Les Goths en Thrace VIII, 55 2070-2071 Entre deux fleuves se verra enserré, Tonneaux et casques unis à passer outre, Huit ponts rompus, chef a tant enserré, Enfants parfaits sont jugulés en coultre. "Entre deux
fleuves" En 332, les Sarmates, les Thaifales et les Tervings
(c'est-à -dire les Wisigoths), installés entre le Danube et le Dniestr, se
portent sur le Danube, mais sont battus par l'armée romaine, se soumettent et
passent temporairement au service de l'empire. Vers 375, à la suite de la défaite des Ostrogoths par les Huns en
Ukraine, les Wisigoths, toujours installés entre Dniestr et Danube, battent en
retraite vers l'ouest, et une fraction d'entre eux se dirige vers les
Carpathes, « expulsant les Sarmates et les Thaifales» (L'Intermédiaire
des chercheurs et curieux, 1983 - books.google.fr). A l'été 376, Athanaric, roi des Goths Thervinges
(«forestiers») ou Wisi («sages, braves»), installés en Roumanie actuelle depuis
environ 270, décide de se défendre contre les Huns à l’annonce de la défaite
d’Ermanaric en 375. Il installe sa ligne de défense sur les rives du Dniestr
(Danaster), mais est surpris et mis en fuite en Transylvanie par les Huns qui
ont traversé le fleuve. Après avoir décimé les forces wisigothiques conduites
par Alaviv et Fritigern, les Huns les chassent jusqu’au bas Danube, où ces
derniers proposent à Rome d’entrer à son service si on les laisse passer le
fleuve. Automne : les Wisigoths qui occupent une partie de la
Dacie depuis 150 ans, demandent aux Romains, sous la pression des Huns, de
traverser le bas Danube. La permission est accordée et ils franchissent en
masse le Danube sous la conduite de leur chef Fritigern. L’empereur Valens,
voyant l'opportunité de recruter des troupes pour la guerre contre les Perses,
les reconnaît comme fédérés. Mais la vénalité et la maladresse des
fonctionnaires romains chargés de procéder à l’installation provoqueront un
soulèvement général l’année suivante. Les Wisigoths comptent peut-être 40 000
personnes dont 8 000 soldats (fr.wikipedia.org
- Année 376). "coultre" "coutre",
"coultre" : soc de charrue. On connaît - le juge hébreu Samgar tuant 600 Philistins avec un tel
outil ou avec un aiguillon Ă boeuf (cartelfr.louvre.fr,
Guillaume
Rouillé, Promtuarium iconum insigniorum a seculo hominum: subiectis eorum
vitis, per compendiu[m] ex probatissimis autoribus desumptis, Tome 1, 1581 -
books.google.fr). - le grec Echeltus armé d'un soc de charrue combattant
les Persans à Marathon (cartelfr.louvre.fr). Théodose mérite le nom de Grand pour avoir mis fin à la
dévastation de l'empire; par un heureux mélange d'adresse et de force, il
changea les ennemis de Rome en alliés. Un
orateur païen, Thémistius (Oratione XVI) célébra ce
bienfait, il montra les champs déserts de la Thrace couverts de cultivateurs,
le nom odieux des Goths aimé parmi les Romains, les épées et les cuirasses
transformées en socs et en instruments de labour. Cette transformation
miraculeuse ne fut pas de longue durée. A peine Théodose avait-il cessé de
vivre que les Barbares abandonnèrent la charrue pour reprendre l'épée, et ils
ne la posèrent que lorsqu'ils furent maîtres de Rome (François
Laurent, Histoire du droit des gens et des relations internationales: Le
Christianisme, Tome 4, 1880 - books.google.fr). Nous avons pu
établir sur ces bases que les principales occupations des Gètes de Poiana
étaient l'agriculture et l'élevage. Nous y avons découvert, en effet, de nombreux
outils en fer servant au travail de la terre, tels que des socs de charrue, des
coutres, des bĂŞches, des faucilles, des pics, de mĂŞme que des moulins
primitifs en grès, ou des moulins rotatifs en tuf volcanique et, d'autre part,
des grains de blĂ© ou de millet calcinĂ©s. Les nombreuses fosses dĂ©couvertes Ă
proximité des habitations étaient destinées en grande partie aux provisions de
céréales (Radu
Vulpe, La civilisation dace à la lumière des fouilles de Poiana, Dacia, Volume
1, 1957 - books.google.fr). Jordanès (VIe siècle), lui-même d'origine gothique, raconte l'histoire des Goths en reprenant à son compte celle des Gètes (fr.wikipedia.org - Gètes). L'image d'une araire sur un vase
de Mălăieşti (dĂ©p. de Hunedoara, Roumanie) vient Ă l'appui de
l'idée que, dans ces régions, on utilisait, sur une échelle assez large, de
tels outils. Après le dĂ©part des Goths, la population autochtone a continuĂ© Ă
se servir de cet instrument aratoire. Comme preuve sert, entre autres, le soc
en forme de langue, datant du début du Ve siècle, découvert à Dodesti (dép. de
Vaslui). Les socs de Surduleşti et de Dinogetia constituent, eux aussi,
des témoignages pour la présence de l'araire sans sep dans les régions du sud
des Carpates jusqu'au XIe siècle. Dans la Moldavie, l'instrument auquel nous
nous rapportons, restait, même plus tard encore, suffisamment représentatif
pour illustrer «le cycle de la Genèse» au-dessus de la galerie extérieure du
côté nord de l'église du monastère de Sucevita (dép. de Suceava), à la fin du
XVIe siècle ou au début du siècle suivant. Un personnage biblique, Caïn,
s'apprĂŞte Ă labourer son champ Ă l'aide d'un instrument auquel une paire de
boeufs est attelée. L'un d'entre eux est debout, tandis que le second est en
train de se lever. L'instrument aratoire se compose d'une flèche légèrement
arquée, à l'extrémité postérieure de laquelle on a fixé, comme une sorte de
harpon, un dispositif sur lequel se trouve représenté un soc court en forme de langue,
au-dessus duquel s'arquent deux mancherons, avec lesquels CaĂŻn tient
l'instrument suspendu en l'air. Devant le dispositif, on a attaché, toujours
sur la flèche, un coutre court. Le joug, en grandes lignes semblable à celui
utilisé aujourd'hui encore en Moldavie, est disposé obliquement par rapport au
sol, Ă cause de la position dans laquelle les bĂŞtes de somme se trouvent. Par
ses caractĂ©ristiques essentielles, l'instrument de Sucevița peut ĂŞtre
considéré comme une variante du premier type d'araire sans sep. [...] L'araire de Sucevita n'est pas seulement muni d'un soc en forme de langue, mais aussi d'un coutre, placé devant celui-ci. L'emploi du coutre aux instruments fournis de pareils socs ne doit pas nous surprendre, étant donné le fait que, dans les découvertes d'Obréja (Alba) en Roumanie, et d'Igolomia-Zofipole en Pologne, ces deux pièces se trouvent associées. Toutes ces constatations nous mènent à la conclusion que le peintre moldave a peint, à Sucevita, un instrument aratoire qui représente pour nous un jalon important dans la voie de son évolution (Dumitru Tudor, Les ponts romains du Bas-Danube, 1974 - books.google.fr). "huict ponts" Sur tout le cours du Danube, long de plus de 2850 km,
furent érigés sous l'Empire romain quantité de ponts en bois ou en maçonnerie, d'aucuns
voués à une existence plus longue, d'autres simplement destinés à à d'éphémères
expéditions militaires. Toutefois, les plus nombreux et les plus importants
furent construits sur le cours inférieur du fleuve (long de 1075 km),
c'est-à -dire dans la zone allant du défilé de Cazane jusqu'à l'embouchure. Leur
liste comprend dans l'ordre topographique : le double pont de bateaux de
Trajan, à Lederata et Dierna (?) (101 de notre ère) ; le pont en pierre de
Trajan, à Drobeta (103-105 de n. ère) ; le pont de bateaux de Cornelius Fuscus
(?) à Vadin-Orlea (86/87 de n. ère) ; le pont en pierre de Constantin le Grand,
à Oescus-Sucidava (328 de n. ère) ; le pont de M. Laberius Maximus (102)
et les ponts de bateaux de Valens, l'un Ă (Constantiana) Daphne (367) et
l'autre Ă Noviodunum (369). Des huit
ponts figurant sur cette liste, les cinq premiers – dans l'ordre chronologique
– se rattachent aux combats livrés par les Romains aux Daces sous Domitien et
Trajan. Les trois autres furent bâtis au IVe siècle, l'un aux fins de relier à l'empire
les territoires reconquis par Constantin le Grand au nord du Danube, et les
deux derniers pour permettre aux troupes romaines de se porter au nord du
fleuve, contre les Goths. L'existence d'un nombre aussi élevé de ponts dans
cette région démontre la grande importance militaire et économique que la Dacie
et notamment ses régions orientales présentaient pour l'Empire romain, tout au
long de la période allant du Ier au IVe siècle de notre ère (D.
Tudor, Les ports romains du bas-Danube, 1974 - books.google.fr). Le deuxième pont
de Valens, jeté sur les eaux du Danube à hauteur de la citadelle de Noviodunum
(Isaccea) fut Ă©galement construit au moyen de bateaux reliĂ©s entre eux, Ă
l'instar du pont précédent. Il semble qu'en ce même lieu, neuf siècles
auparavant, Darius Ier ait lui aussi aménagé un pont de bateaux sur le Danube,
à l'époque de sa fameuse expédition contre les Scythes (514/513 av. n. ère).
Bien que la paix avec les Goths n'ait pas été conclue, ce pont a sans doute lui
aussi été démonté sitôt que Valens eut décidé de prendre ses quartiers d'hiver
Ă Marcianopolis (D.
Tudor, Les ports romains du bas-Danube, 1974 - books.google.fr). En 490 avant n. ère, sous les ordres de Miltiade, les
Athéniens ont remporté une importante victoire en combattant les troupes du
Perse Darius Ier lors de la bataille de Marathon, une ville située au nord-est
d'Athènes. D'ailleurs, Isidore de Séville fait remonter l'origine des Goths aux Scythes (Margaret Deanesly, Histoire de l'Europe du haut Moyen âge: 476 à 911, 1958 - books.google.fr). "Tonneaux
& caques" Selon Ammien Marcellin (31, 4-5), les Goths traversent le
Danube sur des bateaux, des radeaux, des troncs d'arbres creusés (Stéphane
Ratti, La traversée du Danube par les Goths, Philological and Historical
Commentary on Ammianus Marcellinus XXVI, 2008 - books.google.fr). Il y a des radeaux de tonneaux (Nicolas
Grollier de Serviere, Recueil d'ouvrages curieux de mathematique et de
mecanique, 1719 - www.google.fr/books/edition). Ce qui a pu faire dire à Henri Pirenne : On n'avait rien prévu. La terreur même des Wisigoths prouvait
qu'ils n'hésiteraient pas à recourir à la force si on repoussait leur prière.
On leur permit de passer, et ils
passèrent durant plusieurs jours sous les yeux des postes romains ébahis,
hommes, femmes, enfants, bétail, sur des radeaux, dans des canots, les uns
accrochés à des planches, d'autres à des outres gonflées ou à des tonneaux.
C'Ă©tait tout un peuple qui Ă©migrait, conduit par son roi (Henri
Pirenne, Histoire de l'Europe, Des invasions au XVIe siècle, 2013 -
www.google.fr/books/edition). Les principales inventions gauloises sont la charrue Ă
roues, les cribles de crin, les cottes de mailles, les tonneaux de bois, la
machine Ă moissonner, l'Ă©tamage du cuivre, l'emploi de la marne comme
amendement, le placage, etc. (Eugène
Lacroix, Études sur l'Exposition de 1878, annales et archives de l'industrie au
XIXe siècle (2e partie), 1879 - www.google.fr/books/edition). "Enfants
parfaits" "perfectus" : perfecta
aetas, âge de la puberté (Gaffiot). "et puberes et
adultique pueri per parentum cadavera, tracti sunt" : Voilà les Goths qui se répandent de tous côtés dans la
Thrace. [...] Tout fut mis à feu et à sang. On ne fit grâce ni au sexe ni à l'âge ; on arrachait, pour les égorger, les enfants de la mamelle, et les
mères étaient livrées à la brutalité du vainqueur. Les fils étaient traînés sur les cadavres des auteurs de leurs jours...
(Livre XXXI, année 376) (Oeuvres
d'Ammien Marcellin, traduit par Nisard, 1878 - books.google.fr). Typologie Le report de 2071 sur 376 donne
-1319. Il faut faire une infidélité à la chronologie samaritaine de Lenglet du Fresnoy pour arriver à faire corrrespondre cette date avec Samgar, le juge hébreu qui terrassa 600 Philistins avec un soc de charrue et qui succéda à Aod selon certains exégètes (Richard Simon, Le grand dictionnaire de la Bible, 1717 - books.google.fr, Commentaire sur l'Héptateuque, Livre VII, Question XXV, Œuvres complètes de Saint Augustin Tome 8, 1871 - www.google.fr/books/edition, Sainte Bible, Tome 2, 1757 - www.google.fr/books/edition). |