Trois frères

De trois frères en trois frères

 

VIII, 46

 

2063-2064

 

Pol mensolée mourra trois lieuës du Rône,

Fuis les deux prochains tarasc détrois

Car Mars fera le plus horrible trĂ´ne,

De coq & d'aigle de France freres trois.

 

Louis et Anne

 

On suppose que le Coq est Louis XIII et l'Aigle Anne d'Autriche selon l'interprétation du quatrain VIII, 9.

 

Le rapprochement avec l'Espagne fut confirmé par la négociation du double mariage (25 août 1612) : celui de Louis XIII avec la fille de Philippe III d'Espagne, Anne d'Autriche (on assimilait toujours la maison de Habsbourg à la maison d'Autriche), et celui d'Élisabeth (ou Isabelle) de Bourbon avec le prince héritier Philippe. Chacune des deux princesses renoncerait à ses droits à la couronne de ses pères. C'était un changement de politique. Les grands seigneurs protestants conseillèrent la prudence à leurs coreligionnaires, dont l'inquiétude grandissait. Mais d'autres oppositions s'affirmèrent chez les grands qui voyaient le pouvoir leur échapper. Les Concini furent la cible de toutes les critiques, et considérés comme des étrangers avides et dangereux pour le pays, d'autant plus que Concini était devenu maréchal de France en novembre 1613. Au début de 1614, Condé, cousin du roi, prince du sang, prit les armes en signe de protestation et publia un manifeste : il réclamait la convocation des États généraux et la suspension des mariages royaux. La régente fut obligée de négocier (accord de Sainte-Menehould, 15 mai 1614). Elle ne céda pas sur les mariages espagnols, mais elle accepta l'idée d'une réunion des Etats généraux, ce qui revenait à une consultation des Français. Comme Catherine de Médicis, Marie de Médicis décida alors de montrer le roi à la France, en un grand voyage. Accompagné d'une armée, le roi put aussi rappeler à une stricte obéissance des princes comme César de Vendôme, son demi-frère, puissant en Bretagne, ou les protestants dans leurs places de sûreté. Le 27 septembre 1614, Louis XIII avait 13 ans : il était majeur. Le 2 octobre, lors d'un lit de justice, la reine lui remit la régence et le jeune roi la remercia en la nommant chef de son Conseil. Marie de Médicis, aidée surtout par Villeroy, avait su dompter les oppositions (Lucien Bély, La France moderne: 1498-1789, 2003 - books.google.fr).

 

28 novembre 1615 : Louis XIII Ă©pouse Anne d'Autriche. Les deux Ă©poux ont Ă  peine 14 ans. Leur mariage se rĂ©vèlera malheureux et il sera stĂ©rile pendant 23 ans au moins... (www.herodote.net).

 

«Politique», la dĂ©votion Ă  l'Enfance l'Ă©tait aussi parce que son instigatrice;, Marguerite Alacoque, prenait place d'intercesseur pour les besoins du royaume : en 1632, l'Enfant JĂ©sus «lui dit qu'il voulait qu'elle assistât le roi et qu'il la chargeait de tous les besoins du royaume [...] il voulait qu'elle le priât pour lui obtenir un dauphin» ; en 1636, elle protĂ©gea miraculeusement sa province de l'invasion et, en 1637, sa mĂ©diation obtint par miracle de l'Enfant JĂ©sus la naissance d'un hĂ©ritier du royaume - en 1638, naĂ®tra ainsi sur les prières de la carmĂ©lite de Beaune le futur Louis XIV. Que les prières de plusieurs autres thaumaturges, comme le frère Fiacre, ou celles des cordeliers d'Apt invoquant la statuette de l'Enfant JĂ©sus qu'ils tenaient d'ElzĂ©ar de Sabran et conservaient dans leur Ă©glise, aient contribuĂ© Ă  cette naissance jugĂ©e merveilleuse n'empĂŞche pas que Marguerite avait conscience, et a fait partager sa conviction, d'avoir Ă©tĂ© la principale mĂ©diatrice du salut de de la dynastie. Elle se plaçait ainsi très consciemment dans la sĂ©rie des intercesseurs «politiques» ; ce que le carme François de l'Enfant JĂ©sus avait fait pour la monarchie espagnole avec la naissance d'Anne d'Autriche et de Philippe IV, la carmĂ©lite le faisait pour la naissance du fils d'Anne d'Autriche, opĂ©rant ainsi une sorte de «translation» des faveurs de l'Enfant de la monarchie espagnole Ă  la monarchie française (Jacques Le Brun, La dĂ©votion Ă  l'enfant JĂ©sus (XVIIe siècle), Histoire de l'enfance en Occident: De l'antiquitĂ© au XVIIe siècle, Volume 1, Egle Becchi, Dominique Julia, traduit par Jean-Pierre Bardet, 1998 - books.google.fr).

 

"trois frères"

 

Sans examiner les gĂ©nĂ©alogies vraies ou fausses que des dictionnaires complaisants, et mĂŞme le Père Anselme et Moreri, donnent aux Luynes, et en ne remontant pas au delĂ  du père de celui qui nous intĂ©resse, on ne peut nier qu'HonorĂ© d’Albert de Luynes n'ait fait bonne figure sous Henri III et sous Henri IV. Il se signala par son courage dans toutes les guerres du temps, et se fit un nom parmi les plus braves : on l'appelait le capitaine Luynes. Compromis, Ă  tort ou Ă  raison, dans l'affaire de La Mole et de Coconas, et offensĂ© des propos que tenait Ă  ce sujet un officier de la garde Ă©cossaise, cĂ©lèbre par ses succès dans les combats particuliers, il le provoqua, et c'est en cette circonstance qu'eut lieu, en champ clos, au bois de Vincennes, en prĂ©sence de Henri III et de toute la cour, le dernier duel que les rois aient autorisĂ©. Luynes en sortit vainqueur. Dès que parut Henri IV, il s'attacha Ă  sa fortune et lui rendit des services qui furent rĂ©compensĂ©s par le gouvernement d'une place, forte alors importante et considĂ©rĂ©e comme une des clefs du Midi, le Pont-Saint-Esprit. Il s'Ă©tait mariĂ© Ă  une personne d'une bonne famille du Comtat, et joignit ainsi Ă  sa très petite seigneurie de Luynes, en Provence, entre Aix et Marseille, deux autres seigneuries du Comtat, tout aussi mĂ©diocres, Cadenet et Brantes. Il eut trois fils qui prirent les noms de ces trois terres, et quatre filles, dont une a Ă©tĂ© religieuse et les trois autres ont fait d'assez beaux mariages. Le capitaine Luynes mourut en 1592. Son fils aĂ®nĂ©, Charles d'Albert de Luynes, nĂ© le 5 aoĂ»t 1578, commença très-vraisemblablement par ĂŞtre page du comte du Lude, François de Daillon, sĂ©nĂ©chal d’Anjou, le grand-père d'Henri de Daillon fait duc par Louis XIV et grand maitre de l'artillerie. Il attira près de lui ses deux frères Cadenet et Brantes, et, sous les auspices de ce grand seigneur, ils passèrent ensemble au service du roi Henri IV, qui les mit auprès du petit Dauphin. Une fois lĂ , les trois frères se poussèrent (Victor Cousin, Madame de Chevreuse: nouvelles Ă©tudes sur les femmes illustres et la sociĂ©tĂ© du XVIIe siècle, 1876 - books.google.fr).

 

Le caractère des trois frères de Luynes n'avait pas Ă©chappĂ© Ă  l'ambassadeur d’Espagne Monteleone : «Ce sont des cavaliers bien intentionnĂ©s, mais de peu d'Ă©toffe et de peu de talent, et cependant le Roi s'y est fort attachĂ©.» «Il est bon que Votre Excellence sache, dit encore le comte de Monteleone dans une de ses dĂ©pĂŞches, que le marĂ©chal d'Ancre est au plus mal avec de Luynes : il faut Ă  la Reine-Infante une grande prudence pour se maintenir au milieu de tout cela sans faire une maladresse, et jusqu'Ă  prĂ©sent elle n'en a pas commise.» (Baptiste-Honore-Raymond Capefigue, Anne d'Autriche reine-rĂ©gente et la minoritĂ© de Louis XIV, 1861 - books.google.fr).

 

Les Resveries de la reine (anonyme ; Paris, 1620) est une satire politique. Le poète dépeint sans la nommer Anne d'Autriche qui se livre à une lamentation délirante où elle énumère tous ses griefs contre son époux Louis XIII. […]

 

Dans les Resveries de la reine, Anne d'Autriche souhaite la mort des trois frères et, en même temps, se plaint de l'influence des Jésuites, des financiers «qui ont bunnes mains», des prélats qui sont des «bêtes mitrées», et de certains seigneurs qu'elle caractérise amèrement. En somme, la situation du pays est mauvaise : le roi doit se reprendre. […]

 

Dans Le revers du faux masque de la prosopopĂ©e des frères Frelots, 1620, in-12°, mĂŞmes attaques contre les trois frères (de Luynes) : violence du langage (Émile Bourgeois, Louis AndrĂ©, Les sources de l'histoire de France: XVIIe siècle (1610-1715), 1924 - books.google.fr).

 

En 1560, raconte le Provençal de Pertuis, Honoré Meynier, dans sa Guerre Civile utilisée déjà à plusieurs reprises, «les huguenots reçoivent la confession de foi de Calvin, chantent les chansons de Marot et de Bèze et perdent leur nom de vaudois, Pauvres de Lyon, frelots et bannis et prennent celui de huguenots. Les paysans catholiques se font appeler cabans du nom d'une sorte de chape qu'ils portaient ainsi appelée». Cette apparition de termes nouveaux dans la désignation des partis traduit l'évolution de la situation vers une scission en deux ensembles rigides (Gabriel Audisio, Les vaudois du Luberon, une minorité en Provence: 1460-1560, 1984 - books.google.fr).

 

Trois frères Guise

 

Curieux type de cette époque si troublée, le chevalier de Guise le plus jeune des trois frères, avait une renommée éclatante pour son audace présomptueuse. En janvier 1613, il tue dans les rues de Paris le vieux baron de Luz, du parti de Condé, puis, vingt-huit jours après, le fils de sa victime qui lui à envoyé un cartel, et l'enthousiasme de la cour est à son comble. Mais, devenu lieutenant-général du gouvernement de Provence, il visite, le 4 juin 1614, le château des Baux, s'obstine à faire partir un canon qui crève entre ses mains et il expire deux heures après (Malherbe, I, p. 357) (Louis Arnould, Poésies d'Honorat de Bueil Racan (chevalier de), 1930 - books.google.fr).

 

Cf. la sainte Barbe du quatrain précédent VIII, 45.

 

François-Alexandre-Paris, fils posthume fils de Henri de Guise, surnommĂ© le BalafrĂ©, et de Catherine de Clèves, vint au monde en 1589, peu après la mort tragique de son père, assassinĂ© Ă  Blois le 23 dĂ©cembre 1588. Il Ă©toit chevalier de Malte et lieutenant gĂ©nĂ©ral en Provence. Voy. son historiette dans Tallemant des RĂ©aux, qui mentionne ainsi sa mort : «Il se mit Ă©tourdiment sur un canon qu'on Ă©prouvoit; le canon creva et le tua.». [...]

 

Il y a un quatrain de Nostradamus qu’on interprète de ce prince [...] Et tient-on qu'il ait voulu désigner le mausolée de saint Rémi, près du couvent de Saint-Paul, qui est à demi-lieue des Baux et à trois lieues du Rhône, en voulant éviter de passer à Tarascon, et que le trône de Mars soit le coup de canon, et les trois frères de la famille de Lorraine, à demi de France et à demi de l'empire, ou pour les alérions de leurs armes (Ludovic Lalanne, Mémoires de Marguerite de Valois, 1858 - books.google.fr).

 

Les Baux sont aussi Ă  trois lieues du RhĂ´ne juste au-dessous de saint RĂ©my.

 

Le 5 juin, le roi apprend la mort du chevalier de Guise, tuĂ© le 1er juin aux Baux-en-Provence, par l'explosion d'une pièce de canon. Il pâlit, exprime son chagrin, et ajoute : – Il Ă©tait toujours auprès de moi. Je n'allais jamais Ă  la chasse qu'il ne vĂ®nt avec moi. Il va par la galerie Ă  vĂŞpres, aux Feuillants; jouĂ© aux Tuileries, puis il va en carrosse Ă  l'hĂ´tel de Guise (Journal d'HĂ©rouard) (Louis Vaunois, Vie de Louis XIII, 1944 - books.google.fr).

 

Etourdi

 

Tallemant des RĂ©aux : "Il se mit Ă©tourdiment sur un canon qu'on Ă©prouvoit".

 

Un échappé des Petites-Maisons : un fou, un écervelé, un étourdi (Louis Nicolas Bescherelle, Dictionnaire national, ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 1, 1861 - www.google.fr).

 

Pradon, après une foule de critiques de dĂ©tail, porta un coup terrible Ă  Boileau. Le poĂ«te avait Ă©crit ces deux vers sur Alexandre le Grand :

 

Heureux si, de son temps, pour cent bonnes raisons,

La Macédoine eût eu des Petites-Maisons !

 

et celui-ci, qui veut désigner un héros accompli :

 

Qu'il soit tel que CĂ©sar, Alexandre ou Louis !

 

«Ah! ah! quel étourdi vous êtes, monsieur Despréaux ! s'écria Pradon; vous faites d'Alexandre un fou, et plus bas un sage, comme Louis ! Lequel des deux devons-nous accepter ?»

 

Boileau, sans nommer Pradon cette fois, avoue que la critique qui le surveille l'empêche de broncher au bout du vers. Hommage rendu à la critique de détail (Alexandre Dumas, Souvenirs dramatiques, Tome 2, 1868 - books.google.fr).

 

Un Saint-Paul

 

La mort du baron de Luz par le chevalier de Guise est considéré comme un assassinat par la reine mère Marie de Médicis qui le rapproche, selon Tallemant des Réaux et Bassompierre, de celui de l'aventurier Antoine Montbeton de Saint-Paul par le frère aîné du chevalier, le jeune duc de Guise, qui lui avait fait donné la lieutenance de Champagne (Eric Méchoulan, Conflit des interprétations à propos d'un conflit tragique sous la régence de Marie de Médicis, Histoire et conflits, 2007 - www.google.fr/books/edition).

 

Des Guise aux Albert

 

Sa mère avait soigneusement éloigné de lui tous ceux qui pouvaient lui inspirer une pensée d'ambition, mais elle ne s'était point défiée d'un gentilhomme provençal, Charles d'Albert de Luynes, de vingt-trois ans plus âgé que son fils, et qui excellait à dresser pour la chasse des oiseaux de proie, pies-grièches, émerillons, etc. Le jeune Roi, qui aimait par-dessus tout la chasse au vol, s'était dès 1614 attaché tendrement à ce serviteur de ses goûts. Il rêvait de lui, raconte son médecin Héroard, et, son gouverneur Souvré, jaloux de cette affection, ayant défendu à Luynes de venir dans sa chambre, il pria sa mère de renvoyer M. de Souvré et, de colère, eut cinq jours la fièvre (Jean-Hippolyte Mariéjol, Henri IV et Louis XIII 1598-1643, 1905 - books.google.fr).

 

On peut penser alors Ă  une succession de Guise Ă  Luynes dans l'affection du jeune Louis XIII.

 

Saint Paul de Mausole

 

Tarascon est à trois lieues de Saint-Rémy de Provence, couché sur la rive gauche du Rhône, en face de Beaucaire (Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 1915  - books.google.fr).

 

Le Monastère Saint-Paul-de-Mausole fut tour à tour occupé par les chanoines et prévôts pour lequel il fut construit (1080-1317), les Archidiacres du Chapitre de la cathédrale avignonnaise de Notre-Dame-des-Doms (1317-1605), puis par l'ordre mendiant des Observantins (1605-1792). Il possède une église et un cloître de style roman. Dès la fin de l'Ancien Régime, les Observantins y reçoivent des aliénés, à une époque où aucun établissement spécialisé en ce domaine n'existait encore. Acquis en 1807 par un philanthrope, le Docteur Louis Étienne Mercurin, ce dernier y installe une maison de santé pour recevoir à nouveau des aliénés, hôpital qui subsiste jusqu'à nos jours. Cela explique le séjour qu'y fera van Gogh de mai 1889 à mai 1890. Au cours de la Première Guerre mondiale y seront aussi internés des Alsaciens, parmi lesquels le Docteur Albert Schweitzer111. Après être restés très longtemps propriété des héritiers du Docteur Mercurin, les bâtiments sont aujourd'hui gérés par l'Association Saint-Paul-de-Mausole (fr.wikipedia.org - Saint-Rémy-de-Provence).

 

Des chartes conservées au Palais des papes d'Avignon nous apprenent qu'en 1316 une bulle du pape Jean XXII fut à l'origine de modifications importantes dans les établissements religieux de la contrée d'Avignon. Cette réforme touchait aussi le monastère de Saint-Paul-de-Mausole qui releva à partir de cette date de l'autorité d'un archidiacre (Leroy 1953, 99-102). Puis, durant les XVe et XVIe siècles, le monastère, dont la majeure partie des terres était passée aux paysans de Saint- Rémy, sombra peu à peu dans la ruine : une délibération du conseil de la communauté de Saint-Rémy, datée du 24 mars 1598, rapporte en effet que «l'église couvent ou abéy de Saint- Paul-de-Mauzéole-lez-Sainct-Remy, autrefois et par cy-devant si beau bastiment et édifice, lieu de dévotion presque entièrement tombé en ruyne et décadence, la maison claustralle ou habitation des prestres démolye, n'attandant d'un jour à l'autre que l'église mesme ne tombe en ung morceau» (Arch. dép. de Vaucluse G-667 bis: Leroy 1953, 103-104) (Annexe : La construction et l'entretien de la "Fontaine de Saint-Paul" : les sources textuelles . In: Revue archéologique de Narbonnaise, tome 36, 2003 - www.persee.fr).

 

Saint Paul en Tricastin

 

Saint Paul est celuy là même qui a donné son nom à la 372. cité des Tricastins. Il étoit natif de Rheims en Champagne des parens honnetes ; Dez son enfance il donna des marques de l'eminente Sainteté à laquelle il devoit un jour arriver; Au lieu de ces amusemens ou les petits enfans s'occupent, il pratiquoit l'humilité, & l'obeissance, & selon son petit pouvoir il soulageoit les miseres des pauvres, il fuyoit avec soin la compagnie des libertins, & comme un autre Job il fit un accord avec ses yeux de ne regarder jamais aucune femme : cependant il n'eut pas plûtôt atteint l'âge de puberté que pour obeïr aux ordres de ses parens, il fut contraint de se marier avec une jeune fille de qualité, ce qui obligea ce chaste Joseph de la faire consentir à vivre avec luy dans une entiere, & perpetuelle virginité. Dans ce temps les Vandales entrerent dans les Gaules comme un torrent impécueux, déterminez de mettre tout à feu & à sang. Ces deux chastes Colombes voulant éviter la cruauté de ces Vautours, prirent la fuite, se mirent en chemin pour aller chercher quelque Solitude, & se mettre à couvert de cette tempeste. Ils s'abandonnerent au gré de la Providence qui n'abandonne jamais les justes ; ils vinrent jusqu'à Lion. Là s'embarquant sur le Rhone avec leur mere qui les avoit suivi, ils prirent terre à Tarascon, ou à Arles; Mais ne trouvant pas dans ce païs des Deserts assez profonds pour se dérober entiérement au monde, ils vinrent sur la montagne nommée Macerius, proche du Mausolée dans le territoire de S. Remy, petite, mais trés ancien de ville de Provence du Diocèse d'Avignon, où l'on voit assez proche une Eglise qu'on a donnée aux RR.PP. Observantins, qu'on appelle du nom de S. Paul, mais qu'on a confondu dans la suite des tems avec l'Apôtre des Gentils; puisqu'on voit au Maistre-Autel un Tableau qui represente sa Conversion. C'est dans cette Eglise qui fut premierement dédiée à S.Paul Evêque des Tricastins, où l'on a gardé durant long tems le Bâton qui fleurit miraculeusemene entre ses mains pour marque de son élection à l'Episcopat & c'est une Tradition assez connuë dans S. Remy, qu'il a consacré l'Eglise Collegiale. C'est dans cet affreux Desert où S. Paul se retira inconnu aux hommes, & connu seulement de Dieu & des Anges. C'est là que pour gagner sa vie, celle de la femme & de sa mere, il fut obligé de servir de Valet, & de Laboureur de terre ; Mais Dieu qui l'avoit destiné de route éternité pour être ce serviteur fidéle, & prudent qu'il devoit établir sur sa famille pour luy donner la nourriture dans le tems opportun, enleva de ce monde S. Torquat. L'Eglise du Peuple Tricastin privée de Pasteur, s'assemble selon la coûtume de cet âge d'or, pour demander à Dieu par des prieres ferventes, de faire connoître celuy que sa Providence avoit choisi; il ne tarda guere de le manifester. Quelques personnes pieuses eurent revelation de chercher Paul. On envoye partout des messagers qui le trouverent enfin aprés une Charrue au pied de la Montagne dont nous avons parlé. On luy demande son nom ; il répond simplement qu'il s'appelloit Paul. Les messagers luy disent que le Clergé & le Peuple du Païs Tricastin l'ont choisi pour leur Pasteur (Louis-Anselme Boyer de Sainte-Marthe, Histoire de l'église cathédrale de Saint Paul Trois-Châteaux, 1710 - books.google.fr).

 

Paul meurt Ă  Saint Paul Trois Châteaux, qui est Ă  deux lieues du RhĂ´ne. Pour certains auteurs Tricastin serait Trigastrinos (Tergeminis) : trois jumeaux [cf. "trois frères" du vers 4] (Le grand dictionnaire geographique et critique Par m. Bruzen La Martiniere, Tome premier, 1726 - www.google.fr/books/edition).

 

Les hagiographes ont popularisĂ© un dĂ©barquement en Camargue d'un groupe de chrĂ©tiens venant de l'autre cĂ´tĂ© de la MĂ©diterranĂ©e, autour de l'annĂ©e 34. Dans ce groupe, il y avait entre autres : Marthe de BĂ©thanie, sa sĹ“ur Marie, Marie JacobĂ©e et Marie SalomĂ©, Maximin, Sidoine l'aveugle qui deviendra Saint Restitut l'Évangile auquel la vue aurait Ă©tĂ© « restituĂ©e » dans le Tricastin, et Manille, suivante de Marthe. [...] Marie se retira dans le massif de la Sainte-Baume. Maximin devint le premier Ă©vĂŞque d'Aix, Sidoine celui du Tricastin, tandis que Marthe s'en fut Ă  Tarascon, oĂą, d'après la lĂ©gende, elle terrassa la terrible Tarasque ! (Jean-Henry Maisonneuve, Le Rabbin et l'Empereur, L'incroyable histoire d'une imposture involontaire, 2017 - www.google.fr/books/edition).

 

Antoine de Cros (né à Richerenche en 1565, mort le 24 février 1630) est un ecclésiastique qui fut évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux de 1599 à 1630 (fr.wikipedia.org - Antoine de Cros).

 

La dernière bataille des Guerres de Religions dans le Bas-Dauphiné eut lieu le 12 novembre 1621 à Arpavon entre les troupes calvinistes de Saint-Auban et celles, catholiques, du seigneur de Sainte Jalle (Jean Mercier, Haute-Provence drômoise et Haut Comtat, 1978 - books.google.fr).

 

Jean Dragon, natif de Crest, étudia à l'Académie de Genève, puis sous le fameux Chamier à Montélimar, enfin à l'Académie de Die, où il se fit remarquer, Dragon demeura à Crest jusqu'en 1613, et fut nommé, cette même année, pasteur dans la ville épiscopale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, où il demeura jusqu'en 1622. Comme il n'est plus question de lui à dater de ce moment, on peut croire qu'il mourut (Eugène Arnaud, Histoire des protestants de Crest en Dauphiné pendant les trois derniers siècles, 1893 - books.google.fr).

 

Le château attribuĂ© Ă  saint Paul, l'Ă©vĂŞque qui a donnĂ© son nom Ă  la ville dont il Ă©tait le maĂ®tre, dans cette pĂ©riode si mal connue, entre la fin de l'AntiquitĂ© et le dĂ©but du haut Moyen Ă‚ge, a Ă©tĂ© construit dans l'enceinte de ville romaine d'Augusta Tricastinorum. Les dĂ©couvertes, effectuĂ©es en ville Ă  l'occasion de divers travaux, renseignent sur la façon dont le rempart a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Une tranchĂ©e Ă©tait tout d'abord creusĂ©e profondĂ©ment dans le terrain naturel, constituĂ© d'un sable très compact. Un lit de galets Ă©tait disposĂ© au fond et deux parements de moellons taillĂ©s Ă©taient montĂ©s de chaque cĂ´tĂ© afin de contenir un remplissage de mortier et de pierres, le mĂŞme pour la courtine et pour les tours. On construisait une hauteur d'environ 0,60 m qu'il fallait laisser prendre avant de continuer : on retrouve ces lits d'attente dans les parties conservĂ©es. Cette muraille marquait la limite de la ville, espace rĂ©servĂ© aux vivants, et certaines habitations romaines ont Ă©tĂ© directement appuyĂ©es sur son Ă©lĂ©vation intĂ©rieure, peu de temps après sa construction. C'est exclusivement Ă  l'extĂ©rieur de cette limite que s'Ă©tendaient les nĂ©cropoles, telle celle du Valladas dont les tombes Ă  incinĂ©ration du premier et du second siècle de notre ère contenaient un abondant et riche mobilier (assiettes, verrerie, objets de toilette) dĂ©posĂ© en mĂŞme temps que les cendres du dĂ©funt. Une autre aire funĂ©raire, au nord de la ville, s'est dĂ©veloppĂ©e pendant les premiers siècles de la christianisation et a durĂ© jusqu'au XIXe siècle lorsqu'a Ă©tĂ© supprimĂ© le cimetière entourant la cathĂ©drale romane, reconstruite sur l'emplacement d'une Ă©glise funĂ©raire des premiers siècles chrĂ©tiens. Dans la partie haute de la ville, Ă  l'est, le tracĂ© de l'enceinte romaine a Ă©tĂ© repris presque tel quel par les constructeurs de l ' enceinte mĂ©diĂ©vale : partout oĂą l'on a pu l'observer, les maçonneries s'y superposent. Ailleurs, les nĂ©cessitĂ©s de la dĂ©fense ont imposĂ© un autre tracĂ©, entraĂ®nant l'abandon ou la destruction radicale de ces murs anciens devenus inutiles. C'est ainsi que la citĂ© des Tricastins est devenue, au Moyen Ă‚ge, la citĂ© aux trois enceintes emboĂ®tĂ©es les unes dans les autres : celle du château attribuĂ©e Ă  saint Paul, au sommet, celle de la ville mĂ©diĂ©vale, Ă  mi-pente, celle de l'auguste empereur, dans les champs. Ces trois enceintes (tria castra) sont très probablement Ă  l'origine des Trois Châteaux que la RĂ©volution a tentĂ© sans succès d'effacer d'un trait de plume en renommant la ville Paul-les-Fontaines. L'apparition du saint Ă©vĂŞque Paul fait fuir les assiĂ©geants. Après la mort de saint Paul, la Provence fut envahie et dĂ©vastĂ©e par une armĂ©e ennemie qui rĂ©duisit ses habitants en esclavage. Devant l'arrivĂ©e de ces troupes dans le Tricastin, la population se rĂ©fugia dans le château que l'Ă©vĂŞque avait lui-mĂŞme fortifiĂ© de son vivant. Alors, le bienheureux Paul apparut devant les habitants rassemblĂ©s pour implorer le secours divin, accompagnĂ© de deux enfants vĂŞtus de blanc et faisant le signe de la croix. Rapide comme une flèche empennĂ©e, il s'avança face au chef ennemi qu ' il menaça avec ces armes cĂ©lestes. Les assiĂ©geants reculèrent, Ă©pouvantĂ©s devant un tel signe divin, et s'enfuirent Ă  travers la ville sans toucher Ă  rien (Michèle Bois, Chrystèle Burgard, Fortifications et châteaux: des premières positions dĂ©fensives aux châteaux de plaisance, dans la DrĂ´me, 2004 - books.google.fr).

 

Le nom de Saint-Paul-Trois-Châteaux vient donc de la déformation, qui semble s'opérer au XVIe siècle, de Tricastinorum en Tricastrorum (Bernard Ribémont, Angélique de Jean Giono et l'imaginaire médiévalisant, Péguy au coeur: de George Sand à Jean Giono : mélanges en l'honneur de Madame Julie Sabiani, 2011 - books.google.fr).

 

Si impuissants à endiguer la poussée réformée qu'aient été Montluc en son diocèse de Valence ou Gabriel de Clermont en celui de Gap qu'il abandonnerait en 1563, l'autorité du redoutable duc François de Guise, gouverneur de Dauphiné depuis 1547, semblait devoir contrecarrer avec une tout autre énergie les entreprises huguenotes. Bien que ses commandements dans les armées d'Henri II puis son rôle auprès de François II ne lui aient pas laissé le loisir de s'attarder dans son gouvernement, ses lieutenants généraux, le Viennois Laurent de Maugiron puis Hector de Pardaillan, seigneur de La Motte-Gondrin, paraissaient tenir la province bien en main. Or, même avec le secours en 1560 du maréchal de Tavannes, ceux-ci ne purent faire longtemps obstacle à l'offensive calviniste. Quelques jours seulement après l'édit publié le 11 mars 1560 à Paris amnistiant ceux qui «ont mal senty de la foi» sans pour autant autoriser le nouveau culte, les troubles éclatèrent dans la vallée du Rhône. A la suite d'un coup de force improvisé à Valence le 31 mars, de compromis ou d'actes d'intimidation à Montélimar et Romans en avril, les réformés s'installèrent dans les couvents des Cordeliers de ces villes pour pour y entendre les prêches de leurs ministres. Conduite par Maugiron et Tavannes et prolongée par l'envoi d'une commission du Parlement, la répression fut impitoyable. Des ministres furent décapités, l'on pendit ou condamna aux galères divers rebelles, plusieurs maisons furent saccagées ou rasées parmi lesquelles, le fait frappa l'opinion, celle d'un haut personnage, Bourjac, sénéchal de Valentinois et Diois. [...] Entre la nuit du 19 au 20 mars 1561 où, à Vienne, des inconnus jettèrent à terre la statue dorée de saint Maurice qui ornait le portail central de la plus prestigieuse des cathédrales dauphinoises, et le sac, en la vigile de Noël, de la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, se dissipèrent les dernières possibilités d'apaisement (Bernard Bligny, Histoire du Dauphiné, 1973 - books.google.fr).

 

Des Paul Ă  Saint RĂ©my

 

Paul Ier de MISTRAL seigneur de Dons, baron de Crozes, co-seigneur de Mondragon et deBarbentane est né en 1556 à Saint-Rémy-de-Provence, de François de Mistral et de Louise

d’Albert, sœur de Paul d’Albert, cousin des Albert de Luynes. Il y habita enfant le bel hôtel particulier toujours dit des "Mondragon" mis à disposition de ses parents par son oncle Paul d’Albert (fr.wikipedia.org - Saint-Rémy-de-Provence).

 

Vers la fin de 1594 il est nommé gouverneur de Saint-Rémy-de-Provence et  "Commandant pour le Roi". A cette occasion il fait entreprendre quelques améliorations pour la défense de la ville qui doit subvenir à l'entretien de ses soldats et de ceux de LESDIGUIERES venus en renfort.

 

Il semble probable qu'après avoir vécu à Saint-Rémy, il ne vint habiter Barbentane que tardivement, après la disparition de Paul d’ALBERT en 1604, lorsque le "château" fut de ce fait disponible. La mort de son oncle lui laissait en effet pour héritage, outre le titre des Mondragon, tout l'ensemble immobilier patiemment constitué par l’évêque Antoine de TENDE puis par Paul d’ALBERT, autour de la rue Croix-Rouge, englobant certainement le Planet et une partie de la rue Pujade.

 

10 enfants vont naître de l'union de Paul et de Sylvie, tous à Saint-Rémy-de-Provence, sauf Sextie.

 

Dominique l'aîné, né vers 1578, héritier du titre de seigneur de Crozes, fut viguier de Marseille en 1630 et Premier Consul de Saint-Rémy en 1636. Dominique épouse à Tarascon le 16 juillet 1617, Marguerite de BENAULT de LUBIERES (1586-1642). Il vivra essentiellement à Saint-Rémy, mais une fille nommée Sylvie naît à Barbentane en avril 1618. Les autres enfants naîtront à Saint-Rémy entre 1618 et  1624. Sans postérité mâle, sauf un François mort enfant, Dominique de Mistral vendit l'hôtel de famille de Saint-Rémy en 1634 et mourut sans doute peu après en mars 1645 (Denis Martin, Paul Ier de Mistral de Mondragon de Barbentane - barbentane.provence.free.fr).

 

En 1586 Crozes (Paul de Mistral), qui a trente ans, est nommĂ© viguier de Tarascon, fonction modeste qui n'est qu'une attente des opportunitĂ©s nouvelles qui vont se prĂ©senter pour lui permettre de se remettre en valeur ! (Denis Martin, Paul Ier de Mistral de Mondragon de Barbentane - barbentane.provence.free.fr).

 

Les premières empreintes des Mistral en Provence datent de 1457, avec Mermet Mistral à Tarascon. Mermet s'installe à Maillane vers 1471 et devient syndic de la commune en 1480. Il donne naissance à deux garçons : Raymond et Jean (Gérard Baudin, Frédéric Mistral: illustre et méconnu, 2010 - books.google.fr).

 

Paul de Mistral meurt à Barbentane en février 1615 (Denis Martin, Paul Ier de Mistral de Mondragon de Barbentane - barbentane.provence.free.fr).

 

Barbentane est à trois lieues de Tarascon (Victor Leroy, Notice sur les constructions des maisons à Marseille au XIXe siècle, 1989 - books.google.fr).

 

Dominique de Mistral, sieur et baron de Crozes, (Mistral de Mondragon), premier consul moderne, expose que les Pères Observantins sont en reste (en retard) de la taille, depuis mil six cents cinquante cinq, pour le jardin qu'ils possèdent et, comme ne sont pas exploitants, le Conseil doit dĂ©libĂ©rer ce qu'on doit faire... Le Conseil a dĂ©cidĂ© «que le jardin et maison des Observantins seront mis aux enchères et dĂ©livrĂ©s Ă  qui en fera la condicion plus advantageuse». [Arch. comm. BB-3, fol. 393). Le 7 mai 1658, le S de Crozes a reprĂ©sentĂ© «que la communautĂ© a, par charitĂ©, toujours quictĂ© aux R.P. Observantins, le prisage de sa vieille Casette ; et comme de despuys, ils ont acquis le jardin de Messire Vincens, chanoine, jadis du S.de Moullaux, le R. P. Casto, gardien, demande Ă  la CommunautĂ© luy vouloir faire grâce des arrĂ©rages de taille qui sont demeurĂ©s Ă  faictes [affectĂ©s] pour les annĂ©es 1655, 1656 et dernière 1657. Le Conseil... considĂ©rĂ© la pauvretĂ© et la misère des temps... a dĂ©libĂ©rĂ© que, par charitĂ©, lui sera donnĂ© trente-troys livres, et pour icelles fait mandat ; et oultre ce, la taille du prisage de la vieille Casette luy sera quictĂ©e pour lesdites troys annĂ©es ; et le surplus de ce que se montera la taille de son prisage sera par eux payĂ©, et sans consĂ©quence» (Etudes franciscaines, Volumes 1 Ă  5, 1950 - books.google.fr).

 

Il est parlé de "Pol mansol" au quatrain X, 29. Peut-être en relation avec un ouvrage écrit par Pierre Garasse, jésuite, et publié en 1619.

 

François Garasse, né à Montauroux en 1585 et mort à Poitiers 19 juin 1631, fut en son temps un jésuite redouté de toute la sphère littéraire. Il publie Le Rabelais réformé par les ministres et nommément par Pierre du Moulin, ministre de Charenton, pour réponse aux bouffonneries insérées en son livre de la vocation des pasteurs (Bruxelles 1619, édition originale très rare, autres éditions : 1620 et 1621) : cf. quatrain X, 29 - Des Vaudois à Saint Rémy de Provence - 2198-2199.

 

Dans ce quatrain il est question de Bigorre, dans les Pyrénées, et Tarascon sur Ariège s'y trouve. Au quatrain VIII, 44, l'interprétation porte sur la grotte de Lombrives comme au quatrain IV, 72.

 

mensolee, mamsol, manseole

 

Manseolum, minus mansum (Veterum scriptorum et monumentorum historicorum, dogmaticorum, moralium, amplissima collectio, Volume 9, 1968 - books.google.fr).

 

Les Petites Maisons est le nom donné à un «asile d’aliénés» créé en 1557 à Paris, transformation de la maladrerie du faubourg Saint-Germain, fondée en 1497 à l'emplacement de l'actuel square Boucicaut, quartier Saint-Thomas-d'Aquin (7ème arrondissement) (fr.wikipedia.org - Petites Maisons).

 

Pour les pauvres fous qui tombaient dans quelque agitation furieuse, on avait la prison. Les familles plus aisées, que les excentricités d'un de leurs membres risquaient de réduire à misère, honte et mauvais traitements, pouvaient demander une ordonnance à l'Intendant de la Province et faire interner leurs aliénés dangereux, leurs dévoyés ruineux ou importuns, dans quelque monastère, sous la protection de charitables religieux. C'était alors pour le couvent un moyen précieux d'existence. Tel semble avoir été le cas de Saint-Paul-de-Mausole, puisque le 7 juin 1768, à la suite d'un édit de Louis XV supprimant toute Communauté d'hommes qui n'aurait pas au moins neuf religieux, les Consuls de Saint-Rémy-de-Provence firent une pétition pour garder dans leur ville, à perpétuité, les Pères Observantins «qui reçoivent pensionnaires dans leur couvent, les personnes qui ont le malheur de tomber dans la démence et même ceux qui sont enfermés par lettre de cachet» (Edgar Leroy, Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence: notes historiques et touristiques, 1948 - books.google.fr).

 

Les Archives des Observantins ayant été détruites ou dispersées à la Révolution, et des recherches faites à ce sujet n'ayant pas encore donné de résultats, on ne possède actuellement aucune donnée sur l'activité des P. Observantins de Saint-Paul dans le domaine de l'assistance aus aliénés (Edgar Leroy, Les origines de l'Asile de Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence, Hygiène mentale, Volume 33, 1938 - books.google.fr).

 

Observantins et RĂ©collets

 

La réforme de l'ordre franciscain avait abouti à la scission en Cordeliers, Capucins et Récollets. Ces derniers sont les Frères Mineurs de la plus stricte observance. En 1485, une bulle du pape Sixte IV permit aux réformés de se retirer dans ne maison «qu'ils nommaient de récollection pour y vivre la vie des anges dans une parfaite observance de leur règle». Ainsi prit corps l'ordre des Récollets, qui ne portaient aux pieds ni socques ni sandales et vivaient dans la pauvreté. Leur implantation dans le royaume fut facilitée par Henri IV et Louis XIII. En avril 1617, proposition fut faite d'établir à Villeneuve-lez-Avignon un couvent de religieux observantins, également franciscains. Le Révérend Père Etienne Brunet, gardien des Récollets d'Avignon, en visite chez un de ses amis, l'engagea à faire des démarches en faveur des Récollets auprès du viguier, Monsieur de Roux, des Bénédictins de Saint André, du chapitre de Villeneuve et des couvents de la ville. Celui-ci parvint à les convaincre de l'utilité de la présence d'une communauté de Récollets auprès de la population de la ville. L'autorisation de leur installation fut accordée par l'archevêque d'Avignon, Monseigneur Dulcis, en mai 1617. Cet accord ne fut donné ne fut donné qu'à la condition expresse qu'ils ne fassent jamais de procession extérieure sans celui de l'abbé de Saint André et du chapitre, avec obligation d'assister, avec leur croix, aux processions générales et votives, avec interdiction de recevoir dans leur église aucune sépulture particulière (Christelle Got, Un cas historique de paludisme grave: l'épidémie de 1776 de Villeneuve-lès-Avignon, 1999 - books.google.fr).

 

AppelĂ©s en France, Ă  Nevers, en 1592, par Louis de Gonzague, duc de Nevers, ils furent secondĂ©s par Henri IV, Louis XIII et Louis XIV qui ordonnèrent aux Ă©vĂŞques du royaume de leur faire cĂ©der, par les Observantins, tous les couvents qui leur seraient nĂ©cessaires ; ils en possĂ©dèrent bientĂ´t assez pour former dix provinces, tant en France qu'en Flandre. Les RĂ©collets ayant servi d'aumĂ´niers du roi au camp de Saint-SĂ©bastien, près de Saint-Germain-en-Laye, satisfirent tellement Louis XIV, que celui-ci voulut qu'ils servissent en la mĂŞme qualitĂ© dans ses ArmĂ©es (Joannès Chetail, Aspects historiques du Bas-DauphinĂ©, 1983 - books.google.fr).

 

«Les Observantins, souligne-t-on dans les Archives des Capucins, escrivirent encor à Rome affin de noircir la réputation, nous appelant excommuniés. [...] Comme (les Observantins) n'apprennent pas les langues orientales, pour rendre service aux chrestiens du païs, ils sont jaloux de voir l'estime que chacun fait des Capucins pour leur bon exemple, pour leur zèle et pour leur science». Selon les Capucins, leur réussite consisterait donc dans le fait d'apprendre les langues étrangères, à savoir les langues des peuples parmi lesquels ils sont installés. Toutes les requêtes présentées par les Franciscains à Rome ou à Paris, et toute la campagne de dénigrement menée par eux pour contrecarrer l'action des Capucins, tout cela ne faisait finalement que consolider ces derniers dans leur installation. […] Après la chute de l'Emir Fakhr ed Dine et la disparition de Richelieu, la Reine Anne d'Autriche joua un rôle majeur dans la protection des Capucins (Nasser Gemayel, Les échanges culturels entre les Maronites et l'Europe: du Collège maronite de Rome (1584) au Collège de Ayn-Warqa (1789), Tome 2, 1984 - books.google.fr).

 

Pour l'Ă©mir Fakh ed Dine cf. quatrain I, 50.

 

Guillaume d'Hugues (mort en 1648), le ministre général des cordeliers Conventuels, fit valoir au roi Henri IV, en 1609-1610, la nécessité de contrôler l'autre branche de l'ordre réformé, celle des cordeliers Observantins, sous influence espagnole. Il regrette l'absence de Français aux postes décisifs de l'Observance qui n'élit que des Espagnols ou des Italiens, «sujets du roi d'Espagne». Les Conventuels qu'il dirige «non seulement ne dépendent pas d'Espagne et n'ont aucune inclination à l'affectionner mais encor en sont dégoutez et offencez.» Le rapprochement proposé à Henri IV permettrait de nommer un supérieur «religieux de leur nation» que le roi ne pourra pas suspecter de servir «d'espions à leurs princes». Sans compter que cela «sera de grande réputation à la nation françoise qui s'affranchirait alors de la tutelle espagnole. Peut-être pour éviter ces clivages, la régente tenta de désamorcer ces ressentiments franco-espagnols. Situé à  proximité de l'ancien hôtel des Guise, l'ordre de la Merci arborait le blason d'Aragon et était resté sous la dépendance de supérieurs espagnols jusqu'au XVIe siècle. Dans le contexte des mariages espagnols, Louis Petit, hispanophile renommé, accéda au généralat de l'ordre trinitaire en 1612 et contribua à modifier l'image d'un ordre anti-hispanique. La passion espagnole dudit général, écrit Erwan Le Fur, s'étendit plus tard à l'ensemble de l'Ordre et il devint le relais privilégié de la spiritualité espagnole dans ses opuscules (Yann Rodier, Les raisons de la haine: Histoire d'une passion dans la France du premier XVIIe siècle (1610-1659), 2020 - books.google.fr).

 

"prochains" : Beaucaire ?

 

Entre 1450 et 1550, Beaucairois et Tarasconnais agissent la plupart du temps comme «bons et prochains voisins» (Chronica fratris Salimbene de Adam) (Jacques Rossiaud, Le Rhône au Moyen Âge: histoire et représentations d'un fleuve européen, 2007 - books.google.fr).

 

En 1397 un décret d'exil chassa de Florence la famille Alberti; un document de 1409 constate qu'à cette dernière date un de ses membres, Thomas, était fixé à Avignon. D'autre part quand, sous î.ouis XIII, le connétable de Luynes fut reçu chevalier des ordres du Roi, il prouva sa noblesse depuis un Thomas Alberti qui fut nommé le 13 février 1413 aux fonctions, du reste assez modestes, de viguier royal de la petite ville du Pont-Saint-Esprit, sur la rive droite du Rhône, près d'Avignon. D'après les généalogistes de la maison d'Albert de Luynes, ces deux Thomas Alberti n'auraient fait qu'un seul et même personnage dont cette famille serait issue «Mais, dit Steyert, dans l'article fort remarquable qu'il consacre aux Albert dans son Armorial du Lyonnais, aucun acte ne prouve cette filiation et il y manque un degré pour qu'elle soit vraisemblable. En dehors de ces deux actes (celui de 1397 et celui de 1415), il n'est plus question de Thomas Alberti en France. Il est à croire qu'il rentra à Florence lorsque l'édit d'exil contre sa famille fut rapporté en 1428. Passerini a prétendu, il est vrai, qu'il avait refusé de  rentrer à Florence; mais il ne le prouve pas.» On trouve cependant (Dossiers bleus) que Thomas Albert fut nommé viguier royal de Bagnols par nouvelles lettres du 24 avril 1420, qu'il acquit en 1434 la seigneurie de Boussargues, fut pourvu en 1447 de la charge de bailli d'épée du Vivarais et du Valentinois et mourut le 24 août 1455. Il fut père d'Hugues d'Albert, Sgr de Boussargues, qui fit son testament en 1479 et qui ne prend dans cet acte que la qualification bien modeste de noble et egrége. Celui-ci fut l'aïeul de Léon d'Albert qui épousa, en 1535, Jeanne de Ségur. Cette dame appartenait à une famille provençale bien distincte de l'illustre maison du même nom qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours (Dictionnaire des familles françaises, Tome I, 1903 - www.corpusetampois.com).

 

Thomas ou Pierre Alberti auraient participé au siège de Beaucaire en 1420 (Hippolyte Buffenoir, La duchesse de Luynes, 1894 - books.google.fr, La Flandre, revue des monuments d'histoire et d'antiquités, Tome; 1878 - www.google.fr).

 

Honoré d'Albert, le fameux "capitaine Luynes" (env. 1535-1592), grand serviteur d'Henri III, puis d'Henri IV, fut notamment gouverneur de Pont-Saint-Esprit et de Beaucaire (Claude-Alain Sarre, Vivre sa soumission: l'exemple des Ursulines provençales et comtadines, 1592-1792, 1997 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Charles d'Albert (duc de Luynes)).

 

Le 28 may 1615, jour de l'Ascension, l'y aïant une petite foire à Beaucaire, environ de huit à neuf heures du matin, passant un batteau appellé plate de Tarascon aud. Beaucaire chargé de gens, se perdit audeffaut de la lumière de Beaucaire, estant conduite par un patron de Beaucaire, lequel se noya avec cent et dize-huict personnes, environ trente de Tarascon et douze de ceste ville d'Arles, le reste des villages circonvoisins (Mémoire de Louys Romany, marchand d'Arles 1581-1621, Le Musée: revue arlésienne, historique et littéraire, Volumes 1 à 2, 1874 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2064 sur la date pivot 1614 donne 1164.

 

De 1553 à 1163, le prévôt de Saint Paul de Mausole est un certain Raimon. En 1155, le pape Adrien IV confirme à l'évêque d'Avignon ses droits sur Saint-Paul, preposituram Sancti Pauli. Peu après, le pape Alexandre III prend sous sa protection des moniales d'Avignon, dépouillées de leurs biens par leur évêque, ses chanoines et le prévôt de Saint-Paul-de-Mausole. […]

 

Vitalis - sixième prévôt (1177-1178). Guillaume d'Uzès en lui confiant son fils Etienne, à peine âgé de trois ans , puerulum fere trium annorum pour en faire plus tard un chanoine, donne tout ce qu'il tient «des Clapiers» jusqu'au tor d'Anseric avec un «honneur» près de la Crau Sabedamale et des trois Uissols, tres ostiola (Edgar Leroy, Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence: notes historiques et touristiques, 1948 - books.google.fr).

 

Guilhem Barrière (Barreria) pose un certain nombre de problèmes. Présent à Avignon dès 1133, il est ensuite mentionné à plusieurs reprises dans la région dans les années 1140-1150). En 1157, notamment, il assiste, avec le juriste avignonnais Peire Bermond de Laudun, l'archevêque d'Arles dans un plaid à Saint-Cannat. La difficulté vient de l'existence à la même époque d'un sacristain homonyme de Saint-Paul, qui participe à plusieurs plaids. [...] E. Leroy, Archives communales de Saint Rémy de Provence, Saint-Rémy, 1949, n°24, p. 31 estime qu'il s'agit de Saint-Paul-de-Mausole, abbaye de chanoines réguliers de Saint-Rémy. J.-P. Poly, «Les légistes...», loc . cit p. 616, pense au contraire qu'il s'agit de Saint-Paul-Trois-Châteaux (sur le fondement d'un acte de 1164 où il apparaît avec le titre de sacrista Tricastrino, U. Chevalier et J.-H. Albanès, op. cit., Marseille, n°163, col. 81). [...]

 

S'il est tentant de voir dans ces deux personnages une seule et même personne, rien ne permet de s'en assurer. Il faut tout de même observer qu'ils évoluent tous les deux dans une même région (Avignon et les villes alentours), dans un même milieu, à proximité immédiate des puissants ecclésiastiques, et avec des fonctions similaires (si l'on écarte celle de sacristain), c'est-à-dire celles d'assistant ou de conseiller dans le cadre de plaids. Le seul obstacle à la confusion des deux tient dans le fait qu'en mai 1157, à Saint-Cannat, Guilhem ne porte pas le titre de sacristain, qui lui est donné en mars de la même année. Choisir la confusion des deux ou la refuser relève de l'hypothèse mais ne remet pas en cause des conclusions qui valent pour les deux. Bien qu'à aucun moment Guilhem ne soit qualifié de juriste, il est évident qu'il a des compétences juridiques, sans doute reconnues, ce qui le fait intervenir dans des plaids situés à des endroits assez variables. C'est même celui des cinq juges de 1146, à Avignon, qui a les compétences les plus vraisemblables en ce domaine (Nicolas Leroy, Une ville et son droit: Avignon du début du XIIe siècle à 1251, 2008 - books.google.fr).

 

 

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