Notre Dame de Savone

Vincent Ferrier

 

VIII, 53

 

2069

 

Dedans Boulogne voudra laver ses fautes,

Il ne pourra au temple du soleil,

Il volera faisant choses si hautes,

Qu'en hierarchie n'en fut onc un pareil.

 

Suivant les éditions, on a au vers 1 : "Boulogne" ou "Bonlongne" (Bologne en Italie). On envisage les deux.

 

Tamerlan

 

Si la "cité solaire" (quatrains I, 8 et V, 81) représente Pékin avec son temple du soleil construit en 1531 par l'empereur Kia tsing, mort en 1564, le deuxième vers peut désigner la Chine.

 

Photius nous apprend que l'historien Ctesias, dans sa description de l'Inde fait mention d'une chaîne de montagnes renfermant des mines de sardes, d'onyx , etc. Ces mines, suivant lui, sont sur les limites du grand désert, au milieu duquel se trouve un temple du soleil. Nous pensons que cette chaîne de montagnes est celle du Mustag ou Imaus, située sur les frontières de la petite Bucharie, dont les habitans, ainsi que l'affirme le missionnaire Goez, voyageur du dix-septième siècle, font avec la Chine un grand commerce de pierres précieuses. Il est très-possible que ce commerce eût, déjà lieu dans les temps de l'ancienne monarchie persanne, et que le temple du soleil dont parle Ctesias, eût été bâti à côté d'un grand caravanserai, destiné à servir de rendez-vous aux marchands de la Bucharie et de la Chine (Sur "Ideen über die Politik... de A.H.L. Heeren, 1815, Bibliotheque universelle des sciences, belles-lettres, et arts, 1819 - books.google.fr).

 

Environ 200 ans après Gengiskhan, il s'éleva dans la Bucharie un autre conquérant, nommé Timur ou Tamerlan, qui ne le cédait guère au premier. Ce n'était d'abord qu'un petit prince peu redoutable, mais bientôt, parti de sa capitale Samarcand, il s'empara de la Bucharie, de la Perse, de l'Arménie, de la Géorgie, et pénétra jusqu'à Moscou. Les empereurs grecs, vivement pressés en Europe même par Bajazet I, empereur des Turcs, appelèrent Tamerlan dans l'Asie-Mineure. Il s'y rendit, vainquit les Turcs, fit Bajazet prisonnier, et le fit enfermer dans une cage de fer. Quand Tamerlan montait à cheval, son prisonnier lui servait de tabouret, et quand il était à table, il lui jetait les os de sa viande comme à un chien, jusqu'à ce qu'enfin le malheureux désespéré se brisa la tête contre les barreaux de sa cage (Wilhelm Eisenmann, Morceaux choisis de littérature allemande, Tome 2, traduit par Eugène Borel, 1850 - books.google.fr).

 

En décembre 1404, Tamerlan ou Timour (de fer) Lang (boiteux) entreprit une expédition militaire contre la Chine, mais le vieux guerrier fut attaqué par la fièvre et la peste quand il campa sur la rive la plus éloignée du Sihon (Syr-Daria) et mourut à Atrar (Otrar) à la mi-février 1405 (fr.wikipedia.org - Tamerlan).

 

A l'évidence, l'Europe et le khan de Samarkand avaient des intérêts communs. Qui plus est, les succès de Tamerlan ressuscitaient le souvenir de la fulgurante conquête mongole, cent cinquante ans plus tôt, et, avec lui, la folle espérance d'une alliance entre les peuples des steppes et ceux de la chrétienté pour défaire  non pas l'islam (Tamerlan était musulman) mais la puissance ottomane, la seule à pouvoir concurrencer son hégémonie sur le monde ouralo-altaïque. Et l'Europe de se replonger dans les antiques légendes porteuses d'espoir : celle du «prêtre Jean», des Rois mages et de l'aide providentielle qui viendrait de l'Asie profonde pour sauver les fidèles du Christ. Quant aux marchands européens, ils espéraient une nouvelle «paix mongole», et donc la réouverture de la route caravanière, plus rapide et plus sûre, qui, partant de la mer Noire et de l'Arménie, traverse la Perse pour atteindre l'Asie orientale, celle-là même que tant d'aventuriers, diplomates et missionnaires avaient parcourue au siècle précédent (Franco Cardini, Europe et Islam: histoire d'un malentendu, traduit par Jean-Pierre Bardos, 2000 - books.google.fr).

 

Les missions orientales, avec participation sur le terrain de dominicains et franciscains et le soutien constant de la papauté, n'étaient plus ce qu'elles avaient été dans la deuxième moitié du XIIIe siècle et la première moitié du XIVe. Les principales raisons de ce déclin étaient le petit nombre de missionnaires face à la masse immense des païens, l'affaiblissement démographique de l'Occident chrétien, causé par la peste noire du milieu du XIVe siècle, la chute de l'empire mongol, facteur d'unification de l'Asie et son remplacement, à la tête de la Chine, par la dynastie nationale et xénophobe des Ming (1368), les progrès de l'Islam en Asie Centrale, les destructions occasionnées par la conquête de Tamerlan, à la fin du XIVe siècle, tout comme le repliement sur les problèmes européens qu'entraîna le Grand Schisme  d'Occident à la fin du XIVe siècle (Alain Milhou, Colomb et le messianisme hispanique, 2007 - books.google.fr).

 

Boulogne et Boulogne

 

Ce n'est réellement qu'au XIIIe siècle qu'il fut fort fréquenté : plusieurs de nos chroniqueurs et historiens nous l'affirment. L'un d'eux, Jean d'Ypres, abbé de Saint Bertin, dit qu'en l'an 1244 «les pèlerins venaient à Boulogne de tous les endroits du royaume, excités par le bruit des miracles qui s'y faisaient continuellement, et que ce fameux pèlerinage subsistait encore de son temps», c'est-à-dire à la fin du XIVe siècle. Nous pourrions citer encore deux lettres de nos rois, l'une de Charles V donnée en octobre 1360 où il avance : «qu'entre toutes les villes de France, celle de Boulogne, où il y a une église dédiée à l'honneur de la Vierge, est un des plus beaux théâtres de ses merveilles, ce qui cause ce concours et cette affluence de peuples qui y abordent incessamment; » l'autre de Louis XI, datée de Plessis-lès-Tours, en janvier 1479, dans laquelle il affirme que « Dieu continue de faire éclater les mêmes effets de sa puissance dans l'église de Notre-Bàme de Boulogne, ce qui y attire plusieurs et grande quantité de pèlerins de divers pays et nations.» C'est aussi pendant cette période de recrudescence religieuse que le Pape, le Parlement de Paris et diverses cours prévotales imposèrent ce pèlerinage à de grands criminels en expiation de leurs fautes (Alphonse Lefèbvre, Etude sur les plombs ou enseignes de pèlerinage et en particulier sur ceux de Notre-Dame de Boulogne-s-Mer, 1866 - books.google.fr).

 

Outre ces témoignages, je pourrais produire encore les arrêts des cours souveraines qui, voulant quelquefois commuer la peine de certains criminels, les ont condamnés à faire le pèlerinage de Boulogne. Il y en eut un entre autres, rendu au parlement de Paris, l'an 1290, entre le seigneur de Harcourt et le chambellan de Tancarville, par lequel l'une des parties fut condamnée, entre autres satisfactions, à faire le voyage de Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer. Le conseil d'Artois en a usé de même à l'égard de quelques criminels ; et on en a vu de nos jours accomplir le pèlerinage de Boulogne, en exécution des jugements rendus en cette cour. En cela, ces tribunaux séculiers ont imité la sage condescendance de l'Eglise, qui, lorsque l'usage de la pénitence publique vint à se relâcher parmi les chrétiens, jugea à propos de commuer les peines canoniques que méritaient certains pécheurs, en des voyages de Saint-Jean.de Jérusalem, de Saint-Pierre de Rome, de Saint-Jacques en Galice, et quelquefois même de Notre-Dame de Boulogne. Telle fut la pénitence de Guillaume de Nogaret, à qui le pape Clément V ordonna, entre autres pèlerinages, celui de Notre-Dame de Boulogne, en satisfaction des excès qu'il avait commis en la personne de Boniface VIII, son prédécesseur (Antoine Le Roy, Histoire de Notre-Dame de Boulogne, 1839 - books.google.fr).

 

Par les lettres datées du Vivier en Brie au mois de Février 1319, par lesquelles le Roy Philippe le Long donne aux Habitans de Paris et autres qui avoient été en pelerinage à Notre-Dame de Boulogne sur mer, la permission de faire construire une Eglise au village de Menus-lez-Saint-Cloud in villa de Menus prope Sanctum Clodoaldum. [...] Cette Eglise ayant été construite en moins de dix ans, porta le nom de Notre-Dame de Boulogne-sur-Seine, parce qu'elle avoit été bâtie sur le modèle de celle de Boulogne-sur-Mer, et dès l'an 1329 le Pape Jean XXII lui accorda beaucoup d'Indulgences. Les Habitans du village de Menus ayant trouvé leur commodité dans cette nouvelle Eglise, agirent pour la faire ériger en Paroisse. Elle le fut en effet l'an 1343 par Foulques de Chanac Evêque de Paris ; et ce hameau fut ainsi demembré d'Auteuil. [...] Je ne sçai si l'on ne pourroit point entendre de cette Eglise ce qu'a écrit le fameux Nicolas Flamel qui vivoit en 1393 et 1413, sçavoir qu'il a beaucoup dépensé à Boulogne près Paris, ou si cela doit plutôt s'entendre des recherches qu'il y auroit faites de la pierre philosophale. Le nom de la Confrérie qui étoit celui de Notre-Dame de Boulogne l'emporta peu-à-peu sur celui de Menus, et après qu'on eut dit pendant plus d'un siécle Boulogne la petite, on se contenta de dire simplement Boulogne. L'expression de Notre-Dame de Boulogne la petite est usitée dans des lettres de Charles VI du 12 juin 1400 adressées au Prevôt de Paris. Jacques Nivelle Chanoine d'Auxerre est dit en 1407 Curé de Boulogne la petite lez-saint-Cloud. [...] Le nom de Boulogne ne fut point communiqué au Bois voisin aussi promptement qu'il l'avoit été au village de Menus. On l'appelloit en 1358 le Bois de Saint-Cloud. Les Chroniques de Saint-Denis écrites par des auteurs du temps disent à cette année que le 21 Juillet il y eut dans le Bois de Saint-Cloud des Anglois qui s'étant mis en embuscade, en sortirent, coururent sur ceux de Paris et en tuerent plusieurs. Mais en 1417 on voit employé le terme de Bois de Boulogne. Il est marqué dans le Journal de Charles VI, que le Bois de Boulogne fournissoit le may chaque année pour l'Hôtel du Roy (Abbé Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Tome 4, 1870 - books.google.fr).

 

Comme position stratégique, Saint-Cloud était la clef de Paris; aussi le pont qui avait été jeté sur la Seine dès l‘année 1218 fut-il protégé par l’édification d’une tour de pierre, en 1358. Les Anglais, unis aux gens d’armes du roi de Navarre, se rendirent maîtres du pont et de la tour, et massacrèrent une partie des habitants de Saint-Cloud. Cette malheureuse ville souffrit encore des querelles du parti Armagnac et du parti Bourguignon. Un certain Collinet de Pisex ou de Pisieux, capitaine chargé de défendre le pont de Saint-Cloud, le livra aux Armagnacs le 13 octobre 1411. Un grand nombre d’habitants des campagnes voisines s‘étaient réfugiés dans la tour, avec tout ce qu‘ils possédaient; ils perdirent la vie, et leurs biens furent pillés. Mais, le 8 novembre de la même année, quinze cents hommes sortirent silencieusement de Paris sous la conduite du duc de Bourgogne, et attaquèrent le pont de Saint-Cloud, qui leur fut vaillamment disputé et qu’ils emportèrent. Collinet fut décapité le 12 novembre (Émile Gigault de Labédollière, Histoire des Environs de Paris, 1861 - books.google.fr).

 

Charles VI et Tamerlan : le cerf et le boiteux

 

On a une lettre de Tamerlan à Charles VI, roi de France, pour l'engager à envoyer des marchands en Orient. Original en langue persane daté du 30 juillet 1402 (fr.wikipedia.org).

 

En mai 1403, l'archevêque Jean de Soltanieh est reçu à la cour de Charles VI, à qui il remet une lettre l'informant de la victoire de Tamerlan, son souverain, sur le puissant sultan Bajazet (Jean-François Kosta-Théfaine, La vie et la cour de Tamerlan: récit de son ambassadeur auprès de Charles VI en 1403, 2012 - books.google.fr).

 

Le roi chassant en la forêt de Senlis, dit Juvénal des Ursins, prit un cerf vivant qui avoit au cou un collier de cuivre doré où estoit cette inscription : Hoc me Coesar donavit. Depuis ce temps là, il prit deux cerfs volans pour supports de ses armes. Froissart dit qu’il prit le cerf volant en sa devise, parce qu’il eut un songe où il lui sembloit qu’il étoit monté sur un cerf volant. L’histoire du cerf trouvé dans la forêt de Senlis a tout l’air d’une vision et d’un conte fait à plaisir » (Les monuments de la monarchie française, par dom Montfaucon, tome III, 1731). (Charles VI adopte les cerfs ailés comme supports de ses armoiries (D’après «Revue des études historiques», paru en 1930) - www.france-pittoresque.com).

 

"On verra les boiteux bondir comme le cerf" (Isa. XXXV, 6.) repris par Matthieu 11,5 dans l'optique messianique christique comparable à la symbolique royale voulue par les Valois et leurs conseillers. Tamerlan serait le représentant de Gog et Magog des Apocalypses.

 

Jeanne II de Boulogne et d'Auvergne, mariée en 1389 à Jean de Berry, aurait sauvé le roi Charles VI lors du bal des Ardents dans la nuit du 27 au 28 janvier 1393 (L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monuments, depuis la naissance de Notre-Seigneur, Tome III, 1818 - books.google.fr).

 

Vous avez un message

 

Comme les Romains tenaient beaucoup de côtes maritimes, il leur fut nécessaire de communiquer avec leurs navires et l'on en trouve des descriptions, à défaut de retrouver les édifices. Une tour monumentale bâtie par les Romains a orné pendant longtemps la côte septentrionale des Gaules. Il s'agit de la Tour de Boulogne qui s'est définitivement écroulée en 1644. D'après Suétone, cette tour à feu avait été construite sur ordre de Caligula qui avait espéré conduire une expédition chez les Bretons - habitants de l'Angleterre - ; comme le lieu habituel d'embarquement était proche de Gessoriacum, ou Boulogne, c'est là que fut construite cette tour dont le signal devait pouvoir traverser le Pas-de-Calais. Après la fin de l'occupation romaine, la tour fut inemployée par les barbares jusqu'en 810. A cette date, Charlemagne en vit l'intérêt pour lutter contre les Normands et en fit restaurer la partie supérieure effondrée. Vers 1540, les Anglais ayant pris Boulogne y ajoutèrent donjon et créneaux. Mais les Boulonnais exploitèrent la pierre de la falaise qui supportait la tour, tant et si bien que, le flot aidant, la tour fut détruite. Il n'en reste qu'un dessin.

 

Au Portugal, au moyen-âge, on construisit depuis la frontière jusqu'à Barcelone de petites tours de bois appelées " vigies ". Les signaux étaient des étendards pendant le jour et des feux pendant la nuit. Ils annonçaient la présence des bâtiments et si ceux-là étaient de guerre ou marchands. Lorsqu'ils étaient jugés ennemis, on montrait un drapeau rouge. Lorsqu'ils se dirigeaient vers Gibraltar, le signal était accompagné de plusieurs coups de canon. A Constantinople, des feux étaient placés sur huit montagnes pour signaler les mouvements des Sarrasins. Les moyens de transmission de messages en restèrent longtemps à ce point. Tant que n'existèrent pas des appareils permettant la vue à distance, comme les miroirs concaves ou les lunettes d'approche, l'espacement des postes fut réduit, surtout l'espacement de ceux qui devaient transmettre des messages alphabétiques. Au quinzième siècle, l'un des "télégraphes" le plus facile à comprendre était celui de Tamerlan qui s'en servait quand il faisait un siège. Il comportait 3 signaux : - 1° Drapeau blanc - Rendez- vous, Tamerlan usera de clémence. - 2°Drapeau rouge le deuxième jour - Il faut du sang ; le commandant de la place et ses principaux officiers payeront de leur tête le temps qu'ils lui ont fait perdre. - 3°Drapeau noir, noir, le troisième jour - Soit que la place se rende ou qu'elle soit prise d'assaut, tout sera mis à feu et à sang ; la ville sera détruite (Jean-Claude Montagné, Transmissions: l'histoire des moyens de communication à distance à la découverte de l'évolution des moyens de communication à distance au cours des âges, 2008 - books.google.fr).

 

"Il volera" "hiérarchie" : canonisation

 

Par contamination temporelle des quatrains précédent et suivant, l'interprétation présente se focalise sur la période fin XIVe début XVe siècles.

 

Parmi les saints qui lévitent on compte Vincent Ferrier (M. A. de Rochas, La lévitation, Revue scientifique, 1885 - books.google.fr).

 

D'après les Bollandistes, Saint Vincent Ferrier prit un jour dans ses mains et plaça sur un char une pièce de bois que six hommes auraient eu de la peine à soulever. Une autre fois, il fit porter au couvent par un éclopé et sans fatigue une poutre qu’une paire de bœufs n’aurait pu traîner.

 

En Italie, dit M. l'abbé Gaume dans son intéressant ouvrage intitulé : Histoire de la société domestique, saint Vincent Ferrier n'est représenté que sous la forme d'un ange volant par les atrs et pour couronner tous les témoignages qui abondent pour établir la sainteté et la réalité de la mission, le pape Pie II, dans la bulle de canonisation du saint, reconnait le thaumaturge pour l'ange de l'Apocalypse ! Car il y est dit : «Æterni Evangelii in se documenta habentem... ad extremi tremendique judicii diem quasi angelum volantem per Cæli medium, pronuntiandum, evangelizandumque sedentibus super terram... ut in omnes gentes, tribus et linguas, populos et nationes... regnum Dei, diemque judicii appropinquare ostenderet.» Ce qui signifie en français : «Il cite les paroles de l'Évangile éternel pour annoncer comme l'ange qui volait par le milieu du ciel le règne de Dieu à toute langue, à toute tribu, à toute nation, et pour démontrer l'approche du jugement dernier.» Cet ange, qui volait par le milieu du ciel, fait allusion au verset 6e du chap. XIV de l’Apocalypse, et confirme ce que nous disions plus haut de sa mission (Leon de Joannis, Les tapisseries de l'apocalypse de la cathedrale d'Angers: dites tapisseries du roi Rene, 1864 - books.google.fr).

 

"temple du soleil"

 

Il parcourt la Savoie, le Dauphiné, la Tarentaise, la Maurienne. Ce sont des pays dangereux : sous le nom de Saint-Orient on y adore même le Soleil et malheur à qui se dispenserait de son culte ! Frère Vincent tombe là comme le tonnerre, agenouille les ouailles et confond les pasteurs, renverse leurs idoles et dresse la Croix en leur place, soit qu'il passe à Grenoble, à Sion, à Lausanne, soit qu'il descende sur Turin, car il ne craint pas d'entamer, aux frontières de l'anti-pape, le Piémont et la Lombardie. Il ne triomphe point si aisément partout et il lui faut compter avec des ruses infernales (Henri Ghéon, Saint Vincent Ferrier, 1939 - books.google.fr).

 

Blavignac a encore mentionné une lettre de Saint Vincent Ferrier, écrite en 1404 au général de son ordre pour lui signaler la continuation de cérémonies solaires à Genève et à Lausanne. M. E. Ritter a rappelé ces survivances solaires dans le pays de Vaud, et M. Reber, qui songe au culte du soleil chez les Phéniciens, les Éthiopiens, les Perses, et invoque indifféremment Hélios, Bel, Apollon, Mithra, trouve dans l'existence de cette confrérie du Saint-Orient à Genève au début du xve siècle un sérieux argument en faveur de la thèse qu'il soutient (Revue de l'histoire des religions, Volumes 72 à 73, 1915 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DIIE

 

DI : deo invicto

IE : id est

 

C'est à dire le dieu invincible : le Soleil, Hélios, Mithra.

 

Sol Invictus (latin pour «Soleil invaincu») est une divinité solaire apparue dans l'Empire romain au IIIe siècle. Elle reprend des aspects de la mythologie d'Apollon et du culte de Mithra, connaissant une grande popularité dans l'armée romaine. L'empereur Aurélien (270-275) lui assure une place officielle à Rome en proclamant que le Soleil invaincu est le patron principal de l’Empire romain et en faisant du 25 décembre (le solstice d'hiver tombait alors le 25 décembre, l'équinoxe de printemps ayant été fixé au 25 mars avant la modification du concile de Nicée) une fête officielle appelée le «jour de naissance du Soleil» (du latin dies natalis solis invicti). Cette fête vient alors se placer dans le prolongement des Saturnales, une période de fête ancienne et la plus importante de Rome. Un temple est dédié au Soleil au Champ de Mars, et orné du butin rapporté de Palmyre ; ce temple est servi par un nouveau collège de prêtres, les pontifices Solis (fr.wikipedia.org - Sol Invictus (religion)).

 

Les termes communément employés par la superstition romaine, lorsqu'elle s'adressait au dieu Mithra, étaient : Sancto ou Sanctissimo soli Mithra, Soli invicto Mithra, Deo invicto Mithra, etc. (Abbé Rouchier, Histoire religieuse, civile et politique du Vivarais, Volume 1, 1861 - books.google.fr).

 

Le dimanche (dominicus dies) était le jour du soleil (soli dies).

 

Bologne

 

A Bologne, sous l'église Sainte Apollonie (cf. Apollon) de Mezzaretta se trouve un mithraeum. Il y en avait aussi à Rome, sous la basilique de saint Clément du Latran, sous l'église Sainte Prisque, entre autres.

 

Saint Dominique, fondateur de l'ordre des frères prêcheurs (dominicains),  est mort à Bologne où il a son tombeau. Vincent Ferrier y passe en particulier en 1416.

 

Les registres du couvent de Bologne portaient, à la date du 15 avril 1481, la mention suivante : «Prise d'habit du Fr. Vincent, de Bologne, celui-là même qui fut ressuscité par les mérites de saint Vincent Ferrier, confesseur

 

Saint Vincent Ferrier, qui vint à Bologne, en 1416, visiter le corps de saint Dominique, exhorta Pierre de Palerme vivement à continuer, l'assurant que ses travaux étaient agréables à Dieu. En effet, le saint religieux n'omettait rien de ce qui pouvait attirer la bénédiction du ciel sur ses prédications. Prières ferventes, mortifications assidues, humilité profonde, tels sont les moyens par lesquels il cherchait surtout à convertir les pécheurs (René François Rohrbacher, Histoire Universelle de l'Esglise Catholique, Tome 21, 1858 - books.google.fr).

 

"fautes"

 

Une lettre nous montre quelle estime professait Gerson pour saint Vincent, avec quelle ardeur il désirait l'attirer au concile de Constance, et quelle était sa pieuse inquiétude à l'occasion de ces pénitents publics qui suivaient partout le serviteur de Dieu. Le chancelier de Paris, dont la sincère piété égalait les lumières, craignait que l'autorité d'un si grand homme ne servît peut-être, contre son intention, à renouveler la secte des flagellants qui venait de paraître en Allemagne, et qui avait été aussitôt proscrite par le zèle vigilant des pasteurs. Mais entre ces hérétiques, appelés les frères de la croix, et les pénitents formés par les soins de saint Vincent, il ne pouvait y avoir rien de commun, ni dans la croyance, ni dans la pratique (Antoine Bayle, Vie de S. Vincent Ferrier, de l'Ordre des Frères-Prêcheurs (1350-1419), 1835).

 

Moine dominicain, Vincent Ferrier parcourait l'Espagne et la France au début du XVème siècle, accompagné d'un groupe de flagellants. Vincent Ferrier était persuadé que l'antéchrist était déjà né, et que la conversion des Juifs au catholicisme devait précéder l'imminente Apocalypse, et le Jugement Dernier. Il s'occupait particulièrement de hâter cette conversion (Jean-Yves Camus, René Monzat, Les droites nationales et radicales en France: répertoire critique, 1992) (nonagones.info - Autour de Rennes - Eglise Saint Sulpice - Aude : correspondance).

 

Typologie

 

Le report de 2069 sur la date 1416 donne 763.

 

Sous Pépin le Bref, le «pacte de la loi salique» fut complété et refondu en 763 et 764, appelée Lex salica à proprement parler (fr.wikipedia.org - Loi salique).

 

Don Jacques II, gendre de Sibille de Fortia, est qualifié roi d'Aragon; il était seulement prince de la maison royale et comte d'Urgel, lorsqu'il se maria , étant fils de Pierre d'Aragon, comte d'Urgel, et de Marguerite de Montferrat ; à la vérité, après la mort de son beau-frère Martin, roi d'Aragon , arrivée le 31 mai 1410, sans que ce prince eût laissé d'enfants, le comte d'Urgel prétendit à la couronne, et en France où la loi salique est admise, il y aurait eu réellement un droit incontestable. Il pouvait encore régner du chef de sa femme, sœur de Martin, quoique d'un autre lit; mais ce double titre ne causa que de grands troubles, guerre sanglante entre divers prétendants, et une anarchie de deux ans. La fille de Sibille de Fortia avait une sœur aînée d'un autre lit, qui se nommait Léonore, et qui avait épousé Jean Ier, roi de Castille. Le 24 juin 1412, Ferdinand, second fils issu de ce mariage, fut reconnu légitime héritier de la couronne par les juges assemblés à Caspé pour décider cette grande question. Sur neuf qu'ils étaient, Ferdinand en eut pour lui six, à la tête desquels était saint Vincent Ferrier, qui publia solennellement la sentence le 28. Le comte d'Urgel, soutenu par son oncle Bernard de Fortia, et les parents de sa belle-mère, refusa de s'y soumettre. Ferdinand marcha contre lui, l'an 1413, l'assiégea dans Balaguier, l'obligea de se rendre à discrétion, confisqua tous ses biens, et le constitua prisonnier à perpétuité dans le château d'Ucuéna. L'infortuné comte d'Urgel y mourut le 1er juin 1433, après treize ans de captivité. Mais on voit qu'il avait porté véritablement le titre de roi d'Aragon, et que la famille de Fortia fut enveloppée dans sa ruine. Bernard II de Fortia et son fils Jean durent alors perdre toutes les propriétés qui avaient pu leur rester en Aragon, et cette seconde catastrophe, plus funeste pour eux que la première, fut ce qui les réduisit à quelque obscurité, à Montpellier, où ils se retirèrent alors entièrement (Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France: ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Tome 9, 1875 - books.google.fr).

 

François Hotman (1524 - vers 1590) aurait pu citer Balde, source classique de la science juridique sur l'extension à l'infini du droit du sang, mais il préféra une analogie cosmique : «Car comme les astres n'ont lumiere que celle qui procede des rayons du Soleil, qui sont infinis, aussi les honneurs des Princes proviennent principalement de la proximité des Roys, quae in infinitum extenditur» [Franco-Gallia, 1574, où il propose un gouvernement représentatif et une monarchie élective. Il affirme que la couronne de France n'est pas héréditaire mais élective et que les gens ont le droit de déposer et de créer des rois] (Ralph E. Giesey, Le rôle méconnu de la loi salique: La succession royale, XIVe-XVIe siècles, traduit par Franz Regnot, 2007 - books.google.fr).

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