Peste et pillage archéologique d'Arles

Peste et pillage archéologique d'Arles

 

VIII, 62

 

2075-2076

 

Lorsqu'on verra expiler le saint temple,

Plus grand du Rhosne leur sacrez prophaner,

Par eux naistra pestilence si ample,

Roy fait injuste ne fera condamner.

 

"plus grand" cimetière

 

De sa gloire passĂ©e, Arles conserve encore le plus vieux cimetière d'Occident : les Alyscamps. Pendant six siècles il fut cĂ©lèbre, vĂ©nĂ©rĂ©. On le peupla de morts illustres. LiĂ©s Ă  des planches, on confiait les cadavres au RhĂ´ne, ayant dans la bouche quelques pièces de monnaie. Des ArlĂ©siens, spĂ©cialisĂ©s dans ce genre de pĂŞche, les tiraient de l'eau et les enterraient. Les tombes des Alyscamps bordaient les deux cĂ´tĂ©s d'une voie romaine. Le champ de repos Ă©tait encore, au dĂ©but du siècle dernier, presque aussi grand que la ville : Arleas ditior sepulta quam viva. Aujourd'hui, il est sauvagement coupĂ© par une fĂ©roce voie ferrĂ©e; et l'on a sacrifiĂ© une grande partie des tombes Ă  l'installation des ateliers du P.L.M. (Jean-Louis Vaudoyer, France, 1940 - www.google.fr/books/edition).

 

"sacrez"

 

Les premiers textes concernant les Alyscamps sont nés hors de Provence; ils sont avant tout d'ordre narratif (Guide du Pèlerin, Pseudo-Turpin). Le cimetière recueillait les morts venus du Rhône, participant par là de la sacralité du fleuve. C'était un havre spirituel pour les noyés, un espace onirique avec ses propres conventions temporelles. Les dépouilles parvenaient ainsi à bon port et les bateliers de la fin du Moyen Age étaient en droit de penser qu'en cas de malheur il leur serait procuré une sépulture honorable. Le Rhône avait en quelque sorte mission de conduire les cadavres vers le lieu le plus sacré. Sacralité du fleuve que rappelle l'auteur du Roman de saint Trophime, à côté des bénédictions des eaux lors des fêtes de l'Ascension, plus ou moins analogues à la Senza vénitienne, où la mer était consacrée comme un saint tombeau (Nuova rivista storica, Volume 92, Società editrice Dante Alighieri, 2008 - www.google.fr/books/edition).

 

"pestilence" : peste

 

Le jeudi 4 juillet 1565, nous apprend Abel Jouan, le narrateur officiel du voyage, le roi [Charles IX] partit de Lyon, alla dîner à Mirebel, village et chateau près de Montluet sur le chemin de Genève, pour aller au devant du duc et de la duchesse de Savoie qui au dit lieu vinrent le trouver en fort belle compagnie et s'en allerent tous ensemble coucher à Lyon. Ce fut un prétexte à organiser des divertissements qui ne purent avoir lieu. Au moment où Catherine se promettait de se reposer en s'occupant avec Philibert Emmanuel des édits à préparer contre les protestants, la peste qui désolait le midi fit son apparition à Lyon. Une dame de la reine de Navarre fut atteinte et mourut après quelques heures de souffrances (V. Poizat, A propos du 1er janvier, Le Correspondant, 1916 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1564, Beaucaire fut pendant une grande partie de l'annĂ©e dĂ©solĂ© par la peste. La plupart des villes voisines Ă©prouvaient comme nous une effrayante dĂ©population (25 octobre 1564. La peste Ă©tait alors Ă  Salon de Crau, Ă  Arles, Beaucaire, Orgon, Senas, Caromb, Mornas, Oppède, Maubec, Menerbe et Sarrian, lieux du Comtat ou de Provence - PĂ©russis, Hist. des guerres du comtĂ© Venaissin) Remarquons ici que l'on Ă©tait entrĂ© dans la triste pĂ©riode des discordes civiles; le pouvoir municipal se trouvait partout contrariĂ© dans ses mesures prĂ©ventives par les combinaisons des hommes de guerre ou les coups de tĂŞte des partis : les troupes en se dĂ©plaçant promenaient l'Ă©pidĂ©mie et la mort (Alexandre Eyssette, Histoire de Beaucaire depuis le XIIIe siècle jusqu'Ă  la RĂ©volution de 1789, 1867 - www.google.fr/books/edition).

 

L'épidémie de peste de 1564 apparaît avant la visite royale, mais la peste de 1565 dans le Midi la suit et le pillage avait commencé bien avant.

 

La malédiction de Toutankhamon n'est pas la première du genre.

 

C'est pendant ce Voyage que Charles IX et Catherine de Médicis donnèrent au duc et à la duchesse de Savoie plusieurs des précieux tombeaux des Alyscamps. On sait que les Alyscamps (Champs Elysées) sont les anciens cimetières d'Arles (Roger Raymond Peyre, Une Princesse de la Renaissance: Marguerite de France, duchesse de Berry, duchesse de Savoie, 1902 - www.google.fr/books/edition).

 

"expiler" : dépouiller

 

"expiler" résonne avec "pile" qui peut renvoyer à "colonne" (Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Le dictionnaire d'architecture, Tome 10, 1979 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Aliscamps ont perdu leurs plus beaux tombeaux, leurs plus riches sarcophages; ceux qui restent Ă  moitiĂ© brisĂ©s, dĂ©pouillĂ©s de leurs inscriptions, font mal Ă  voir, car ils rappellent le passage des profanateurs. Des milliers de tombeaux de marbre, enrichis de sculptures, ont Ă©tĂ© emportĂ©s par la tourmente du vandalisme; non, soyons vrais pour tous, ils ont Ă©tĂ© volĂ©s pour le peu d'or qu'ils renfermaient. Soyons vrais pour tous; eh bien ! les vandales et les profanateurs sont parfois partis de bien haut pour venir remuer la cendre des trĂ©passĂ©s (Alphonse Balleydier, Les Bords du RhĂ´ne de Lyon Ă  la mer, 1843 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1564, Catherine de Médicis et Charles IX, passant à Arles, choisirent quelques-uns des plus beaux sarcophages et les firent embarquer sur le Rhône, avec huit colonnes de porphyre antique provenant de Notre-Dame de la Major; mais la barque qui les portait fut submergée à Pont-Saint-sprit. Il permirent aux ducs de Lorraine et de Savoye, qui les accompagnaient dans leur tournée, de faire emporter les tombeaux qui leur plairaient le plus (Léopold Albert Constans, Arles antique, 1921 - www.google.fr/books/edition).

 

Aux fêtes de la Noël 1564, le roi Charles IX étant à Arles et ayant visité l'église N. D. de la Major, les marguillers, sur la demande de S. M., lui firent présent des 8 colonnes de porphyre qui soutenaient le presbytère. Le roi aumôna l'oeuvre de 100 écus, et donna 100 écus aux chanoines (Mémoires de Paris, in fine.) (Jean-Didier Véran, Annales de la ville d'Arles Le Musée: revue arlésienne, historique et littéraire, Volumes 1 à 2, 1874 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain IX, 32 - Pillage archéologique d'Arles et préparation de l'attaque de Malte - 2127.

 

Cf. aussi le quatrain VIII, 10 et sa "puanteur" (pestilence) sortie de Lausanne au bord du Lac Léman traversé par le Rhône. La convention de Lausanne sur les déplacements de populations exogènes date de 1923 comme les premiers morts de la malédiction de Toutankhamon (Marc Gabolde, Toutankhamon, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

"Roy"

 

Le roi Charles IX ne condamnera pas puisqu'il participe lui-mĂŞme aux profantations.

 

Acrostiche : LP PR

 

Le 28 juillet 1563, Charles IX nomma les consuls d'Arles, gouverneurs de la ville, en l'absence des lieutenants généraux de Provence; et l'année suivante, accompagné de sa mère Catherine de Médicis, il arriva dans nos murs (Jacques Marie Trichaud, Itinéraire du visiteur des principaux monuments d'Arles, 1859 - www.google.fr/books/edition).

 

LP : Lettres patentes : PR : Provence ?

 

Lettres patentes de Charles IX rétablissant le Parlement de Provence, qui avait été supprimé le 21 novembre 1563, sur des des plaintes mal fondées (5 décembre 1564) (Inventaire-sommaire des archives départementales : Bouches-du-Rhône, 1919 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2076 sur la date pivot 1564 donne 1052.

 

Vers la fin du 9e siècle il se forma lĂ  deux royaumes de Bourgogne : 1° Boson, l'an 879, se fit proclamer roi dans un lieu pommĂ© Mentale, près de Vienne, par les mĂ©tropolitains de Vienne, de Lyon, de Besançon, de Tarantaise d'Arles, d'Aix, d’Orange, et par 17 Ă©vĂŞques, qui Ă©taient presque tous de Bourgogne. Il obtint de l'empereur Charles-le-Gros l'investiture de ce royaume, qui comprit la Provence et toute la partie de l'ancien royaume de Bourgogne situĂ©e au-delĂ  du RhĂ´ne et de la SaĂ´ne. 2° L'an 888, un certain Rodolphe se fit couronner ĂĄ Saint-Maurice en Valais roi des pays situĂ©s entre le mont Jura et les Alpes Pennines. Ce petit royaume est dĂ©signĂ© diversement dans les auteurs : les Annales de Fulde l'appellent superior Burgundia; Frodoard, transjurensis Burgundia, cisalpina Gallia. Ce royaume fut d'abord peu Ă©tendu; mais il prit bientĂ´t un grand accroissement, et s'Ă©tendit bien au-delĂ  du Jura. Enfin il finit par'englober le royaume de Bourgogne, foudĂ© par Boson. Ces deux royaumes furent rĂ©unis, l'an 930, sous la mĂŞme domination. Dès lors ils furent dĂ©signĂ©s indistinctement sous les noms de royaume de Bourgogne, d'Arles ou de Provence. L'an 1052, Rodolphe III du nom, en mourant, laissa son royaume Ă  l'empereur Conrad (M. Guadet, Atlas de l'histoire de France, 1833 - www.google.fr/books/edition).

 

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