie, en apprenant
la mort de Darius, lorsque le chœur, battant des mains, s'écria "Iau ! Iau
!" ESCHYLE. Voilà les sujets où les poètes doivent
s'exercer. Remarquez, en effet, dès l'origine, combien les poètes de génie ont
été utiles. Orphée a enseigné les mystères et l'horreur du meurtre; Musée, les remèdes
des maladies et les oracles; HĂ©siode, l'agriculture, la saison des fruits, les
labours; et le divin Homère, d'où lui est venu tant d'honneur et de gloire, si
ce n'est d'avoir enseigné, mieux que personne, la tactique, les vertus et les
armures des guerriers ? DIONYSOS. Il n'a pourtant rien appris Ă ce grand niais de
Pantaclés : en effet, tout récemment, faisant partie d'une pompe, il avait
attaché son casque à sa tête, oubliant d'y adapter l'aigrette. ESCHYLE. Mais il a formé un grand nombre d'autres héros,
parmi lesquels est le vaillant Lamaque. Ma muse, tout imprégnée de lui, a
célébré les vertus héroïques des Patrocles, des Teucros au cœur de lion, afin
d'entraîner chaque citoyen à s'égaler à eux, dès qu'il entend la trompette.
Mais, de par Zeus! je ne mettais point en scène des
Phèdres impudiques, ni des Sthénébées, et je ne sache point avoir jamais créé
le personnage d'une femme amoureuse. EURIPIDE. Non, de par Zeus ! car
Aphrodite n'Ă©tait rien pour toi. ESCHYLE. Et qu'il en soit toujours ainsi ! Mais qu'elle
règne sans cesse attachée à toi et aux tiens ! Car elle a fini par te perdre
toi-mĂŞme. DIONYSOS. De par Zeus ! c'est
tout Ă fait cela. Les crimes que tu imputais aux femmes des autres, tu en as
été toi-même frappé. EURIPIDE. Eh ! malheureux ! Quel tort mes Sthénébées font-elles à l'État ? ESCHYLE. Que tu as
poussé des femmes honnêtes, épouses d'honnêtes citoyens, à boire la ciguë,
prises de honte en face de tes Bellérophons. EURIPIDE. Est-ce
que j'ai mis en œuvre une fausse légende relative à Phèdre ? ESCHYLE. Non, elle
est réelle. Mais le poète doit jeter un voile sur le mal, ne pas le produire au
jour, ni sur la scène. Ce qu'est le maître pour l'éducation de l'enfance, le
poète l'est pour l'âge viril. Nous ne devons rien dire que d'absolument bien
(Aristophane,
Les grenouilles, -406 - remacle.org, fr.wikipedia.org -
Théramène). Ainsi que l'avait dit Éaque, on prend une balance pour
peser, un Ă un, les vers des deux adversaires, et voici ce qui arrive :
c'est toujours le vers d'Eschyle qui l'emporte; c'est toujours le plateau
d'Euripide qui remonte. A la fin, Eschyle s'écrie avec orgueil : «Qu'il mette
dans la balance, non plus un de ses vers, mais toutes ses pièces, et lui-même,
et ses enfants, et sa femme, et CĂ©phisophon ! A tout cela j'opposerai deux
de mes vers!» Euripide est vaincu, quoique Bacchus hésite à se prononcer. Bacchus,
c'est le public athénien, qui aime les deux poëtes pour des raisons diverses, qui
va de l'un à l'autre, et qui, en fin de compte, les préfère tous les deux :
ce qui est probablement, dans l'idée d'Aristophane, une critique de ce public. Cependant
Bacchus finit par choisir Eschyle, qui s'en retourne avec lui sur la terre, et
laisse, pendant son absence, le sceptre tragique Ă Sophocle. Euripide est donc
détrôné. Il reproche à Dionysos d'avoir trompé son espérance; Dionysos renvoie
au poëte subtil une de ses propres maximes. «La langue a jure, mais non pas l'âme!»
avait dit Hippolyte. «La langue a juré, mais... je choisis Eschyle!» répond
Dionysos. Euripide est puni par où il a péché : par les maximes ambiguës.
Eschyle part avec Bacchus. Pluton lui donne ses commissions, qui sont une série
d'épigrammes à l'adresse des Athéniens (Emile
Deschanel, Etude sur Aristophane, 1867 - books.google.fr). Sthénébée signifie en grec "force du troupeau"
d'où "forcenée" (Paul
Hecquet-Boucrand, Dictionnaire Ă©tymologique des noms propres d'hommes, 1868 -
books.google.fr). Chios signifie aussi «qui est de Chio», et Côos «qui est
de Cos» ; par plaisanterie Aristophane remplace ce dernier par Céios «qui est
de Céos», île où naquit Théramène. [...] Sthénébée, femme du roi d'Argos, avait
accusé Bellérophon de lui avoir fait violence ; convaincue de mensonge elle
s'empoisonna (Comédies
d'Aristophane, Les Oiseaux. Lysistrata. Les Thesmophories. Les Grenouilles.
L'Assemblée des femmes. Ploutos, 1963 - books.google.fr). Bellérophon, frère
de Bellérus Bellérophon, fils de Glaucus, roi de Corinthe et
d'Eurymède, fille de Sisyphe, fut vainqueur de la Chimère, et fut placé après
sa mort au nombre des constellations. Nommé
d'abord Hipponoüs, parce qu'il avait enseigné aux hommes à gouverner les
chevaux, au moyen de la bride, le meurtre involontaire de Bellérus, son frère,
qu'il tua à la chasse, lui fit donner le nom de Bellérophon, du nom de son
frère et du mot grec phoneus (meurtrier). Obligé de s'expatrier après ce
meurtre, Bellérophon se retira à la cour de Praetus, roi d'Argos, où Sthénobée,
femme de ce roi, ne pouvant triompher de sa vertu, l'accusa auprès de son mari
d'avoir voulu attenter Ă son honneur. Praetus ne voulut pas violer les lois de
l'hospitalité en faisant périr Bellérophon, mais il l'envoya en Asie à Jobatès,
son beau-père, roi de Lycie, après lui avoir remis de prétendues lettres de
recommandation, dans lesquelles il priait son beau-père de venger son injure.
Jobatès ne voulut pas souiller ses mains du sang d'un homme qu'il considérait
comme son hôte, mais il lui ordonna de combattre la Chimère. C'était un monstre
affreux, qui avait la tête d'un lion, le corps d'une chèvre et la queue d'un
serpent; sa gueule vomissait des torrents de flammes et de fumée. Bellérophon,
monté sur le cheval Pégase, que Minerve, sa protectrice, lui amena, sortit
vainqueur du combat contre la Chimère, et Jobatès, qui reconnut son innocence,
lui donna sa fille Philonoé en mariage. La défaite de la Chimère et plusieurs
victoires remportées par Bellérophon sur les peuples alors barbares de
l'Asie-Mineure l'ont fait placer au rang des astres après sa mort (Dictionnaire
de la conversation et de la lecture, Tome 5 : Bat-Bes, 1838 - books.google.fr,
M.
Fréret, Observations sur le temps auquel a vécu Bellerophon, Memoires de
literature tiréz des registres de l'Academie Royale des inscriptions et belles
lettres ... Tome premier -quatre-vingtieme-premier: Depuis 1726. jusqu'en 1730,
Volumes 6 Ă 28, 1736 - books.google.fr). Mort de
Bellérophon Au sommet de sa gloire, il entreprit de voler vers
l’Olympe grâce à Pégase, s'estimant digne de séjourner avec les dieux. Mais
Zeus, furieux, envoya un taon qui piqua Pégase sous la queue. Bellérophon tomba
dans un buisson d'épines, devint aveugle et erra sur la terre jusqu’à sa mort
après avoir vu son fils Isandros tué par les Solymes, et sa fille Laodamie, qui
meurt par la volonté d’Artémis, de maladie soudaine et inconnue (fr.wikipedia.org -
Bellérophon). Bellérophon meurt non par effet du poison, comme
Sthénébée, mais après l'histoire de la fausse séduction. "amour effréné" La Sthénébée d'Euripide est expressément assimilée par
Aristophane dans ses Grenouilles (v.
1043) à la Phèdre du Premier Hippolyte
et qualifiée du même terme injurieux, "pornè". [...] Ce terme serait en effet, non seulement déplacé, mais
ridicule, s'il s'appliquait à la Phèdre du Second
Hippolyte, qui aime mieux mourir que d'avouer sa passion. Il convient, au
contraire, si l'on tient compte du ton de la comĂ©die et de son parti pris, Ă
une femme qui allait d'elle-mĂŞme chercher Hippolyte et s'offrir Ă lui. Ainsi se
trouve défini, aussi exactement que possible, ce qu'on pourrait appeler le
scandale du Premier Hippolyte, et par
conséquent le motif qui décida l'auteur à remanier sa pièce. Ce n'était pas la
simple représentation d'un amour coupable. On avait vu, sur la scène grecque,
bien des amours de ce genre, et le public n'en avait pas été scandalisé Il ne
l'avait pas été, une trentaine d'années auparavant, d'entendre la Clytemnestre
d'Eschyle, dans l'Agamemnon, comparer Égisthe à la flamme tutélaire de son
foyer. Il admettait la passion, même insolente et effrénée. Mais ce qui lui
paraissait contraire à la décence publique, c'était ce que Phèdre avait fait en
venant la première déclarer ouvertement son amour à Hippolyte et chercher à le
séduire sur la scène (Maurice
Croiset, Sur la chronologie d'Euripide, Revue de philologie, de littérature et
d'histoire anciennes, 1910 - books.google.fr). "effréné" : frein La passion effrénée
est comme un cheval rétif que le conducteur ne peut plus maitriser (Migration
d'Abraham 62) (Philon
d'Alexandrie, Oeuvres, Volume 15, 1966 - books.google.fr) . Pindare nous apprend comment le cheval Pégase fut dompté
par le héros corinthien Bellérophon : «Bellérophon brûlait du désir de
dompter Pégase qui devait le jour à l'une des Gorgones aux cheveux hérissés de
serpents ; mais ses efforts furent inutiles jusqu'au moment oĂą la chaste
Pallas lui apporta un frein enrichi de rênes d'or. Réveillé en sursaut d'un
sommeil profond, il la voit apparaître à ses yeux et l'entend prononcer ces
paroles : «Tu dors, roi descendant d'Eole ! Prends ce philtre, seul
capable de rendre les coursiers dociles; après l'avoir offert à Neptune, ton
aïeul, immole un superbe taureau à ce dieu habile à dompter les coursiers.» La
déesse à la noire égide ne lui en dit pas davantage au milieu du silence de la
nuit. Bellérophon se lève aussitôt, et,
saisissant le frein merveilleux, le porte au fils de Ceraunus, le devin de ces
contrées. Il lui raconte la vision qu'il a eue ; comment, docile à ses
oracles, il s'est endormi pendant la nuit sur l'autel de la déesse, et comment
la déesse lui a donné elle-même ce frein d'or sous lequel doit plier Pégase.
Le devin lui ordonne de sacrifier sans retard après ce songe, d'élever un autel
à Minerve Équestre, et d'immoler un taureau à Neptune. C'est ainsi que la
puissance des dieux rend facile ce que les mortels jureraient ĂŞtre impossible
et désespéreraient même d'exécuter jamais. Tressaillant d'allégresse,
l'intrépide Bellérophon saisit le cheval ailé ; tel qu'un breuvage calmant, le
frein dont il presse sa bouche modère sa fougue impétueuse; alors, s'élançant
sur son dos, Bellérophon, revêtu de ses armes, le dresse au combat en se
jouant, et bientôt se transporte avec lui dans le vide des airs.» (René
Ménard, La mythologie dans l'art ancien et moderne, 1878 - books.google.fr). Cf. quatrain V, 62 - Le secret des secrets - 1897-1898, où apparaissent Pégase et l’île de Meliora, lieu d’une bataille navale en 1241 (cf. encore quatrains VIII, 11 et 12). "croisé" Le grec "chiazô" veut dire croiser, disposer en
croix tandis que "chiazĂ´" avec i long signifie ĂŞtre partisan des habitants de Chio (Charles
Alexandre, Dictionnaire grec-français, 1878 - books.google.fr). Bellérophon et
Chio TRYGÉE. Je mettrai
tout mon savoir faire Ă parer un tel malheur! Vous, mes enfans;
réjouissez-vous. Souvenez-vous au reste que c'est pour votre intérêt que
j'entreprends ce voyage. Ainsi ne laissez exhaler aucune odeur analogue au goût
de cet animal volant, de crainte que ce parfum ne le fasse dévier de la course,
& ne soit cause que je me rompe le col. Allons, courage, PĂ©gase tout
gentil. En avant, en avant, d'un coeur gai, d'une aile légère. Que tes oreilles
se dressent & soient attentives au moindre bruit du frein doré qui te
dirige. Que fais-tu ? que fais-tu donc ? tu rabaisses ton vol vers les réduits mal odorans. Songe,
songe Ă perdre la terre de vue, & Ă parvenir, en droite ligne & Ă tire
d'aile, à la Cour céleste. Accoutume ton odorat à des parfums d'un nouveau
genre; oublie ta pâture vile & journalière. Mais, Dieux ! qu'apperçois-je là -bas ? un homme
qui sort de la maison des courtisanes du Pirée, & qui s'apprête à se
soulager dans le port. Je suis perdu,
c'est fait de moi, si mon Escarbot en a le moindre Ă©vent. Libertin insecte,
veux-tu bien au plutĂ´t couvrir cela de terre, & jetter par-dessus force
perfil & force essence ? Ne vois-tu pas Ă quoi tu nous exposes tous ?
Si je viens à périr en trébuchant, par ta fauce, du haut du Ciel, la ville de
Chio sera infailliblement condamnée à une amende de cinq talens. Foin de moi! je commence à craindre pour mon existence. Ceci n'est plus
une plaisanterie. O grand Bellérophon! souffle-moi ton
courage. La terreur commence Ă Ă©mouvoir mes entrailles; si tu ne viens Ă
mon aide, je vais faire une sottise qui ne sera du goût de personne, excepté de
mon Escarbot. Ah ! bon ! me
voici arrivé au séjour des Dieux ; & si je ne me trompe, j'apperçois
le brillant palais de leur Roi. Qui donc est aujourd'hui de garde Ă la porte de
Jupiter que tarde-t-on à me l'ouvrir ? Il y a au grec Urbs chiorum; ce que Palmerius interprère
Urbs cacantium; ainsi c'est d'Athènes même & non de Chio que le Poète veut
parler. Les Athéniens étoient gourmands & grands mangeurs & par une
conséquence trèslogique, le Poète les taxe d'aller souvent où chacun va tout
seul. Cette raillerie se présente fréquemment dans les Comédies (Aristophane,
OEuvres, Tome 4 : Les Akharniens. La paix. Vie de MĂ©nandre. Fragmens de
Ménandre. Notice des fragmens de Philémon, avec les fragmens de Ménandre et de
Philémon, Louis Poinsinet de Sivry, 1790 - books.google.fr). Suivant le scoliaste il y a là une double allusion,
d'abord aux moeurs dissolues des habitants de Chio, désignés comme
"euruproktoi" (proverbe "Chios apopatĂ´n" - Chius alvum
egerens - on traitait en Grèce les Chiotes de laticuli, et inde semper ad alvum
egerendam parati), ensuite à la facilité avec laquelle les Athéniens les
condamnaient Ă l'amende (Jacques
Denis, Comédies de Aristophane, traduites par Charles Zévort, 1889 -
books.google.fr). Il faut noter la citation du Bellérophon d'Euripide appliquée au scarabée par Aristophane dans
sa comédie La Paix : «Soumis au
char de Zeus, il porte les éclairs.» L'insecte est ici comparé à Pégase,
créature aérienne aussi prestigieuse que l'aigle, et c'est le cas à trois
autres reprises (v. 76, 135 et 154). Certes, l'intention est comique, mais il
faut s'interroger davantage sur le «personnage» du scarabée dans La Paix. [...]
L'insecte représente en premier lieu le parti de la guerre, parce qu'il est le
symbole des guerriers. Il était facile, de par la nature du scarabée, insecte
coprophage et lié à l'anus, de ridiculiser ces derniers : c'est ce
qu'avaient dĂ» faire les prĂŞtres, et c'est ce que fait ici Aristophane de toutes
les manières possibles, à grand renfort de plaisanteries scatologiques et
obscènes. Mais la signification de celles-ci n'est peut-être pas univoque :
certes, Aristophane moque le scarabée ; pour autant, il n'oublie pas le
caractère divin qui permet à l'insecte peut-être anciennement voué à Zeus - de
s'élever jusqu'à l'Olympe. [...] À deux reprises, dans La
Paix, le scarabée est mis en rapport avec l'homosexualité. Ceci rappelle
l'épigramme du poète gaulois Ausone À Pythagore, sur Marcus : Pythagore, fils
d'Euphorbe, toi qui renouvelles les germes des choses et assignes Ă de nouveaux
corps les âmes revenues sur terre, dis-nous : que sera Marcus
, dont le destin final vient juste de s'accomplir, s'il reprend le
souffle de la vie ? - Quel Marcus ? - Un matou qu'on
disait pollueur de garçons et corrupteur de toute la jeunesse mâle, qui
retournait Vénus pour la besogner par derrière : c'était le “pédéraste
perforateur" du satirique Lucilius. - Il ne sera
taureau ni mulet, pas davantage chameau, ni bouc, ni bélier : mais il sera un
scarabée. La «chute» d'une épigramme, en bonne règle, doit être un
trait d'esprit, Ă la fois subtil et allusif, mais toutefois bien
compréhensible. Que pouvait donc évoquer, pour ses lecteurs, le scarabée
d'Ausone ? Une indication est fournie par un texte de Columelle, oĂą il est
question de «l'espèce obscène des scarabées». Une autre indication était
peut-être donnée par Épicharme, dans le passage où il indique que les pygmées
avaient pour général un scarabée : le mot grec pugê désigne le cul, et le
verbe pugizein, terme grossier et rarement
employé par les auteurs, signifie précisément «enculer». On voit donc que le
scarabĂ©e, au moins depuis Épicharme, avait des connotations obscènes, liĂ©es Ă
la sodomie. Comment a-t-on pu concilier le scarabée solaire, emblème
prestigieux des guerriers, avec une créature obscène et dégoûtante ? La
réponse pourrait se trouver dans le «péché de chair» des guerriers, objet de
sarcasme et de répression, de la part des prêtres, pendant des millénaires (Yves
Cambefort, Le scarabée et les dieux: essai sur la signification symbolique et
mythique des Coléoptères, 1994 - books.google.fr). Polueidos, dont le père s'appelle Koiranos, textuellement
«le chef», en un sens militaire du terme, préside aussi à des initiations
guerrières et cynégétiques : c'est lui qui indiqua à Bellérophôn comment
conquérir le cheval Pégasos pour aller combattre la Chèvre léonine et
ophidienne de Lycie, la Khimaira. Ainsi, Polueidos est le maître des
initiations, en Crète pour Glaukos, à Corinthe pour Bellérophon. Et ceci
suggère quelle est la nature réelle du Prosumnos / Polumnos de Lerne : ce
personnage obscur n'a que deux fonctions, il «renseigne» Dionysos sur un chemin
(mais quel chemin ! une kathodos, une entrée aux Mystères !), tout comme
Polueidos «indique» à Bellérophon qu'il doit se rendre à une source pour y
saisir le cheval merveilleux ; et il demande, en contrepartie, Ă avoir des
relations sexuelles avec le dieu, de mĂŞme que Polueidos crache dans la bouche
de Glaukos. Dès lors, il est clair qu'antérieurement à une rationalisation
simpliste d'époque hellénistique, Polumnos/Prosumnos n'était rien de moins que
le maître et l'éducateur de Dionysos (Bernard
Sergent, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens, 1996 -
books.google.fr). Entre l'Ă©vocation
des filles de Proetos et celles de Minyas, Elien glisse : «j'ai entendu dire aussi que cet aiguillon bacchique avait piqué les
Lacédémoniennes, et encore les femmes de Chios». Quand on sait que les
mythes des Proétides et des Minyades sont concernés par un
"sparagmos", on en déduira que les femmes de Chios étaient également
les héroïnes d'un mythe bacchique, peut-être en relation avec les dionysies
locales (Pierre
Bonnechere, Le sacrifice humain en Grèce ancienne, 2013 - books.google.fr). Dans Les Bacchantes
d'Euripide le rite dionysiaque atteint son paroxysme avec le sparagmos et
l'omophagia, autrement dit le fait de mettre des animaux en pièces et de
dévorer leur chair crue, encore chaude de sang (Jan
Kott, Manger les dieux, Cahiers Renaud Barrault, Numéros 79 à 85, 1972 -
books.google.fr). Chimère La Chimère : ce monstre à tête de lion, corps de
chèvre et queue de serpent n'appartient pas au bestiaire ovidien. Elle est
pourtant très présente dans les textes médiévaux d'inspiration misogyne, où
elle prend une signification symbolique bien précise. Dans le poème de Marbode
sur la mulier mala, par exemple, c'est une des figures de la meretrix. Pourquoi
cela ? C'est que, pour Fulgence le Mythographe, la Chimère incarne la passion
luxurieuse. S'appuyant sur une de ces
etymologies fantaisistes dont il a le secret, Fulgence Ă©crit : Chimaera, c'est
"kuma erôtos", les fluctuations du désir. Ce dernier, poursuit
notre auteur, comprend en effet trois phases : le début, l'accomplissement et
la fin. Le début, c'est la tête de lion de la Chimère, car le désir fond sur sa
proie comme un fauve; l'accomplissement, c'est le corps de chèvre, car la
lubricité de cet animal est notoire; la fin, la queue de serpent, c'est le
venin du remords qui vous point une fois la passion assouvie (Jean-Yves
Tilliette, Hermès amoureux, ou les métamorphoses de la Chimère. Réflexions sur
les carmina 200 et 201 de Baudri de Bourgueil. In: Mélanges de l'École
française de Rome. Moyen-Age, tome 104, n°1. 1992 - www.persee.fr). Typologie Le report de 2040 sur la date pivot -406 (date des
Grenouilles) donne -2852. Du temps du roi de Thèbes d'Egypte Athotis Ier (Lenglet
Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers.,
sacrĂ©e et proph., ecclĂ©siast. et civile, depuis la crĂ©ation du monde, jusqu'Ă
l'an 1762, 1763 - books.google.fr). Après la mort de Menés qui avoit étendu la domination sur
toute l'Egypte, ce royaume fut partagé entre les quatre fils. Celui de Thebes
fue l'héritage d'Athotis : il paroît que le pouvoir suprême résida tout en
lui, & que les freres ne furent que les lieutenans. Il est du moins
constant qu'il fut le collegue de celui qui régnoit à This, & qu'il n'avoit
point d'associé dans le gouvernement de Thebes. Ce prince annoblit encore le
trône par la supériorité des connoissances qu'il y fit asseoir avec lui. Les
Égyptiens lui attribuent l'invention de l'écriture & de la langue sacrée ;
il étendit les limites de la géométrie dont on allure qu'il donna les premieres
leçons. Son génie avide de tout connoitre le transporta dans le ciel, pour y
contempler les mouvemens périodiques de ces globes lumineux flottans dans
l'immensite: il découvrit la cause des éclipses & détermina avec précision
leur retour. Ses découvertes dans l'astronomie furent gravées sur des colonnes
de pierre & de marbre; & pour les rendre plus respectables, il
n'employa que des caracteres mystérieux, voulant prévenir la curiosité
indiscrete du peuple qui eût négligé la culture des arts utiles pour le livrer
à des observations plus satisfaisantes & moins pénibles. Ce monarque bienfaisant
ne se bornant point Ă une Ă©tude oisive, voulut encore Ă©pier la nature pour lui
dérober le secret de ses opérations & pour aider sa fécondité :
l'expérience lui avoit appris que le sol d'Egypte n'étoit pas toujours
également fertile & qu'une année d'abondance étoit souvent suivie d'une
année de sterilité; ce fut pour en connoître la cause & en prévenir les
effets, qu'il fit creuser des caves profondes où il observoit le dégré de
fermentation de la terre, c'étoit sur la quantité des vapeurs qu'elle exhaloit
qu'il présageoit les années d'abondance ou de stérilité. Il est probable qu'en
descendant dans les entrailles de la terre, on pourroit découvrir par quels
moyens elle enrichit la surface. La reconnoissance publique lui donna une place
dans le ciel, selon l'usage de déifier les bienfaiteurs de la patrie. Il fut adoré sous le nom de Thot ou de
Mercure. L'histoire & la fable le représentent comme un génie créateur
& comme une intelligence bienfaisante, envoyé sur la terre pour en régler
la police & l'harmonie. Les détails de la vie font tombés dans l'oubli (Encyclopédie,
ou, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 5, 1776 -
books.google.fr). Quant à l'interprétation étymologique du nom de Bellérophon : est-il celui qui demande, et reçoit, de sages conseils (buleforunta [boulèn phéronta] = sapientae consultator) ou celui qui en donne (consiliarius) ? Les deux mots figurent dans le texte de Fulgence, mais le premier n'apparaît que dans le syntagme consultatorem («quod nos Latine Sapientiae consiliatorem dicimus», Mythologies III, 1) (Baudry de Bourgueil, Poèmes, Tome 2, 1998 - books.google.fr). Certaines éditions des Centuries ont « Bellephoron ». Le Mercure latin du temps de César se confond avec
l'Hermès grec dont il emprunte la légende. Dans l’Iliade, poème qui est comme
la base de la mythologie grecque et de la mythologie gréco-romaine des
classiques latins, "Argeiphontès", c'est-à -dire «meurtrier d'Argos,»
n'est pas seulement une épithète d'Hermès, c'est son nom ; et sur ce point
Hésiode imite Homère. Argos c'est la nuit, Mercure-Hermès, ou le crépuscule
matinal, tue la nuit. Or, la lutte et la victoire du crépuscule et du jour
contre la nuit, du beau temps contre l'orage, de la science contre l'ignorance
et l'erreur, de la veille contre le sommeil, de la vie contre la mort. Hermès
et Argos ont des doublets : Bellérophon tue la Chimère, c'est-à -dire la
chèvre mythique, Persée tranche la tête de Méduse, Thésée met à mort le
Minotaure; on connaît les légendes d'Héraclés et des serpents, d'Héraclès et du
triple GĂ©ryon; autant de formes d'un mythe unique dans le fond, mais qui explique
des phénomènes nombreux et variés, malgré leur analogie (Mémoires
de la Société nationale des antiquaires de France, 1885 - books.google.fr). Ce Héros porta
luy-même dans des tablettes fermées qu'il avoit ordre de rendre au Roy de Lycie
l'Arrest de la mort ; & c'est, pour
l'observer en passant, la premiére fois qu'il soit parlé des Lettres dans
l'antiquité grecque (M.
Fréret, Observations sur le temps auquel a vécu Bellerophon, Histoire de
l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres avec les Mémoires de
littérature tirez des registres de cette Académie, Tome 7, 1733 -
books.google.fr). «Belléropbon part sous la conduite des dieux toujours protecteurs de l'innocence et de la sagesse. Il arrive heureusement en Lycie, sur les rives du Xante. Le roi le reçoit magnifiquement et avec toutes les démonstrations d'une véritable joie. Il régale pendant neuf jours, et chaque jour il immole aux dieux un taureau pour les remercier de son arrivée. Le dixieme jour, il lui demande les lettres que le roi son gendre lui écrivait, et il ne les a pas plus tôt lues, qu'il ordonne à ce jeune prince d’aller tuer un monstre épouvantable appelé la Chimère, etc.» L'explication naturelle de ce passage, quand on n'admet pas qu'Homère connaissait l'écriture phonétique, c'est qu'il connaissait au moins l’écriture idéographique. Telle est l'opinion de M. Rosseeuw Saint-Hilaire. Ce n'est pas qu'il suppose qu'Homère ait pu écrire ses poèmes avec des hiéroglyphes, mais simplement qu'il voulait parler de cette écriture dans l'histoire de Bellérophon et de la lettre de Proetus. Quoique l'écriture idéographique fut loin de pouvoir exprimer les pensées métaphysiques que nous rendons par les signes de l'alphabet phonétique, il parait néanmoins certain qu'elle pouvait servir & transmettre, par voie de correspondance, des choses analogues au contenu de la lettre du roi Proetus. Si la langue idéographique n'avait pu s'appliquer à cela, elle n'aurait été évidemment bonne à rien, et nous savons d'ailleurs aujourd'hui, depuis les travaux de la science moderne que la langue idéographique formait une réunion de signes correspondant aux lettres primitives de l'alphabet phonétique. La reproduction des idées sensibles par des images a dû être, selon M. Russeeuw Saint-Hilaire, la première langue écrite de tous les peuples; l'invention de l'alphabet phonétique fait supposer un progrès et une phase du développement intellectuel, où l'on a senti la nécessité de fixer des idées abstraites, des nuances de la pensee que la langue figurée n’exprimait pas, il est vrai que la langue idéographique n'a été retrouvée que chez les Egyptiens et les Mexicains, et qu'elle na pas laissé de traces chez les autres peuples. Cependant, il est à remarquer que l'écriture des Chinois présente quelque mélange de signes idéographiques. Ce mélange offrirait, d'après Warburton, qui l'a constaté le premier, un mange frappant de la transition d'une manière à l'autre. L'assertion de Warburton a été fort contestée, notamment par Fréret, mais il faut reconnaître qu'elle a du poids, et M. Rosseeuw Saint-Hilaire s'y rattache comme à une preuve très-décisive en faveur de ce système. Les difficultés ne manquent pas sur cette grave question, et en voici une autre soulevée par les historiens grecs. On croyait généralement en Grèce que les Egyptiens avaient pratiqué simultanément les deux écritures; on allait même jusqu'à nommer l'inventeur de l'écriture phonétique, qui aurait été un secrétaire du plus ancien roi d’Egypte, nommé Thot ou Toot. Plutarque, dans ses Symposiaques, dit de son côté que ce fut Hermès; ce qui, dans tous les cas, ferait également remonter l'invention à une très haute antiquité. A ces diverses, M. Rosseeuw-Saint-Hilaire attache peu d'importance, parce que les monuments égyptiens de la haute antiquité, n'on apporté jusqu'à présent aucune preuve à l'appui, et que les premières traces d'écriture phonétique, qui se retrouvent en Egypte, ne devancent pas de beaucoup la fondation d'Alexandrie (Journal général de l'instruction publique et des cultes, Volume 25, 1856 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - William Warburton, fr.wikipedia.org - Eugène Rosseeuw Saint-Hilaire). |