Le pape Grégoire Ier

Le pape Grégoire Ier

 

VIII, 93

 

2098-2099

 

Sept mois sans plus obtiendra prélature,

Par son decez grand scisme fera naistre:

Sept mois tiendra un autre le préture,

Près de Venise paix union renaistre.

 

"prelature"

 

Le pape est-il un prélat, le pontificat une prélature ?

 

Suprême "prélature" (Heitor Pinto, Dialogues spirituels, traduit en nostre langue françoise, par Guillaume de Cursol, 1611 - www.google.fr/books/edition).

 

Le nouveau pape (Urbain VI) était un prélat vertueux, mais d'un caractère violent et obstiné. Il souleva rapidement contre lui une oppositon très vive. Les cardinaux, qu'il avait mécontentés, se retirèrent à Anagni et, après l'avoir déclaré intrus et faux pape, élurent en son lieu et place le cardinal Robert de Genève. Celui-ci prit le nom de Clément VII (Désiré Blanchet, Jules Toutain, Histoire de l'Europe et particulièrement de la France de 1270 à 1610, 1897 - www.google.fr/books/edition).

 

"sept mois" et "préture"

 

Grégoire Ier, dit le Grand, docteur et père de l'Eglise latine, est le 66e pape, consacré le 3 septembre 590, mort le 12 mars 604. Bossuet l'appelle le plus savant de tous les papes. Il était né à Rome vers 540, de famille sénatoriale opulente et dans laquelle la sainteté paraît avoir été héréditaire. Vers l'âge de trente ans, il fut nommé préfet de la Ville par l'empereur Justin II. A la mort de son père, il ne garda pour lui-même qu'une faible portion de son patrimoine et il employa le reste à des oeuvres pieuses, parmi lesquelles la fondation de six couvents en Sicile et du couvent de Saint-André à Rome. Puis il se fit moine et se livra à des austérités qui affaiblirent sa santé pour toute sa vie. Benoît Ier (574-578) le retira de son couvent pour le sacrer un des sept diacres régionnaires de l'Eglise de Rome, et l'envoya comme apocrisiaire à Constantinople. Dès son accession à la papauté, Pélage Il lui confia auprès de l'empereur une mission difficile qui fut remplie avec succès. Revenu à Rome, Grégoire sollicita avec instances et obtint la permission de rentrer dans son couvent; il en fut nommé abbé et il y maintint la discipline avec une rigueur qui fut, en certains cas, poussée jusqu'à la cruauté. Lorsque Pelage mourut (8 février 590), le Sénat, le clergé et le peuple furent unanimes pour élire Grégoire. Dans une lettre que les Romains interceptèrent, il supplia l'empereur de refuser son approbation à cette élection. Quand le décret qui la confirmait fut apporté à Rome, il s'enfuit et se cacha dans une forêt. Selon une légende, il y fut miraculeusement découvert, une colombe, volant devant ceux qui le cherchaient, leur ayant montré le chemin qu'ils devaient suivre. Une autre légende dit que c'était une lumière comme celle qui avait conduit les mages à l'étable de Bethléem. Ramené triomphalement à Rome, Grégoire fut consacré, après une résistance qui avait duré près de sept mois (www.cosmovisions.com).

 

GrĂ©goire fut prĂ©teur de Rome, c'est-Ă -dire, le principal ministre de cette grande ville, pour la justice civile. Il avoit dès-lors rĂ©solu de se donner Ă  Dieu, & croĂŻoit le pouvoir servir Ă©galement sous l'Ă©clat des habits de soie & des pierreries, que la dignitĂ© l'obligeoit de porter : mais les soins des affaires lui firent bien-tost connoĂ®tre, qu'il ne fervoit pas le monde seulement en apparence, & qu'il y tenoit plus qu'il ne pensoit. Ainsi il differa long-tems son entiere conversion. Enfin aĂŻant acquis par la mort de son pere la libre disposition de ses biens : il fonda six monasteres en Sicile, & leur donna en fond de terre des revenus suffisans. Il en fit un septiĂ©me Ă  Rome en sa propre maison, dediĂ© en l'honneur de s. AndrĂ©, & qui subsiste encore, occupĂ© aujourd'hui par les Camaldules. Gregoire le choisit pour sa retraite, & quittant ses riches habits & ses meubles prĂ©cieux, qu'il donna aux pauvres, il prit l’habit monastique; & avec plusieurs autres il vĂ©cut premierement, sous la conduite de l'abbĂ© Hilarion & ensuite de Maximien (Jean-François de La Croix, Dictionnaire historique des saints personnages, Tome 1 : A - H, 1772 - www.google.fr/books/edition).

 

Les sept mois de vacance seraient dus aussi à la peste qui sévissait à Rome à cette époque (Charles Joseph Héfélé, Histoire des Conciles d'aprés les documents originaux, Tome 3, 1870 - www.google.fr/books/edition).

 

La préture de Rome est mentionnée deux fois au milieu du Ve siècle. Elle se maintient sous Odoacre (476-493) et Théodoric (493-526). Elle est signalée pour la dernière fois par Boèce en 523. Elle semble avoir été supprimée peu de temps après la mort de Théodoric (fr.wikipedia.org - Préteur).

 

Préparation du schisme d'Orient

 

Le conflit se préparait dès l'époque de Grégoire le Grand (Charles Diehl, L'administration byzantine dans l'exarchat de Ravenne, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 53, 1888 - www.google.fr/books/edition).

 

Comme les Empereurs ne vouloient donc reconnoĂ®tre pour Souverains Pontifes, que ceux dont ils approuvoient & confirmoient l'Ă©lection : il arriva du temps du Pape Pelage II PrĂ©decesseur de saint Gregoire, que Jean le Jeuneur Patriarche de Constantinople rĂ©solut de se faire appeller : EvĂŞque Ecumenique, & avoit persuadĂ© Ă  l'Empereur de son temps nommĂ© Maurice : qui a ce seroit lĂ  une grande gloire pour sa MajestĂ©; si sous son Empire, l'EvĂŞque de sa Capitale rehaussoit la dignitĂ© de ce noble tĂ®tre : pour ce sujet il fit assembler un Concile pour y prendre le nom d'EvĂŞque Ecumenique, alors le Pape Pelage II, s'opposa Ă  une telle entreprise, & cassa les actes de ce faux Concile; l'EvĂŞque ne laissä pas d'y resister & de s'y maintenir, Saint Gregoire ayant Ă©tĂ© Ă©lĂ» Pape après la mort de Pelage, en Ă©crivit Ă  l'Empereur Maurice, & le pria instamment de mettre des bornes Ă  une saperbe si prodigieuse & si pernicieuse Ă  l'Eglise de Jesus-CHRIST. L'EvĂŞque Jean mourut, & Cyriaque son Successeur hĂ©rita de ce mĂŞme tĂ®tre. L'armĂ©e d'Orient se soĂĽleva contre l’Empereur Maurice, & Phocas qui l'assassina fut Ă©lĂą en sa place. Boniface III Nonce de saint Gregoire auprès de Phocas, Ă©tant Ă©lĂ» Pape après la mort de saint Gregoire, se servit du credit qu'il s'Ă©toit acquis auprès de ce Phocas pendant sa Nonciature, pour Ă´ter aux Patriarches de Constantinople ce tĂ®tre d'EvĂ©ques EcumĂ©niques, qu'ils vouloient s'attribuer pour former un schisme dans la suite, comme il est arrivĂ© (La religion protestante convaincue de schisme et d'hĂ©rĂ©sie et sa faussetĂ© dĂ©montrĂ©s, ou, RĂ©plique Ă  Mr. Pictet, recteur de l'AcadĂ©mie de Genève, Tome 1, 1716 - www.google.fr/books/edition).

 

Le schisme d'Istrie

 

Le schisme d'Istrie fut une des prĂ©occupations de Saint GrĂ©goire. En janvier 591, il invite, avec fermetĂ©, SĂ©vère, patriarche d'AquilĂ©e, Ă  se prĂ©senter avec ses complices devant lui. Il lui en donne l'ordre «au nom du très chrĂ©tien et sĂ©rĂ©nissime Seigneur». Mais les Ă©vĂŞques d'Istrie rĂ©unis en Concile Ă  Grado Ă©crivent Ă  Maurice et le supplient d'empĂŞcher que leur patriarche SĂ©vère soit entraĂ®nĂ© de force Ă  Rome pour y ĂŞtre jugĂ© par GrĂ©goire. Cet adversaire des «Trois Chapitres» risquerait, Ă  leur avis, d'ĂŞtre juge et partie. Ils en appellent Ă  l'Empereur et dĂ©sirent justifier leur foi devant lui. Ce document contient plusieurs affirmations de loyalisme. Les Ă©vĂŞques 146 dĂ©clarent qu'ils remercient et prient assidument la MajestĂ© divine pour la vie de l'Empereur et le bien de l'Empire. Ils rappellent avec Ă©motion les injures et les souffrances que Smaragdus a fait endurer Ă  leur bienheureux archevĂŞque SĂ©vère. Ils protestent de leur foi envers le concile de ChalcĂ©doine, et demandent en grâce Ă  l'Empereur l'autorisation d'aller se prosterner Ă  ses pieds. EbranlĂ© par ces supplications et les prĂ©sents qui les accompagnaient Maurice informe «le très saint et très bienheureux archevĂŞque de l'illustre citĂ© de Rome» des lettres que les Ă©vĂŞques d'Istrie lui ont envoyĂ©es. L'une signĂ©e par les Ă©vĂŞques des citĂ©s et des «castra» occupĂ©s par les Lombards. L'autre signĂ©e par SĂ©vère, Ă©vĂŞque d'AquilĂ©e et les autres Ă©vĂŞques qui sont avec lui. La troisième Ă©manant du seul SĂ©vère. Ces trois documents prĂ©tendent que GrĂ©goire leur avait dĂ©pĂŞchĂ© des soldats avec un tribun et un excubiteur pour leur ordonner de se rendre Ă  Rome. Les prĂ©lats protestèrent auprès de l'Empereur contre cette violence et supplièrent Maurice de les dispenser de ce voyage, qu'ils jugeaient dangereux, Ă  plusieurs points de vue. L'Empereur accède Ă  leur dĂ©sir et intercède auprès du Pape. «Votre SaintetĂ©, lui Ă©crit-il, connaĂ®t la confusion prĂ©sente des affaires italiennes. Il faut Ă  notre Ă©poque agir avec prudence. Aussi nous ordonnons Ă  votre SaintetĂ© de ne faire aucune peine Ă  ces Ă©vĂŞques, mais de les laisser tranquilles, jusqu'Ă  ce que, par la Providence de Dieu, les rĂ©gions d'Italie soient pacifiĂ©es, et que les autres Ă©vĂŞques d'Istrie ou de VĂ©nĂ©tie aient rĂ©intĂ©grĂ© l'ancien ordre de choses.» L'Empereur termine sur cette note optimiste : «Alors, tout s'arrangera dans la paix, conformĂ©ment Ă  vos prĂ©cĂ©dentes prières.» Le roi arien Agilulf savait utiliser Ă  ses desseins les Ă©vĂŞques catholiques. Peu après le synode de Marano, il envoya en ambassade auprès de Childebert II le duc Evin de Trente et l'Ă©vĂŞque Secundus pour traiter de la paix. Mais, on le voit, il favorisait les Ă©vĂŞques catholiques d'AquilĂ©e et de Milan, adhĂ©rant au schisme, et s'opposant Ă  Rome et Ă  Byzance sur la question des Trois Chapitres». On a rĂ©cemment analysĂ© avec pĂ©nĂ©tration l'attitude complexe de l'Ă©vĂŞque de Trente «bien qu'en 591 il ait souscrit une très respectueuse lettre synodale des Ă©vĂŞques de la VĂ©nĂ©tie lombarde Ă  l'Empereur Maurice, pour dĂ©tourner un procès canonique que GrĂ©goire voulait intenter Ă  Rome au Patriarche d'AquilĂ©e, il apparaĂ®t pourtant comme un des plus fidèles Ă©missaires du roi». Et l'on note son rĂ´le dans le baptĂŞme des deux enfants d'Agilulf : Gundeberge et Adaloald dans la basilique de Monza. On en dĂ©duit que l'Ă©vĂŞque rĂ©sidait Ă  la Cour. «L'Ă©vĂŞque, ajoute-t-on, est un schismatique convaincu. Il paraĂ®t donc logique de penser que l'entourage ecclĂ©siastique d'Agilulf Ă©tait du mĂŞme courant. La reine elle-mĂŞme, cela rĂ©sulte clairement de la correspondance du pape GrĂ©goire, suivait le schisme.» (Paul Goubert, Byzance avant l'Islam, Volume 2,NumĂ©ro 2, 1965 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Trois Chapitres, Charles Joseph HĂ©fĂ©lĂ©, Histoire des Conciles d'aprĂ©s les documents originaux, Tome 3, 1870 - www.google.fr/books/edition).

 

Maurice, rĂ©voquant ses ordres antĂ©rieurs, ordonna au pape d'abandonner toute poursuite contre les gens d'AquilĂ©e, et laissant retomber sur le Saint-Siège tout le poids de l'affaire, refusa de mettre l'autoritĂ© publique au service des prĂ©tentions pontificales. Ainsi, en face mĂŞme de l'un des plus grands pontiles qui soient montĂ©s Ă  cette Ă©poque dans la chaire de Saint-Pierre, des vellĂ©itĂ©s d'indĂ©pendance se manifestaient dans l'Eglise italienne : et le pouvoir civil, qui voyait avec raison dans ces contlils un atlaiblissement de l'autoritĂ© pontificale, se gardait soigneusement de les Ă©teindre; ou si, jugeant nĂ©cessaire de rĂ©tablir la paix, il en venait Ă  employer la force pour contraindre les rĂ©calcitrants, c'Ă©tait pour les soumettre non Ă  l'Ă©vĂŞque de Rome, mais Ă  l'archevĂŞque de Ravenne, serviteur dĂ©vouĂ© du gouvernement impĂ©rial (Charles Diehl, L'administration byzantine dans l'exarchat de Ravenne, Bibliothèque des Ă©coles françaises d'Athènes et de Rome, NumĂ©ro 53, 1888 - www.google.fr/books/edition).

 

Malgré ses efforts pour le supprimer, le schisme causé par la condamnation des Trois Chapitres persista en diverses contrées, notamment en Istrie, l'empereur ayant refusé d'user de force pour réduire les évêques de cette province (www.cosmovisions.com).

 

Le schisme d'Istrie dura longtemps encore. A la mort du patriarche Sévère (607), l'union fut rétablie, par l'élection de Candidien, avec la partie romaine de la province de Vénétie- Istrie; mais la portion lombarde se détacha et forma le patriarcat schismatique d'Aquilée (Paul Diac., IV, 33. Migne, LXXXVII, 1049). De nouvelles ditficultés passagères se produisirent à Grado, en 627, sous le pontificat d'Honorius (Duchesne, 324-323, n. 2). Le reglement définitif du schisme eut lieu sous Sergius vers 679 (Lib. pontif., 164. Troya, 364. SS. rer. lang., 189) (Charles Diehl, L'administration byzantine dans l'exarchat de Ravenne, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 53, 1888 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostriche : SPSP

 

SP : souverain pontife.

 

Préteur de Rome en 573, nommé par l'empereur Justin II, et moine en 575, fut élu S. P. en 590 (P. C. De Maeyer, Explication et preuves historiques du tableau chronologique des souverains pontifes, des principaux docteurs et pères de l'Eglise, 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2099 sur la date pivot 605 donne -889.

 

Epoque d'Athalie, souveraine détronée de Juda, et de Jehu, roi d'Israël à l'époque du schisme des 10 tribus (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - www.google.fr/books/edition).

 

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