Révolution sicilienne VIII, 84 2091-2092 Paterne orra de la Sicile crie, Tous les aprests du goulphre de Trieste, Qui s'entendra jusque à la trinacrie, De tant de voiles fuy, fuy l'horrible peste. Paterne Paterne (Paternus, 16 avril) (Pair, Paër, Pois, Poix) est né à Poitiers, vers 480. Moine à Ansion (Saint-Jouin-de-Marnes), il se retira dans la solitude de Scicy (Saint-Pair-sur-
Mer), près d'Avranches. Choisi comme évéque d'Avranches vers 552, il mourut le 16 avril 565 et fut inhumé à Saint-Pair-sur-Mer. Vers 880-920, afin d'échapper aux raids des Normands,
les reliques furent amenées en Auvergne, à Artonne, où la châsse du saint est toujours conservée. L'itinéraire de translation est jalonné par Saint-Paterne de Touraine, Saint-Paterne
d'Orléans et Issoudun, qui possède un faubourg Saint-Paterne. L'évéque d'Avranches est parfois confondu avec son homonyme saint Paterne, évêque de Vannes (mort en 555, fête le 15
avril). Mais tandis que le corps de l'évéque de Vannes n'a pas quitté la Bretagne, le culte de l'évéque d'Avranches a beaucoup essaimé : 9 communes de France lui sont dédiées
sous des vocables variés, 6 en Normandie, 2 dans le Maine et 1 en Touraine. Cette renommée est liée au long cheminement et au partage des reliques (Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006
- www.google.fr/books/edition). La Sicile a eu des rois Normands et Frédéric II en est le dernier descendant : cf. quatrain VIII, 81. Don Paterno En 1647, la récolte fut peu abondante en Sicile; cependant, par une imprudence impardonnable, le Préteur de Palerme jugea à propos, pour payer les dettes publiques, d'augmenter
l'impôt fur le blé. Le peuple fut fur le point de fe foulever; le Magistrat l'appaisa en diminuant l'impôt; mais il fit diminuer le poids du pain. Le
peuple alors courut aux armes, & remplit la ville de trouble & de confusion. Il se choisit un Capitaine-Général, Joseph d'Alessi, homme de basse extraction, chassa
le Marquis de los Velès de son palais, puis de la ville, & ne consentit à l'y recevoir qu'après en avoir obtsnu, par un traité solennel, des priviléges & des exemptions qui,
dit un Historien, auroient été regardés comme excessifs, même dans une République. Cependant le peuple inconstant tua son Capitaine-Général, sous prétexte qu'il eût pu faire
un traité encore plus avantageux. La mort du Vice-Roi, arrivée presque dans le même temps, livra la ville à de nouveaux désordres. Le Marquis de Monte-Allegro, qu'il avoit nommé
Président, souffrit tout d'une populace mutinée, pour ne pas achever de mettre la Sicile en combustion. Mais le Cardinal Trivulce, que la Cour envoya pour Vice-Roi, appaisa les
troubles, & fit rentrer les Siciliens sous l'obéissance (Histoire universelle, Tome 95, 1787
- www.google.fr/books/edition). Cependant le Cardinal croyant que tout étoit assoupi fit publier une amnistie générale que le Roi avoit accordée. Il y eut une nouvelle sédition le septiéme Juillet, les mal-intentionnés répandirent le bruit que les Espagnols & les Nobles avoient résolu de tailler en piéces la Bourgeoisie. Il n'en fallut pas davantage pour mettre le peuple en colére, il s'arma dans la résolution de porter les choses à l'extrémité. Le Viceroi fit venir sur le champ un Corps de Cavalerie qui étoit à Mont-Réal. Il entra dans la Ville, le Canon du Palais tirant en même tems. Les mutins se dissiperent, la Cavalerie les poursuivit, quelques-uns des plus séditieux furent arrêtés, & punis de mort. Palerme après cela rentra dans le devoir, les anciens impôts furent rétablis, les Artisans reprirent leurs exercices ordinaires & la Milice Espagnole fit la garde comme elle avoit toûjour fait avant les derniers troubles. Le Cardinal convoqua un Parlement où tout se passa tranquillement, & suivant ses désirs. Il y avoit eu aussi à Catane quelques mouvemens qui avoient été assoupis. La populace étoit entrée chés un Gentilhomme appellé François Tornanbéni & avoit voulu l'obliger de vendre son ble à un prix moindre que celui qu'il valoit. Il l'avoit refusé & avoit été mené en prison. Les Nobles s'étoient assemblés, & avoient rendu la liberté à Tornanbéni. Le peuple offensé prit les armes & déclara la guerre à la Noblesse. Dom Bernard Paterno quoique Gentilhomme se mit à la tête de la populace qui ne put pas tenir contre les Nobles.
Paterno fut attrape & eut la tête coupée (Jean Levesque de Burigny, Histoire générale de Sicilie, Tome 2, 1745
- www.google.fr/books/edition). "voiles" Le feu de la révolte s'étoit communiqué jusqu'à Naples, & y produisoit encore de plus grands ravages. Le Duc d'Arcos avoit mis un impôt sur les fruits. Le peuple en murmuroit, & en demandoit la suppression avec des inftances qui annonçoient une sédition. Le Vice-Roi craignant de plus grands mouvemens, vouloit lui accorder sa demande; mais il cherchoit quelque autre impôt qui fût moins onéreux que celui-là , & dont le produit fût à peu près égal. Le peuple se choisit pour Chef un jeune homme du plus bas état, nommé Thomas Aniello & la révolte éclata. Aussi-tôt que la Cour fut instruite de ce qui se passoit dans le royaume de Naples, le Roi y envoya en diligence une armée navale sous le commandement de Don Juan d'Autriche
son fils naturel. La flotte jeta l'ancre près le rivage de Sainte-Luce, le premier Octobre de la même année 1647: elle consistoit en vingt-deux galeres & quarante vaisseaux, avec
seulement quatre mille soldats & d'ailleurs elle étoit pourvue de provisions. Don Juan d'Autriche ayant concerté avec le Vice-Roi les moyens de faire rentrer les Napolitains
dans leur devoir, on résolut d'employer la force (Histoire universelle, Tome 95, 1787
- www.google.fr/books/edition). Trieste Le golfe de Trieste, appelé golfo di Trieste en italien, trscanski zaljev en croate et trzaski zaliv en slovène, est un petit golfe peu profond à l'extrémité septentrionale
de la mer Adriatique, en Méditerranée. Extension vers l'est du golfe de Venise, il comporte de nombreuses baies, en particulier son littoral oriental. En revanche, exception
faite des îlots plats qui bloquent l'entrée de la lagune de Grado, on n'y trouve aucune île (fr.wikipedia.org - Golfe de Trieste). La ville et le territoire de Trieste, qui avaient appartenu d'abord au margraviat d'Istrie, furent donnés par l'empereur, en 948, à l'évêque de Trieste (Anthony Marinus Hendrik Johan Stokvis, Manuel d'histoire, Tome 2, 1889
- www.google.fr/books/edition). A partir du XIe siècle, Trieste, qui s'était dérobée à la seigneurie de son évèque, vassal du patriarche d'Aquilée, se gouverna en ville libre, avec ses propres
statuts, fréquemment molestée et entravée dans son commerce par les vassaux du patriarche, par les comtes de Carinthie, par les margraves d'Istrie et par Venise .
En 1382, elle se mit sous la protection des Habsbourg (éopold III de Habsbourg, duc d'Autriche), mais elle resta d'ailleurs municipe indépendant, presque entièrement souverain, en
tant qu'il contractait des alliances, qu'il faisait de lui-même la guerre et la paix, spécialement avec Venise, à qui, jusqu'au XVIe siècle, il payait un tribut annuel.
Les Habsbourg y entretenaient seulement un capitaine impérial avec une petite garnison. Les auteurs italiens insistent sur l'indépendance de Trieste
malgré la mainmise apparente de l'Autriche . Maximilien Ier y fit båtir un château. L'Empereur Charles VI obtint même des conseils municipaux
de Trieste et de Fiume leur consentement à la Pragmatique Sanction, et, comme récompense, fit de ces deux cités des ports francs (1722), inaugurant le développement
économique de Trieste, qui, d'une ville de 5.000 habitants en 1877, fera de nos jours une cité de plus de 200.000 âmes (Vidan Blagoyévitch, Le principe des nationalités et son application dans les traités de paix de Versailles et de Saint-Germain, 1922
- www.google.fr/books/edition). La république de Venise l'occupe de 1369 à 1372 (fr.wikipedia.org - Trieste). Pour 1382 cf. quatrain VIII, 82 et Charles VI. Les Espagnolz, dans ceste rencontre qui leur est si importante, sont résolus de mettre le tout pour le tout, affin de faire venir promptement à Naples toutes les forces qu'ilz
pourront tirer d'Espagne; qu'ilz font grand amas de tous costez d'hommes et d'argent pour y envoyer; qu'ilz songent à y faire passer par l'Estat ecclésiastique bonne partie du
Milanois, et notamment la cavalerie; qu'ilz demandent de grands secours à l'Empereur et prétendent faire embarquer quantités de troupes à Trieste pour venir par le golfe
Adriatique (MĂ©moire du roi au sieur de Fontenay, ambassadeur prez du pape, 28 novembre 1647) (Gustave Baguenault de Puchesse, L'expedition du duc de Guise a Naples. Lettres et instructions diplomatiques de la cour de France 1647-1648, 1875
- www.google.fr/books/edition). Lors de la révolte de Messine en 1674-1683, il est question aussi de troupes allemandes au secours des Espagnols en Sicile dans la correspondace M. de Paillerolles : Tout le monde dit que la République est résolue à empêcher absolument le passage des troupes allemandes, et depuis peu elle a fait retirer de force du port de Trieste, par deux de ses barques armées, un vaisseau vénitien qui était parti de Naples chargé de sel pour ce lieu-là et qui devait y charger de ces soldats allemands. D'autre côté, on entend dire que la République est résolue aussi à fermer l'entrée du golfe aux vaisseaux de France s'ils veulent y revenir ... Ce qui est certain, c'est que la République a repris à son service tous les hommes de l'Arsenal qu'elle avait licenciés et qu'elle va faire mettre en état tous les bâtiments qui ont demeuré longtemps inutiles dans le même arsenal. Le sieur Paillerolles avait été chargé d'affaires de France à Venise de novembre 1674 à janvier 1676 (Emile Laloy, La révolte de Messine, Tome 1, 1930
- www.google.fr/books/edition). Peste En 1656, on note la présence de la peste à Naples et en Sicile (à Palerme, Messine, Syracuse, Licata et Trapani) ce qui implique
pour Malte l'interruption du trafic portuaire (Anne Brogini, Malte, frontière de chrétienté (1530-1670), 2013
- www.google.fr/books/edition). La peste en 1656 envahit Naples; on la laisse venir, les nécessités de la guerre de Sa Majesté l'exigent ! La peste arrivait après la révolution. «Bref, disait le peuple
napolitain dans la supplique présentée au roi en 1620, l'extravagance de ce gouvernement est telle et si grande, que tout le monde n'attend autre chose que la fin de ce gouvernement
même.» (Ferdinando Petruccelli della Gattina, Histoire diplomatique des conclaves, Tome 3, 1865
- www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 2092 sur la date pivot 1647 donne 1202. Cf. quatrain précédent VIII, 83 sur la IVe croisade. |