Regiomontanus

Regiomontanus

 

VIII, 47

 

2064-2065

 

Lac Trasmenien portera tesmoignage,

Des coniurez sarez dedans Perouse,

Un despolle contrefera le sage,

Tuant Tedesq de sterne & minuse.

 

"Tedesq" "sterne & minus"

 

"tedesco" (Florence), "todesco" (Rome) : allemand (Gilles MĂ©nage, Observations De Monsieur MĂ©nage Sur La Langue Françoise, Tome 2, 1676 - www.google.fr/books/edition).

 

Puisqu'il est question d'Allemand, l'intérêt se porte sur la langue allemande pour traduire "sterne & minuse" : Sternminute (minute sidérale).

 

Il serait question d'astronomie.

 

De son vrai nom Johannes MĂĽller, astronome, mathĂ©maticien et astrologue allemand, le plus important du XVe siècle. Pupille et ami de Peurbach, il dĂ©couvrit les Ă©crits de Nicolas de Cues, proches de la thĂ©orie hĂ©liocentrique. Regiomontanus resta cependant partisan du gĂ©ocentrisme de PtolĂ©mĂ©e. Après la mort de Peurbach, il enseigna en Italie, prit la suite de la traduction en latin de l'Almageste de PtolĂ©mĂ©e, et acheva son ÉpitomĂ©, qui influencera Nicolas Copernic. Il construisit Ă  Nuremberg le premier observatoire astronomique d'Europe et y publia de très nombreuses tables astronomiques. En 1475 il retourna Ă  Rome pour travailler, avec le pape Sixte IV, sur la rĂ©forme du calendrier. Regiomontanus mourut mystĂ©rieusement le 6 juillet 1476, vraisemblablement assassinĂ© par le fils de George de TrĂ©bizonde, dont il avait critiquĂ© les traductions ! Regiomontanus est, avec Peurbach, un des rĂ©novateurs de l'astronomie; tous deux ont reconnu et signalĂ© les invraisemblances du système de PtolĂ©mĂ©e (Jean-Pierre Luminet, Les bâtisseurs du ciel, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

Regiomontanus fit paraĂ®tre en 1475 des Ă©phĂ©mĂ©rides pour une pĂ©riode de 31 annĂ©es : Opus almanach magistri Johanis de monte regio ad annos etc., Erhart Radolt, Augsperg (Nuremberg), non paginĂ©. EphĂ©mĂ©rides pour les annĂ©es 1475 Ă  1506. Christophe Colomb emporta cette Ă©dition lors de ses traversĂ©es; il tenta avec ces Ă©phĂ©mĂ©rides de trouver la longitude de la JamaĂŻque lors de l'Ă©clipse de Lune de fĂ©vrier 1504 (Olson, 1992; Pickering, 1996). Plusieurs astronomes lui succĂ©dèrent dans cet exercice, AndrĂ© Argoli de Venise remportant la palme avec des Ă©phĂ©mĂ©rides calculĂ©es pour 60 annĂ©es (1641-1700) (Guy Boistel, L’astronomie nautique au XVIIIe siècle en France : tables de la Lune et longitudes en mer, 2016 - halshs.archives-ouvertes.fr).

 

Le jour naturel et la nuit changent de durée au cours de l'année. En divisant le jour naturel en 12 parties, on obtint des heures diurnes d'inégales longueurs suivant la saison. Chez nous, elles étaient plus longues en été qu'en hiver et on les appela heures temporaires. Les heures nocturnes variaient de la même façon; les heures diurnes et nocturnes n'étaient égales qu'aux équinoxes. Les 24 heures égales de ces deux jours s'appelaient heures équinoxiales. La confusion entre les heures temporaires et les heures équinoxiales empoisonna longtemps les mesures astronomiques. Au XVe siècle de notre ère, Regiomontanus annonce encore les phénomènes en heures temporaires (obswww.unige.ch).

 

Si nous ajoutons 16 min à l'année tropique qu'Hipparque et Ptolémée ont conclue de leurs propres observations = 365 jours 5 heures 55 min, nous avons la fameuse année sidérale d'Albategni, de 365 jours 6 heures 11 min. Il est à remarquer que c'est la même opération qui avait donné à Regiomontanus et à Purbach leur année sidérale si exacte de 365 jours 6 heures 9 min 12 s l'ont obtenue, disent-ils, dans l'hypothèse de la trépidation de l'astronome arabe Thebith. Et en effet, si à leur année tropique de 365 jours 5 heures 55 min, qui est trop longue, on ajoute, pour un arc de 45", 18 min de temps, qui représentent la précession d'un degré en 80 ans, on a l'année sidérale de 365 jours 6 heures 9 m 12 s, qui est justement celle des modernes (Antoine-Jean Letronne, Nouvelles recherches sur le calendrier des anciens Égyptiens, sa nature, son histoire et son origine. In: Mémoires de l'Institut national de France, tome 24, 2e partie, 1864  - www.persee.fr).

 

Les erreurs de Georges de Trébizonde

 

Autour de Muller étaient venus se grouper de nombreux disciples, notamment le singulier personnage dont nous avons raconté l'histoire ailleurs, Martin Behaïm, de Nuremberg, le marchand de toile qui, tout en faisant le commerce, cultivait les sciences, introduisit la science allemande en Portugal, sinon même en Belgique. Le Pape Sixte IV (1471) pour rendre hommage au savoir de Régiomontanus, l'éleva à l'évêché de Ratisbonne, puis l'appela à Rome pour y travailler à la réforme du calendrier. Il y trouva une fin tragique.

 

Georges de Trébizonde (né à Chardale, île de Crête, en 1396 et mort en 1486), dont Purbach et Muller avaient rectifié la traduction de l'Almageste, était en ce moment à Rome. C'était un réfugié grec, personnage bizarre, présomptueux, ardent, colère, querelleur, qui bientôt entra en discussion avec Régiomontanus, l'accusant de vouloir lui ravir sa gloire et le déshonorer en lui reprochant des erreurs dans sa traduction. A la suite d'une de ces discussions, il poignarda Régiomontanus (en 1476); d'autres affirment que l'assassinat fut perpétré par son fils. Comme tous les astronomes de son temps, Régiomontanus visait quelque peu à l'astrologie, et dans son livre Les Prédictions, imprimé à Wurtemberg, il fit celle-ci, que les évènements subséquents ont rendue fort extraordinaire : «Après qu'il se sera écoulé 1788 années depuis la naissance du fils de la Vierge, il s'en produira une remarquable, entraînant avec elle, comme un torrent, les destinées les plus funestes. Si dans cette année, l'Univers entier ne périt pas, si la Terre et l'Océan ne retombent pas dans le néant, du moins les empires les plus puissants seront bouleversés de fond en comble.» Le fait de cette prédiction est sans doute digne d'attention; sans qu'on doive y attacher trop d'importance, il mériterait d'être vérifié. Durant son séjour en Italie, Régiomontanus fut en relation avec tous les savants italiens et notamment avec Paolo Toscanelli de Florence, (né en 1397 et mort en 1497) que le roi de Portugal consulta en 1474, par l'intermédiaire du chanoine Martinez, sur les projets de Christophe Colomb (Henri Emmanuel Wauwermans, Histoire de l'école cartographique belge et anversoise du XVIe siècle, Tome 1, 1895 - books.google.fr).

 

"despolle" doit renvoyer à "despolié" du latin "despoliare", dépouiller (Gaffiot).

 

Trapezonce fut fort sçauant estant ieune, mais approchant de sa vieillesse, oublia tout entierement. [...] Je viens d'esleuer l'homme iusqu'au plus haut degrĂ© de sa gloire, le voila le plus accomply de tous les animaux : ayant, comme j'ay dit, en son âme grauĂ©e l'image de Dieu, & en son corps le modele l'homme. de l'Vniuers. Je le veux maintenant representer le plus chetif & miserable animal du monde, dĂ©pouillĂ© de toutes ses graces, priuĂ© de iugement, de raison, & de conseil, ennemy des hommes & du Soleil, errant & vagabond par les lieux solitaires (Les oeuvres d'AndrĂ© Du Laurens, traduit du latin en français par ThĂ©ophile GelĂ©e, 1661 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - AndrĂ© du Laurens).

 

Du temps de Regiomontanus, les polémiques entre érudits répondant au doux qualificatif d’humanistes étaient volontiers assorties de toutes sortes de noms d’oiseaux. Notre héros n’est pas en reste quand il écrit dans un pamphlet qu’un autre traducteur de l’Almageste n’est qu’un bavard plein d’impudence et de perversité. L’attaque désigne Georges de Trébizonde, un Crétois devenu citoyen vénitien. Son père était pope à Candie, capitale de la grande île alors aux mains de la Sérénissime.

 

Cent soixante-quinze ans plus tard, le très sérieux chanoine astronome Pierre Gassendi écrit noir sur blanc, dans ses biographies de Copernic, Tycho Brahe, Peuerbach et Regiomontanus, que ce dernier a bel et bien été assassiné par les fils de Georges de Trébizonde. Mais il n’apporte pas d’éléments nouveaux pouvant éclairer l’enquête. (Jean-Pierre Luminet, Histoires extraordinaires et insolites d'astronomes, 2022 - www.libellagroup.com).

 

La conjuration des Pazzi, en relation avec l'Ă©poque de la mort de Regiomontanus

 

En 1478, un fait grave menaça le rĂ©gime des MĂ©dicis : le pape Sixte IV, mĂ©content de voir Florence s'opposer Ă  ses ambitions sur les États Pontificaux, conspira avec les ennemis locaux des MĂ©dicis, dont la famille Pazzi, pour assassiner Laurent et Julien de MĂ©dicis.

 

1478 : Conjuration des «Pazzi» qui tue Julien de MĂ©dicis, Laurent en rĂ©chappe. Sixte IV lance l'interdit contre Florence.

 

1479 : Guerre contre le pape et Ferdinand d'Aragon, roi de Naples. Victoire des Florentins au lac Trasimène, mais dĂ©faite Ă  Poggibonsi. Laurent de MĂ©dicis se rend Ă  Naples pour pour convaincre Ferdinand de faire la paix. Elle sera signĂ©e en 1480, Naples ayant Ă  subir des attaques turques (Georges Dumon, Les Albizzi: histoire et gĂ©nĂ©alogie d'une famille Ă  Florence et en Provence du onzième siècle Ă  nos jours, 1977 - books.google.fr).

 

PĂ©rouse

 

Les esprits Ă©toient dĂ©jĂ  aigris par des offenses mutuelles, et les ennemis des MĂ©dicis se prĂ©paroient dĂ©jĂ  Ă  une conjuration, lorsque de nouvelles injures leur procurèrent des alliĂ©s inespĂ©rĂ©s. D'une part, Philippe de MĂ©dicis, archevĂŞque de Pise, Ă©tant mort, Sixte IV lui donna pour successeur François Salviati, parent d'un Jacob Salviati que les MĂ©dicis avoient fait dĂ©clarer rebelle. Ils ne voulurent pas reconnoĂ®tre ce nouveau prĂ©lat, et ils lui refusèrent la possession de son archevĂŞchĂ©. D'autre part, Charles de Montone, fils de Braccio, l'un des restaurateurs de l'art militaire en Italie, ayant acquis lui-mĂŞme quelque rĂ©putation dans les armes, voulut tenter de recouvrer l'autoritĂ© que son père avoit exercĂ©e sur PĂ©rouse. Il Ă©toit venu Ă  Florence, après avoir terminĂ© le temps de service pour lequel il s'Ă©toit engagĂ© avec les VĂ©nitiens, et il y avoit rassemblĂ© quelques compagnies d'hommes d'armes. Cependant, comme il avoit appris que les Florentins venoient de renouveler leur alliance avec PĂ©rouse, il avoit renoncĂ© Ă  son entreprise contre cette ville, et il avoit tournĂ© ses armes contre la rĂ©publique de Sienne, avec laquelle Florence n'Ă©toit point en guerre, mais qu'elle n'Ă©toit pas fâchĂ©e de voir humiliĂ©e. Charles de Montone, pendant l'Ă©tĂ© de 1477, enleva un grand nombre de châteaux aux Siennois, de qui il rĂ©clamoit le payement d'une dette contractĂ©e envers son père; et comme il les trouva mal prĂ©parĂ©s Ă  se dĂ©fendre, il se flattoit dĂ©jĂ  de soumettre cette rĂ©publique; mais les Florentins avoient consenti Ă  causer quelque dommage Ă  des voisins qu'ils n'aimoient pas, sans vouloir pour cela laisser allumer une guerre sur leurs frontières. Ils forcèrent Montone Ă  abandonner son entreprise; la rĂ©publique de Sienne n'en garda pas moins un profond ressentiment de ce que l'armĂ©e qui avoit envahi son territoire Ă©toit partie des Ă©tats florentins. Pour s'en venger, elle contracta une Ă©troite alliance avec le pape et le roi de Naples, tandis que Sixte IV de son cĂ´tĂ©, rassembla une petite armĂ©e sur les frontières florentines, sous prĂ©texte d'assiĂ©ger le château de Montone, et de punir ainsi le capitaine qui venoit de troubler la paix. Sur ces entrefaites, le projet de changer le gouvernement de Florence par le meurtre des MĂ©dicis, fut arrĂŞtĂ© entre François des Pazzi et JĂ©rĂ´me Riario; ils le communiquèrent Ă  l'archevĂŞque François Salviati, qu'ils savoient irritĂ© par des injures rĂ©centes, et en effet il y entra avec ardeur. François Pazzi vint ensuite Ă  Florence, pour associer Ă  la conjuration son oncle Jacob, le chef de la famille; mais il y trouva plus de difficultĂ©s qu'il n'en avoit attendu. Jean-Baptiste de Montesecco, condottière assez accrĂ©ditĂ© au service du pape, et confident de JĂ©rome Riario, fut dĂ©pĂŞchĂ© Ă  son tour auprès de ce vieux magistrat, pour le persuader. Montesecco s'Ă©toit rendu en Toscane, chargĂ© d'une feinte nĂ©gociation avec Laurent de MĂ©dicis, et avant son dĂ©part il avoit eu une audience du pape, qui avoit offert toutes ses forces pour appuyer la conjuration. Ce fut cette accession du pape au complot, qui entraĂ®na enfin Jacob des Pazzi; il consentit alors Ă  s'en rapporter Ă  ce que son neveu feroit pour lui Ă  Rome. En effet, François y Ă©toit retournĂ© pour mĂ»rir ses projets, de concert avec le pape, le comte Riario, et l'ambassadeur de Ferdinand, qui de son cĂ´tĂ© promettoit une puissante coopĂ©ration. Il fut convenu que, sous prĂ©texte d'attaquer Montone, une armĂ©e pontificale s'assembleroit dans l'Ă©tat de PĂ©rouse ; que Lorenzo Giustini de CittĂ  di Castello, le rival de Nicolas Vitelli, lèveroit des soldats, comme pour suivre sa querelle; que Jean-François de Tolentino, un des condottieri du pape, passeroit avec sa troupe en Romagne, et que François des Pazzi, l'archevĂŞque Salviati et Jean-Baptiste de Montesecco reviendroient Ă  Florence, pour augmenter le nombre des conjurĂ©s, et trouver le moment d'accabler en mĂŞme temps les deux frères. [...] L'archevĂŞque de Pise Ă©toit accompagnĂ© de Jacques Bracciolini, et d'une troupe de conjurĂ©s d'un ordre infĂ©rieur, troupe composĂ©e surtout d'habitans de PĂ©rouse (Jean Charles LĂ©onard Simonde de Sismondi, Histoire des rĂ©publiques italiennes du Moyen Age, Tome 11, 1815 - books.google.fr).

 

Restait Ă  trouver ou Ă  faire naĂ®tre l'occasion. Un jeune Raffaello Sansoni, fils d'une soeur de Girolamo Riario, et Ă  peine âgĂ© de vingt ans, frĂ©quentait alors, pour ses Ă©tudes, l'universitĂ© de Pise. Fut-ce hasard ou calcul ? Il y recevait tout ensemble le chapeau de cardinal et la commission de lĂ©gat Ă  PĂ©rouse. Pour se rendre Ă  son poste, il devait naturellement passer par Florence, et son passage ne pouvait manquer d'y ĂŞtre l'occasion de fĂŞtes, de banquets oĂą assisteraient sans doute les deux Medici (François-Tommy Perrens, Histoire de Florence depuis la domination des MĂ©dicis jusqu'Ă  la chute de la rĂ©publique (1434-1531), Tome 1, 1888 - books.google.fr).

 

"sarez"

 

SARER : fermer. Continuateur du patois sara «fermer» dont l'aire dialectale couvre les Hautes-Alpes, l'Isère, la DrĂ´me, l'Ardèche, la Loire et l'Allier. Du latin serare : "verrouiller", "fermer" (Claudette Germi, Vincent Lucci, Mots de Gap, les rĂ©gionalismes du français parlĂ© dans le Gapençais, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1479, dans leur guerre contre le pape et Naples, "les Florentins prirent Ă  leur solde le Marquis de Mantoue, & obtinrent avec beaucoup de peine des Venitiens le Comte Charles fils de Braccio, & Deifebe fils du Comte Jacques Piccinino qui vinrent avec un grand nombre de troupes. Ce nouveau secours joint Ă  celui que le Marquis de Ferrare amena, mir les Florentins en Ă©tat de partager leur armĂ©e. Ils en firent marcher une partie du cĂ´tĂ© de Pise pour attaquer Saint-Severin qui Ă©toit près du Serquio. Ce GĂ©neral ne jugeant pas Ă  propos d'attendre l'ennemi, se retira dans son camp de Lunigiane. Le Comte Charles profitant de la retraite de Saint-Severin, reprit toutes les places du Pisantin, & après ces conquĂŞtes toutes les forces de la RĂ©publique de Florence se rĂ©unirent entre Colle & Saint Giminien. On les partagea de nouveau en deux, & un corps sous les ordres du Comte Charles, alla du cĂ´tĂ© de Perouse, tandis que le reste de l'armĂ©e resta Ă  Poggibonzi, afin d'empĂŞcher les ennemis de pĂ©netrer dans le Florentin. On le fattoit aussi que cette manouvre obligeroit le Pape Ă  faire marcher une partie de ses troupes du cĂ´tĂ© de Perouse. Le Comte Charles y remporta des avantages considĂ©rables ; mais les Florentins eurent le malheur de le perdre au milieu de ses victoires. Sa mort sembla relever le courage des ennemis, & ils s'avancerent dans l'esperance de battre les Florentins. Robert Rimini qui commandoit alors depuis la mort du Comte Charles, accepta le combat & dĂ©fit entierement les troupes du Pape. Cette bataille se donna près du Lac nommĂ© Lago-di-Perugia, autrefois le Lac Thrasymene oĂą Annibal vainquit Titus Flaminius Consul Romain. La nouvelle de cette victoire causa une grande joye Ă  Florence, & on en auroit pu tirer un grand avantage, si la division arrivĂ©e entre le Marquis de Ferrare & de Mantoue au sujet du butin fait sur les Siennois, n'eĂ»t obligĂ© la RĂ©publique Ă  consentir Ă  la retraite du premier. L'armĂ©e se trouvant alors sans Chefs & mal disciplinĂ©e, n'osa rĂ©sister Ă  la premiere attaque des troupes Napolitaines, & prit honteusement la fuite ; de sorte que ce fut plutĂ´t une dĂ©route qu'un combat. Les ennemis firent un grand butin; car les Florentins avoient abandonnĂ© leurs munitions, leurs chariots & leur artillerie. Florence Ă©toit alors affligĂ©e de la peste, & la plupart des habitans s'Ă©toient retirĂ©s dans la campagne; mais le bruit qui se rĂ©pandit de la dĂ©faite des troupes Florentines, leur inspira tant de terreur, qu'ils rentrerent promptement dans la ville comme dans un asyle assurĂ©. Les Magistrats qui Ă©toient chargĂ©s du soin de la guerre, ordonnerent Ă  l'armĂ©e qui Ă©toit auprès de Perouse de s'approcher de Florence, afin d'empĂŞcher l'ennemi de profiter de la victoire, & de donner le temps Ă  la RĂ©publique de rassembler un nouveau corps de troupes. Les ennemis qui Ă©toient Ă  Perouse se voyant dĂ©livrĂ©s de la prĂ©sence des Florentins, firent des courses dans le pays d'Arezzo & dans celui de Cortone : ils s'emparerent mĂŞme de quelques châteaux. Ils trouverent une grande rĂ©sistance de la part de la garnison de Colle, qui soutint leurs efforts allez long-temps pour mettre la RĂ©publique en Ă©tat de marcher Ă  son secours. Mais comme elle manquoit de vivres, l'armĂ©e ne se trouvoit pas assez forte pour livrer combat au Duc de Calabre, elle fut contrainte de capituler. La rigueur de la saison ou d'autres motifs, porterent le Pape Ă  proposer une treve de trois mois, qui fut acceptĂ©e avec joye des Florentins. Ce fut pendant cette espĂ©ce de tranquillitĂ©, qu'ils ressentirent tous les maux que cette guerre leur avoit causĂ©s. Chacun rejetta les fautes qu’on avoit faites sur les autres; on se plaignit des impĂ´ts excessifs dont le peuple Ă©toit accablĂ©, & des dĂ©penses faites mal Ă  propos : enfin tout le monde desiroit la paix. Laurent de Medicis après avoir pris conseil de ses amis, se dĂ©termina Ă  traiter avec le Roi de Naples plutĂ´t qu'avec le Pape. La seigneurie lui donna le titre d'Ambassadeur du peuple Florentin, & plein pouvoir d'agir comme il le jugeroit Ă  propos pour le bien de l'Etat" (Samuel von Pufendorf, Introduction A L'Histoire Moderne, Generale Et Politique De L'Univers, augmentee par M. Bruzen De La Martiniere, Tome 2, 1754 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LDUT, Eldut

 

De l’école monastique dirigĂ© par saint Iltud (ou Eldut, Eltut, Elltud) sont issus nombre d’hommes remarquables par leur science et leur saintetĂ© : Gildas, Pol, Samson, Magloire. Saint Ildut s’éteignit un 6 novembre, vers l’an 522 (John Rhys, Gleanings in the Italian field of Celtic epigraphy, Proceedings of the British Academy, 1913 - www.google.fr/books/edition).

 

Les almanachs ne sont connus en France que depuis le XVe siècle : un moine de Bretagne, nommé Guinklam, dressa le premier, qui parut en 1470, Dict. des dates. D'autres attribuent cette première publication à Martin Ilkus, polonais (Simon-Jude Honnorat, Dictionnaire Provençal-Français, Tome 1 : A - D, 1846 - www.google.fr/books/edition).

 

Le titre de l'ouvrage du moine breton, dont on faisait beaucoup de copies, Ă©tait celui-ci : Diagon almanach Guinklan, — mots celtiques, ProphĂ©ties du moine Guinklan. Par abrĂ©viation on appela dans la suite ce grimoire, almanah le moine (L. Waiditsch, Alliance litteraire, Tome 1, 1839 - www.google.fr/books/edition).

 

De nombreuses légendes se rattachent au Menez-Bré, près de Roc'h-hellas et du Porz-gùenn, dont les plus anciennes ont rapport à Gwenc'hlan, le barde ennemi des chrétiens, et au concile qui y aurait réuni les évêques de Bretagne sous la présidence de celui de Dol, Saint-Samson (Léon Dubreuil, Lannion et le Trégor: Les sites, les monuments, les curiosités, 1954 - www.google.fr/books/edition).

 

Le point de départ de tout ce qui a été écrit sur Gwenc'hlan, est constitué par trois mentions qu'on trouve de ce poète, dans les exemplaires imprimés du Dictionnaire de la langue bretonne de Dom Louis Le Pelletier. L'auteur mourut en 1733, et le dictionnaire ne fut publié qu'en 1752. Gwenc'hlan est cité à trois reprises dans cet ouvrage

 

Dom Charles Tallandier, dans la préface qu'il composa pour le dictionnaire de Le Pelletier, a ajouté le court renseignement suivant : «Le plus ancien [monument de la langue bretonne] qu'ait trouvé Dom Pelletier, est un manuscrit de l'année 1450, qui est un recueil de prédictions d'un prétendu prophète, nommé Gwinglaff»

 

En 1732, RostrĂ©nen publiait son Dictionnaire françois-breton, il Ă©tait très Ă©pris des antiquitĂ©s de la nation bretonne; aveuglĂ© par son patriotisme, il s'empara du personnage de Gwinglaff et en fit un prophète des plus vieux temps. Il parle de lui Ă  deux reprises; d'abord Ă  la suite de sa prĂ©face, dans la liste des auteurs bretons :

 

Ce que j'ai trouvĂ© de plus ancien sur la langue celtique ou bretonne, ça Ă©tĂ© le livre manuscrit en langue bretonne des prĂ©dictions de GuĂŻnclan, astronome breton, très fameux encore aujourd'hui parmi les Bretons qui l'appellent communĂ©ment le prophète GuĂŻnclan. Il marque au commencement de ses prĂ©dictions, qu'il Ă©crivoit l'an de salut deux cens quarante, demeurant entre Roc'h-hellas et le Porz-gĂąenn : c'est au Diocèse de TrĂ©guier entre Morlaix et la ville de TrĂ©guier (RenĂ© Largillière, Gwenc'hlan. In: Annales de Bretagne. Tome 37, numĂ©ro 3-4, 1925 - www.persee.fr).

 

En 1474 paraît un Almanach, des éphémérides pour les années 1475 - 1506. Les almanachs de Regiomontanus seront très célèbres. Christophe Colomb en possédait lors de ses voyages (Philippe Dutarte, Les instruments de l'astronomie ancienne: de l'antiquité à la Renaissance, 2006 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2064 sur la date pivot 1478 donne 892.

 

NĂ© en 824 (ou 836), mort en 901, membre de la secte des SabĂ©ens de Harran, Thlbit ibn Qurra est l'auteur d'une Ĺ“uvre immense et diverse : mathĂ©matiques, mĂ©canique, physique, mĂ©decine, philosophie, astronomie, etc. De langue maternelle syriaque — langue dans laquelle nombre d'Ĺ“uvres grecques avaient Ă©tĂ© transcrites Ă  partir du Ve siècle — connaissant le grec et l'arabe et lui-mĂŞme traducteur de talent, Thibit dĂ©ploie son activitĂ© dans le contexte du grand mouvement scientifique impulsĂ© par le calife al-MâmĂ»n qui rĂ©gna de 813 Ă  833. Carrefour culturel, la Bagdad des VIII-IXe siècle introduites (qui possĂ©dera un observatoire) fut un lieu de rencontre particulièrement fĂ©cond pour les Ă©tudes astronomiques puisque l'astronomie indienne, les tables d'origine persane et enfin l'astronomie grecque y furent successivement. La Grande Syntaxe de PtolĂ©mĂ©e, rendue cĂ©lèbre sous son nom arabe d'Almageste, y fut traduite deux fois, vers 827 puis 892, et Thibit lui-mĂŞme rĂ©visa cette seconde traduction. C'est dire qu'il avait une connaissance de première main de l'Ĺ“uvre de PtolĂ©mĂ©e (dont il cite aussi le Livre des Hypothèses des planètes et le Phaseis), qu'il ne se borna pas Ă  exploiter mais qu'il saura dĂ©passer pour proposer des solutions originales Ă  des problèmes mal rĂ©solus ou non abordĂ©s par l'astronome alexandrin.

 

Sur l'année solaire (traité 3) — qu'une longue tradition attribua à Thibit — est d'une importance capitale pour l'histoire de l'astronomie, ce qui justifie sa présence ici. L'auteur s'y montre très critique vis-à-vis de Ptolémée qui prenait pour base de calcul des mouvements célestes la valeur de l'année tropique tenue pour constante, et établit qu'il faut considérer comme fixe la longueur de l'année sidérale et donc en faire la base des mesures. Justifiée par l'erreur ptoléméenne relative à la valeur de la constante de précession, cette conclusion a pu être établie grâce à une série d'observations systématiques conduites entre 830 et 832 sous l'impulsion d'al-Mâmûn en vue de tester la validité des données de l'Almageste qui venait d'être traduit pour la première fois. Cette «vérification expérimentale» des paramètres ptoléméens, qui devait conduire l'auteur à remettre en cause un point essentiel de doctrine, constitue sans doute un fait assez exceptionnel pour être noté, car il semble ne pas avoir eu de parallèle en Occident jusqu'à Tycho Brahé (Michel Pierre Lerner, Thâbit ibn Qurra, Œuvres d'astronomie. In: Revue d'histoire des sciences, tome 43, n°4, 1990. L'enseignement scientifique au tournant des XIXe et XXe siècles - www.persee.fr).

 

Cf. VII, 3 - La salière - 2001-2002.

 

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