Saint Mesmin ou la mort de François de Guise VIII, 42 2060-2061 Par avarice, par force et violence Viendra vexer les siens chef d'Orléans, Prés Saint Memire assault et résistance, Mort dans sa tente diront qu'il dort léans. Contexte Au Triumvirat catholique, composé du connétable Anne de Montmorency, du duc de Guise et du maréchal de Saint-André, Catherine de Médicis oppose l'édit de janvier 1562, en faveur des protestants. Guerre civile ; massacre de Vassy par les gens de François, duc de Guise, 1562. Condé s'empare d'Orléans, de Rouen, de Bourges, &c., cède le Havre à Élisabeth, reine d'Angleterre. Bataille de Dreux (Jules Raymond Lamé Fleury, L'histoire de France, racontée à la jeunesse. Éd. stéréotype, augmentée d'une table analytique (par J. Caron), continuée jusqu'à 1879, 1880 - books.google.fr). Singulière bataille de Dreux, où Condé fut pris par Guise ; Montmorency, par Coligny, et où le maréchal de Saint-André fut tué. Avarice Jean de La Borde, sieur de Serain, dans l'Auxerrois, avait suivi à Orléans le prince de Condé qui l'envoya à Gien, en 1562, lever une compagnie de gens de pied et tenir la ville pour le parti huguenot. Quelque temps après son arrivée, La Borde fut invité par les Protestants de Cosne à leur prêter secours dans une tentative qu'ils voulaient faire pour se rendre maîtres de la ville; mais son avarice fit échouer l'entreprise, au rapport de Bèze, qui ajoute que Condé le rappela à Orléans. [...] Il faut avouer que le prince de Condé avait la main malheureuse dans le choix de ses lieutenants (Eugène Haag, La France protestante, Volume 6, 1856 - books.google.fr). On reprochait au connétable d'avoir de la dureté dans le caractère et une forte propension à l'avarice, tandis que le duc François de Guise était affable, généreux et plus avide de titres que de richesses (Documens historiques relatifs à l'histoire de France: tirés des Archives de la ville de Strasbourg, Volumes 1 à 2, 1818 - books.google.fr). "Saint Memire" :
Saint Mesmin Certains interprètes du quatrain pensent à Saint Merry et
à Louis Philippe d'Orléans. Il y avait un, Jean de Méré ou Mériac, chanoine de Saint
Merry en 1284 (Mémoires de la Société de l'histoire
de Paris et de l'Ile-de-Franc, 1892 - books.google.fr). "Memire" peut être un croisement de Méré et de
Mesmin. Catherine de Médicis jugeait bien de la gravité de la situation : «Je crois, écrivait-elle à Gonnor, qu'il ne faut plus rien attendre du clergé, et peu de choses d'ailleurs ; aussi il est besoin que fassiez de nécessité vertu, car en quelque sorte que soyons, il faut avoir de l'argent; tout le monde crie la paix et la conseille, mais je ne sais s'il plaît à Dieu que nous l'ayons; de sorte qu'il faut se préparer, comme si ce mal avait à continuer...» Elle ajoutait : «Si M. de Guise prend le Portereau d'Orléans (ce que Dieu veuille), je crois qu'il y en aura qui se repentiront d'être partis, et connaîtront qu'il ne fait pas bon se moquer de son roi.» L'attaque du Portereau fut vivement menée; les lansquenets qui défendaient les barricades du faubourg ayant été pris de panique, le duc de Guise entrait dans la ville à leur suite si d’Andelot n'en avait en toute håle fait fermer les portes. A peu de jours de là , les Tournelles, par manque de vigilance de ceux qui les gardaient, furent surprises; tout était donc prêt pour un assaut. Le 17 février, Catherine écrivait à Gonnor : «M. de Guise, demain, doit faire une belle peur à Orléans.» Et parlant des nouvelles démarches faites par la princesse de Condé pour renouer les négociations, elle ajoutait : «Je crois qu'elle a belle peur de nous voir si près de là sans son congé, mais quand demain nous aurions Orléans, nous aurions la paix à meilleure condition en tenant la ville.» Un grave événement allait de nouveau bouleverser toutes les situations. Entre six et sept heures du soir, le duc de Guise revenait du faubourg du Portereau et se rendait au château de Corney, près de Saint-Mesmin, où venait d'arriver la duchesse; il avait traversé la Loire en bateau et envoyé en avant le sieur de Crenai, pour rassurer sur son retard. Depuis une heure, un cavalier allait et venait sur la route que le duc devait suivre, demandant à tous ceux qu'il rencontrait, si c'était bien le chemin par où devait passer le duc; il fit la même demande à Crenai, qui lui répondit qu'il ne le devançait que de quelques instants. Le duc venait au pas, ayant à ses côtés Tristan de Rostaing; un jeune page, monté sur une mule, marchait devant; le meurtrier, caché derrière une baie, le laissa passer, et lorsqu'il fut à cinq ou six pas, il tira sur lui par derrière son pistolet chargé de trois balles; le coup entier porta sous l'aisselle droite. Au moment où il fut frappé, le duc s'écria : «Je suis mort»; il baissa la tête jusque sur le cou de son cheval; puis se redressant par un effort violent, il voulut tirer son épée, mais le bras était sans force. Rostaing s'était précipité du côté où le coup était parti, mais le meurtrier le menaça de son épée et, grâce à la nuit et à la vitesse de son cheval, parvint à s'échapper. Égaré dans les taillis, il erra toute la nuit; à la pointe du jour, après dix heures d'une course insensée, il se trouva au pont d'Olivet, non loin du camp des Suisses, dont il croyait s'être éloigné; son cheval étant harassé, il entra dans une ferme et s'y reposa; c'est là que, rencontré par de Seurre, lieutenant du duc de Guise, il se laissa prendre sans opposer de résistance; il était né en Angoumois, âgé de vingt-six ans, et se nommait Poltrot de Méré. Il avait servi comme page le vicomte d'Aubeterre; fait prisonnier à Saint-Quentin et mené en Espagne, il avait si bien pris la voix, l'accent, les manières et les meurs de cette nation qu'on ne l'appelait que l'Espagnol; au retour d'Espagne, devenu protestant, il s'était attaché à M. de Soubise et, recommandé par lui à l'amiral, il était venu à Orléans. Catherine voulut l'interroger, et voici ce qu'elle en écrit à la duchesse de Savoie : « Il a avoué qu'il avait reçu cent écus de l'amiral pour faire ce mauvais coup, qu'il n'y voulait pas venir, mais que de Bèze et un autre prédicant et d'Espine l'avaient prêché et l'avaient assuré que, s'il le faisait, il irait en paradis; et qu'alors il s'y était décidé ; que l'amiral en avait dépêché soixante pour tuer M. de Guise, le duc de Montpensier, Sansac, Sipierre et elle, et qu'elle ferait bien de faire garder ses enfants et de prendre garde à sa personne, car l'amiral la haïssait infiniment.» Et elle ajoute : «Il a nommé un rousseau qui depuis hier a été pris dans la cour du château de Blois; ce n'était plus pour M. de Guise, car il mourut hier. Voilà , Madame, comme cet homme de bien, qui ne fait rien que pour la religion, nous veut dépêcher !.» La blessure n'avait pas d'abord été jugée mortelle, elle ne touchait point aux os et n'avait pas pénétré dans le «coffre», mais l'entrée de la balle était plus grande que la sortie, on en augura qu'il y en avait plus d'une, les chirurgiens appelés de Paris furent d'avis qu'une grande incision devait être pratiquée. L'opération eut lieu le 23, le quatrième jour après la blessure; le duc la supporta très courageusement ; il avait commandé «de besogner encore qu'il criât.» Le sixième jour, il vit bien que tous les remèdes étaient inutiles. En face de la mort, Guise conseilla à Catherine de faire la paix et lui recommanda ses enfants ; il demanda à sa femme pardon des peines qu'il lui avait causées, des offenses dont elle avait eu à se plaindre; il enjoignit au prince de Joinville de servir Dieu et son roi, et d'honorer sa mère. Le mercredi, 24 février, entre dix et onze heures du matin, il rendit l'âme; le lendemain, on l'étendit sur un lit de parade de damas blanc, tout habillé et ses mains gantées; la messe fut dite comme s'il était vivant : «Dans le camp, tous le plaignent, écrit Smith à Élisabeth, tous vantent son courage stoïque, la patience avec laquelle il a subi de cruelles incisions; beaucoup de gentilshommes s'éloignent, car beaucoup ne servaient que par attachement pour lui. C'était bien le plus grand homme de guerre de France, et on peut dire de toute la chrétienté; dur à la fatigue, d'une grande expérience dans la conduite des armées, courtois et éloquent, aimé du soldat et des gentilshommes.» Dans la bouche d'un adversaire, d'un étranger, cet éloge, certes, n'est pas suspect : «Le roi mon fils, écrivait Catherine à M. du Lude, a perdu l'un des plus grands et plus dignes ministres qu'il sauroit jamais avoir;» et au cardinal de Guise, elle disait : «Je vous assure bien que je mettrai tout ce que j'ai au monde de crédit et de puissance pour m'en venger, et je suis sûre que Dieu me le pardonnera» (Hector de La ferrière, Lettres de Catherine de Médicis, Tome I, Collection de documents inédits sur l'histoire de France, 1880 - books.google.fr). Guise mort, Condé et Montmorency captifs, la reine-mère restait maitresse du gouvernement. Anne de Montmorency meurt des suites des blessures reçues à la bataille de Saint-Denis (1567), et Condé à la bataille de Jarnac le 13 mars 1569. Supplice Le supplice exceptionnel qui fut réservé à Polirot de Méré servira par la suite aux régicides. Il fut tenaillé avec des tenailles ardentes, et ensuite tiré à quatre chevaux en place de Grève. En revanche, la nature historique des deux sacralités est différente. Le sacre royal est enserré dans un cadre institutionnel et juridique alors que la causa du martyre guisien procède d'un travail factuel sur l'événement atypique de l'assassinat. Le cérémonial monarchique n'est donc qu'une re-connaissance du souverain à qui on confère une seconde nature alors que les funérailles - édification de François de Lorraine sont, a contrario, une connaissance nouvelle. D'un côté, le monarque est sacré alors que de l'autre le duc est fait sacré. Cette opposition recoupe celle de la littérature cérémonialiste avec celle de l'information polémique. La première se justifie par des arguments répétitifs et d'ancienneté alors que la seconde, au contraire, fait preuve d'inventivité bien qu'utilisant à satiété des éléments existants. Aussi, la puissance eschatologique du sacer Lorrain n'en détient - elle que plus de force puisqu'elle travaille sur l'émotion immédiate de la perte du héros. Dès lors, la virtus guisienne contient une légitimité originale dans le royaume temporel et possède un potentiel subversif certain. […] Dans une vie du prince, écrite un siècle plus tard, l'auteur achève son ouvrage en signalant que «le malheureux Poltrot fut puny du mesme supplice que ceux qui ont attentés à la personne sacrée de nos Rois.» La Vie de François de Lorraine, duc de Guise, Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1681, p. 174. Il semblerait que le supplice de l'écartèlement, réservé dans la Rome antique aux crimes de haute-trahison, ne fut utilisé à l'époque médiévale, que rarement en France et fut réservé au crime de lèse-majesté. Ainsi le Journal d'un Bourgeois de Paris rapporte-t-il qu'en 1422, un dénommé Raoul de Boqueaux fut «décollé et escartellé es halles de Paris» pour acte de brigandage et meurtre du bailli Gui de Harcourt. En réalité, il était l'un des chefs Armagnacs. Journal d'un Bourgeois de Paris 1405-1449, publié par Tuetey, A., Paris, Champion, 1881, p. 177. Le supplice, cette fois accompagné de celui du tenaillement, fut appliqué, en 1536, à Sebastien de Montecuculli pour avoir été convaincu d'empoisonnement envers le Dauphin François. Poltrot de Méré, à son tour, subit le même châtiment pour un attentat contre un officier prééminent de la couronne. Ensuite, il deviendra le monopole exclusif des régicides afin de distinguer le crime de lèse-majesté au premier chef et celui au second chef (1594). Néanmoins, cette capture royale ne relève pas seulement d'un simple transfert judiciaire. Il est clair que le supplice de Poltrot de Méré fut choisi pour sa cruauté à la fois exceptionnelle et proportionnelle à la mesure du forfait. Aussi, cette peine signifierait-elle le caractère atypique et sacrilège du meurtre et donc apte à qualifier plus tard le régicide. C'est du moins l'explication que l'on peut proposer pour justifier l'anachronisme de l'auteur de la Vie de François de Lorraine (David El Kentz, La mort de françois de Guise, entre l'art de mourir et l'art de subvertir, Sociétés et idéologies des temps modernes: hommage à Arlette Jouanna, Volume 2, 1996 - books.google.fr). Le rapprochement avec le supplice des régicides est justifié par la prétention des Guises au trône de France. Acrostiche : PV PM PV : prout (selon) (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli - www.arretetonchar.fr). PM : Poltrot de Méré. Suétone veut donner un exemple des bizarreries de Claude. «On contestait à un homme la qualité de citoyen, et les avocats disputaient pour savoir si cet homme devait plaider en toge romaine, ou en manteau grec. L'empereur, pour montrer une entière impartialité, le fit changer plusieurs fois d'habit, selon la tournure plus ou moins favorable que prenait l'accusation ou la défense.» Prout accusaretur, defenderetur, littéralement, Selon qu'on l'accusait ou qu'on le défendait. Le critique veut que ces mots signifient simplement que Claude ordonna que l'accusé aurait le manteau grec, quand on parlerait contre lui, et la toge romaine, quand on prendrait sa défense. Ce sens est celui qui se présente naturellement et que j'avais adopté d'abord. Cependant des gens de lettres, à qui je lus cet endroit de ma version, prétendent que prout signifiait plus qu'une indication de temps, et désignait aussi le caractère que prenait l'accusation ou la défense. Cette remarque me parut très-analogue au génie de la langue latine et à la vraie signification de la conjonction prout; et ce qui acheva de me déterminer, c'est qu'en suivant ce sens, la bizarrerie de Claude me paraît bien plus marquée : les latinistes en décideront (Œuvres de La Harpe accompagnées d'une notice sur sa vie et sur ses ouvrages, Tome 7, 1820 - books.google.fr). voici les Calvinistes maintenant évoquant les dieux du Paganisme, et prenant pour exemple, et les Grecs, et les Romains, Homère, Virgile, etc. : L'épitaphe de Poltrot de Merey. Ny l'antique
grandeur, dont les loix de Lycurgue ? Ont jadis honoré le
peuple athénien, Ny les braves
effects de ce grand Libien : Ja par le Grec
chanté, le Latin et le vulgue *; Ne l'hardy
chevalier, que louent les Romains', Dont le gouffre
hydeux célèbre tant le nom, Ne peuvent
approcher de l'immortel renom Qu'as dignement,
Merey, acquis sur tous humains, Car une seule mort,
par la tienne vengée, En a cent et cent
mil aux fidèles sauvée, En ouvrant les
portes du ciel aux assassins Des tourmens, qui
l'avoyent jusqu'icy outragée. Ton généreux
dessein, dont l'effect glorieux, Appaise nos
discords, assopit nostre guerre, Fait qu'Ã ton loz,
Merey, l'universelle terre En chante l'épitaphe, et ton guerdon les cieux (Annales de philosophie chrétienne, 1869 - books.google.fr). Typologie Le report de 2061 sur la date pivot 1563 donne 1065. Le suzerain de Guillaume, Philippe Ier, ne possédait guère que ses deux villes de Paris et d'Orléans entre lesquelles le petit seigneur de Montlhéry ne le laissait pas circuler librement. Son fils, Louis VI (1108–1137), surnommé l'Éveillé, puis dans la suite le Gros, voulut mettre fin à cette situation humiliée. C'était un vrai soldat, intrépide et tenace, payant partout de sa personne. Il passa trente quatre ans à détruire les brigands installés dans le domaine, notamment les seigneurs de Montlhéry et du Puiset. A sa mort le domaine royal était unifié et l'autorité du roi y était partout incontestée (Albert Malet, Histoire de France, 1927 - books.google.fr). Que Symphorien Champier, médecin du bon duc Antoine, et
le premier qui s'occupa de dresser une généalogie de Lorraine en 1509, n'ait
cherché qu'à établir une filiation authentique, on peut le croire; mais il est
probable cependant que, dans l'intérêt et pour l'honneur du pays, il ne
dédaigna pas de procurer aux aïeux lorrains de son maître, du côté paternel, la
plus grande illustration possible, une illustration supérieure à celle de ses
aïeux maternels étrangers. C'est dans cette pensée et, sans aucun doute, sur la
foi de titres qui lui parurent irrécusables, qu'il rangea parmi les premiers un
certain Guillaume, supposé frère ou parent de Godefroid de Bouillon, roi de
Jérusalem, saint Arnou et Clodion. Mais Wassebourg en 1549, et Rosières surtout
en 1580, alors des Guise avaient déjà gagné toute la faveur des Parisiens, allèrent
plus loin; ils développèrent longuement le thème de Champier, et de leurs
oeuvres, on pouvait faire résulter des droits pour la maison de Lorraine et
surtout pour les Guise, à l'hérédité éventuelle de la couronne de France.
L'archidiacre de Toul avait, paraît-il, comblé la mesure en insultant au roi
qu'il osait accuser de favoriser les huguenots, et à ses prédécesseurs qu'il
traitait d'usurpateurs depuis Hugues Capet. (Ex. p. 9). Cette hardiesse le fit
enfermer à la Bastille et il n'en sortit, sur les instances de la reine et des
Guise, que pour faire amende honorable et voir déchirer son livre. S'il y avait
dans le Stemmatum «plusieurs choses répugnantes à la vérité de l'histoire,» son
auteur avait, de son propre aveu, dit-on, «failli plus par imprudence que par
malice.» Le procès fait à Rosières, en dépit du crédit grandissant, des Guise,
car l'opinion publique faisait peu de cas de l'injure faite au roi, exalta plus
encore leurs titres à la succession de Charlemagne (Ex., p. 9); malgré
Bassompierre et ses harangues, les prétentions qui n'avaient été un instant désavouées
par les ligueurs que pour repousser les projets régicides qu'on leur supposait
et pour mieux masquer des plans audacieux, ces prétentions succombèrent comme
devait succomber la ligue dont elles furent, on le contesterait en vain, un des
principaux soutiens. Depuis les progrès
que la réforme fit en France, depuis Amboise surtout, les Guise en effet ne
perdirent pas un instant l'espoir de se substituer aux Valois. Après les
sanglantes et critiques circonstances que la France venait de traverser, la
politique autant que la science, et toutes les deux ensemble, résolurent donc d'examiner
scrupuleusement les prétentions de la maison de Lorraine, pour les anéantir
complètement si elles étaient fausses, et tout au moins pour les restreindre
dans de justes limites si elles étaient fondées; en un mot «pour ruiner, dit M.
Noël, la maison de Lorraine.» (Examen, p. 15.) De sérieuses recherches firent
bientôt connaître que Guillaume de Boulogne et l'ascendance masculine directe
de Charles III et du Guisard jusqu'à Charlemagne, n'étaient qu'une fiction, que
Gérard dit d’Alsace, déjà bien connu d'ailleurs, mais dont on ne faisait
d'abord qu'un Cognat, était réellement Agnat et la seule souche véritable de la
maison de Lorraine. Aux dix-septième et dix-huitième siècles, on étudia, l'on
approfondit et l'on discuta gravement ce nouveau système qui est communément
admis aujourd'hui (M.
Noël, Origines de la Maison de Lorraine, L'Austrasie: revue de Metz et de
Lorraine, Volume 4, 1856 - books.google.fr). Gérard d'Alsace est duc de Lorraine de 1048 à 1070 et
donc en 1065. Il est nommé Gérard de de Flandre dans la Bulle
d'Alexandre III adressée à l'Abbé de saint Evre (Augustin
Calmet, Histoire de Lorraine, 1746 - books.google.fr). Cf. le quatrain VIII,
41. Gérard d'Alsace épousa Hadwide, fille d'Albert comte de Namur. Cette princesse descendait des Carlovingiens; en effet, Charles de France, frère du roi Lothaire et duc de la Basse-Lorraine, laissa une fille appelée Ermengarde, qui fut la femme d'Albert; Hadwide était donc la petite fille de Charles de France, et c'est ainsi que les ducs de Lorraine avaient les Carlovingiens pour aïeux. Outre les domaines qu'il avait reçus de ses pères, Gérard possédait au moment de son avènement, ou acquit plus tard la vouerie des principales abbayes situées dans son duché. Le titre, en apparence modeste et insignifiant, de voué augmenta considérablement son pouvoir, en lui donnant l'administration des biens des grands monastères, et en lui permettant, comme protecteur et défenseur des églises, de surveiller et de réprimer toutes les tentatives que faisaient les seigneurs laïcs pour usurper les domaines ecclésiastiques, ou s'immiscer dans le gouvernement intérieur des maisons religieuses. Le duc avait la vouerie de l'abbaye de Bouzonville, comme descendant et représentant du fondateur; le pape saint Léon IX lui donna la vouerie de Saint-Dié; Gérard obtint celle de l'abbaye de Saint-Epvre, grâce à l'amitié de l'évêque de Toul Udon ; il fut aussi voué de Remiremont, de Moyen-Moutier, de Saint-Mihiel et de Saint-Pierre-aux-Nonains. Gérard travailla également à augmenter ses propres domaines; en l'année 1065, il obtint du chapitre de la Madeleine de Verdun la cession d'une partie de la seigneurie de Dieuze, et peu de temps après, le chapitre vendit au duc la moitié de cette ville, importante déjà à cause de ses salines (Auguste Digot, Histoire de Lorraine, Tomes 1 à 2, 1856 - books.google.fr). |