Incunables espagnols et politique VIII, 26 2049 De Caton es trouuez en Barselonne, Mys descouuers lieu terrouers & ruyne, Le grand qui tient netient vouldra Pamplone,
Par l'abbage de Montferrat bruyne. Caton en Espagne Les distiques
catoniens en latin connurent une remarquable diffusion. Ils concernaient
avant tout le premier niveau des classes de gramática. Il convient de
distinguer, d'une part, les libri minores ou libri octo, ces collections de
textes brefs constamment rééditées durant tout le XVIe siècle et au premier
rang desquelles apparaissaient toujours les Disticha catonis, d'autre part les
versions commentées, cum scholiis, et qui intéressèrent quelques grandes
figures de l'humanisme, comme Érasme ou Antonio de Nebrija. [...] On connaît trois
traductions diffĂ©rentes : celle en vers de MartĂn GarcĂa (datĂ©e de 1467 et
imprimée probablement à Saragosse vers 1490 sous le titre de La traslación del muy excellente Doctor
Chaton) ; la version poétique de la fin du XVe siècle, en latin et
castillan, due Ă Gonzalo GarcĂa de Santa MarĂa (conservĂ©e en trois exemplaires
) ; enfin, la plus connue (probablement composée au XIVe siècle), diffusée en
pliego durant tout le XVIe siècle et offrant une adaptation des distiques en
cuaderna vĂa (Pierre
Civil, A travers les Catones, La formation de l'enfant en Espagne aux XVIe et
XVIIe siècles: colloque international, Sorbonne et Collège d'Espagne, 25-27
septembre 1995, 1996 - books.google.fr). Le premier Ă©tat de diffusion de Caton et de ses distiques
est entrelacé avec la tradition culturelle hispanique. En plus d'être une
lecture inévitable dans les classes de grammaire, il faut se rappeler
l'existence d'une famille de manuscrits franco-hispanique de la version connue
sous le nom de Vulgate, de laquelle se dégage le manuscrit 10029 (olim
Toletanus, tiroir 14 N° 22 40) de la Bibliothèque Nationale de Madrid. Les
poèmes 2, 6 et 7 d'Eugène de Tolède (mort en 657) contribuèrent à asseoir ce
qu'au Moyen Âge fut connu comme le Liber V Catonis et le manuscrit de la Bibliothèque Nationale
de Paris lat. 8320 débute une copie fragmentaire de ces distiques par
l'Ă©pigraphe suivans: Incipie prologus librorum Catonis cordubensis. Toutes ces
références additionnées à une longue liste de citations de l'oeuvre sont les
témoins de la constante présence des Distiques, en Castille. Dans la première
moitié du XIVe siècle, Alphonse de Valladolid cite quelques vers d'une
paraphrase castillane de Caton dans ses Ĺ“uvres Contra los que zen que hay fadas
e ventura e oras menguadas et dans l'Exposicion del Credo o Libro declarante. Il
ne nous reste plus de traits de cette traduction en langue romance de Caton,
mais il s'agit de la mĂŞme version en quatrain d'alexandrins qui s'imprimera Ă
Lisbonne en 1521, bien qu'il y ait des différences notables qui indiquent que
la dernière présente un texte très réélaboré. Cependant, à l'égal de la
tradition ésopique, ce sont les XVe et XVIe siècles qui symbolisent le mieux
l'irruption de ces textes classiques. L'intérêt pour les préceptes de Caton ne
se réduit pas à insérer un ou plusieurs de ses distiques de forme isolée en
tant que texte d'autorité, mais à réaliser des paraphrases poétiques.
L'imprimerie sera tout particulièrement sensible à recevoir ces recréations. La première de ces versions poétiques
apparaît sans données d'impression. Pérez y Gomez indiqua qu'elle eut dû être imprimée
à Saragosse vers 1490 à cause des types d'impression. Nous devons la recréation
à Martin Garcia (ca. 1441 - 1521), évêque de Barcelone en 1511, prédicateur des
Rois Catholiques et inquisiteur. Selon les dits de ce dernier, nous savons qu'il
acheva cette paraphrase en 1467 : El presente ya se quanto / del divin
nacimientor : / mil et siete con sesenta / et mas quatre fazen ciento (C.
49). D'après Claveria, il a dû écrire cette œuvre dans sa période d'étudiant
comme un moyen de vérifier ses connaissances en latin. Nous ignorons comment
cette œuvre put arriver jusqu'à l'atelier d'imprimerie: si elle fut parrainée
par l'église, si l'auteur lui-même suivit de près son impression à son retour
en Espagne, après 1480, ou si ce fut grâce à l'impulsion du maître imprimeur. Si l'œuvre fut imprimée à Saragosse en
1490, cela fut très certainement dans l'atelier des frères Hurus. En effet,
nous savons que Pablo Haros a su s'entourer d'intellectuels. Il a donc
peut-ĂŞtre maintenu un contact avec Martin Garcia, lui demandant de reprendre
une œuvre écrite dans sa jeunesse. La vérité est que le grand intérêt que
démontre l'auteur à l'égard des distiques catoniens est dans son contenu
d'origine morale. [...] L'humanisme précoce n'influença très certainement pas
ce clerc qui ne recherchait que la christianisation des distiques, exercice
commun à l'école. Du moins, l'auteur semble être éloigné des préoccupations de
ce nouveau groupe d'intellectuels davantage attentifs à la récupération de
l'héritage de l'Antiquité. Ainsi, même si son oeuvre contient quelques
entrismes, aussi bien lexiques que syntactiques, ils ne sont jamais abondants
et ils ne gênent pas la lecture de son poème, à l'inverse d'autres compositions
contemporaines de Santillana ou Juan de Mena. Mais, au moins, en recourant Ă un
topos littéraire, l'auteur met en évidence une préoccupation stylistique. [...]
Nous observons
l'intrusion de l'imprimeur dans la présentation de son oeuvre, car les
épigraphes semblent être issues de sa création. La plus grande partie
d'entre elles possède un caractère technique: elles indiquent le début ou la
fin d'une section. Dans ce sens, il est curieux de constater comment
l'imprimeur est influencé par la tradition d'Eugène de Tolède, car il considère
l'œuvre divisée en cinq livres, le premier étant celui des Brèves sentence, Le
texte latin qu'utilisa Martin Garcia est celui de la Vulgata [...]. De son
côté, l'imprimeur décida d'imprimer les vers latins dans un caractère plus
grand que celui de la glose, en donnant une prééminence au texte latin. Ce jeu
visuel s'instaurera comme norme dans les imprimés parémiologiques de la période
en distinguant le texte glosé de la glose, ou les proverbes de leur
commentaire. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une oeuvre de grande valeur
littĂ©raire, cette première Ă©dition imprimĂ©e des distiques de Caton signale dĂ©jĂ
la nouvelle tendance sapientiale de cette période: une littérature qui n'est
pas forcément liée à des cercles royaux; très au contraire, elle répond à des
besoins pédagogiques ou encore hédonistes et elle est écrite pour une
communauté bourgeoise qui nécessitera également ces préceptes pour diriger sa
vie. Nous n'avons pas d'informations quant à la répercussion de cet imprimé,
mais il est possible qu'il ait bénéficié d'une vente favorable, car quatre ans
après, Pablo Hurus décide d'imprimer une nouvelle version des distiques
catoniens, cette fois-ci moyennant la plume de Gonzalo Garcia de Santa Maria
(ca. 1447 - ca. 1521). Ce personnage fut juriste et avocat de l'archevêché de
Saragosse, lieutenant du magistrat suprĂŞme d'Aragon, Ă©crivit une Vida del rey
de Aragon (Juan II) et fut traducteur d'Ĺ“uvres historiques et religieuses. Il
semble avoir maintenu d'Ă©troites relations avec Pablo Hurus jusqu'au point de
confesser dans le prologue à sa version poétique qu'il s'anima à l'écrire grâce
Ă l'insistance de l'imprimeur (Hugo
O. Bizzarri, La. littérature parémiologique castillane durant l'imprimerie
primitive (1471– 1520), Tradition der Sprichwörter und exempla im Mittelalter:
Freiburger Colloquium 2007, 2009 - books.google.fr, es.wikipedia.org
- Martin Garcia Puyazuelo). Pour la ville de Barcelone, des inventaires de librairies
mentionnent, par exemple, en 1506, 63 cathos au milieu de corvatxos, doctrinals
y refrans en castellà ; en 1538, on relève chez le libraire Miquel Cabrit
10 catós ligats, 8 mans de catós plegats, etc. [...] Datée de 1609 et imprimée
à Barcelone par Sebastián de Cormellas, il y a une édition intitulée Exemplos
de CatĂłn, due Ă un certain licenciado Miguel de Cervantes (sans lien aucun avec
l'auteur du Quichotte). [...] L'Amérique constituait un marché prospère, comme il
ressort de l'examen de certains registres d'exportation conservés à l'Archivo
de Indias : en 1600, par exemple, l'EspĂritu Santo embarquait Ă son bord
248 Catones et le San Francisco de Paula, 8 rames de "catones y otros
libros pequeños" (Pierre
Civil, A travers les Catones, La formation de l'enfant en Espagne aux XVIe et
XVIIe siècles: colloque international, Sorbonne et Collège d'Espagne, 25-27
septembre 1995, 1996 - books.google.fr). Le consul Caton La péninsule ibérique est convertie, en 197, en Hispania
romaine, et divisée administrativement en une Province Citérieure - qui inclut
notre pays - et une Province Ultérieure au-delà de l'Ebre. [...] L'influence
grecque se limita cependant aux zones côtières, et l'intérieur fut bien plus
imperméable à la domination romaine. Les Ilergètes furent l'opposant le plus
farouche des Romains, et le groupe dirigeant de la résistance ; leur chef
Indibil reçut l'aide de son frère Mandonius, du groupe des Lacetans, que l'on
peut identifier avec les Laietans mais que Tite Live situe Ă Igualada, dans la
Segarra et la vallée du Cardener. Rome fera porter son effort dans la zone de
l'Ebre moyen et laissera à l'arrière-garde les villes alliés d'Empúries et de
Roses, et les indigènes des environs, mieux disposés à accepter la cohabitation
avec les Romains (c'est le cas, en particulier, des Indigètes, des Ausetans et
des Laietans). La prĂ©sence romaine dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique connaĂ®t, Ă
l'époque républicaine, deux phases bien distinctes. Une première époque de
lutte contre les Carthaginois correspond à la deuxième guerre punique ; elle
s'étend du débarquement de Cneus Scipion à Empúries en 218 jusqu'en 206 où un
autre Scipion, le jeune Publius Cornelius, fils de Publius et neveu de Cneus, occupe
Cadiz et fonde Italica dans la vallée du Guadalquivir. Au cours d'une seconde
époque, l'Ibérie est colonisée et soumise ; elle voit les Romains entrer en
conflit avec les indigènes révoltés dans tout le pays, en raison (dit-on) de la
lourdeur des impôts et des relations avec les Romains ; des peuples très
proches de la côte comme les Indigètes, établis près d'Empúries, participeront
à cette révolte. [...] C'est à Roses
près d'Empúries que débarqua le consul Caton en 195, alors que les
Carthaginois avaient dĂ» renoncer Ă toutes leurs ambitions, mais que le pays
tout entier était révolté (Joaquim
Nadal i Farreras, Histoire de la Catalogne, 1982 - books.google.fr). Â De 196 Ă 195, le consul Marcus Porcius Caton vient Ă bout
de la révolte des Turdétans montagnards entre Guadiana (Anas) et Guadalquivir
(Baetis) qui s’était ensuite étendue à la Citérieure où le préteur Caius
Sempronius Tuditanus avait été battu et tué. Les révoltes se succèdent encore
jusqu'à la victoire définitive de Rome avec Scipion le Jeune, vainqueur de
Carthage et de Corinthe (www.arretetonchar.fr). Cf. quatrain VIII, 28 - Habet Aurum Americanum - 2050-2051 avec le proconseul romain Quintus Servilius Caepio. Cf. quatrain I, 85. Les Distiques de Caton (Disticha catonis en
latin) sont des distiques en langue latine que l'on attribuait Ă Caton l'Ancien,
et qui étaient utilisés comme matériel didactique au Moyen Âge. Joseph Scaliger les a attribué à un Dionysius Caton, en
pensant qu'ils étaient contenu dans un manuscrit possédé par Siméon du Bois,
lieutenant général de Limoges au XVIe siècle, intitulé Dionysius Cato ad filium, alors qu'il n'y avait que la prose
introductive qu'on a mise dans les Ă©ditions de ces distiques (Adrien
Baillet, Jugemens des savans sur les principaux ouvrages des auteurs, 1722 -
books.google.fr). "Montferrat...
bruyne" : Montserrat... brune (f
pou s) Aussi les
Espagnols appellent-ils la Vierge de Montserrat la Morenita, ce qui veut dire
«la petite brune» (brune de peau, et non noire de cheveux, comme le
signifierait l'expression française). La statue de la Morenita est réputée
avoir un parfum naturel (comme la peau arabe a le sien propre), ce qui ne
saurait surprendre, beaucoup de bois ayant une odeur (Henry
de Montherlant, Un voyageur solitaire est un diable, 1961 - books.google.fr). En 1025, l'abbé de Ripoli et l'évêque de Vic, Oliba, ont
officiellement fondé le monastère de Montserrat. Au cours des XIIe et XIIIe
siècles, une église romane a été construite à Montserrat contenant une sculpture
de l'image de la Mère de Dieu. Au cours de cette période les pèlerins
commencèrent à venir à Montserrat. Au cours des siècles suivants, l'importance
de Montserrat augmente : en 1223, il y a le premier récit d'un chœur de
garçons à Montserrat, en 1409, le monastère devient une abbaye indépendante. En
1493, la réputation du monastère se répandit encore plus loin lorsque l'un des
ermites de Montserrat - Bernal Boil - partit en voyage en Amérique avec
Christophe Colomb. Une des îles des Antilles a été nommée d'après Montserrat et
ceci a commencé la propagation du culte de la Mère de Dieu de Montserrat dans
les Amériques (www.montserrat-tourist-guide.com). Les Bénédictins,
qui possédaient en Espagne dix-neuf monastères, choisirent l'abbaye de Montserrat
pour y Ă©tablir l'imprimerie de l'Ordre. Un Allemand Ă©tabli Ă Barcelone,
Johann Luschner, fut chargé de cette imprimerie, d'où sortit en 1499 «Libre de
las meditationes de N. H. J.-C» (www.bmlisieux.com). Le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros avait un frère
sensiblement plus jeune, GarcĂa JimĂ©nez de Cisneros, nĂ© lui aussi Ă Cisneros en
1455 ou 1456 et dĂ©cĂ©dĂ© Ă Monserrat en 1510. GarcĂa entre chez les BĂ©nĂ©dictins de Valladolid en 1475, mais
l’essentiel de sa carrière se passera à Montserrat, où il est prieur en 1493,
et qu’il gouvernera ensuite comme abbé jusqu’à sa mort. Il est
l’organisateur et le réformateur de la maison, ce qui suppose de disposer de
moyens financiers considérables: une
source importante de revenus réside dans les Indulgences obtenues en faveur de
Monserrat, pour l’impression et la diffusion desquelles l’abbé s’adresse
d’abord à des ateliers de Barcelone, surtout celui de Johann Rosenbach, avant
de faire venir un imprimeur au monastère (À
Montserrat au XVe siècle -
histoire-du-livre.blogspot.com). A Montserrat, Cisneros avait d'ailleurs fait Ă©tablir une
imprimerie sous la direction de Jean Luschner, maĂ®tre allemand qui vint Ă
l'abbaye le 28 décembre 1498 avec ses presses et ses compagnons L'imprimerie
fonctionna a partir du 4 février 1499. A la fin de 1500, Luschner quittait
Montserrat, son engagement avec l'abbaye prenant fin. Il avait imprimé vingt
ouvrages de dévotion, atteignant le total remarquable de 7291 exemplaires (Bibliotheque
d'humanisme et renaissance, Volume 19, 1957 - books.google.fr). Nous conservons en effet alors un remarquable formulaire d’Indulgences en catalan. Suivront notamment des traités de saint Bonaventure ou du pseudo-Bonaventure (De triplici via et Opus contemplationis, 27 mai 1499), une Règle de saint Benoît, les traités rédigés par l’abbé lui-même pour la réforme du monastère (Directorium horarum canonicarum et Exercitatorium vitae spiritualis, ce dernier en latin et en espagnol), un Bréviaire bénédictin, etc., outre un certain nombre de lettres d’Indulgences en latin. Luschner rentrera plus tard à Barcelone, et il décède probablement au début de 1512 (À Montserrat au XVe siècle - histoire-du-livre.blogspot.com). Francisco Jiménez
de Cisneros, né Gonzalo Jiménez de Cisneros en 1436 à Torrelaguna et mort
en 1517 à Roa, est un cardinal, réformateur religieux et homme d'État espagnol.
Proche conseiller d'Isabelle la Catholique, il fut à diverses reprises régent
de Castille. Religieux franciscain avant d'être élevé à la pourpre cardinalice,
il entreprit d'importantes réformes dans le fonctionnement du clergé espagnol,
visant notamment à un meilleur respect des règles au sein des ordres religieux.
Personnage clef de la Renaissance espagnole, il fonda la prestigieuse
université d'Alcalá de Henares et dirigea la réalisation de la célèbre Bible
polyglotte d'Alcalá (fr.wikipedia.org
- Francisco Jimenez de Cisneros). Très tôt, ici comme dans la célèbre abbaye de Ripoll, on
lit, on traduit et on copie les grands auteurs classiques, on compose Ă©galement
des livres. Il est probable que les premiers manuscrits arrivent Ă Montserrat
avec les moines de Ripoll ; un catalogue du XIe siècle, de 1031, de
l'abbaye de Ripoll recense des livres qui se trouvaient In Monteserrato. Parmi
ces livres, il faut mentionner des cuvres de Porphyre, de saint Augustin, de
Boèce, d'Aristote, de Bède le Vénérable, de
Caton, le Forum judicum , etc . et il est à peu près certain que le
monastère possédait également des œuvres de saint Grégoire le Grand, Cassien, la
Règle de saint Benoît, le Commentaire de Smaragdus, la Vie des Pères du Désert,
etc. (Dominique
de Courcelles, Ascensions du corps et de l'esprit : Montserrat en Catalogne,
Les montagnes de l'esprit: imaginaire et histoire de la montagne Ă la
Renaissance : actes du Colloquie international, Saint Vincent (Vallée d'Aoste),
les 22-23 novembre 2002, 2005 - books.google.fr). "terrouers" Passant rue
Saint-Honoré, j'ai vu l'église Saint-Honoré, qui est très vaste, et la maison
des aveugles appelée les Quinze Vingt (c'est-à -dire ccc), fondée jadis par le
roi de France saint Louis. C'est lĂ
aussi que se trouve la Croix du terrouer, oĂą ont ordinairement lieu les supplices ;
c'est là , dit-on, que jadis Brunehaut, femme d'une grande cruauté, fut
écartelée par quatre chevaux sur l'ordre de Clotaire II (cf., à ce sujet,
les Chroniques de Gaguin). La Croix-du-Tiroir Ă©tait au carrefour des rues de
l'Arbre-Sec et Saint-Honoré. L'origine de son nom viendrait, selon Raoul de
Presles, de ce qu'on y "trioyt les bestes" (Description
de Paris par Arnold Van Buchel d'Utrecht (1585-1586), Ă©d. L. A. Van Langeraad
et A. Vidier, Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris, 26, 1899 - books.google.fr). André Favyn, dans son Histoire de Navarre,
écrit que Brunehilde, appelée aussi Brunehaut supplicié à la Croix du Tiroir, ou du Traioir (à trahendo),
Ă©tait la fille d'Athanagilde, roi wisigoth, qui succĂ©da Ă Agila, et Agila Ă
Theudigisel qui s''était illustré sous le roi Theudis lors de l'invasion
franque conduite par le roi Childebert et le siège de Saragosse en 542 (André
Favyn, Histoire de Navarre contenant l'origine, les vies et conquestes de ses
roys, 1612 - books.google.fr). Afin de s'assurer l'alliance des Francs, le roi Athanagilde
accepte de marier sa fille Brunehaut au roi mérovingien Sigebert, roi
d'Austrasie, et peu après, donne une autre de ses filles, Galswinthe, Ă
Chilpéric, roi mérovingien de Neustrie (fr.wikipedia.org -
Brunehaut (reine)). Sigebert (v. 535 - 575) est le fils de Clotaire Ier (v.
498-561), fils de Clovis Ier et frère de Childebert Ier (v. 497-558). Après la campagne d'Espagne en 542, le roi Childebert
fonde à son retour à Paris l'abbaye de Saint Germain des Prés, primitivement
appelée Saint Vincent dont une relique, son étole, avait servie de paiement
pour la levée du siège de Saragosse. La casse est composée de deux casseaux, l'un supérieur et
l'autre inférieur. Le casseau est une espèce
de long tiroir de bois, d'environ 33 Ă 34 pouces de long sur 14 de large et
22 lignes de profondeur : il est divisé en deux parties égales par une barre parallèle
ĂĄ la largeur, aussi forte que celle de la bordure ; et chaque partie est
sous-divisée, par des lates mises de champ en plusieurs compartiments nommés
cassetins, égaux dans le casseau supérieur, et de grandeurs différentes dans le
casseau inférieur. On pose les casses deux ou trois à côté l'une de l'autre sur
des tréteaux en pente en forme de pupitre : le casseau inférieur, ou bas de
casse, placé au bas de la pente, retient le casseau supérieur, ou haut de
casse. Les casses ainsi assemblées et montées sur des tréteaux se nomment rang
de deusc ou de trois casses. Chaque compositeur doit avoir son rang, et
quelquefois plusieurs, si l'ouvrage qu'il fait est susceptible de trois ou de
quatre sortes de caractères différents en grosseur, avec leur italique. Dans le
casseau supérieur, dont les cassetins, égaux en grandeur, sont au nombre de
quatre-vingt-dix-huit, savoir, sept de long sur, sept de large dans une moitié
de casseau et autant dans l'autre, on met du côté gauche, selon l'ordre
alphabétique, les majuscules ou grandes capitales ; du côté droit les petites
capitales suivant le mĂŞme ordre ; et au-dessous des unes et des autres,
les lettres accentuées, quelques lettres liées, plusieurs autres moins
courantes, et quelques signes, comme crochets, parenthèses, paragraphes, etc.
Dans le casseau inférieur, qui est composé de cinquante-quatre cassetins de
grandeurs différentes, on place les lettres minuscules pour le discours
ordinaire; on les nomme de bas de casse, ou simplement lettres du bas, Ă cause
de leur local. Ces lettres ne sont point rangées par, ordre alphabétique comme
les capitales, mais leurs cassetins sont disposés de manière que les plus
grands, destinés pour les lettres qui sont le plus employées, telles que les
voyelles, etc. se trouvent sous la main de l'ouvrier. On met aussi dans le bas
de casse les chiffres, quelques-unes des lettres liées, les signes de
ponctuation, les quadrats, quadratins, demi-quadratins, et les espaces (Philippe
Macquer, Pierre Abbe Jaubert, Dictionnaire raisonne universel des arts et
metiers, Tome 2, 1773 - books.google.fr). Le Manuscrit
trouvé à Saragosse On peut penser aussi à un tiroir où se trouvait ranger un
manuscrit des distiques de Caton en mauvais état ("ruyne"). Manuscrit trouvé à Saragosse est un
roman de l'écrivain polonais francophone Jean Potocki (1761-1815), composé
initialement sur le modèle du Décaméron. Potocki en a écrit trois versions
différentes : une de 1794, une autre en 1804, composée de quarante-cinq
journées et abandonnée, puis une dernière en 1810, composée de soixante-et-une
journées achevées se terminant par un épilogue. Pendant les Guerres napoléoniennes, lors du siège de Saragosse (1809), un officier français prisonnier fait la lecture à son geôlier d'un étrange manuscrit découvert dans une maison abandonnée. Ce récit raconte l'arrivée du jeune Alphonse Van Worden en Espagne avec le grade de capitaine des Gardes wallonnes. Il se voit entraîné dans une étrange aventure, qui prendra l’allure d’une épreuve initiatique. Pendant les deux mois qu’il va passer dans la chaîne des Alpujarras de la Sierra Morena, plusieurs personnes vont ainsi lui raconter l’histoire de leur vie. À l'intérieur de ces récits, d'autres narrations faites par d’autres personnes qui relatent à leur tour des histoires qu’elles ont entendues, survenues des années auparavant, viendront s'intercaler, jusqu'à créer une quintuple mise en abîme. Le texte comprend soixante-six «journées», à la manière
de L'Heptaméron de Marguerite de Navarre ou du Décaméron de Boccace, chacune
d'entre elles renfermant plusieurs nouvelles qui s'emboîtent les unes dans les
autres (fr.wikipedia.org
- Manuscrit trouvé à Saragosse). Dans l'histoire de la princesse de Monte Salerno, du
roman de Jean Potocki, on apprend que : Le Prince de Mont-Salerno, qui descendoit
des anciens Ducs de Salerne, étoit grand d’Espagne, Connétable, Grand-Amiral, grand-Ecuyer, grand-maître de la maison,
grand-Veneur, enfin il réunissoit en sa personne toutes les grandes charges du
Royaume de Nâples. Mais bien qu’il fut au service de son Roi, il avoit lui-même
une maison composée de Gentilshommes, parmis lesquels il y en avoit plusieurs
de titrés. Au nombre de ceux-ci se trouvoit le Marquis de Spinaverde, premier
Gentilhomme du Prince, et possedant toute sa confiance, qu’il partageoit
cependant avec sa femme la Marquise de Spinaverde, première dame d’atour de la
Princesse (Jean
Potocki, Manuscrit trouvé à Saragosse, 1804, Édition par François Rosset et
Dominique Triaire - halshs.archives-ouvertes.fr). Dans l'interprétation du quatrain précédent VIII, 25 - Cœur
mangé - 2048-2049, on a rapproché le texte de l'histoire de Sigismonde, fille
du prince de Salerne qui provoque sa mort en tuant son amant. Ce conte de Christine
de Pizan est inspiré de celui de Boccace, inséré dans le Décameron, Guiscardo e Ghismunda. L’histoire de Thibaud de la Jacquière figure quant à elle
dans «un gros volume écrit en caractères gothiques dont le titre était
Relations curieuses de Hapelius» (200). L’auteur de cet ouvrage est
effectivement connu sous le nom d’Eberhard Werner Happel; cependant, l’histoire
revisitée par Potocki s’apparente davantage à la version figurant dans Les Histoires
tragiques de François de Rosset, laquelle est intitulée: Histoire X, D’un démon
qui apparaissait en forme de damoiselle au lieutenant du chevalier du guet de
la ville de Lyon. De leur accointance charnelle, et de la fin malheureuse qui
en succéda. Potocki pourtant ne la mentionne pourtant pas; il semble vouloir en
dérober la source à la connaissance du lecteur, ou alors à l’inviter à remonter
lui-même, à l’aide d’indices, jusqu’à l’origine véritable du récit. Il est en
effet intéressant de noter, à la suite de Nicole Hafid-Martin, «la présence du
chiffre 10» dans les deux versions de l’histoire de Thibaud de la Ja(c)quière:
elle constitue l’«histoire X» du recueil chez Rosset, et apparaît dans le
Manuscrit durant la dixième journée. Les Histoires
tragiques de François de Rosset constituent un recueil publié en 1614, qui
se caractérise par la description de «passions violentes et d’instincts sexuels
non refoulés (...) dans un cadre religieux et moralisant». François de Rosset
peint les situations les plus abominables qui, à la manière de la catharsis,
ont pour but de provoquer terreur et pitié chez les lecteurs; il s’agit de les
dissuader de pactiser avec Satan, tout en les divertissant. La plupart de ces
histoires tragiques traitent donc du diable et des diverses manières de lui
succomber (Eva
Baehler, Analyse du récit fantastique dans le Manuscrit trouvé à Saragosse :
Une initiation au jeu de la lecture, 2009 - unine.ch). L'instinct sexuel est en jeu dans le quatrain suivant
VIII, 27. Comme l’ont fait remarquer Jan Herman et Luc Fraisse, non
seulement le Manuscrit est écrit principalement au passé simple, ce qui
implique une certaine distance temporelle entre les faits et leur narration,
mais en outre, Alphonse ne peut vraisemblablement avoir écrit les dernières
lignes du roman. La mention : «J’en ai fait une copie de ma main et l’ai déposé
dans une cassette (...)», elle aussi rédigée au passé, constitue en effet un
paradoxe, ou une «situation aporétique», comme le souligne Herman, puisque «le
dépôt de l’écrit dans la cassette est antérieur à l’écriture de cette dernière
phrase». De même, dans certains passages, Alphonse anticipe les événements des
jours suivants (Eva
Baehler, Analyse du récit fantastique dans le Manuscrit trouvé à Saragosse :
Une initiation au jeu de la lecture, 2009 - unine.ch). Ce jeu temporel se retrouve dans les interprétations des
Centuries. Manuscrits trouvés Dans notre culture, les plus anciens vestiges de
manuscrits trouvés sont inséparables du texte religieux. Dans le Livre des
Morts égyptien, nous lisons: «ces paroles furent trouvées sous les pieds
majestueux de ce grand Dieu, sur un bloc de granit provenant de la Haute
Egypte, dans l'écriture du Dieu même. dans le temps de sa Majesté le Roi de la
Haute et de la Moyenne Egypte, Mykerinos, par le prince Har-Deder. A l'Ă©poque
d'Auguste, un autre papyrus funéraire (le Livre des Respirations) fut
(réellement) découvert sur une momie, copié par un prêtre et reconnu par le
Pharaon comme texte divin. Ailleurs, dans un papyrus conservé à Londres,
contenant les rites du culte d'Isis: «Cet écrit fut trouvé pendant la nuit,
tombé du ciel dans rentrée du temple à Koptos, comme le secret de la Déesses.
Et Diodore de Sicile raconte comment un faucon aurait apporté du ciel un Livre
contenant des commandements divins. Mais il faut d'abord faire un détour par Tolède et par la
littérature allemande. Jean-Marc Pastré souligne ci-après l'importance du livre
IX du Parzifal, composé vers 1200-1210 par Wolfram von Eschenbach, qui donne
une clef de lecture au récit: la trouvaille du manuscrit fondateur, la première
version de l'histoire du Graal. Le Graal, qui chez Wolfram est une pierre
précieuse tombée du ciel, est d'abord évoqué dans un manuscrit arabe, abandonné
à Tolède, carrefour s'il en est de la translatio studii. Le manuscrit arabe
sera découvert par le provençal Kyot qui en assurera la traduction. La tâche de
l'écrivain est de diffuser la vérité du Graal, de la transmettre au monde
septentrional. Le manuscrit trouvé, que ceux-la seuls qui auront reçu le
baptême pourront déchiffrer, est au service de la transmission du savoir. Dans
la tradition française dont nous parle Emmanuèle Baumgartner, le livre-source
du Graal est écrit par Merlin, qui dicte à Blaise l'histoire du passé du Graal,
au fur et à mesure que se déploie l'histoire parallèle du Graal. L'écriture du
livre-source est devenue une action intradiégétique: le récit s'écrit dans
l'histoire qu'il raconte, il met en scène l'acte même de sa composition. Il n'y
a plus de texte-source hors-texte. Dans un de ses plus beaux articles,
Emmanuèle Baumgartner en vient à l'hypothèse que le Graal que Joseph
d'Arimathie reçoit dans le tom-beau du Christ institue la valeur symbolique du
langage: «le terme clé de Graal ne tire plus désormais son droit nom (ou son
nom propre) de Dieu ou d'un quelconque rapport référentiel mais d'un pur jeu de
mots, de l'exploitation des sons qui le composent: le Graal, c'est ce qui agrée
: Qui a droit le
soutra nommer Par droit Graal
Papelera: Car nus le Graal ne
venu, Ce croi je, qu'il
ne li agree (Robert de Boron, Le roman du SDaint-Graal). Et pour en revenir à mon hypothèse, qui doit justifier ce
long développement sur les textes médiévaux, c'est par la transgression du
fonctionnement ordinaire du manuscrit trouvé - transmission du savoir, mémoire
des sources - que se fonde, au moins je le crois, ce que j'appellerais
volontiers « l'idée de la littérature », en ce début du XIIIe siècle,
quatre siècles avant Cervantès qui ira Ă son tour chercher un manuscrit arabe Ă
Tolède, pour porter un coup mortel Ă la tradition des textes-source. ["Don Quichotte achève son pĂ©riple Ă
Barcelone où il est reçu par Antonio Moreno, porteur du même nom que le
libraire madrilène du Manuscrit trouvé à Saragosse de Potocki" :
Frédéric Rosset, Saragosse ou le siège du lecteur]. Le manuscrit trouvé est
devenu topos: structure argumentative exogène que le texte adopte pour la
transgresser; dans cette transgression se fonde l'idée même de la littérature. Rosario Santana Paixà o nous apprend de quelle ténacité
est pourtant la tradition de la mémoire des sources dans le roman de
chevalerie, ibérique en particulier, jusqu'au début du XVIe siècle. La mémoire
des origines continue à charrier une idée du Temps comme source de sagesse, de
savoir, de vérité. Or, la chasse aux manuscrits réels déclenchée par
l'humanisme montre bien que l'humaniste a un compte à régler avec le Temps, qui
fut pour Yves Delègue la grande découverte de la Renaissance. Mais la chasse
aboutit Ă un Ă©chec: le "Ur-text" est un fantasme. A la chasse
intentionnée de manuscrits réels s'oppose le hasard de la découverte de
manuscrits fictionnels. Et c'est au niveau de la production de textes,
narratifs en particulier, que le grand rouleau, ce qui est Ă©crit LĂ -haut, va
recevoir le coup mortel. Dans les occurrences qu'analyse Yves Delègue, le
manuscrit trouvé fait éclater l'un des plus solides tope de la pensée
occidentale: la triade platonicienne Vrai-Beau-Bien. Le Beau est le produit de
l'artifice rhétorique, le Vrai a le visage de la laideur et de la ruse, le Bien
s'effectue dans la violence. Le
manuscrit généalogique trouvé dans le tombeau au début de Gargantua, n'était-il
pas rongé par les rats et la vermine ? Ce que le manuscrit trouvé fait
découvrir est «la mal-plaisante vérité», mais vérité encore. Leurre, et leurre
encore, car la littérature est là pour cacher la seule vérité que la chasse aux
manuscrits avait révélée: le texte premier n'existe pas (J.
Herman, Introcuction : manuscrits trouvés à saragosse, Le topos du manuscrit
trouvé: actes du colloque international, Louvain-Gand, 22-23-24 mai 1997, 1999
- books.google.fr). Dans l'aire géographique de la péninsule ibérique, à la
fin du XVe et au début du XVIe siècle, a commencé à se développer un nouveau
mode de discours chevaleresque. Ce nouveau type de discours s'inscrit, d'une
façon singulière, dans la tradition du roman de chevalerie initié en France au
XIIe siècle par Chrétien de Troyes, dont l'imaginaire a été diffusé en Europe,
pendant tout le Moyen Age, notamment par différentes formes de réécriture en
prose et de traduction. Les thèmes et motifs littéraires de la quête et de
l'héroïsme chevaleresques, hérités du passé, se mêlent aux nouveaux problèmes,
interrogations et perplexités de la pensée et de l'histoire ibériques, en
pleine aventure des DĂ©couvertes, Ă la recherche d'un nouvel ordre pour le
Monde. [...] Amadis de Gaula,
une œuvre inaugurale de cette mode littéraire, écrite à la fin du XVe siècle
par Garci Rodriguez de Montalvo, a été élaborée, suivant l'explication de
l'auteur, à partir d'un texte antérieur. Pour les trois premiers livres il a
remanié, sur base de sa propre culture chevaleresque, le style d'une version
primitive; le quatrième et le cinquième livre, au titre de Las Sergas de
Esplandian, qui raconte les aventures du fils d'Amadis, sont traduits, selon
les propres mots de l'auteur, a partir d'autres livres, trouvés dans un
tombeau, à l'intérieur d'un ermitage, aux environs de Constantinople. Ces
quatrième et cinquième livres ont été apportés en Espagne par un marchand
hongrois (Rosario
Santana Paixão, Mémoire et idéal historique : l'imaginaire des sources dans les
livres de chevaleries ibériques au début du XVIe siècle, Le topos du manuscrit
trouvé: actes du colloque international, Louvain-Gand, 22-23-24 mai 1997, 1999
- books.google.fr). Lutte contre
l'Islam d'Espagne Le mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand
d’Aragon, qui seront appelés les Rois Catholiques d’Espagne, en 1469, lie les
destinées de ces deux royaumes. Puis, finalement, le dernier ensemble politique
musulman de la péninsule, le royaume de Grenade, tombe aux mains des chrétiens
en 1492. La conquête des territoires espagnols auparavant occupés par les
musulmans laisse toutefois de fortes concentrations de populations musulmanes
sur les territoires contrôlés par les Rois Catholiques à la fin du XVe siècle.
Ainsi, près de la moitié de la population dans la région de Grenade, du tiers
dans la région de Valence et du cinquième dans la région d’Aragon sont de
confession musulmane. En 1499, Ă
Grenade, l’archevêque de Tolède, Francisco Ximénez de Cisneros, prend
l’initiative d’une campagne où se mêlent prédications, intimidations et
baptêmes de masse. Ses méthodes agressives provoquent un soulèvement des
musulmans, obligeant le roi Ferdinand d’Aragon à mater l’insurrection. Au
terme de la révolte, ce dernier accorde le pardon à ceux qui se soumettent en
demandant le baptême. Ces événements suscitent des milliers de conversions dans
la région. L’année suivante, les Rois Catholiques prennent la décision de
forcer la conversion générale des musulmans de Castille Les mesures, très strictes, prises contre eux provoquent
le soulèvement des morisques de Grenade en 1568. La rébellion grenadine n’est
vaincue que trois années plus tard, grâce à une mesure extrême : la dispersion
des morisques grenadins à travers la péninsule. À la suite de la révolte
grenadine, le sentiment d’insécurité lié à la présence morisque s’élève à un
degré encore jamais atteint, et la crainte d’un nouveau soulèvement est
constante. Dans ce climat, des signes de lassitude se font voir chez certains
des religieux responsables de l’évangélisation des morisques. Plusieurs
commencent à écrire qu’une conversion véritable des morisques leur semble
impossible à achever. La décision de l’expulsion définitive, prise par le roi
Philippe III et son favori le duc de Lerme en 1609, aurait pourtant été motivée
principalement par l’opportunisme politique. En effet, le duc de Lerme venait
de conclure la paix avec les protestants des Pays-Bas. Pour redorer son blason auprès
de ceux qui lui reprochaient sa faiblesse face à l’hérésie, il expulse les
morisques pour se donner cette image de défenseur du christianisme. La
déportation touche 320 000 individus, expulsés des territoires espagnols entre
1609 et 1614 (Bernard
Ducharme, Quand la monarchie espagnole expulsait les musulmans - www.ficsum.com). Cf. quatrain I, 77 - StoĂŻcisme et Morisques - 1614. C'est Ă l'instigation de Cisneros que les Rois
Catholiques Ă©crivent le 4 avril 1500 la lettre suivante au Maestro GarcĂa,
chanoine de La Seo de Saragosse : Maestre
Martin Garcia, ya sabeys como todos los moros de la ciudad de Granada se
convirtieron a nuestra santa fe catholica ; porque muy pocos dellos saben
entender, hablar, sino arabigo y por no haver personas de iglesia, que sepan el
arabigo, no pueden los dichos convertidos ser bien instruidos en las cosas de
nuestra fe y ay mucha necesidad , especialmente agora en los comienzos que no
hay en aquella ciudad personas de Iglesia que sepan arabigo para instruir a los
dichos nuevamente convertidos y porque sabemos que vas sabeys arabigo y que con
vuestras letras y predicacion y buen ejemplo podreys mucho Aprovecharles poronde
nos vos rogamos y encargamos que pues vedes quanto en ello ser servido nuestro
Señor querays disponer os a venir a estar algun tiempo a la dicha ciudad para
aprochevar en lo susodicho, que de mas de lo que con ello mereciereys de
nuestro Señor a nos fareys muy agradable servey. Un ancien alfaquĂ, Juan
Andrés, converti au catholicisme en 1487, puis ordonné prêtre, participe
également à l'évangélisation en langue arabe auprès de ses anciens
coreligionnaires. Mettant Ă profit sa connaissance du Coran, il Ă©crit mĂŞme un
ouvrage intitulé Libro que se llama
confusion de la secta mahomatana y del Alcoran. [...] Nous savons que Martin Garcia avait appris l'arabe, en mĂŞme temps, que
l'hébreu, au collège espagnol Saint Clément à Bologne. Il ne pouvait s'agir
que de la langue littéraire qui lui permit de communiquer avec les élites, dont
les alfaquis, Ă Grenade, mais non de prĂŞcher au peuple. Cela allait d'ailleurs
dans la ligne que se fixait alors l'Eglise dans son apostolat : convertir
d'abord les Ă©lites qui, Ă leur tour, convertiraient le peuple (Louis
Cardaillac, Les morisques et leur langue, Cahiers d'études romanes, Numéro 16,
1990 - books.google.fr). Pampelune :
politique et imprimerie Le fait historique principal de 1512 pour les affaires
qui nous occupent ici est la conquĂŞte de la Navarre, entre juillet et
septembre, succès militaire bien préparé par le cardinal Cisneros mais qui ne
deviendra une victoire totale qu'en 1524 (Enrique
Garcia Hernan, Ignace de Loyola. Biographie, 2016 - books.google.fr). Pendant la période coloniale, le livre de lecture
scolaire est, comme en Europe, le support de l'apprentissage de la lecture et
de l'Ă©ducation morale. Au RĂo de la Plata, l'enfant dĂ©couvre les premiers
rudiments dans des abécédaires et des syllabaires, plus tard il s'engage dans
la lecture de livrets, des catones, dans lesquels de courtes sentences Ă©voquent
la religion ou la morale. Le CatĂłn de San Casiano est l'un des plus
régulièrement utilisés. L'enseignement est essentiellement oral et
l'apprentissage se fonde sur la répétition et la mémorisation. Pour faire face
au prix élevé des livres, il n'est pas rare que ceux qui souhaitent en faire
usage en effectuent ou en fassent effectuer une copie manuscrite. Ce système et
l'habitude de transmettre les livres de père en fils n'encouragent pas le
développement de l'imprimerie dans la vice-royauté. Pourtant, en 1779, le vice-roi
Vértiz fait déplacer à Buenos Aires la presse qui fonctionnait depuis 1630 dans
la mission jĂ©suite de Loreto (au nord du RĂo de la Plata) et qui avait Ă©tĂ©
abandonnée en 1767, au moment de l'expulsion de la Société de Jésus. Elle est
installée à la Casa de los niños expósitos. L'imprimerie - qui prend le même
nom - devient rapidement un centre important d'Ă©dition et obtient le monopole
de l'impression et de la vente des textes scolaires Ă Buenos Aires. L'origine de ce texte (Disticha Catonis) – la rĂ©fĂ©rence Ă
Dionysius Caton est une simple tradition promue par Scaliger - se perd
dans l'Antiquité tardive . Des
exemplaires manuscrits circulent dans les Ă©coles monacales ou Ă©piscopales
pendant tout le Moyen Ă‚ge. Le CatĂłn espagnol fait partie des premiers livres
imprimés en langue vulgaire dans la péninsule ibérique (d'après Antonio Palau y
Dulcet : Manual del librero hispanoamericano, Barcelona, Palau, 1951 et Manuel
Morales Muñoz : Los catecismos en la España del siglo XIX, Malaga, Universidad
de Malaga, 1990). C'est le cas, par exemple, de l'exemplaire imprimĂ© Ă
Pampelune en 1499 (El Caton, El Libro contento, cuya obra esde Sant'Bernardo,
El Floreto, Las quinque claves de la sabiduria, Los fablas del Esopo,
Pampilonae... On continue de l'imprimer en Espagne et dans les pays hispano-américains
jusqu'à la mi-XIXe siècle. San Casiano est l'une des attributions courantes des
catones en Espagne. On trouve une première impression argentine d'un catón dès
1826 : CatĂłn cristiano, Buenos Aires, Imp. argentina, 1826 (Histoire
de l'éducation, Numéros 69 à 72, 1996 - books.google.fr). L'année de la mort de Ferdinand Ier le Catholique, Diez
de Solis, cherchant le "passage du Sud-Ouest", découvre le Rio de la
Plata. Le cardinal Cisneros meurt l'année suivant en 1517 (Jacques
Lafaye, Les Conquistadores, 1964 - books.google.fr). Le vice-roi Bartolomé Hidalgo de Cisneros (1756 - 1829)
fut le dernier gouverneur espagnol du Rio de la Plata en 1810 (fr.wikipedia.org-
Baltasar Hidalgo de Cisneros). Cisneros organisa le recrutement et la formation sérieuse
des futurs missionnaires de l’Ordre franciscain et d’autres ordres religieux,
Dominicains et Carmes. Il rédigea des instructions très précises sur la façon
de les catéchiser les Indiens des Amériques (fr.wikipedia.org
- Francisco Jimenez de Cisneros). La plus ancienne impression, avec date certaine, faite
dans la ville de Pampelune, capitale de la Navarre, est l'Epiloga en medicina,
in-fol., dant la souscription porte ; Fue acabada, la presente obra por maestro
arnaud guille de brocar en pamplona x. d’octubre. ano. M. cccc lxxxxv. ARNALDUS GUILLERMUS BROCAR, OU DE BROCARIO, est le seul
imprimeur de la ville de Pampelune dans le XVe siècle; il y imprimait en 1495 -
1499. Cet artiste se rendit célèbre, dans le XVIe siècle, par l'impression de
la fameuse Polyglotte du cardinal Ximenez, faite Ă AlcalĂ en 1514-1517 (M.
de la Serna Santander, Dictionnaire bibliographique choisi du quinzième siècle,
ou description par ordre alphabétique des éditions les plus rares et les plus
recherchées du quinzième siècle, Tome 3, 1807 - books.google.fr). "qui tient ne
tient" : hypocrite Qui tient des propos et ne tient pas sa parole ou ses
promesses (Claude
Duneton, Sylvie Claval, Le bouquet des expressions imagées: encyclopédie
thématique des locutions figurées de la langue française, 1990 -
books.google.fr). Le fourbe hypocrite [...] :Â Mais le moment
vient-il de tenir sa parole, Ce coeur faux de
masqué qui vous a tout promis De ses fermens
trompeurs rompt le lien frivole, Et vous livre Ă vos
ennemis, Ami de bouche N'est pas toujours
ami de coeur (Les
oeuvres de M. Le Noble, tome XII : contenant epicaris, ou l'histoire secrete de
la conjuration de Pison contre Neron, 1718 - books.google.fr). Aucune argenterie ne brillait sur la table de
l'archevêque de Tolède Cisneros, aucune parure n'ornait les murs de ses
appartements; nulle part on n'eût aperçu la moindre trace de luxe ou de
richesse. Sa robe Ă©tait toujours le froc du Franciscain, sa nourriture, les
pauvres aliments du couvent le plus rigide. Ses voyages indispensables, il les
faisait Ă pied, ou bien il se servait d'une mule, monture ordinaire des pauvres
prêtres espagnols. Son palais était transformé en un véritable monastère, et
dix Religieux de Saint-François composaient tout l'entourage du primat et
grand-chancelier. [...] Les uns l'accusaient de ne pas avoir le véritable
sentiment de la grandeur ; les autres ne voyaient dans sa conduite
qu'hypocrisie ou orgueil ; tous pensaient qu'il avilissait sa dignité et
diminuait la considération due au rang qu'il occupait dans l'Eglise et dans
l'Etat. Ces plaintes, sincères ou non, furent portées jusqu'à la Chaire
pontificale, et dans un Bref adressé à Ximénès, le seul peut-être de ce genre,
Alexandre VI ordonna Ă un successeur des ApĂ´tres de renoncer Ă la pauvretĂ© et Ă
la simplicité apostoliques (Karl
Joseph von Hefele, Le Cardinal Ximénès et l'Eglise d'Espagne a la fin du XVe et
au commencement du XVIe siècle, traduit par A. Champon, A. Sisson, 1860 -
books.google.fr). C'était au nom d'une religion toute d'amour et de charité
qu'on organisait la persécution ; c'était au nom d'un Dieu clément qu'on
instituait les plus Ă©pouvantables supplices. Il fallait donc, pour les
inquisiteurs, changer le sens des mots. On a vu que vous réconcilier voulait
dire vous voler vos biens, vous rendre infâme vous et votre postérité ; vous
relaxer, dans le langage, du saint-office, cela signifiait vous envoyer Ă la
mort. [...]Â Tout Ă©tait hypocrisie dans cet affreux tribunal (Joseph
Lavallée, Espagne, L'Univers: histoire et description de tous les peuples, 1844
- books.google.fr). Pendant les onze
années que dura le ministère de Cisneros, le Saint-Office fit brûler trois
mille cinq cent soixante-quatre individus des deux sexes, et mille deux cent
trente-deux en effigie. La prison et les galères, toujours suivies de la
confiscation, furent le lot de quarante-huit mille cinquante-neuf malheureux. Cisneros,
qui avait fait célébrer beaucoup plus d'autoda-fé que son prédécesseur Deza,
mourut, le 8 novembre 1517. Charles-Quint régnait (Arthur
Arnould, Histoire de l'Inquisition, 1869 - books.google.fr). Pour un Grec, ne pas tenir sa promesse, ĂŞtre hypocrite
est, en fait, se nier soi-même, c'est manquer de fidélité non seulement à la
personne que l'on trahit, mais aussi et surtout Ă soi-mĂŞme. Et Achille peut
s'Ă©crier (II. IX, 312-313) : Celui-lĂ m'est en
horreur à l'égal des portes d'Hadès, qui dans son coeur cache une chose et sur
les lèvres en a une autre (Monique
Bile, Le massacre des prétendants, L'écriture du massacre en littérature entre
histoire et mythe: des mondes antiques à l'aube du XXIe siècle, 2004 -
books.google.fr). Il est narré d'après Abou Horayra (qu'Allah soit
satisfait de lui) que le Prophète a dit: "Trois traits caractérisent
l'hypocrite: tenir des propos mensongers, le manquement Ă la promesse et la
non-restitution des dépôts" (Mohammad
Amin Sheikho, Éducation islamique de la jeunesse - books.google.fr). Typologie Le report de 2049 sur la date pivot 1490 donne 931, de
1512, 975. Il est bien certain qu'il y a une maniere d'Impression
que l'on pratique Ă la Chine depuis longtems. Ange Roccha dans son Livre de la
Bibliotheque Vaticane, page 419. écrit que plusieurs de ceux qui ont demeuré
dans ce Royaume-là , lui ont affûré qu'elle y étoit en usage plus de trois cens
ans avant la venuĂ« de NĂ´tre Seigneur Jesus-Christ. Le Pere Philippe Couplet Procureur de RR. PP. Jesuites Missionnaires Ă
la Chine, où il a fort étudié les Livres de cette Nation, a dit quelque chose
de plus vrai dans sa Table Chronologique de la Monarchie Chinose, qu'il a
donnée à la fin du Confucius imprimé à Paris 1687. il rapporte page 65, que
l'Impression est en usage dans la Chine depuis le Règne de l'Empereur Mimcum,
c'est-à -dire, environ depuis nôtre année Chrétienne 930. On apprend de cet
Auteur, que les premiers Missionnaires qui entrèrent dans ce vaste Empire pour
y prêcher la Foi, se servirent de l’Impression pour répandre parmi le Peuple,
des Catéchismes & des Livres sur la Religion Chrétienne (André
Chevillier, L’origine de l'imprimerie de Paris, 1694 - books.google.fr). Il faudra attendre 1727 pour que soit créée la première
imprimerie du monde musulman, à l’initiative du fils de Mehmed Efendi - envoyé
à Paris du grand vizir Dâmâd Ibrahim Pacha (1718-1730), sous le sultanat
d’Ahmed III - impressionné par les imprimeries françaises. Le maître d’œuvre
fut Ibrahim Müteferrika, qui était d’origine hongroise et qui avait pendant 8
ans tenté d’en obtenir l’autorisation (Daniel Boorstin, « Les découvreurs »,
Laffont, 1986, p. 538) : cf. quatrain III, 27 - Essor des lettres dans l’empire
ottoman - 1724-1725. Comme on l'a vu dans l'interprétation du quatrain VIII,
21 - Saint Jacques du Haut-Pas - 2045-2046, en 960, les Sarrasins furent
chassés du Mont-Saint-Bernard. Cinq ans plus tard ils furent expulsés de Grenoble; mais
la prise du château de Fraxinet n'eut lieu qu'en 975, par le comte de Provence
Guillaume Ier, après avoir été pendant 80 ans au pouvoir des Sarrasins (F.
Soret, Lettre Ă Henri Meyer, Memoires et documents, publies par la Societe
d'Histoire et d'Archeologie de Geneve, Tome 9, 1855 - books.google.fr). |