Alea jacta est VIII, 92 2097-2098 Loing hors du regne mis en hazard voyage Grand ost duira pour soi l'occupera : Le Roi tiendra les siens captif ostage A son retour tout pays pillera. "hazard" : jeu de dés Les sagas, de même que les découvertes archéologiques faites dans les tombes de l'âge de fer, témoignent de la faveur dont jouissait en Norvège et en Islande le jeu de dés. Les dieux mèmes en faisaient leurs délices (cf. Völuspa, str. 8 et 61) (La saga de Fridthjof le Fort, traduit par Félix Wagner, 1904 - www.google.fr/books/edition). Au milieu du du XIIe, quand le jarl des Orcades Rögnvald Kâli, écrivant son propre éloge, se vante d'être expert en neuf arts, les uns sont traditionnels (course, ski, tir, aviron, jeu de dés, science runique, poésie), mais d'autres annoncent des temps nouveaux : il se proclame grand lecteur de livres, bon joueur de harpe ; il passe même pour avoir participé à une "cour d'amour" provençale (Cahiers D'histoire Mondiale, Volume 1, 1953 - www.google.fr/books/edition). Quand le jarl scandinave des Orcades, Ragnvald, visita Narbonne sur le chemin de la croisade, il fut invité à la table de la vicomtesse Ermengarde, par ailleurs célèbre patronne des troubadours. Selon la saga racontant les aventures des jarls des Orcades, Ermengarde entra dans la halle avec ses femmes, portant une coupe en or pour servir Ragnvald ; ce dernier prit la coupe mais aussi sa main, et installa la vicomtesse sur ses genoux avant de prononcer des vers célébrant son hôtesse (Anders Winroth, Au temps des Vikings, traduit par Philippe Pignarre, 2020 - www.google.fr/books/edition). Gilles Ménage ne retrouve pas dans Guillaume de Tyr l'origine du mot hasard que lui attribue l'avocat au Parlement de Paris Antoine Mornac à savoir le château de Hazard assiégé par les croisés, dans lequel on jouait au jeu de dés (Dictionnaire etymologique de la langue francoise, Tome 2, 1750 - www.google.fr/books/edition). Olaf Éric Håkonsson, né vers 963 et décédé vers 1024, était un jarl norvégien. Jarl de Lade (dans le Trøndelag actuel), il gouverne la Norvège de 1000 à 1015. Il a notamment participé aux batailles du détroit de Hjörung et de Svolder, ainsi qu'à la conquête de l'Angleterre par Knut le Grand. Éric est le fils de Håkon Sigurdsson, jarl de Lade. Son père règne sur la majeure partie de la Norvège pour le compte du roi du Danemark, Harald à la dent bleue. Depuis le meurtre du jarl Sigurd Håkonsson par Harald à la pelisse grise, le jarl de Lade combat les volontés de domination de la Norvège des descendants de Harald à la belle chevelure, premier roi du pays. En 995, quand Olaf Tryggvason s'empare du pouvoir en Norvège, Éric doit s'exiler en Suède. Il s'allie avec Olof de Suède et Sven de Danemark, dont il a épousé la fille, Gyða. À partir de la Suède, il lance une série de raids vers l'est. Ravageant les possessions de Vladimir de Kiev, Éric pille et brûle la ville de Staraïa Ladoga (Aldeigja en vieux norrois). Aucune source continentale écrite ne vient confirmer ou infirmer ce fait, mais des archéologues soviétiques ont mis en évidence, dans les années 1980, des traces d'un incendie à Ladoga datant de la fin du Xe siècle. Éric pille également l'Ouest de l'Estonie actuelle (Aðalsýsla) et l'île de Saaremaa (Eysýsla). Selon le résumé de la Fagrskinna du Bandadrápa, il a combattu des Vikings dans la Baltique et attaqué l'Östergötland à la même époque. Après la bataille de Svolder, où Olaf disparaît en, mer, Éric et son frère Svein Håkonsson deviennent gouverneurs de la Norvège, Éric au nom du roi Sven de Danemark et Svein au nom d'Olof de Suède, de 1000 à 1015. La plupart des sagas s'accordent sur le fait qu'Éric et Svein adoptent le christianisme, du moins officiellement. La Fagrskinna raconte : «Ces jarls se sont fait baptiser, et sont restés chrétiens, mais n'ont forcé personne à la conversion, mais permis à chacun de faire selon sa volonté, et à leur époque le christianisme était en grande difficulté, au point qu'en Upplönd et dans le Þrándheimr pratiquement tout n'était que paganisme, alors que le christianisme se maintenait sur la côte». L'adoption du christianisme est sans nul doute politiquement avantageux pour les jarls depuis leur alliance avec les rois chrétiens de Suède et du Danemark. L'institution de la liberté de religion est également un choix politique habile, après la violente activité missionnaire d'Olaf Tryggvason (fr.wikipedia.org - Eric Hakonsson). Pendant les cinq ans durant lesquels il porta le nom de roi en Norvège, Olaf Tryggvason tenta de christianiser cinq pays : la Norvège, l'Islande, les Shetlands, les Orcades et les îles Féroé. Pour parvenir à ses fins, il retenait en otage les fils de grands chefs – notamment islandais – en les menaçant de mort si ceux-ci ne se convertissaient pas. Il fut un roi tyrannique qui n'hésita pas à tuer (Clara Falco, Comme des hommes, 2022 - www.google.fr/books/edition). La Heimskringla détaille ainsi les méthodes employées par le souverain pour arriver à ses fins, depuis l'annonce publique de ses intentions et des phases de négociation ou de compromis jusqu'à l'utilisation régulière de mesures coercitives ou brutales (destructions d'idoles, de temples, exécutions, bannissements, remises d'otages). Olaf était revenu accompagné de missionnaires, dont un évêque anglais, Sigurd, et son règne marqua indiscutablement une progression du christianisme dans le pays, mais il se heurta à l'hostilité des élites, et notamment à Éric Håkonsson (Pierre Bauduin, Histoire des Vikings: Des invasions à la diaspora, 2019 - www.google.fr/books/edition). Acrostiche : LG LA Le 21 novembre, selon l'almanach de l'Académie suédoise, est le jour d'Helga, prénom nordique, forme féminine d'Helge. Par extension, on célèbre aussi les Olga, Elga ("Flamme"), Hella, Helle. La Suède luthérienne voit d'un œil sceptique le culte des saints propre aux catholiques, mais célébrer les prénoms, ça ne fait de mal à personne (Olivier Truc, L'affaire Nobel, 2019 - www.google.fr/books/edition, Eduard von Muralt, Essai de chronographie byzantine de 395 à 1057, 1855 - www.google.fr/books/edition). Óláfs saga helga or the Saga of St. Olaf, written in several versions, is one of kings' sagas on the subject of King Olaf Haraldsson the Saint (successeur d'Eric Haakonsson) (en.wikipedia.org - Olafs saga helga). "piller" : taxes et impôts Après le partage de la Norvège vers l'an 1000 entre le roi Olaf le Leveur d'impôts, de Suède, et Sven à la Barbe Fourchue, roi du Danemark, Olaf Haradsson cherche à restaurer l'intégrité du royaume (Pascal Etienne, Norvège Finlande Suède 20 ans de prospections naturalistes: Itinéraires de découverte, 2011 - www.google.fr/books/edition). Though a man of ability and many noble qualities, Earl Erik never succeeded in asserting his sway over Norway as his father, Earl Haakon, had done; and Earl Sweyn could boast even less authority than his brother. In the Oplands semi-independent kings of the race of Harold the Fairhaired were still living; and in Rogaland Olaf Tryggvesson's brother-in-law, Erling Skjalgsson of Sole, refused to recognize the supremacy of either the earls or the kings whom they represented. [...] Clinging, as he did, tenaciously to the authority which Olaf Tryggvesson had conferred upon him, Erling could not avoid coming into collision with the authority of the earls. He exacted a land-tax from the peasants of Rogaland, and, as Earl Erik did the same, the poor landowners had to pay a double tax, unless they were prepared to offer resistance (Hjalmar Hjorth Boyesen, A History of Norway: From the Earliest Times to 1885, 1892 - www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 2098 sur la date pivot donne -98. ALEA, "kubeia" : Ces mots désignent en général tous les jeux de hasard, mais plus spécialement le jeu de dés (TALI, TESSERAE, PAR IMPAR, etc.). A Rome, dès le temps de la république, une loi prohibitive des jeux de hasard (alea) donnait contre les infracteurs une action (judicium) aboutissant à une condamnation du quadruple des valeurs engagées. Plaute (mort en -184) mentionne cette loi sous le nom de les talaria (Miles gloriosus), parce qu'elle s'occupait sans doute spécialement du jeu de dés; il en est question dans Cicéron et dans Horace. Mais la loi paraît avoir admis une exception pour le temps des saturnales. D'un autre côté, l'édit du préteur contenait des dispositions sévères et fort remarquables contre ceux qui tenaient des maisons de jeu, ou offraient un refuge aux joueurs. En effet, on refusait toute action aux premiers à raison des mauvais traitements, vols ou dommages qui auraient été commis contre eux dans leur habitation et pendant la durée du jeu. En outre, le préteur déclarait qu'il sévirait contre quiconque aurait employé la violence pour contraindre un autre à jouer, ou à continuer le jeu, et Ulpien commente ces paroles, en disant que le contrevenant peut être frappé d'amende, jeté in lautumias ou in vincula publica. Un sénatus-consulte d'auteur inconnu prohiba tout jeu d'argent, excepté à l'occasion des exercices du corps et, d'après Marcien, des lois Titia, Publicia et Cornelia, dont nous ignorons la date et les auteurs, auraient autorisé les paris (sponsiones) en pareil cas. Le droit romain accordait au père de famille la répétition de ce qui avait été perdu au jeu par son fils ou son esclave, et réciproquement l'édit donnait contre le père une action de peculio au tiers qui avait payé une dette de jeu à l'esclave ou au fils; enfin Justinien proscrivit les jeux de hasard, avec des détails pour lesquels nous renvoyons au Code (Charles Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines: d'après les textes et les monuments, Tome 1, 1873 - www.google.fr/books/edition). La loi Publicia daterait de vers -89 (Theodor Mommsen, Histoire de la monnaie romaine, Tome 2, traduit par Louis Charles Pierre Casimir duc de Blacas d'Aulps 1870 - www.google.fr/books/edition). Pour arriver à -89 au lieu de -98, la date événementielle du quatrain devrait être portée à 1004-1005. |