Le roi de Blois

Le roi de Blois

 

VIII, 38

 

2058-2059

 

Le Roy de Bloys dans Avignon regner,

Une autre fois le peuple en monopolle,

Dedans le Rosne par mer fera baigner

Iusques Ă  cinq le dernier pres de Nolle.

Louis II d’Anjou

 

Louis II d'Anjou (Toulouse, 1377 - Angers, 1417) Ă©tait le fils de Louis Ier et de Marie de Blois-Châtillon dite aussi Marie de Guise. Comte de Provence ("RhĂ´ne") et roi de Sicile depuis le 1er novembre 1389, il fait partie de la seconde Maison d'Anjou dont 5 membres tenteront leur chance en Italie : Louis Ier, lui-mĂŞme, son fils, Louis III, le frère de celui-ci RenĂ© Ier d'Anjou et le fils de ce dernier Jean II de Lorraine - dit aussi Jean de Calabre. Jean de Calabre (Nancy, 1425 - Barcelone, 1470) ("le dernier") dĂ©fit Ă  la bataille de Nola en 1459 ("Nolle") Ferdinand d'Aragon, fils d'Alphonse V le Magnanime roi d'Aragon et de Sicile. Le 2 novembre, le lendemain du sacre du roi de Sicile, le pape de Rome Boniface IX Ă©tait Ă©lu ("Devant Boni..." : avant Boniface).(MĂ©moires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts, 1715 - www.google.fr/books/edition).

 

Couronnement de Louis II d'Anjou

 

Jean de Bueil et Pierre d'Avoir, conseillers du roi de Sicile, devaient aussi jouir pendant leur vie, le premier de Mirebeau, le second de la Roche-au-Duc. Ces deux personnages Ă©taient dĂ©signĂ©s par Louis Ier pour aider sa veuve dans le gouvernement de ses États pendant la minoritĂ© de son fils, ainsi que l'Ă©vĂŞque d'Angers, l'Ă©vĂŞque du Mans et plusieurs personnages notables. Marie se priva volontairement du secours de Pierre d'Avoir, qui lui portait ombrage; mais elle utilisa frĂ©quemment les lumières des autres dans l'exĂ©cution de la tâche multiple qui lui incombait. En Provence, elle sut pacifier les discordes civiles et affermir la domination de la maison d'Anjou, qui allait bientĂ´t y devenir l'objet d'un religieux attachement. Des intrigues, nĂ©es Ă  la fois de l'animositĂ© de ses adversaires et de la jalousie des princes du sang, faillirent d'abord Ă©branler cette domination. Un certain nombre de gens d'Église, de nobles et d'autres habitants Ă©taient venus supplier le Roi de prendre le pays sous sa protection pendant la lutte des deux partis. Charles VI et ses conseillers eussent Ă©tĂ© bien aises d'en prendre prĂ©texte pour saisir le comtĂ©, et le duc de Berry s'y rendit lui-mĂŞme pour sonder le terrain. Mais l'affaire Ă©choua par le refus des Provençaux, et il rĂ©sulta des informations prises que les suppliants Ă©taient des partisans de Charles de Duras, n'ayant aucune mission pour demander la mainmise, mais seulement pour obtenir la mĂ©diation du Roi en faveur de la paix. ClĂ©ment VII, qu'on avait dit favorable Ă  cette tentative, s'en dĂ©fendit vivement, et rĂ©pondit aux ambassadeurs royaux qu'il soutenait les princes d'Anjou parce qu'ils avaient un droit certain sur la Provence; que, s'il eĂ»t pensĂ© que le roi de France eĂ»t des titres supĂ©rieurs, il n'eĂ»t pas manquĂ© de prendre ses intĂ©rĂŞts, et qu'on l'avait calomniĂ© en l'accusant d'avoir brĂ»lĂ© le testament du roi Robert, sur lequel on voulait appuyer les prĂ©tentions de la couronne. L'habiletĂ© de la reine Marie, la mort de Charles de Duras, la lassitude du pays, contribuèrent Ă  apaiser tous les dĂ©bats : la rĂ©volte de Raymond de Turenne devait ĂŞtre la dernière manifestation d'opposition locale. Charles VI en personne et presque toute la maison de France assistèrent au couronnement de Louis II, que le pape d'Avignon (antipape ClĂ©ment VII) cĂ©lĂ©bra en grande pompe Ă  Avignon, le 1er novembre 1389, et consacrèrent par leur prĂ©sence l'autoritĂ© de la dynastie angevine : c'Ă©tait toujours une dynastie française, et son affermissement pouvait ĂŞtre considĂ©rĂ© comme une demi-annexion. Louis II avait alors douze ans (Albert Lecoy de la Marche, Le Roi RenĂ©, sa vie, son administration ses travaux artistiques et littĂ©raires, Tome 1 1875 - books.google.fr).

 

"monopolle" : Monopoli

 

Un jeu de mot peu se cacher avec Monopoli ville de Calabre dans le royaume de Naples, sur fond de grand schisme, qui concerne plutôt Louis Ier d'Anjou, le père.

 

Les historiens, en gĂ©nĂ©ral, jugent avec sĂ©vĂ©ritĂ© l'aventure qui prit fin dans le château de Bari, le 21 septembre 1384. Dans cette folle Ă©quipĂ©e, tout leur parait blâmable, et le but poursuivi, et les fautes commises, et l'inĂ©vitable catastrophe, et les consĂ©quences fatales qui en rĂ©sultèrent pour l'Italie et pour la France. Au point de vue religieux, je reconnais, en effet, que l'entreprise de Louis d'Anjou ne peut guère se dĂ©fendre. ClĂ©ment VII eut-il eu cent fois le droit pour lui, la puissance de son rival rĂ©sidait surtout dans la conscience des peuples, et le pire moyen de la combattre Ă©tait l'emploi de la force armĂ©e. Quand bien mĂŞme Louis d'Anjou eĂ»t expulsĂ© de Rome le pontife italien, quand il l'eĂ»t pris et livrĂ© traitreusement au pape d'Avignon, je ne vois point que cette violence eĂ»t eu la moindre chance de faire refleurir la paix dans les âmes. Tout au plus Louis d'Anjou pouvait-il se flatter de replacer dans l'obĂ©dience avignonnaise un royaume qui, sous le sceptre de Jeanne, avait officiellement reconnu ClĂ©ment VII : mĂ©diocre rĂ©sultat, qu'on ne jugera sans doute pas suffisant pour justifier de pareils efforts. A vrai dire, si le salut de l'Église Ă©tait pour Louis d'Anjou autre chose qu'un prĂ©texte pieux, l'ambition politique avait encore plus d'empire sur son âme, et j'ajouterai, contrairement Ă  l'opinion commune, qu'ici cette ambition ne me semble pas tout Ă  fait dĂ©placĂ©e. Qu'eut-il besoin, dit-on, de se mĂŞler des affaires de l'Italie? Qu'allait-il faire Ă  Naples, si loin de son pays ? - Ce qu'y avait fait, cent ans plus tĂ´t, Charles d'Anjou, frère de saint Louis. D'ailleurs on oublie trop souvent qu'en se portant comme vengeur de la reine Jeanne, en Italie, Louis acquĂ©rait son principal titre Ă  la possession de la Provence, et l'on ne peut lui savoir mauvais grĂ© d'avoir disputĂ© Ă  Charles de Durazzo une province qui, grâce Ă  lui, grossit, cent ans plus tard, le patrimoine des rois de France. Quant aux critiques adressĂ©es Ă  la tactique de Louis, les unes subsistent, les autres tombent dès qu'on Ă©tudie d'un peu près les campagnes. Un Chandos ou un Duguesclin eĂ»t sans doute tirĂ© meilleur parti des ressources mises Ă  sa disposition. EĂ»t-il mieux rĂ©ussi Ă  protĂ©ger ses troupes contre les dangers du climat et les ravages de l'Ă©pidĂ©mie ? En tout cas, Ă  dĂ©faut de qualitĂ©s maitresses, il convient de reconnaĂ®tre Ă  Louis une patience Ă  toute Ă©preuve, une juste sĂ©vĂ©ritĂ© dans l'exercice du commandement, une foi courageuse dans le succès final. Ajoutons que, durant ces trois ans, il Ă©prouva de vives dĂ©ceptions, mais n'essuya aucun revers grave, qu'il rangea sous son autoritĂ© des terres nombreuses, bien que dissĂ©minĂ©es, et qu'enfin la mort seule vint inopinĂ©ment interrompre une Ĺ“uvre que ni lui, ni aucun de ses partisans ou adversaires, ne considĂ©rait alors comme dĂ©sespĂ©rĂ©e. C'est en songeant aux frais ruineux de l'expĂ©dition qu'on est surtout tentĂ© de maudire l'ambition de Louis d'Anjou. De bons esprits s'associeraient aujourd'hui volontiers aux critiques entendues, dès le 27 dĂ©cembre 1384, dans un cabaret d'OrlĂ©ans : «Qu'est alez faire le duc d'Anjou lĂ  oĂą il est alez ? Il a pillĂ©e, robĂ©e et emportĂ©e la finance en Italie, conquĂ©rir autrui terre : il est mort et dampnĂ© !» A part les sommes versĂ©es par les deux Visconti, la plus grande partie des fonds utilisĂ©s pour la campagne provenait, en effet, des coffres du duc d'Anjou, de Charles VI, de ClĂ©ment VII, en d'autres termes, des dĂ©pouilles du peuple et du clergĂ© de France. L'appauvrissement du pays au profit d'une conquĂŞte qui ne l'intĂ©ressait que fort indirectement a quelque chose de rĂ©voltant. Mais ici encore, n'oublions pas de reconnaĂ®tre dans la situation anormale de l'Église la principale source du mal. Tant de trĂ©sors amassĂ©s laborieusement en France n'auraient point pris le chemin de Naples, si le roi, d'un cĂ´tĂ©, et le pape, de l'autre, n'avaient pensĂ©, en participant Ă  l'entreprise du duc d'Anjou, coopĂ©rer Ă  la suppression du schisme, au relèvement de l'Église, au triomphe de ce qu'ils croyaient ĂŞtre la vĂ©ritĂ© [...]

 

De nombreux actes d'autorité furent exercés par Clément VII dans certaines parties du royaume de Sicile, postérieurement à la chute de Jeanne. Considérant comme vacant le siège de Tropea, dont l'évêque Orlandino avait adhéré à Urbain VI, Clément VII y transféra, par bulle du 16 juin 1382, l'archevêque Jean d'Acerenza (ibid., fol. 53 r°), circonstance ignorée d'Ughelli (cf. t. IX, c. 466). Le 2 juillet 1382, il nomma Jean de Pietramala au siège de Monopoli, vacant par la translation de l'évêque Jean au siège de Tricarico (même reg, fol. 54 vo); Ughelli (t. I, c. 969) se borne à mentionner, en 1382, la nomination par Urbain VI d'un évêque de Monopoli. Durant la quatrième année de son pontificat, il pourvut de la dignité d'archiprêtre de Castelvolturno un certain Antoine Pietro a de Sumpnio de Cercacupa, désigné par les suffrages des clercs : il faut ajouter que l'abbé de San-Vincenzo al Volturno avait refusé de ratifier cette élection et avait pourvu, de son côté, un prélat urbaniste qui ne tarda pas à être assassiné par des neveux d'Antoine Pietro; il en était résulté une série de troubles et de violences, dont le prélat clémentin était venu demander justice en Avignon (Arch. du Vatican, Liber supplicationum Clemenlis VII antip., anni IV pars II, fol, 98 v°). Clément VII concéda encore, le 7 juin 1383, diverses faveurs à Mathieu, archevêque de Trani, et lui donna tous pouvoirs pour destituer et priver de leurs biens deux prélats suspects d'«urbanisme,» les archiprêtres de Monopoli et de Foggia, et d'une manière générale, pour faire emprisonner tous les urbanistes de son diocèse (Arch. du Vatican, Reg. 294, fol. 117 vo) (Nicolas Valois, Expédition et mort de Louis Ier d'Anjou en Italie, Revue des questions historiques, 1894 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LUDI

 

LUDUS. Liber dictus “Declina malo," Hebraice ; de A ludis agit, an liciti vel illiciti, per modum dialogi inter Eldad et Medad (Catalogus Librorum Impressorum Bibliothecae Bodleianae in Academia Oxoniensi, Tome 2, 1843 - www.google.fr/books/edition).

 

IEHVDAE (Ariae) vulgo Leonis Mutinensis, fil. R. Isaac, Rabbini Veneti et Synagogae Rectoris, Poetae Ebraici et Itali egregii, Sûr Merâ i.e. Declina à Malo, seu Dialogus de Lulu Alearum, et Talorum, inter Eldad et Medad, quorum alter ludum defendit ; alter vero reprehendit et detestatur. Pragae 1615. 8. et Leidae, cura Io. Georg. Neselii, 1656. Hinc cum versione Lat. et notis Aug. Pfeifferi, Wittenb. 1665 4. et Lips. cum Versione Germanica Frid. Alberti Christiani, Exiudaei, sub titulo : Lusor doctus, sed conuersus Vid. WOLFFII Biblioth. Hebr. T. I. p . 415. et HYDE de Lud. Oriental. T. II. p. 122. vbi argumentum huius libri satis fuse recensetur (Heinrich Jonathan Clodius, Clodii Primae lineae bibliothecae lvsoriae; sive, Notitia scriptorvm de lvdis praecipve domesticis ac privatis ordine alphabetico digesta, 1761 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Livre sur les jeux de hasard de Léon de Modène (1571-1648), dans lequel figurent deux amis, Eldad, ennemi des jeux de hasard, et Medad, ami de ces jeux (Revue critique d'histoire et de littérature, Volumes 67 à 68, 1909 - books.google.fr).

 

VIII, 52

 

2068-2069

 

Le Roy de Blois dans Avignon regner,

D'Amboise & seme viendra le long de Lyndre

Ongle Ă  Poytiers sainctes aisles ruiner,

Devant Boni (vers incomplet)

 

Obsèques de Bertrand Duguesclin

 

Les grands honneurs rendus à sire Bertrand Duguesclin par la chevalerie de France et d'Àngleterre, indiquent assez en quelle circonstance notre petite figurine de plomb a dû être accueillie avec enthousiasme par le peuple parisien, qui la portait sans doute au chaperon, pour prendre part au deuil général. Peut-être Charles VI la fit-il fabriquer et distribuer neuf ans plus tard en 1389, lorsqu'il eut la singulière idée de refaire les funérailles de Duguesclin ? Les historiens nous apprennent que cette fantaisie lugubre fut sérieusement exécutée avec le plus grand succès, et que l'oraison funèbre, prononcée par l'évêque d'Auxerre, fit même pleurer les assistants (M. Grésy, Sur quelques enseignes de plomb, Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, Volume 25, 1862 - books.google.fr).

 

Retour au passé

 

"Ongle" et "sainctes aisles" : un aigle. "Ongle" peut se rapporter aux serres d'un aigle.

 

Bertrand du Guesclin occupe la première place dans les rĂ©cits que nous allons reproduire. Froissart ne le citera pas toutefois comme le type du parfait chevalier. Il n'est pas issu d'une de ces illustres familles qui peuvent prĂ©tendre Ă  l'honneur de ceindre l'Ă©pĂ©e de connĂ©table, et ce n'est que plus tard que prendront cours les lĂ©gendes qui saluent en lui le descendant des rois maures vaincus par Charlemagne et soumis par le christianisme. Il ne s'est pas Ă©levĂ© par le dĂ©vouement et le dĂ©sintĂ©ressement, mais plutĂ´t en s'associant aux exploits des aventuriers bretons, chefs avides de compagnies trop portĂ©es au pillage. Lui-mĂŞme il aime l'or et le dĂ©pense vite ; il est rude et mĂŞme cruel. De plus il est superstitieux, car son enfance passĂ©e tout entière en courses vagabondes sur les landes dĂ©sertes, s'est Ă©prise d'un culte mĂŞlĂ© de respect et de terreur pour les druidesses ou les fĂ©es de l'Armorique. LĂ  seulement est la poĂ©sie du caractère du connĂ©table, et telle sans doute fut l'inspiration de sa rĂ©ponse restĂ©e cĂ©lèbre, qu'il n'y avait dame en France qui ne filât sa quenouille pour payer sa rançon : parole toute chevaleresque, puisqu'elle associait la beautĂ© compatissante Ă  la gloire malheureuse. Et nĂ©anmoins, il faut bien le dire, ce qui manqua Ă  Bertrand du Guesclin, ce qui peut expliquer comment, en certaines circonstances, il se montra plutĂ´t homme d'armes que chevalier, c'est qu'il apprit assez imparfaitement les lois de la chevalerie. Il ne les avait pas Ă©tudiĂ©es dans les livres ; il ne les vit pas toujours respectĂ©es sur le champ de bataille. Enfant, «il estoit rude et mal gracieux.» Sorti de l'enfance, il continua Ă  braver toutes les fatigues, mais il resta laid, petit et trapu. Pour ĂŞtre surnommĂ© le dixième preux, il faut ressembler Ă  Hector, non Ă  Paris. «AvisĂ©s, dit son biographe, corsage d'omme et chière de sanglier, les poings gros et carrĂ©s pour porter espĂ©e, et est bien a tailliĂ© d'endurer grant paine.» Un de ses contemporains achève le portrait en le comparant Ă  l'aigle Ă©ployĂ© qui figure dans son Ă©cusson :

 

«Le chevalier qui les armes porte, peut bien estre appellĂ© l’Aigle d'occident pour plusieurs causes. La première si est : Est nĂ© d'occident, c'est de Bretaigne ; la seconde si est qu'il porte l'aigle ; la tierce si est que sa nature, sa façon ressemble Ă  la façon de l'aigle. L'aigle de sa façon est gros et rude et pesant et brun, et est (appellĂ© roy des oyseaulx, car il est doubtĂ© de toutes manières d'oyseaulx. Si le puys bien acomparagier Ă  l'aigle d'occident, car il a est gros et rude et de rude taille et pesant et brun, et peut bien & estre appellĂ© aigle et roy des bons chevaliers, car c'est le chevalier « du royaume de France plus doubtĂ© des ennemis au roy de France» (Roman du roi Modus) (M. Kervyn de Lettenhove, Oeuvres de Froissart: chroniques : publiĂ©es avec les variantes des divers manuscrits, Tome 8, 1869 - books.google.fr).

 

"Lyndre"

 

L'Indre coule en particulier dans le Berry.

 

Les ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon et le connétable du Guesclin conquirent presque tout le Poitou sur les Anglois, en 1372 ; ils revinrent à Paris le 11 décembre, et le lendemain le duc de Berry fit hommage au roi son frère du comté de Poitiers (Le Menagier de Paris; traite de morale et d'economie domestique compose vers 1393, par un bourgeois Parisien, Tome 1, 1846 - books.google.fr).

 

En 1372, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, avait levé à ses frais pour deux mois une compagnie de quelques centaines d'hommes d'armes grâce à une indemnité de 6.000 francs qu'il avait reçue du roi, dans le dessein de contribuer au «grignotement des positions anglaises de l'ouest et notamment du Poitou. Diverses montres avaient eu lieu dans la seconde quinzaine d'août à Nevers et à Selles-sur-Cher, où était venu le rejoindre Raoul de Renneval. Le duc et ses troupes avaient cheminé vers l'ouest, passant le 23 août à Montrichard, le 24 à Amboise et s'arrêtant le 25 à Chinon. Le lendemain, un chevaucheur du duc de Berry apportait la nouvelle de la déconfiture, trois jours auparavant, au combat de Soubise, du Captal de Buch et de Thomas de Percy, par les gens de Bertrand du Guesclin (Henri martin, Enguerrand d'Eudin, Bulletin trimestriel de la Société archéologique de Touraine, Volume 32, 1957 - books.google.fr).

 

Après avoir guerroyé quelque temps dans le Poitou, Duguesclin vint donc rejoindre le duc de Berry devant Sainte-Sévère. Le siège de Sainte-Sévère eut lieu certainement pendant la seconde quinzaine de juillet 1372. La reddition de Poitiers peut être fixée, presque à coup sûr, au 6 août 1372, ou plutôt au samedi 7, dès le matin.

 

Sainte Sévère est au bord de l'Indre à l'état de ruisseau près de sa source (Just Veillat, Du Guesclin a Sainte-Sévère, chronique berrichonne du XIVe siècle (1372), 1853 - www.google.fr/books/edition).

 

Louis Ier d'Anjou, frère de Charles V, est fait comte de Poitiers en 1350.

 

Un jeu de mot entre "ongle" et "oncle" permettrait d'identifier l'oncle de Louis II, Jean duc de Berry, autre frère de Charles V (fr.wikipedia.org - Louis II d'Anjou).

 

Boni : Boniface

 

Le 2 novembre, le lendemain du sacre du roi de Sicile, le pape de Rome Boniface IX Ă©tait Ă©lu.

 

Certaines Ă©ditions ont au vers 4 : "Devant Bonieux viebndra la guerre esteindre".

 

Duguesclin descendant en Espagne avec des troupes avait été payé par le pape Urbain V pour épargner Avignon et le Comtat Venaissin : cf. le quatrain III, 93.

 

La bataille de Navarrete, livrée le 3 avril 1367, fut on ne peut plus désastreusepour le premier, qui, complètement défait, fut rédUit à se sauver précipitamment du Guesclin, Arnoul d'Audrehem et les plus vaillants capitaines français restèrent prisonniers entre les mains du vainqueur. Quant à celles des Compagnies, pour la plupart Bretonnes, qui avaient pris part au combat sous leur direction, elles quittèrent également en hâte le sol espagnol et repassèrent les Pyrénées. Le pape Urbain V n'avait pas attendu leur retour il avait profité de l'accalmie relative dont jouissaient la Provence et  le Languedoc pour faire le voyage de Montpellier, puis se diriger sur Marseille et prendre la mer pour retourner en Italie (9 janvier - 19 mai). Mais, avant de s'embarquer, par sa bulle du 9 mai 1367 il avait renouvelé ses anathèmes contre les routiers et leurs fauteurs. [...] Dès le mois de juin, le Comtat ne se sentait plus en sûreté : le 29 de ce mois, Pons Bermond, le capitaine de Carpentras, mis en éveil par certaines rumeurs inquiétantes, ordonnait de faire le recensement des personnes portant les armes et du matériel de guerre qu'on pourrait au besoin se procurer dans la ville. [...] Déjà même le 29 avril ou disait à Carpentras que des gens d'armes se réunissaient du côté de Bonnieux. (Arch. de Carpentras, DB 7 bis, compte, fol. 169). Il était encore trop tôt pour ce fussent des troupes revenant d'Espagne (L.H. Lalande, Bertand Duguesclin et les Etats pontificaux de France, 1904 - bibnum.enc.sorbonne.fr).

 

Acrostiche : LDOD, le schisme d’Eldod (Eldad)

 

La rébellion du veau d'or étant calmée, après avoir fait construire l'arche et promulgué une grande partie de ses lois, Moïse résolut de quitter le Sinaï pour s'approcher de la Palestine à travers le désert, et pour essayer de commencer la guerre contre les Cananéens des frontières. [...] A peine le camp fut-il levé que le peuple murmurait (Nombres, chap. XI, v. 1). Moïse lui répondit par son feu de Jéhovah, qui dévora une partie des mécontents près du camp. Le peuple suppliant Moïse de le ménager, le feu s'arrêta. On nomma cet endroit Thabera, brûlement. Mais le feu ne donna pas de viande, et le peuple fatigué de la manne demanda de la viande. J'ai déjà fait observer que c'était la lie du peuple, mais cette lie était menaçante et son mot d'ordre était toujours : «Qu'on nous ramène en Égypte, pays d'oignons et de concombres en abondance». Moïse alors assembla de nouveau soixante-dix Anciens. Il faut croire que les délégués n'étaient pas de force à calmer les plaintes de la masse, ou qu'ils faisaient cause commune avec elle. C'est à ce sujet que la Bible cite ce mot admirable de Moïse qui devrait servir de devise à tous les pouvoirs intelligents. Jéhovah dit à Moïse : «Assemble-moi soixante-dix Anciens, je mettrai en eux un peu de ton esprit». Nombres, chap. XI, V. 17. Les soixante-dix alors se réunirent autour de la tente, et la fameuse nuée descendant, les Anciens, inspirés de l'esprit de Moïse, se mirent à prophétiser. En d'autres termes, Moïse les avait gagnés à la cause de Jéhovah, en leur exposant son plan de conquète, qui devait être mis en exécution, et demanda au peuple de prendre patience et de ne pas trop se plaindre des privations matérielles.

 

Deux de ces Anciens, Eldod et MĂ©dod, restèrent au camp et prophĂ©tisèrent Ă  leur tour. Le fidèle JosuĂ© arriva en courant vers MoĂŻse, et lui dit que deux sĂ©paratistes pĂ©roraient loin de la tente et le pria d'en finir avec eux du coup (v. 28). On le voit, JosuĂ©, connaissant les secrets du gouvernement de son maĂ®tre, n'y allait pas de main morte. Mais MoĂŻse lui rĂ©pondit (v. 29) : «Trop de zèle ! PlĂşt Ă  Dieu que tout le peuple fĂ»t composĂ© de prophètes, sur lesquels JĂ©hovah aurait mis son esprit !». Mot admirable! MoĂŻse ne craignait pas l'instruction, il ne craignait que l'ignorance ! (Alexandre Weill, Vie, doctrine, et gouvernement authentiques de MoĂŻse d'après des textes hĂ©braiques de la Bible, 1886 - books.google.fr, parshapeople.blogspot.com).

 

Au reste, je n'oserois assurer que JosuĂ© fut animĂ© dans cette occasion d'un mouvement de pure jalousie. Il y avoit certainement de l'humain dans ses sentiments ; puisque Moise l'en reprend : mais je ne sçai si c'Ă©toit l'unique, ou mĂŞme le principal motif qui le faisoit parler. Car il n'est point blessĂ© de ce que les 70 qui Ă©toient assemblez, prophĂ©tisoient, mais seulement de ce qu'Eldad & MĂ©dad le faisoient hors de cette assemblĂ©e, & sans avoir l'aveu de MoĂŻse. Ainsi il pouvoit craindre qu'ils ne s'attribuassent une autoritĂ© indĂ©pendante de lui, & par consĂ©quent schismatique (François-Philippe MĂ©senguy, AbbrĂ©gĂ© de l'histoire de l'Ancien Testament, Tome 2, 1738 - www.google.fr/books/edition).

 

Dès le septième siècle, nous voyons les JudĂ©o-Berbères alliĂ©s aux conquĂ©rants de l'Espagne, groupĂ©s autour de leur secte, pour reconquĂ©rir l'Espagne sur les Musulmans. Dans ce mĂŞme siècle, les Juifs "Maghrabia" sont considĂ©rĂ©s par les Juifs asiatiques comme une population juive hĂ©rĂ©tique et dissidente. Cet esprit rĂ©fractaire Ă  l'orthodoxie se manifeste maintes fois par les controverses religieuses, entre communautĂ©s africaines et princes de la Synagogue, Ă  partir du neuvième siècle. C'est Ă  cette Ă©poque que s*Ă©tend le schisme de Berghouta et que les Falacha eux-mĂŞmes commencent Ă  jouer un rĂ´le politique. Ce mĂŞme siècle a vu une tentative de schisme faite par le fameux Eldad, tentative singulièrement conforme Ă  l'esprit des Juifs autochtones du Maghreb. Le premier savant du Maghreb, Ibn KoreĂ®ch (vers 760), tient peu de compte dans l’exĂ©gèse rabbinique des conceptions religieuses et tient d'Eldad. Sa manière de citer le Talmud rappelle mĂŞme singulièrement celle des CaraĂ®tes. Les Rodanites ou Danites sont des commerçants mystĂ©rieux qui parlent l'hĂ©breu et qui possèdent «un pays juif»  dans l’intĂ©rieur africain. Ils entrent en scène en Espagne et en pays berbère, et c'est Ă  eux qu'on doit l'Ă©closion d'une littĂ©rature dont les fragments attribuĂ©s Ă  Eldad et Ă  Elhanan le marchand, servent d'exemple. Des inscriptions et des souvenirs d'influence juive se multiplient depuis la CyrĂ©naĂ®que jusqu'au Soudan ; ils dureront jusqu'au douzième siècle (Nahum Slouschz, HĂ©bræo-PhĂ©niciens et JudĂ©o-Berbères: introduction Ă  l'histoire des Juifs et du judaisme en Afrique, 1908  - archive.org).

 

Typologie

 

Le report de 2058 (quatrain VIII, 38) sur la date pivot 1389 donne 720.

 

Le report de 2068 (quatrain VIII, 52) sur la date pivot 1389 donne 710.

 

Aix en Provence, où se trouvent la grotte de la Sainte Baume et Saint Maximin, était déjà métropole en 684 du temps de la fondation de Groseau, selon le chanoine Faillon. Le corps de Madeleine aurait été recélé à Saint Maximin même pour mieux la cacher aux Sarrasins qui faisaient leurs incursions à cette époque, en 710 ou en 716 selon les différentes lectures de l'inscription "découverte" en 1279 (Etienne-Michel Faillon, Monuments inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en provence, Tome I, 1848 - www.google.fr/books/edition).

 

«Les chroniques chrétiennes font commencer ces irruptions en 719, année de la prise de Narbonne; mais il y a tout lieu de croire qu'elles ne sont pas exactes sur ce point» (Fauriel) ( Théodose Burette, Histoire de France depuis l'étabissement des Francs dans la Gaule jusqu'en 1830: continuée depuis la révolution de 1830 jusqu'en 1er juin 1848, Tome 1, 1848 - www.google.fr/books/edition).

 

Le culte provençal de sainte Marie-Madeleine, fortement controversé par les bourguignons dès le quatrième quart du XIIIème siècle, bénéficie alors du soutien constant des papes qui participent amplement à sa promotion. En effet, il faut préciser que Rome abandonne rapidement ses prétentions sur le sépulcre de la sainte, allant jusqu’à offrir sa relique de la mâchoire au couvent de Saint-Maximin ; que le pape Boniface VIII (1294-1303) accrédite l’authenticité du corps provençal de la Madeleine et tente de promouvoir son pèlerinage en accordant des indulgences ; que Benoît XI (1305-1314) confirme tous les privilèges de son prédécesseur à Saint- Maximin et à la Sainte-Baume. La papauté, installée à Avignon au printemps de l’année 1309, manifeste également une dévotion croissante pour la Madeleine, effectuant de nombreux pèlerinages en terre provençale. Sous Jean XXII (1316-1334) et Benoît XII (1334-1342), tous les privilèges du couvent de Saint-Maximin sont confirmés ; sous Clément VI (1342-1352), de nouvelles faveurs sont accordées aux pèlerins qui visiteraient le tombeau et la grotte de la Madeleine, il fonde même une chapelle en l’honneur de Saint-Pierre à l’église de Saint-Maximin. Sous Innocent VI (1352-1362) et Urbain V (1362-1370), la dévotion envers l’ermite de Provence est toujours aussi fervente, puis connaît une nouvelle impulsion sous Grégoire XI (1370-1378), multipliant ses visites sur les terres de la Madeleine. Clément VII (1378-1394) et Benoît XIII (1394-1403) s’illustrent également comme de pieux dévots. Les élites gravitant autour du pape sont également de fervents promoteurs du culte magdalénien et consacrent abondamment la légende provençale dans leurs écrits. Ainsi, le grand historien de l’invention des reliques de sainte Marie-Madeleine, Bernard de la Guionie (1261- 1331) rapporte cette tradition dans ses Fleurs des chroniques, ouvrage composé pour le pape Jean XXII ; au cours de la seconde moitié du XVème siècle, Amauri Auger de Béziers, chapelain du pape Urbain V, l’évoque également dans son ouvrage Actes des pontifes romains. Les papes d’Avignon, qui s’imposent comme de fidèles soutiens du culte provençal de la Madeleine, délaissent considérablement celui de Vézelay qui, se repliant sur lui-même, reste essentiellement soutenu et promu par un petit cercle d’ecclésiastiques gravitant autour du lieu. Concernant le soutien de la royauté, ce constat est plus nuancé car malgré la prééminence des sanctuaires provençaux, de nombreux rois restent fidèles à l’antique pèlerinage vézelien ( Raphaëlle taccone, Marie-Madeleine en Occident : les dynamiques de la sainteté en Bourgogne des IXème-XVème siècles, 2012 - www.theses.fr).

 

Cf. X, 88 - Maximien Hercule - 2242.

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