Jean Kaloyan roi de Bulgarie

Jean Kaloyan roi de Bulgarie

 

VIII, 74

 

2084-2085

 

En terre neusue bien avant Roy entré,

Pendant subiets luy viendront faire accueil :

Sa perfidie aura tel rencontré

Qu'aux citadins lieu de feste & recueil.

 

Joannice

 

1196. Joannice ou Jean I, dit aussi Calo-Jean, s'empara du trône de Bulgarie après la mort du roi Pierre, son frère, qu'il avait vaillamment servi dans ses expéditions. C'était une usurpation sur ses neveux. Pour le posséder sous un titre spécieux, il rechercha la protection du Saint-Siège, lui soumit son royaume, et envoya demander par une ambassade solennelle, la couronne royale au pape Innocent III. Il y eut à ce sujet plusieurs négociations, dont l'issue fut que le pape lui députa, l'an 1204, le cardinal Léon, son légat, qui le couronna roi de Bulgarie et de Valachie, le 8 novembre à Trinove, qui, d'évêché, fut érigée en primatiale. Le légat dans cette cérémonie remit au roi, de la part du pape, l'étendard de l'église. Cependant Joannice, à la faveur des troubles qui agitaient l'empire grec, avait envahi une grande partie de la Thrace. Dans la crainte de perdre ses conquêtes, il envoya, l'an 1204, une ambassade à Baudouin Ier, nouvel empereur de Constantinople, pour traiter d'alliance avec lui. Baudouin lui fit dire qu'il ne devait attendre aucune paix qu'il n'eût restitué les terres qu'il avait usurpées sur l'empire. Cette réponse imprudente fit un nouvel ennemi à Baudouin, qui n'en avait déjà que trop sur les bras. La plupart des villes grecques s'étaient soulevées contre les Latins. De ce nombre était Andrinople, qui, après avoir secoué leur joug, reçut dans ses murs une garnison bulgare. Baudouin étant venu l'assiéger, fut pris, le 15 avril 1205, dans une bataille, par les Cumains qui faisaient partie de l'armée que Joannice avait envoyée contre lui. Si l'on en croit Nicétas, le prince bulgare ayant l'empereur en son pouvoir, lui fit couper bras et jambes, puis le fit précipiter dans une fosse pour être dévoré par les oiseaux de proie. Mais Joannice, répondant au pape qui lui avait demandé, l'an 1206, la liberté de Baudouin, assure dans sa lettre, comme on l'a dit ailleurs, qu'il était mort en prison. L'empereur Henri, successeur de Baudouin, son frère, ayant recommencé sur la fin de la même année, le siège d'Andrinople, Joannice, le 23 décembre, remporta sur lui, devant cette place, une nouvelle victoire non moins sanglante que la première. S'étant jeté ensuite sur toutes les villes de Thrace qui tenaient pour les Francs, il les prit sans peine, les démantela, et y exerça des cruautés indignes d'un prince chrétien. En voici un exemple. Ayant emporté d'assaut, le samedi-saint 1206, la ville de Varna, il en fit précipiter les habitants dans le fossé, les ensevelit tout vivants sous la terre dont il le combla, abattit les murailles, et retourna en Bulgarie après cette Pâque sanguinaire. Sa retraite fut de près suivie de la défection des villes qu'il avait conquises. Irritées de sa barbarie, elles retournèrent d'elles-mêmes sous la domination des Francs. La guerre continua entr'eux et les Bulgares. L'an 1207, après la mort de Boniface, marquis de Montferrat, Joannice voulut envahir son royaume de Thessalie, dont il vint assiéger la capitale. Il périt dans cette expédition, laissant une fille qui épousa l'empereur de Constantinople.

 

1207. Vorylas, ou Phrorylas, neveu de Joannice, monta sur le trône de Bulgarie l'an 1207, après la mort de son oncle. Pour s'y maintenir, il épousa Scytide, sa tante, sœur de Joannice. Il eut comme son oncle la guerre avec les Francs, mais il ne la fit pas avec le même bonheur. L'an 1208, il perdit contre eux, le 31 juillet; une grande bataille, après laquelle on vit reparaître en Bulgarie Jean Asan son cousin. Ce prince s'était retiré en Russie lors de l'usurpation des Vorylas. Celui-ci, à son arrivée, alla se renfermer dans Trinove, où Jean Asan le prit après sept ans de siège. La peine du vaincu fut la déposition et la prison (L'art de vérifier les dates des faits historiques, des inscriptions, et autres anciens monuments, Tome 5, 1818 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Kaloyan, fr.wikipedia.org - Varna (Bulgarie)).

 

"terre neuve" : Terra-Nova ou Trinove

 

Jamais le mystère de la mort de Baudouin Ier, comte de Flandre et empereur de Constantinople, ne fut éclairci. Les trouvères répétèrent que Baudouin, vaincu par Joannice, roi des Bulgares (1205), languit d'abord enfermé dans une étroite prison à Terra-Nova. A les en croire, la femme du roi des Bulgares, éprise de lui et dédaignée, l'accusa devant son époux; par son ordre l'empereur fut massacré dans un festin, et son corps donné en pâture aux bêtes féroces. D'autres ajoutèrent que le tronc de ce corps mutilé et vivant encore, fut abandonné au fond d'une vallée aux oiseaux carnassiers qui prolongèrent son supplice trois jours entiers, et ne laissèrent de lui que son crâne dont les Bulgares firent une coupe de festin (Albéric de Trois-Fontaines, Ann. 1206. Vegenèce sur Villehardhouin, ch. VII. Capefigue, Hist. de Philippe-Auguste, t. II, p. 364) (Vincent Victor Henri de Vaublanc, La France au temps des Croisades ou Recherches sur les moeurs et coutumes des Français aux XIIe et XIIIe siècles, Tome 2, 1844 - books.google.fr).

 

Alberic, historien contemporain, donne ainsi qu'il suit les dĂ©tails de la mort de Baudouin, Ă  Ternove, capitale de la Mysie : Hic ergo ita captus cum sociis apud Ternoam fuil incarceratus... (Geoffroy de Villehardouin, Histoire de la conquĂŞte de Constantinople par les Français et les VĂ©nĂ­tiens, Tome 1, 1819 - books.google.fr, Augustin Calmet, Histoire universelle, sacrĂ©e et profane: depuis le commencement du monde jusqu'a nos jours, Tome 11, 1767 - books.google.fr).

 

Veliko Tarnovo est une ville du centre nord de la Bulgarie et chef-lieu de la province du même nom. Elle est célèbre pour avoir été la capitale historique du Second Empire bulgare, jusqu'à sa chute le 17 juillet 1393, lors des invasions ottomanes (fr.wikipedia.org - Veliko Tarnovo).

 

Kaloyan est d'abord entré à Tarnovo où il est couronné, puis plus tard est accueilli par les Grecs las de la domination latine, mais saccage ensuite Varna.

 

"recueil" : pâque

 

Il est vrai que nous n'envoyons point chez un inconnu pour lui dire, comme dans St Matthieu : Le maĂ®tre vous envoie dire, je viens faire la pâque chez vous avec mes disciples : nous nous assemblons le matin avec recueillement, nous mangeons le mĂŞme pain consacrĂ©, nous buvons le mĂŞme vin (Oeuvres complètes de Voltaire, Volume 32, 1784 - books.google.fr).

 

Acrostiche : EP SQ

 

EP : episcopus (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli - www.arretetonchar.fr).

 

SQ : sequitur (fr.wiktionary.org - sq.).

 

Le mouvement bogomile est fondé par un prêtre orthodoxe bulgare nommé Bogomil (ce qui signifie en vieux slave «que Dieu prend en pitié» ou «qui supplie Dieu»). Il prêche d'abord en Thrace bulgare, où il rencontre un véritable écho populaire. Puis le mouvement se déplace en Bulgarie occidentale, où il connaît un grand succès entre le Xe et le XIIe siècle, notamment auprès du petit peuple, avant de subir les persécutions de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène et du patriarche Michel II Courcouas.

 

Les principales sources sur le bogomilisme en Bulgarie sont une lettre du patriarche œcuménique Théophylacte de Constantinople à Pierre Ier vers 940, un traité du prêtre Cosmas vers 970 et les actes du concile convoqué par l’empereur Boril de Bulgarie en 1211. Les bogomiles étaient dualistes, croyant que Dieu avait eu deux fils, Jésus-Christ et Satan, qui représentaient chacun les principes du Bien et du Mal.

 

Il est aujourd'hui établi que les bogomiles ont envoyé des missionnaires vers l'Europe de l'Ouest, par exemple le voyage du patriarche bulgare Nikita (Nicétas) qui préside en 1167 le «concile cathare» de Saint-Félix-de-Caraman (aujourd'hui Saint-Félix-de-Lauragais). Rien ne permet de dire s'ils ont fondé le mouvement cathare, mais les relations entre bogomiles et cathares ont constitué une composante importante de l'histoire de la chrétienté médiévale car le bogomilisme, le patarinisme et le catharisme sont des mouvements religieux proches qui ont été déclarés hérétiques et combattus tant par l'Église byzantine que par l'Église latine, séparées depuis le schisme de 1054. Même en l'absence d'une filiation démontrable, une solidarité de fait a donc pu se constituer entre ces mouvements contemporains, théologiquement proches et pareillement persécutés. Ils se sont pour le moins influencés à travers des échanges réciproques, chacun gardant son autonomie et son originalité propre (fr.wikipedia.org - Bogomilisme).

 

L'assemblée des communautés cathares occidentales qui s'est tenue à Saint-Félix dans le Lauragais toulousain en 1167, a comme particularité le fait d'avoir été présidée par l'évêque bogomile de Constantinople, Nicétas. L'évêque bogomile confère, en effet, le sacrement de l'ordre ainsi que celui du baptême spirituel à l'ensemble des évêques et des représentants des Églises cathares occidentales (Pilar Jiménez Sanchez, L'Eglise cathare, une Eglise alternative au sein du Moyen Âge, Cahiers d'histoire, Numéros 70-73, 1998 - www.google.fr/books/edition, Gaston Sergheraert (Christian Gérard), De Pantagruel à Candide, Présence de la Bulgarie dans les lettres françaises expliquée par l'Histoire, 1963 - books.google.fr).

 

Pour ceux qui se déterminent par la seule corruption de leur coeur à suivre une hérésie & à y perséverer, comme cela arriva à tant de Prêtres & de Religieux qui embrasserent la doctrine de Luther, par l'avantage qu'ils y trouvoient de secouer la Loi du célibat (La religion chretienne, eclairee parle dogme et par la prophetie, Tome 5, 1754 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2085 sur la date pivot 1205 donne 325.

 

20 mai : ouverture du concile œcuménique des évêques à Nicée, en Bithynie, convoqué par Constantin Ier en présence de 318 évêques et de légats du pape Sylvestre Ier. Les quatre évangiles de Luc, Marc, Matthieu et Jean sont seuls retenus. Les autres dits évangiles apocryphes sont détruits. Certains d'entre eux, cachés, ne seront redécouverts qu'au XXe siècle. L'arianisme est déclaré hérétique, l'identité de nature de Dieu et du Christ ayant été reconnue au cours du concile. Arius est exilé provisoirement ainsi qu'Eusèbe de Césarée. L’Église fixe définitivement la fête de Pâques au premier dimanche après la pleine lune du printemps.

 

19 juin : publication du Symbole de Nicée qui est le texte du Credo.

 

25 juillet : clôture du concile de Nicée. Constantin célèbre ses vicennalia en personne à Nicomédie en présence des pères du conciles et dans tout l'empire (fr.wikipedia.org - Année 325).

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