Priscillianisme

Priscillianisme

 

VIII, 35

 

2055-2056

 

 Dedans l'entrée de Garonne et Bayse,

Et la forest non loing de Damazan

Du marsaves gelées, puis gresle et bize,

Dordonnois gelle par erreur de Mezan.

 

Baïse : rivière de Gascogne, qui descend du dép. des Hautes-Pyrénées (source sur le Plateau de Lannemezan) par deux branches dont le confluent est au dép. du Gers. Elle arrose Lille, Condom, Nérac, où elle commence à être navigable par écluse, et se jette dans la Garonne, vis-à-vis Aiguillon, près de l'endroit ou le Lot mêle ses eaux à celles de la Garonne (François Robert, Dictionnaire géographique, d'après le recès du Congrès de Vienne, le Traité de Paris, du 20 novembre 1815, et autres actes publics les plus recens, Tome 1, 1818 - books.google.fr).

 

Mezan : une aphérèse de Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Luni (1998, p.317) l’identifie à Mézin, dont l’orthographie s’en éloigne plus que Lannemezan, car S et Z sont échangeable chez Nostradamus (donmichel.blog132.fc2.com).

 

Lannemezan est une bastide située au centre du plateau de Lannemezan entre Tarbes et Toulouse sur la Petite Baïse (fr.wikipedia.org - Lannemezan).

 

Navigation sur la BaĂŻse

 

Comme pour le commerce local du vin (omis ici), il y avait de petits charrois mais, grâce à son prix sous un faible volume, l'eau-de-vie s'y prêtait autrement. Dès Mont-de-Marsan (les marchands y sont restés sur ses quais, comme d'autres au faubourg bayonnais de Mousserolles, ou, jadis à Peyrehorade, point de départ de la navigation face au proche Béarn, sur les Gaves réunis), la Midouze puis l'Adour offraient leur voie d'eau, jusqu'à Bayonne, drainant tout ce commerce important. Ici, M. Roger Dion utilise l'important travail de M. Polge sur les deux routes de l'Armagnac. L'autre, par la Ténarèze ou "voie de César" disaient les habitants de Sos en 1768, aboutissait à Lavardac sur la Baïse où on chargeait les gabarres; les plates galupes circulaient sur l'Adour. Encore n'y a-t-il pas lieu en rien de séparer ces types de navires pour l'un ou l'autre de ces rivières dont le tirant d'eau se valait (Bibliographie : Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France : des origines au XIXe siècle, Bulletin, Volume 62, 1961 - books.google.fr).

 

Jusqu'à Henri IV, roi de France, de Navarre et duc d'Albret dont Nérac était la capitale, la navigation fut irrégulière du fait de passelis ou payssières extrêmement dangereux. Sully fit remplacer 5 payssières (Buzet, Vianne, Lavardac, Bapaume et Nérac) par des écluses. Malgré cela, le passage n'est véritablement amélioré que jusqu'à Lavardac. Il faudra attendre les années 1830 et la venue du sous-préfet Haussmann pour voir se réaliser les travaux nécessaires pour remonter jusqu'à Condom, puis jusqu'à l'Isle-de-Noé. Lavardac sera le point de rupture de charge. Au XIXe siècle, on «canalise» la Baïse jusqu'à Condom (1839), amplifiant (comme Mont-de-Marsan) son rôle de marché d'eaux-de-vie (fr.wikipedia.org - Baïse).

 

"erreur"

 

Vx ou littér. [P. réf. à errer « aller çà et là »] : Action d'errer çà et là; parcours sinueux et imprévisible. Ce ruisseau sinueux a d'aimables erreurs (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 1, 1844-64, p. 27) ; Ici, du labyrinthe habilement tissu, Dédale a retracé le piège inaperçu : On le voit, d'Ariane écoutant la tendresse, Lui-même en révéler l'insidieuse adresse; Et, débrouillant l'erreur de ses mille chemins, Du fil libérateur armer ses jeunes mains. Delille, Énéide,1804, p. 217. Les erreurs d'Ulysse. Les pérégrinations du héros grec sur le chemin du retour vers Ithaque retracées dans l'Odyssée. Il aimait les beaux voyages et, comme on dit d'Ulysse, les longues erreurs (...), il s'amusait à prendre le plus long (France, Rabelais, 1924, p. 26) (www.cnrtl.fr).

 

"errer" du latin "iter" voyage (Dictionnaire Ă©tymologique Larousse, 1969).

 

On pense aux sinuosités de la Baïse qui prend sa source près de Lannemezan ou de la Dordogne, ou au trajet sur une rivière.

 

"gelle"

 

Il existe aussi la rivière de la Gèle qui se jette dans la Baïse à Condom (Edmond Lambert, Nouveau guide du géologue, géologie générale de la France, suivie d'un appendice sur la géologie des principales contrées de l'Europe, 1873 - books.google.fr).

 

Encore, la GĂ©lise est un affluent gauche de la BaĂŻse (fr.wikipedia.org - GĂ©lise).

 

"Mezan" : voile ?

 

megeanne, mizaine, misaine, mejane : voile. […]

 

Jean Lemaire, neveu et disciple de Molinet, était un homme du Nord, comme son surnom le montre déjà. Pourtant, il a subi des influences lyonnaises, latines et italiennes. En 1504, par exemple, il fut à la cour de Savoie, à Turin. Il a fait aussi un voyage en Italie. Dans plusieurs ouvrages, qui s'étendent de 1503 (Temple d'Honneur) à 1510-13 (Illustrations de Gaule), et notamment dans sa Vraye histoire (1511) sur le saufconduit des chrétiens aux lieux saints, nous avons trouvé le vocabulaire nautique suivant: ancre, (à l')ancre, armer 'équiper' et 'préparer (les rames)', artillerie, [barque], bois, bolingue, cable, charger, [contremejane cotonnine, desployer, [ernpavescher 'garnir de pavois'], envestir, esquif, esquipper, fourniture, fuste, galee /galée, galiot 'rameur', paillon, gens, [gouffre marin (Concorde 1511)], gouvernai, guinder, harnois (de guerre), lin 'étoffe', mejane 'voile', mesrien / maisrien 'merrain', navigage, navire ('bateau' et 'embarcation'), pilot, port, rabiller, rame, refreschissement, trinquet 'voile', tymon, vitaille, vogue, voile 'navire, voille et (à plain) voille. Quelques-uns proviennent du Levant: armer 'préparer', [barque], cotonnine, envestir, esquif, faste, trinquet, tymon et vogue; en plus, les voiles de mejane et de contremejane, qui apparaîtront plus tard chez Rabelais (Jan Fennis, Trésor du langage des galères, 2011 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain VIII, 32 pour Jean Lemaire.

 

La gabare est destinée uniquement à une navigation fluviale. Construite à franc-bord, sa coque est bâtie sur sole prolongée sur l'avant et l'arrière par une longue levée à seuil large. La coque est totalement ouverte. Une cabane est aménagée sur l'arrière. Sur le haut des allonges est fixée une serre qui s'étend sur toute la longueur de la coque. Les pièces transversales des fonds sont des râbles que l'on distingue nettement sur la levée avant. Le mât, maintenu par deux barrots formant étambrai, porte une vergue et une voile carrée. Le gréement dormant comporte un hauban à palan et un étai. De la tête du mât part la cordelle de halage. La direction de la gabare est assurée par un gouvernail axial dont la fixation au bas de la levée - une ferrure en forme d'étrier - paraît précaire et bien curieuse (Michel Vergé-Franceschi, Eric Rieth, Voiles et voiliers au temps de Louis XIV: édition critique des deux Albums dits de Jouve et de l'Album de Colbert, 1992 - books.google.fr).

 

L'annĂ©e navigable variait de durĂ©e suivant les sections. Dans les «hautes rivières», elle ne comprenait que les mois d'hiver et de printemps, le rĂ©seau fluvial atteignait alors seulement toute son ampleur, il remontait jusqu'aux abords de la montagne. Au XVIIIe siècle en Garonne, entre Toulouse et le Tarn, les eaux peu «portantes» duraient près de huit mois, de fin juin Ă  fin fĂ©vrier Sur le haut Lot en amont de Fumel, la navigation n'Ă©tait active que pendant cinq mois et, en amont de Cahors, pendant trois mois seulement ; le port de Libos, Ă  l'entrĂ©e de l'Agenais, connaissait au moment des fortes eaux d'hiver une affluence extraordinaire, il s'y rassemblait parfois 150 bateaux. Les contrats de transport dans les hautes rivières prĂ©voyaient cette irrĂ©gularitĂ© ; ils ne prĂ©cisaient pas de date fixe, mais indiquaient que le voyage «se ferait Ă  la première eau». En Moyenne Garonne, l'annĂ©e navigable Ă©tait heureusement plus longue : Ă  Marmande, on comptait qu'il y avait 287 jours de bonne navigation : on dĂ©nombrait 67 jours d'Ă©tiage oĂą l'eau Ă©tait au-dessous de 1 mètre ; 145 jours d'eau moyenne, 1 mètre Ă  2m22 de fonds ; 142 jours de hautes eaux encore navigables, 2m22 Ă  5m40 ; 9 jours d'eau de dĂ©bordement au-dessus de 5m40. La navigation Ă©tait très bonne pendant les eaux moyennes et pendant les hautes eaux ; lors des dĂ©bordements, les chemins de halage Ă©tant inondĂ©s, la navigation devenait impossible Ă  la remonte ; quant aux eaux d'Ă©tiage, la navigation pouvait encore se faire entre 1m et 0,60 avec des bateaux de charge rĂ©duite ; il ne restait que 22 jours pendant lesquels il y avait moins de 0,60. Naturellement, la navigation Ă©tait beaucoup plus longue Ă  la montĂ©e qu'Ă  la descente. A la descente, de Tonneins Ă  Bordeaux, il fallait un jour et demi ; il y avait mĂŞme certains bateaux qui partant de Marmande Ă  11 heures du matin , arrivaient le lendemain Ă  4 heures du matin Ă  Bordeaux, s'ils n'Ă©taient pas contrariĂ©s par la marĂ©e montante. En temps de fortes eaux, la descente Ă©tait parfois très rapide surtout dans la partie amont : de Toulouse Ă  la Pointe-du-Tarn on rĂ©ussissait, certains jours, Ă  ne mettre que quatre heures pour effectuer les 60 kilomètres ; d'Auvillars Ă  Agen, la pente moins forte ne permettait de franchir en hautes eaux les 35 kilomètres de distance qu'en 5 heures Par contre Ă  la remonte, de Tonneins Ă  Toulouse, on met 10 Ă  12 jours en Ă©tĂ©, 15 Ă  16 jours en hiver, oĂą les jours sont plus courts. […]

 

L'hiver est le plus souvent humide, brouillardeux ; les temps secs et froids sont exceptionnels, la neige tient rarement ; on compte deux ou trois années par siècle où la Garonne est prise par les glaces Pour caractériser les trois premiers mois de l'année, les mêmes expressions se retrouvent dans les carnets des observateurs du XVIIIe siècle : «brouillards fondus», «fontes de brouillards», «petites fontes», «bruine», «brouillard fort sombre, suspendu à l'horizon», «les arbres dégouttent», «l'hiver est pourri» (Pierre Deffontaines, Les hommes et leurs travaux dans les pays de la moyenne Garonne (Agenais, Bas-Quercy), 1932 - books.google.fr).

 

Les vieux chroniqueurs nous avaient bien parlé, dans les siècles précédents, de ces rudes hivers où, la Garonne gelée, toute navigation devenait impossible.

 

La Garonne était navigable autrefois ; Ausone nous parle de bateaux qui circulent sur le fleuve et ses affluents (Revue de Gascogne: bulletin bimestrial de la Société historique de Gascogne,1912 - books.google.fr).

 

Strabon dit que cette rivière avait 2.000 stades de navigation, soit 370 kilomètres, c'est-à-dire la distance de Toulouse à la mer. Ausone parle de barques, de bateaux, chaloupes, qui se promènent sur le fleuve. Les aménagements de la Garonne portèrent non pas sur une extension de la section navigable, mais sur une amélioration du cours : établissement d'un lit de navigation et de berges fixes. Au XVIIIe siècle seulement, on tenta de pousser la navigation en amont de Toulouse, jusqu'à Cazères d'abord et même jusqu'à Saint-Béat, mais ce fut toujours une navigation précaire, qui n'était utilisée pratiquement qu'à la descente (Pierre Deffontaines, Les hommes et leurs travaux dans les pays de la moyenne Garonne (Agenais, Bas-Quercy), 1932 - books.google.fr).

 

Ce n'est certes pas d'hier que les agriculteurs paient leur tribut à la gelée, et le poète girondin Ausone qui, de l'an 310 à 395 vécut en viticulteur averti, raconte que son intendant Graculeus «maugréait sans cesse contre la gelée, continuant en cela la tradition des vignerons gallo-romains.» (M. Faivre, La lutte contre les gelées de printemps en culture fruitière, Revue horticole, 1951 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DEDD, dedicaverunt ou dedicavit

 

Quelques épitaphes sont dédiées «sous le signe de l'ascia» (sub ascia dedicaverunt ou dedicavit), dont la mention, très localisée en Gaule (régions de Lyon et de Bordeaux principalement, ainsi que la Narbonnaise), a fait l'objet de diverses interprétations dont les plus communément admises aujourd'hui font référence soit à la sauvegarde de la tombe, soit à l'annonce d'une vie nouvelle après la mort (La Saône-et-Loire, de la préhistoire à nos jours, 1992 - books.google.fr, www.arretetonchar.fr).

 

Bordeaux ne possède que deux monuments avec cette formule. L'un et l'autre appartiennent à une même famille. Ils ont la forme d'un ædicule à fronton; les lettres sont d'une belle facture, bien finies, plutôt larges que longues, avec des points triangulaires; ils ont été érigés à quelques années d'intervalle, le premier à VALERIVS FELIX par sa femme VICTORINA, le second à VICTORINA par ses enfants. (SVB. ASCIA DEDICAVIT) (M. Sansas, Symbolisme de l'ascia, Actes de l'Academie Royale des Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux, Volume 28, 1866 - books.google.fr).

 

L'ascia a Ă©tĂ© rapprochĂ©e du Tau gallicum dont parle Ausone, dans un poème mystĂ©rieux :

 

Corinthiorum amator iste verborum,

Thucydides britannus, atticæ febres,

Tau Gallicum, Min, Al, spiuæ illi sit.

Ita omnia ista verba miscuit fratri.

 

Virgile donne à Tau l'épithète de gallique ; et Ausone, qui cite ces trois monosyllabes parmi les tortures des grammairiens, Idyl., XII, qualifie Al de celtique. Il est donc tout naturel de croire que Min était également gaulois ; mais nous ne  pouvons guère espérer comprendre ce que le poëte aquitain ne comprenait pas lui-même ; chose fort étrange, soit pour lui, s'il a parlé sérieusement, soit pour les grammairiens romains, à une époque où l'ancienne langue nationale était encore parlée dans les Gaules (Dominique François Louis baron Roget de Belloguet, Ethnogénie gauloise, Tome 2, 1872 - books.google.fr).

 

L'ascia, par contre, qui est une sorte d'herminette, de doloire ou de binette, figure souvent. Elle est d'origine pythagoricienne et peut, selon saint Irénée, être adoptée sans inconvénient. Il en est de même pour le tau, qui évoque la croix du supplice, et, dans le carré magique de la chapelle Saint-Laurent à Rochemaure, en Ardèche, le mot «Tenet» forme une croix au milieu, le T se trouvant entre A et O, alpha et oméga, symboles de la divinité (Paul Leutrat, Croix d'Auvergne, 1977 - books.google.fr).

 

Saint Irénée dans son «Adversus haereses» explique, en citant le texte de saint Luc, que le Verbe de Dieu ressemble à l'ascia, que l'ascia ressemble plus à la croix que la charrue et que, du reste, telle la charrue, l'ascia montrait le fer  uni au bois du Verbe, en sorte que, semblable à elle, le Verbe de Dieu, «emundavit silvestrem terram», a émondé la terre broussailleuse (Etienne Couvert, De la gnose à l'œcuménisme, Tome 1 : les sources de la crise religieuse, 1983 - books.google.fr).

 

Étienne Dolet, humaniste et imprimeur français, né en 1509 à Orléans, mort le 3 août 1546, commença ses études à Paris, et alla les continuer à Padoue, puis à Venise, où il reçut les leçons des maîtres les plus illustres et acquit une connaissance étendue de la langue latine. Cicéron surtout devint l'objet de son admiration, et il fut un des plus zélés partisans de la secte alors fameuse des cicéroniens. L'ardeur qu'il apporta dans la défense de son auteur favori, la hardiesse de son esprit et son penchant à la satire commencèrent à lui valoir de violents ennemis. S'étant rendu, en 1532, à Toulouse pour y étudier le droit, il fut élu orateur par les écoliers français, et se vit emprisonné par suite d'un arrêt du parlement qui interdisait les associations entre les étudiants. Expulsé ensuite de Toulouse, il se livra tout entier à l'étude des anciens. En 1537, il obtint de François Ier un privilège d'imprimeur à Lyon, et mit au jour plusieurs ouvrages, soit de lui-même, soit d'auteurs anciens et modernes, remarquables par la correction et par les annotations. La marque de ses livres est une doloire, que tient une main sortant des nuages et qui menace la tige d'un arbre; elle est accompagnée de cette devise : «Préservez-moi, Seigneur, des calomnies des hommes.» Accusé, en 1542, d'imprimer des ouvrages qui sentaient l'hérésie, il fut emprisonné pendant quinze mois à la Conciergerie de Paris, et en 1543 le parlement condamna au feu treize des ouvrages qu'il avait composés ou imprimés. Sorti de prison, au lieu d'imiter la prudence de Clément Marot et de Robert Estienne, qui s'éloignèrent de France, il retourna dans son imprimerie de Lyon. En 1544, la Sorbonne l'accusa d'athéisme, sur un passage du dialogue de Platon intitulé Axiochus, qu'il avait traduit, en accentuant trop fortement la pensée de l'auteur. Condamné comme relaps, il fut torturé, puis étranglé et brûlé sur la place Maubert. On dit qu'en allant au supplice, voyant la foule attendrie, il fit ce vers : Non dolet ipse Dolet, sed pia turba dolet.

 

Les principaux Ă©crits de Dolet sont les suivants : Dialogus de imitatione ciceroniana adversus Erasmum (Lyon, 1535, in-4); Commentariorum linguæ latinĹ“ tomi duo (Lyon, 1536-1538, in-fol.) ouvrage qui est le fruit d'un long travail et d'une grande Ă©rudition; Carminum libri quatuor (Lyon, 1538, in-4), recueil dont le goĂ»t n'est pas toujours pur, mais qui joint de la verve et de l'esprit Ă  l'entente de la versification latine ; Genethliacum Claudii Doleti Stephani Doleti filii (Lyon, 1539, in-4), recueil de poĂ©sies latines sur la naissance du fils de l'auteur, traduit en français la mĂŞme annĂ©e ; la Manière de bien traduire d'une langue en une autre (Lyon, 1540, in-8); De la ponctuation françoise (Lyon, 1541, in-4); Exhortation Ă  la lecture des Saintes Lettres (Lyon, 1542, in-16); Bref discours de la RĂ©publique françoise, poĂ«me (Lyon, 1544,in-16); Deux dialogues de Platon, l'un intitulĂ© Axiochus, l'autre Hipparchus, traduits en français (Lyon, 1544, in-16) ; Second Enfer d'Etienne Dolet (Lyon, 1544, in-8), poĂ«me sur la fin de sa captivitĂ©, dont il avait composĂ© le commencement sous le titre de Premier Enfer, qu'il ne publia pas ; les Epitres familières de CicĂ©ron, traduites en français (Paris, 1542, 1549, in-8) (Gustave Vapereau, Dictionnaire universal des littĂ©ratures, 1876 - books.google.fr).

 

En 1544, par toute la France, le vin se coupa Ă  coups de hache, dans les tonneaux (Gustave Michaud, Essais de Montaigne, Tome 4, 1909 - books.google.fr).

 

En 1544, grands froids à Bordeaux et dans toute la Gascogne (J.B. Thore, Relevé météorologique, Bulletin de la Société de Borda, Volumes 4 à 6, 1879 - books.google.fr).

 

Glaces et Dordogne

 

Dans l'Idylle X (La Moselle d'Ausone), Ausone lie la Dordogne aux glaces des sommets ("Dordonnois gelle") :

 

Nul autre ne peut te disputer le pas; ni la Loire, ni l'Aisne rapide, ni la Marne qui passe aux confins des Gaules et de la Belgique, ni la Charente elle-même, où reflue la mer de Saintonge. Tu lui céderas aussi, Dordogne, qui roules du sommet glacé d'une montagne; et la Gaule ne pourra lui préférer le Tarn aux sables d'or; et ce torrent furieux qui se précipite en bondissant au loin de rochers en rochers, l'Adour des Tarbelles devra rendre hommage à la divinité de la Moselle sa souveraine, avant d'entrer dans la mer étincelante. O Moselle, parée de cornes, on doit te célébrer aux plages étrangères, te célébrer partout et non pas seulement aux lieux où, jaillissant de ta source, tu découvres l'éclat doré de ton front de taureau, où tu traînes à travers les champs tes ondes calmes et sinueuses, aux ports enfin de la Germanie, où s'ouvre ton embouchure. Si quelque souffle de gloire soutient mon humble essor, si quelqu'un daigne perdre ses loisirs à lire ces vers, tu voleras sur les lèvres des hommes, et tu vivras dans mes chants applaudis. Tu seras connue des fontaines, des sources vives, connue des fleuves azurés, des antiques forêts qui font l'orgueil des campagnes; pour toi la Drôme, pour toi la Durance qui porte çà et là sa course incertaine, pour toi les fleuves des Alpes auront des hommages, ainsi que le Rhône lui-même, qui traverse une cité qu'il partage, pour donner aussi un nom à sa rive droite. Et moi, je te recommanderai aux flots bleus des étangs, aux grandes rivières mugissantes, à l'océan de ma Garonne (Oeuvres compètes d'Ausone, traduit par E.-F. Corpet, Tome 2, 1843 - books.google.fr).

 

Le père d'Ausone Julius Ausonius, médecin de l'empereur Valentinien Ier, était originaire de Bazas (Cossio Vasatum) entre Bordeaux et Damazan (Léonce Couture, Emilius Magnus Arborius et les rhéteurs aquitains du IVe siècle, Revue d'Aquitaine, journal historique de Guienne, Gascogne, Béearn, Navarre, etc., Volume 4, 1860 - books.google.fr).

 

Théon et une remontée du fleuve

 

Le voyage de Théon par bateau en remontant l’estuaire a suscité depuis un demi-siècle une discussion érudite qui a partagé le monde savant girondin en deux camps, les uns soutenant que l’ami d’Ausone pouvait parfaitement couvrir la distance dans le temps d’une seule marée, ce que les autres considéraient comme impossible. Le point de départ du désaccord tient dans quelques vers d’une lettre par laquelle le maître bordelais, invitant son correspondant privilégié à venir le rejoindre dans l’une de ses propriétés, lui rappelle qu’il doit aborder au port du bourg de Condate, tout proche de son Lucaniacum. La discussion sur le trajet passe à la fois par la localisation de ce domaine (qui entraîne celle du port d’accostage) et par les conditions de la navigation. Ausone s’adresse ainsi à Théon :

 

Puppe citus propera sinuosaque lintea veli

Pande ; Medullini te feret ora noti

Expositum subter paradas lectoque iacentem,

Corporis ut tanti non moveatur onus.

Unus Dumnitoni te littore perferet aestus

Condatem ad portum si modo deproperes,

Inque vicem veli, quoties tua flamina cessant,

Remipedem iubeas protinus ire ratem.

 

“Vite, monte sur un bateau ; dĂ©ploie la toile onduleuse de la voile ; le souffle du vent mĂ©docain t’emportera, Ă©talĂ© sous ta tente, allongĂ© sur un lit pour que ne soit pas secouĂ©e la masse de ta grosse personne. Une seule marĂ©e te portera du rivage de Dumnitonus au port de Condate, si seulement tu te hâtes, et si, pour remplacer la voile chaque fois que la brise favorable tombera, tu donnes aussitĂ´t l’ordre de faire aller le bateau Ă  la rame”.

 

R. Étienne a placé le port de Condate à Condat, aujourd’hui faubourg de Libourne. Voici comment il arrive à cette conclusion en partant de Dumnitonus qu’il situe près du Verdon :

 

“Ce Condate est un port qu’atteint la marée... ce qui revient à savoir où porte le flot de marée. P. Grimal pensait qu’à raison de 2 nœuds à 2,5 nœuds à l’heure (un nœud = 1, 852 km/h), soit 16 à 17 kilomètres par vent favorable, cinq heures de marée portaient Théon à 80 km du Verdon, où il est convenu de placer Dumnitonus, sa résidence, et Condate devait être dans ces conditions identifié avec Bourg-sur-Gironde. Or grâce à une précieuse observation de J. Ducasse, A. Loyen montre que l’embarcation de Théon dispose non pas de cinq heures de marée, mais près de dix heures de flot, en raison du décalage de l’heure de la pleine mer entre Le Verdon et Libourne. Quand le bateau de Théon passe devant Bourg-sur-Gironde, il dispose d’au moins encore quatre heures de flot. Les méandres du fleuve - la Dordogne - l’obligeront à user des rames, et ainsi Condate doit être reconnu dans Condat, aujourd’hui faubourg de Libourne. Notre compatriote Élie Vinet, dès le XVIe siècle, l’avait déjà proposé” (John Atkin, De Dumnitonus au port de Condate. Remarques sur le voyage de Théon (Ausone, Lettre, XIV), Aquitania, Tome 23, 2007 - aquitania.u-bordeaux-montaigne.fr).

 

Elie Vinet est né comme Etienne Dolet en 1509, ce qui relie temporellement aux quatrains VIII, 31 et VIII 33.

 

Il paroît, d'après ce qu'en a écrit Ausonne, que la demeure de Théon étoit située à l'extrêmité et sur la côte occidentale du Médoc. Il y a lieu d'être surpris qu'Elies Vinet, dans ses Commentaires sur ce Poëte, paroissant distrait sur ce que celui-ci y dit de plus propre à fixer la situation de, Domnoton, ait pu soupçonner que Donnissan, Village de la Paroisse de Listrac en Médoc, puisse représenter cette ancienne demeure de Théon. Ce Savant, à la vérité, ne donne cette idée que comme une conjecture. […] C'est au College de Guyenne qu'Elies Vinet, aussi vertueux que savant, finit ses jours, au grand regret des gens doctes, dit Delurbe, sur l'an 1587 (Abbé Baurein, Domnotonus ou Domnoton, Varietes Bordeloises, 1876 - books.google.fr).

 

Axius Paul

 

La corruption systĂ©matique des hĂ©rĂ©sies, qui infestaient nos contrĂ©es Ă  cette Ă©poque, ajoutait Ă  la dĂ©pravation de la sociĂ©tĂ© romaine. Les Gnostiques, les Ophites, les Carpocratiens, les Donatistes, les ManichĂ©ens, et surtout les Priscilianistes, après avoir propagĂ© leurs erreurs en Orient, en Afrique, en Espagne, les rĂ©pandirent dans la Gaule mĂ©ridionale. Un nommĂ© Marc, manichĂ©en de Memphis, Ă©tant venu en Galice, sĂ©duisit une femme de distinction, nommĂ©e AgapĂ©, qui pervertit Ă  son tour un rhĂ©teur, nommĂ© Elpidius, et tous trois devinrent les maĂ®tres de ce Priscilian, Ă©vĂŞque d'Avila, qui donna son nom Ă  la secte. Pour ne parler que de la dissolution de leurs moeurs, les Priscilianistes proscrivaient le mariage; tenaient la nuit des assemblĂ©es de dĂ©bauche ; hommes, femmes y priaient nus, s'abandonnaient dans l'obscuritĂ© Ă  tous les excès, sans distinguer les sexes : ils empĂŞchaient la gĂ©nĂ©ration ; et quand le hasard trompait leur calcul impudique, ils provoquaient l'avortement. Ils enseignaient, en outre, que le parjure est une action licite; que l'impuretĂ© mĂŞme, dans ce qu'elle a de plus infâme, Ă©tait le seul moyen de parvenir Ă  Dieu pour ĂŞtre sauvĂ©. Le concile de Sarragoze les condamna en 381 ; mais ils osèrent en appeler au pape; et Priscilian, accompagnĂ© de deux prĂŞtres, Instance et Salvin, se rendirent Ă  Rome. Ils s'arrĂŞtèrent, en passant, dans la Novempopulanie, oĂą ils firent un nombre infini de prosĂ©lytes, entre autres, Ă  Iluro, MacĂ©donius, maĂ®tre des offices de l'empereur; Ă  Benearnum, Latronien, poèle cĂ©lĂ©brĂ© par tous les Ă©crivains de son temps ; Ă  Tarba, Paul Axius, orateur, poète et professeur d'Ă©loquence Ă  l'Ă©cole de Bordeaux, Ă  qui Ausone confiait la censure de ses ouvrages : mais Axius abjura bientĂ´t ses erreurs, et passa le reste de ses jours dans sa retraite de Crebenus, situĂ©e près de Tarbes ; Ă  Vicus-Julii (Aire), Massilianus, oncle du docteur de l'Ă©glise, saint Prosper d'Aquitaine, secrĂ©taire du pape LĂ©on-le-Grand ; Ă  Bazas, plusieurs membres de la famille d’Ausone; Ă  Lectoure, Ă  Elusa la mĂ©tropolitaine, et surtout Ă  Auch. Ce fui dans cette dernière citĂ© qu'ils pervertirent Euchrocia, veuve de Delphidius, et leur fille Procula : de quá, dit Sulpice SĂ©vère, fuit in sermone hominum, Prisciliani stupro gravidam, sibi graminibus partum abegisse (L.-T. d'Asfeld, Chroniques du BĂ©arn: depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'Ă  nos jours, Tome 1, 1847 - books.google.fr).

 

Dans l'Ă©pĂ®tre Xe adressĂ©e Ă  Axius Paulus, qui est alors Ă  Saintes (Saintonge), Ausone Ă©crit, en rapport avec la navigation fluviale :

 

Ainsi donc, ami, ne va pas te repentir de la promesse jurée entre nous, et, sans perdre de temps, arrive, ou en bateau ou en char; soit en prenant par ces lieux où la Garonne, enflée par le refoulement de vagues ondoyantes, semble menacer l'Océan, soit par cette route fréquentée dont le gravier brisé conduit à Blavia [Blaye] la guerrière (Reinhold Dezeimeris, Leçons nouvelles et remarques sur le texte de divers auteurs, Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux: séance publique, 1876 - books.google.fr).

 

L'ancien dialecte de la Saintonge connaissait une formation spĂ©ciale du futur pĂ©riphrastique, Ă  la 1ère pers. du sing, composĂ©e de : (s'en) aller Ă  la 1ère pers. du sing. + mezan(t) + Inf oĂą mezan(t) est une forme explĂ©tive, qui ne figure jamais seule et qui est limitĂ©e, dans son emploi, Ă  la 1ère pers. du sing. du futur pĂ©riphrastique (y m'en vas mezan + Inf ; m'a mezant + Inf) (Sven Dörper, Recherches sur MA + Inf «Je vais» en français, Revue quĂ©bĂ©coise de linguistique, UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, Volume 19, 1990 - www.erudit.org).

 

Il est question dans ce « mezan Â» d’aller, de voyager (iter).

 

Paulus Axius était du pays de Bigorre (XIe lettre d'Ausone). Il se retirait, de temps en temps, dans une petite maison qui lui appartenait à Crebennus, située dans la partie du Bigorre où il n'y avait point de vignes. [...] Creben, la villa de Paulus Axius, était située dans le pays des Bigerri, le Bigorre; cela est bien établi par le premier des trois textes que nous venons de citer. Ajoutons, avec d'autant plus de bonne foi que cette particularité contrarie notre argumentation, qu’un passage extrait des œuvres de saint Paulin, évêque de Nole, compatriote, disciple et, lui aussi, ami d'Ausone, se rapporte très-probablement au même lieu de Creben, qu'il place également dans le Bigorre. Ce passage se trouve dans une lettre que saint Paulin écrivait à Ausone en l'année 393, un an avant la mort de cet homme éminent, pendant qu'il était à la villa de son vieil ami Paulus Axius, auquel il devait faire sa dernière visite : «Vous habitez, lui écrit saint Paulin, ces déserts bien dignes des Bigorrais, qui se couvrent de peaux. Digna que pellitis habitas deserta Bigerris». Si nos présomptions sont fondées, s'il s'agit bien ici de Creben, ce texte fournit un nouveau trait caractéristique; Creben était un lieu inculte, un désert (A. Curie Seimbres, Capbern historique, Revue d'Aquitaine et du Languedoc, Volume 13, 1869 - books.google.fr).

 

Les centres les plus actifs de la Bigorre sont localisés au contact de la zone montagneuse et du plat-pays, dans les bassins de Lourdes, de Bagnères et dans la plaine de Tarbes dont la prospérité contraste avec la pauvreté des plateaux de Lannemezan et de Ger, immenses cônes de déjections, construits par les torrents pyrénéens, qui se développent plus au Nord (Pyrénées, Guides Michelin, 1969 - books.google.fr).

 

Sulpice Sévère, né en Aquitaine, aurait séjourné à Eauze à l'ouest de Condom et le futur Paulin de Nole, disciple d'Ausone, aurait vécu à Moncrabeau (sur la Baïse), selon certains auteurs mais sans preuve.

 

Priscillien

 

Mais dans l’ordre du mouvement des idĂ©es aux IVe et Ve siècles hispaniques, la grande affaire, avant que les Wisigoths ne remettent l'arianisme au goĂ»t du jour, est le retentissement, dans tout l'empire, du prĂ©dicat de ce singulier personnage que fut Priscillien. Un grand sĂ©ducteur d'âmes, ce noble et riche fils de famille qui avait choisi de vivre, contrairement Ă  beaucoup d'Ă©vĂŞques et de clercs de son temps, dans une austĂ©ritĂ© affichĂ©e sans pour autant se dĂ©partir de son Ă©lĂ©gance naturelle et de sa non moins naturelle libertĂ© de ton ! Sulpice SĂ©vère, qui fut son adversaire doctrinal a tracĂ© de lui un portrait en demi-teinte d'oĂą il ressort que Priscillien Ă©tait, en dĂ©pit de son dĂ©sintĂ©ressement bien rĂ©el pour les choses de ce monde «d'une vanitĂ© extrĂŞme, son savoir l'enorgueillissant Ă  l'excès». Trait plus critiquable encore aux yeux de l'Église : il passait pour s'ĂŞtre mĂŞlĂ© de magie dans sa première jeunesse. Enfin et surtout, il revendiquait pour chacun le droit et mĂŞme le devoir d'interprĂ©ter les Écritures Ă  la lumière de l'inspiration divine «toute prophĂ©tie, selon saint Jean, requĂ©rant une Ă©tude personnelle et donc une interprĂ©tation». Ă€ dix-sept siècles de distance, cette irruption, pour prudente qu'elle fĂ»t, du libre arbitre dans le domaine de la foi, prĂ©figurait sinon le protestantisme, du moins le jansĂ©nisme. Le brillant cortège de ses suiveurs - intellectuels dĂ©senchantĂ©s par le spectacle souvent navrant donnĂ© alors par le clergĂ©, nobles dames «en recherche», foules populaires sĂ©duites par l'exemple de son style de vie - acheva d'attirer sur lui les foudres de certains prĂ©lats. Ils furent plus exaspĂ©rĂ©s encore quant ses disciples le portèrent au siège Ă©piscopal d'Avila, lui qui n'Ă©tait mĂŞme pas prĂŞtre. Ils finirent ainsi par rĂ©clamer et obtenir sa tĂŞte auprès de Maximien, l'empereur du moment […]. Priscilien eut la tĂŞte tranchĂ©e Ă  TrĂŞves avec quelques-unes de ses suiveurs. C'Ă©tait la première fois, observe Jean Descola que le bras sĂ©culier intervenait dans une affaire religieuse. […] L'influence de Priscillien, moins hĂ©rĂ©tique sans doute qu'«hĂ©tĂ©rodoxe», au sens que l'historien MenĂ©ndez Pelayo donnera Ă  ce terme, perdura assez longtemps. Surtout en Galice dont il Ă©tait sans doute originaire et oĂą son corps suppliciĂ© fut ramenĂ©. N'a-t-on pas avancĂ© que le culte de saint Jacques Ă  Compostelle n'aurait Ă©tĂ© inventĂ©, que pour faire oublier celui que rendaient secrètement ses derniers fervents au tombeau de l'hĂ©rĂ©siarque ? L'ombre de Priscillien et de ses agiles disciples au chapeau pointu rĂ´dant comme des elfes malicieux parmi les chemins creux de cette terre de lĂ©gendes si semblable Ă  la Bretagne, voilĂ  encore l'image narquoise que nous offrit Luis Bunuel dans son film La Voie lactĂ©e, oĂą dĂ©filent tour Ă  tour les fantasmes que fait naĂ®tre le Chemin de Saint-Jacques. Il n'est pas interdit d'y voir comme un hommage Ă  la libertĂ© d'esprit de l'Hispanie primitive, prologue aux futurs combats des Espagnols contre une orthodoxie si souvent Ă©touffante (Philippe Nourry, Histoire de l'Espagne: Des origines Ă  nos jours, 2013 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2056 sur la date de 381 (Concile de Saragosse de 381) donne -1294.

 

Le tribut imposé par le roi de Crète Minos à Egée, roi d'Athènes, est fixé en 1294 avant J.C. par Du Pin (Louis Ellies Dupin, L'Histoire profane: depuis son commencement jusqu'a present. Contenant l'histoire des temps obscurs ou fabuleux jusqu'au regne d'Alexandre le Grand. Tome premier, 1714 - books.google.fr).

 

Pourquoi EgĂ©e ? Car il est question d'une erreur de voile faite sur le bateau ramenant Ă  Athènes ThĂ©sĂ©e, le fils d'EgĂ©e, ayant vaincu le Minotaure dans labyrinthe. Ce qui provoque le suicide d'EgĂ©e par noyade dans la mer qui portera son nom : baptĂŞme par immersion.

 

Si Mezan peut être interprété comme "voile".

 

Louis Ellies du Pin ou Dupin, né le 17 juin 1657 à Paris où il est mort le 6 juin 1719, est un théologien et historien français. Issu d'une famille noble de Normandie, il fut docteur en Sorbonne et titulaire de la chaire de philosophie grecque et latine au Collège royal à partir de 1693. Il consacra la plus grande partie de sa vie à rédiger la Bibliothèque universelle des auteurs ecclésiastiques, ouvrage immense dans lequel il donne la vie de ces écrivains, le catalogue et la chronologie de leurs ouvrages, un jugement sur leur style et leur doctrine et le dénombrement avec l'examen critique des différentes éditions de leurs œuvres. Les jugements qu'il portait dans cet ouvrage sur plusieurs Pères le firent condamner à Rome et il fut aussi vivement critiqué par certains théologiens français, notamment par Bossuet. S'étant déclaré, avec les Jansénistes, contre la bulle Unigenitus, il fut exilé à Châtellerault et privé de sa chaire. Il fut encore inquiété à la fin de sa vie pour avoir entretenu une correspondance avec l'archevêque de Cantorbéry William Wake dans le but de rapprocher l'église de la France, au prix de son déliement de Rome, à celle de l'Angleterre (fr.wikipedia.org - Louis Ellies Dupin).

 

Dominique Thibault de Saint Germain l'Auxerrois, dans son oraison funèbre dĂ©diĂ©e Ă  Henri IV en 1610, dĂ©veloppe cette idĂ©e du pouvoir Ă©galisateur de la mort et la rĂ©intègre dans une vision unitaire en laquelle certains voient des aspects majeurs de la mentalitĂ© baroque. Il souligne l'inĂ©galitĂ© des grandeurs et de la valeur de chacun et ajoute : «Tous nĂ©antmoins conuiennent en vne estoffe commune, l'argille, dont ils sont composĂ©s ; tous sont Ă©gaux pour le regard de la mort».

 

Les exploits de l'enfant ne font que présager ceux de l'homme mûr. Thibault, qui veut «deifier la grandeur du courage», compare Henri IV à Thésée portant la massue de Periphéres, à Hercule «vestu de la peau du Lyon qu'il auoit tué» (Jacques Hennequin, Henri IV dans ses oraisons funèbres: ou, La naissance d'une légende, 1977 - books.google.fr).

 

Ainsi il y a deux sortes d'ascia, et deux seulement : l'herminette-marteau du charpentier-tonnelier et du maçon-tailleur de pierre, la seule reprĂ©sentĂ©e sur les tombes ; et la houe-serfouette, qui appartient Ă  l'outillage agricole et ne concerne nullement, Ă  notre avis, la question de l'emploi funĂ©raire de l'ascia. [...] L'ascia reprĂ©sentĂ©e sur les tombes est un outil très rĂ©pandu, qui a longuement fait ses preuves depuis la prĂ©histoire dans les deux domaines du bois et de la pierre tendre, un outil très bien caractĂ©risĂ©, que l'on ne peut confondre avec aucun autre : outil Ă  la fois tranchant et contondant, de petit calibre, fait pour le travail de surface d'une matière assez tendre, et pour la mise en place, Ă  petits coups, de pièces de bois, de blocs de pierre, ou de briques, dans une construction. [...] On a parfois rapprochĂ© l’ascia de la hache, voire de la hache double : rien de plus inexact. [...] L'ascia n'est pas non plus un maillet. On peut Ă©carter du mĂŞme coup tous les objets et symboles en forme de croix auxquels on a cherchĂ© Ă  assimiler l'ascia pour lui confĂ©rer une Ă©minente signification religieuse, mystique, philosophique. Il reste seulement possible qu'Ă  l'Ă©poque chrĂ©tienne, oĂą cet outil d'artisan continue de figurer sur les tombeaux, il ait reçu, par dĂ©rivation, la valeur d'un signe cruciforme. Possible Ă©galement que l'ascia, faite pour polir, donc pour raboter, niveler en quelque sorte, ait eu sur les tombes la valeur symbolique de tous les instruments de nivellement et de mesure (Ă©querres, niveau, fil Ă  plomb, etc.), notamment l'Ă©querre-niveau qui lui est frĂ©quemment associĂ©e; elle peut, comme eux, Ă©voquer le nivellement des destinĂ©es humaines, l'Ă©galitĂ© des hommes devant la mort : mais cela resterait Ă  dĂ©montrer. En tout cas, l'ascia ainsi interprĂ©tĂ©e ne serait toujours qu'un outil, et rien d'autre (Paul Marie Duval, L'«ascia . 1. Typologie de l'«ascia», herminette marteau. In: Travaux sur la Gaule (1946-1986) Rome : École Française de Rome, 1989 - www.persee.fr).

 

C'est vers le milieu du quatrième siècle que le gnosticisme fut importĂ© en Occident, Ă  peu près tel qu'il vient d'ĂŞtre prĂ©sentĂ©. Un moine Ă©gyptien nommĂ© Marc l'introduisit d'abord en Espagne. Le laĂŻque Priscillien fut dans ce pays le premier apĂ´tre de la nouvelle doctrine. C'Ă©tait un homme plein de jeunesse et de force, beau de figure, distinguĂ© par sa naissance et fort riche. Son grand savoir, son zèle ardent, sa patience Ă  toute Ă©preuve, lui attirèrent bientĂ´t de nombreux disciples, auxquels il eut l'honneur de donner son nom. Sous la direction de ce chef infatigable et dĂ©vouĂ©, les priscillianistes se rĂ©pandirent dans toute l'Espagne et dans une partie de la Gaule ; prĂ©chant, Ă  la place d'un christianisme chargĂ© de vaines cĂ©rĂ©monies, l'Evangile des pauvres, c'est-Ă -dire l'Ă©galitĂ© entre les hommes, l'abolition de la richesse, la communautĂ© des biens, la libertĂ© pour tous et pour toutes (Simon Granger, L'Ă©glise et le pouvoir, 1847 - books.google.fr).

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