Justinien et le docétisme VIII, 51 2067-2068 Le Bizantin faisant oblation, Apres auoir Cordube à soy reprinse, Son chemin long repos pamplation, Mer passant proy par la Golongna prinse. "Mer...
Golongna" : Mer noire et Golonya Avec Justinien ce
n'est pas seulement l'Italie qui entre passagèrement dans l'Empire unique,
c'est la domination maritime qui est enlevée aux Vandales d'Afrique, c'est la
possession pour Byzance de la Mer Noire et des deux rives du Danube oĂą,
d'ailleurs, d'importants établissements sont fondés (550). Détenant la voie
maritime reliant l'Orient et l'Occident, Justinien tentera de s'ouvrir aussi la
voie danubienne au-delĂ des Portes de Fer, mais il ne parviendra pas Ă
soumettre la Pannonie et la Norique alors peuplées des Lombards (Stéphan
P. Luca, Le Danube et les Roumains depuis l'Ă©poque Romaine jusqu'Ă la fondation
des Principautés, 1940 - books.google.fr). Golonya (mentioné en 1368) : aujourd'hui Kallina-Calina,
à proximité de Dognacska (Roumanie) (Imre
Lukinich, László Gáldi, Antal Fekete Nagy, Documenta historiam Valachorum in
Hungaria illustrantia usque ad annum 1400 p. Christum, 2006 - books.google.fr,
en.wikipedia.org - Dognecea, Ioan
Hategan, Dictionar istorical asezarilor din Banat sec XI-XX, 2013 -
www.morisena.ro). L’empereur byzantin Justinien (527-565) entreprend
plusieurs expéditions au nord du Danube mais ces efforts restent vains alors
qu’à la même époque des Germains, les Gépides, paraissent solidement installés
en Transylvanie où ils sont bientôt subjugués par les Avars, des nomades surgis
des steppes asiatiques qui dominent l’espace allant de la Pannonie à l’Ukraine,
jusqu’à ce que Charlemagne les écrase en 796 (www.clio.fr). Golonya se trouve dans la région du Banat. Le Banat est une
région historique au sud-est de l’Europe dont la capitale historique est
Timisoara, située dans le judet de Timis de Roumanie. Elle est partagée
aujourd'hui entre trois pays : le Banat roumain, partie orientale qui
appartient depuis la Première Guerre mondiale à la Roumanie (judet de Timis et judet de Caras-Severin où se trouve
"Golonya") ; le Banat serbe, partie occidentale (Banat
septentrional, Banat central, Banat méridional) qui appartient depuis la
Première Guerre mondiale à la Serbie, aujourd’hui dans la région de Voïvodine ;
le Banat hongrois, petite partie au nord-ouest, près de Szeged, qui appartient
à la Hongrie (comitat de Csongrád). La région couvre la partie sud-est de la
plaine de la Tisza limitée par le Danube au sud, la Tisza à l’ouest, le Mures
au nord, et les Carpates méridionales à l’est. De façon générale, un banat est
une marche-frontière de l'ancien royaume de Hongrie, gouvernée par un «ban». Il
y eut ainsi sur les flancs méridional et oriental de ce dernier de nombreux
autres banats (fr.wikipedia.org
- Banat historique). L’un des facteurs, qui a profondément marqué la diffusion
du numéraire byzantin dans les régions situées au-delà du fleuve, est la
présence de «têtes de ponts» sur la rive septentrionale. Il s’agit d’enclaves
situées au sud d’Olténie et du Banat. Pendant les ive-vie siècles, une partie
des territoires situés entre l’embouchure de la rivière Olt, à l’Est, et
l’embouchure de la rivière Tisa, à l’Ouest, a été contrôlée directement par
l’administration impériale. Après l’abandon de la plus grande partie de la
Dacie, ordonné par Aurélien en 271, une bande de terre située le long du
Danube, et dont la largeur reste inconnue, a continué à faire partie intégrante
de l’Empire. Les anciennes fortifications ont été rétablies et agrandies tandis
qu’était entreprise la construction de nouvelles places-fortes. Pendant le IVe
siècle, sous Constantin Ier, un pont pour relier Sucidava à Oescus a été
construit et, du mĂŞme coup, les deux parties de la province de Dacie Ripuaire ;
les routes ont été refaites et les fortifications de Drobeta et de Sucidava
sont devenues de véritables centres urbains. Après les destructions provoquées
par les attaques hunniques de la première moitié du Ve siècle, à partir de Marcien
jusqu’à Justinien ier, les structures militaires, administratives et politiques
de ces possessions ont été restaurées et la civilisation provinciale byzantine
a connu un nouvel éclat. L’interprétation des phases de réduction voire d’arrêt de
la diffusion des monnaies dans les enclaves byzantines n’est pas toujours
facile. Parfois, à l’époque de Justinien Ier, elles correspondent plutôt aux
attaques des Sklavines, des Antes, des Bulgares et des Kutrigures contre les
provinces impériales des Balkans, soit contre celles de la Préfecture
d’Illyricum (530, 535, 538, 540, 544-545, 548-549, 550-551 et 558-559), soit
contre celles du Diocèse de Thrace (545-546 et 550-551). Le plus souvent
l’interruption de l’arrivée des monnaies en Olténie ne coïncide pas avec les
données livrées par les trouvailles de Valachie et de Moldavie, c’est-à -dire
des territoires supposés avoir été utilisés comme bases d’attaque. Seule la
dépression qui suit l’année 545 peut être mise en relation avec l’agression
kutrigure, qui semble toucher non seulement les provinces balkaniques, mais
tout l’espace nord-danubien, y compris l’Olténie, le Banat, la Valachie et la
Moldavie. Dans beaucoup d’autres cas, le déclin, voire l’interruption des
monnaies, semble être davantage la conséquence à moyen ou long terme des
troubles économiques et sociaux, du dépeuplement et du mauvais fonctionnement
de l’administration provoqués par l’invasion des provinces balkaniques, que le
reflet d’une conjoncture locale (Ernest
Oberländer-Târnoveanu, La monnaie byzantine des VIe-VIIIe siècles au-delà de la
frontière du Bas-Danube, Histoire & mesure, XVII - 3/4, 2002 -
journals.openedition.org). Nous savons que
justement dans les régions occidentales du Bas-Danube, au Banat et en Olténie,
et plus loin encore jusqu'en Transylvanie méridionale il y avait déjà aux
XIII-XIVe siècles des communautés balkaniques de caractère bogomile, qui y
avaient immigré par vagues successives. C'est le cas, dans les régions et
dans le temps autour desquels se range l'activité de Nicodème, des «carasoveni»
du Banat, venus, semble-t-il, de la région de Kosovo et de l'ouest de la
Bulgarie à le suite des persécutions des rois némanides au début du XIIIe
siècle, ou bien des «cathares» dont la présence aux environs de Râmnicul Valcei
peut être datée, je crois, dès le XIVe siècle, époque de l'arrivée dans ces
parages d'immigrés bulgares (de Vidin ?) (Razvan
Theodorescu, Roumains et balkaniques dans la civilisation sud-est européenne,
1999 - books.google.fr). Cf. quatrain VIII, 55 - Les Goths en Thraceb - 2070-2071.
"Cordube"
: reconquêtes de Justinien Les Vandales, appelés en Afrique par le comte Boniface,
avaient arraché cette province à l'empire d’Occident, s'y étaient établis sous
Genséric et y avaient introduit l'arianisme. Genséric était mort en 477, après
un règne de trente-sept ans. La couronne des Vandales avait alors passé
successivement à Hunnéric, à Gunthamond et à Trasamond (477-523). Tous trois
paraissent avoir été fils de Genséric et tous trois, fougueux ariens,
persécutèrent les orthodoxes avec une violence inouïe. Trasamond eut pour
successeur Hilderic, petit-fils de Genséric, du chef paternel, et de l'empereur
Valentinien III par sa mère. Ce nouveau roi, sage et tolérant, rappela les
évêques exilés et fit jouir pendant sept années ses sujets romains d'une
administration paternelle. Jaloux de l'influence catholique, les Vandales se
révoltèrent enfin, jetèrent Hilderic dans un donjon, et Gélimer monta sur le
trône. Cette usurpation servit de prétexte à Justinien pour tourner ses armes
contre les Vandales. L'empereur donna le commandement suprĂŞme de l'armĂ©e Ă
Bélisaire, qui s'était déjà illustré en combattant les Perses et qui avait
obtenu toute la confiance du monarque en sauvant la famille impériale par sa
fermeté dans l'effroyable sédition de 532 Une flotte portant 10,000 fantassins et
5,000 chevaux sortit du port de Constantinople, après avoir été bénie par le
patriarche, et cingla vers l'Afrique. Cette poignée d'hommes devait suffire
pour vaincre les Vandales. Bélisaire débarqua, au mois de septembre 533, à Caput
Vada, à cinq journées de Carthage; les Africains, longtemps opprimés, viennent
se ranger en foule sous les aigles romaines. Désormais isolés, les Vandales
perdent une première bataille, où périt Ammatas, frère de Gélimer. Celui-ci,
après avoir abandonné sa capitale, se hâte de rappeler son second frère Zanon, occupé
avec les meilleures troupes vandales à comprimer la révolte de la Sardaigne.
Zanon revient, mais lui aussi est vaincu Ă Tricameron. Cette seconde bataille
décide du sort de l'Afrique, après trois mois d'hostilités. La flotte
impériale, maîtresse de la mer, reçoit la soumission de la Sardaigne, des iles
Baléares, de Césarée (Alger) et de Ceuta. Le roi des Vandales, assiégé sur le
mont Papua, GĂ©limer. par les Huns auxiliaires, consent
enfin à se rendre, après avoir demandé trois choses à la générosité du
vainqueur : du pain, parce qu'il n'en avait pas vu depuis trois mois, une
Ă©ponge pour laver ses blessures, un luth pour chanter ses malheurs. L'Afrique
reconquise fut érigée en exarchat ou préfecture, et divisée en cinq provinces ;
l'empereur y rétablit l'usage du droit romain, en accordant aux familles
dépossédées par les Vandales la faculté de réclamer leurs biens, mais jusqu'au
troisième degré seulement. Justinien se servit également de Bélisaire pour renverser
la domination des Ostrogoths en Italie. En mĂŞme temps la domination des
Visigoths en Espagne était ébranlée par l'imprudence du roi Athanagilde,
successeur de Theudis, qui avait imploré l'assistance de Justinien contre son
compétiteur Agila (552). L'empereur envoya au secours d'Athanagilde une flotte
commandée par le patrice Libérius; et, en récompense de ce service, le roi goth
céda à Justinien Valence, Cordoue et toute la Bétique orientale; mais la
domination grecque fut de courte durée dans la péninsule. Trente ans après la
cession faite par Athanagilde, les Byzantins perdirent Cordoue, et Suintila les
chassa de toute l'Espagne vers l'an 624 (Théodore
Juste, Précis de l'histoire du moyen-âge considéré particulièrement dans ses
rapports avec la Belgique, Tome 1, 1847 - books.google.fr). Pour soutenir Athanagild, Théodose envoie en 552 une
force expéditionnaire sous le commandement du patrice Libérius, alors âgé de
plus de quatre-vingt ans. La prise du sud de l'Espagne constitue la dernière et
la plus occidentale des entreprises militaires de Justinien, d'autant plus
réussie qu'elle n'a demandé qu'un investissement limité en hommes et en moyens (fr.wikipedia.org -
Espagne byzantine). "Son chemin
long" : pélerinage de Justinien Justinien se
rendit au mois d'octobre de l'Indiction douzième (563), pour un pèlerinage, Ă
Myriangélès, ou Germies (Germa, ville de Galatie, près de la source du
Sangarius, à 39° 15' de latit., 29° 45' de long.).
C'est, depuis qu'il Ă©tait empereur, le
plus long voyage qu'il eût fait, quoique la distance de Constantinople ne
soit que d'environ 400 kilom. (Théoph., p. 371) (François
André Isambert, Histoire de Justinien, Tome 2, 1856 - books.google.fr). "pamplation" : hérésie de Justinien Il fit en 563 un pèlerinage en Galatie, à un lieu décoré
du nom des dix mille anges, Myriangèle ; et c'est précisément à son retour
qu'il devint hérétique aphthartite, c'est-à -dire qu'il prétendit que
JĂ©sus-Christ n'avait pas souffert dans son corps; il nia ainsi sa passion et
son humanité; c'était le contre-pied des ariens, qui ne voulaient presque voir
dans JĂ©sus-Christ qu'un homme. Ce prince eut la folie de formuler cette opinion
dans un édit, pour lequel il réclama de tous, et du clergé en particulier, une
adhésion formelle. C'était attaquer toute la tradition. Quand on est un homme
de génie, on ne s'arrête pas là ; on fait comme Mahomet, on fonde une religion
nouvelle. Mais Justinien était un esprit plus que médiocre (François
André Isambert, Histoire de Justinien, Tome 1, 1856 - books.google.fr). En 565 (XIIIe Indiction), au mois de mars (Théoph., ad A.
6057, p. 372), BĂ©lisaire mourut Ă Constantinople, et toute sa fortune passa Ă
la maison impériale de la Marina. Pour que les historiens contemporains ne se
soient pas récriés contre une telle dévolution, il faut supposer que Joannina,
fille de BĂ©lisaire, Ă©tait morte sans enfants, et que la cupide Antonina avait
aussi précédé son faible époux au tombeau; car elle aurait eu soin de se faire
douner son immense fortune. Photius, son fils, existait encore, mais il s'Ă©tait
fait prêtre pour échapper à Théodora, et avait même changé de nom. Toutefois
Zonaras (XIV, p. 69) dit que la fortune de Bélisaire fut confisquée par
Justinien; cet écrivain est de plus de six siècles postérieur à l'événement,
mais il paraît digne de confiance. En 563, selon Malala, pendant le mois de décembre,
Justinien fit publier dans les Ă©glises un Ă©dit sur la nature de J. C. Il ne
faut pas, disait-il, reconnaître une seule nature, mais deux, après
l'Incarnation, ce qui semble orthodoxe (XVIII, p. 495); mais il y joignit sans
doute des correctifs ou développements téméraires. Cet édit est perdu; et c'est
probablement celui par lequel il tomba dans une hérésie condamnée par l'Église.
Evagrius, plus près de l'événement, dit (IV, 39) que pendant que Jean dit
Catelin gouvernait l'Église de l'ancienne Rome; Jean de Jérémie, celle de la
nouvelle (Constantinople); et Anastase, celle de Théopolis (Antioche),
l'empereur publia un édit par lequel il prétendait que le corps de J.-C. était
incorruptible ("aphtharton"), et qu'il avait mangé après comme avant
sa passion, et entrait dans d'autres détails aussi inconvenants. Il força les
prêtres en tous lieux d'y souscrire. Ceux de l'Orient s'en reférèrent à la
décision préalable d'Anastase. Ce prélat résista aux instances de Justinien, le
combattit, et dit qu'il préférait être banni que de changer de foi. Il envoya
les motifs de son opposition aux moines de la Première et de la Seconde Syrie.
Lorsque Justinien vint à mourir, il avait déjà fait ses adieux à son troupeau,
ne doutant pas de la vengeance du prince. Justin II, après son avènement, arrêta la persécution, et
publia mĂŞme une profession de foi ou un Ă©dit (Evagr., V, 2), dans lequel il
reconnaissait que J.-C., quoique Dieu, avait souffert comme homme (François
André Isambert, Histoire de Justinien, Tome 2, 1856 - books.google.fr). Le deuxième
concile de Contsantinople (553) sous le pape Vigile et l'empereur Justinien le
Grand, fut réuni contre les docètes et les phantasiastes, qui niaient la nature
humaine de Notre-Seigneur, en prétendant qu'il avait seulement l'apparence d'un
corps, et contre les apollinaristes soutenant que JĂ©sus-Christ n'avait pas
d'âme raisonnable, la divinité en tenant lieu (H.
Vandame, Iconographie de la basilique Notre-Dame de la Treille Ă Lille, 1906 -
books.google.fr). De leur côté, les monophysites étaient en proie à de
grandes divisions. L'un de leurs chefs, Severus, dont nous avons déjà parlé, et
qui, après avoir été autrefois patriarche d'Antioche, vivait à Alexandrie
depuis l'année 518, émit l'avis (519) que le corps du Christ était corruptible.
Un autre chef des monophysites, Julien, Ă©vĂŞque d'Halicarnasse, qui se trouvait
également à Alexandrie, soutint, au contraire, l'incorruptibilité du corps du
Christ, et en vertu de ce raisonnement que si le corps du Christ Ă©tait
corruptible, il faudrait reconnaître en lui deux natures, une nature divine et
une nature humaine. Presque toute Alexandrie prit part Ă cette discussion. Les
partisans de Severus reçurent le surnom de "phthartolatrai"
(c'est-à -dire corrupticolæ, les adorateurs du Corrompu), tandis que les
partisans de Julien étaient appelés "aphthartodokètai" (c'est-à -dire
partisans de l'Incorruptible), ou bien phantasiastes (parce qu'il leur fallait admettre
un corps qui n'avait que l'apparence). Timothée, patriarche monophysite, étant venu à mourir
quelque temps après, chacun des deux partis, les phthartolâtres et les
aphthartodocètes, se choisit un patriarche; Théodosius fut choisi par le
premier, et Gajanas par le second; aussi les anciens partisans de Severus
furent-ils surnommés les théodosiens, et les anciens partisans de Jules les
gajanistes. Ces derniers furent aussi appelés manichéens par leurs adversaires
: car celui qui croyait que le corps du Christ Ă©tait incorruptible devait aussi
admettre que Jésus-Christ n'avait réellement pas souffert, ce qui était une
proposition manichéenne. En effet, la doctrine de Philoxène ou Xenajas, qui
était aussi aphthartodocète, offre avec le docétisme proprement dit une
ressemblance très-accusée, par exemple dans la proposition suivante : «A
proprement parler, le Christ n'a été soumis ni à la souffrance, ni aux autres
faiblesses de l'homme; et s'il les a acceptées, c'est en toute liberté et par
un certain abaissement qui devait servir à notre rédemption.» Cette
proposition, que le corps du Christ Ă©tait incorruptible, convint si bien Ă
l'empereur Justinien, qui Ă©tait alors affaibli par les ans, et lui sembla
s'adapter si bien Ă la doctrine orthodoxe, qu'il voulut forcer tous les Ă©vĂŞques
de son empire Ă la signer (Histoire
des conciles d'après les documents originaux, Tome 3 : 451-680, traduit par
Oden Jean Marie Delarc, 1870 - books.google.fr). Cathares de la
filiation bogomile Les Cathares Ă proprement parler, eux, ne croient pas Ă
l'incarnation. A propos du docétisme cathare, rappelons ce qu'est le docétisme.
Terme savant qui vient du grec, qui veut dire sembler, paraître. Dans toute la
christologie cathare, nous avons cette position docétiste. Les Cathares ne
croient pas Ă l'Incarnation du Christ, tandis que les Vaudois y croient. Pour
eux, le Christ «apparaît», il n'a pas un corps charnel, c'est un esprit. Ce
même docétisme est étendu à la Vierge Marie. […] On sait effectivement que les
Cathares étaient docétistes. Pour eux, le rôle du Christ ne nécessitait pas
qu'il ait réellement un corps, son corps n'était pas utile, puisque son rôle
n'Ă©tait que celui de messager de Dieu (Heresis,
Numéros 13 à 14, 1990 - books.google.fr). Le dieu des cathares est un dieu impuissant, qui ne
participe en rien à la création du monde, car ce serait le compromettre dans le
mal. Il se contente de fictionner des simulacres qui n'ont pas de rapport avec
la vie terrestre ; à la création réelle, mais mauvaise, s'oppose donc une
action divine qui est bonne, mais essentiellement limitée à une action
poétique, à une production de fiction. Parmi ces simulacres ,
et conformément au docétisme déjà combattu par Tertullien, le Verbe fait chair
occupe bien entendu une place éminente : Certains hérétiques disent que le Fils
de Dieu présenta aux hommes une ombre de nature humaine, non la vérité (col.
321-322). Comme toujours dans les gnoses, la chair Ă©tant mauvaise par
définition, il faut en faire une fiction. La théorie de l'adumbratio du Christ
désigne, chez les Pères, l'Incarnation. Mais, dans la rhétorique classique, et
en particulier chez Cicéron, elle connote une esquisse, voire même le fictif
comme faux. C'est en ce sens que le terme est repris chez le gnostique Marcion
(IIIe siècle), qui s'appuie sur plusieurs passages de l'Évangile. Homonymisée
par l'hérésie, l'adumbratio fait du corps incarné un fantasme (fantasma, écrit
Guibert de Nogent), et de toute autorité scripturaire la mentionnant une fable.
Faisant retour à la rhétorique et au gnosticisme, les cathares entendent donc
(et c'est bien leur tour) homonymiser la notion telle qu'elle est canoniquement
comprise. Typique est ici l'opinion de Jean, comte de Soissons, telle que la
rapporte Guibert dans son Contre les Juifs : (Un clerc pieux) expliqua Ă
Jean de de Soissons comment le Seigneur avait souffert et comment Il Ă©tait
ressuscité ; alors le comte, sur un ton persifleur, lui dit : «Tout cela, c'est une fable, c'est du vent
(Ecce fabula, ecce ventus !»). Sur le plan doctrinal, cette désincarnation
a évidemment les mêmes conséquences que dans le docétisme du IIIe siècle.
Ainsi, le Christ n'a pas souffert la passion ; son corps, pure représentation,
est impassible, comme les divins simulacres de la religion grecque : Hilaire
dit qu'il n'y eut aucune passion, aucune douleur dans le Christ... Les miracles
s'anamorphosent alors en représentations théâtrales sans aucun efficace réel ;
parallèlement, l'Eucharistie et à sa suite tous les sacrements se vident de
leur substance (Alexandre
Leupin, Fiction et incarnation: littérature et théologie au Moyen Age, 1993 -
books.google.fr). Selon le Coran, qui reflète le point de vue du docétisme,
ce n'est pas la vraie personne de Jésus qui fut crucifiée, mais seulement une
apparence (Francesco
Gabrieli, Chroniques arabes des Croisades, traduit par Viviana Pâques, 1977 -
books.google.fr). Emergeait alors l'idée que dieu est une fiction. phlatto "pamplatio" ou "pan
phlatio"/"pan flatio" : cf. "flatio venti" (souffle du
vent) (Gervasius
of Tilbury, Otia imperialia, 1856 - books.google.fr, Valesco de Taranta, Philonium.
Excellentissimi ac optimis quibusque Practicae medicinae, 1535 - books.google.fr). "flatio" de
"flare" souffler (Gaffiot). Flatus, pneuma et ruah s'emploient pour désigner le
«souffle» de Dieu. Spiritus est étymologiquement rattaché à l'idée de
«respiration» (Rolande-Michelle
Bénin, Sept livres sur les erreurs de la Trinité de Michel Servet, 2008 -
books.google.fr). Phlatto thratto phaltto thrat est un "refrein dont
Euripide, ou plutĂ´t Aristophane, s'avise ici pour exprimer un galimathias. Bacchus : Qui,
diantre ! est donc ce Phlatto thrat ? je le foupçonne originaire de Marathon. Finis de grâce ce
refrein marécageux ; j'aimerois autant être encore avec les Grenouilles qui m'ont tant impatienté. Marathon est une campagne fertile en cette sorte de
plante qu'on nomme phlattos, autrement
phléos, & dont on a parlé, au Chœur des Grenouilles. Acte premier Eschyle : Si quelquefois je prens dans mes poësies un
esfor peu ordinaire, il est bon qu'on sache que c'est pour n'avoir rien de
commun avec Phrynicus, & pour d'être pas soupçonné de cueillir des fleurs
dans la même prairie. Quant à Euripide, toutes ses poésies lyriques ne sont que
des parodies d'airs de MĂ©licus, & de chamaillis Cariens, qu'il a
recueillis, soit aux enterremens, soit chez des Courtisanes : & c'est ce
que je démontrerai à l'instant. Qu'on m'apporte une lyre. Que dis-je ? une lyre ! qu'on m'apporte le
premier chaudron; voilĂ , voilĂ l'instrument qui doit accompagner la Muse
d'Euripide (Louis
Poinsinet de Sivry, Théatre d'Aristophane : Les nuées. Les grenouilles. Les
chevaliers, 1790 - books.google.fr). Au Marathon de
l'antiquité assistait, comme jeune soldat, le poète qui devait être plus tard
le grand Eschyle, le plus grand des tragiques grecs, celui que Hugo a nommé
Shakespeare l'ancien. A la fin de sa longue et glorieuse vie, après avoir écrit
plus de cent drames, Eschyle fit lui-mĂŞme son Ă©pitaphe, et il n'y mentionna
aucun de ses triomphes, estimant, Ă juste titre, que son unique triomphe avait
consisté à être un des combattants de Marathon (Jean
Richepin, Proses de guerre (août 1914-juillet 1915), 1915 - books.google.fr). En toutô ginôskete
to Pneuma tou Theou; pan pneuma ho homologei Ièsoun Christon en sarki
elèlythota ek tou Theou estin; kai pan pneuma ho me homologei ton Iesoun ek tou
Theou ouk estin; kai touto estin to tou antichristou, ho akekoate hoti
erchetai, kai nyn en to kosmo estin ede (1 Epitre de Jean 4,2-3). L'article avant le deuxième "Jésus" de 1 Jean
4,3 a une valeur anaphorique, et renvoie à la mention précédente. Du coup,
Terry Griffith interprète le v. 2d, Christon en sarki elêluthota, comme une
apposition à Jésus : tout esprit qui confesse Jésus comme «Messie venu en
chair» (p. 187). Or, des textes
patristiques et gnostiques montrent que l'expression «venir en chair», souvent
prise pour un indice de la lutte antidocétique, peut signifier simplement
"se manifester dans ce monde, sur cette terre" sans connotation
théologique particulière (Bibliographie
: Keep Yourselves from Idols. A New Look at 1 John de Terry Griffith, Revue
biblique, Volume 112,Numéros 1 à 2, 2005 -
books.google.fr). Tandis que Pan soupirait, raconte Ovide, le mouvement de
l'air dans les roseaux, métamorphose de Syrinx par ses soeurs les nymphes pour
échapper au dieu, avait produit un son ténu, semblable à une plainte ; surpris
par cet art singulier et cette voix si douce, il dĂ©clare : "VoilĂ
comment je m'entretiendrai avec toi." Et coupant des cannes de taille
inégale, il les assemble avec de la cire et invente la syrinx, ou flûte de Pan,
qui devient l'instrument des bergers. Ce mythe Ă©tiologique est un mythe d'invention :
les roseaux préexistent puisque Syrinx s'y réfugie et s'y fond, faisant corps
avec la roselière. En jouant de sa flûte, Pan transperce Syrinx de son souffle.
Son jeu musical est bien plus qu'un innocent substitut au rapport sexuel qu'il
recherche et qu'il trouve habituellement. Ce n'est pas non plus une sublimation
du désir dans la musique. C'est une forme d'union amoureuse par le souffle et
dans le baiser. Le souffle, pneuma, support et manifestation de l'Ă©nergie
vitale, pour les Grecs, est en relation directe avec la matière cérébrale, dont
découle le sperme. C'est le véhicule même de l'âme. Le souffle amoureux de Pan
traverse le corps recomposé de la nymphe et la fait chanter (Françoise
Frontisi-Ducroux, Arbres filles et garçons fleurs. Métamorphoses érotiques dans
les mythes grecs, 2017Â -
www.google.fr/books/edition). Lucien rapporte
également que «lors de l'attaque de Datis
et du débarquement des Barbares à Marathon, (Pan) vint, sans qu'ils l'eussent
appelé, à l'aide des Athéniens». Quelle forme les Athéniens
attribuaient-ils à l'aide apportée par Pan ? Si Pausanias parle
explicitement d'assistance au combat, les témoignages les plus anciens ne font
aucune allusion Ă une Ă©piphanie du dieu lors de la bataille de Marathon :
Hérodote ne dit rien de sa présence, et il ne figurait pas parmi les divinités
ou héros représentés dans la stoa Poikilé aux côtés des Grecs. Aucun texte ne
parle non plus d'une peur panique provoquant à Marathon le désarroi chez
l'ennemi. Et pourtant les Athéniens furent conscients de son aide, puisqu'ils
instaurèrent un culte de Pan dans leur cité (Madeleine
Jost, Sanctuaires et cultes d'Arcadie, 1985 - books.google.fr). Est-ce par manque d'éducation classique que les médecins
ont négligé Pheidippidès, le premier «coureur de marathon» ? En 490 avant
J.-C., l'homme avait couru de Marathon à Athènes pour prévenir les Athéniens de
la défaite perse. Il tomba mort après ces mots : «Réjouissez-vous, nous avons
gagné.» La légende veut qu'il soit passé à Stamata ("arrête !, selon ce
que lui cria une vieille femme), et qu'il se soit arrêté à une dizaine de
kilomètres d'Athènes, à Psychico ("lieu de l'âme"), aujourd'hui
faubourg d'Athènes, pour reprendre son souffle devenu court. Négligeant
l'avertissement, comme beaucoup de coureurs, il courut Ă sa mort (Petr
Skrabanek, La Fin de la médecine à visage humain, 1995 - books.google.fr, Alexander
Haggerty Krappe, The Science of Folk-Lore, 2018 - books.google.fr). "oblation" Légitimation par oblation à la curie. Nous avons exposé
déjà (tom. I, Hist., no 186, 193 et 444) ce que c'était que les curies, les
curiaux et les décurions. Nous savons que les curiaux formaient le premier
ordre de la ville, jouissaient de plusieurs privilèges, mais que leur rang les
assujettissait Ă plusieurs obligations onĂ©reuses, que l'on cherchait souvent Ă
éviter. Nous savons que le titre de curial se transmettait du père aux fils
légitimes; que les citoyens riches pouvaient se faire agréer par la curie, eux
ou leurs enfants, et entrer ainsi dans la classe des curiaux. Mais le père qui
voulait procurer cet honneur Ă ses fils devait leur assurer une fortune qui les
rendît capables d'y aspirer. Les enfants naturels d'un père curial ne succédaient
pas à son titre. D'un autre côté ils étaient incapables de recevoir par le
testament de leur père au delà d'une certaine portion déterminée. Théodose et
Valentinien (an 442 de J. C.) déclarèrent les premiers que si un citoyen,
curial ou non, n'avait que des enfants naturels, ils lui permettraient d'offrir
à la curie de sa ville ceux de ses enfants qu'il voudrait, et, en conséquence,
de leur donner, par donation ou par testament, même la totalité de ses biens ;
que, pareillement, si une fille naturelle Ă©pousait un curial, elle deviendrait
par là capable de recevoir même la totalité des biens de son père. Le but de
ces empereurs Ă©tait, dans le premier cas, d'engager de nouvelles personnes Ă
entrer dans la classe des curiaux ; dans le second cas, d'accorder une faveur
aux curiaux déjà existants (ut novos lex faciat curiales, aut foveat quos
invenit). Il paraît que cette institution se développa ; l'enfant naturel offert
Ă la curie acquit des droits de succession mĂŞme ab intestat, comme s'il Ă©tait
légitime ; il passa sous la puissance paternelle (legitimus mox fiet,
naturalium jure omnino liberatus); et l'oblation Ă la curie devint un mode de
légitimation. Justinien le confirma, et ne le permit pas seulement, comme on
avait fait jusqu'alors, Ă ceux qui n'avaient que des enfants naturels, mais
même à ceux qui avaient déjà d'autres enfants légitimes. Une chose particulière
à ce mode de légitimation, c'est que l'enfant, quoiqu'il passåt sous la
puissance du père, n'acquérait des droits que par rapport à ce dernier, et
aucun sur ses agnats et ses cognats, de telle sorte qu'on peut dire qu'il
n'entrait pas dans la famille chose qui eût été inconciliable d'après les
principes rigoureux de l'ancien droit, car on ne pouvait ĂŞtre sous la puissance
du père sans être dans sa famille. - Il ne faut pas croire que l'oblation à la
curie fût un mode de légitimation à la portée de tout le monde; il n'était que
pour les personnes riches. Il ne faut pas croire non plus que les enfants
offerts Ă la curie se trouvassent dans une position subalterne et comme
servile; ils entraient dans la classe des curiaux, et devaient remplir Ă leur
tour les fonctions de décurions. L'oblation à la curie avait pour effet de leur
donner à la fois un titre honorable, quoique pénible, et la fortune de leur
père (curiæ splendore honestare, et hæreditatis opibus adjuvare). Une infinité
de textes, outre celui que nous venons de citer, font foi de l'honneur qu'on y
attachait : «Illustris ordine civitatis illuminet. Municipalibus eum
voluit aggregare muneribus et donare patriæ principalem - nostræ civitatis
curiæ principalem, etc.» Et l'on avait d'autant plus exagéré les expressions et
l'appât de ces honneurs, que les charges réelles étaient devenues plus
onereuses. Du reste, les enfants ne pouvaient être légitimés malgré eux, pas
plus par oblation à la curie que par mariage subsequent (Joseph-Louis-Elzéar
Ortolan, Livres I et II des Instituts, Volume 2 de Explication historique des
Instituts de l'empereur Justinien, 1870 - books.google.fr). En 533, pendant qu'on travaillait au Digeste, Justinien
chargea Tribonien, Théophile et Dorothée, ces deux derniers professeurs de
droit ĂĄ Byzance et Ă BĂ©ryte, de la rĂ©daction d'un ouvrage Ă©lĂ©mentaire destinĂ© Ă
la jeunesse. Les Institutes furent publiées le 21 novembre 533, un mois avant
la promulgation du Digeste; mais l'un et l'autre ouvrage ne reçurent force de
loi qu'à partir du 30 décembre 533. Les Institutes de Justinien ont été presque
entièrement calquées sur celles de Gaius; on y a fait entrer aussi beaucoup de
fragments d'autres jurisconsultes anciens. Pour approprier ce travail aux
besoins de la législation nouvelle, Tribonien joignit aux dispositions du droit
ancien les dispositions nouvelles des constitutions impériales. Les Institutes sont
divisées en quatre livres à l'instar de celles de Gaius (Charles
Maynz, Elements de droit romain, Tome 1, 1856 - books.google.fr). Retour dans la
péninsule ibérique Tel qu'il apparaît à travers les condamnations portées par
le Concile de Saragosse dès 380, le Priscillianisme est un mouvement avant tout
ascétique qui, en tant que tel, s'oppose au clergé régulier accusé de pactiser
avec le monde. Les condamnations du
Concile de Braga, en 563, qui entraînent la disparition du mouvement, décrivent
une doctrine beaucoup plus élaborée dans un sens docétiste et gnostique :
elles le présentent comme un Manichéisme, avec son corollaire ascétique.
Mais le témoignage de Philastrius de Brescia, dans son De haeresibus composé
seulement trois ans après la condamnation de Saragosse, montre que c'est
l'ascétisme qui est premier et que la doctrine n'en premier et que la doctrine
n'en est que la justification a posteriori (Dominique
Urvoy, Pensers d'al-Andalus: la vie intellectuelle Ă Cordoue et SĂ©ville au
temps des empires Berbèrs (fin XIe siècle-début XIIIe siècle), 1990 -
books.google.fr). Typologie Le report de 2067 sur la date pivot 563 donne -942. Epoque du roi Asa (royaume de Juda), juif pieux qui
s'opposa aux cultes païens, s'allia au roi de Syrie contre la volonté des
prophètes de Jéhovah, et qui mourut podagre (Lenglet
Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph.,
ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 -
books.google.fr). On lit dans le Code Justinien, empereur orthodoxe ennemi
des hérésies, sauf à la fin de sa vie semble-t-il : Livre X, Titre L : De
ceux qui s'excusent sous prétexte de maladies. 3. Les mêmes empereurs et les
CĂ©sars : La goutte ne peut excuser des charges personnelles ; mais, comme vous
nous observez que vous avez les pieds si malades: que vous ne pouvez pas mĂŞme
vous occuper de vos affaires particulières, le gouverneur de la province vous
exemptera des charges personnelles, s'il trouve que vos allégations soient
dignes de foi (Les
douze livres du code de l'Empereur Justinien: de la seconde édition, Tome 16, 1807 - books.google.fr). Le médecin byzantin Alexandre de Tralles, qui exerçait à l'époque de Justinien, est un précurseur de l'usage du colchique, qui est aujourd'hui encore un des meilleurs spécifiques de la goutte (Françoise Blasquez, La ciguë dans l'antiquité gréco-romaine: la plante, ses utilisations, son image dans le monde antique, avec un regard sur les époques postérieures, Tome 1, 2000 - books.google.fr). Arétée de Cappadoce (120-200) qui vécut à peu près à la même époque que Soranos et qui exerça, comme lui, à Rome, sous le règne de Trajan, est un des derniers représentants de l'école stoïcienne ou pneumatique : le pneuma était cette énergie vitale, cette force commune à tous les êtres qui, circulant dans le sang, était véhiculée par lui à travers tout le corps, source de chaleur, d'intelligence, de mouvement et de vie. Chez cet auteur, nous retrouverons la confusion, à présent bien établie, entre podagre et arthritis. Toutefois, nous y rencontrons ce trait finement observé du goutteux qui cherche, dans une cause extérieure, une explication à sa crise (Ange-Pierre Leca, Histoire illustrée de la rhumatologie: goutte, rhumatismes et rhumatisants, 1984 - books.google.fr). La célèbre dispute sur les trois chapitres, qui sema la discorde dans le camp des orthodoxes, était également une suite des disputes sur le monophysitisme. En effet, sur le faux prétexte que les monophysites même les plus avancés se réconcilieraient tous avec l'Eglise, si on déclarait solennellement suspects de nestorianisme Théodore de Mopsueste, Théodore de Cyrus et Ibas d'Éphèse, l'origeniste Théodore Askidas, évêque de Césarée en Cappadoce poussa, vers le milieu du VIe siècle, l'empereur Justinien dans la discussion sur les trois chapitres que le 5e concile général (553) ne put parvenir à éteindre d'une manière complète (Histoire des conciles d'après les documents originaux, Tome 3 : 451-680, traduit par Oden Jean Marie Delarc, 1870 - books.google.fr). Dans la querelle christologique des Trois Chapitres, c'est-à -dire la mise en cause de l'orthodoxie de trois évêques africains, Facundus présente la défense des accusés devant Justinien et plus particulièrement celle de Théodore de Mopsueste (De defensione trium capitulorum). [...] Dans une longue interprétation de textes scripturaires (3 et 4 Rois, 2 Chroniques), il montre que les rois de Juda Asa, Josaphat et Ézéchias sont loués par les auteurs sacrés pour leur attachement fondamental au Seigneur bien que les les deux premiers aient laissé subsister des pratiques idolâtriques et que la postérité du troisième soit vouée à la captivité (VI, 1, 11-31). L'Église garde cette «attitude habituelle et méthode (consuetudinem formamque) de l'Écriture divine» ; c'est ce qu'a fait le concile de Chalcédoine en jugeant orthodoxe la lettre d'Ibas (VI, I, 15). [...] Ces rappels ne sont pas des digressions, car Facundus en tire aussitôt un avertissement pour Justinien : «Tu vois donc, Auguste, que pour la même religion qui honore droitement Dieu, des hommes très religieux et très droits peuvent non seulement être en conflit entre eux, mais aussi se combattre dans un but louable, alors que chacun ignore non ce que réclame le culte divin mais l'intention de l'autre» (Jean-Marie Clément, Roel vander Plaetse, Anne Fraïsse-Bétoulières, Anne Fraïsse, Aimé Solignac, De defensione trium capitulorum de Facundus d'Hermiane, 2002 - books.google.fr). |